Ceci est une traduction de la fanfiction The Drinny Thing écrite par Colubrina (lien pour la VO sur mon profil).
« Trouve-moi des preuves de ces rumeurs » ordonna Drago.
Marcus Flint se frotta les yeux et essaya de rester concentré sur la réunion. Ils tournaient en rond depuis des heures et il avait déjà confirmé qu'il y avait, en effet, des bruits de couloir sur le fait que Drago - qu'eux tous - avaient échappé à une condamnation pour crime de guerre grâce à des excuses auxquelles personne ne croyait. Trop jeunes. Sous la contrainte. Il suffisait d'entrer dans n'importe quel pub pour entendre ce genre de discours. Cela le mettait hors de lui car la plupart de ces gens, soudain prêts à en découdre avec les Serpentard, avaient passé toute la durée de la guerre à se cacher derrière une façade de neutralité. « C'était seulement des bavardages, dit-il. Et Merlin sait que nous avons mis grand soin à supprimer tous les articles à ce sujet.
- Je peux fabriquer un faux, proposa Graham mais Drago secoua la tête.
- Elle le saurait, dit-il. Elle sait que nous avons racheté La Gazette. » Devant l'air affolé de Marcus, il leva une main fatiguée : « Je ne lui ai rien dit, se défendit-il. Elle l'a compris après les révélations sur Kingsley.
- Luna lui a sûrement dit » intervint Théo. Il n'avait pas l'air inquiet que sa propre dulcinée sachent des choses sur eux et il ignora les regards noirs de Graham et de Marcus. Luna savait beaucoup de choses qu'il ne lui avait jamais dites. Certaines d'entre elles étaient même vraies.
« Il faut que ce soit vrai, dit Drago. Quelqu'un, quelque part au fin fond des entrailles du Ministère a bien dû écrire une note qui reprenait tout ce que ces connards chuchotaient. Trouve la.
- Tu sais, dit Graham, la plupart des gens offrent à leur copine des bijoux ou des fleurs. Pourquoi avec vous deux, c'est des breloques faits-maison et des notes de service compromettantes ?
- Parce que nous sommes spéciaux » répondit Théo.
Marcus quitta la pièce, prêt à passer au peigne fin une nouvelle fournée de notes de service abandonnées et de suggestions que personne ne suivrait jamais, et Graham le suivit, en fulminant contre le temps qu'il perdait et est-ce que Drago avait envisagé de simplement parler à cette fille, comme toute personne normale ? Une fois que les deux furent partis, Drago sortit une boîte du tiroir de son bureau et la tendit à Théo.
« Tu penses qu'elle l'aimera ? » Lui demanda-t-il.
Théo ouvrit la boîte et regarda la bague de fiançaille ornée d'un rubis. « C'est très rouge, dit-il. Ça risque de jurer avec ses cheveux.
- Très drôle. » Drago enfonça sa tête dans ses mains et s'affala sur sa chaise. « Elle me déteste, Théo. Elle m'a acculé à Pré-au-Lard au sujet de Kingsley et… Elle me déteste. Elle pense que je suis un monstre, un pourri, un manipulateur et-
- Tu l'es, coupa Théo. Mais tu as pourtant l'air de penser qu'elle va accepter de t'épouser. Ça, ou alors tu as négocié une reprise de la bague par la boutique si elle dit non.
- Elle a déjà dit oui, murmura Drago. Je lui ai dit que j'avais besoin d'une épouse pour redorer le blason Malefoy et qu'elle savait que c'était ce que je voulais depuis le début de ma cour. »
Théo reposa l'écrin et regarda son ami, les yeux plein de pitié. « Pour quelqu'un d'intelligent, tu es vraiment bête, dit-il. Pas de "Je ne peux pas m'empêcher de penser à toi", "Fais de moi le plus heureux des hommes", "Me ferais-tu l'honneur de"... Non, il a fallu que tu dises "J'ai besoin d'une femme pour donner un coup de pouce à ma carrière politique."
- C'est le cas » répondit Drago. Les mains autour de son visage étouffaient les mots, Théo soupira. « J'en ai besoin. Et elle le sait. Elle a négocié. Elle a dit qu'elle acceptait à condition que je ne persécute pas les Né-Moldu. »
Théo le dévisagea. « Mais ça n'a jamais été le plan. On en a parlé et on a décidé que c'était trop risqué, que ça inciterait la création d'autres groupes comme l'Ordre. »
Drago leva la tête vers Théo et le regarda d'un air misérable. « Je sais. Mais elle était là, à me dire qu'elle accepterait de m'épouser si j'acceptais de le faire, ou plutôt de ne pas le faire, et ça m'a semblé être la façon la plus facile d'obtenir ce que je voulais et-
- Tu as toujours les idées les plus stupides et alambiquées possible, fit remarquer Théo. Je t'assure que j'ai l'impression de passer mon temps à te dire de simplifier les choses et… Je pensais pas dire cela un jour mais Graham a raison, tu pourrais essayer de tout simplement lui parler.
- C'est trop tard pour ça. » Drago prit l'écrin et le referma. « Tant que tu penses qu'elle aimera la bague, alors ce n'est plus la peine d'en parler.
- Si c'est ce que tu veux, concilia Théo. Une dernière chose malgré tout : je suis persuadé que Ginny Weasley n'aurait pas accepté de t'épouser juste parce que tu as su négocier, ou parce que tu lui as fait du chantage. Je ne la connais pas bien mais, si elle te détestait réellement, je pense qu'il y aurait plus de chance qu'elle te jette un sortilège de furonculose plutôt que d'accepter une cérémonie de mariage qui la coincerait à ta pauvre personne pour toujours. »
Un vague sourire éclaira le visage de Drago à cette pensée. « Peut-être, admit-il.
- Sûrement. Bref, je dois aller boire un verre avec Potter. Son enfance était le musée des horreurs, j'ai eu le droit à toute l'histoire. Si j'avais été à sa place, j'aurais brûlé la maison dès l'achat de ma baguette et j'aurais fait croire à un accident de magie incontrôlée. »
Drago ricana. « Saint-Potter ne ferait jamais ça, évidemment.
- Non, bien sûr, approuva Théo. Ce mec est trop bon pour son bien. » Il s'arrêta devant la porte de la bibliothèque. « Je l'ai invité pour ta soirée du 26 décembre*. Est-ce que je devrais le prévenir que son ex sera là avec une bague qui t'a coûté les yeux de la tête ? »
Drago lui lança un regard noir et Théo sortit en riant.
Un nouvel article sur Kinglsey parut le dernier jour avant les vacances de décembre et Ginny le lut l'estomac noué. Comme Drago l'avait prévu, le Ministre avait accepté de se retirer de la vie politique afin d'échapper à un procès. Cela lui donnait l'air coupable.
« Tu crois toujours que c'est un héros ? » Demanda une élève en s'emparant du pichet de jus de citrouille que Ginny s'apprêtait à saisir.
Ginny reposa le journal. « C'est vrai que ça empire, dit-elle. Tu as peut-être raison. »
Ses propres mots lui glaçaient le sang. Elle n'avait écrit à Drago qu'une seule fois depuis sa négociation, elle remplissait sa partie du contrat pour la première fois en jetant en pâture un homme bien sous tout rapport. Lui continuait de lui écrire tous les jours et, le soir, elle fixait son écriture, assise sur son lit, en souhaitant que les choses fussent plus simples. Il était toujours aussi drôle, ses anecdotes étaient joviales. Mais avant, elle avait l'impression que c'était un homme qui essayait de la charmer parce qu'il l'appréciait. Maintenant, elle ne savait plus quoi penser. Quand il avait proposé qu'ils se voient la veille de Noël, elle avait accepté. Cela rendrait sa mère furieuse mais elle n'avait pas l'énergie de débattre au sujet d'une autre date. Ce fut la seule note qu'elle envoya : La veille de Noël c'est bon pour moi. Passe me chercher à 17 heures 30. G.
« Peut-être que ce n'était pas quelqu'un de bien, dit Ginny en repoussant le journal de l'autre côté de la table. Peut-être que tu as raison. »
La Gryffondor en face d'elle avait un air satisfait. « Bien sûr que j'ai raison » répondit-elle.
Ginny était seule dans sa cabine dans le train qui la ramenait chez elle et quand Ron la récupéra à la gare, elle se contenta de rassembler ses affaires et de dire « Allons-y », sans plus de discussion. Quand elle annonça qu'elle sortait avec Drago Malefoy plutôt que de passer la soirée avec eux, sa réaction ne se fit pas attendre.
« Tu le vois encore ? Demanda Ron. Je pensais que tu serais déjà passée à autre chose.
- Non, répondit Ginny. Je ne suis pas passée à autre chose. » Il n'avait pas envie d'expliquer. Elle ne pensait pas que c'était nécessaire.
« C'est un lâche » dit Ron. Il le disait comme si c'était la pire insulte qu'on puisse imaginer. Drago Malefoy manquait de bravoure. Il aurait dû se rebeller contre le monstre qui vivait chez lui. Il aurait dû choisir le suicide. Il aurait dû être courageux. C'était la chose à faire. Ginny haussa les épaules.
Hermione eut l'air inquiète. « Ce n'est vraiment pas quelqu'un de bien, Gin, dit-elle. Je sais qu'il a beaucoup souffert mais ça reste un homme plein de préjugés, étroit d'esprit et-
- Que j'apprécie » interrompit Ginny. Elle regarda Hermione et vit le petit diamant qui brillait à son doigt. Elle grimaça. Alors c'était arrivé. Hermione avait l'air si sûre d'elle, convaincue qu'elle avait raison. « J'aimerais bien ne pas avoir à le défendre dans ma propre maison.
- C'est très juste, intervint sa mère. Je suis sûre que c'est un gentil garçon. » Son ton sous-entendait qu'elle n'en pensait pas un mot mais elle ne voulait pas se disputer à Noël. « Viens m'aider à éplucher les carottes. »
Ginny suivit obligeamment sa mère dans la cuisine et éplucha en silence tandis que Ron et Hermione se disputaient dans la pièce à côté au sujet de Kinglsey. Hermione pensait qu'ils devraient prendre sa défense. Ron estimait qu'ils feraient mieux d'attendre que l'affaire se tasse et de se concentrer sur la recherche des Mangemorts qui avaient fui en masse après la Bataille de Poudlard. Ceux qui portaient la Marque et les Rafleurs avaient été nombreux à disparaître après la mort de Voldemort et Ron se fichait de qui dirigeait le monde magique tant que le budget des Aurors n'était pas réduit. « Concentre-toi sur les droits des créatures magiques, dit-il. Si tu te bats pour un type qui a déjà abandonné, les gens vont croire que tu essaies de le couvrir.
- C'est si triste, dit Molly pendant qu'elle cuisinait. Je n'aurais jamais cru cela au sujet de Kingsley. Il m'a toujours paru être quelqu'un de bien.
- Ouais, dit Ginny en prenant une nouvelle carotte pour l'éplucher, il avait l'air. »
Comme elle s'en doutait, le restaurant était intimidant, avec des tapis épais et des tableaux accrochés aux murs - Ginny avait l'impression que ce n'était pas simplement des copies habiles mais bien des originaux. Seuls les chandeliers illuminaient la pièce, une serveuse en robe sur mesure et aux chaussures que Ginny ne pourrait jamais s'offrir les guida jusqu'à une table dans un coin reculé. Ginny attrapa le dossier de sa chaise pour s'installer mais Drago l'arrêta : « Laisse-moi faire. »
Elle fut affreusement gênée tandis qu'il l'aidait à s'installer. Elle ne savait pas quelles étaient les règles de conduite dans un tel établissement. Il y avait assez de fourchettes pour trois personnes autour de son assiette et trois verres, tous de taille différente. Elle regarda la plus petite des fourchettes et se dit qu'il serait extrêmement facile de la planter dans l'œil de quelqu'un. Drago s'assit en face d'elle et prit une longue inspiration. Elle le regarda attentivement pour la première fois depuis qu'il était passé la chercher. Il avait l'air terrifié. Même à la lueur des chandelles, il paraissait plus pâle que d'habitude et des cernes étaient apparus sous ses yeux, comme s'il passait de mauvaises nuits.
« Je ne suis pas doué pour ça » dit-il. Elle le regarda et cligna plusieurs fois des yeux. « Je ne sais pas quoi faire pour te faire sentir spéciale et je vois bien que j'ai tout raté avec le restaurant et maintenant, tu es déçue.
- C'est très joli » dit-elle.
Il soupira et avança sa main pour saisir la sienne. « Tu m'as manquée, dit-il. Tes lettres m'ont manqué.
- Je n'avais rien à dire » répondit-elle. Elle sentait les doigts de Drago parcourir ses mains qu'elle tenait nerveusement croisées devant elle. Au moins, il n'y avait pas d'assiette luxueuse déjà posée sur la table. Elle fixait les fourchettes. Elle devait commencer par les plus éloignées puis finir par les proches, exact ?
Drago, de sa main libre, lui donna un paquet de notes. Elle les prit, retirant ses mains de son emprise, puis les ouvrit une à une. L'une se plaignait du verdict qui avait été donné au procès de Drago et de ses parents et proposait que le procès ait lieu à nouveau. Une autre estimait que toutes les personnes réparties à Serpentard devaient être suivies au cas où elles montreraient des signes de tendances anti-sociales. Une autre alla jusqu'à dire que les baguettes des Serpentard devraient être cassées en deux. Nous savons que tous les sorciers qui ont mal tourné sont passés par Serpentard, disait la note. Pourquoi devrait-on être imprudents au point de ne pas suivre l'avertissement du Choixpeau ?
Elle les reposa. « Comme promis, dit-il, les preuves. »
Elle acquiesça. Elle n'était pas surprise. Les filles de sa classe avaient bien puisé leurs idées quelque part et elle se doutait bien que ce n'était pas dans Sorcière-Hebdo ; elles répétaient les opinions de leurs parents. Elle ne pensait pas que ces foutaises pourraient être prises au sérieux mais elle comprenait que Drago puisse être nerveux.
« Alors, on va se marier, lança-t-elle. Je suis chanceuse, il paraît que tu es l'un des célibataires les plus convoités de Grande-Bretagne. »
Il sourit à cette remarque. « J'aime le croire » dit-il. Son sourire s'effaça lorsqu'il fouilla dans sa poche et sortit enfin l'écrin tant redouté. « Ginevra, dit-il. Ginny. Je sais que je suis un con, et que je ne suis pas celui que tu aurais voulu. Des crimes que j'essaie d'oublier sont collés à mon âme et tu pourrais trouver mille fois mieux que moi. » Elle vit sa pomme d'Adam bouger tandis qu'il déglutissait. « Malgré tout, est-ce que tu me ferais l'honneur… Si tu acceptais de… J'aime penser que je pourrais te rendre heureuse. J'essaierai. J'aimerais beaucoup essayer. »
Elle sentit ses lèvres se soulever en un sourire. « Qu'est-ce que tu me demandes exactement, Drago Malefoy ? »
Il serra ses lèvres jusqu'à ce qu'elles ne forme qu'une ligne blanche puis se lança : « Estcequetuveuxmépouser ? »
Les mots sortirent si vite qu'ils se bousculèrent, une demande en mariage qui ressemblait à une cascade d'eau. Elle ne put s'empêcher de dire : « Je n'ai pas bien compris. Pourrais-tu répéter ? »
Mais cette fois, les mots sortirent dans le désordre : « Est-ce que tu m'épouser accepterais ? »
Elle rit et il se renfrogna mais avant qu'elle puisse donner sa réponse, un serveur arriva et Drago passa leur commande, s'excusant auprès de Ginny de commander à sa place mais il avait souvent mangé dans ce restaurant et connaissait le menu. Le serveur retira l'un de leurs verres et fit apparaître une carafe d'eau pour en remplir un second. Quand il partit enfin, Drago poussa l'écrin vers Ginny et dit simplement : « S'il te plaît. »
Elle ouvrit la boîte. Même dans le restaurant peu éclairé, la bague brillait. Elle n'avait jamais vu quelque chose d'aussi parfait. Ce n'était pas du tout la bague fragile et attendue que son frère avait passé au doigt d'Hermione. Elle était flamboyante et vivante et tapageuse et magnifique.
Elle était sûrement outrageante et inappropriée.
Ginny l'aima à la seconde où elle la vit.
Il avait dû voir le oui sur son visage car il retira la bague du coussin en velours qui la maintenait en place et passa sa langue sur ses lèvres avant de faire glisser la bague le long du doigt de Ginny. La main qu'elle lui tendait tremblait. « Elle est très belle, dit-elle. Merci.
- Ce n'est rien comparé à toi. »
Il tint sa main dans la sienne et la caressa de son pouce. Elle se laissa aller à croire qu'il n'était qu'un amoureux éperdu et elle, rien d'autre qu'une jeune fille rougissante. Pendant un instant, ce fut facile. Il prit sa main, la retourna et embrassa sa paume et c'était facile de croire qu'elle n'était qu'une fille dans… Une fille dans…. Une fille en train de dîner dans un restaurant de luxe avec un garçon parfaitement adorable.
Il regarda la cicatrice sur son poignet et dit, d'une voix malicieuse : « Qu'est-ce que c'est ? Une blessure de Quidditch ? Est-ce que ma future épouse est une femme qui collectionne les cicatrices du terrain comme des souvenirs de jeu ? »
Elle voulut retirer sa main mais il fut plus rapide qu'elle, resserra sa pression autour de son poignet et ne la lâcha pas. Le temps des rêves était fini. « Qu'est-ce que c'est ? » Demanda-t-il. Cette fois, sa voix n'était plus du tout amusée. « Qu'est-ce qui s'est passé ? »
Elle regarda au-dessus de lui, se concentra sur le tableau sur le mur. Une femme se tenait debout, dessinée uniquement avec des points, elle faisait tourner une ombrelle dans un parc ensoleillé. Les points semblaient en retard par rapport à son mouvement, comme s'ils devaient se dépêcher de la rattraper et de se repositionner. La femme lui souriait.
« Qu'est-ce que c'est ? Insista Drago.
- Les cicatrices causées par la magie noire sont difficiles à guérir » dit Ginny. Elle gardait les yeux rivés sur la femme insouciante, qui n'avait sûrement jamais été torturée. Le parc aurait fait le bonheur des hédonistes, tout était lumineux et paisible. Aucun fou furieux caché derrière les arbres. Pas de lunatique au rire démoniaque en train de cueillir des fleurs. « Juste une cicatrice de magie noire, c'est tout, on en a tous.
- Raconte-moi. »
Elle voulait lui dire d'aller se faire voir. Elle n'en avait même jamais parlé à Harry. Ni à Ron. Personne ne voulait savoir ce qui lui était arrivé cette année-là. « Poudlard a changé » avait dit Neville au trio. Personne ne s'était trop renseigné pour savoir à quel point. « Tu étais là, dit-elle enfin. Tu sais comment étaient les Carrow. »
La poigne de Drago se contracta légèrement. « Je sais, souffla-t-il. Mais… Même en tant que fils de Mangemort renié, même en tant que soldat… J'étais tout de même protégé de leurs sortilèges. Je n'ai pas… Je ne sais pas ce qu'ils t'ont fait.
- Oh. » Elle conserva un ton calme et léger et garda ses yeux fixés sur la peinture pour ne pas voir la réaction de Drago. « Ils aimaient que les gens se soumettent, tu vois. Et ce n'est pas mon genre. Donc un jour, ils ont décidé de donner une leçon à la traître à son sang. Ils ont utilisé de la corde, trouvée quelque part, pour m'attacher les mains à l'entretoise d'une chaise, la barre qui relie les quatre pieds entre eux. On aurait dit que je m'agenouillais devant eux et ils aimaient ça. Ça me donnait l'air humble. Ils me disaient que j'étais à ma place par terre. Puis ils ont utilisé le sortilège Doloris. » Elle avait de plus en plus de mal à parler d'une voix posée. Elle avait cru qu'elle allait mourir, cette après-midi-là. Puis elle avait fini par souhaiter mourir, pour mettre fin à la douleur. Puis ils décidèrent que c'était fini, la corde disparut et ils s'en allèrent, la laissant dans le froid, sur le sol de pierre d'une salle de classe où elle avait auparavant pris des notes, ri avec ses camarades, et où maintenant elle attendait, au milieu de sa propre urine, que quelqu'un la trouve. « C'était une corde particulière, il y avait des bouts coupants implantés à l'intérieur qui coupaient ma peau. Ces coupures sont de la magie noire. Les cicatrices ne partiront jamais. J'ai beaucoup de chance. Si les bouts avaient touché un autre endroit de mon poignet, où s'ils s'étaient plantés plus profondément, j'aurais fait une hémorragie. »
Elle baissa le regard vers lui. Rarement avait-elle vu quelqu'un aussi furieux. Les mains de Drago s'étaient faites plus douces autour de ses poignets, il approcha sa bouche et déposa des baisers le long des lignes blanches. Ses mouvements, doux, précautionneux, contrastaient avec la colère qui se lisait sur son visage. Elle se dit qu'elle devrait être effrayée devant cette expression et devant l'homme qui la portait. Ce n'était pas le visage du lâche qu'il prétendait être. Mais au lieu de ça, elle se sentait bien. Elle se sentait en sécurité pour la première fois depuis qu'elle avait découvert ce qu'était la haine.
« Je suis désolé que tu aies eu à vivre ça » dit-il. Le serveur revint et fit apparaître une bouteille de vin et le visage de Drago devint un exemple même du stoïcisme tandis qu'il indiquait que c'était bien la bouteille qu'il avait commandée et qu'il goûtait le fond de verre versé par le serveur. Il dit que le vin était excellent et attendit qu'elle soit servie. Quand le serveur eut rempli le verre de Ginny, puis le sien, Drago leva la coupe vers elle : « À la future Mrs Malefoy. Je suis content que la bague te plaise.
- À… À mon futur mari, dit-elle en butant légèrement sur les mots. Je suis content que la mariée te plaise.
- Elle me plaît, répondit-il. Elle me plaît beaucoup. »
* 26 décembre = boxing day, jour férié en Grande-Bretagne.
Merci à tous les lecteurs et lectrices. J'espère que le chapitre vous a plu.
À dimanche prochain :)
