Chapitre 6 :

Toshiro était tranquillement assis au centre de la pièce, le visage tout aussi impassible que la fois d'avant, une tasse de thé devant lui. Il leva la tête en entendant la porte s'ouvrir.

- Capitaine Hitsugaya, quel plaisir de vous revoir ! S'exclama Momo gaiement en refermant la porte derrière elle. Cela fait déjà quelques temps depuis notre rencontre.

« Je ne m'attendais plus à vous revoir », aurait-elle été tentée d'ajouter, mais cela aurait été impoli. Elle vint s'installer délicatement en face de lui.

- Je suis capitaine, lui fait-il remarquer. Je suis quelqu'un d'occupé.

« Le capitaine Kyoraku vient quasiment toutes les semaines pourtant » fut-elle tentée de rétorquer à nouveau. Mais elle garda la phrase dans sa tête.

- Je n'en doute pas, préféra-t-elle répondre. Vous n'avez pas de lieutenant pour vous aider ?

- Non, je n'ai trouvé personne pour occuper ce rang pour l'instant.

Momo hocha la tête et en profita pour se servir une tasse de thé à son tour. Le silence n'était pas gênant. Au contraire, le jeune homme dégageait une aura plutôt calme.

- Cela risque d'être répétitif, reprit-elle. Mais je tenais encore à vous remercier pour la dernière fois.

- Ce n'est rien, répondit-il stoïquement. Si cela vous intéresse, les trois individus en question ont été mutés vers la douzième division, qui a bien moins bonne réputation. Et l'association féminine des shinigamis leurs est aussi tombée dessus. Ces femmes peuvent être de vraies plaies - Il grimaça semblant se rappeler de mauvais souvenirs - mais elles restent redoutables pour ce genre de situation. Vous n'aurez plus à vous inquiéter pour ça.

Momo fut ravie de l'entendre. Elle aurait peut-être préféré une sanction plus dure, mais elle n'aurait pas pu espérer plus pour un crime orchestré par des shinigamis.

- Ca me fait plaisir, souffla-t-elle portant la tasse à ses lèvres.

Elle leva les yeux vers lui et nota qu'il l'observait lui aussi, comme intrigué. En toute honnêteté, Hitsugaya ne fréquentait jamais ces endroits, sauf lorsqu'on l'y trainait de force. Et à moins d'être un capitaine, personne n'était capable de le trainer de force quelque part. C'est pourquoi il ne comprenait pas ce qui avait bien pu le pousser à passer les portes de cet établissement durant l'un de ses rares jours de repos. Il était initialement parti acheter un nouveau lien en tissu pour maintenir son zanpakuto. Le dernier commençant à s'user au fur et à mesure des années. Et il était passé tout à fait par hasard devant la maison Shiba. En regardant la façade en bois, lieu de leur dernière entrevue, la fameuse nuit de juillet lui était alors revenu à l'esprit.

Pourtant, Momo n'avait pas spécialement fait forte impression sur lui. Elle était charmante, il ne pouvait pas le nier, mais plutôt banale au niveau de ses traits, et à l'apparence bien trop juvénile pour travailler ici à son gout. Cependant, il avait eu l'étrange désir de la revoir une nouvelle fois, et avait passé la porte. Et maintenant qu'elle était à nouveau devant lui, il ne comprenait toujours pas ce qu'il l'intriguait autant chez elle, et pourquoi il avait envie de la connaitre davantage.

- Vous ne m'avez pas donné votre nom la dernière fois, lui fit-il remarquer, brisant le silence. J'ai dû vous décrire à l'accueil pour vous rencontrer.

« Vraiment ? Elle avait oublié de se présenter ? », s'inquiéta Momo, qui se sentit toute honteuse soudainement et s'apprêta à donner son nom quand il compléta d'un :

- Il faut croire que les brunes maladroites ne sont pas courantes ici car ils vous ont cernés immédiatement.

Un ange passa. Puis Momo comprit enfin le sens de ses paroles et répliqua vivement :

- Hey ! Je ne vous permets pas !

Le rouge lui monta aux joues. Mais comment osait-il ? Il se moquait d'elle, n'est-ce pas ? L'avait-il vraiment décrite de cette manière à l'entrée ? Elle ne pouvait pas imaginer les commérages qu'elle allait entendre par ses collègues le lendemain matin si cela était vraie.

- Je ne suis pas maladroite, maugréa-t-elle toujours rouge. Et je me prénomme Hinamori Momo.

Elle marqua chaque syllabe de son prénom comme si elle parlait à un enfant, puis fit une moue un peu boudeuse qui dénotait complètement avec le style délicat qu'elle arborait initialement. Elle ressemblait davantage à la Momo du Rukongai : enfantine mais pleine de vie. Sa réaction amusa Toshiro, mais il ne le montra pas.

Ce fut elle qui le dévisageait désormais. Maintenant qu'elle n'était plus en situation de demoiselle en détresse, elle le trouvait beaucoup moins chevaleresque et impressionnant. Voir même un poil irritant. Elle restait toutefois fascinée par ses cheveux et ses yeux. Aucun habitant de cet endroit ne lui ressemblait. Mais elle nota surtout à quel point il faisait jeune. Comment quelqu'un comme lui pouvait-il être si haut gradé au Seireitei ?

- Vous êtes capitaine depuis longtemps ? Lui demanda-t-elle curieuse.

- Vous sous entendez que je suis trop jeune pour ce rôle ?

Elle se demanda si elle ne l'avait pas vexé. Visiblement le sujet était plutôt épineux.

- Vous faites plus jeune que les autres capitaines que j'ai pu apercevoir, répondit-elle simplement.

- Une quinzaine d'année maintenant ? Réfléchit-il. J'ai terminé l'académie en un an, puis ai rejoint la dixième division comme troisième officier, pour finir comme capitaine.

Momo aurait pu se décrocher la mâchoire de surprise. Il avait terminé sa formation en une seule année ? Il avait été promu officier directement ? Cet enfant était un vrai génie !

- Je n'en reviens pas… Quand je pense au fait que j'ai été recalée deux fois à l'examen d'entrée ! Rigola-t-elle sans vraiment trouver cela drôle.

L'information le surprit et il arqua un sourcil.

- Vous vouliez être shinigami ?

Elle émit un petit bruit de confirmation, se remémorant l'évènement remontant à presque une année maintenant. Le souvenir n'était plus aussi douloureux qu'à l'époque.

- Selon eux, je n'ai pas assez d'énergie spirituelle pour le devenir. J'espérais recommencer à la fin de la dette une fois plus vieille.

Il l'observa passivement un instant. Il ne pouvait pas dire qu'il ne l'imaginait pas devenir shinigami. Il suffisait de regarder le lieutenant Yachiru pour ne plus se permettre de juger qui que ce soit par son physique et son attitude. Mais il ne s'attendait vraiment pas à l'entendre dire ça. Il avait imaginé toutes les femmes travaillant ici comme des personnes vénales et sans ambition militaire. Maintenant il avait une raison de plus d'être intrigué par elle.

- L'énergie spirituelle progresse naturellement avec le temps, lui expliqua-t-il. Mais si vous voulez réellement l'augmenter, il faut vous entrainer. Dans votre cas, essayez déjà de la matérialiser ou de la concentrer.

Une expression de surprise s'afficha sur le visage de la jeune femme. A aucun moment, elle n'avait pensé qu'il pourrait lui donner des conseils sur le sujet.

- Comment suis-je censée faire ça ? S'enquit-elle intéressée.

Il ne dit rien mais libéra un instant une infime partie de son énergie spirituelle. Momo aperçut une aura bleutée autour de lui, froide comme la dernière fois. La pièce sembla perdre un ou deux degrés soudainement.

- La matérialisation consiste à libérer l'énergie spirituelle en soi. Essayez de fermer les yeux et de la ressentir en vous. Une fois fait, imaginez que vous vouliez la faire ressortir de votre corps.

Momo se concentra, prit de grandes inspirations, et ferma les yeux. Elle sentait l'air passer dans ses poumons, sa cage thoracique montant et descendant. Son cœur battait en rythme, faisant tressauter son corps de façon imperceptible. Mais à côté de ça elle ne sentait rien d'autre. Ses sourcils se froncèrent. Elle essaya à nouveau. Mais elle ne ressentait pas cette fameuse énergie en elle. Elle finit par ouvrir les yeux et soupira.

- Je n'y arrive pas, constata-t-elle tristement.

- C'est normal, vous essayez depuis à peine dix secondes, constata-t-il. Retentez quotidiennement sur des sessions de plusieurs minutes minimum et cela viendra. On ne devient pas shinigami en une journée.

- Il vous a fallu à peine un an, lui rappela-t-elle un peu vexée.

- Et j'ai travaillé durement durant cette année, lui rappela-t-il à son tour.

Son ton était toujours froid quand il lui parlait. Momo aurait presque cru qu'elle l'ennuyait. Pourtant il avait pris la peine de lui expliquer des techniques au lieu de l'envoyer balader. Elle en conclue que c'était juste son caractère habituel. Dans tous les cas, ce petit exercice était un premier pas vers son avenir de shinigami !

- Un jour, je serai puissante aussi, déclara-t-elle soudainement plus joyeuse. Je serai peut-être même votre lieutenante, s'imagina-t-elle un peu naïvement.

Il arqua les deux sourcils cette fois-ci. Elle avait décidément une imagination débordante. Et une vision du monde en rose bonbon.

- J'aurais probablement pris ma retraite avant que cela n'arrive, soupira-t-il.

Elle s'indigna, lui rétorquant un «Hey, je ne vous permets pas ! » qui sembla lui procurer un micro sourire. C'était la première fois qu'elle le vit sourire. Elle voulut lui tirer la langue, mais se retint. Nanao l'aurait probablement vivement réprimandée si elle l'avait fait. Cet homme avait finalement un peu d'humour au moins.

- Je croyais que les clients avaient tous les droits ici ? Se plaignit-il. J'ai donc le droit de me moquer de vous.

- Absolument pas, nia-t-elle. Vous avez juste le droit d'admirer mes talents.

- Vous en avez ? S'étonna-t-il faussement. Mise à part celui de vous attirer des ennuis ?

Elle pouffa de rire et se défendit.

- Je danse très bien, déclara-t-elle.

Cela ne lui déclencha aucune réaction. Il avait déjà vu des spectacles de danse lors des festivals au Seireitei. Il partait généralement avant la fin.

- Je dessine aussi, renchérit-elle.

Non plus.

- Je pourrais faire un portrait de vous si vous le désirez.

- Pas question, la stoppa-t-il.

Il avait au moins réagit, même si ce n'était pas spécialement positivement. Momo pouffa à nouveau en voyant sa tête blasée. Il ferait un cobaye parfait avec cette tête-là.

- Pourquoi donc ? Vous avez un joli visage. Et de superbes cheveux ! Je ne connais personne qui a les mêmes.

Son visage se crispa. Il n'avait pas aimé son dernier commentaire.

- Arrêtez, répliqua-t-il d'un ton plus froid que précédemment.

Momo fut interloquée, ne sachant pas ce qu'elle avait dit de mal. Le ton n'était clairement plus à la taquinerie.

- Je n'aime pas l'hypocrisie, expliqua-t-il.

Momo n'aimait pas ce qu'il sous entendait. Certes, il lui arrivait fréquemment de faire des compliments qu'elle ne pensait pas dans le cadre de son travail. Mais elle avait été sincère cette fois-ci.

- Je le pense vraiment ! Répondit-elle.

Hitsugaya voulu la réprimander à nouveau mais hésita. Il se rappelait de sa jeunesse au Rukongai et des commentaires que les gens faisaient sur lui vis-à-vis de son apparence. Maintenant qu'il était devenu capitaine, il avait entendu beaucoup d'éloges sur sa chevelure. Mais il restait persuadé que ces compliments n'étaient qu'un faux prétexte pour s'intéresser à sa situation actuelle. Toutefois, il ne voulant pas rentrer en conflit avec la jeune femme et se tut.

L'atmosphère était soudainement beaucoup moins paisible. Ne voulant pas qu'ils se quittent sur une tension, Momo préféra changer de sujet. Une idée lui vint :

- Vous vous êtes souvent rendu dans le monde des humains ? A quoi cela ressemble aujourd'hui ?

Le sujet l'avait pris de court, mais il l'accepta avec bienveillance et réfléchit quelques instants :

- Il n'y a rien de vraiment intéressant je trouve. Le monde est devenu plus moderne probablement. Ils ont pleins de gadgets maintenant.

Fascinée, Momo le questionna longuement sur le sujet, et Toshiro prit le temps de répondre le plus possible à ses questions. Rangiku avait raison. Il n'était pas très bavard, répondant souvent par des phrases courtes, mais c'était quelqu'un de bien. Il lui parla de téléphone, d'internet, d'avions. « Ils ont vraiment des objets en métal qui flotte dans les airs ? » S'étonna-t-elle. Elle se rendit compte de son ignorance mais il n'eut pas l'air d'être condescendante avec elle.

Une heure, puis deux défilèrent et Toshiro mit fin à leur discussion.

- Du travail m'attends, je ne peux pas rester plus longtemps, expliqua-t-il.

- Oh bien sûr, je comprends.

Momo était un peu triste. Elle n'avait pas vu le temps passer. Elle avait encore tant de questions à lui poser. Mais son vrai travail allait bientôt commencer. Techniquement, elle aurait dû considérer Hitsugaya comme un client, mais elle avait perçu cet après-midi comme une discussion avec un ami. Sans contrainte, ni attente particulière. Cela lui avait manqué.

- J'espère vous revoir très rapidement, continua-t-elle avec un grand sourire.

Il émit une sorte de grognement en réponse qui aurait tout aussi bien voulu dire « oui » que « cela m'étonnerait que cela arrive ». Elle l'accompagna jusqu'à l'accueil.

- Comme promis, vous ne nous devez rien. Encore merci capitaine Hitsugaya. Passez une bonne soirée !

Elle s'inclina et repartit. Elle fut tentée de l'espionner à travers le pan de la porte pour profiter de sa présence quelques secondes supplémentaires mais elle aurait pu être remarquée. Alors, elle retourna jusqu'à sa chambre pour se préparer de façon plus ostentatoire.

Elle ne sut donc pas que l'homme en question avait laissé plusieurs pièces à l'accueil, sous la surprise de la personne s'y trouvant, demandant à ce que la jeune femme ne soit pas au courant, avant de disparaitre. Il avait vraiment passé un après-midi agréable avec elle. Et cette fois-ci, il se promit de la revoir plus rapidement.


Merci pour votre lecture !

J'ai un peu peur que Hitsugaya soit OCC, mais si j'enlevais chaque scène où je doute, il me faudrait un mois pour poster la moindre chose xD Mon objectif est vraiment d'arriver au bout de l'histoire, tout en faisant quelque chose qui me plait :) Les détails, je pourrais éventuellement les éditer avec le recul plus tard.

Le site donne les nationalités des personnes lisant ma fanfiction. J'ai été agréablement surprise de voir la diversité des lecteurs. Un grand merci à tous 3 J'espère vraiment que vous prenez du plaisir à lire mon travail.