Indécise, je restais là à regarder ce Natsu assis au bord de la piscine de la guilde en compagnie du maitre de celle-ci, si je me fiais à ce que Levy m'avait dit. Ils semblaient tous les deux en pleine conversation et je n'osais pas les interrompre, d'autant plus que j'étais toute seule, Levy m'ayant juste conduite jusqu'ici avant de repartir. Je me contentais donc de les observer. M'étonnant de voir que le dirigeant de Fairy Tail soit un petit homme d'âge avancé. Cela dit maintenant que je savais que la rumeur disant comme quoi Magnolia habitait un démon majeur était vrai, plus rien ne devrait m'étonner.

D'ailleurs en parlant de démon majeur, j'attardais surtout mon regard sur celui-ci. A la lueur du jour ses écailles brillaient de mille feux, se parant de reflet plus ou moins rougeoyant, elles offraient un super spectacle de nuance de rouge. Elles se mariaient étonnamment bien avec ses cheveux roses cerisiers et dessinaient un superbe masque autour de ses yeux vert, qui eux aussi se parait d'une multitude de reflet allant du vert éclatant au noir le plus profond, vu de près ils devaient être encore plus beau. Cela dit le fait de pouvoir l'observer de loin, me permettait de me rendre compte de l'étendue de ses écailles. Une grande partie de son corps semblait en être recouvert. Son dos, ainsi que ses bras en étant entièrement vêtu et elles se prolongeaient sur ses cotes, s'incrustant parfaitement dans la peau au niveau du ventre. Il en était de même pour son visage, où elles s'arrêtaient au niveau de ses pommettes et de ses tempes, venant juste encadrer en partie ses yeux. Je me demandais si elles s'étendaient aussi au niveau de son cuir chevelu jusqu'à ses cornes d'un rouge foncé, presque noir. Je remarquais également que ses canines étaient bien plus aiguisées que celle d'un humain normal et qu'il possédait des ongles s'apparentant plus à des griffes qu'autre chose.

Décidemment cet homme ressemblait à un prédateur en puissance et étonnamment, ça lui donnait un certain charme. Il dégageait quelque chose de très sauvage, voir même de dangereux mais ça lui apportait une aura bien particulière. Je ne savais pas à quoi pouvait ressembler les autres démons comme Mme. Strauss et sa famille sous leur véritable forme, mais je doutais qu'elle soit aussi sublime que celle de ce Natsu.

Soudain deux paires d'yeux se posaient sur moi, me stressant. Leur regard perçant, me mettant mal à l'aise, notamment celui du démon. Il possédait un regard glaçant, digne d'un tueur sanguinaire et j'avais l'impression qu'il pouvait aspirer mon âme à tout moment. Hésitant pour la énième fois de la journée à fuir, je me repris en voyant le maitre de la guilde me faire signe de m'avancer. Tremblante, je me rendais donc jusqu'à eux, me posant à une distance raisonnable.

- Tu es l'humaine que Mirajane a enlevé la semaine dernière n'est-ce pas ? Me sourit le vieil homme.

- Oui… Je m'appelle Lucy. Me présentais-je.

- Enchanté mademoiselle, je suis Makarof le maitre de cette guilde. Sache que j'ai sévèrement réprimandé notre petite démone préférée et que Natsu s'est également bien chargé de lui rappeler à quel point elle avait déconné. Me dit-il, en jetant un regard appuyé à Natsu.

- Humpf… Et on peut savoir ce que tu fou à nouveau ici l'humaine ? Crachait le démon avec arrogance.

- J'avais besoin de réponse. Répondis-je, essayant de faire fit de son ton condescendant qui me donnait des envies de meurtre malgré ma peur.

- Oh et tu les as trouvés ? Me demandait la tête rose.

- Oui… C'est pour ça que je suis venu ici, je voulais te dire moi-même que je ne pourrais pas réécrire ton livre, je suis désolée. M'excusais-je.

- Tss… Comme si j'en avais quelque chose à foutre de tes excuses. Sérieusement tu crois que ça me fait quelque chose ? Non ! Alors maintenant casse toi. Grognait-il.

- Hé ! Ce n'est pas parce que ta vie c'est de la merde que ça te donne le droit de parler mal aux gens. Je suis venue te l'annoncer moi-même par respect mais je me rends compte que tu n'en mérite aucun. Sérieusement ce n'est pas d'une réécriture de bouquin dont tu aurais besoin mais de cours d'éducation ! M'emportais-je, ne supportant pas qu'il me traite comme une moins que rien.

Ma réplique cinglante les choquait tout autant que moi. Si sur le coup la colère l'avait emporté passant au-dessus de la peur. Là désormais une fois le silence retombé, je commençais à paniquer intérieurement. Sérieusement Lucy apprend à te taire quand il le faut. J'étais sûr d'avoir signé mon arrêt de mort à l'instant même et pourtant le démon ne semblait pas vouloir m'arracher la tête au vu de son regard étonné. Surement n'était-il pas habitué à ce qu'on lui réponde et qu'il lui faudrait un certain temps pour se remettre du choc avant de venir me tuer à l'aide de ses griffes. Il fallait donc profiter de l'effet de surprise et de la confusion pour fuir, ce que je fis sans plus tarder. Prenant mes jambes à mon cou, leur disant au revoir prestement, je m'enfuyais rapidement d'ici souhaitant revenir à ma vie d'avant le plus rapidement possible.

Il ne me restait plus qu'à affronter Mme. Strauss cette semaine et je serais officiellement débarrassée de Fairy Tail. Tout du moins ça c'est ce que je croyais. En réalité, on ne vit pas Mme. Strauss pendant deux semaines. Et tout le monde dans la promotion s'en inquiétait. Même si Loki arguait par exemple qu'elle devait surement avoir chopé le même virus que moi et être cloué au lit, être un démon n'empêchant pas de tomber malade. Cependant si son explication suffisait à rassurer les autres étudiants, ça ne me suffisait pas à moi. Car je savais ce qu'il y pouvait réellement il y avoir derrière ses absences et ça m'inquiétait malgré moi.

Je ne devrais pas m'en faire pour elle, après tout elle m'avait enlevé mais je ne pouvais m'empêcher de me faire du souci. Peut-être que l'université avait appris ce qu'elle avait fait sans même que je leur en parle ? Bien que cette hypothèse me parût peu probable, je ne devais pas l'écarter. Souhaitant obtenir des réponses et ne voulant pas impliquer mes amis là-dedans, déjà que je leur cachais ce qui m'étais arrivé, je me rendis dans la boutique de Levy toute seule un jour de semaine où nous n'avions pas cours.

Pénétrant dans la librairie, j'apercevais immédiatement la fée entrain de ranger des livres dans des cartons. La tête visiblement ailleurs, elle ne remarquait pas ma présence. Je m'avançais donc vers elle, attirant son attention avec un raclement de gorge.

- Oh Lucy salut ! Me sourit-elle, mais d'un sourire triste loin de son grand sourire habituel.

- Salut Levy, quelque chose ne va pas ? Demandais-je de but en blanc.

- Pas vraiment non…

- C'est Mme. Strauss ? Ça va faire deux semaines qu'elle n'est pas venue en cours…

- Tu t'inquiètes pour la personne qui t'a enlevé Lucy ? Tu es vraiment à part. Rit la bleue. Ne t'en fais pas pour Mira elle va bien, si elle ne vient pas vous faire cours c'est parce qu'on a des soucis à la guilde.

- Oh je vois… Dans ce cas je vais te laisser, je ne voudrais pas te déranger plus. Me détournais-je, prête à partir.

- Lucy attend ! Est-ce que tu pourrais m'aider à transporter tout ça à la guilde s'il te plait ? D'habitude mon petit ami vient m'aider mais là il ne peut pas et je ne me sens pas de faire plusieurs allers-retours. Après je comprendrais que tu refuses, tu ne dois surement plus avoir envie de faire affaire avec nous… Se perdait Levy dans des excuses sans queue ni tête.

- C'est bon Levy je vais t'aider. Ça ne me dérange pas de retourner à la guilde surtout si c'est avec toi. Lui souris-je, me voulant rassurante.

Etonnamment mes mots semblaient particulièrement l'émouvoir, car elle se jetait dans mes bras, pleurant tout son soul, s'agrippant à moi comme à une bouée de sauvetage. Ne comprenant pas ce qui pouvait la bouleverser autant, j'acceptais de lui rendre son étreinte, lui frottant le dos de ma main droite, espérant la réconforter un minimum. Touchée par sa soudaine fragilité, je resserrais même le câlin au bout d'un moment, avant qu'elle ne sèche ses larmes, se détachant enfin de moi. M'offrant un pâle sourire, elle me montrait les deux chariots remplis de livre qu'elle souhaitait ramener à la guilde. Chacune de nous en saisissant un, avant de se mettre en route pour une longue marche jusqu'à chez elle.

Le trajet se fit dans un silence reposant que je ne cherchais pas à briser. Je voyais bien qu'elle avait besoin de réfléchir et d'être un peu seule. Alors je me contentais de rester à ses côtés, lui rendant simplement service. Après tout même si j'appréciais énormément cette petite fée, on ne se connaissait pas vraiment, je n'avais donc pas à lui poser des questions sur son mal être passager. Cependant, une fois qu'on fut devant la guilde, je ne pus retenir une bruyante exclamation de surprise face à l'état du bâtiment et lui demander ce qu'il s'était passé ici. L'un des murs de la guilde comportait un immense trou d'où s'échappait plusieurs débris, et une bonne partie des fenêtres étaient brisées également.

- Mon dieu il s'est passé quoi ici ? Questionnais-je.

- Natsu… Soufflait Levy attristée.

Comprenant immédiatement où elle voulait en venir, je la suivis à l'intérieur constatant avec stupéfaction l'état de la guilde. Une bonne partie de celle-ci était calcinée, des tables et chaises brisaient jonchées le sol. Le reste du mobilier qui n'était pas brisé, était renversé et éparpillé de toute part. On aurait véritablement dit qu'une guerre s'était déroulée ici. Analysant chaque recoin de la pièce afin de mieux me rendre compte des dégâts je ne vis pas un homme gigantesque s'approchait de nous, jusqu'à ce qu'il n'embrasse Levy à pleine bouche. Etonnée de voir que son copain était un espèce de métalleux aux longs cheveux noirs et aux yeux rouges sangs, je les fixai éberlues.

- Quoi l'humaine ça te pose un problème notre couple ? S'énervait le brun au multiple piercing, en me voyant les observer avec de grands yeux.

- Non… Juste j'imaginais pas du tout Levy être attiré par un demi-dragon ressemblant à un chanteur de groupe de métal. Lançais-je tout naturellement.

- Que comment tu sais que je suis un demi-dragon alors que je suis sous forme humaine ? S'étonnait le brun.

- Tu ronronne quand tu l'as dans tes bras à ce que je sache c'est un truc de dragon ça ? Relevais-je.

- Tch… Je ne ronronne pas c'est faux ! Se vexait l'homme, croisant les bras sur sa poitrine, s'éloignant de sa compagne.

- Ahaha Gadjeel, ne prend pas la mouche comme ça c'est mignon tes ronrons. L'embêtait Levy en me lançant un coup d'œil.

- Ouai ouai… Sinon qu'est-ce que tu reviens faire ici ? Me demandait le fameux Gadjeel.

- Je suis venu aider Levy ! Dis-je en pointant du doigt les caisses de transport, avant de poser la question qui me brûlait les lèvres. C'est ce qui se passe quand il se rembobine ?

- Malheureusement… Et encore on a limité les dégâts cette fois. Soupirait Gadjeel blasé.

Hein limiter les dégâts ? Mais c'était quoi alors en temps normal ? Il rasait la guilde ou ça se passait comment ? Et puis ça donnait quoi quand il se rembobinait sérieusement pour que la bâtisse se retrouve dans un tel état ? Quoique à bien y réfléchir, je n'avais pas très envie de le savoir finalement, vu les dégâts causés.

- Et il est où maintenant ? Demandais-je curieuse en ne voyant Natsu nulle part.

- Au sous-sol dans un cachot. Me répondit Gadjeel comme si c'était la chose la plus naturel du monde.

- Pardon ?

- Ecoute je sais ce que tu dois penser mais on n'a pas le choix. L'enfermé et le foutre dans un cercle d'alchimie il n'y a que ça qui marche pour le canaliser. Quand il se rembobine, il oublie qui il est, il n'est plus que souffrance et flamme, il tuerait sa propre famille sans même s'en rendre compte. M'expliquait Gadjeel les nerfs à vifs.

La situation de leur ami les touchait tous énormément à ce que je voyais et je n'osais imaginer ce que c'était pour eux de voir leur ami souffrir quasiment tous les mois. D'autant plus que d'après les explications que Levy, m'apportait en complément cela durait environ une semaine son excès de violence dû à la retransformation de son corps. C'est donc comme cela que j'appris que Natsu ne s'était en réalité pas rembobiné aujourd'hui comme je l'avais pensé en arrivant à la guilde mais la semaine dernière, le jour où Mme. Strauss devait venir nous faire cours. Voilà pourquoi on ne l'avait pas vu depuis deux semaines, parce qu'elle était trop occupée soit à réparer la guilde, soit à gérer Natsu qui avait visiblement réussis à s'échapper et à refoutre le feu un peu partout. Voilà surement la raison pour laquelle la guilde était toujours en aussi mauvais état après une semaine.

Ayant de la peine pour eux, je leur demandais s'ils avaient besoin d'aide en voyant plusieurs personnes s'afféraient à ranger. Ce à quoi Levy me répondait que je n'avais pas à me sentir obligée, mais que si je voulais l'aider à finir de ranger les livres s'était avec joie. Je suivis donc la bleue, jusqu'à la bibliothèque où elle entreposait ses bouquins. En arrivant je fus subjuguée par la taille de celle-ci. Leur bibliothèque était immense. J'avais l'impression de me noyer dans une mer de livre et je souhaitais tous les découvrir. Admirative, je ne cessais de poser des questions à Levy sur cet endroit, ce qui l'a fit beaucoup rire. Elle me traitait encore une fois d'enfant à mon plus grand désespoir. Mais bon si au moins ça lui permettait de se changer les idées. Elle me conduisit ensuite dans une réserve située juste derrière la bibliothèque et qui lui servait d'entrepôt pour son magasin, quelle ne fut pas ma surprise en voyant encore une fois des montagnes de livre. Je comprenais désormais beaucoup mieux comment elle faisait pour avoir un choix de livre aussi large, malgré la taille de sa boutique.

On entreprit donc de ranger les livres ensemble, discutant de chose diverses et variés, apprenant à mieux nous connaitre. J'appris ainsi, que malgré son air très jeune Levy avait en réalité déjà un siècle, qu'elle était issue d'un mariage naturel entre deux fées qui malheureusement était mort tué pour leur ailes depuis, qu'elle fréquentait Gadjeel depuis au moins cinquante ans maintenant et qu'elle avait une grande passion pour les livres et la culture en général, chose qu'on partageait. Etonnamment on avait beaucoup de chose en commun et si je faisais fit de sa véritable nature je pourrais tout à fait croire que je discutais avec une femme de mon âge. C'était vraiment très étrange comme sensation, mais aussi extrêmement agréable. Levy dégageait une joie de vivre sans nom quand elle n'était pas triste et elle rayonnait littéralement, illuminant tout sur son passage. Sa gaité s'avérait contagieuse et plus le temps passé, plus j'appréciais de passer du temps en sa compagnie. Si seulement nous pouvions être amie pour de vrai. Malheureusement je me doutais bien que nos deux conditions très différentes l'une de l'autre constituaient un barrage à la création de cette amitié.

C'est donc avec ce constat que je sortais de la bibliothèque dépitée. Soupirant un grand coup, je regardais Levy venir en aide à une autre femme aux cheveux bleus un peu plus loin. Celle-ci semblait en difficulté avec un luminaire à raccrocher et la fée allait l'aider grâce à ses ailes. Perdue au milieu de cet endroit que je ne connaissais pas, j'attendais que Levy revienne avant de pouvoir m'en aller, histoire de ne pas passer pour une malpolie. Cependant mon regard fut vite attiré par une porte ouverte, laissant entrapercevoir un escalier menant au sous-sol. Curieuse et me demandant si ce n'était pas l'accès menant aux cachots, j'hésitais à y aller. Après tout je n'étais pas chez moi et ça serait surement mal vu que je me balade de partout ici, d'autant plus que je n'avais aucun intérêt à aller là-bas, si ce n'est satisfaire une curiosité malsaine. Pourtant je ne résistais pas à la tentation et après un bref coup d'œil de chaque côté de mon corps, je m'engageais dans les escaliers, laissant mes pas me guider.

Marchant à travers un dédale de pierre, dans une ambiance très sombre, la seule lumière présente ici provenant des faibles éclairages au mur, je poursuivais mon avancé dans les méandres de la guilde. Plusieurs couloirs s'offraient à moi et j'hésitais sur celui prendre. Je finis par tourner à droite, arrivant sur une multitude de petites portes. Les ouvrants les unes à la suite des autres, je remarquais qu'il s'agissait surtout de vieille pièce abandonnée qui servait pour la plupart de débarras voir de cave. Ne trouvant rien d'intéressant ici, je revenais sur mes pas, prenant cette fois-ci un couloir tournant vers la gauche.

Je débouchais alors sur ce qui m'intéressait le plus ici, les cachots. En effet même si j'avais toujours peur et que je me disais que c'était une mauvaise idée de venir, quelque chose au fond de moi me disait que je devais y aller. Je ne savais pas si c'était de la curiosité morbide ou ma stupide compassion qui faisait que je m'inquiétais toujours pour tout le monde, même ceux dont il ne faudrait pas, mais je poursuivais ma route, cherchant des yeux un éclat rouge. Je finis par le voir, dans le troisième cachot, là assis dos au mur, il semblait reprendre sa respiration. L'observant à la dérobe de loin, je me demandais si je devais m'avancer ou pas. Mais alors que j'allais reculer ne souhaitant pas le déranger et me disant qu'il ne méritait surement pas mon attention, surtout après la façon dont il m'avait traité la dernière fois il m'interpellait.

- Je sais que tu es là l'humaine. Enonçait-il, me faisant trembler.

- Comment tu sais que je suis là ? Demandais-je, abasourdi qu'il puise reconnaitre ma présence alors même qu'il ne me voyait pas.

- J'ai des sens bien plus développé que la normal… Je t'ai entendu depuis que tu es descendu ici et j'ai reconnu ton odeur. M'informait-il, comme si avoir les capacités sensorielles d'un animal était normal.

- J'espère que je sens bon au moins ? Ris-je malgré moi, ne pouvant retenir une fois de plus mon humour de merde.

- Ça va j'ai connu pire. Pouffait-il en retour.

- Je vais prendre ça pour un compliment venant de toi. Souris-je bêtement, avant de m'avancer.

Me positionnant face à lui, je repérais immédiatement que tout son corps semblait tendu à l'extrême et surtout je remarquais les énormes cernes sous ses yeux. Et encore heureusement que ses écailles les atténuées en grande partie, sinon il aurait vraiment l'air d'un mort vivant. Peinée pour lui, je poussais un profond soupir n'osant imaginer les souffrances qu'il devait ressentir quand ce genre d'évènement lui arrivait.

- Tu sais je n'ai pas besoin de ta pitié. Soufflait-il lasse, toute trace d'humour envolé.

- Ce n'est pas de la pitié mais de la compassion. Répondis-je, en m'agenouillant face aux barreaux.

- Hum… Sinon qu'est-ce que tu fais encore là ? M'interrogeait-il curieux, ses yeux onyx se plantant dans les miens.

- Levy avait besoin d'aide pour ramener des livres de sa boutique. Haussais-je les épaules.

- Vous semblez vraiment bien vous entendre vous deux.

- Je l'apprécie beaucoup c'est vrai. Avouais-je.

- Désolé pour la dernière fois au faite, tu as raison je n'aurais pas dû te parler comme ça, tu n'y étais pour rien… C'est juste que… Disons qu'après presque trois siècles à chercher une solution, j'en ai ma claque des faux espoirs et encore plus des problèmes avec les humains. S'expliquait-il après un long silence.

- Je pense que je peux comprendre. En tout cas tu reconnais tes torts ça veut donc dire que tu es moins hautain que je ne le pensais. Souris-je, mesquine.

Soudain, il bougeait, s'avançant vers moi. Il venait poser ses mains sur les barreaux, sa tête se plaçant face à la mienne. Ainsi face à face dans la pénombre avec autant de proximité je pus l'observer encore plus en détails que la dernière fois. Je pouvais voir chaque écaille rentrer parfaitement dans sa peau, et constater à quel point ses mains écaillées et griffus ressemblaient à celle d'un reptile prêt à dévorer sa proie. Mon instinct de survie, me disait de fuir le plus loin possible m'envoyant des signaux d'alerte afin que je détalle d'ici au plus vite. Mais pour autant je me refusais à bouger. Une drôle de fascination semblait naitre en moi pour cet homme et je souhaitais l'explorer.

- Tu n'as pas peur ? S'étonnait mon interlocuteur, ses yeux brillant de curiosité.

- Si bien sûr. Mais ma curiosité et mon empathie pour toi sont plus fort qu'elle. Affirmais-je.

- Vraiment ? Et si je fais c'est ce qu'elles sont toujours plus forte que la peur ? Me mettait-il au défi, passant un de ses bras à travers les barreaux.

Intimidée par son geste soudain, je luttais contre moi-même pour ne pas reculer précipitamment. Etrangement, je semblais vouloir lui prouver et me prouver quelque chose. Alors bien que j'ignorais totalement ce qu'il avait en tête, je prenais sur moi, attendant de voir ce qu'il allait faire. Fixant du regard sa main écailleuse, je fus surprise lorsqu'il la posait sur mon visage, sa main encadrant parfaitement ma joue, ses griffes l'effleurant légèrement. J'aurais surement dû fuir, crier à son contact. Pourtant je n'en fis rien, au contraire. Si au départ j'étais apeurée de savoir ce qu'il pourrait me faire, maintenant que je sentais sa paume contre ma joue et qu'il ne me semblait pas avoir de mauvaises intentions, la curiosité reprenait le pas sur tout le reste.

Levant ma main à mon tour, j'osais l'apposer sur son bras tendu, cherchant à savoir si le contact de ses écailles contre ma peau, me faisait le même effet sous mes doigts que contre mon visage. Caressant doucement ses écailles pourpres je m'étonnais de leur texture. Je m'attendais à ressentir un peu la même chose que lorsqu'on touche un poisson ou un serpent, mais elles possédaient plus de reliefs. Leur contact n'était pas particulièrement doux, au contraire je pouvais même sentir toutes leurs apérités et pourtant il n'était pas non plus désagréable. Cessant de fixer son membre tendu sous mes doigts, je relevais mon regard vers lui, plongeant mes orbes dans les siennes verts sombres. Son regard exprimait une curiosité et un étonnement manifeste, je lui souris alors faiblement. Souhaitant lui faire passer peut-être un message de paix ? A vrai dire je n'en savais trop rien, bien trop troublée moi-même par cette énième rencontre avec ce démon.