Hello, voici la suite :) Bonne lecture !


Chapitre 6 : Entretiens importants

Regulus eut un temps d'arrêt, assimilant ce qu'il venait d'entendre. Il prit les mains de Serena dans les siennes et la fixa avec espoir.

- Laisse-moi venir avec toi.

Serena ferma douloureusement les yeux. Elle aurait tellement voulu lui dire oui.

- Je n'ai pas pu demander ça à Fudge. Je suis désolée.

Elle rouvrit les yeux et une pointe lacéra son cœur en voyant l'air défait de Regulus, au bord des larmes. Il inspira et expira pour chasser lesdites larmes et battit des paupières.

- Pourquoi veux-tu une entrevue avec Sirius ? Tu crois à son innocence ?

Il avait envie qu'elle dise oui. Il avait envie qu'elle soit de son côté, de ne plus être le seul contre le ministère.

- J'aimerais. J'ai des doutes, Regulus, mais je ne peux pas gagner cette bataille. Si j'ai demandé cette entrevue, c'est pour avoir la garde de Harry Potter.

Serena lui expliqua tout. La façon dont son cœur s'était broyé en voyant Harry Potter, la haine de Pétunia, la compassion qu'elle avait envers ce jeune garçon.

- Mais qu'est-ce que Sirius vient faire là-dedans ?

- Il est son parrain. Il doit connaître une façon ou une autre de contourner Albus Dumbledore. Il sait forcément… Il connait les lois sorcières. Il y en a forcément une qui puisse me permettre d'avoir sa garde.

- Je pourrais faire des recherches.

- Je le sais. Mon but est principalement d'impressionner Dumbledore. Ca n'a pas été difficile de convaincre Fudge. Moins que je ne le pensais, mais Dumbledore, c'est une autre affaire. Par contre je n'ai obtenu qu'une seule visite et je ne pense pas réussir à en obtenir d'autres.

Regulus regarda ailleurs, cachant à Serena la larme qui roulait sur sa joue. Il se sentait terriblement impuissant.

Lorsqu'il tourna à nouveau la tête vers elle, un sourire un peu amer retroussait ses lèvres.

- Tu sais que si tu parviens à avoir sa garde… Tu devras déménager. Et Severus… Va te détester.

- Peu importe. Je sais que je ne suis rien pour lui, mais je ne supporterais pas de ne rien faire pour cet enfant. Je veux être là pour lui comme j'aurais aimé qu'on soit là pour moi.

- Les filles et Drago…

- Ce n'est pas encore fait, Regulus. Mais on trouvera une solution. Et puis, tu ne penses pas que celui qui a anéanti Tu-Sais-Qui et perdu ses parents mérite autre chose que d'être élevé par des gens qui le haïssent ?

Regulus ne répondit pas et se contenta de la serrer contre lui. Amaryllis et Cassiopée les rejoignirent et Cassiopée les regarda en fronçant les sourcils, en particulier Regulus. La jeunette sentait sa tristesse et son désespoir, et pour la première fois, fit un câlin à son père en le serrant très fort contre elle. Amaryllis les regarda avec jalousie mais ne dit rien et câlina sa mère alors que Regulus cachait ses larmes et que Cassiopée faisait de même. Ils n'étaient pas père et fille pour rien.


Severus serrait la main de sa sœur avec force. Serena grimaça mais ne dit rien. Un auror vint la chercher. Severus ne dit rien et resta là où il se trouvait. Il désapprouvait ce que sa sœur cherchait à faire. Pas que parce qu'il ne voulait pas de Harry Potter dans sa vie. Mais parce qu'il sentait que tout le remue-ménage qu'elle créait n'allait pas plaire. Il arrivait que des mangemorts nostalgiques fassent des attaques. Quand certaines décisions étaient prises au ministère, ils attaquaient, au hasard, juste pour montrer que certains étaient encore actifs et qu'ils n'étaient pas d'accord. La plupart du temps, le ministère faisait marche arrière. Cela avait été le cas il y a peu, quand une sorcière avait réussi à ce que soit envisagé l'idée que la potion tue-loup, inventée il y a peu et vendue très chère, soit donnée gratuitement aux lycans.

Alors oui, Severus était inquiet. Angoissé, même. Mais pour l'heure ce qui l'inquiétait, c'était que Serena allait devoir passer devant des détraqueurs et qu'il n'était pas avec elle pour la soutenir.

Sirius Black ne demanda pas, ne fit aucun geste quand on l'amena dans la pièce réservée aux visites. Pourtant, il n'y avait pas droit et il le savait. Qui donc pouvait lui rendre visite ? Il se laissa tomber sur une chaise qu'on lui désigna, c'était tellement plus confortable que la paillasse à laquelle il avait droit !

Du côté de Serena, elle se trouvait avec l'auror Dawlish. L'homme avait pris le soin de produire un patronus, la baguette de Serena ayant été confisquée à son arrivée par mesure de précaution. Serena évitait de regarder les prisonniers décharnés alors qu'ils s'enfonçaient de plus en plus dans la prison. Elle savait qu'ils allaient atteindre le quartier de haute sécurité et savait qui elle risquait de voir. La brune regarda droit devant elle, serrant les poings dans ses poches.

Elle avait peur. Terriblement peur. Et elle était seule. Seule face à sa peur. Elle ne devait pas voir Antonin Dolohov. Elle était persuadée qu'elle s'effondrerait si c'était le cas. Un rire dément l'empêcha de continuer de cette façon. Bellatrix Lestrange riait à gorge déployée en la regardant avancer. Elle revit la nuit où on l'avait privée de ses filles. La torture. Franck et Alice. Elle détourna le regard et s'empêcha de regarder la cellule de Barty Croupton Junior.

Un rire sarcastique hérissa les poils de ses bras. Elle ferma les yeux quelques secondes, le temps de passer devant la cellule de Dolohov. Enfin, ils arrivèrent devant une pièce vitrée où se trouvait Sirius Black.

- Mademoiselle Rogue, commença Dawlish en s'arrêtant. Je ne rentre pas avec vous. Le prisonnier est maîtrisé. Je vous surveillerai d'ici. Au moindre geste suspect, je vous fais sortir.

- D'accord.

Sans un mot de plus, Dawlish s'effaça et lui ouvrit la porte. Serena entra et se figea avant d'aller s'asseoir. Son cerveau eut du mal à associer le Sirius qu'elle avait connu à celui qu'elle avait devant elle. Décharné, la peau sur les os, les yeux enfoncés dans les orbites, sale. Ses cheveux étaient longs et emmêlés. On était loin de l'image de beau gosse de Poudlard. Son cœur fut saisi par le désespoir et la tristesse dans son regard quand elle le croisa.

En reconnaissant la personne en face de lui, Sirius sentit les larmes dévaler ses joues.

- Se… Serena Rogue. Tu ne peux pas… Être là.

Serena d'habitude si froide, le fixa avec une douceur sans nom. De la même façon dont elle regardait toujours ses filles.

- Je suis là.

- Je n'ai pas droit aux visites. Et… Tu es à Sainte Mangouste.

Serena fronça les sourcils. Il ne pouvait pas le savoir. Il était déjà à Azkaban quand elle s'était fait attaquer avec les Londubat. Comment ?

- Ma cousine s'en est vanté les premiers jours. Qu'ils avaient eu Franck, Alice et Serena.

Serena ne pouvait s'empêcher de ressentir de l'affection et de la tendresse envers lui. Il ne pouvait pas être coupable. Elle le décida durant cette minute. Se rangeant du côté de Regulus en un instant et décidant de se battre pour lui dès qu'elle le pourrait.

- Sirius. Ca fait plus d'un an que je me suis réveillée. Je suis bien là. Et je n'ai droit qu'à cette visite.

Le ton de sa voix indiquait l'urgence de la situation et Sirius posa un regard sérieux sur elle.

- J'aimerais t'aider à sortir d'ici. Regulus… Il se bat depuis cinq ans pour ça. Il te croit innocent. Et en te voyant, je le crois aussi.

- Reggie et toi, vous êtes… ?

- On peut dire ça.

Il se fendit d'un sourire et ses yeux brillèrent.

- Si Reggie me croit, dis-lui que…

Serena leva une main.

- Je suis désolée, Sirius… Si je suis là aujourd'hui… C'est pour Harry. Je voudrais pouvoir t'aider, mais je n'ai réussi à négocier qu'une seule visite.

Sirius posa les mains à plat sur la table.

- Que se passe-t-il avec Harry ? Il va bien ? Où est-il ?

Sirius se passa la main dans les cheveux avec angoisse.

- Il est chez les Dursley. C'est Dumbledore qui a pris cette décision. Si je suis ici, c'est parce que tu es son parrain. Tu dois forcément connaître les lois sorcières. N'y a-t-il pas une façon de le sortir de là ?

Les traits du prisonnier se crispèrent et il lutta pour ne pas exploser de rage.

- Ne le laisse pas là-bas ! Pas avec Pétunia et Vernon.

- Je ne le laisserai pas. Mais j'ai besoin que tu m'aides.

- Pourquoi tu ne fais pas des recherches ? Je veux dire…

- Je suis venue ici pour impressionner Dumbledore. En priorité, mais aussi parce que… Reg se bat depuis toutes ces années et j'avais cette possibilité. De lui dire qu'il a raison.

- C'est putain de Gryffondor.

- Je ne me suis pas battue durant la guerre. Je le fais maintenant avec les armes dont je dispose.

Sirius eut un sourire appréciateur et se mit à cogiter sur les lois sorcières, donnant des titres de livres à Serena pour l'aider.

- Avec cette loi, tu as automatiquement une vérification de l'état de l'enfant. Et la famille n'est pas prévenue auparavant.

- Par Merlin, merci Sirius ! Si tu savais… Si je pouvais…

- Savoir qu'au moins deux personnes croient en moi… Savoir que tu vas tout faire pour que Harry… Comment… Comment vont mes nièces ?

Serena eut un sourire désabusé. Tout le monde, depuis le début, avait toujours su qui était le père de ses filles.

- Cassiopée est empathe. Et Amaryllis a besoin de beaucoup d'attention.

Serena se leva, montra un papier à l'auror qui acquiesça et le tendit à son beau-frère. Emu, Sirius posa le regard sur ses nièces.

- Dommage qu'elles soient si Black.

- Je préfère ça aux Rogue, tu sais.

Sirius ne dit rien.

- Sors-le de là.

- Tu m'as grandement aidée. L'étape la plus dure sera de convaincre Dumbledore.

Tremblant, Sirius saisit les mains de Serena dans les siennes.

- Je suis désolé pour Dolohov.

Les lèvres tremblantes, Serena repoussa les larmes qui menaçaient de couler. Elle n'avait pas à pleurer. Ce n'était pas elle qui était enfermée alors qu'elle était innocente.

Passant du coq à l'âne tout en pressant ses mains, Sirius déclara :

- Les balades avec Reggie et toi me manquent. Vous le faites souvent ?

- Je n'ai pas essayé depuis mon réveil de me transformer en animagus. J'ai eu trop peur de ne pas y arriver.

Sirius eut l'ai compréhensif et cela lui brisa le cœur. Il n'avait pas à… Elle eut une nouvelle fois envie de pleurer.

Dawlish toqua à la fenêtre.

- J'aurais aimé revenir. Au moins pour te rassurer pour Harry. Mais… Je trouverais un moyen, je te le promets. Et… On se battra pour toi, je te le promets aussi.

Serena se leva. Elle avait envie d'étreindre Sirius mais elle savait que Dawlish ne serait pas d'accord. Elle se ravisa au dernier moment et l'enserra dans une étreinte forte et chaleureuse. Les épaules de Sirius tressautèrent et il la serra contre lui en retour jusqu'à ce que Dawlish les sépare.

Sirius eut un sourire triste et la regarda partir. Néanmoins, une nouvelle flamme brûlait dans son cœur. Serena Rogue venait de lui donner une nouvelle raison de ne pas sombrer.


Lorsque Severus récupéra Serena, elle était dans un état déplorable. Il dut l'aider à transplaner et lui prépara un thé chez les Malefoy. Ceux-ci n'étaient pour le moment au courant de rien. Inutile de les inquiéter ou de créer des tensions. Regulus se rua sur elle, des questions plein les yeux.

- Laisse-lui deux minutes, elle a dû croiser Dolohov, ça n'a pas dû être facile pour elle.

Serena et Regulus se tournèrent vivement vers Severus. Celui-ci adressa un regard désolé à sa petite sœur, mais celle-ci avait attrapé le bras de Regulus et le serrait avec force, l'empêchant de se lever. Regulus tourna la tête vers elle et décrispa les mains en voyant la crainte dans son regard ainsi que les larmes contenues. Il s'empêcha de se lever alors que tout ce qu'il voulait faire, c'était de se ruer à Azkaban et de tordre le cou d'Antonin Dolohov. Dire que ce monstre lui avait semblé l'un des plus humains des mangemorts et qu'il était tombé de haut quand il avait su qu'il avait été présent la nuit des viols sur étudiante.

Voyant que Serena et Regulus étaient tous deux dans leur bulle, dans un moment où ils ne se comprenaient qu'entre eux, Severus sortit dans le parc du manoir pour s'isoler. Serena ne lui avait rien dit de sa visite. Il se sentait exclu et il n'aimait pas ça du tout. Pour se calmer, il s'occupa d'Amaryllis, Cassiopée et Drago, leur apprenant une potion pour soigner la grippe dont Cassiopée semblait souffrir.

Regulus prit Serena contre lui. Elle ne pleura pas, mais elle le serrait contre elle de toutes ses forces, comme si elle avait peur qu'il parte, qu'il la laisse seule. Ce désespoir toucha Regulus. Il caressa ses cheveux avec douceur en lui murmurant qu'il l'aimait et qu'il ne la laisserait pas. Serena se calma doucement alors que Regulus traçait des cercles imaginaires dans son dos. La jeune femme lui raconta tout.

- Alors, tu le crois, comme moi ?

- En étant aussi proche des détraqueurs, on ne peut pas feindre à ce point, c'est impossible.

Ce fut Regulus qui la serra contre lui, ne se rendant compte qu'à ce moment d'à quel point il s'était senti seul dans sa lutte.

- Et quelle est cette loi ?

- Celle sur laquelle je m'étais déjà renseignée. Sirius est le parrain de Harry. Mais il est dans l'incapacité de s'en occuper, nous sommes d'accord ?

Regulus acquiesça, cherchant où exactement elle voulait en venir.

- La loi sorcière stipule que si le parrain, ou la marraine, n'est pas en mesure de pourvoir aux besoins de l'enfant sorcier, c'est à l'héritier le plus proche que cette tâche reviendra.

Il fallut un moment à Regulus pour comprendre ce qu'elle suggérait exactement.

- Moi ? Elever Harry Potter ? Mais, Serena… J'étais un mangemort.

- Pour nous protéger et nous rendre service.

- Jamais Dumbledore…

- Sirius lui-même m'a donné sa bénédiction. Tu oublies que c'est Dumbledore qui a suggéré que tu rejoignes les mangemorts pour jouer un double jeu. Il serait bien hypocrite de te refuser sa garde sous le prétexte de ton passé.

Regulus resta silencieux, jusqu'à ce que Serena passe la main avec douceur sur sa joue.

- Tu… Tu as vu Dolohov ?

Serena voulut éviter son regard, mais elle lut dans le sien qu'il avait besoin de réponses.

- Non. Je n'ai pas voulu lui donner ce plaisir. Et… je ne l'aurais pas supporté.

- Dis-moi qu'il est au plus mal. Dis-moi qu'il n'y a pas que mon frère qui…

Serena entendit à nouveau le rire de Dolohov. Ce n'était pas le rire de quelqu'un qui était au plus mal. C'était le rire d'un fou furieux qui recommencerait tous ses actes s'il en avait l'occasion.

- Oui, il a ce qu'il mérite, dit-elle avec un aplomb dont elle se surprenait elle-même.

C'était pour son bien. S'il apprenait que Dolohov allait bien, il s'en rendrait malade.

- Mais… je ne pourrais pas élever le survivant seul ! S'exclama soudain Regulus en se redressant. Je n'ai même jamais gardé nos filles seul.

Serena eut un petit rire et il finit par rire avec elle tant il adorait ce son.

- Alors disons que je t'aiderais ?

Regulus pencha la tête sur le côté.

- Tu sais que Dumbledore n'autorisera jamais que nous gardions Harry Potter chez les Malefoy ? Qu'il est également hors de question pour Lucius que j'habite sous son toit ?

- C'est justement pour ça que… je pensais…

Serena se tut alors que Regulus était pendu à ses lèvres. Elle n'évitait que rarement son regard, mais elle le fit alors que ses joues prenaient une teinte cramoisie.

- Tu pensais ? Demanda Regulus avec un amusement non feint.

Serena remit une mèche de cheveu derrière son oreille pour se donner contenance, fixant le parc Malefoy par la fenêtre.

- Eh bien… Que nous pourrions habiterensemble.

Les deux derniers mots avaient été prononcés si vite qu'il eut du mal à les comprendre.

- Tu veux bien répéter, je n'ai pas bien…

La jeune femme le fusilla du regard, toujours aussi rouge et il eut un rire.

- Tu veux dire… Les filles, toi et moi, et potentiellement Harry ?

Serena acquiesça.

- Il ne manquerait que le mariage et je serais l'homme le plus heureux du monde ! S'exclama Regulus avec un rire.

Serena eut un sourire timide.

- Je ne sais pas jusqu'à quel point…

- J'ai attendu ton coma pour pouvoir seulement te parler, tu sais.

- Rien n'est fait avec Harry.

- Je te soutiendrai, et ensuite, on s'occupera de Sirius.


Serena attendait devant le portail de l'école. C'était plus qu'étrange de se trouver ici. Elle n'était pas seule aujourd'hui. Elle avait été calculatrice et manipulatrice et avait décidé d'emmener ses filles avec elle. Rusard mettait un temps fou à arriver ou est-ce que c'était elle qui n'était pas assez patiente ? Le concierge finit par arriver et ouvrit le portail en la saluant avec toujours autant de chaleur que lorsqu'elle était au collège, c'est-à-dire pas du tout.

Cassiopée se resserra contre la jambe de sa mère et Amaryllis eut un petit geignement. Serena avança en leur tenant les mains et découvrit avec curiosité l'endroit où se trouvait le bureau de Dumbledore. Elle n'avait jamais eu besoin d'y aller pendant sa scolarité. Non pas qu'elle n'ait pas fait des entorses au règlement mais pas assez pour être convoquée.

Elle avait choisi de prendre rendez-vous durant des vacances scolaires. Ils ne croisèrent ainsi pas trop d'élèves. Les rares présents leur jetèrent des regards intrigués, en particulier aux jumelles, au vu de leur jeune âge.

Serena fut presque déçue d'apprendre que le bureau directorial se trouvait au deuxième étage. Rusard chuchota le mot de passe à la gargouille en dardant sur Serena un œil mauvais. Amaryllis et Cassiopée furent plus qu'impressionnées par l'escalier qui monta directement vers la porte. Serena sourit puis toqua à la porte.

- Entrez.

La voix joyeuse du directeur n'avait pas changé. S'il parut surpris de voir les filles avec elle, elle le fut en voyant McGonagall et Flitwick présents dans la pièce. Amaryllis se cacha derrière sa jambe et Cassiopée fit de même, tout en jetant des regards en biais aux adultes présents.

- Serena Rogue, s'exclama Dumbledore avec emphase. Si je m'attendais à ta visite en recevant ton courrier.

- J'ai estimé que la situation était plus qu'importante.

Elle salua ses anciens professeurs puis s'assit quand Dumbledore l'y invita. Amaryllis et Cassiopée se blottirent sur les genoux de sa mère.

- J'ai été ravi d'apprendre ton réveil, il y a un an de cela.

Le professeur Flitwick semblait également ravi de revoir son élève de même que McGonagall qui ne cessait de sourire dès que son regard se posait sur les filles de Serena.

- Cessons les courtoisies et annonce-moi clairement le but de ta visite. Je sais que tu es allée voir Sirius Black à Azkaban.

Serena esquissa un sourire, peu surprise de ce qu'elle apprenait. Dumbledore savait toujours tout.

- J'ai eu besoin de ses lumières pour ce que je m'apprête à vous demander, professeur.

- Je ne suis plus ton professeur, Serena, sourit le directeur.

Elle sourit à son tour avant de reprendre un air sérieux. Flitwick s'occupa de distraire Amaryllis et Cassiopée avec des sortilèges, sentant que la conversation devenait on ne peut plus sérieuse. Les filles finirent par descendre des genoux de leur mère et s'installèrent près du professeur.

- Voyez-vous, P… Albus. L'autre jour, j'ai marché dans le quartier de mon enfance. Près de Privet Drive.

Dumbledore croisa les mains sous son menton alors que Minerva semblait retenir sa respiration. Filius écoutait d'une oreille et était lui aussi pendu aux lèvres de Serena.

- Lorsque je suis passée devant la maison portant le numéro 4, j'y ai vu un petit garçon qui lavait une voiture, tout seul, sans surveillance. Un petit garçon de l'âge de mes filles, qui a une cicatrice sur le front. Un petit garçon mal nourri, dans des vêtements trop grands.

Serena laissa planer un silence.

- Je veux la garde de Harry Potter.

- Ce n'est pas possible, réfuta Dumbledore. Je l'y ai placé pour…

Serena leva une main pour l'arrêter, poliment sans le couper avec insolence.

- Sirius Black est son parrain. Il est cependant dans l'incapacité de s'occuper de lui. La loi sorcière stipule que dans ce cas de figure, la garde du filleul revient à la personne la plus proche du parrain au niveau filial. Cela signifie donc que la loi autoriserait tout à fait Regulus Black à élever Harry Potter.

Minerva sourit en approuvant Serena. Si cela pouvait convaincre Albus, elle disait oui.

- Regulus était un…

- Sous votre ordre, réfuta Serena.

Albus ferma les yeux, admirant malgré lui la ténacité de Serena Rogue.

- Nous semblons dans une impasse. Il est important que Harry grandisse avec la protection sanguine de Pétunia Dursley, même si elle ne l'aime guère.

- Si ce n'est que de protection sanguine dont il s'agit, les Black sont plus ou moins parents avec les Potter.

- Pas à un degré assez proche.

- Alors il suffirait de faire une prise de sang à Pétunia et tout serait réglé. Je la connais, je suis persuadée qu'elle ne veut pas le garder. Lily et elle étaient en mauvais termes, elle ne faisait que la traiter de monstre !

Serena se leva de sa chaise, elle sentait que l'entretien lui échappait et ça ne lui plaisait pas. Elle ne parvenait pas à le convaincre alors que c'est ce qu'elle désirait le plus au monde.

Au contraire, Albus devait se raisonner du plus fort qu'il le pouvait pour ne pas dire oui à Serena, pour trouver à chaque fois un autre argument pour contrer la jeune femme. Il était tellement fier d'elle. Elle aurait pu faire avocate avec le plaidoyer qu'elle faisait, avec la détermination et la force qu'elle mettait dans ses paroles. Il y avait un point sur lequel elle ne pouvait pas gagner contre lui.

- Tu vis chez les Malefoy, Serena. Il est hors de question que…

- Regulus et moi allons nous installer ensemble avec les filles. J'aurais pu vous contrer en vous disant que les Malefoy changent au contact de mes filles et moi, mais ça n'a guère de poids.

Minerva haussa les sourcils de surprise. Elle n'y croyait pas une seule seconde. Albus se massa l'arrête du nez, cherchant comment s'opposer à Serena. Il n'en avait pas la moindre envie. Si ce qu'elle avait constaté sur Harry était vrai, qui serait-il pour s'opposer à ce qu'elle désirait ? Serena était l'une des personnes les plus équilibrées qu'il connaisse.

- Tu es allée voir Sirius Black pour te renseigner sur ces lois.

- En priorité pour vous impressionner.

Albus fit un signe de tête pour indiquer qu'il lui accordait une victoire.

- Selon l'article 205, un mineur sorcier, sous la garde de quelqu'un, peu importe qu'il soit sorcier ou moldu, a le droit de bénéficier d'une aide. Une visite non prévenue à sa famille, qui, selon les constatations le mèneront à quitter sa famille d'accueil ou à y rester. Il est primordial que le mineur soit écouté par un psychomage et qu'après délibération, un lieu d'habitation propice à ses besoins lui soit accordé.

Le souffle court, Serena s'arrêta. Les trois professeurs en étaient ébahis.

- J'ai vécu une enfance traumatisante. Je refuse qu'un enfant comme Harry le vive aussi.

Serena croisa les bras comme pour se protéger.

- Votre enfance et celle d'Harry sont totalement différentes.

- Qui vous dit que les Dursley ne le maltraitent pas ou n'abusent pas de lui ? Comme mon père l'a fait avec moi.

Elle avait chuchoté la dernière phrase, mais Minerva l'avait entendue et entoura les épaules de son élève de ses bras.

- Serena.

- Du plus profond de mon être, je ne veux que le meilleur pour cet enfant. Est-ce si mal que de vouloir le bonheur de quelqu'un ? De vouloir éviter à une personne d'arriver brisée à l'adolescence ? De vouloir que les sacrifices de Severus et Regulus en vaillent le coup ? A quoi bon en avoir fait des hommes brisés, si notre sauveur, celui qui a anéanti les ténèbres doit lui, vivre dans celles-ci ?

Face à elle, une larme roula sur la joue d'Albus Dumbledore.

- D'accord. Nous allons organiser cette visite surprise et cet entretien avec un psychomage. Et nous reparlerons après les résultats de ces deux entretiens.

Lorsque Serena repartit de Poudlard avec ses filles, elle avait le cœur gonflé d'un espoir qu'elle était sûre que rien ne pourrait atténuer.


J'espère que ça vous a plu :) Je vais bientôt m'attaquer au chapitre suivant !