Traduction : Takkaori, Tressym383
Relecture : Zodiaaque
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Résumé : Kirishima traîne Bakugo hors de sa chambre pour le nourrir et les choses prennent une tournure inattendue.
Fais pas ça, pauvre con
Il cliqua malgré tout sur l'article. Il eut à peine le temps de lire les quatre premières phrases qu'il eut envie de vomir.
Bakugo Katsuki : Un pari que UA est en train de perdre.
Le victorieux première année du festival sportif est un prodige à de nombreux égards. Meilleur score de l'examen d'entrée, de bonnes notes, et un alter impressionnant. Ses compétences sociales, en revanche, sont tristement manquantes.
Je l'ai moi-même expérimenté en rencontrant le garçon dans le métro. Sa première action fut de me plaquer contre une porte et la deuxième de m'insulter et me hurler de partir. C'est à peu près tout ce que j'attendais de lui. Il a cependant dit quelque chose par la suite qui capta mon attention.
« Personne ne me laisse jamais dire non. »
Il a ensuite sauté du wagon au mauvais arrêt et sans ses camarades, dans l'unique but de m'éviter. Mais que voulait-il dire ? Une image du garçon attaché et muselé au festival sportif m'est immédiatement revenue en mémoire. Après avoir été enchaîné à la fois par les héros et par les vilains, peut-il encore faire la différence entre ami et ennemi ?
Si UA est réellement la crème de la crème, ils devraient être capable de guider tous leurs étudiants, même ceux aussi difficiles que Bakugo Katsuki.
"Ce putain de connard !" il fulmina.
Ce putain d'étranger savait que dalle sur lui. L'article continuait sur des critiques concernant UA qu'il ne prit même pas la peine de lire. Le plus énervant était qu'il voulait désespérément que quelqu'un reconnaisse l'injustice de ce qu'il s'était passé au festival sportif. Mais ce connard de journaliste ne pensait pas que c'était mal, il pensait juste qu'une merde comme Bakugo avait besoin d'un traitement particulier pour pouvoir faire la différence entre des professeurs qui se comportaient comme des connards et de réels putains de vilains.
Il balança son téléphone contre le mur et retourna dans son lit. Il se blottissait dans sa couette lorsqu'il entendit des pas s'approcher de sa chambre.
"Baku-broooo."
Il redoutait ce moment. Oreilles de Bouddha et Queue d'cheval n'oseraient pas le traîner hors de sa chambre, mais Tête d'orties et son stupide enthousiasme n'avaient aucune crainte à le faire.
Non, je ne veux pas parler de ma putain d'image
"Je sais que t'es là."
"Qu'est-ce qu'il y a, Tête d'orties ?!"
"Ah, le voilà !" l'autre ricana. "Tu veux aller à la supérette ?"
"Quoi ?" il s'étonna, vraiment confus cette fois-ci.
"C'est moi qui paye." le carmin insista. "J'achèterai tout ce qu'il faut si ça me permet de goûter à ce que tu cuisines."
"Je vais bien, putain." le blond grogna. "T'as pas besoin de jouer à la nounou chaque fois que je loupe le dîner."
"D'accord, tu m'as démasqué." Kirishima admit. "Mais tu dois admettre que quand t'es de mauvaise humeur, généralement ça t'aide de cuisiner."
C'était vrai, mais pourquoi Kirishima savait-il ça ?
"Allez mec, ça peut pas être pire que de ruminer dans ta chambre toute la soirée."
"Et si j'aimais bien ruminer dans ma chambre ?" Le blond avait l'air à deux doigts de vraiment le faire.
"S'il-te-plaaaiiit."
La porte s'ouvrit. "C'est toi qui paye ?"
"Bien sûr." Kirishima rayonna.
Il enfila un bonnet noir uni sur ses mèches blondes trop reconnaissables.
"Punaise, qu'est-ce qui est arrivé à tes mains ?!"
"Hein ?"
Oh, c'est vrai
"Je fais des explosions avec mes putains de mains, ça arrive." il se défendit dédaigneusement.
"Okay, mais tu devrais probablement voir Recovery Gir-"
"Tu devrais probablement la fermer." le blond l'interrompit. Kirishina leva les yeux au ciel dans une exaspération peinée, mais laissa couler.
Pendant qu'ils marchaient, l'idiot le garda occupé avec des questions sur ce qu'il comptait faire, ce qu'il comptait acheter, ou si le reste de leurs amis auraient la chance de rejoindre leur session cuisine.
"D'ailleurs, comment t'as appris à cuisiner ?" il finit par demander avec une légèreté forcée.
"Quitte à faire quelque chose, autant être le putain de meilleur dans ce domaine." Il haussa les épaules. "Avec internet, tu peux tout apprendre si tu t'en donnes les moyens."
"Donc t'as appris seul." Kirishima hocha la tête avant de tenter sa chance. "Tes parents cuisinent aussi, ou c'est juste toi ?"
"Doucement, Katsuki, c'est très tranchant."
"Je sais papa, je suis pas débile."
"Pas vraiment." il répondit, tendu. "Ils travaillent tous les deux beaucoup. Mais quand mon père a le temps, il cuisine pour nous deux et me montre quelques techniques."
"J'imagine que vous vous entendez bien, du coup ?"
"Je suppose." Il haussa à nouveau les épaules. "On se dispute pas comme je le fais avec ma mère."
Ils s'entendaient bien, hein ? Ça ne le dérangeait pas que son père soit près de lui. Parfois, il appréciait même. Il pouvait admettre dans sa propre tête que, lorsqu'il essayait de se souvenir d'une époque où il avait ressenti quelque chose qui s'apparentait à de l'affection et de la sécurité, c'était des moments avec son père qui lui venaient à l'esprit. C'était de vieux souvenirs qui dataient du temps où il n'avait pas encore pris ses distances. La consolation de larmes de colère dues à une bagarre à l'école qu'il n'avait absolument pas commencée, mais dont le professeur l'avait injustement jugé responsable. Une nuit à dormir blotti l'un contre l'autre sous une couette épaisse pendant qu'une Mitsuki furieuse restait à l'hôtel... Parfois, il voulait désespérément se laisser tomber sous le poids de tout ce qu'il ne parvenait pas à gérer, aller pleurer vers son père comme un enfant et enfouir son visage dans une épaule chaude pendant que quelqu'un d'autre s'occupait du monde pour lui.
Mais il ne pouvait pas. Masaru ne pouvait pas résoudre ses problèmes et même s'il le pouvait, son fils était devenu trop renfermé et têtu pour le demander.
"Tu penses que je pourrais le rencontrer un jour ?" Kirishima le tira de ses pensées.
"Il paniquerait si j'amenais quelqu'un à la maison." il sourit. "Mes parents s'amusent à dire que mes amis sont imaginaires parce que j'en invite jamais."
Du moins, Masaru, lui, plaisantait. Mitsuki pensait sûrement sincèrement que personne ne l'aimait.
"Ma mère veut vraiment te rencontrer." l'informa joyeusement Kirishima. "Elle a très hâte de venir aux portes ouvertes. Elle veut rencontrer tout le monde, mais c'est pour toi qu'elle est le plus impatiente."
Bakugo renifla, sceptique.
"Je suis sérieux !" Kirishima protesta.
"Pourquoi quelqu'un serait impatient de me rencontrer ?"
Le carmin s'arrêta de marcher, le fixant silencieusement.
"Quoi ?" il répliqua, soudainement trop conscient de lui-même.
"Je lui ai beaucoup parlé de toi."
"Super, ça explique tout."
"Je lui ai dit que tu travaillais plus dur que n'importe qui." Kirishima le regarda si sincèrement que ça lui fit mal. "Je lui ai dit que tu m'aidais à faire mes devoirs et que tes séances de révisions étaient même la raison pour laquelle la moitié du groupe redoublait pas. Et comment tu me remonte le moral en me disant que je mérite d'être là quand je doute de mon alter ou du fait que j'ai pas les capacités nécessaires pour devenir un héros."
"Si elle s'attend à ce que je sois aussi serviable que Deku, elle va être sérieusement déçue."
"Elle sait que t'es un peu rude sur les bords." Kirishima ajouta. "Mais elle est cool, il lui faudra plus que quelques grossièretés pour lui faire peur."
"Que Dieu aide la mère de tes fréquentations, Katsuki."
"Bakugo." Le carmin s'approcha un peu plus près avec un sourire doux. "Tu sais que t'es mon meilleur ami, hein ?"
"Ton erreur, pas la mienne." Bakugo le repoussa.
"Joue pas à ça." lança Kirishima. "Mec, je suis sérieux. T'es mon meilleur ami et je m'inquiète pour toi."
"J'ai pas besoin que tu t'inquiètes pour moi." il déclara avec moins de venin.
"Peut-être pas, mais ça m'empêche pas de le faire." il continua. "T'as traversé beaucoup de choses horribles. Mec, tu t'es fait kidnapper, punaise, et t'en as toujours parlé à personne."
"Pour dire quoi ?" Sa colère habituelle ressurgit. "J'ai merdé, passé une journée attaché à une chaise, et All Might m'a payé la caution."
"Qu'est-ce que tu veux dire par « j'ai merdé » ?" Kirishima demanda plus doucement.
"Je- Merde !" Il grogna de frustration. "Tu vas vraiment m'obliger à le dire ? J'ai été arrogant et stupide. Le bicolore m'avait dit d'être prudent, mais je me suis quand même fait enlevé alors que j'étais dans un groupe qui se consacrait littéralement à ma protection, parce que je traînais derrière. J'ai mis toute l'école aux informations internationales, bordel ! J'ai mis fin à la putain de carrière d'All Might !"
Il se souvenait qu'All Might avait insisté sur le fait que ce n'était pas de sa faute, mais il n'arrivait pas à s'empêcher de le penser. All Might ne l'avait pas blâmé, mais sa propre mère l'avait fait, et combien d'autres ?
"Okay, wow, c'est beaucoup." souffla doucement Kirishima.
"Je jure devant Dieu que si tu dis un truc du style « il y a beaucoup de chose à traiter là », je te balance au feu."
"Bakugo." Kirishima reprit sérieusement. "Tout ce qui t'arrive n'est pas automatiquement de ta faute."
"Je me forme pour être un héros, je devrais pas laisser ce genre de merdes arriver."
"Ça s'appelle du victim-blaming, mon gars."
Sa réplique furieuse mourut dans sa gorge. Les cigales et les voitures passantes remplirent le silence de bruits ambiants alors qu'il regardait son ami et essayait d'empêcher son esprit de divaguer de manière incontrôlable.
"Ton père t'a cherché partout et tu t'es même pas dérangé pour répondre à ton putain de téléphone !"
"Putain." il laissa échapper, avec plus d'air que de voix, avant de répéter, plus fort, "Putain !"
"À quoi tu pensais, bordel ? Est-ce que t'as la moindre idée de ce qui arrive aux gamins qui s'enfuient avec n'importe qui ? T'es débile à quel point ?"
"Bakugo ?"
C'était doux et timide, ça n'avait rien à voir avec les voix du passé qui lui criaient dessus.
"Bakugo, tu me fais un peu flipper là, mec. S'il te plaît, parle-moi."
-n'est jamais la faute de la victime.
"Tais-toi !" Sa voix craqua pathétiquement. "T'as aucune idée de ce dont tu parles, putain, alors juste, ferme-la !"
"Okay..."
Et il le fit. Ce stupide rayon de soleil aux gouts douteux attendit simplement et silencieusement que le monstre fou et hurlant qui lui servait d'« ami » se calme.
"T'es si stupide." Il se détourna, frottant furieusement les larmes qui lui piquaient les yeux.
"Dis-moi ce que je dois faire pour t'aider."
Bordel
Il prit une profonde inspiration pour se stabiliser. Il ne faisait pas confiance à sa voix, alors il se contenta de faire signe à Kirishima de le suivre.
Le chemin était gravé dans sa mémoire depuis des années. Passé l'épicerie, à gauche de la septième avenue, il y avait un immeuble vieillissant à mi-chemin entre UA et son ancien collège. Kirishima le suivit dans l'ascenseur sans poser de question et il appuya sur le bouton du neuvième étage. Au bout du couloir, là où se trouvait la blanchisserie, une fenêtre cassée donnait accès aux escaliers de secours sans déclencher l'alarme incendie. Une petite montée les conduit sur le toit. Ce n'est qu'une fois là que Bakugo décida qu'il devait à Tête d'orties des réponses.
"Un vieil ami vivait ici." il expliqua. "On avait l'habitude de venir là quand on était gamins. Certains utilisaient encore l'endroit pour cacher de quoi fumer et d'autres trucs longtemps après la disparition de Tsubasa."
"Qu'est-ce qui lui est arrivé ?"
"Aucune idée." Il haussa les épaules. "Des gamins se sont mis à disparaitre et il était l'un d'entre eux. Il a jamais été retrouvé."
"Ça fait peur." souffla gravement Kirishima.
"Ouais, j'imagine." il acquiesça sans enthousiasme tout en cherchant quelque chose vers le conduit d'aération. Il finit par y trouver la boîte à chaussures. "On dirait que certains d'entre eux viennent toujours là."
Il en sortit deux paquets entamés de Marlboro et une grosse bouteille de vodka bon marché. Il se laissa tomber sur le ciment, les jambes se balançant imprudemment au bord du toit.
"Ça a pas l'air d'être le meilleur endroit où aller, avec une telle hauteur." avança précautionneusement Kirishima.
"Ouais, c'est des putains d'idiots." il acquiesça en prenant une gorgée au goulot, le visage se tordant au goût de l'alcool pur. Un sourire narquois étira ses lèvres alors qu'il pouvait presque entendre les engrenages tourner pendant que Kirishima essayait de savoir comment réagir. Une horrible paire de crocs le rejoignit sur le bord.
"Si t'en fais tomber une, ce sera pas une grande perte." Il désigna la chaussure en mousse la plus proche de lui.
"Je te pensais pas gros buveur." commenta Kirishima d'un ton neutre.
"J'en suis pas un." Il prit une autre gorgée moins conséquente que la première et amena un genou contre sa poitrine dans une position protectrice. "Généralement, j'étais celui qui s'assurait qu'aucun de ces idiots tombait du putain de toit."
"Quelle est l'occasion, alors ?" Kirishima réussit presque à déguiser son inquiétude en curiosité.
"...'Me sens comme de la merde." L'admission lui donna un étrange sentiment de liberté, même s'il était certain que Tête d'orties le savait déjà.
"J'ai cru comprendre." Il lui prit la bouteille.
"Je te pensais pas buveur non plus."
"J'en suis pas un." il avoua. "Mais si je prends une gorgée, tu boiras plus seul et ce sera moins triste."
Un rire lui échappa et, putain, ça lui fit du bien. Il redoubla lorsque le visage de Kirishima se crispa d'écœurement au goût de la vodka à mille yens. Le rire finit cependant par se changer en quelque chose de résigné. Vide et distant, mais soulageant. Sa propre voix semblait irréelle.
"Qu'est-ce que tu fous là, Kirishima ?"
"Hm ?" Il eut l'air perplexe. "C'est toi qui m'as amené ici."
"Ouais, mais pourquoi ? T'as pas mieux à faire que de t'asseoir et me regarder fulminer ?"
"Nan." Il haussa les épaules. "Rien de plus important que de m'assurer que tu vas bien."
"J'ai pas besoin d'une putain de nourrisse." le blond grogna. "Je peux gérer une journée de merde sans ton aide."
"Pourquoi c'est si horrible de laisser quelqu'un t'aider ?"
"Mourir de froid ici est vraiment mieux que de laisser quelqu'un t'aider ?"
"J'aime pas être redevable." il grommela.
Mais c'était pas tout à faire ça.
La pluie froide trempe ses vêtements, son sweat et son jean lui collent inconfortablement à la peau. Ses dents claquent alors qu'il se recroqueville sous l'abri fragile de l'arrêt de bus.
"Qu'est-ce que tu fais seul ici, gamin ?"
Avec son bomber épais, il est bien plus préparé à affronter les éléments. Il porte aussi des chaussures de randonnée basses.
"C'est pas vos putains d'affaires."
Le banc grince alors que l'étranger s'y assois.
"Il fait assez froid."
L'homme retire un gant en laine marron. Ou peut-être que c'est rouge à la lumière du jour ? Une main touche son épaule et il se crispe.
"Me touchez pas, putain !" il glapit instinctivement.
L'humidité glacée disparaît, l'eau se faisant instantanément tirer de ses vêtements par l'alter de l'étranger.
"C'est mieux ?"
Il hoche la tête à contrecœur.
"T'as quelque part où aller ?"
"-kugo, t'es toujours là ?"
"Quoi ?" Il sentit la réalité se resolidifier autour de lui.
"T'étais parti assez loin dans tes pensées." l'informa Kirishima.
Il fredonna simplement et prit une nouvelle gorgée de vodka.
"Comment est ta mère, Tête d'orties ?"
"Elle est géniale." Kirishima rayonna à la question. "Elle cuisine pas comme toi, mais elle peint super bien. Elle adores les oiseaux pour une raison qui m'échappe. Elle en peint beaucoup, surtout les tropicaux. Je pense qu'elle aime bien leurs couleurs. Et c'est vraiment super de parler avec elle. Elle doit pas mal travailler, mais même quand elle est fatiguée, elle essaie de passer du temps avec moi. Je suis pas assez intelligent pour avoir une bourse comme Ochako, alors elle dépense beaucoup d'argent pour que je puisse être là. Du coup je veux vraiment pas tout foutre en l'air. Je veux juste faire en sorte que j'en vaille la peine, tu vois ?"
Il devait le fixer, parce que dès que Kirishima posa à nouveau les yeux sur lui, il sursauta comme s'il venait juste de se rappeler à qui il parlait.
"J'en ai probablement dit plus que ce que tu voulais, je vais me taire maintenant." Il laissa échapper un rire embarrassé.
"C'est bon." Il réprima un sourire. "C'est moi qui ai demandé."
"Du coup..." Le carmin hésita. "Comment est ta mère ? Je veux dire, quand elle crie pas."
"Elle crie la plupart du temps." Il sourit d'un air creux. "Mais des fois elle est... Je suppose qu'elle est plutôt cool, parfois."
"Prends ça. Voilà, maintenant tu peux jouer correctement."
"Elle m'a fait prendre des cours de batterie pendant un moment et…" Il avait du mal à assembler ses mots parce qu'il n'avait juste pas l'habitude de se confier comme ça. Il se souvenait entendre un léger fredonnement alors que sa mère faisait la vaisselle pendant l'un de leurs derniers jours paisibles. "La musique la calme. J'imagine qu'elle espérait que ça fasse ça pour moi aussi. Elle essayait sûrement de trouver un compromis qui me permette de taper des trucs et de me défouler sans pour autant détruire le quartier."
Quelque chose changea dans sa poitrine, tirant sur des sentiments à la fois doux et amers dont il ignorait l'existence.
"Elle est drôle, aussi." Son sourire était sincère cette fois. "Elle laissera personne l'avoir parce qu'elle est putain d'intrépide, mais elle est aussi un putain de cauchemar."
"Elle a réagi comment à tout ça ?" Kirishima laissa l'ampleur de ce que signifiait « tout ça » ambiguë.
"J'ai créé des ennuis à tout le monde en étant faible." il reporta amèrement. Un pic de rébellion le poussa à prendre plusieurs autres gorgées de l'écœurante vodka.
"Oh." Kirishima réussit d'une manière ou d'une autre à faire saturer le mot « Oh » d'empathie, comme si Bakugo venait de lui dire qu'il devait abattre le chien dans Belle et Sebastien.
"Ouais."
"Ça craint un peu, mec."
Il haussa les épaules. Il ne le nia pas mais ne le confirma pas non plus. Il acceptait peut-être juste la manière dont les choses étaient et avaient été aussi longtemps qu'il puisse se souvenir.
"Quand t'étais avec les vilains, est-ce qu'ils…" La voix du carmin s'adoucit, mais resta tendue. "-Putain, mec, est-ce que... est-ce qu'ils t'ont fait du mal ?"
"T'es bien plus mignon quand t'es effrayé."
"Pas vraiment."
"Pas vraiment ?"
"C'était pas grand-chose." il déclara sur un ton qui voulait mettre fin à la conversation. Heureusement, Kirishima le comprit et renonça.
"Tu sais que c'est pas vrai, hein ? Ce que ta mère a dit." Le regard de Kirishima brûlait sur le côté de sa tête. Bakugo l'ignora et commença à prendre une autre gorgée lorsque le carmin posa une main sur la bouteille.
"Je pense que tu devrais ralentir, mec." il insista. "On a encore toute une virée shopping à faire."
"Tu vas peut-être devoir faire cette partie-là en solo." il répondit.
"Dans tous les cas, on doit encore retourner à l'internat, et je sais que tu veux pas qu'UA te fasse un rapport pour t'être bourré la gueule à quinze ans."
Okay, Kirishima parlait à nouveau la même langue que lui.
"On peut y aller." Bakugo remballa la boîte à chaussures, mais garda la bouteille. Il n'avait pas prévu de boire au point que ça se remarque. Ses idiots de propriétaires allaient sûrement se jeter la faute les uns sur les autres de toute façon.
"T'es capable de te lever ?"
"Ça va."
"Bien sûr." marmonna Kirishima avec exaspération.
Son monde commença à légèrement tourner lorsqu'ils arrivèrent à la superette.
"Tu veux faire quel genre de garniture ?"
"Uhh…" Qu'est-ce qu'il faisait, déjà ? Oh, c'est vrai. "Porc."
"Ça va toujours ?"
Il lui leva paresseusement les pouces pour le confirmer.
"Si tu m'écris une liste, tu pourras aller t'asseoir dehors pendant que je m'occupe des achats." proposa Kirishima.
"Nah, j'vais bien." il refusa. " 'Reste que quelques trucs, de toute façon."
Il ne trébucha absolument pas sur le chemin du retour, et la main de Kirishima sur lui n'était absolument pas nécessaire. À la porte, il lui offrit une pastille à la menthe.
"Hein ?"
"Ton haleine sent l'alcool, mec."
Bakugo jeta à contrecœur la pastille dans sa bouche et essaya de ne pas penser au fait que l'idiot venait définitivement de les acheter juste pour lui.
NAO : Kirishima est un bon garçon qui fait de son mieux.
