Chapitre 6 :

-La ferme ! s'exclama Draco avant que Potter puisse continuer.

Le brun se détourna enfin de la porte d'entrée et lui fit face, l'air à la fois offusqué et inquiet.

Draco baissa les yeux et serra les poings compulsivement, bien conscient qu'il était probablement en train d'empirer les choses. Il ne savait pas comment s'excuser, comment faire pour que Potter comprenne l'étendue de son angoisse. Il ne s'abaisserait jamais à lui supplier de ne pas le quitter mais au moins il fallait que Potter sache qu'il regrettait ce qu'il lui avait fait. Granger avait soigné toutes les blessures du brun mais le mal était fait. Draco l'avait attaqué, Il l'avait contrôlé grâce à la marque, comme s'il était une vulgaire marionnette –et Merlin, ce qui était pire que tout était qu'une part de lui avait aimé ça-. Merde, il avait de nouveau envie de pleurer.

Il le savait pourtant dès le départ que ça avait été une mauvaise idée de commencer quelque chose avec cet homme. Potter l'obsédait depuis le tout premier jour. Il se souvenait d'avoir onze ans, d'être perché sur le tabouret de Mme Guipure et d'essayer d'en mettre plein la vue à un gamin binoclard aux yeux trop verts, aux vêtements trop grands et aux cheveux noirs qui partaient dans tous les sens.

Il ne savait même pas son nom à l'époque mais ce gamin lui avait fait face, à lui, que tous les autres enfants qu'il côtoyait respectaient parce que son père était un des aristocrates les plus influents du monde sorcier. Il l'avait contredit ce ridicule petit garçon et ses yeux verts avaient brillé d'un éclat farouche qui avait laissé Draco tout étourdit sans savoir pourquoi.

Au cours des années qui suivirent l'obsession avait pris la forme de la haine, de frustrations, de jalousies, du désir…C'était ridicule à quel point ses pensées, sa vie même, tournait autour de lui. Et finalement Potter l'avait aussi dépossédé de son cœur.

Et il en était là. A attendre la sentence comme un chien qui sait que son maître va le battre, qui pourrait fuir mais qui reste quand même. Il détesta le brun pour le rendre ainsi. Et quelque part être capable d'une telle rancœur, le soulagea un peu, même si Draco n'était pas très surpris de pouvoir malgré tout avoir de tels sentiments négatifs envers le brun. Après tout l'Elu portait bien son surnom, il était la seule personne au monde à pouvoir faire vibrer en lui une telle palette d'émotions. Et à le rendre accroc à ça.

Potter soupira tristement et se passa une main dans les cheveux, puis son regard croisa le sien et prit cette même lueur farouche qu'il avait déjà à l'âge de onze ans. Et Draco tomba pour elle, une nouvelle fois.

-Draco, si tu t'apprêtes à me quitter, laisse-moi au moins me défendre avant.

-Te…Quoi ?

-Me défendre, reprit Potter les dents serrées comme si ces deux mots lui donnaient envie de mordre.

Draco secoua la tête se demandant s'il avait bien entendu. Harry avait tout faux, ce n'était pas le mot « défendre » que Draco avait du mal à intégrer.

-Tu penses que je vais te quitter ? répéta-t-il pour être sûr.

Les yeux verts le fixaient avec circonspection à présent.

-Tu me regardes comme si tout était déjà fini, expliqua-t-il visiblement à contre cœur, à présent la main dans ses cheveux y fourrageait hargneusement. Je parie que tu as même déjà fais ta valise. Je sais que…Bon sang, oui j'ai couché avec Denis l'année dernière mais tu ne peux pas m'en vouloir pour ça ! On n'était même pas un vrai couple à l'époque ! J'étais sûr que jamais tu ne pourrais envisager quoique ce soit de sérieux avec moi…Et bon sang, coucher avec lui m'a juste conforté dans le fait que tu étais le seul que je voulais ! Je suis désolé de ne pouvoir revenir en arrière mais…

-Arrête Harry, coupa Draco se demandant comment il parvenait à être incroyablement soulagé et à avoir envie de déchiqueter Denis Crivey dans le même temps. Je ne vais pas dire que ça me rend incroyablement euphorique d'entendre tes histoires de coucheries mais je ne suis pas stupide pour t'en vouloir pour quelque chose qui s'est passé quand nous n'étions pas encore un couple. Mais putain, ce mec est amoureux de toi et ce qui me tue c'est que tu ne vois rien !

Potter sembla un peu choqué.

-Il ne m'aime pas, répondit-il. Nous étions amis avec des avantages et à présent nous sommes amis tout court.

Draco grimaça, se demandant pourquoi ils perdaient du temps à débattre sur l'autre minable.

-Peu importe, grommela-t-il. Est-ce qu'il va parler aux journalistes de ce qu'il s'est passé ce soir ?

Mais Draco connaissait déjà la réponse à cette question. Potter serait complétement paniqué s'il savait que la presse allait être au courant de son homosexualité, là il semblait juste fatigué et triste.

-Non, je viens de te dire que nous étions amis. Il ne me ferait jamais ça.

Draco voulait bien le croire, sauf que ce n'était pas par amitié que Crivey gardait le secret de Potter, c'était par amour. Et probablement aussi dans le secret espoir que cet amour lui soit un jour retourné.

-Tu as raison, j'ai fait ma valise, lâcha-t-il.

Potter le fixa désarçonné et plein de ressentiment, comme si Draco venait de lui planter un couteau dans le dos.

-Mais je l'ai fait, car j'étais persuadé que toi tu allais me quitter, poursuivit Draco se demandant pourquoi les mots avaient tellement du mal à sortir de sa gorge. Ce que je t'ai fait ce soir…Je suis désolé…La marque…

Il vit Potter frissonner et détourner les yeux sur son poignet où la devise de la famille Malfoy s'étalait sur sa peau blanche, comme une putain vérolée s'étalerait dans des draps de soie. Pour Draco les deux images étaient toutes autant répugnantes et aberrantes. Sauf que celle qui concernait Potter était réelle et il était le seul coupable pour avoir souillé, cet homme entre tous, comme du bétail.

-ça picote encore un peu, mais tout à l'heure j'avais l'impression que mon bras était transpercé par des tisons brûlants, expliqua Potter.

-Je sais, déglutit Draco en résistant à l'envie de toucher sa propre marque.

Oui, il savait ce qu'avait ressenti Harry. Comment aurait-il pu oublier la douleur que c'était de recevoir un appel du Maître ?

Harry détourna les yeux de son bras pour les poser sur lui.

-Tu es entré dans ma tête, accusa-t-il.

Draco cilla mais ne trouva rien à répondre pour sa défense. Bien sûr qu'il l'avait fait car il ne valait pas mieux que Voldemort, il l'avait toujours su et Potter en avait aussi la preuve à présent.

Potter approcha de lui, Draco voulut reculer mais fuir à présent n'était plus d'aucune utilité, alors il le laissa envahir son espace vital jusqu'à ce que leur front se touchent et que les yeux verts fouillent les siens à la recherche de il ne savait quoi.

-Bon sang, Draco ! gronda Harry contre lui. Arrête de me regarder comme si tout était fini ! N'est ce pas toi qui m'a promis que tu m'enlèverais cette marque ? Que tu ferais tout pour ? On dirait que tu as baissé les bras. Que ça ne t'intéresse plus de refaire de la magie normale, que la magie noire qui est en train de te dévorer te suffit.

-Elle ne me dévore pas, se défendit Draco en se détachant de cette étreinte qui lui sembla soudainement devenue étouffante. Je contrôle ma magie !

-Ah oui, tout était sous contrôle ce soir peut-être ? s'énerva Potter. C'est pour ça que tu pensais que j'allais te quitter ? Parce que tu contrôlais la situation et pas parce que tu as complétement merdé au point de jeter des maléfices au milieu de la rue et de me soumettre magiquement comme si mon libre arbitre n'avait pas la moindre importance. Comme si je n'avais plus la moindre importance !

Draco sentit les larmes lui monter aux yeux de nouveau et se détesta pour ça.

-Je t'interdis de dire ça ! cracha-t-il faisant sursauter l'ancien gryffondor. J'ai essayé ! reprit-il ne reconnaissant pas la voix rauque et douloureuse qui sortait de sa gorge. J'ai essayé de voir un psychomage mais ça n'a rien changé ! J'ai essayé de ne plus faire de magie noire mais la nuit je rêvais du Maître et de ce que j'avais fait à tous ses gens…et je n'en pouvais plus. J'ai essayé d'être quelqu'un de plus fort, de moins sombre. Quelqu'un qui ne te répugnerait pas quand le côté sexuel de notre relation commencerait à perdre de son intérêt. J'ai essayé tout ça pour toi ! Alors ne t'avise plus de me dire que tu n'as pas d'importance. Tu es le putain de centre de mon putain d'univers, Potter !

-ça fait beaucoup de putains, commenta le brun avec un léger sourire en coin.

Draco fronça les sourcils.

-Putain de crétin ! grogna-t-il essayant de cacher le fait que Potter dédramatise la situation lui enlevait un gros poids des épaules.

Potter redressa les lunettes sur son nez et son sourire se fit plus hésitant.

-Tu sais, je ressens exactement la même chose à ton sujet. Si je veux devenir Auror c'est pour faire un métier qui me stimule. Je veux me sentir utile, aider les gens et c'est toi, en te voyant enseigner qui m'a donné envie de faire quelque chose qui me passionne aussi. Je veux être un homme dont tu peux être fier…Tu sais, quand tout ce truc avec le sexe commencera à te saouler.

-Mes phrases à moi étaient beaucoup mieux construites, constata Draco se demandant comment Harry Potter pouvait penser qu'il n'était pas déjà fier de lui.

Cet homme avait passé sa vie à affronter une flopée d'épreuves et en était sorti grandi à chaque fois. Le fichu monde entier était fier de lui et Draco ne faisait pas exception.

-Putain, t'es sûr de ça ? se moqua le brun avant de devenir apparemment plus sérieux. Ce que je veux dire c'est que tu es aussi le putain de centre de mon putain d'univers.

- Rappelle-moi de ne plus jamais parler à cœur ouvert avec toi…

Potter prit sa main droite dans la sienne et Draco le laissa faire même si il se sentait tout gêné par un tel acte de tendresse. Il ne pensait toujours pas avoir le droit d'être pardonné.

-Jamais, murmura l'ancien gryffondor. Ecoute Draco, je sais que ce n'est pas facile mais tu peux réessayer, les psychomages, il y en a d'autres…Je sais que tu peux refaire de la magie. Tu es un des sorciers les plus épatants que je connaisse.

-Tu ne sais rien, peut-être que c'est définitif.

-Exact, mais Draco, je sais que si tu continues comme ça, j'ai peur de te perdre. La magie noire se remettra forcément entre nous et un jour ça sera grave au point que je ne puisse plus fermer les yeux. Si je suis obligé de te combattre, je le ferais.

-Le héros contre le mage noir, murmura Draco essayant d'ironiser mais la main qui serrait la sienne restait bien en place, chaude et rassurante.

-S'il le faut, confirma Potter les yeux verts luisants d'une froide détermination qui bizarrement excita l'ancien serpentard.

Merde, il était vraiment atteint.

-Je ne veux pas devenir ton ennemi, je te mettrais la raclée de ta vie, sourit Draco.

Potter leva les yeux au ciel. Draco l'attrapa par la nuque et posa son nez contre son cou, respirant son odeur à plein poumon. Les mains de Potter ne tardèrent pas à s'agripper à son dos. Ouaip, ils étaient tous les deux conscients que ce n'était pas passer loin.

-Je vais réessayer Harry, souffla-t-il contre sa peau, je vais refaire toute cette connerie de psychothérapie.

-Une sorte de bonne résolution ? demanda la voix du brun pas très loin de son oreille.

Ah oui, c'était vrai que la nouvelle année était passée. Il paraissait qu'on la finissait de la même manière qu'elle avait commencée. Si ça voulait dire qu'il la finirait avec Potter, alors ça lui allait.

Il serra le brun plus fort contre lui et hocha la tête. Oui, il allait faire son possible pour que cet homme arrête de s'inquiéter pour lui.

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Draco émergea lentement du sommeil en sentant les lèvres de Harry contre son épaule. Il était allongé sur le côté et Harry se trouvait en cuillère derrière lui, tout contre lui. Leurs jambes étaient emmêlées ensemble, les bras gauche de Harry était enroulé autour de son torse. Le contentement qu'il ressentait se fana au rappel de ce qu'il s'était passé la veille. Dire qu'il avait failli gâcher à jamais ce genre de réveil. Il était incapable de se retourner pour faire face à Harry dans l'immédiat, parce qu'il aurait pu le perdre, et pire que tout, parce qu'il l'avait déçu. Il se colla un peu plus au corps chaud derrière lui comme pour s'assurer qu'il ne rêvait pas, que Harry lui avait bel et bien pardonné. Il sentit la joue piquante de Potter frotter contre son épaule et son souffle devenir plus court. La main qui était sur son torse bougea un peu tandis qu'une dureté suspecte emprisonnée dans un pantalon de pyjama appuyait contre son coccyx.

Draco eut un sourire soulagé qu'heureusement Harry ne pouvait pas voir. Il bénissait le fait que cet homme le désir toujours, malgré tout. Au moins sur le plan sexuel il savait quoi faire pour satisfaire l'ancien gryffondor et c'était rassurant de se retrouver dans un domaine qu'il maitrisait.

Il était excessivement doué avec les mots tant qu'il restait bien à l'abri derrière son cynisme et sa façade dédaigneuse. Dès qu'il s'agissait de se dévoiler pour de vrai, il se fermait comme une huitre. Il savait que Harry méritait quelqu'un qui puisse lui parler à cœur ouvert, quelqu'un qui n'aurait pas une peur bleue de se montrer à nu devant lui.

Draco était un handicapé émotionnel et il devait ça à son éducation car un Malfoy ne montre pas ses faiblesses, jamais. D'ailleurs, il n'est même pas sensé en avoir. Sauf que Draco en avait plein et la première d'entres elles se trouvait en ce moment contre lui, s'apprêtant à lui faire l'amour si Draco jouait bien sa partition. Le blond avait été élevé pour devenir un parfait politicien, un de ceux qui tirent les ficelles du monde : le double jeu, l'évitement, les faux semblants, c'était inscrit dans ses gênes. Mais il n'y avait pas que ça. Il était aussi complétement effrayé à l'idée que Harry le quitte si jamais il le voyait tel qu'il était vraiment. Et l'ironie de la situation était qu'il était en même temps terrifié que Harry se lasse de son incapacité à lui montrer ses sentiments. Hier avait été une exception pour eux deux. Draco était déjà revenu à ses bonnes vieilles habitudes.

Oui, dans tous les cas, il se disait qu'il finirait seul.

Mais l'ancien gryffondor n'était pas non plus un modèle de communication. Il était peut-être plus ouvert que lui mais il y avait des pans entiers de son existence qu'il passait sous silence. Draco connaissait, comme tout le monde sorcier, les terribles aventures que Harry avait vécu à durant ses années à Pouldard, ainsi que son rôle dans la guerre. Et le brun répondait toujours à ses questions sur ces sujets si bien que Draco pensait à présent en savoir plus que le sorcier lambda. Mais Harry ne parlait jamais de son enfance, ni de la seule véritable famille qui lui restait. Son oncle et sa tante, les moldus qui l'avaient élevé ne venaient jamais dans aucune conversation et le peu de fois où Draco avait amené le sujet sur le tapis, il s'était heurté à un mur de silence glacé.

Il y avait beaucoup trop de failles dans leur relation mais Draco n'était pas encore prêt à abandonner. Tant pis s'il n'était pas celui qu'il fallait à Potter, pour l'instant il allait être égoïste et profiter de chaque instant.

Il ondula imperceptiblement des hanches mais ce fut assez pour que Harry grogne et mordille doucement sa peau en guise d'avertissement. Draco s'émerveilla de la chaleur douce et implacable qui se propageait déjà dans tout son corps. Harry Potter était son soleil personnel et chaque touche du brun laissaient derrière elles un sillon de picotements brulants sur sa peau.

Il soupira lorsque Harry descendit sa main sur son ventre. Il la voulait plus bas, sur son sexe déjà à moitié érigé, il attrapa le poignet du brun et guida sa main à l'intérieur de son pantalon de pyjama jusqu'à l'endroit désiré mais Harry mordilla plus fort son cou et ses doigts se posèrent sur ses hanches, sur ses cuisses, évitant soigneusement la zone que Draco voulait désespérément qu'il touche.

La respiration de Draco s'accéléra quand la caresse migra vers ses fesses puis il frémit et se suréleva légèrement tandis que les mains de Harry abaissaient son pantalon jusqu'à ses chevilles. Draco donna des coups de pieds dedans pour s'en défaire complétement et derrière lui il entendait Harry se débarrasser de son pyjama aussi.

Après ça, quand Harry se recolla contre son dos, ils étaient nus tous les deux et le sexe du brun dur et chaud se nicha contre ses fesses arrachant un halètement impatient à Draco. Une de ses mains agrippa le drap et l'autre se posa sur son propre sexe, exigeant d'avoir n'importe quelle sorte de friction.

-Ne te touche pas, claqua la voix de Harry basse, autoritaire et totalement putain d'affolante.

Draco se croyait réellement le genre de mec à simplement laisser passer par-dessus sa tête ce genre d'ordre, un de ceux qui fait ce qu'il leur plait quand ça leur plait, surtout si ça doit les amener à l'orgasme. Sauf qu'il se trouva à obéir comme un gentil garçon à la merci du bon plaisir de quelqu'un d'autre. Il se mordit la lèvre et fut heureux que Potter soit derrière lui car il sentait son visage prendre feu.

Il savait que Potter avait besoin de se réaffirmer après ce Draco lui avait fait la veille. Donc le fait qu'il prenne le contrôle ce matin n'était pas vraiment une surprise par contre, il ne s'attendait pas à ce que ça l'allume autant. A croire que Potter pouvait faire n'importe quoi de lui, il serait toujours d'accord.

Un genoux l'obligea à ouvrir ses cuisses doucement. Draco ferma les yeux et se laissa faire, Harry avait semblait-il prévu de faire tout ça horriblement lentement.

-Bon garçon ». Le souffle chaud contre son oreille le fit frissonner et la louange émise sur un ton légèrement ironique l'excita pourtant encore alors qu'il ne pensa pas pouvoir l'être plus.

Un doigt taquina son anus sans y entrer, les poings de Draco serrèrent le drap et son gémissement de désespoir mourut dans sa gorge. Il ne savait même pas si Potter avait pris la peine de le lubrifier. Il s'en foutait, il voulait juste se sentir plein de lui, ses doigts, son sexe, n'importe quoi pourvu que ça soit rattaché au corps du brun.

Mais bien évidement que l'ancien gryffondor ne ferait jamais rien pour le blesser et quand son index s'enfonça enfin en lui, ce fut humide et facile. Le bruit que ça arracha à Draco était indigne, pas autant que le mouvement de bassin incontrôlable qu'il faisait dans l'espoir de se faire baiser correctement par ce doigt mais presque.

-Merlin Draco ! souffla Harry semblant perdre momentanément le contrôle de la situation.

Draco sentit des lèvres humides se poser contre sa tempe presque révérencieusement alors qu'un second doigt lubrifié venait de se rajouter dans son anus, étirant ses muscles sans pitié. Cette démonstration de tendresse mélangée à un acte beaucoup plus obscène acheva de perdre Draco.

Il trembla et gémit, il voulait se toucher mais Harry le lui avait interdit. Il voulait que le brun le prenne mais il faisait durer les fichus préliminaires. Il ne savait pas depuis combien de minutes Potter le maintenait si près du bord mais c'était bien trop. Lorsqu'un troisième doigt s'enfonça en lui, Draco étira aveuglement son bras gauche derrière lui jusqu'à que sa main trouve les fesses de Harry, après quoi il enfonça ses ongles dans la chair musclée et obligea les hanches de l'autre homme à se rapprocher de lui. Potter hoqueta contre sa nuque et fit quelques vas et viens dans le vide, son sexe tapant contre les fesses et la chute de rein de Draco.

Le blond en était arrivé à un point où sa tête tournait et où des larmes de frustration brulaient ses yeux et menaçaient de couler pour de bon. Il balbutia des supplications qui se résumait à une litanie de« Baise-moi Potter, baisemoibaisemoibaisemoi. »

Finalement les doigts quittèrent son entrée lui arrachant une malédiction. Il était sur le point de se retourner, de griffer, de mordre et de chevaucher lui-même cette queue dure et humide qu'il sentait contre sa peau mais Potter fut plus rapide que lui. Ses fesses furent saisies fermement par deux mains et écartée sans cérémonie. Draco eut juste le temps de prendre une inspiration puis enfin Harry plongea en lui.

-Putain oui ! cria Draco tandis que derrière lui Harry gémissait aussi son appréciation.

Le rythme de l'ancien gryffondor n'eut rien de gentil. Il ne laissa pas le temps à Draco de s'habituer à lui et le défonça littéralement contre le matelas, martelant contre lui comme si la seule chose qui comptait était son propre plaisir. Ça aurait presque pu être le cas mais si la prostate de Draco était constamment percutée ce n'était pas le fait du hasard. Harry savait exactement ce qu'il faisait. L'ancien serpentard n'émettait plus qu'un gémissement continu, se sentant totalement manipulé et aimant chaque seconde de son lâcher prise.

Puis le blond vit sa marque sur le poignet de Potter, juste devant ses yeux, semblant le provoquer. Il avait oublié que Potter avait enlevé son poignet de force la veille et la devise de la famille Malfoy semblait danser sur la peau pâle. Il ne se crispa même pas, son corps étant trop perdu dans le plaisir pour ce faire mais son esprit se figea un instant. Et il sut ce qu'il allait faire, il était douloureusement au courant que c'était contre tout ce à qu'il s'était promis depuis qu'il avait marqué Harry. Mais hier il avait failli de la pire des façons : il a blessé Harry et a vu la peur et la déception dans ses yeux. Draco voudrait lui monter que la marque n'était pas que ça, que Draco pouvait faire autre chose que de lui faire du mal. Alors il laissa ses lèvres toucher le tatouage qui le narguait depuis plusieurs mois et il laissa ensuite sa magie faire son œuvre. Derrière lui Potter émit un son qu'il n'avait jamais entendu, une sorte de hoquet étranglé douloureusement excitant.

Draco regretta et se désespéra de ne pas pouvoir voir le visage de l'ancien Griffondor. Il lécha et mordilla la peau tendre du poignet de Harry. Il ressentait ce que Harry ressentait car leurs magies venaient de fusionner et c'était incroyable. Sa vision se troubla, sa queue dure palpita douloureusement voulant désespérément de l'attention, son cœur était sur le point d'éclater. Potter tremblait tellement fort qu'il avait arrêté ses vas et viens. Mais Draco était trop pris par ce qui était en train de leur arriver pour trouver les mots pour se plaindre. Harry s'affala sur lui dans un long gémissement guttural qui se brisa finalement avant de reprendre, plus court cette fois, plus animal, pas encore vaincu, mais bientôt. Bientôt.

Puis Draco suça finalement la peau à sa portée, bien décidé à laisser une empreinte sur sa marque. Il sentait les tendons crispés du poignet rouler contre sa langue, contre ses dents alors que les zones de plaisir de son cerveau éclataient les unes après les autres. Potter était toujours en lui, plus imposant que jamais mais incapable du moindre mouvement cohérent, il tremblait simplement toujours violement contre Draco. Finalement Draco fut incapable de se concentrer sur autre chose que son propre orgasme qu'il savait éminent. Il s'accrocha au bras de Harry comme à une bouée, parce que jamais, jamais ça n'avait été aussi intense et c'était effrayant. Il se tendit, ne vit plus rien, sa magie et celle de Harry fusionnaient et se mordaient et s'aimaient alors sans même se toucher Draco jouit dans un cri rauque et déchiré.

Quand sa tête cessa de tourner et que sa respiration se calma un peu, il se rendit compte qu'il était écrasé par Harry. Il bougea inconfortablement et grogna mais Harry ne fit pas le moindre geste, il pesait de tout son poids et sa queue était toujours à l'intérieur de lui. Draco se tortilla et parvint à extirper son corps de celui de Potter.

Quand il put enfin obtenir un bon coup d'œil sur son amant. Il constata que les yeux de Potter étaient ouverts mais ne regardaient rien en particulier, qu'il respirait vite, et que son sexe débandait doucement, cependant Draco savait qu'il avait jouit, puisqu'il sentait le sperme s'écouler de son anus.

-Harry ? souffla-t-il à la fois inquiet et intrigué.

Il claqua des doigts devant le visage du brun et juste au moment où l'inquiétude prenait le pas sur la curiosité ce dernier cligna des yeux avant de les fixer sur lui. Il parut surpris de le voir penché sur lui.

-Putain ! Qu'est ce que…Qu'est ce qu'il s'est passé ?

Draco ne savait pas trop comment lui annoncer sans paraitre incroyablement présomptueux, qu'il venait probablement d'avoir un orgasme tellement fort qu'il avait perdu conscience une demi-minute–même s'il ne pouvait s'empêcher d'être plutôt content de lui en vérité-. Mais Harry dut se rendre compte tout seul de ce qu'il venait de lui arriver car il le regarda avec une sorte de vénération hébétée.

Puis l'expression du brun changea, il fronça les sourcils et porta son bras au niveau de ses yeux. Draco le regarda toucher la devise des Malfoy incrustée sur son poignet maintenant rougi par un suçon, sans parvenir à deviner à quoi il pouvait bien penser. Draco commença alors à se sentir nerveux. Maintenant qu'il n'était plus dans le feu de l'action, il se demandait si ça avait été vraiment une bonne idée d'utiliser son pouvoir sur la marque, même si c'était pour leur donner le meilleur orgasme de leur vie.

-ça va ? demanda-t-il à Harry prêt à déverser un torrent d'excuse si le brun montrait le moindre signe de dégout.

Les yeux verts furent de nouveau sur lui et Harry prit le temps de réfléchir avant de répondre.

-C'était…Waouh ! dit-il enfin d'une voix rauque en mettant doucement une mèche de cheveux Draco derrière son oreille comme s'il comprenait son état d'esprit et cherchait à le rassurer.

Draco frémit mais décida que c'était parce qu'il était moite de sueur et que son corps refroidissait rapidement, pas parce que la voix du brun le captivait ou que le moindre geste de tendresse de Potter à son encontre lui donnait envie de déposer son cœur à ses pieds pour toujours.

-Éloquent, Potter.

Harry lui envoya un regard noir totalement inefficace avant de se racler la gorge.

-J'ai jamais ressenti ça, essaya-t-il d'expliquer l'air toujours délicieusement hébété. Je ne pensais même pas qu'on pouvait éprouver un tel plaisir. J'ai l'impression que ma magie elle-même a eu un orgasme, termina-t-il avec un petit rire nerveux.

-C'est à peu près ça, concéda Draco, mais il y a un mais, n'est-ce pas ?

Harry hocha la tête et s'humecta les lèvres.

-Mais je ne sais pas comment je me sens maintenant que je réalise que je n'avais carrément aucun contrôle, ni sur mon corps, ni sur mon plaisir. Ça…m'effraie un peu.

Bien sûr qu'il n'avait plus eu le contrôle, c'était le principe même de ce genre de marque. Draco se retint de hurler de rage, il avait été complétement stupide. Il avait fait la même chose à Harry que la veille sauf qu'au lieu de la douleur, ça avait été le plaisir mais le fond du problème restait le même. Draco avait pris le contrôle sans lui demander son avis.

-Hey, fit doucement Harry les yeux verts plongeant dans les siens, je promets que je ne t'en veux pas Draco. C'était sensationnel. Vraiment. Ne commence pas à t'en vouloir. A chaque fois qu'on fait l'amour je finis par me perdre, c'était simplement plus intense. Incroyablement plus intense. Et pour toi aussi, non ? Tu as aimé au moins ?

Les yeux d'Harry se perdirent sur son ventre et il parut soulagé de voir la preuve de sa jouissance, puis il attrapa un bout de drap pour l'essuyer délicatement. Draco se laissa paresseusement faire, la béatitude post-orgasmique l'envahissant finalement.

-Je suis venu sans même toucher ma bite, expliqua-t-il essayant de faire paraître ça banal.

Harry se rengorgea, un sourire de condescendant étira ses lèvres, puis il écarta légèrement les cuisses de Draco pour en essuyer aussi l'intérieur.

-Tu as perdu conscience, rappela le blond avec un sourire narquois, je pense que j'ai gagné.

-Je ne savais pas qu'il y avait une compétition, marmonna Potter perdant son sourire.

Mais il mentait, évidement qu'il y avait une compétition, ils étaient constamment dans le rapport de force. Ils avaient passé leur vie à se défier et Draco n'aurait changé ça pour rien au monde.

-Et je suis sensé être celui de mauvaise foi ? souffla Draco en levant les yeux au ciel.

Harry ne répondit rien mais une lueur bien connue s'alluma dans les yeux verts, qui inquiéta un peu Draco, tout réveillant des fourmillements d'excitation le long de sa colonne vertébrale. Il n'était pas prêt pour un nouveau round. Il avait été complétement séché et Harry était juste une putain de machine s'il pensait déjà à remettre ça. Apparemment il le pensait, si Draco en croyait le sexe entouré de poils noirs déjà en demi-érection.

-T'es pas humain, gémit-il. Les gens normaux ont besoin d'un peu plus de temps pour recharger leur baguette.

-Je veux juste prendre ma revanche, rayonna Harry en approchant dangereusement son corps du sien. Ça a tendance à me motiver… Te voir nu, alangui et venant tout juste de prendre ton pied, aide aussi, rajouta-t-il après coup.

Draco plissa les yeux, à présent le fourmillement s'était transformé en quelque chose d'impossible à ignorer. Merde, il se pourrait bien que Harry parvienne à ses fins. Draco arriverait peut être à tenir la distance. En tous cas, il allait essayer. Il tendit la main pour approcher la tête de Harry de la sienne et l'embrassa presque durement, avalant son sourire. Les mains du brun glissèrent immédiatement sur ses fesses et tout son corps se plaqua contre le sien.

-Tu n'aurais pas dû me provoquer Potter, grogna-t-il quand il arrêta le baiser. Je vais faire de toi une petite chose tremblante et languissante dans mes bras. Encore une fois.

Harry prit sa lèvre inférieure entre les siennes et la suça doucement, le frémissement de Draco n'échappa à aucun d'entre eux. Harry se détacha finalement de lui et le fixa sans ciller. Draco le trouva incroyablement beau, tout ravagé et déterminé qu'il était.

-Je suis tellement impatient de te regarder essayer, répondit-le brun dont les yeux verts brillaient trop fort de joie, de désir et d'amour.

Tout ça à la fois et tout ça grâce à lui. Pour lui.

Draco en eut le souffle momentanément coupé. Il ne savait pas s'il allait gagner -honnêtement même la défaite promettait de valoir le coup- mais avec un tel regard il venait juste de perdre son cœur une nouvelle fois.

A suivre…