Disclamer : Le monde et les personnages d'Harry Potter ne m'appartiennent pas... Malheureusement !

Titre : Les Trois Blessés

Résumé : Severus Snape pensait avoir sauvé son filleul tout en s'assurant une place importante dans le cercle de Lord Voldemort en tuant Dumbledore à sa place. Mais ce n'était pas le cas car les ordres avaient été strictes : Draco devait tuer Albus, pas Snape. Et la punition n'en serait que plus douloureuse...

Bêta : Le logiciel Antidote

Note 1 :

Avant, j'ai une note avec toutes mes histoires en cours, mais ma clé USB étant décédée, je n'ai plus d'avance sur aucune de mes histoires donc, pour l'instant, cette note est inutile.

Note 2 :

Je vous remercie énormément pour votre soutien !

Note 3 :

h.t.t.p.s. : / discord . gg / zFp2PHTxDR , un discord pour tous les lecteurs concernant mes fanfictions, mes traducteurs, ...


Les Trois Blessés, chapitre 6


— J'espère que c'est une plaisanterie, siffla froidement Severus. Qu'est-ce que vous n'avez pas compris dans « l'Amour est votre pouvoir », monsieur Potter ?

— Je n'ai pas pris la potion en entier, elle agit que partiellement… ce qui fait que de temps à autre, je ressens des émotions, répondit tranquillement Harry. Comme ça, quand je serais face à Voldemort, je pourrais décider de ressentir à nouveau.

- « Décider de ressentir à nouveau », répéta bêtement Snape en se retenant de toute évidence de l'étrangler pour sa stupidité. Vous ne semblez pas comprendre, monsieur Potter. Pour que cette potion n'agisse plus, il faut le vouloir. Vous ne pouvez pas simplement appuyer sur un interrupteur en disant « c'est bon, je veux ressentir de nouveau ». Il faut vraiment le vouloir. Et comme vous le savez déjà, votre vie est pitoyable. Alors, expliquez-moi pourquoi vous auriez envie de ressentir toute cette tristesse, toute cette colère, toute cette impuissance ? Si cette potion est une potion de magie noire, ce n'est pas pour rien ! Au Moyen-Âge, les souverains donnaient cette potion à leurs chevaliers pour les rendre insensibles, pour qu'ils puissent faire toutes sortes de besognes. Cependant, cela ne donnait jamais de bon résultat. Après tout, la loyauté, le respect, la confiance… Ce sont des émotions. Sans oublier que certains chevaliers n'ont jamais réussi à ressentir à nouveau.

— Comme je vous l'ai dit, je ne l'ai pas prise en entier.

— Heureusement pour nous, grogna le potioniste, car vu votre comportement, je me demande bien ce que cela aurait donné si vous l'aviez prise en entier.

Pendant quelques minutes, le silence envahit la tente tandis que le Serpentard réfléchissait à un moyen de donner envie à Potter de ressentir. Cependant, il devait bien avouer que la tâche serait ardue. Ses parents étaient décédés, son parrain également, Lupin semblait déterminé à l'ignorer et ses meilleurs amis l'avaient, de toute évidence, blessé. Alors pourquoi, par Salazar, ce satané Gryffondor voudrait-il à nouveau ressentir quoi que ce soit ? Puis une idée, bien que désagréable au possible, lui vint à l'esprit.

— À partir de maintenant, je vais vous raconter un ou deux souvenirs de votre mère chaque jour pour vous donner envie de ressentir à nouveau et de votre côté, vous me raconterez aussi des souvenirs, des choses sur vous, n'importe quoi. Puis si je vois que ça ne fonctionne pas… Eh bien, je trouverai une autre solution.

— Je ne veux pas ressentir à nouveau, pas tout de suite en tout cas.

— Ai-je l'air de vous demander votre avis, Potter ? Je vais vous dire une chose, je ne vous aimais pas avant, vous étiez tellement sensible, tellement… Gryffondor que ça en était exaspérant. Mais je préfère mille fois un sale gosse imprudent qui sait aimer qu'une espèce de sociopathe insensible et moralisateur. Alors si, vous allez ressentir à nouveau, et ce, peu importe que vous versiez toutes les larmes de votre corps. Je n'en ai que faire.

— Eh bien… Bonne chance à vous, professeur Snape.

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— Tu es en train de dire que Potter a fait taire ses émotions ?

— Exactement, ce qui explique ses… discours.

Étonné, Malfoy fixa « le plafond » de la tente tandis que sa main caressait tendrement le torse dénudé de son amant.

— Je ne comprends pas, reprit Draco en fronçant les sourcils. C'est Potter, le courageux Potty, le Survivant…

— Cela reste avant tout un adolescent de ton âge, un adolescent qui n'a plus personne et qui n'est pas doué en occlumentie. Sans oublier qu'il est poursuivi par un mage noir particulièrement têtu depuis sa naissance.

Hochant la tête, le loup-garou laissa le silence s'installait quelques instants avant de reprendre :

— Je suis… content de t'avoir à mes côtés. Je veux dire, de ne pas être seul… comme lui.

— Moi aussi, mon dragon, moi aussi…

XxxxX

— Votre mère adorait les livres, peut-être même plus que mademoiselle Granger, commença Severus d'une voix guindée, peu habitué à raconter ce genre de chose. Tout ce qu'elle voulait depuis son plus jeune âge, c'était ouvrir une librairie, pourquoi pas à Pré-au-Lard, qui contiendrait autant de livres sorciers que de livres moldus. Et une fois ses études terminées, elle a acheté une petite boutique, non pas à Pré-au-Lard, mais sur le Chemin de Traverse, où se trouve actuellement la boutique des jumeaux Weasley. Cependant, avant de pouvoir concrétiser son projet, elle est tombée enceinte et a donc mis tout ça de côté. Vous étiez devenu sa priorité. Et je sais que, durant sa grossesse, votre mère, au lieu de s'occuper de sa librairie, a préféré profiter de chaque instant avec vous, même si vous n'étiez pas encore né, elle avait même commencé à écrire des livres pour enfant rien que pour vous. Je suis sûr que certains d'entre eux sont dans le coffre des Potter.

— Les a-t-elle publiés ? Ces histoires ? demanda Harry, curieux.

— Non, elle avait commencé à prendre contacte avec des éditeurs, mais votre mère était une femme compliquée à satisfaire et finalement, elle est morte avant de pouvoir le faire.

— Oh.

C'était triste, Harry le savait, mais ne le ressentait pas. Pourtant, en cet instant, il aurait certainement voulu sentir cette joie à l'idée d'être aimé et cette tristesse à l'idée de ne pas l'avoir connu. Mais il n'y avait que du vide à l'intérieur de lui.

— Racontez-moi un souvenir à propos de vous, ordonna Severus, ne voyant aucune réaction émotionnelle chez son ancien élève.

— D'accord… Que voulez-vous savoir ?

— N'importe quoi. Parlez.

— Ma famille ne m'a jamais aimé, commença Harry d'une voix monotone. J'ai dormi dans un placard jusqu'à mes onze ans, j'ai commencé à cuisiner à quatre ans et à tondre la pelouse à six ans. Je n'avais le droit qu'aux vieux habits de mon cousin, qui doit faire trois fois mon poids. Mon cousin et ses amis ont inventé la chasse au Harry et ils tapaient tous les gens qui voulaient être mes amis à l'école. Quand mon oncle venait chercher mon cousin à l'école, je devais rentrer à pied. Une fois, une de mes maîtresses a vu plusieurs bleues sur mes bras… elle a voulu appeler les services sociaux, mais à préférer convoquer mon oncle d'abord. Le lendemain, quand je suis retournée à l'école, ce n'était plus la même maîtresse. Et mon oncle m'a fait payer.

— Comment ? demanda le maître des potions, la mâchoire crispée tandis qu'il essayait de se remettre de ses émotions. Un Potter, battu ? Heureusement que le Gryffondor n'avait plus de sentiments sinon Severus aurait cru que celui-ci se moquait de lui.

— J'ai eu le choix entre la ceinture et une clé à molette. La ceinture était plus facile à manier pour mon oncle, donc ça aurait duré plus longtemps… alors j'ai choisi la clé même si je savais que c'était plus douloureux. Mon oncle a tenu vingt minutes, je me suis évanouie à la douzième. Je devais compter les coups et ne pas me plaindre. Personne n'aime les monstres pleurnicheurs. Une fois terminée, il m'a jetée dans le placard et j'ai eu le droit de manger que trois jours plus tard. Pour l'école, mon oncle a appelé en disant que j'avais fait une mauvaise chute et que je devais rester à la maison pour me reposer. Mais en réalité, le deuxième jour, il m'a forcé à me lever pour que je fasse mes tâches ménagères.

Se rappelant à qu'il parlait, Harry se tut et leva les yeux vers son professeur. Il n'avait pas réalisé qu'il les avait baissés durant son « discours ». En voyant le regard ébahi et furieux de son professeur, il sentit quelque chose à l'intérieur de lui… comme de la honte. Mais aussitôt qu'il sentit l'émotion en lui, celle-ci disparut, et pendant une seconde, il se demanda s'il n'avait pas rêvé.

— Aujourd'hui, d'une certaine façon, je remercie les Dursley, car… malgré tout ça, je les ai estimés pendant longtemps… car tout ce que je voulais, c'était être aimé et… il n'y a rien de pire que l'espoir et la déception. Et d'une certaine façon, Voldemort ne pourra pas me faire plus de mal qu'eux.

Ce constat fut suivi par le silence, un silence lourd et épais qui semblait plus bruyant que n'importe quel cri. De son côté, Severus Snape fixa son élève tandis qu'une boule apparaissait dans son estomac et dans sa gorge, l'empêchant presque de respirer. Il se souvenait. Il se souvenait de toutes ces fois où il l'avait insulté, le traitant de petit prince, de sale gosse gâté… et il se souvenait de la fureur dans les yeux émeraude de son élève. À cette époque, il pensait juste que l'égo du fils de Potter était blessé… mais ce n'était pas ça. Et il revit dans son esprit tous les signes, tous les gestes, tous les regards qui indiquaient qu'Harry Potter était un enfant au minimum négligé, pour ne pas dire maltraité. Et il se vit lui, détourner les yeux, ignorer les signes qu'il connaissait pourtant par cœur. Juste parce que cet enfant était Harry Potter. Juste parce que cet enfant était un Potter.

— Lorsque je suis arrivée à Poudlard… j'ai cru que ce serait différent. Mon cousin n'était plus là pour faire peur aux gens qui s'approchaient de moi et je ne reverrais plus mon oncle avant les prochaines vacances. Mais d'une certaine façon, c'était pire, car… les gens en savaient plus sur mes parents que moi et… la plupart du temps, on me comparait s'en cesse à eux. « Oh, tu es devenu attrapeur, comme ton père », « tu as les yeux de ta mère », « tu savais que ta mère était extrêmement douée en sortilège », « ton père et ta mère étaient à Gryffondor, comme toi, tu les rendrais fières ». J'ai détesté chacune de ces paroles. Comme j'ai détesté chaque murmure sur mon passage, chaque regard qui se voulait discret. Tout ce que je voulais, c'était être invisible et vivre ma vie.

Braquant son regard dans celui de son professeur, il dit, d'une voix basse.

— Je sais que vous avez été battu vous aussi.

Et la mâchoire du dit professeur se crispa.

— Comment ?

— On a les mêmes cicatrices sur le dos.

Et Severus se rappela qu'il dormait torse nu, à côté du lit d'Harry Potter.

— Je sais reconnaître les cicatrices faites par une ceinture… Malfoy le sait-il ?

— Non, grogna Snape, il croit que c'est dû à mon passé de mangemort.

— Pourtant, il devrait déjà avoir vu ça dans son dortoir. Je parie que votre maison est celle où il y a le plus d'enfants battus.

— Pourquoi ? siffla Snape. Parce qu'il y a beaucoup de mangemorts à Serpentard que dans les autres maisons ?

— Non, répondit Harry, les sourcils froncés. C'est parce que les Serpentard sont plus discrets et méfiants et savent mentir pour la plupart. C'est trois qualités appartiennent généralement aux enfants battus.

Severus fronça les sourcils à cause de la véracité de ses propos.

— Effectivement.

— Tous les enfants maltraités agissent plus ou moins de la même manière.

— Effectivement, confirma une nouvelle fois Severus, ne comprenant pas où son élève voulait en venir.

— Et vous avez été maltraité.

— Où voulez-vous en venir, Potter ? grinça l'espion, n'aimant pas ces piqures de rappel.

— Vous avez sans doute reconnu les signes chez moi. Mais vous les avez ignorés comme tant de monde autour de moi… parce que je suis Harry Potter… Madame Pomfresh aussi les a ignorés, les cicatrices, Dumbledore aussi. Tant que je fais mon boulot, ils s'en fichent si je vais bien ou non. C'est pour ça en premier lieu que j'ai pris la potion. Ce n'est pas parce que la guerre est dure, mais parce que, peu importe le nombre de personnes autour de moi, je ne me suis jamais senti aussi seul et… je pense que si je m'étais écouté, si j'avais écouté mes sentiments, j'aurais sauté de la Tour d'Astronomie.

Et Severus la vit, cette lassitude et cette douleur dans son regard, car, pour la première fois, lorsqu'il le regarda, il ne vit pas les cheveux de son père ou les yeux de sa mère, il vit un petit garçon dans un placard, un petit garçon trop petit pour son âge.

— Je suis désolé, souffla Severus, le pensant réellement.

— Croyez-vous que ça change quoi que ce soit ? demanda Harry.

— Non.

Avec un sourire, qui n'avait rien de tristesse grâce à la potion — ce qui le rendait d'une certaine façon encore plus triste —, Harry se détourna et retourna étudier ses livres, abandonnant Snape à ses pensées moroses et à sa culpabilité.


Et voici le sixième chapitre, cela faisait longtemps que je n'avais pas écrit quoi que ce soit de constructif.

Cela fait énormément de bien !

Et merci à vous d'être encore là !