La rage - Kyokenbyo - 狂犬病

Tobirama plaqua le corps musclé et souple du Uchiwa contre la porte. Pendant une fraction de seconde, il eut une pensée pour les deux gardes qui la veillaient puis avec un soupir, son inquiétude s'envola comme une volute de fumée. Il plongea son nez dans le cou du brun et huma l'odeur boisée, il n'y résista pas et passa le velour de sa langue dessus pour en capter toutes les saveurs. Madara grogna en relevant le menton, quémandant plus. Toujours plus.

Il l'avait perdu à jamais. Il se marierait avec cette femme. Aurait son premier enfant, puis probablement d'autres. Hashirama avait toujours voulu avoir une famille nombreuse. Il avait tant souffert de la disparition de ses deux petits frères. Cela avait été comme un espace à combler toutes ses années. Et maintenant, son ADN avait fusionné avec le sien pour créer la vie. Jamais il ne serait à lui.

Madara sentit ses yeux le brûler et il ne put retenir un gémissement de douleur quand il s'avoua la vérité. Il ne serait jamais avec son âme-soeur. Son menton trembla et quand Tobirama remonta son nez le long de sa gorge, passant sur sa pomme d'Adam, une larme recouvrit ses lè la lécha et avisa le regard humide de son vis à vis. La tristesse de Madara avait un goût salé.

"- Pleure si cela te soulage, Madara. Lui dit-il.

- Je n'aurais jamais assez de larmes pour soulager ma peine, Tobirama."

Il passa le bord de sa manche sur ses yeux rougis et ravala un autre sanglot. Tobirama avait presque la même voix que lui. Et sa corpulence était la même. Celui lui procurait un sentiment de comble mais aussi de déchirement. Il savait qu'il n'était pas celui qu'il voulait mais il espérait duper sa conscience.

"- Je suis un monstre qui t'utilise, tu le sais n'est-ce pas ?"

Tobirama sourit en coin et pouffa doucement. Bien sûr qu'il le savait. Et il avait utilisé Madara pour un dernier instant avec l'homme de sa vie. Qui était-il pour juger ?

"- Alors nous sommes deux monstres qui se nourrissons de l'autre. Lui répondit-il."

Les lèvres de Madara s'étirèrent en tremblant.

"- Et je ne regrette pas d'avoir toujours plus faim de toi …"

Le coeur de Madara rata un battement, qui fit écho à celui du senju. Il se pencha et l'embrassa encore tendrement, mordillant et léchant sa langue. Il s'avança et fit reculer Tobirama jusqu'au mur d'en face et colla son corps contre le sien. Même son odeur lui ressemblait, puissante et intense.

Non, c'est faux. Hashirama sent le soleil et la terre chaude, cuisante sous un lourd soleil d'été. Lui … Le sel et la mer. Une mer tortueuse dont la houle se fracasse sur des rochers.

Lentement, sa main glissa le long du kimono sombre du ninja et il écarta les pans de tissus pour dévoiler le torse finement ciselé. Tobirama souffle, son ventre se souleva puis retomba, ce qui fit ressortir ses abdos. Madara passa sa langue sur ses lèvres en un geste mutin. Il approcha son visage et parcourut la peau en laissant une traînée de feu humide jusqu'au nombril.

"- On t'a déjà dit que ton nombril était particulier ?"

Tobirama haussa les sourcils et sortit de sa torpeur instantanément. Pourquoi lui disait-il cela maintenant ?

"- Je te demande pardon ?"

Madara était à genoux devant lui, l'entièreté de son corps camouflée par le tissu à l'exception de sa gorge et de son visage d'une blancheur délicate qui ressortait d'autant plus que l'obsidienne de ses yeux le fixait malicieusement.

"- Hashirama a un nombril parfait, si tu savais comme j'ai imaginé passer ma langue dans le creux de son ventre."

Tobirama plissa les yeux. Madara n'avait d'amour que pour son frère. A quoi s'attendait-il … Il le savait et l'acceptait mais s'il pouvait éviter de les comparer.

"- Madara … commença-t-il en soufflant.

- Le tien est particulier, le nœud ressort légèrement et je n'y avais jamais pensé jusqu'à maintenant mais …"

Sans terminer sa phrase, il sortit la langue et effleura le contour du nombril avant d'en enfoncer la pointe dans le creux. Il sentit sous sa chair le ventre se durcir et trembler. Tobirama était si sensible. De sa langue, il fit le tour du nœud de chair puis le prit entre ses lèvres pour l'aspirer et le mordiller.

Personne n'avait jamais fait ça à Tobirama, pas même Izuna et jamais il n'aurait imaginé être sensible de cet endroit. La moiteur, la chaleur, la respiration de Madara … C'était trop … trop intense. C'était comme si l'intensité de ce que Madara lui faisait s'écoulait directement dans son aine. Son membre durcit progressivement et il sut que Madara s'en était rendu compte quand son sexe heurta le buste du brun.

Madara délaissa le nombril devenu rose et brillant par ses coups de langue et de dents puis il continua sa route sur le bas ventre qu'il caressa de sa joue. Le sexe de Tobirama tendait sous le tissu de son pantalon. Il passa sa paume sur la bosse et la caressa en appuyant sa joue sur la légère trainée de poils pubiens. Il semblait hésiter, hésiter à l'utiliser pour combler son fantasme. Tobirama passa sa main sous son menton et lui caressa la gorge comme il put.

"- Utilise moi Madara. Prends moi à sa place. Lui dit-il pour lui donner le courage."

Le brun eut un sursaut qu'il ne maîtrisa pas puis dans un soupire de soulagement il enlaça la taille du senju et le serra contre lui avant de lever son obscure regard.

"- Et si je ne voulais que toi, Tobirama. S'il n'y avait que toi pour me défaire de ma malédiction ?"

Tobirama sourit.

"- Je t'aiderais à t'en défaire aussi longtemps qu'il le faudra.

- Fais moi oublier. Donne-moi une raison de ne penser qu'à toi."

Il ne sut pas exactement à quel moment les lèvres de Madara se refermèrent sur son membre turgescent mais quand il s'enfouit dans l'antre chaud et doux, il laissa exploser un râle de bien être. Il posa une main sur le mur derrière lui tant la sensation de bien-être lui fit tourner la tête. Il sentit Madara jouer autour de son gland, s'amuser à caresser son frein et à mordiller. Il le prit plus loin dans sa bouche, allant même jusqu'à parfois sentir le fond de sa gorge. Le senju ne parvient pas à retenir un coup de hanche qui l'entraina à la limite des capacités du brun. Il avala, essaya d'avaler, ce qui provoqua un resserrement autour de Tobirama.

"- Merde, Madara, je …"

Il éjacula dans la gorge du brun et se retira rapidement pour éviter de le forcer à avaler. Sa semence termina sa course folle sur le menton pâle et la gorge de l'homme. Madara toussa et avala une partie de la substance salée. Tobirama s'agenouilla pour lui essuyer les zones touchées avec le revers de sa manche.

"- Mon dieu, je ne voulais pas … Mais ça faisait longtemps et … c'était un mouvement involontaire tu sais … Mon dieu quand j'ai senti ta gorge …"

Le senju se confondait en excuse et rapidement Madara explosa de rire devant la maladresse de son amant qui s'enfonçait un peu plus à chaque parole. Il comprenait ce qu'Izuna avait apprécié chez lui, sa force teintée de naïveté.

Madara repoussa doucement la manche qui allait l'assaillir de nouveau et ancra sa main dans la sienne. Il la rapprocha et embrassa chaque doigt avant d'avaler l'index du senju qui s'empourpra instantanément. Il rampa ensuite vers Tobirama et escalada ses jambes pour s'asseoir sur ses cuisses. Tobirama passa ses bras dans le dos du brun, sous ses longs cheveux et embrassa Madara. Un baiser tendre et langoureux.

Tobirama glissa un bras entre eux et écarta le tissu du kimono sombre du Uchiwa puis descendi le sous vêtement blanc pour caresser le sexe mouillé de Madara. Il pompa le membre douloureux sans arrêter d'envahir l'antre humide du brun. Leurs langues s'emmêlèrent et jouèrent à deux, à peine dissimulées par les sourires complices. Le bassin de Madara ondula et dans un gémissement, il éjacula dans la paume chaude de son amant.

Tobirama embrassa son front et alors que Madara posait sa joue sur sa gorge, il en profita pour se rapprocher de lui et poser son menton sur le sommet de sa tête. Il restèrent l'un contre l'autre, le temps que leurs respirations redeviennent calmes.

"- Et si on allait se doucher ? Proposa alors Madara en déposant un baiser sur le pectoral sous sa joue.

- Vas y en premier, il faut que je me calme. Souffla alors Tobirama."

Madara haussa un sourcil curieux puis comme si le corps de Tobirama n'aspirait qu'à le couvrir de passion, il sentit une raideur au niveau de son ventre. Il releva le visage et mordilla le menton du senju.

"- Si je te propose une douche à deux, ce n'est certainement pas pour que ton ardeur se calme. Le railla-t-il en se relevant."

Il dénoua son kimono faisant tomber la ceinture qui toucha le sol dans un bruit sourd. Puis il découvrit ses épaules en reculant, jeta le haut sur le côté d'une main pendant que l'autre s'attaquait à à l'attache de son hakama sombre. Se souvenant qu'il était déjà défait, ainsi que son sous vêtement, il passa une jambe fuselée hors du tissu et d'un coup de jambe envoya le tissu sur Tobirama qui le réceptionna.

Sans un regard en arrière, il se retourna et d'une démarche sur, disparut dans l'obscurité du couloir qui menait à la salle d'eau. Tobirama inspira le tissu imprégné de l'odeur du brun et son ventre se contracta à cette senteur. Il posa le linge en se levant et suivit le Uchiwa.

"- Ne vas pas te plaindre si tu ne peux pas te lever demain, Madara. Gronda-t-il en découvrant Madara qui avait allumé la douche pendant que la baignoire se remplissait.

- Il n'est rien d'impossible pour un Uchiwa, tu devrais le savoir.

- C'est un défi ? s'amusa Tobirama en se rapprochant et en se déshabillant.

- Tu t'en sens capable ?"

Les dents de Madara se dévoilèrent en un sourire teinté de concupiscence et d'orgueil. Le corps de Tobirama se plaqua contre le sien et leurs membres se caressèrent au rythme de leur baiser. Ils se frottèrent avec du savon, lavant leur corps en jouant et en s'aguichant mais sans jamais céder. Mais au moment où Madara se dirigeait vers la baignoire dans la ferme intention de chevaucher son amant dans l'eau délicieusement chaude, Tobirama le retourna sans ménagement et le souleva pour le déposer sur le plan de bois qui soutenait le lavabo.

Madara n'eut pas le temps de dire quoi que ce soit que Tobirama rapprocha ses fesses du bord de bois et l'esprit de Madara eut la sensation qu'il s'asseyait au bord de son nouveau monde. Tobirama le dévorait du regard, les joues rougies et le souffle court. Puis il s'agenouilla lentement, écartant une jambe du brun et posant l'autre sur son épaule nue.

"- Seigneur, le grand Tobirama qui pose genoux à terre devant un Uchiwa.

- Pas devant un Uchiwa, gronda Tobirama. Devant toi."

Madara lâcha un râle de plaisir et Tobirama ne vit devant lui que l'image d'un roi corrompu. Un roi pour lequel il donnerait probablement tout. Même s'il ne l'avouerait jamais. Sa rancune était trop vive.

"- Mais n'en prends pas l'habitude, Madara. L'avertit-t-il avant de sortir sa langue".

Le brun fixa Tobirama humidifier son antre chaud et le pénétrer pour l'élargir. La sensation était particulière mais agréable surtout venant de lui. Les épaules de Tobirama semblaient couper dans l'acier et ses cheveux … Madara tendit le bras et empoigna la masse capillaire de Tobirama qui grogna lorsqu'il tira dessus. Ce dernier prit cela pour une invitation et enfonça vigoureusement sa langue, y ajoutant un doigt puis deux. Madara rejeta la tête en arrière en jurant.

Lorsque Tobirama fut satisfait, il saisit les hanches du brun et reposa ses jambes au sol avant de le retourner et de le plier sur le même bois.

"- Je veux te voir, Tobirama … souffla Madara légèrement déçu de cette décision."

Cette supplique fit rater un battement à Tobirama qui se mordit l'intérieur de la joue pour ne pas le prendre furieusement, là tout de suite, maintenant. Il remonta sa main le long de sa taille, de sa poitrine, de sa gorge … pour doucement lui saisir le menton et le forcer à le regarder dans la glace qui surmontait le plan.

"- Ne détourne pas ton regard, ressens-moi jusque dans ton corps."

Puis d'une longue et lente poussée, il le prit. Il le combla de la plus divine des façons. Pas à un moment Madara ne lâcha ses pupilles. Il pensa à utiliser ses sharingan afin de ressentir au maximum l'exitation du ninja mais comme s'il l'avait ressenti, Tobirama lui mordit la jonction de la gorge tout en le regardant.

"- Ne les utilise pas, c'est toi que je veux Madara. Uniquement toi."

Et non ton clan.

Il laboura ses reins langoureusement son amant. Madara ne crut jamais ressentir autant de désir dans un ébat avec son ennemi de toujours et pourtant … si ce moment ne pouvait jamais s'achever …

Pas une fois, il ne pensa à toucher son membre douloureux qui frottait sur le bois sombre alors que le plaisir refluait dans ses tripes.

"- Plus, Tobirama, plus fort, plus vite.

- Que veux-tu exactement Madara ?

- Détruis-moi.

- Non.

- Mets-moi en pièces.

- Non."

Ce n'est que lorsqu'il fut au supplice, à la limite de la perdition qu'il ferma ses yeux emplis de larmes. Lorsqu'il les rouvrit, elles glissèrent le long de sa joue jusqu'à se perdre sur le bois. Son menton trembla et Tobirama vit pour la première fois le vrai Madara. Celui qui souffrait du rejet de son âme soeur, celui qui pleurait toujours le décès de son frère, celui qui savait son âme sur le point d'être brisée.

"- Sauves-moi …".

Tobirama redoubla de vigueur et enfonça ses mains dans la peau pâle. Il enfouit son nez dans les long cheveux bruns et perdu dans les effluves poivrées de son amant, il sentit Madara se resserrer autour de lui. Tous deux gémir et dans le reflet, il aperçut la semence de Madara maculer la surface du bois. Il ne lui fallut que quelques coups de rein supplémentaires pour le rejoindre dans les méandres du plaisir post-orgasmique.

Ils restèrent ainsi quelques instants, essoufflés et repus. Tobirama posa son front sur l'épaule pâle devant lui et se retira doucement en massant la hanche rougie. Madara ravala sa peine et essaya son regard d'un revers du poignet.

"- Est-ce que ça va ? Lui demanda Tobirama en se reculant.

- Ne t'en fais pas, j'avais besoin de … relâcher certaines choses."

Il tourna le visage vers la baignoire remplie à ras bord et lui fit signe.

"- Vas dans l'eau, je te rejoins."

De nouveau, une distance s'était instaurée. Légère mais néanmoins présente. Tobirama hocha la tête et enjamba la bois pour s'installer. L'eau déborda et rejoignit celle que la douche relâcha lorsque Madara la ralluma. Il posa une main sur le mur en face de lui et cambra le dos pour ôter toutes semences de son corps. Le senju ne parvient pas à détourner son regard de toute la manœuvre. Le visage de Madara était concentré et conscient du fait qu'il était observé. Il fixait le mur et fronçait les sourcils à la recherche du liquide séminal. Le senju avait beaucoup de difficultés à lâcher du regard les longs doigts pâles qui fouillaient son corps, allant et venant en lui avec précaution. il sentit sa queue se durcir en avisant le liquide épais et blanchâtre qui s'écoula de l'intérieur de la cuisse.

Madara termina son nettoyage puis vit Tobirama allongé dans l'eau, la tête renversée, une main sur les yeux et l'autre qui camouflait un probable renflement.

"- Tu es vraiment insatiable. Ricana-t-il en s'approchant.

- Tu peux parler … Siffla Tobirama qui sursauta lorsqu'il sentit un pied le rejoindre puis deux.

- Ecartes les jambes. Lui ordonna Madara."

Tobirama s'exécuta et le brun put se laisser couler dans l'eau chaude, la faisant de nouveau déborder. Il glissa le long du corps du Senju et se cala contre lui en posant sa tête sur son épaule. Il sentit le roc dans le creux de son dos et savoura la sensation d'être désiré de cette manière. Tobirama encercla son corps de ses bras et le rapprocha de lui autant qu'il le peut. L'un contre l'autre, ils profitèrent de l'instant, du calme avant la tempête.

~ \ O-O / ~

Le temps passa. L'été, l'automne puis l'hiver. Le mariage d'Hashirama et de Mito eut lieu au printemps suivant. Les deux épousés avaient souhaité un mariage en petit comité mais le cérémonial des deux clans leur avaient imposé un minimum d'invités parmi les plus hauts dignitaires. Madara avait assisté à toute la cérémonie sous la surveillance angoissée de Tobirama qui s'était demandé tout du long à quel moment le brun craquerait d'autant plus qu'au fil du temps, le ventre de la jeune mariée s'arrondissait ...

Mais il ne craqua pas. Madara conserva un masque de froideur légèrement teinté d'un accord sincère. Celui qu'il s'était construit pendant les jours qui avaient précédé. Depuis l'auberge, lui et Tobirama avait entretenu outre une correspondance régulière une relation intime soutenue. Très soutenu.

Au début, ils ne se voyaient que lorsque l'un ou l'autre en éprouvait le besoin, après un moment de colère, ou de tristesse. Puis les échanges de stupre avaient pris place lors des instants de stress. Pour finalement accompagner une joie ou un événement heureux. Désormais, les deux hommes se voyaient chaque jour et se retrouvaient chaque nuit pour s'endormir dans les bras de l'autre.

Un moyen de survivre à une vie qu'ils n'avaient pas souhaitée mais qu'ils devraient subir jusqu'à leurs morts. Un soir, Madara avait un visage sinistre, ce qui inquiéta Tobirama. Après qu'ils aient consommé leurs frustrations, Tobirama se risqua à mettre le pied dans le plat. Il enlaça Madara entre les draps et se colla dans son dos.

"- Qu'est ce qui ne va pas ? Lui demanda-t-il d'un souffle tiède sur sa nuque.

- Rien."

Bon … visiblement, il n'a pas envie d'en parler … mais il ne doit pas le garder pour lui.

"- Tu tires une tronche de dix pieds de long depuis tout à l'heure, je vais finir par croire que je ne te satisfais plus …"

Il ricana mais son rire sonnait creux à son oreille comme forcé et vide de sens.

"- Tu veux remettre ça ? Juste pour vérifier … Le taquina Marada clairement désireux de changer de sujet.

- Pourquoi pas … Répondit Tobirama en mordillant le croquant de son oreille. Mais je préfèrerais que tu me dises ce qui te tracasse."

Madara souffla. Fort. Histoire de bien montrer son agacement puis se releva pour s'asseoir en tailleur sur le futon. Tobirama se redressa et se maintint sur un coude en passant une main sur la colonne vertébrale du brun, se dissimulant sous la masse de cheveux épais.

"- Je n'ai pas envie d'en parler, Tobirama. Pourquoi tu insistes ?

- Justement parce que tu ne veux pas en parler, ça signifie que ça t'affecte beaucoup."

Madara se retourna légèrement, un sourire en coin.

"- C'est parce que tu es comme ça que tu es cruel, tu sais."

Tobirama fronça les sourcils mais quand il voulut demander, Madara l'embrassa et se blottit dans ses bras.

"- Elle va bientôt accoucher. Dit-il simplement."

Même après tout ce temps, il se refusait à dire son nom, sauf lorsqu'il était obligé.

"- Je sais.

- Hashirama va avoir ce qu'il a toujours voulu, une famille.

- Il ne sait pas ce qu'il rate. Grogna Tobirama.

- Ne dis pas ça. J'ai beau haïr de savoir que c'est à elle qu'il appartient, je n'en suis pas à détester une vie qui n'est pas encore là.

- Ce n'est pas ce que je dis …"

Madara lui fit comprendre qu'il ne lui en voulait pas.

"- Des jours sombres vont arriver, Tobirama.

- Qu'est-ce que tu racontes ?"

Tobirama le fixa intensément, le regard grave. Il savait qu'il fallait toujours prêter attention aux paroles du chef des Uchiwa. Oiseau de malheur, l'appelait-on souvent. Tobirama détestait ce sobriquet.

"- Excuses-moi mais c'est trop difficile … Lui répondit Madara."

Sa voix était faible et cassée, ce qui broya le coeur de Tobirama. Que se passait-il ?!

"- Tu m'en voudras mais je sais que tu feras ce qui doit être fait."

Tobirama prit peur. Il saisit les épaules de Madara et le plaqua au sol pour le fixer.

"- Tu me l'as promis, Tobirama, sauves-moi …"

Un océan de sang le submerga lorsqu'il tomba sur ces pupilles qui inspiraient tant la se sentit complètement rigide, sans pouvoir bouger ni même détourner le regard.

Pourquoi Madara ? Pourquoi ?

"- Je n'aurais jamais pu tomber amoureux de toi mais en fin de compte, tu m'auras peut-être appris à aimer."

Madara souleva légèrement sa tête pour embrasser les lèvres tremblantes du senju.

"- Merci, Tobirama. Mais la rage qui me consume est bien trop forte pour que nos sentiments ne la submerge."

Puis les pupilles d'obsidienne se mirent à tourner. Si vite qu'elles disparurent presque, entraînant Tobirama dans un tourbillon d' sentit chaque muscle de son corps se détendre. Il sentit la chaleur de Madara contre lui. Puis une odeur lui chatouilla le nez, son odeur.

J'aurais dû lui dire.

Son corps fut renversé et la main du Uchiwa lui caressa la joue.

"- Il faut que tu oublies cette nuit. Car demain est un autre jour. Demain tu dois me haïr."

Non. Non. Non ! NON ! NON ! NE FAIS PAS CA !

Il sentit sa tête se vider comme un fruit mûr que l'on presse.

~ \ O-O / ~

"- Tu as vu Madara ? Demanda Tobirama à son frère lorsque ce dernier lui apporta quelques documents officiels.

- Non, pas encore. Mais tu le connais, il sait très bien se montrer invisible quand il le veut. Il viendra quand on aura besoin de lui."

Tobirama grimaça.

"- Quelque chose ne va pas ?

- Je ne sais pas. Depuis ce matin, c'est comme si ... "

Il laissa sa phrase en suspens et Hashirama attendit la suite qui ne semblait pas venir.

"- Comme si ? Le relança son frère.

- Tu as déjà eu cette sensation que tu avais oublié quelque chose mais que tu ne savais pas pas ni où et quand ?

- Si tu savais !

- Je ne sais même pas pourquoi je te pose la question !"

Ils explosèrent de rire et travaillèrent conjointement jusqu'à ce que le soleil rougeoie et commence sa descente pour laisser place à sa soeur d'argent. Hashirama allait finaliser un rouleau en trempant son pinceau dans l'encre rouge mais il laissa les poils en l'air en fixant le liquide rubis.

"- Que se passe-t-il ? Lui demanda Hashirama en ouvrant un oeil après une petite sieste de quelques minutes."

- Quelque chose ne va pas …"

A peine eut-il le temps de terminer qu'un grondement assourdissant suivi d'un tremblement qui fit craquer le bois envahit le village. Tobirama se redressa d'un coup en avalant sa stupeur. Il considéra son frère qui lacha son pinceau, le morceau de bois roula sur le bureau et tomba sur le sol de bambou tressé, laissant une traînée rouge vif dans son sillage.

Les deux Senju accoururent dehors et ce qu'ils virent leur glaça le sang. Devant eux se dressait un monstre immense doté de fourrure et de griffes, de crocs acérés et d'yeux aussi sanguinaires que le ninja qui le contrôlait. Ses neufs queues fouettaient le vent et abattaient les arbres qui bordaient le village tel un ouragan de hargne.

"- C'est impossible … souffla Hashirama."

Et il apparut lui aussi, Sur la tête du dieu renard, le Uchiwa se tenait droit et semblait fixer les deux frères? Son immense éventail fixé dans son dos lui donnait un air d'oiseau de proie, impression augmenté par son armure de plates rouges et ses longs cheveux sombres. Un guerrier né. Un être de rage et de colère. La mort.

"- Madara ... Murmura Tobirama en sentant son ventre se tordre."

Son corps se mit à trembler et ses jambes manquèrent de le lâcher sous le coup de la surprise. Pourquoi faisait-il cela ? Pourquoi avait-il capturé ce monstre pour s'en prendre au village ? Pourquoi ne lui avait-il rien dit si quelque chose le préoccupait ? Pourquoi l'avait-il trahi ?!

"- Tobirama, regroupe ton équipe. Je vais réunir les chefs de clans et organiser la protection du village. Pendant ce temps, Mito va amener la population civile, les femmes et les enfants sous la falaise …"

Hashirama déblatérait ses ordres en organisant son plan de bataille jusqu'à ce qu'il se rende compte de l'état léthargique de son frère. Il lui saisit l'épaule et le secoua.

"- Tobirama, qu'est-ce que tu as ?"

Quand il aperçut le visage complètement désagrégé de son frère, il fronça les sourcils. Son regard de sang était nimbé d'eau salé, ses joues creusées faisaient ressortir ses cernes d'un violet fade. Son regard se durcit.

"- J'ai compris que votre "relation" s'était approfondi, Tobirama. Je n'ai rien dit car j'avais espéré que cela vous délivrerai de vos démons mais j'étais loin d'imaginer que vous iriez jusque "là". J'ignorais que cela tournerait ainsi …

- Je ne comprends pas … Hashirama …

- Ressaisis-toi, Tobi, Ressaisis-toi. On doit l'arrêter et le mettre à terre. Là, tu pourras lui poser toutes tes questions."

…..

Madara pouvait voir l'ensemble du village. Le quartier plein de vie des commerçants où il avait si souvent mangé avec lui. Le quartier de son clan qu'il lui avait fait visiter alors qu'il ne le faisait jamais. La crête du haut de laquelle ils passaient des soirées ou des nuits de longs à contempler les lumières du villages s'éteindre jusqu'à l'obscurité la plus complète tout en descendant quelques bouteilles de vin de riz.

Mais de qui parles-tu Madara ? Lui murmura le fantôme de son passé et le démon de son présent.

Lui.

Dis le.

Je ne peux pas.

Dis le.

Je ne veux pas …

Dis le !

Tobirama !

Il l'avait dit. Il ne pouvait plus cacher ses démons et la réalité l'avait bel et bien rattrapé. Il l'avait aimé, son ami et frère de coeur. Et désormais il aimait cette part si semblable à lui et si différente. Il n'avait pas réussi à lutter contre ce sentiment qui s'était installé. Il n'avait pas pris garde et était tombé dans un piège qu'il avait redouter.

Et il allait briser ce piège qui aurait pu le rendre heureux.

Prochain chapitre : LE NEANT