Chapitre 6
La Famille
Le château trembla sous l'impact d'une nouvelle attaque.
Allura gémit et se blottit davantage contre Coran. Quelques jours plus tôt, il s'était émerveillé de voir à quel point elle avait grandi, passant d'un bébé à peine plus grand que son avant-bras à une tornade aux cheveux bouclés qui lui parvenait presque à la taille.
Mais à cet instant, elle lui paraissait tellement petite. Coran se replia autour d'elle, la protégeant du mieux qu'il pouvait des bruits de la bataille. Les écrans de la pièce étaient désormais tous éteints, coupés pour empêcher Allura d'assister aux horreurs de la guerre. Elle avait toujours adoré voir les lions voler et quand Alfor l'avait fait quitter la passerelle, elle avait supplié Coran de l'amener ici, à la salle d'observation juste au-dessus du hangar du lion bleu, pour qu'elle puisse regarder.
Coran aurait dû faire preuve de plus de discernement. Les Vkullors étaient des bêtes vicieuses, destructrices de mondes. Grands et à l'allure de serpent, aux arrêtes dorsales luisant d'un vert sinistre, ceux qui attaquaient la planète Daibazaal auraient pu avaler le Château des Lions tout cru.
Même avec Voltron, l'issue de la bataille était loin d'être certaine. La Garde de Voltron subissait de lourdes pertes et les paladins s'en sortaient à peine mieux.
Mais ce fut la vue des Vkullors détruisant une large portion de la planète qui effaça le sourire du visage d'Allura. Elle avait poussé un cri et Coran, lui-même choqué par la dévastation qui se jouait à l'écran, avait à peine eut le temps de la rattraper avant qu'elle ne s'effondre.
Ils étaient désormais assis dans l'obscurité, subissant les tremblements de la pièce après chaque attaque, Coran murmurant des histoires dont il ne se souvenait qu'à moitié dans les cheveux d'Allura. Un coin de son esprit lui souffla qu'Alfor avait certainement besoin de son aide sur la passerelle, à manier les barrières et les lasers, à lui transmettre l'étendue des dégâts et à s'occuper des réparations.
Avant qu'Allura ne soit née et même durant les premières années après sa naissance, Coran se serait trouvé sur la passerelle. Seule la mort l'aurait empêché d'être aux côtés d'Alfor.
Mais il avait désormais quelque chose de plus important à faire.
— Vont-ils s'en sortir ? murmura Allura, interrompant le récit décousu de Coran au sujet d'une princesse et de son lion de compagnie.
Coran embrassa le haut de son crâne, enfouissant un sourire dans ses cheveux.
— Bien sûr que oui, Allura. Ce sont les paladins de Voltron. Rien dans l'univers ne peut les vaincre.
— Keturah ! explosa Alfor dès que Sa parvint à contourner l'intercom désactivé du lion rouge. À quoi tu joues ? Qu'est-ce que tu fais ?
— Ce que vous auriez dû faire il y a longtemps, dit-elle, son ton calme démentant la furie qui brûlait dans ses yeux violets. Ce que vous auriez fait si vous n'étiez pas si lâches.
Rukka tressaillit, Sa siffla et Alfor… Alfor se raidit de la tête aux pieds. Coran sentit la colère s'échapper de lui par vagues, si forte qu'elle faisait de sa quintessence une chose quasi tangible.
— Tu ne peux pas battre une armée entière, dit Alfor.
Keturah ricana.
— Bien sûr que non. Mais ensemble, nous le pourrions. Vous pouvez piloter le lion noir, Alfor. Vous en êtes capable. Volez à nos côtés, aidez-nous à former Voltron au lieu de jouer au martyr, de trembler de peur et de vous morfondre ainsi.
— Keturah, dit Meri, mais elle ne semblait pas savoir quoi ajouter.
— Restez là si vous le voulez, dit Keturah d'une voix glaciale. Restez là, mais sachez que ma mort sera sur votre conscience.
Keturah coupa la connexion.
Un silence sourd tomba sur la passerelle, quatre paires de yeux rivés sur Alfor, chacun retenant son souffle en attente de sa réponse. Meri semblait pleine d'espoir, Rukka inquiète et Sa simplement fatigué. Coran ressentit un vide en voyant ce que son équipe était devenue. Cela faisait des années, des décennies, que Keturah n'avait pas défié un ordre direct. Elle respectait bien trop Alfor pour cela.
Elle avait aussi respecté Zarkon. Il l'écoutait, redirigeait son zèle à des fins plus contrôlées. Il l'avait façonnée et elle s'était tenue à ses côtés. Maintenant que Zarkon avait brisé ce lien, était-ce vraiment surprenant que Keturah ne fasse plus confiance à personne ?
— Elle nous force la main, dit Sa, brisant le silence. (Son antenne tressauta, ses cheveux jaunes plumeux se hérissant sous l'irritation.) Si nous ne faisons rien, non seulement nous perdons Keturah, mais nous donnons aussi le lion rouge à Zarkon.
Les mains d'Alfor se resserrèrent sur les contrôles. Il avait la tête penchée et tremblait d'une rage à peine contenue.
— Rejoignez vos lions. Vous allez ramener Keturah au château avant qu'elle ne se fasse capturer. Mettez le lion rouge hors-service si nécessaire, je m'en fiche.
Les paladins, se dispersant déjà vers leurs ascenseurs, vacillèrent. Coran regarda Alfor, bouche bée. Demander aux paladins d'attaquer l'un des leurs était impensable, surtout après la trahison de Zarkon. Meri et Rukka échangèrent un regard perturbé, mais personne ne protesta. Personne n'osa.
Coran attendit que les paladins soient partis, puis approcha Alfor.
— Tu es sûr de vouloir faire ça ?
Alfor ferma les yeux, une guerre se jouant sur son visage.
— Zarkon ne peut pas mettre la main sur un lion de Voltron.
— Bien sûr que non, dit rapidement Coran. Mais… Keturah a peut-être raison. Si tu pilotais le lion noir–
— Zarkon me le reprendrait. Il n'a pas renoncé à leur lien, contrairement au lion. Non. (Alfor secoua la tête, se redressa et ouvrit un trou de ver pour rejoindre Keturah.) Nous allons faire ce que nous aurions dû faire il y a cinq jours. Les lions iront se cacher. Tu partiras avec Allura et le lion noir pour attendre l'arrivée de nouveaux paladins.
Coran ne trouva pas la force de le contredire plus longtemps.
La bataille était déjà amorcée quand ils arrivèrent, la flotte de Zarkon s'acharnant sur le lion rouge. Keturah rouvrit son système de communication quand les autres paladins la rejoignirent, un faible sourire sur le visage. Elle était pâle, les glaes sur ses joues d'autant plus vifs sous le contraste.
— Vous arrivez un peu tard, non ? demanda-t-elle avec un petit rire.
Un escadron de chasseurs ennemis ouvrit le feu et elle en éloigna le lion rouge. Les mouvements de ce dernier semblaient ralentis et Coran rejoignit son poste pour agrandir l'image projetée sur l'écran.
Le cœur de Coran se souleva. Une longue cicatrice parcourait le flanc du lion rouge. Sa queue traînait derrière lui, relâchée, le laser éteint. Il tremblait tandis que Keturah combattait la flotte galra aux côtés des autres paladins.
Alfor poussa un grognement mécontent.
— Nous ne sommes pas venus pour nous battre, Keturah. Retourne au château immédiatement.
Le visage de Keturah s'assombrit.
— Zarkon a tué Lealle, Alfor. Il a massacré des millions d'innocents et parmi eux, nos amis. Vous ne pouvez pas me demander de rester assise à ne rien faire, de le laisser ravager le reste de l'univers !
Coran s'attendait à ce qu'Alfor la dispute ou la raisonne calmement.
Mais il ne fit que soupirer.
— Paladins, ramenez-la ici.
— Quoi ? siffla Keturah.
Le lion rouge ralentit, le choc dénouant la prise de Keturah sur les contrôles. Les trois autres la cernèrent, leurs armes braquées sur elle et non sur l'ennemi. Le visage de Keturah se décomposa.
— Alors c'est comme ça ? Tous ceux qui osent vous contredire finissent annihilés, même vos propres paladins ? Quiznak, Alfor ! Lealle avait raison, vous êtes aussi mauvais que Zarkon !
La colère surgit sur le visage d'Alfor. Mais avant qu'il ne puisse tempêter, le vaisseau de commandes de Zarkon ouvrit le feu.
Keturah, tournée vers les autres lions, ses amis, prête à s'en défendre, ne vit pas le laser qui traversa le crâne du lion rouge.
Elle hurla de peur et de surprise mêlée, puis la transmission de son cockpit se coupa.
Le silence qui suivit brisa le cœur de Coran.
— Keturah ? murmura Meri, avant de répéter plus fortement : Keturah ?
Le lion bleu bondit en avant. Rukka, les yeux écarquillés et silencieuse, s'était déjà mise en mouvement pour éloigner les vaisseaux galras qui s'approchaient du lion rouge. Mais d'autres vaisseaux affluaient, les étouffant jusqu'à ce que les autres paladins ne puissent plus passer.
Le vaisseau de commandes de Zarkon se glissa en direction du combat aérien, imperturbable face aux lasers qui touchaient occasionnellement sa carapace. Une trappe à la proue s'ouvrit, déversant une coulée de lumière blanche dans l'espace, et un rayon tracteur commença à attirer le lion rouge.
— Non ! hurla Meri. Keturah !
— Repliez-vous.
La voix d'Alfor était d'un calme incongru et Coran se retourna vivement pour lui faire face, une protestation au bord des lèvres.
Elle mourut devant l'air résigné et affligé d'Alfor.
— Repliez-vous, répéta-t-il avec plus de force. Nous ne pouvons plus rien faire pour elle.
— Mais– !
Meri se coupa face au regard noir d'Alfor.
— Zarkon est trop puissant. Si vous restez, vous ne ferez que lui donner plus de pouvoir. Vous ne pouvez pas aider Keturah.
Le cœur de Coran se logea dans sa gorge, le silence s'éternisant. Les paladins cherchèrent à atteindre le lion rouge quelques instants de plus, tirant sur une mer infinie de chasseurs galras. Ils espéraient qu'un miracle survienne, Coran le savait. Lui aussi l'espérait.
Mais aucun miracle ne vint.
Après la perte de Keturah, Alfor ne souffrit plus d'aucune protestation. Il n'y aurait aucune feinte, aucune distraction pour convaincre Zarkon que Voltron avait été détruit. Ils ne pouvaient que se glisser discrètement au fin fond de l'univers pour attendre l'arrivée d'une nouvelle génération de paladins. Sa avait rejoint Coran dans son silence résigné, mais Rukka et Meri insistaient toujours pour qu'une mission de sauvetage soit amorcée.
— Même si Keturah était encore en vie, dit Alfor sur un ton qui ne faisait aucun doute quant à son avis sur le sujet, nous sommes trop faibles pour une mission de sauvetage. Je ne compte pas perdre d'autres paladins ni donner d'autres lions à Zarkon.
Ils restèrent un moment en silence pour dire adieu à Keturah le temps que son profil mémoriel se télécharge dans un cylindre vide de la salle du noyau. C'était abrupt, mais il n'y avait aucun corps à veiller et Alfor voulait mettre les lions en sécurité le plus vite possible.
Un par un, les paladins entrèrent dans l'extracteur pour une mise à jour finale, une heure chacun pour laisser des conseils à leurs successeurs éventuels. Sa passa en premier et en sortit avec un visage de marbre, murmurant ses adieux aux autres avant de monter dans le lion vert et de disparaître à travers le trou de ver qu'Alfor lui avait ouvert.
La suivante fut Rukka, voûtée et éplorée. Elle semblait affaiblie, dépérissant de la mort de Keturah. Elle les enlaça tous avant de partir, sa fourrure mouillée de larmes.
Quand ce fut au tour de Meri, elle hésita. Elle n'était paladin que depuis quelques semaines et elle en avait revêtu le rôle en pleine période de crise. Elle n'avait aucun profil et créer quelque chose d'utile prendrait plus d'une heure.
Quand Alfor se tourna vers elle, il semblait avoir pris un coup de vieux.
— Je suis vraiment désolé, Meri. Je t'en ai tant demandé et tu nous as tant offert. J'aurais voulu pouvoir t'offrir une meilleure fin que celle-ci.
Les yeux de Meri se brouillèrent de larmes.
— Vous avez fait tout ce que vous pouviez, dit-elle. Je sais qu'enregistrer mes souvenirs ne servira à rien, mais… puis-je laisser un message à Allura ? Je ne peux pas partir sans lui dire au revoir.
Alfor hocha la tête et ils lui laissèrent quelques minutes sur la passerelle. Coran se retrouva seul avec Alfor dans le couloir et sa gorge se serra alors qu'il étudiait son visage, essayant d'en mémoriser toutes les lignes.
— Alors, nous y voilà.
Alfor se tourna vers Coran avec un sourire triste.
— J'en ai bien peur, mon vieil ami.
Alfor marqua une pause, son regard se faisant distant.
— Je suis désolé.
— Pourquoi ?
— De te demander de partir.
Coran se passa les doigts dans les cheveux.
— Tu avais raison. Nous ne pouvons pas laisser Allura s'occuper de ce désastre toute seule.
— Mais j'aurais pu demander à quelqu'un d'autre. Meri, peut-être. (Alfor secoua la tête.) Nous aurions pu cacher le lion bleu et revenir avec une navette pour rencontrer notre fin ensemble. (Il regarda Coran, étrangement hésitant.) C'est toujours possible, si tu ne veux vraiment pas partir.
Soudainement, Coran se rendit compte que ce n'était pas pour lui qu'Alfor lui proposait cela, mais dans son intérêt propre. Face à sa mort imminente, Alfor ne voulait pas être seul.
Coran n'avait jamais vu Alfor ainsi et il en était sonné. Si sonné, d'ailleurs, qu'il faillit dire oui sans réfléchir.
Puis il s'arrêta net et ferma la bouche. Se retrouvant à choisir entre Alfor et Allura, il se rendit compte que ce n'était pas une décision si difficile, après tout.
— Je suis désolé, Alfor, dit Coran. Je ne peux pas la laisser.
Alfor ferma les yeux, mais il souriait quand il hocha la tête.
— Nous avons fait le bon choix, Lealle et moi. Tu es sûrement un bien meilleur père que moi.
Des larmes brûlèrent les yeux de Coran et il se jeta en avant pour enlacer Alfor. Une dernière étreinte avant qu'ils ne se séparent pour de bon. Il ne voulait pas dire adieu.
L'alarme d'urgence sonna avant que Coran ne puisse trouver la force de se reculer. Alfor et Coran se fixèrent un instant, puis pivotèrent et foncèrent jusqu'à la passerelle pour y retrouver Meri, penchée sur les contrôles, le visage strié de larmes. Elle blanchit, puis les regarda.
— C'est Altéa, dit-elle. Zarkon attaque Altéa.
Le sol semblait s'être ouvert sous les pieds de Coran et il s'agrippa au bord du poste du paladin bleu.
— Nous devons y retourner.
— J'irai, dit Alfor. Vous deux devez aller vous cacher.
— Mon quiznak que j'irai, fit sèchement Meri. Je peux vous amener à Altéa plus rapidement que n'importe quelle navette et vous vous feriez exploser dès votre arrivée de toute manière.
Alfor fronça les sourcils.
— Le lion bleu–
— Peut utiliser un trou de ver depuis Altéa aussi bien que d'ici, le coupa Meri.
Ils se fixèrent l'un l'autre pendant un moment dans un conflit de volontés silencieux.
Puis Alfor acquiesça.
— Prépare ton lion à décoller. J'ouvre un trou de ver et je te rejoins.
Elle s'en alla et Alfor se tourna vers Coran.
— Je vais aussi vous préparer un trou de ver. Il vous portera à une planète paisible loin de la flotte de Zarkon. Les lions ont déjà été programmés pour y aller dès qu'ils auront choisi un nouveau paladin. Tu vas devoir–
Le visage de Zarkon apparut à l'écran, peu éclairé et tordu dans un sourire cruel qui détonnait avec l'image du jeune garçon que Coran avait vu grandir pour devenir paladin de Voltron. Alfor se raidit.
— Alfor, dit Zarkon, sa voix profonde résonnant sur la passerelle. Quel plaisir de te revoir.
Alfor se redressa de toute sa hauteur et fusilla Zarkon du regard.
— Je dirais que c'est un plaisir, mais nous savons tous les deux que ce serait mentir. Qu'est-ce que tu fais, Zarkon ? Pourquoi attaquer Altéa ?
— Pourquoi ? (Les yeux ambrés de Zarkon s'enflammèrent.) Tu sais pourquoi.
Coran tremblait ; de colère, de douleur face à la trahison de Zarkon, de frustration face à sa propre impuissance.
— Oh, oui, dit-il. Nous le savons parfaitement. Tu es un monstre assoiffé de pouvoir sans la moindre once de loyauté.
Le sourire de Zarkon s'élargit.
— Tais-toi, Coran. Tu ne sais pas de quoi tu parles.
Coran bafouilla, mais Alfor leva une main pour le calmer.
— Est-ce au sujet de Philitrakka ?
— Philitrakka, Cybile, Hovent… Tranchaar.
La voix de Zarkon s'était faite très basse et il gronda ce dernier mot avec un venin qui choqua Coran. Il s'agissait d'une liste de planètes et de systèmes, mais il ne voyait pas en quoi ils étaient connectés. Philitrakka était une planète commerciale, Cybile une lune désertique. Une bataille s'était déroulée dans le secteur Hovent au début de la guerre galra, mais aucune planète du système n'avait d'intérêt particulier. Et il n'avait jamais entendu parler de Tranchaar.
Alfor, évidemment, savait de quoi il parlait. Il blanchit, sa prise sur les contrôles se resserrant tandis qu'il dévisageait Zarkon.
— Tu massacrerais des millions à cause de ça ? Tu détruirais Altéa par simple fierté ?
Zarkon poussa un petit rire bas et dangereux.
— Sans hésiter. (Il sourit en montrant les dents.) Je donnerai à ta planète un cycle solaire. Rendez ce que vous avez volé ou acceptez-en les conséquences.
La transmission prit fin et, après un moment de silence absolu, Alfor fit défiler les données du château avec des mains tremblantes.
Coran fit un pas dans sa direction.
— Rendre ce que nous avons volé ? Veut-il parler du lion noir ?
Alfor ne répondit pas. Il avait une lueur folle dans les yeux alors qu'il déroulait une liste de menus. L'affichage changeait trop rapidement pour que Coran puisse voir ce qu'il faisait et ses mains ne ralentirent pas un seul instant. Une alerte apparut, d'un rouge furieux, et Coran eut juste le temps d'en lire les mots : Supprimer le profil mémoriel ?
Un étau serra le cœur de Coran alors qu'Alfor abattait sa main sur le bouton de confirmation.
— Qu… qu'est-ce que tu viens de faire ? demanda Coran.
Alfor pivota, le regard vide.
— Je suis terriblement désolé, Coran, dit-il. Mais j'ai commis trop d'erreurs. Je ne veux pas… Allura viendra chercher conseil à votre réveil. Je ne veux pas qu'elle se tourne vers moi.
Ces mots laissèrent un arrière-goût amer dans l'air. Le roi Alfor avait servi de pilier pour le château pendant plus d'un siècle, un guide à la voix calme qui maintenait les paladins et la Garde de Voltron sur la bonne voie. Le voir ainsi, brisé, effrayé, ébranla Coran aussi fortement que tous les événements de la semaine passée. On lui rappelait soudainement qu'Alfor n'était qu'un homme comme les autres.
— Mais… pourquoi ? Je ne comprends pas. Alfor–
Leurs regards se rencontrèrent et Alfor lui offrit un faible sourire.
— Je dois y aller. Nous pouvons encore évacuer quelques personnes avant que Zarkon n'attaque.
Coran voulait lui demander d'être prudent, voulait lui souhaiter bonne chance. Ce n'était que des mondanités et Coran n'arrivait pas à les sortir de sa bouche. Alors il s'approcha d'Alfor pour l'attirer dans une étreinte.
— C'est donc l'heure des adieux.
— En effet. Prends soin d'Allura.
Coran ferma les yeux.
— Comme si c'était ma propre fille.
Note de la traductrice : Le prochain chapitre marque la fin de One Week to Say Goodbye, avec la rencontre des Altéens avec la nouvelle génération de paladins, relatée du point de vue de Coran. J'espère que ça vous a plu :)
