Note: Coucou. J'ai voulu attendre pour publier la suite, d'avoir un chapitre d'avance. Voila donc le 6 et le 7 est déjà écrit. Je suis désolée pour le temps que je mets à publier mais, je travaille surement dessus.

En dehors de ça, pensez à garder en mémoire qu'Emily n'est plus la même personne. Je suis consciente que ça peut sembler déroutant mais, la femme qu'elle était, vie maintenant avec un profond traumatisme. Ensuite, je n'ai aucune connaissance poussé dans le domaine de la psychiatrie ou autre...

Bonne lecture.

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Chapitre 6

Quatre jours plus tard, par une belle journée de juillet, ils étaient tous ensembles chez JJ, à nouveau nerveux pour la suite des évènements. C'était leur dernière semaine de congés et, dans quelques minutes, la nouvelle psychiatre d'Emily aller faire son arrivée. Il l'avait tous rencontrés deux jours auparavant, lors d'un rendez-vous que Rossi avait fixé grâce à son ami et, père de cette dernière. Normalement, elle était surchargée de travail, complètement indisponible avant des mois, mais avait joué toutes les cartes qu'il avait en main, pour que son ami cède en sa faveur auprès de sa fille.

L'entretien s'était déroulé tranquillement et, maintenant qu'il y repensé, cela avait plus donné l'impression d'être un interrogatoire. La psychiatre avait posé peu de question, et répondu principalement aux leurs. Si elle en avait été agacée aucun d'eux ne l'avait remarqué. Elle était restée calme et professionnelle jusqu'au bout là, ou lui, aurait certainement perdu patience. Faisant tourner sa tasse de café entre ses doigts, les yeux plongés dans le vide, il avouait qu'ils avaient été autoritaires et intransigeants sur la façon de s'occuper d'Emily et, Rossi savait qu'il aurait détesté être à sa place en face de Morgan et de JJ réunis, qui n'avaient pas peur de montrer les dents pour défendre et protéger Emily, quitte à ressembler à de vrais chiens enragés. Le souvenir remonta doucement dans sa mémoire et il le contempla silencieusement.

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Lundi matin, huit heures, et ils étaient déjà tous réunis dans la cuisine de JJ. La blonde avait fait du café pour toute une troupe et eux avaient ramenés les viennoiseries. Assis autour de la table, ils avaient pris le petit-déjeuner en silence, nerveux et inquiet. Depuis le petit échange qu'ils avaient eu le samedi, Emily était restée muette et discrète. Elle naviguait entre sa chambre et le canapé du salon, qui donnait sur une immense baie vitrée, sans prononcer le moindre mot. Lors des repas elle grignotait quelques morceaux, attendant ensuite que quelqu'un lui dise qu'elle pouvait sortir de table et faire ce qu'elle voulait. Généralement, cela se résumait à pas grand-chose, et ce fut exactement le cas aujourd'hui aussi.

Une fois qu'ils eurent finit de manger, elle se précipita dans les escaliers et s'enferma dans sa chambre. Quant à eux, ils débarrassèrent et nettoyèrent la table avant de se resservir du café. A neuf heures, alors que la nervosité commençait à ronger leurs estomacs, des coups se firent entendre à la porte et JJ se leva aussitôt pour aller ouvrir. Quelques mots furent vaguement échangés à l'entrée, avant qu'elle ne revienne, suivis d'une autre femme.

Grande, la peau noire, les yeux et les cheveux chocolat, coupaient au carré, les mèches ondulées retombant dans le creux de ses épaules. Un joli visage ovale aux traits fins malgré un regard plus dur, signe de toutes les choses horribles qu'elle avait dû entendre avec ses patients. Le blazer grenat qu'elle portait, contrastait avec la robe blanche qui volait autour de ses genoux alors qu'elle s'avançait jusqu'à la table ou ils étaient toujours assis. JJ regagna sa place, entre Morgan et Reid et, d'un geste de la main, elle fit signe à l'autre femme de prendre place en face, sur la seule chaise vide.

Cette dernière le fit tranquillement, déposant à ses pieds le porte-documents en cuir qu'elle tenait à la main. Elle échangea un coup d'œil avec Hotch à sa droite et échangea un sourire de politesse avec Rossi à sa gauche. Après ça, elle posa un regard sur chacun d'eux avant que l'ancien ne prenne la parole le premier.

- Bonjour, je suis David Rossi. C'est moi, qui aie fait un peu pression sur votre père pour obtenir ce rendez-vous.

- Je me souviens de vous, acquiesça la psychiatre. J'ai déjà vu une photo de vous et de mon père dans son bureau.

Rossi esquissa un sourire en coin et la femme fit tourner son regard autour de la table, avant d'ajouter :

- Je suis le Docteur Tara Lewis. J'ai cru comprendre que vous désiriez que je prenne comme patiente l'une de vos amies.

Un long silence se fit autour de la table, chacun échangeant un coup d'œil avec son voisin. Finalement, JJ fut la première à entamer la conversation.

- Nous allons commencer par une question simple : comment gérez-vous vos patients ?

Tara fronça légèrement les sourcils, penchant à peine la tête sur le côté, signe qu'elle était probablement surprise par la question. Cependant, elle ne fit aucune remarque et se contenta de répondre posément.

- Mes patients ont une grande place dans ma vie. Je commence toujours par établir un contact avec eux. Je prends le temps d'apprendre à les connaitre. Je fais un premier entretien ou j'établi un premier diagnostic. Le plus souvent, c'est pour me faire une première impression, prévoir le nombre de séances, si c'est pour une courte thérapie et envisager les différents sujets que nous devrons aborder. Ceux qui posent problèmes et sur lesquels nous devrons travailler avec plus d'assiduité.

- Favorisez-vous les traitements par médicaments ? demanda Reid, le menton levé.

- Que si cela est vraiment nécessaire.

- Qu'est-ce que vous appelez nécessaire ?

- Premièrement, lorsqu'il est question d'une maladie mentale, diagnostiquée au préalable. Sinon, bien sûr, lorsqu'il s'agit de crise provenant d'un traumatisme profond. Mais, je le fait uniquement si j'y suis forcée.

- Comment ça, forcée ? questionna Hotch.

- Si cela met la vie d'autrui, ou celle de mon patient, en danger, répondit Tara.

Le silence les enveloppa ensuite et la psychiatre les observa chacun leur tour.

- Je devrais peut-être m'entretenir avec votre amie, suggéra finalement Tara.

- Non ! répondit abruptement JJ.

La réponse directe surpris la psychiatre mais, celle-ci haussa seulement un sourcil à son attention. Par la suite, elle sembla réfléchir, bougeant légèrement sur sa chaise. Tout le monde remarqua le malaise toutefois, aucun ne chercha à améliorer la situation.

- Ecoutez, articula Tara, après un instant, sachez que j'ai déjà beaucoup de patient à m'occuper, si vous n'êtes pas sûrs de…

- Si, coupa Garcia. Emily… Elle a besoin d'être suivie… c'est juste…

- Compliqué, termina Morgan à la place de la technicienne, lorsqu'il remarqua que cette dernière avait la gorge nouée.

Tara acquiesça doucement, se demandant quel était le problème de cette femme pour que son entourage agisse avec autant de réserve. Au moins, elle avait obtenu un prénom, c'était un début.

- Vous êtes une étrangère, fit JJ, et nous avons besoin d'être sûrs des personnes que nous faisons entrer dans l'entourage d'Emily.

La psychiatre hochat lentement la tête, comprenant, sans forcément imaginer le fond du problème.

- Sachez que mon seul et unique souhait auprès de mes patients est de prendre soin d'eux, de leur état mental et physique. J'établie régulièrement des bilans des progrès que je fais avec chacun de ceux dont je m'occupe. Je vais au fond des choses. Mon but, c'est que lorsque mon patient me quitte, c'est que je le juge prêt à reprendre une vie seul, sans mon aide.

Tara regarda chacun d'eux, ayant la désagréable impression de devoir se vendre pour être acceptée en tant que médecin. C'était la première fois que cela lui arrivait. Bien sûr, elle devait toujours faire en sorte de bien paraitre, mais sa renommée c'était faite grâce à l'acharnement qu'elle avait mis dans son travail et, aux résultats qu'elle avait obtenu avec ses nombreux patients. Là, elle sentait que c'était différent. La patiente, l'entourage, les problèmes sous-jacent possibles à traiter. Il y avait quelque chose de différent à tous les niveaux.

Finalement, ses dernières paroles durent faire bonne impression car, après que chacun se soit concerté d'un coup d'œil, ils acquiescèrent à tour de rôle. Cela fut d'autant plus bizarre pour Tara, qui se demanda dans quoi elle venait de mettre les pieds. Finalement, une voix grave, autoritaire, provenant de l'homme assis à sa droite, la tira de ses pensées.

- Si vous acceptez de vous occuper d'Emily, vous allez devoir faire preuve de discrétion.

- Comment ça ? demanda Tara, surprise.

Hotch échangea un regard avec la blonde en face de lui. Tara sentais parfaitement leur réticence à lui en dévoiler plus.

- Ecoutez, si je dois m'occuper d'Emily, je vais avoir besoin de connaître certain détail, fit-elle, espérant les pousser un peu à s'ouvrir.

Quoi, comme détail ? questionna Rossi.

- Eh bien déjà, pour quelle raison a-t-elle besoin d'être suivie par un psychiatre.

L'homme noir appuis ses coudes sur la table et baissa la tête, soupirant profondément. La blonde aux vêtements multicolores renifla, essuyant les larmes qui coulaient derrière ses lunettes roses. Les deux plus âgés restèrent silencieux, fixant leurs mains tandis que le plus jeune détourna le regard dans le vide. Finalement, la blonde, qui lui avait ouvert la porte, inspira fortement, passant ses mains sur son visage. Elle se redressa sur sa chaise et sur le coup, Tara supposa qu'elle était mal à l'aise. Mais, lorsqu'elle rencontra les deux prunelles océans, elle ne décela que du chagrin et quelque part, difficilement enfouis, une lueur de colère. JJ pinça légèrement les lèvres et finit par raconter les grandes lignes de la situation.

- Emily… avait disparu depuis sept mois. Elle a été retrouvée il y a deux mois, dans les bois, blessée et traumatisée. Nous avons appris par la suite, qu'elle était la seule victime survivante d'un violeur et tueur en série.

Si Tara fut choquée, elle exprima cela seulement par un léger froncement de sourcil, alors que JJ poursuivait sa lancée :

- La seule chose dont nous sommes sûrs, c'est qu'elle a été torturée physiquement… et sexuellement, pendant des mois. Une enquête est en cour pour retrouver cet homme, mais pour l'instant, Emily…

JJ soupira, déglutissant difficilement. Elle pinça les lèvres et secoua doucement la tête, comme si elle avait encore du mal à réaliser l'ampleur de la situation.

- Emily, ne communique pas avec autrui, termina Morgan à la place de JJ.

- Elle ne parle pas ? demanda Tara.

- Non, répondit Morgan, secouant la tête. Ou, seulement un mot ou deux mais, uniquement lorsqu'elle est émotionnellement sollicitée.

- Comment se comporte-t-elle avec vous ?

- Elle est encore distante, répondit Reid, mais c'est normal.

- Bien sûr, approuva Tara. Ce que je voulais savoir c'est, communique-t-elle avec vous ?

- A sa manière, oui, acquiesça Hotch.

Tara acquiesça, comprenant maintenant une partie du problème. Déjà, Emily n'était pas muette, donc, malgré le terrible traumatisme qu'elle avait vécu, cela n'avait pas créé un blocage mental au niveau de la parole.

- Je vais avoir besoin de rencontrer Emily lors d'un premier entretien… pour établir un premier contact et me faire une première impression.

- D'accord… fit JJ.

Mon cabinet se tro…

- Ça se passera ici, plutôt, coupa Morgan.

- Je dois m'entretenir avec elle, seule, répondit tranquillement Tara.

- Non ! répondit Morgan, intransigeant.

- Ça se passera ici, appuya JJ.

- Vous ne pouvez pas assister…

- Nous n'y assisterons pas, coupa Reid, cette fois. Mais, pour une première fois, nous voulons au moins être à côté…

- Pour pouvoir réagir en cas de problème, ajouta Garcia.

- Ce n'est pas ma façon de faire, répondit doucement Tara.

- C'est à prendre ou à laisser, rétorqua aussitôt Morgan.

La psychiatre posa son regard sur lui. Il était tendu et, visiblement très nerveux. Tara savait qu'il n'était pas question de discuter, il n'écouterait aucun argument autre que le sien tant qu'il se trouverait dans cet état d'esprit. Et, elle constata que c'était le cas pour chacun d'eux, lorsqu'elle fit le tour de la table du regard. Si elle prenait Emily comme patiente, elle devait accepter de traiter avec cette famille. Des suppositions commencèrent à germer dans son esprit, défaut professionnel ou intuition, elle n'en savait rien encore, mais il était certain qu'elle le découvrirait bien assez tôt.

- Très bien ! s'exprima-t-elle finalement. Mercredi, en début d'après-midi.

- Vous acceptez de la suivre, alors ? demanda Garcia, un large sourire étirant ses lèvres. Le premier depuis des mois.

Tara esquissa un petit sourire, acquiesçant. L'histoire d'Emily l'avait ému et, quelque chose la pousser à la rencontrer. Elle voulait faire partie de chaque étape de la guérison et, au moins, avec elle, bien qu'elle ne se trouvait pas parfaite, elle savait qu'elle prendrait la santé d'Emily à cœur. Elle irait au fond des choses, quoiqu'il en coute.

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Après avoir fixé le rendez-vous au mercredi suivant, elle les avait quittés, les laissant dans un agréable silence de satisfaction. Ils avaient eu le sentiment d'avoir accomplis un pas important dans l'avancement de la situation, bien qu'Emily semblait rester étrangement passive, alors qu'elle avait émis un court refus quelques jours plus tôt.

Cette dernière était d'ailleurs recroquevillée à l'autre bout du canapé, entre le coussin et l'accoudoir, les genoux repliés contre elle. Elle était dans son monde, silencieuse, comme toujours, griffonnant sur un morceau de papier qu'elle tenait entre elle et ses cuisses. Elle avait été prévenu de la visite imminente de Tara, celle-ci nouvellement embauchée comme sa psychiatre. Emily n'avait émis aucun son de protestation, acceptant cela seulement avec un certain malaise, qu'elle n'arrivait pas à cacher.

Reid et Rossi lui tenait compagnie, jouant tranquillement au échec. Pénélope et Morgan discutaient doucement, pendant que la jeune femme continuait de tricoter, ce qui ressemblait de plus en plus à une carpette. Hotch et JJ travaillaient sur quelques dossiers, essayant de choisir celui sur lequel ils enquêteraient en premier pour leur reprise, lorsque des coups résonnèrent à la porte d'entrée. Ils échangèrent un coup d'œil avant que la blonde ne détourne son regard pour le poser sur Emily. Cette dernière n'avait pas bougé, toujours recroquevillée dans le coin du canapé. JJ pinça légèrement les lèvres et se leva pour aller ouvrir la porte.

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Attendant devant la porte d'entrée, Tara n'était toujours pas sûre de l'histoire dans laquelle elle s'engageait. Elle avait eu la brève idée de faire machine arrière. De diriger la famille d'Emily vers un autre psychiatre. Mais l'idée s'était vite dissipée. Premièrement, parce que la plupart de ses confrères sont des hommes et, d'après ce qu'avait mentionné JJ (la blonde qui habitait justement cette maison, et avait pris sous sa responsabilité Emily) sa futur patiente avait beaucoup de mal avec les hommes étrangers à ceux qui composaient son entourage. Deuxièmement, la seule collègue qu'elle avait, et avec qui elle travaillait habituellement était, pour l'instant, en congé maternité.

Tara connaissait bien d'autre femmes psychiatre, mais seulement de renommée et, face à une patiente avec un tel vécut, elle s'était refusée de laisser quelqu'un, qu'elle ne connaissait que de réputation, gérer sa guérison. D'un autre côté, le fait de savoir que toute cette histoire faisait encore l'objet d'une enquête et, que l'homme qui avait torturé Emily n'était toujours pas derrière les barreaux, lui faisait un peu peur. Probablement aussi, que le fait qu'ils lui apprennent que sa nouvelle patiente était la fille d'une ambassadrice, et qu'elle devait faire en sorte de rester discrète pour pas que les médias découvre qu'Emily était la survivante d'un violeur et meurtrier en série, n'aidait pas vraiment, non plus.

Apparemment, l'enquête piétinait, et ils l'avaient prévenu qu'elle serait surement contactée par l'inspecteur Collins ou l'agent Cooper, pour savoir l'avancement de l'état psychologique d'Emily. Certainement dans l'espoir de pouvoir l'interroger et récolter des informations importantes. Si, bien sûr, Tara n'était absolument pas réfractaire à aider les enquêteurs pour débusquer l'enfoiré qui s'amusait à torturer sexuellement et physiquement des femmes, en revanche, il était catégoriquement hors de question qu'on approche Emily dans l'optique de tirer quelques informations d'elle, tant qu'elle ne la jugerait pas prête psychologiquement. Pour cela, elle avait besoin d'établir un premier contact avec la jeune femme, mais elle se demandait ce que ça allait donner avec tous ses protecteurs autour d'elle.

Ses pensées furent interrompues lorsque la porte d'entrée s'ouvrit sur JJ, comme cinq jours auparavant. Ses long cheveux blond étaient relevés dans une queue de cheval, sa peau était claire, pourtant, Tara remarqua sa fatigue sous le sourire accueillant qu'elle lui adressa. Elle l'invita à entrer et la psychiatre obtempéra aussitôt, s'avançant tranquillement dans le petit vestibule. JJ referma la porte derrière elle, ajoutant la chaîne au verrou. Tara l'observa faire discrètement, se demandant si cette habitude avait à voir avec le métier de la blonde, qui pouvait facilement rendre paranoïaque et hyper-vigilant, ou si cela concernait Emily, qui vivait entre ses murs. Elle garda cette idée en tête sans pour autant s'y attarder.

Elle suivit JJ jusqu'à l'espace ouvert du salon, qui donnait sur la cuisine, serrant légèrement sa prise autour de la hanse de sa besace. Ils étaient tous présents, tel des sentinelles silencieuses et, même s'ils vaquaient à leurs propres activités, Tara se doutait qu'ils étaient tous parfaitement conscient de ce qui se passait autour d'eux. Chacun lui accordèrent un signe de tête et elle redressa les épaules mentalement. Il était temps d'endosser sa veste de médecin. Son professionnalisme ressortit. Elle devait prendre en charge entièrement sa nouvelle patiente mais, il était aussi question de gérer cette famille, qui, elle le craignait, allait être très présente, voir, peut-être, envahissante, ce qui était relativement rare lorsqu'elle avait affaire à un patient adulte.

Arrivant dans le salon, Tara repéra facilement sa patiente. La seule femme qu'elle n'avait pas encore vue. Brune, la peau claire, voir maladivement blanche. Recroquevillée dans le canapé, elle ne pouvait pas juger sa taille, en revanche, elle pouvait aisément voir la maigreur du corps dû à la malnutrition. Dans un petit coin de son esprit, Tara fut brièvement soulagée d'avoir accepté le travail, même si elle ne savait toujours pas dans quoi elle s'engageait vraiment.

Elle resta en retrait, laissant JJ aller à la rencontre d'Emily, observant les interactions et les réactions des deux femmes, mais aussi le comportement des autres autour d'elles. Il était évident qu'ils étaient tous à l'affut du moindre faux pas, chacun surveillant ses propres gestes et celui de son voisin. Toutefois, une chose interpella Tara. S'ils paraissaient tous tendus, paranoïaques, surprotecteurs, Ils étaient tous aussi très soudés. Finalement, la voix de JJ la tira de ses pensées et elle concentra son attention sur les deux femmes en face d'elles.

- Emily ? fit la blonde, assise sur le bord de la table basse, penchée vers la brune pour capter son attention. Une attention qu'elle reçut avec hésitation. Je sais que tu… anticipais ce premier rendez-vous, mais ta psychiatre est ici.

Emily sembla se tendre, fuyant le contact, autant visuel que physique.

- Em, c'est important, insista JJ. Je sais que c'est dur, mais tu dois être suivie.

La brune lui lança un rapide coup d'œil et rebaissa la tête. Ce fut si rapide que Tara pu à peine voir son visage, avant qu'elle ne se détourne, à nouveau.

- Nous restons là, d'accord, ajouta la blonde. Vous allez aller discuter dans la bibliothèque, à l'étage, ça sera plus confortable, mais nous restons ici, en bas.

Emily n'émit pas le moindre son, cependant, Tara remarqua qu'elle sembla se détendre. Mais, il y avait aussi autre chose, comme de la résignation dans la gestuelle de son corps, alors qu'elle se levait pour suivre le mouvement de JJ, qui l'incitait à la suivre. La psychiatre emboita leurs pas, restant à distance de la brune. Cette dernière avait les bras croisés autour d'elle, signe flagrant qu'elle se sentait exposée et vulnérable, sans que Tara sache si cela était dû uniquement à sa présence ou à d'autre facteurs.

Elles gagnèrent l'étage rapidement et dans un silence lourd. Mais, c'était une situation que la psychiatre connaissait bien, et qui ne l'effraya pas ni ne l'inquiéta. Elle aurait été plus intriguée et soucieuse si Emily avait eu un comportement plus ouvert. JJ les conduisit lentement jusqu'au petit coin bibliothèque. C'était une petite pièce ouverte, lumineuse, grâce à la baie vitrée. Les doux rayons de soleil de cette fin juin venaient réchauffer le tissu rouge des fauteuils et l'acajou du bois des étagères. Bien que Tara préférais l'intimité de son bureau, elle avouait volontiers que la pièce était accueillante et confortable, ce qui, au final, pouvait être une bonne chose pour ce premier entretien. Il était évident qu'Emily semblait nerveuse. La sécurité et le réconfort d'un lieu connu était, pour l'instant, plus bénéfique pour la brune. Cependant, Tara ne savait pas ce qu'allait donner les réactions d'Emily avec la présence de ses proches si près d'elles. Souvent, les patients étaient plus fermés à l'idée de se dévoiler avec leur famille à proximités.

- Bien, fit JJ, tirant la psychiatre de ses pensées. Je vous laisse. Je vais retrouver les autres. Si… Si vous avez besoin de quoique ce soit…

Elle laissa sa phase en suspens, son attention tournée plus vers Emily, que vers Tara. Cette dernière en profita pour l'observer discrètement, à nouveau. Elle remarqua aisément le retient de JJ, alors que la blonde balançait légèrement son bras, hésitant à toucher Emily. La brune, quant à elle, semblait totalement fermée à toute approche. Pourtant, elle remarqua le rapide coup d'œil qu'elle lança dans le dos de JJ, raffermissant la prise de ses bras autour d'elle. Dans un coin de son esprit, Tara nota cette première réaction, sans pour autant la catégoriser, pour l'instant.

Elle la regarda un instant, attendant un geste, un mouvement de la brune, mais celle-ci ne bougea pas d'un millimètre. Ses yeux, qu'elle ne posait pas sur elle, naviguaient de droite à gauche. Tara savait parfaitement que, même si Emily ne la regardait pas, elle était vigilante vis-à-vis d'elle et du comportement qu'elle pourrait avoir à son égard. La psychiatre nota cette deuxième réaction dans un coin de son esprit, avec la première, et se déplaça enfin pour aller s'assoir sur le fauteuil le plus éloigné d'Emily. Elle remarqua tout de suite, du coin de l'œil, le recul instinctif de la brune lorsqu'elle bougea près d'elle. Tara pinça les lèvres, mais ne releva pas le geste, l'analysant et le comprenant. Elle continua son chemin, gagnant le fauteuil sur lequel elle prit place, posant sa besace à ses pieds. Elle croisa ensuite les jambes et les mains sur son ventre, gardant le silence. Elle ne regarda pas fixement Emily, se doutant que cela ne ferait que la mettre plus mal à l'aise.

A la place, elle observa les livres sur les étagères, reconnaissant certains ouvrages, d'autre non et, d'autre encore, l'interpellèrent. Pendant tout ce temps, elle resta quand même attentive au moindre mouvement de la brune, espérant que cette dernière arriverait à surmonter sa crainte pour s'assoir, au moins, sur l'autre fauteuil en face d'elle. Cela pris bien cinq minutes, pendant lesquelles la brune sembla peser l'idée de prendre la fuite avant de, finalement, tendre les épaules et choisir l'option de lui faire face.

Sa position sur son siège était rigide. Elle se glissa au fond de l'assise, relevant ses genoux contre elles. Elle se tassa sur elle-même, gardant le regard dans le vide. A ce moment, Tara s'autorisa à l'observer. Après une minute, elle se racla légèrement la gorge. Si cela n'attira pas le regard d'Emily sur elle, cela lui accorda au moins son attention

- Je suis le docteur Tara Lewis, fit-elle doucement. A partir d'aujourd'hui, nous allons commencer un long chemin, ensembles.

Elle gardait un ton doux et lent, espérant que cela pousserait Emily à relever les yeux vers elle. Mais, la brune continuait de regarder l'extérieur à travers la baie vitrée. Cela ne démotiva pas Tara. Elle avait déjà eu affaire à des patients récalcitrants, fermés, qui l'avaient poussé elle-même dans ses retranchements. Son travail exigeait de la patience, de la compréhension et souvent, sur certains cas, elle devait être capable de faire preuve d'empathie. Elle sentait qu'avec Emily, cela allait être long et difficile. Probablement l'un des challenges de son métier. Tara inspira doucement, continuant son monologue sans montrer le moindre signe de gêne.

- Je suis ici pour vous, Emily, et je ne suis pas pressée. Nous irons à votre rythme. C'est vous qui menez la dance, qui décidez. Je suis là pour vous aidez.

Pour l'instant, elle n'espérait pas gagner la moindre réaction d'Emily, ni même une once de confiance. Toutefois, elle fut légèrement surprise lorsque deux prunelles noires se levèrent vers elle. Tara resta silencieuse, fixant ce visage qu'elle voyait distinctement pour la première fois depuis qu'elle était arrivée. La peau maladivement blanche, qu'elle avait remarquée dès l'instant où elle avait posé les yeux sur Emily, n'était pas le seul signe physique de ce qu'elle avait traversé. Pour les besoins de sa thérapies, Tara avait contacté le docteur Manford, qui l'avait brièvement informée sur son dossier médical.

Les mots du docteur Manford prenaient tous leurs sens, maintenant qu'elle était en face des preuves physiques des tortures qu'avaient endurées Emily. Le visage était émacié. Les os saillant des pommettes sous les joues creusées, ainsi que les yeux enfoncés dans leurs orbites, la rendait à la fois triste et furieuse. Comment était-il possible qu'un être humain fasse autant de mal à une autre personne seulement pour son propre plaisir ? Parfois, dans son métier, c'était l'une des questions qui la dépassait. Cependant, ce qui la laissa réellement stoïque, ce n'était pas apparence physique d'Emily, qui s'améliorerait d'ici plusieurs mois avec du soutien et un bon suivis. Non, c'était cette lueur dans ses yeux noirs. Cette souffrance et cette terreur si facilement lisible, qu'elles semblaient presque palpables.

Pourtant, Tara eu l'impression d'y lire autre chose aussi. Une étincelle, qu'elle ne sut pas exactement identifier. Un mélange de colère, d'agressivité, de bouillonnement. Cela fut rapide et, avant même qu'elle put mettre le doigt dessus, ça avait disparu. Tara se rappela alors, qu'avant d'être une victime, elle était une talentueuse Agent du FBI avec, d'après sa famille, une grande capacité de compartimentation, ce qui pouvait être bénéfique et utile. Tara se promit de garder ça à l'esprit. C'était des sentiments forts, destructeurs, qu'Emily ne se permettaient surement plus d'extérioriser depuis ces mois de séquestration. Des sentiments que Tara pouvaient exploiter, qui pouvait donner à la brune, le pouvoir de surmonter cette épreuve. La psychiatre esquissa un petit sourire vers Emily.

- Pour commencer, fit-elle, sans lâcher le regard de sa patiente, nous allons nous voir régulièrement. Au moins trois fois par semaine. Vous pouvez me joindre à tout instant le week-end. Le moindre problème… et je suis à un coup de téléphone, Emily. N'ayez jamais honte d'avoir besoin de m'appeler. N'ayez pas honte, non plus, de me parler.

Emily fronça légèrement les sourcils, semblant sceptique, hésitante, peut-être même confuse. Elle détourna finalement le regard et Tara soupira doucement. Le reste de la séance se passa dans le silence mais, cela ne gêna pas la psychiatre. Elle passa cette heure à observer sa patiente. Parfois, elle faisait la conversation seule, essayant de gagner une réaction quelconque de la part d'Emily, pour savoir dans quelle direction orienter sa thérapie. Son premier diagnostic était évident. Le profond traumatisme dû à sa longue période de séquestration et de torture, était assez évident. Tara pouvait donc aisément dire qu'Emily souffrait de stress post-traumatique et, que cela ne pourrait aller qu'en s'aggravant, s'il n'était pas pris en charge rapidement.

Elle avait constaté différentes réactions qui venaient étayer son diagnostic, comme sa vigilance excessive –Tara avait bien cru qu'Emily allait basculer en arrière avec son fauteuil, lorsqu'elle avait sursauté violement au son d'une porte qui claque- ou encore, sa perte de concentration et son refus de parler. A la fin de la séance, Tara laissa Emily gagner sa chambre, sans que cette dernière n'hésite, cette fois, à la quitter. Puis, elle avait ramassé sa besace et était redescendu dans le salon. Il régnait un calme pesant, nerveux. Elle s'approcha jusqu'au canapé et ses yeux accrochèrent un petit calepin blanc, sur lequel était griffonné des traits au crayon de papier. Elle s'en empara doucement alors qu'elle sentait la présence des membres de la famille d'Emily qui arrivait derrière elle. Tara resta plongée dans ses pensées, feuilletant lentement le petit calepin de croquis. Ce n'était rien de significatif mais, la plupart des dessins représentaient un élément du salon. Le grand vase noir avec son faux bouquet orange à côté du meuble de télévision. La coupelle de fruit sur la table ronde de la salle à manger. La grande baie vitrée, qui donnait sur le jardin, avec ses voilages blancs et ses lourds et épais rideaux noirs. Un peu plus loin, il y avait un portrait, celui de Pénélope Garcia, si Tara ne se trompait pas, assise sur le fauteuil, concentrée sur son tricot. Il n'y avait pas de couleur, seulement des nuances de crayon de papier, mais il y avait la beauté du détail.

Les feuilles suivantes repartaient sur des objets quelconques, quelques-uns provenant certainement d'une chambre. Il y avait ensuite d'autre portrait, tous semblant réalisé à l'insu de la personne, d'un point de vu extérieur. Finalement, Tara se retourna et croisa le regard bleu de JJ. Elles s'adressèrent mutuellement un léger sourire. Les autres étaient rassemblés autour d'un plateau, sur la grande table ronde, ou se trouvait une cafetière de café chaud et des tasses.

- Vous voulez un café ? proposa JJ.

- Volontiers, accepta Tara. Elle ne refusait jamais un bon café.

Les deux femmes s'approchèrent des autres. JJ remplis directement une tasse avant de la lui tendre. Garcia proposa du sucre et Reid du lait, qu'elle refusa l'un après l'autre. Elle but une gorgée, puis leva finalement la main avec laquelle elle tenait toujours le calepin de croquis.

- Appartient-il à Emily ? demanda-t-elle gentiment.

- Oui, acquiesça Morgan.

- Nous l'avons surprise en train de griffonner sur des magazines, ajouta Reid. Alors, je lui ai ramené un carnet de croquis que j'avais chez moi.

- Elle adore ça, fit Garcia, un petit sourire aux lèvres. Elle passe ses journées le nez dedans, ça l'apaise.

Tara hocha la tête, buvant une autre gorgée de son café.

- Ils sont magnifique, surtout les portraits. Est-ce que cela vous dérange si je l'utilise ?

- Pour qu'elle utilité ? demanda Hotch d'une voix sans intonation, mais ferme.

- Je dois trouver un moyen de communiquer avec elle, répondit Tara. Peut-être que ceci m'y aidera.

- Nous essayons vraiment de la faire parler, intervint Rossi.

- Oui, approuva JJ. Nous lui posons des questions, mais elle ne nous répond pas verbalement.

- Mais, nous savons qu'elle en ait capable, rassura Morgan, posant une main réconfortante sur le bras de son amie.

- Ne vous inquiétez pas, fit Tara, nous allons travailler sur ce léger blocage. Peut-être a-t-elle juste besoin d'un déclic pour que cela redevienne une habitude. Après des mois de séquestration et de torture, elle a besoin de temps pour se réhabituer.

Ses derniers mots installèrent un léger malaise que Tara nota dans un coin de son esprit, avant que finalement, Reid le brise :

- Comment s'est passé cette première séance ? demanda-t-il, curieux et inquiet.

Tara haussa brièvement les sourcils et but une gorgée de son café. Elle avala lentement et répondis ensuite :

- Comme je m'y attendais.

- Ce qui veut dire ? questionna Hotch.

- Je n'espérais pas qu'elle se dévoile dès le premier entretien et, elle ne l'a pas fait. Je me suis surtout contentée de l'observer.

- Vous avez établi un premier diagnostic ? interrogea Morgan.

La psychiatre termina sa tasse de café et soupira doucement.

- Je ne pense pas avoir vraiment besoin de vous dire, qu'il est évident qu'elle souffre d'un trouble de stress post-traumatique. La plupart des signes sont flagrants. Est-ce qu'elle fait des cauchemars ?

Tara tourna son attention sur JJ, lui posant directement la question. La blonde parut indécise, secouant doucement la tête et haussant les épaules.

- Elle a un sommeil agité, mais je ne saurais dire si elle dort vraiment, répondit-elle.

- Elle n'ose pas manger, ni même bouger, si on ne lui dit pas qu'elle peut le faire, ajouta Rossi.

- Elle a peur, acquiesça Tara. Je dirais même, qu'elle est terrorisée, à juste titre. Savez-vous si… l'homme…

- L'ordure ? corrigea plutôt JJ.

- Le fumier ? suggéra Garcia.

- L'enfant de p…

- Stop ! coupa Hotch. Désolé, fit-il à l'adresse de Tara. Nous sommes tous…

- En colère ? proposa-t-elle. Ce n'est rien, je comprends. Elle a beaucoup de soutien et, c'est vraiment important.

- Nous serons avec elle à chaque étape du chemin, approuva JJ.

Tara esquissa un sourire, hochant doucement la tête. Elle n'était pas inquiète sur ce point. Elle avait parfaitement compris la place qu'ils avaient tous auprès d'Emily. Ce qui l'intéressait davantage, c'était la position d'Emily face à son entourage. Mais ça, elle le découvrirait petit à petit.

- Bien, finit-elle par souffler. Pour l'instant, nous allons commencer par trois séances par semaine. J'ai besoin de voir Emily souvent, pour tisser un lien avec elle. J'ai cru comprendre qu'à partir de la semaine prochaine, vous retournez au travail… Je me suis entretenue avec le docteur Manford…

Elle les vit tous se jeter des coups d'œil, paraissant à la fois gênez et irrités. Après une seconde, Reid se manifesta.

- Le docteur Manford nous a soumis l'idée de placer Emily dans une clinique.

- Mais, c'est hors de question ! intervint Morgan fermement.

- Lorsqu'aucun de vous ne sera là pour veiller sur elle, où restera-t-elle ?

- Chez ses parents. Ils sont revenus en ville, répondit Hotch.

- Pour combien de temps ? demanda Tara, qui connaissait la situation professionnelle des parents de sa patiente.

- Nous n'avons pas vus aussi loin, répliqua Rossi.

- Mais, je serais toujours là, ajouta Garcia. Je veillerais sur elle, peu importe mes horaires de folies.

Tara acquiesça lentement, avant de rétorquer :

- Sachez que le bien-être d'Emily est ma priorité à présent. Tout comme vous, mon devoir est de prendre soin d'elle et de son état, physique et mental.

- Nous avons étés clairs avec le docteur Manford, nous ne la ferons pas interner, dit JJ froidement.

- Bien sûr, et ce n'est pas ce que je veux. Mais, je dois prendre en considération les recommandations du docteur Manford, et les adaptés en fonction de notre thérapie. Je reviens voir Emily vendredi.

Sur cette dernière phase, la psychiatre les quitta avec un léger sourire. Il y avait une chose qu'elle aurait voulu savoir avant de partir. C'était si l'homme, ou peu importe tous les noms d'oiseaux avec lesquels il pouvait être affublés, était un opportuniste et se fichait d'avoir perdu l'une de ses victimes ou, au contraire, il était prêt à récupérer ce qu'il avait perdu. Ce dernier point inquiétait Tara. Cependant, cela ne devait pas être un frein pour entreprendre la guérison d'Emily.

oOo

A la prochaine.