Bonjour tout le monde !
J'espère que vous allez bien. Je vous poste ici le chapitre 6 de notre histoire, à savoir le lendemain de la grande crise post-Walburga Black. Je vous laisse découvrir comment va réagir Hermione ainsi que ses deux camarades ! On commence à voir un petit rapprochement s'opérer une fois encore entre Sirius et Hermione, j'espère que ça vous plaira !
Merci aux vues et nouvelles fav/follow, ça fait vraiment trop plaisir de savoir que l'histoire est lue ! :) Merci tout plein tout plein !
Bonne lecture et à ce week-end !
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Chapitre VI : À ceux qui nous ont quitté
Le jour pointait, éblouissant, à travers les rideaux. Hermione ne savait pas depuis combien de temps elle fixait ce trait de lumière. Avait-elle seulement dormi ? Elle n'aurait honnêtement pas su répondre. La jeune femme avait vogué entre conscience et inconscience une bonne partie de la nuit. Les mots de Walburga tournaient dans son esprit comme une ronde infernale. Ces mots, ces terribles mots continuaient de la hanter. Elle les avait d'abord entendus de Malefoy, à quelques reprises depuis son arrivée à Poudlard. Bien que ces insultes n'aient jamais été supportables, Hermione savait que c'était davantage l'influence des parents de Draco qui agissait dans son cas. Cela ne pardonnait pas l'injure, mais elle l'expliquait quelque peu.
Pour Walburga, c'était tout à fait autre chose. Elle n'était pas une enfant qui suivait la conduite de ses parents à la lettre afin de se sentir intégrée, non. Walburga avait proféré ces insultes en toute connaissance de cause. Il existait bien des sorciers et des sorcières qui la haïssaient pour quelque chose dont elle n'était pas responsable. Et le pire de tout, c'est que même si Hermione savait rationnellement que ces individus étaient dans le faux, elle n'avait pu s'empêcher de se sentir fautive, coupable.
La jeune femme replia ses bras autour d'elle. Il était idiot de prendre en compte les remarques de cette entité morte depuis des décennies et connue pour sa concupiscence avec le Seigneur des Ténèbres… Mais Hermione n'avait jamais reçu une telle haine directement menée vers sa personne. Rien n'avait réussi à la calmer et à la faire sombrer dans le sommeil. Et elle débutait cette nouvelle journée avec un poids trop encombrant dans le ventre. Ce furent les petits coups incessants de Pattenrond contre son épaule qui la firent sortir de sa réflexion.
"Rien ne peut entamer ton appétit, toi."
Le félin miaula en guise de réponse. Hermione soupira, se leva pour enfiler sa robe de chambre et descendit à contre-cœur les escaliers.
Elle arriva bientôt dans le couloir. Son dos se raidit et elle avança près de la cuisine, en évitant soigneusement de se retourner. La jeune femme avait l'impression que les yeux du portrait parvenaient à la suivre, malgré les rideaux fermés. Elle ouvrit doucement la porte et tomba sur Sirius assis au coin droit de la table. Celui-ci se redressa vivement lorsqu'il l'aperçut.
"Bonjour, murmura-t-elle timidement.
- Bonjour Hermione", répondit-il, aussi faiblement.
Elle lui adressa un sourire poli et se dirigea vers le buffet pour prendre une tasse. La bouilloire produisait un doux sifflement dans la pièce.
Sirius la regarda faire, mal à l'aise. Il ne s'attendait pas à la voir si tôt et n'avait pas eu le temps de répéter le moindre discours. L'arrière de son crâne se mit à le démanger nerveusement. Hermione ne sembla pas s'en rendre compte. Elle fit léviter la bouilloire et remplit la théière bleue qu'elle avait sortie du buffet. Attendant que le thé infuse, elle s'assit au bord gauche de la table et leva les yeux vers lui.
"Bien dormi ?
- Oui merci… ", répondit-il en regagnant sa place, les mains jointes.
Elle hocha la tête et se servit une tasse. Hermione sentit cette fois-ci le regard de Sirius sur elle mais s'abstint de toute remarque. Elle savait que sa voix dérayerait si une conversation venait à se faire. Son répit fut de courte durée.
"En vérité, absolument pas", avoua Sirius avec un grand soupir. Il se cambra sur sa chaise pour mieux observer la jeune femme. Hermione sursauta et releva les yeux vers lui.
"Je suis vraiment désolé pour ce qu'il s'est passé hier Hermione… Tu n'aurais jamais du entendre des mots pareils… J'ai tenté encore et encore de me débarrasser de ce tableau mais rien n'y fait", avoua Sirius avec douleur.
Hermione constatait qu'il était vraiment accablé. Son visage, d'habitude rieur, était affaissé et ses joues étaient dévorées par les cernes de la nuit précédente. Son chagrin redoubla d'un cran et elle répondit vivement :
"Ce n'est rien Sirius ! J'ai déjà oublié."
Sirius l'observa avec des yeux écarquillés. Il prit un temps avant de reprendre.
"Comment ça, oublié ? Hermione, je sais que…"
Mais avant qu'il ne puisse lui avouer ce qu'il avait constaté la nuit dernière, Hermione reprit avec une grimace :
"Ça n'est pas la première fois que j'entendais ce mot, tu sais. Malefoy m'en a adressé quelques-uns depuis la première année et ça n'est jamais plaisant, mais j'ai appris à passer au-dessus de tout ça. Je vaux mieux que ça."
La jeune gryffondor aurait presque pu se convaincre elle-même. Mais elle ne leurrait certainement pas Sirius. Le grand brun avait passé des années à faire semblant et à mentir, au sein même de cette maison. Cependant, il ne vint pas la contredire. Ses mains s'éloignèrent de la table pour reposer sur ses genoux et son dos se cala tout contre sa chaise.
"Tu as raison", murmura-t-il, le regard baissé.
Hermione sourit une nouvelle fois et revint à sa tasse de thé. Elle ne remarqua pas le brusque retrait de son interlocuteur. Ils déjeunèrent tous deux dans un profond silence. Sirius finit par se lever, hochant la tête en direction d'Hermione et sortit vers le jardin.
Là il inspira longuement, la tête levée vers le soleil tapant. Quelques minutes passèrent durant lesquelles il resta immobile, pensif. Sirius était surpris de constater qu'il était contrarié. Au-delà des heures de sommeil qui lui manquaient cruellement, il était blessé qu'Hermione l'ait éconduit sans grands efforts. La jeune femme ne semblait pas lui faire suffisamment confiance pour se confier à lui et cela le peinait plus qu'il ne l'aurait cru.
Il avait espéré qu'Hermione se sente aussi à l'aise avec lui qu'il l'était avec elle. Le grand brun était étonné de la facilité avec laquelle il avait accueilli la jeune femme chez lui et l'enthousiasme qu'elle provoquait chez lui chaque journée passée en sa compagnie. Il n'avait eu aucun soucis à échanger avec elle, ce qu'il craignait auparavant, et il s'était même attaché à leurs moments de partage, que ce soit lors de leurs insomnies dans la bibliothèque ou de leurs repas à table. Elle le surprenait régulièrement. Et il aimait cela.
"Si tu continues à le fixer comme ça, tu vas finir avec les prunelles grillées !"
Sirius se retourna brusquement pour faire face à Rémus, allongé dans une chaise longue, des lunettes de soleil trônant sur son nez. Il lâcha un soupir désabusé et vint le rejoindre.
"Je constate que ça bosse dur…
- Une vraie torture."
L'animagus s'assied face à son compère de toujours qui se redressa légèrement.
"Toi tu cogites", lança Rémus.
Ça n'était pas une question. Sirius soupira de nouveau, passant une main derrière la tête.
"C'est Hermione, répondit-il.
- Elle a des soucis ? Demanda Rémus en remontant ses lunettes sur son front.
- Oui… mais selon elle, non, soupira le grand brun.
- C'est cryptique", grimaça son ami.
Sirius s'adossa sur ses coudes et contempla le ciel.
"C'est à propos d'hier… lança-t-il, songeur. En allant me coucher, je l'ai entendue qui pleurait à travers sa chambre. À cause de la vieille garce. Mais ce matin, lorsque j'ai voulu m'excuser et évoquer le sujet avec elle, elle s'est complètement fermée. Elle a balayé ça d'un geste et ne m'a plus dit un mot…"
Rémus fronça les sourcils et fit tournoyer un brin d'herbe entre ses doigts pendant qu'il réfléchissait.
"Je sais qu'Hermione ne m'associe pas à cette horreur, elle se doute que je ne partage pas ses opinions mais… J'aurais aimé pouvoir aborder ça avec elle. Lui venir en aide.
- Peut-être qu'elle gère le problème en ne l'évoquant pas.
- Regarde où cela nous a mené comme tactique", objecta Sirius, sans animosité aucune.
Rémus soupira, un fin sourire illuminant ses traits.
"C'est vrai, mais on ne peut pas attendre d'Hermione qu'elle se montre rationnelle et mature en un claquement de doigts. Elle n'est pas encore adulte.
- C'est juste que… Je voudrais qu'elle ait confiance en moi. Qu'elle se sente en sécurité."
Le sourire de Rémus redoubla. Il se pencha vers son ami.
"La confiance, c'est une affaire de temps. Laisse-la s'acclimater à toi. Je suis sûr que ça viendra", expliqua le loup-garou avec assurance.
L'animagus observa longuement son ami, sans rien ajouter. Rémus avait raison, comme toujours, mais il se connaissait bien. Son naturel ardent avait du mal à temporiser une situation et laisser faire le temps. Cela avait toujours été un problème, côté professionnel comme affectif. Il s'allongea tranquillement dans l'herbe et posa le bras sur ses yeux.
"J'ai tellement mal à la tête…
- Arrête de cogiter et de te pieuter tard. Tu n'as plus vingt ans", le railla son ami en remettant ses lunettes de soleil et en s'adossant dans la chaise longue.
Sirius lui décocha un léger coup dans les tibias et laissa un feulement de rire lui échapper.
Hermione avait réussi à soigneusement éviter les deux occupants de la maison pendant une bonne partie de la journée. Elle se serait d'ordinaire félicitée, si un brin de lucidité ne l'avait pas fait culpabiliser. La jeune femme n'avait rien contre les deux hommes, mais elle ne parvenait pas à les confronter aujourd'hui. Hermione savait que Rémus comme Sirius essayeraient de la consoler, de lui dire que rien n'était de sa faute et qu'il fallait qu'elle oublie cette sorcière. Ils la rassureraient, du mieux qu'ils le pourraient. Mais il ne faudrait pas longtemps avant que le problème ne ressurgisse. Qu'un nouveau partisan de sang-pur ne l'insulte ou, pire, ne cherche à la faire disparaître. Car ce temps viendrait… Hermione le savait tout au fond d'elle-même. Harry avait assisté à la renaissance de Voldemort l'année dernière. Le Daily Prophet pouvait se voiler la face tant qu'il le souhaitait, la vérité était que le Seigneur des Ténèbres était bel et bien de retour… Et cela n'était qu'une question de temps avant qu'il ne retrouve ses disciples et les forme à une guerre prochaine. Ainsi, personne ne pouvait la rassurer par de tendres mots en lui expliquant que cela passerait, qu'il ne fallait pas écouter ces voix qui l'insultaient. Car elles seraient dorénavant nombreuses : des temps obscurs s'apprêtaient à régner dans le monde magique.
La jeune femme avait ainsi passé l'après-midi entier à voguer entre la bibliothèque et sa chambre. Si Pattenrond l'avait suivi les premières fois, il s'était vite lassé de ces allers et retours infernaux. Hermione avait alterné ouvrage sur les créatures magiques avec abécédaire sur les sorts et métamorphoses, en espérant écarter son esprit de pensées plus lugubres. Le constat était mitigé : elle était parvenue à retenir l'essentiel des créatures magiques que comportait Poudlard mais elle avait dû abandonner le chapitre sur les sorts offensifs qui la ramenaient invariablement aux vociférations de l'ancienne figure maternelle des Black. Son petit manège lui avait permis d'éviter suffisamment les pièces communes mais elle regrettait de ne pas avoir profité du jardin pour se détendre. La jolie brunette abandonna son exemplaire sur un coin de la table de nuit et regarda l'heure. Il était presque dix-huit heures. Il ne lui restait qu'une heure de tranquillité avant de devoir descendre et manger en compagnie des deux hommes. Elle espérait que la journée avait eu son lot de péripéties pour que Rémus et Sirius lui épargnent une mise au point. « Une heure de tranquillité » songea-t-elle, tandis qu'elle était allongée sur son lit. Elle fixa le plafond et l'ensemble de la chambre. Quelques minutes passèrent… Puis Hermione soupira et se releva vivement. Cela faisait trop longtemps qu'elle était enfermée, elle avait besoin de prendre l'air. Tant pis pour la possible mise au point.
La porte de la chambre s'ouvrit sur la jeune femme qui descendait les escaliers. « Rien qu'un petit tour au jardin pour m'aérer l'esprit » pensa-t-elle alors qu'elle empruntait le couloir du rez-de-chaussée. C'est alors qu'une voix provenant de la cuisine vint la stopper.
"Hermione ?"
La jeune gryffondor grimaça mais se retourna tout de même.
"Oui ?
- Est-ce que tu pourrais me donner un coup de main ?"
Sirius était debout, face à la table de la cuisine. Un grand saladier était posé devant lui et à sa droite, un vieux papier journal chiffonné comportaient de lourdes poignées de haricots verts. La jeune femme quitta le couloir pour mieux pénétrer dans la cuisine. Elle leva les yeux vers son interlocuteur. Sirius lui désigna d'un coup d'œil la chaise à sa gauche.
"Qu'est-ce que je peux faire ? Demanda-t-elle poliment, en refusant de s'asseoir.
- Je me suis lancé dans l'écossage mais j'ai vu trop gros pour une seule paire de mains… Puis-je réquisitionner les tiennes ?" , lui répondit-il avec un sourire gêné.
Elle hocha la tête et se mit à sa gauche. Sirius lui tendit une autre feuille de papier journal où il disposa quelques poignées d'haricots. Tous deux se mirent au travail tranquillement.
"Je croyais que tu n'étais pas favorable à l'idée de se débrouiller sans magie pour ces choses-là ?", dit enfin Hermione, espérant le lancer sur un sujet qui ne lui serait pas pénible.
Sirius émit un sourire pincé, le regard fixé sur son travail.
"Certaines choses méritent qu'on le fasse par nous-même."
Hermione hocha la tête et reprit ainsi le cours de sa besogne. Des minutes passèrent sans qu'aucun des deux ne viennent perturber le silence. Hermione constata qu'elle aimait cette atmosphère paisible. Cela la changeait de Poudlard où chaque instant passé avec ses amis n'était qu'agitation et éparpillement. Bien sûr, ces moments avaient aussi leur charme et Hermione était heureuse d'avoir des compagnons pareils. Mais elle se surprenait à aimer davantage ces occasions de ne rien dire, et de seulement profiter d'une bonne compagnie. Son esprit la ramena à des souvenirs d'enfance qui la firent sourire.
"Ça me rappelle les vacances chez les grands-parents…", murmura-t-elle.
Sirius s'apprêtait à lancer une remarque narquoise mais se retint en voyant l'expression de sa compagne. Il continua plutôt de l'écouter.
"Souvent, l'été, mes parents me laissaient dans la maison de campagne avec mes grands-parents. Enfant, j'adorais y aller. Mon grand-père avait une collection impressionnante de livres d'aventure, plein de Jules Verne, de récits de grande exploration… Je faisais souvent du vélo là-bas, je traversais le village de part en part. Et puis j'aidais ma grand-mère à faire le repas. De petites choses simples. Mélanger les œufs à la farine pour un gâteau, couper les légumes, écosser les haricots…"
Hermione prit un temps, ses mains reposant sur la table de la cuisine. Elle esquissa un petit rire narquois.
"Je ne sais pas pourquoi je repense à l'écossage de haricots en particulier, c'est anecdotique…
- Je le faisais souvent aussi chez les Potter."
Elle leva les yeux pour faire face au grand brun. Sirius semblait lui-aussi perdu dans ses souvenirs.
"La cuisine était définitivement une affaire de famille chez eux… J'ai vite appris à participer à la tâche comme tous les autres.
- C'est généralement le moment où chacun se met autour d'une table et échange avec son voisin, affirma Hermione, songeuse.
- Oui, on en profite pour raconter sa journée, lancer des blagues à qui veut bien les entendre… Faire en sorte que la tâche passe plus vite."
La jeune femme hocha la tête. Elle reprit une poignée de haricots et recommença son travail.
"Ça me manque, avoua-t-elle.
- Où sont-ils ? Demanda Sirius, qui se contentait de la regarder.
- Décédés, dit Hermione, avec un temps. Depuis trois ans maintenant.
- Je suis désolé.
- C'est comme ça… Les gens viennent et nous quittent… Je les aimais beaucoup, finit-elle par déclarer avec émotion.
- Ma famille me manque aussi…" , avoua à son tour Sirius.
Hermione releva la tête vers lui. Elle savait pertinemment que par famille, il n'entendait pas les Black, mais bien celles et ceux qui l'avaient recueilli. La jeune femme se décala d'un pas vers lui.
"Certains sont encore là", murmura-t-elle dans sa direction.
Sirius la regarda à son tour. Le même sourire triste ornait leurs lèvres. Le silence se fit pendant quelques secondes, tous deux trop émus pour parler. Alors qu'Hermione sentait les yeux la piquer, la main de Sirius se posa un peu trop brusquement sur son épaule.
"Allez, on va pas se mettre à sangloter sur nos pauvres cosses d'haricots verts, manquerait plus que ça !" , lança-t-il avec un rire désabusé.
Hermione pouffa à son tour, et acquiesça. Elle devait bien le reconnaître : Sirius avait l'art de désamorcer une situation larmoyante. Tous deux reprirent une nouvelle fois leur travail et la séance d'écossage se conclut quelques instants plus tard. Alors que la jolie brunette passait une main sur le journal pour récolter les pertes, Sirius se rapprocha et prit la parole, le regard fermement ancré sur elle.
"Je sais ce que tu as éprouvé, Hermione. Je l'ai ressenti aussi, à ton âge, lorsque je vivais ici… Je ne te forcerai plus à me parler de ça si tu n'en as pas envie. Mais quand tu seras prête à le faire, et tu le seras, je le sais… Quand tu seras prête, je serai là."
Hermione sentit son cœur dégringoler dans sa poitrine. Ses mains laissèrent de côté le papier journal, secouées de tremblements. Le ton si sérieux, si assuré de Sirius l'ébranlait plus qu'elle ne l'aurait pensé. Il ne fit pas le moindre geste pour s'éloigner d'elle. Hermione releva enfin les yeux vers lui pour souffler, le cœur au bord des lèvres :
"Oui."
Car elle sut à ce moment-là qu'il avait raison. Un jour, elle se sentirait prête à lui parler de tout cela, des angoisses de l'avenir, des combats à mener. La jeune femme ne savait pas exactement ce qui lui faisait ressentir cela mais elle savait bel et bien qu'un moment viendrait où elle ferait un pas vers lui.
Tous deux se contemplèrent longuement, sans rien dire. Le cœur d'Hermione tambourinait dans sa poitrine et à en juger par le souffle fébrile de Sirius, ce dernier n'était pas en reste. Ce fut l'arrivée de Rémus qui fit disparaître cet instant féérique et hors du temps.
"Je peux assister les deux chefs ?" , leur demanda-t-il, plein d'entrain.
Le duo se retourna vivement vers lui. Hermione passa une main embarrassée dans sa chevelure indomptable, tandis que son cœur reprenait le cours normal de ses battements.
"Je pense que le plus gros est fait, Hermione m'a aidé à terminer, répondit Sirius qui semblait, lui aussi, un peu sonné.
- J'ai loupé le plus important on dirait ! Lança Rémus, déçu.
- Tu as raté une sacrée séquence mélodramatique, en effet", ne put s'empêcher d'avouer l'animagus avec un sourire amusé.
Sa remarque provoqua une moue narquoise chez la jeune Gryffondor et elle se proposa de mettre la table en compagnie du loup-garou. Ils dinèrent assez tôt, en échangeant sur leurs journées respectives. Hermione leur présenta l'essentiel du bestiaire qu'elle avait découvert dans son livre et les deux hommes poussèrent des exclamations effarées lors de l'évocation de certaines créatures présentes sur le site du château.
Une ambiance apaisée régnait à table entre les trois comparses. La soirée se prolongea avec quelques jeux de cartes où Sirius s'illustra magistralement à chaque manche. Rémus et Hermione, excédés par la veine de leur ami, et par le sourire diabolique qu'il affichait, décidèrent de demander une trêve. Tous trois quittèrent le salon et se dirigèrent vers les escaliers.
"Bonne nuit Rémus.
- Bonne nuit Hermione, dors bien…
- Et bonne nuit… vicomte à la manche dorée", glissa-t-elle, narquoise, à l'adresse de son compagnon.
Sirius jappa de rire et esquissa un clin d'œil dans sa direction.
"Bonne nuit Hermione. Je suis sûr que tu prendras ta revanche très bientôt."
Puis il la salua d'un hochement de tête et monta se coucher.
Hermione l'observa gravir les escaliers et attendit qu'il disparaisse de sa vue pour regagner sa chambre. Elle ferma la porte derrière elle et se dirigea vers son armoire. Son reflet portait encore la marque de ses cernes mais il avait aussi une teinte colorée sur ses pommettes. La jeune femme enfila son pyjama et éteignit la lampe de chevet, sombrant cette fois-ci dans un sommeil sans rêves.
