Alors attendez, Thomas voulait qu'on lui réexplique la situation, le contexte. Que quelqu'un se glisse jusqu'à son cerveau et y remette la lumière à tous les étages. Parce que Tommy semblait subir un violent court-circuit.
Comment la purée était-elle arrivée jusqu'à lui, sérieusement ? Comment pouvait-elle dégouliner le long de son sweat bordeaux ? Glisser doucement sur ses cheveux pour venir s'égarer sur son visage ? Il la sentait contre son front, l'odeur remontait agréablement jusque dans son nez et le sel venait tout de même lui brûler les yeux. Ne devrait-il pas la sentir uniquement dans sa bouche comme une personne lambda ? Que pouvait-elle bien foutre sur le reste de ses membres ?
Et son sweat. Son sweat fétiche, préférée, porte-bonheur. Celui des jours de bonheur et des jours gris. Celui avec qui, il avait tout affronter.
— Qui a osé ? siffla-t-il enfin, à l'attention de toute la cantine la colère commençant à déborder.
Même Minho ne pipa mot et ne tenta pas de reprendre une nouvelle bouffée d'air. Mourir par manque d'oxygène semblait bien moins douloureux que le sort que Thomas réservait au malotru : sans aucun doute un égorgement rapide et efficace, bien placé qui plus est. Alors, si même le meilleur-ami de Thomas était peu enclin à ouvrir la bouche, aucun élève du réfectoire n'osa vouloir prendre la parole même pour dénoncer celui qui ne semblait avoir peur de rien.
Il fallait dire que les têtes étaient incroyables aussi, quelque chose entre le mélange de la surprise, de la peur et de la moquerie. Sauf pour un, le fautif évidemment. Celui qui se tenait dans son coin, tranquillement et pas le moins du monde impressionné par l'aura menaçante qui entourait progressivement le brun. Peut-être qu'il se retenait suffisamment, en plus d'avoir saloper son sweat il pourrait s'en sortir indemne ?
— Je répète, réitéra le brun essayant de garder encore un peu de son sang-froid, qui a osé ?
Il était évident qu'il savait pertinemment qui avait osé. Et d'ailleurs, tout le savait … Chacun savait qui avait été assez fou, assez cinglé et suicidaire ici pour faire ça. Il était le seul à pouvoir, ou bien se donner le droit plutôt, de réaliser une action aussi folle que désespérée. Le seul à pouvoir mettre Thomas Edison dans cet état de colère brut.
Thomas attendant patiemment que ledit suicidaire ouvre la bouche pour lui tomber dessus, pour l'incendier, le traîner dans la boue. Puis, il le tuerait à l'aide de la plus douloureuse et lente des tortures qui pouvait bien exister aux vingt-et-unième siècle. Le brun n'attendait que ça, n'attendait qu'un signe de la part d'Isaac Newton. Qu'il ouvre juste la bouche, dans le seul but de rire de son idiotie ou qu'il lâche juste un « moi ».
Qu'il se dénonce.
Et à l'étonnement de tous, Newt osa rire. Plutôt qu'un « moi » sonore et provocateur, Newt avait, semble-t-il, préféré rire d'un son cristallin et clair. Un rire si joyeux qu'il avait tiré un petit nombre de sourires, avant qu'ils ne se reprennent tous rapidement devant la mine renfrognée de Thomas.
Le blondinet tentait par tous les moyens de retrouver une respiration normale, avant de se prendre une rouste par son ennemi juré, mais il en avait bien du mal. Il suffisait qu'il pense à combien Thomas affectionnait ce sweat pour que son rire reparte de plus bel. Parce qu'il savait à quel point Tommy l'aimait, à quel point Tommy y tenait … Il savait même pourquoi le brun y était attaché : parce qu'il était celui qui lui avait offert. C'était son sweat fétiche depuis que Newt lui avait offert un soir d'hiver lors de leur année de collège. Depuis lors, Thomas le portait le plus souvent possible : il l'avait sur le dos lorsqu'ils s'étaient embrassés pour la première fois. Il l'avait noué autour de sa taille, le soir où ils avaient franchi le cap pour leur première fois mutuelle. Comme un idiot, alors qu'il faisait une chaleur à en crever et qu'il allait transpirer, il l'avait porté pour un concours d'athlétisme et Thomas avait remporté la première place. La semaine où Newt avait perdu son portable alors qu'il était en vacances où il ne savait plus où, c'est avec ce sweat que Tommy était venu le retrouver à l'aéroport, en panique de ne plus avoir de nouvelles. Il le portait sans cesse que le blondinet avait parfois du mal à concevoir que le brun ne le mette à laver et pourtant, il sentait toujours bon, était toujours aussi doux et ne comportait jamais une seule tâche. Et … C'était avec ce même sweat que Thomas avait essuyé ses larmes, encaissant douloureusement le fait que Newt le plaquait comme un malpropre, comme un type qu'il n'avait jamais aimé.
Newt voulait détruire ce sweat et tout ce qu'il pouvait bien représenter. Il désirait montrer à Thomas que ce vulgaire morceau de tissu ne valait définitivement plus rien, que tout était bel et bien enterré et qu'aucun retour en arrière n'était possible. Qu'eux ne valaient plus rien.
Thomas arriva à la hauteur de Newt, et le reconnecta à la réalité : après la destruction de ce sweat, il était celui qui allait se faire détruire dans quelques instants. Le blondinet pouvait sentir toute la haine que lui portait le brun alors que celui-ci ne faisait que le toiser, le surplombait de toute sa grandeur. Il déglutit péniblement.
Le plus vieux se décida enfin à attaquer. En un mouvement rapide, il avait agrippé le col de la veste de Newton qui ne s'y attendait pas. Peu importe qu'il se mette à lui sommer de le lâcher, Thomas le traîna hors de la cantine, uniquement animé par la colère.
— Lâche-moi, sale tocard ! vociféra le blond. Thomas, lâche-moi !
— Tu la fermes, Newt, asséna le brun, ou je le fais moi-même.
Le silence lui répondit, le plus jeune semblait avoir compris qu'il avait été trop loin cette fois. Et quand bien même c'était l'effet qu'il avait recherché … Il ne s'attendait pas à avoir Thomas dans cet état. Le son de sa voix, son regard et son corps entier n'était qu'haine, énervement et déception et tous ces sentiments négatifs semblaient converger droit vers sa personne.
Et puis, il aurait dû s'en douter qu'en lui salopant son sweat, il ferait dégoupiller la grenade humaine qu'était devenu le brun depuis samedi matin. Mais c'était juste parce qu'il n'avait pas le courage d'affronter Thomas, de lui fournir des explications, qu'il avait fui … Sinon comment aurait-il pu lui expliquer le pourquoi du comment ils étaient à poil dans le lit, pourquoi alors qu'il était parfaitement sobre n'avait-il pas tenté de les arrêter ? Autant de réponses que le blondinet n'était pas encore prêt à fournir, il ne se sentait pas apte à jouer la carte de l'honnêteté aujourd'hui aussi.
Un jour, il le regretterai réellement. Newt s'en doutait, mais il était désespéré et complètement perdu qu'il n'arrivait pas à savoir, à déterminer vers qui il pourrait bien se tourner ? Qui pourrait bien le croire, qui lui proposerait son aide ? Certainement pas Tommy.
— Aïe ! gémit-il.
Thomas venait de l'envoyer valser contre un mur extérieur de lycée, raccrochant son esprit avec la réalité. Peut-être qu'il avait le dos broyé, mais l'expression faciale qu'arborait son aîné lui brisa le cœur. Bordel, bordel, bordel. A quel point avait-il merdé ? Et jusqu'où irait-il, bon sang, avant de prendre la décision de tout arrêter, avant de prendre la décision de tous les affronter ?
En quelques secondes, il remarqua le poing de Thomas qui se serrait à s'en faire blanchir les jointures pour venir s'écraser contre sa mâchoire. Putain, qu'est-ce que c'était douloureux, surtout quand sous la force de l'impact sa tête tapa contre le béton. Est-ce que sa douleur physique égalait celle psychique de Tommy ? Est-ce que ce qu'il ressentait violemment se déversait de manière torrentielle aussi dans le cœur du brun ?
Merde, il ne pouvait même pas répliquer aux coups du plus vieux, parce qu'il aggraverait son cas et surtout parce qu'il était bien conscient de mériter tout ce qui lui tombait dessus, tout ce qui lui pleuvait au visage. Leur passé douloureux commun, les trop nombreuses crasses qu'il lui avait offertes, son départ après leur nuit voler aux goulots de verre qui s'étaient enchaînés, et son attaque envers son sweat préféré … Newt avait conscience d'avoir largement dépassé les bornes, d'avoir abusé de la patience et de la gentillesse de Thomas.
— Tommy, arrête, marmonna-t-il, rouler en boule sur le sol.
— Non, putain ! hurla le brun hors de lui alors qu'il lui décrochait un coup de pied dans l'estomac. Depuis le début Newt, je prends sur moi. J'te laisse faire, je … Merde, j'agis avec toi comme si tu ne m'avais jamais fait de mal et tu continues de m'emmerder !
— Est-ce que t'as vu mon mot ? tenta tout de même le blond.
— Ton mot ? Non mais tu rigoles, rit amèrement son aîné. Ton mensonge plutôt, tu m'prends vraiment pour un con.
Il aurait dû s'en douter … Se douter que Thomas réagirait de cette façon, se douter que Thomas aurait la sensation d'être encore pris pour un idiot. Mais il n'en était rien, ce qu'il avait écrit, ce qu'il lui avait laissé, c'était la vérité ou du moins une petite partie. Lui laisser cette note lui avait demandé un courage colossal, une violente bataille intérieure contre lui-même. Parce que samedi matin, dans les bras de Thomas il avait senti ce désir de vérité lui prendre les tripes, il s'était senti à deux doigts de tout lui confier.
Bordel, depuis deux ans il se battait dans l'ombre pour Thomas et peut-être un peu pour lui aussi. Comme un dément, il s'empêchait de se laisser abattre, pour préserver son Tommy, ce mec qui lui revenait de droit, ce type qu'il avait foutu en miettes deux ans auparavant parce qu'il n'avait pas eu le choix.
— J'étais sérieux dans ma note, Thomas, j'te le jure.
— Tu le jures ? cracha son vis-à-vis. Faut-il que je te rappelle ce que tu avais juré au sujet de notre relation ?
Non, pas besoin qu'il ne le lui rappelle, Newton s'en souvenait parfaitement. Bon sang, si seulement le brun savait, connaissait la vérité.
— Maintenant, reprends ton mot et démerde-toi pour les cours de soutien. Invente un mensonge qui tienne la route. Je suis sûr que tu sais faire ça et fais-en sorte de ne pas m'attirer d'ennuis, compris.
Est-ce que Thomas était de nouveau en train de lui glisser entre les doigts ?
Un dernier coup de pied dans son ventre finit de l'étaler complètement au sol, et il essaya de reprendre sa respiration malgré la douleur qui le tiraillait de part et d'autre. D'un instant à l'autre, Edison ferait demi-tour. De nouveau il partira sans connaître la vérité, mais s'il n'avait même pas accepté ce petit morceau de papier qui contenait des indices, comment pourrait-il accepter toutes les explications qu'il se sentait enfin prêt à lui fournir ?
— Ne m'approche plus, siffla-t-il en lui jetant au visage le morceau de papier blanc, rouler en boule.
Fermant les yeux, il écouta les bruits de pas de Thomas s'éloigner de lui. Visiblement, ça n'était pas aujourd'hui qu'ils recolleraient les morceaux entre eux, ni demain. Pourtant il avait cru pouvoir, il avait eu l'espoir fugace qu'aujourd'hui était le jour où tout s'arrangerait, le jour où il arrêterait d'affronter cette merde tout seul. Enfin, il partait peut-être avec deux cent cinquante points en moins, mais tout de même, l'espoir l'avait à petit peu gagné avec leur nuit commune de samedi.
Bon sang, il était si contradictoire avec lui-même.
Doucement, Newt ramassa le mot qui traînait sur son torse, le lissa un peu parce que tout de même, Thomas s'était bien défoulé dessus. Il avait dû passer ses nerfs sur la feuille un peu comme il venait de le faire avec lui. Dans un mouvement difficile, il se redressa un peu pour prendre appuie sur le mur, et laisser sa tête y reposer. Cette journée était une catastrophe, un fiasco total … Il était hors de question qu'il se lance à la poursuite du brun, il avait assez donné pour aujourd'hui et sûrement pour la semaine à venir.
Le bruissement du vent qui lui fouettait le visage le calma, apaisa ses douleurs physiques. Bercé par le piaillement des oiseaux et des bruits de moteurs, il ferma les yeux et laissa Morphée lui mettre le grappin dessus. Le coin était bien trop reculé pour que quelqu'un ne vienne le trouver ou l'emmerder, Thomas avait vraiment bien choisi. Il avait toujours eu le chic pour dégoter les meilleurs endroits isolés.
Un peu plus de deux ans auparavant.
Le samedi était sans aucun doute le jour préféré de Newt. Pas parce qu'il correspondait au premier jour de week-end et qu'il avait pu passer sa nuit sur une série ou le dernier jeux vidéo, ni-même parce qu'il pouvait passer toute sa matinée au lit sans se sentir coupable d'arriver en retard en cours comme n'importe quel mec de son âge. Pas non plus parce qu'il pouvait passer sa soirée vautré dans son canapé avec une bonne pizza pendant que ses parents s'absentaient pour une énième sortie.
Non, les samedis du blondinet étaient plus particuliers que cela.
Thomas venait.
Thomas et ses cheveux bruns qui lui tombaient un peu devant les yeux quand Newt ne les coupait pas assez régulièrement. Thomas et ses yeux couleur whisky, qui brillaient au sol et qui étincelaient chaque fois que leur regard se croisait. Thomas et ses petites tâches de rousseurs qui couraient le long de ses joues. Thomas et sa bouche, si attrayante lorsqu'il se mettait à lui sourire et si gourmande quand ils s'embrassaient. Thomas qui depuis si longtemps était devenu le centre de son univers, égayait sa vie et ses journées. Il se sentait si important pour lui et c'était bien plaisant, cette confiance mutuelle, cette complicité et cette simplicité entre eux.
C'est pour cela que les samedis de Newt étaient spéciaux, parce que Thomas Edison son aîné s'arrangeait pour les rendre uniques.
Tous deux avaient pris cette décision de se voir le samedi pour se laisser le temps de bûcher sur leur devoir le vendredi soir, de passer un peu de temps avec leur famille ou bien de sortir avec leurs amis. Et le samedi treize heure tapante, Thomas se faisait un malin plaisir de venir écraser violemment son poing contre la porte et faire crier la sonnette à travers toute la maison alors même qu'il avait conscience de la présence de Newt juste derrière la porte bien avant que treize heure n'arrive.
Quand ils étaient ensemble, ils ne s'encombraient pas avec des sorties inutiles. Comme des tas, ils se posaient dans la chambre de Newt, plus précisément son lit et se laissaient envahir par la masse d'oreillers que le blondinet possédait. Ensuite, ils enchaînaient sur un peu de tout : parties de jeux-vidéos, films ou séries, longues discussions au cours du repas. De temps en temps, ils se donnaient un coup de main pour les devoirs, enfin c'était surtout Thomas et ses un an de plus qui venait en aide à Newton et ses lacunes. Le plus jeune, lui, s'amusait juste à faire réviser le brun, des baisers en récompense aux bonnes réponses.
Ils n'avaient pas besoin de plus, juste être ensemble leur suffisait.
Mais ce samedi était différent des précédents. Cette fois, Newt se tenait devant la grande maison de Thomas et dansait d'un pied à l'autre, mal à l'aise. Il avait beau savoir que la famille de Tommy était absente, il suffisait d'un oubli et alors il rebroussait chemin pour les découvrir l'un dans les bras de l'autre. Quand bien même ils en avaient parlé ensemble et qu'il sache que la famille de son copain n'opposait aucun problème de ce genre, Newt avait dû mal à y croire à cause de sa propre famille, notamment son père.
Remontant les bretelles de son sac à dos, le plus jeune s'empressa d'éclater de son dos la sonnette de la maison du brun, juste avant de se dégonfler comme un ballon crevé. Il y voyait là une petite vengeance personnelle : Thomas avait souvent martyrisé la sienne après tout.
La porte s'ouvrit à la volée, laissant apparaître le brun et son grand sourire qui lui mangeait tout le visage. C'est sans aucun doute parce que Newt l'avait dans la peau, mais il lui semblait que l'autre garçon rayonnait.
— Salut toi !
— Salut, répondit simplement Newt décrochant ses écouteurs de ses oreilles.
Thomas lui attrapa son bras libre – celui qui ne tentait pas de ranger ses écouteurs – et le tira brusquement vers son torse. Rapidement, Newt sentit la tête du brun s'échouer dans son cou et ses bras serpentaient autour de sa taille.
— Je vais venir chez toi plus souvent si j'ai cet accueil à chaque fois …, marmonna le blond ses mains dans la nuque du brun.
— Comment tu vas faire pour venir chez moi si je ne te laisse pas repartir ?
Newt rigole tandis que Thomas les entraîne vers l'intérieur de la maison, sans jamais le lâcher. Il referme même la porte d'entrée d'un petit coup de pied dedans et le sac à dos du blondinet percute doucement la surface de cette dernière.
— Alors, commence le brun attrapant tour à tour les bretelles pour les faire glisser le long des bras de Newt, qu'est-ce qu'il se passe ?
— Simple dispute avec ma mère.
— Mensonge, sourit Thomas en laissant son sac glisser au sol.
Bon, peut-être que détourner ses yeux n'aide pas à être convainquant.
— Dis-moi tout, ajouta-t-il en se débarrassant de son bonnet noir.
— C'est Rachel, capitula Newt.
Il n'allait pas essayer de lui mentir plus longtemps. Thomas le connaissait si bien et savait user de ses points faibles pour arriver à ses fins … Il comptait bien esquiver l'attaque sauvage de chatouille.
— Qu'est-ce qu'elle a encore fait celle-là ?
La main du brun glissa sous son sweat, lui arrachant un frisson. Ses doigts s'amusaient à effleurer sa peau un peu partout, lui donnant l'impression de fondre progressivement.
— Les mêmes crises que d'habitudes … Elle hurle dès que ma mère a le dos tourné. Je ne suis pas assez là pour elle, je suis un garçon horrible et puis tout ce qui va avec.
Les sourcils du plus vieux se froncèrent à l'attente de son explication. Si Newt avait fini par s'habituer à ce genre de remarque, Thomas avait toujours du mal à passer outre et à calmer ses pulsions d'aller lui expliquer sa vision des choses. « Newt, un garçon horrible ? » qu'il dirait en le pointant du doigt, « Non mais tu débloques, c'est la personne la plus formidable et courageuse que je connaisse ! ». Là, ses yeux whisky lanceraient des éclairs quand il terminerait par un « La prochaine fois que Newt me raconte quelque chose comme, je ne serais pas aussi gentil. »
— Je sais très bien à quoi tu penses, marmonna Thomas gêné. Et tu sais très bien ce que je pense d'elle et de ses paroles.
Bien sûr qu'il savait. Rachel, sa cousine, était beaucoup trop possessive avec lui et trop autoritaire. Elle supportait mal le fait qu'il aille passer du temps chez le brun et elle détestait se faire mettre à la porte le samedi lorsqu'il prétextait que c'était leur après-midi jeux – à Thomas, Minho et lui. D'ailleurs, son aîné adorait la qualifier « d'obstacle », parce que Newt et lui arrivaient à l'affronter à merveille jusqu'à présent. Mais une petite part de haine envers elle subsistait chez le brun, parce qu'elle parlait à Newt d'une manière horrible et qu'il le récupérait contrarié comme jamais.
— Tommy, tu n'aurais pas oublié quelque chose, bouda Newt.
Il était préférable de changer de sujet avant que Thomas ne se trouve l'audace de débarquer chez lui pour remettre les points sur les i avec Rachel.
— Hum …, j'ai acheté des pizzas au chèvre et ton oasis. Changer les draps ce matin et j'ai fait mes devoirs hier soir, énuméra le brun conscient d'emmerder le blondinet. Oh et j'ai même trouvé ce film que tu voulais absolument voir.
— Et ?
— Et évidemment, j'ai pensé à tes Kinder !
— Je parlais de mon bisou, Tommy, pas de nourriture, marmonna le plus jeune agacé.
Le brun étouffa un rire moqueur en constatant les joues gonflées de son protégé. Mais Newt eut tout de même le plaisir de voir sa requête se faire accepter, quand Thomas se pencha enfin vers lui et que leurs lèvres se rencontrèrent. Naturellement, les mains du plus jeune trouvèrent refuge dans les cheveux trop longs du brun et ils rattrapèrent le temps perdu de cette semaine. N'ayant annoncé à personne leur mise en couple, ils se contentaient de baiser volé à droite et à gauche, le tout à l'abri des regards indiscrets.
La décision de se cacher des autres, avait été le résultat d'une de leur longue discussion sérieuse. Même Minho leur meilleur-ami commun n'était pas dans la confidence, étant un vrai boulet il serait bien capable de lâcher le morceau sans le faire exprès. Pour l'instant, ils souhaitaient préserver encore un peu leur intimité … Juste encore un peu. Parce que se retenir le reste du temps commençait à devenir douloureux, et surtout la possessivité de chacun se réveillait de plus en plus. Surtout chez Thomas, qui commençait un peu trop à prendre en grippe les filles qui osaient lui faire du rentre dedans. Encore un peu et tout le monde le saurait.
Mais c'était sans compter la tâche d'ombre sur ce si beau tableau.
Quelque chose d'aussi désagréable que ce rêve lui tripotait la jambe. Merde, on aurait dit qu'un truc voulait, souhaitait lui trouer le bras. Et si jamais, il ouvrait les yeux et tombait sur le bec d'un oiseau qui le prenait pour un vulgaire morceau de nourriture laissée au sol pour se décomposer, Newt jurait qu'il allait hurler et lui refaire le portrait.
Ouvrant courageusement un œil et se redressant en même temps, le blondinet souffla de soulagement quand il n'aperçut pas de bec à l'horizon ni d'oiseau sur son épaule. En revanche, un gémissement de douleur se fraya rapidement un chemin à travers ses lèvres. Le petit passage à tabac qu'il avait subi gratuitement de Thomas lui était complètement sorti de l'esprit pendant sa petite sieste. Il avait le flanc droit douloureux, sûrement qu'il écoperait d'un joli bleu qui viendrait décorer sa peau blanche, sans parler de sa mâchoire qui lui lançait dès qu'il respirait. Bon sang … Tommy avait un sacré crochet.
— J'en connais un qui vient de passer un sale quart d'heure.
Oh. Alors s'il y avait bien quelqu'un sur qui il ne désirait pas tomber – après Thomas évidemment, mais aucune chance qu'il ne rebrousse chemin pour un autre tête à tête – c'était bien Minho. Mais bon, ces derniers temps la chance ne lui souriait plus tant que cela …, elle semblait même prendre un malin plaisir à le fuir et tout faire pour qu'il se noie dans un océan de problème insolvable.
— Pars devant Min, j'te rejoins.
— C'est ce que tu lui as dit à Thomas, quand tu l'as largué ?
Quoi ?
— Qu'est-ce que tu viens de dire ?
