/!\ Disclaimer : La série ne m'appartient pas et j'écris pour le plaisir. Je ne touche évidemment pas d'argent.
Le lendemain Bosco tint sa promesse et vint la chercher pour l'emmener à la Pitié, et respecta son silence sur le trajet. La vérité c'était que Faith était terrifiée. S'il y avait quoi que ce soit d'anormal, quelque chose qui aurait pu – dû – être repéré plus tôt au cours de sa grossesse, elle ne pourrait rien y faire. Bien qu'elle ne soit pas croyante, elle pria pour qu'on ne lui annonce pas que pendant ces cinq derniers mois son bébé avait souffert en silence, parce que si tel était le cas, elle ne se le pardonnerait jamais.
« Prête ? lui demanda Bosco après avoir coupé le moteur. »
Faith inspira profondément puis hocha la tête doucement. Non, elle n'était pas vraiment prête. Elle était au contraire morte de trouille. Mais avait-elle vraiment le choix ? Bosco fit le tour de la voiture et vint lui prendre la main, tout naturellement, sans hésitation et, si elle aurait dû dire quelque chose, elle ne le fit pourtant pas. Il y avait quelque chose de rassurant dans la sensation de la main de Bosco dans la sienne, un mélange de douceur et de fermeté, et une chaleur apaisante. Elle se sentait en sécurité. Elle sut, à cet instant, que si elle devait s'effondrer Bosco serait là pour la rattraper.
Ils passèrent les portes de l'hôpital et se rendirent directement à l'accueil. Le personnel n'était pas le même qu'aux urgences, mais la plupart les connaissaient déjà. La fusillade de l'hôpital, même si cela remontait déjà à quelques temps maintenant, avait marqué tout le monde et la relation entre le personnel médical et les équipes de la 55e n'en étaient que meilleures.
« Vous voir ici tous les deux, ça rappelle des souvenirs, commenta l'une des infirmières quand ils s'approchèrent.
- On vous a manqué ? plaisanta Bosco.
- Faith plus que toi, en tout cas.
- Outch. »
L'échange les fit rire tous les deux, mais Faith ne parvint qu'à leur offrir un léger sourire.
« J'ai rendez-vous avec le docteur Moretti à 9h45, signala-t-elle.
- Pour une échographie, c'est bien ça ?
- Oui.
- D'accord. Allez en salle d'attente et je vais faire prévenir le médecin.
- Merci.
- Par contre Bosco tu devras rester là-bas.
- Non, il doit être là, répliqua-t-elle. Puis, presque à contre-cœur elle révéla : C'est le père de mon bébé, il doit être là.
- Oh, d'accord. Bien sûr, dans ce cas. »
L'ancien duo s'éloigna en direction de la salle d'attente, Bosco derrière Faith.
« Désolé, fit-il.
- Pourquoi ?
- Que cette situation te mette mal à l'aise.
- Ce n'est pas… commença-t-elle avant de prit le temps de s'asseoir sur l'un des sièges de la salle d'attente avant de se tourner légèrement vers lui : Je n'ai pas honte, Bosco. Je n'aime juste pas l'idée de leur donner matière à commérer dans notre dos. Ce sont peut-être de chouettes filles, mais tu sais comment sont les gens. On a les même au poste. »
Bosco hocha la tête mais ne répondit rien, alors elle insista.
« Je n'ai pas honte de porter ton enfant, Bosco.
- Non ?
- Pourquoi est-ce que j'aurais honte ?
- C'est de moi qu'on parle.
- Justement. »
Elle se pencha vers lui et lui caressa la joue tendrement.
« Tu es mon meilleur ami et quelqu'un de bien, Bos'. Et je sais que quelle que soit sa vie, cet enfant aura le potentiel de devenir quelqu'un de bien aussi.
- Tu n'as pas peur que-
- Non. »
D'un seul mot, Faith balaya ses inquiétudes et les épaules de Bosco s'affaissèrent légèrement comme soulagées d'un poids. Elle pensait sincèrement ses propos. Si elle décidait de garder l'enfant après sa naissance, elle savait que Bosco s'impliquerait de la meilleure façon et ferait un bon père pour l'enfant en dépit des circonstances particulières dans lesquelles il ou elle grandirait.
Le médecin se présenta sur le seuil de la salle d'attente avant que Bosco ait pu répliquer quoi que ce soit.
« Madame Mitchell ?
- Oui, répondit Faith en se levant.
- Allons-y. »
Elle se tourna vers Bosco et lui tendit la main. Il se leva à son tour et la lui prit, percevant dans sa poigne ferme toute la tension de son corps malgré les traits sereins de son visage et le sourire poli qu'elle adressait au médecin. Il serra sa main un peu plus fort en retour et les suivit tous les deux jusqu'au bureau du médecin.
« Entrez, je vous prie, entrez et installez-vous.
- Merci. »
La première partie du rendez-vous consista simplement à faire un point sur la situation de Faith. Le médecin avait brièvement été mis au courant qu'il ne s'agissait pas d'une grossesse habituelle, mais l'homme était familier avec ce genre de cas, c'est pourquoi Proctor le lui avait recommandé.
Il prit le temps de la rassurer et de lui expliquer tout ce qu'il y aurait à faire, et d'écouter ses angoisses concernant de possibles anomalies ou problèmes de santé chez le fœtus. Bosco sembla surpris quand le médecin s'adressa à lui pour savoir s'il avait des questions et qu'elle l'encouragea d'un sourire. Comme s'il ne s'était pas attendu à ce qu'elle l'implique véritablement.
Pour la deuxième partie du rendez-vous, le médecin invita Faith à se déshabiller et à s'installer sur le lit d'observation. Bosco détourna pudiquement le regard, mais elle l'appela à ses côtés et s'accrocha littéralement à sa main durant l'examen. En vérité, ils s'accrochèrent mutuellement l'un à l'autre.
Bosco tressaillit lorsqu'ils entendirent pour la première fois battre le cœur du bébé. Celui de Faith se serra dans sa poitrine, mais plutôt que de regarder l'écran où l'ombre du fœtus se dessinait approximativement, elle regarda son meilleur ami. Ce dernier avait le regard rivé sur l'écran et écoutait les commentaires du médecin avec attention, repérant tour à tour la tête, les pieds et les mains du fœtus. L'expression de son visage était un mélange d'incrédulité et d'émerveillement, et ses yeux étaient brillant de larmes.
« Le sexe de l'enfant est visible, si vous souhaitez le connaître, les informa-t-il en déplaçant la sonde sur le ventre de Faith.
- Bos' ?
- Ouais ?
- Tu veux savoir ? »
Bosco lâcha enfin l'écran pour la regarder dans les yeux. Faith n'avait aucune préférence quant à connaître ou non le sexe de l'enfant. Elle avait refusé de le savoir pour Emily, voulant garder la surprise jusqu'au bout, mais pas pour Charlie. Mais cette fois-ci elle voulait laisser le choix à Bosco. Il s'agissait après tout de son premier enfant.
« Oui.
- On veut savoir, docteur, confirma-t-elle alors à l'homme en blouse blanche.
- Entendu. »
Il bougea de nouveau la sonde sur le ventre de Faith puisque le fœtus avait bougé à l'intérieur, puis s'arrêta.
« Comme vous pouvez le voir, on peut noter l'absence de pénis. Félicitations, vous allez donner naissance à une petite fille.
- C'est une fille ! Faith, on va avoir une fille !
- Je sais, répondit-elle en le regardant avec tendresse. »
La prenant par surprise, Bosco déposa un baiser sur son front et s'y attarda longtemps. Elle sentit une larme tomber sur son visage puis rouler le long de sa tempe. L'émotion de Bosco était si spontanée que ça lui faisait chaud au cœur.
Une fois ce détail réglé, il fallut passer à la suite des examens. Le médecin demanda à Faith ce qu'elle décidait à propos de l'amniocentèse sachant qu'il serait de toute façon trop tard pour faire quoi que ce soit si les analyses rapportaient une anomalie.
« C'est quoi une amniocentèse ?
- Ils prélèvent un peu du liquide amniotique dans lequel est plongé le bébé, comme pour une prise de sang, pour savoir s'il y a des déficiences génétiques.
- Pourquoi ce serait trop tard ?
- L'amniocentèse se fait normalement dans les première semaines, lui expliqua le médecin, afin de laisser au parent l'opportunité de terminer la grossesse en cas d'anomalie. »
Faith resta silencieuse un instant. Pour Emily et Charlie elle n'avait pas hésité à la faire et tout s'était bien passé. Elle aurait eu le choix, à l'époque, même si les croyances de Fred auraient peut-être été ébranlées au passage en cas de problème. Mais aujourd'hui, et sachant qu'elle n'avait clairement plus le même âge et que sa grossesse était considérée à risques de ce fait, elle n'était pas certaine de la marche à suivre. Que se passerait-il si le fœtus présentait une anomalie l'amenant à naître avec un handicap ou une maladie congénitale ? Valait-il mieux le savoir tout de suite et s'y préparer pendant les dernières semaines, ou ne rien savoir jusqu'au dernier moment et vivre dans l'angoisse ?
« Que décidez-vous ?
- Je… hésita-t-elle avant de chercher le regard de Bosco.
- C'est ton corps, Faith. Ta décision sera la mienne. »
Faith hocha la tête, à la fois reconnaissante de la confiance qu'il avait en elle et en même temps terrifiée à l'idée du fardeau à porter.
« Faites-la, finit-elle par dire.
- Entendu. Essayez de vous détendre, d'accord.
- Ouais… »
Faith reposa sa tête à plat et posa un bras en travers de ses yeux. Elle soupira. Tout était si compliqué, si stressant. Si on lui avait dit un jour qu'elle finirait par avoir un enfant avec son ancien partenaire, d'abord elle aurait ri, et ensuite elle aurait imaginé quelque chose de plus romantique, ou en tout cas de plus idyllique. Pas… ça.
Encore une fois, comme lorsqu'elle avait appris sa grossesse et dû l'annoncer à Bosco, elle avait cette impression coupable de lui imposer des choses qu'il n'avait pas demandé. D'abord un bébé, et ensuite tout un stress qu'il ne méritait pas. Il aurait mérité de connaître toutes ces premières fois pleines de joies, avec une femme qu'il aimait et avec qui il voulait fonder une famille. Aujourd'hui il se retrouvait embarqué dans une histoire compliquée avec son ancienne partenaire divorcée et loin d'être le genre de femmes qu'il fréquentait.
Bosco paniqua lorsqu'il vit la taille de l'aiguille nécessaire à l'amniocentèse, alors Faith prit sur elle et ravala ses propres angoisses, quelles qu'elles soient, pour le rassurer. La procédure ne prenait que quelques minutes et, même si ça ne serait pas agréable, le bébé lui ne sentirait rien.
Faith et Bosco quittèrent l'hôpital peu avant onze heure. Puisque les résultats ne seraient pas disponibles avant deux ou trois jours, ils n'avaient aucune raison de s'attarder.
« Tu veux aller manger un morceau avant de rentrer ? lui proposa Bosco en remontant en voiture.
- C'est gentil, mais je vais aller directement au poste.
- Le médecin a dit que tu ne devais pas faire d'efforts aujourd'hui.
- Bosco… Je vais bien, d'accord ? protesta Faith. Je peux retourner bosser. Si ça peut te rassurer, je serais prudente. »
Bosco hocha la tête mais ne répondit rien, le regard obstinément fixé sur la route. Faith comprit à sa mâchoire serrée qu'il n'approuvait pas, et pourtant il n'insista pas. Ce changement d'attitude chez lui, le fait qu'il ne cherche pas à lui tenir tête, la perturba plus qu'elle ne l'aurait pensé.
« Finalement manger un morceau n'est pas une si mauvaise idée que ça, après tout, déclara-t-elle alors, un peu timidement. »
Bosco lui jeta un bref regard, ne pouvant se permettre de quitter la route des yeux trop longtemps. Comme il ne disait toujours rien, Faith s'agita sur son siège.
« Je suis désolée, Bos'. C'est juste… je déteste me sentir maternée. Et je suis déjà suffisamment stressée comme ça…
- Désolé.
- De quoi tu t'excuses ? »
Bosco haussa les épaules. S'était-il vraiment excusé – lui qui admettait rarement d'avoir tort – parce qu'il pensait que c'était la bonne chose à faire ?
« Je vais passer au poste récupérer mes dossiers et je travaillerai de la maison, est-ce que ça te va ?
- Je serais plus rassuré, confirma doucement Bosco. »
Faith fit une légèrement moue et se laissa aller contre le siège. Il allait falloir qu'elle fasse des efforts elle aussi. Elle ne pouvait pas décemment demander à Bosco de s'impliquer auprès d'elle si elle l'envoyait balader à chaque fois qu'il osait émettre un avis. Il n'est pas Fred, lui rappela alors sa petite voix intérieure, et c'était la vérité.
Le problème, c'était que plus elle se penchait sur la question, et plus il lui était facile de s'imaginer construire quelque chose avec Bosco. Mais elle savait que ce n'était pas une pensée réalisable. Au mieux ils partageraient la garde d'un enfant, au pire le souvenir de ces quelques mois particuliers.
Alors ? =)