Chapitre 6 : Prélude au désespoir

Pendant que Meleoron éclairait le jeune Zoldick quant au revirement de comportement entre la femme chat et son ami Gon, ces derniers poursuivaient leur course effrénée vers la capitale du Golto de l'Est : Peijin. C'était au cœur d'une forêt bordant cette ville que les Hunters avaient établi leur cachette et c'est à cet endroit précis que Kaito était gardé. Le temps était venu pour Neferupitô de tenir la promesse faite à Gon de soigner son ami des terribles blessures qu'elle lui avait infligées par le passé.

« Je vois que tu commences à te plaire dans ton rôle de preneur d'otage Gon ! », toisa la femme chat en réduisant légèrement leur allure pour converser. Cette remarque tomba comme une masse sur les épaules du jeune Hunter qui la regarda d'un air défiant tout en ralentissant à son tour. « C'est toi qui m'as mis dans cette position la première je te signale ! », répliqua alors le jeune homme en faisant la moue. « En tout cas merci de leur avoir demandé de veiller sur Komugi. Même si c'est en tant qu'otage… », sourit Pitô en lui faisant un clin d'œil après sa dernière remarque.

« Je n'ai fait que leur demander de la surveiller tu sais ? », plaisanta-t-il en croisant ses bras sur sa poitrine d'un air fier. À cette réponse, la jeune femme chat éclata de rire. « Alors là je dois avouer que je vais de surprise en surprise avec toi ! Ton coup de bluff face à Pufu, ton numéro face à tes amis et maintenant ce petit mensonge… Tu es plein de ressource dis-moi ! », insinua-t-elle en le narguant du coin des yeux.

« Je n'ai pas menti, je ne leur ai juste pas tout dit. Je déteste les menteurs… », révéla-t-il en regardant le vide, sombre. Le temps de cette déclaration, l'atmosphère autour du jeune Hunter se fit plus lourde, voir oppressante. Ce trouble ne dura que quelques secondes avant de s'évanouir aussi promptement qu'il était venu. Au lieu de l'effrayer, cette tension passagère n'avait fait que renforcer l'intérêt de la femme chat pour le jeune homme. « C'est vrai tu as raison, excuse-moi », finit-elle par dire, un petit sourire au coin des lèvres.

« Mais en tout cas ne t'inquiète pas pour ça ! », se reprit Gon en lui souriant. « En plus de cette manière, ils étaient plus rassurés à l'idée de me laisser partir seul avec toi. Surtout Kirua… », raisonna-t-il en repensant à son ami aux cheveux d'argent. « Ce Kirua... c'est le jeune humain aux cheveux blancs qui t'accompagnait ? », demanda la femme chat avec intérêt. Avant leur départ, elle avait bien remarqué la confiance absolue semblant lier les deux amis et cela avait piqué sa curiosité. « C'est bien ça, c'est mon meilleur ami ! », affirma le jeune Hunter avec un grand sourire. « D'ailleurs, après tout ça, il faudra que je m'excuse auprès de lui. Tout à l'heure sous le coup de la colère je lui ai dit des choses terribles… », poursuivit Gon, en baissant les yeux.

« C'est ton meilleur ami donc je suppose que si tu t'excuses en bonne et due forme, il te pardonnera », rassura la garde royale d'un ton affectueux. La manière dont la femme chat tentait de le consoler toucha énormément le jeune homme, c'était curieux à dire mais il se sentait de plus en plus à l'aise en compagnie de son ennemie. « Tu as raison merci Pitô ! », répondit-il alors en lui faisant ce sourire ingénu dont il avait le secret.

Face à cette réaction, une vague de contentement déferla sur la femme chat si bien que sa queue commença à danser au grès de leur course. Ce remerciement l'avait emplie de tant joie que cela en devenait perturbant. « Pourquoi suis-je si heureuse d'un seul coup ? », songea-t-elle alors, décontenancée. Ne parvenant pas à trouver de réponse à cette question qui la taraudait, elle se contenta de lui rendre son sourire et de laisser un silence confortable s'installer entre eux.

Cela faisait seulement quelques minutes qu'ils avaient quitté le palais royal mais, au vu de leur vitesse prodigieuse, la ville de Peijin n'était déjà plus très loin. Face au paysage qui défilait sous leurs yeux, la garde royale se laissa aller à la nostalgie. Il est vrai qu'elle n'avait plus mis les pieds dans le secteur depuis qu'elle avait quitté le service de la reine à la naissance du roi. Le temps d'une courte rétrospective sur elle-même, la femme chat se rendit compte à quel point elle avait changé depuis cette époque lui paraissant lointaine maintenant. Au fur et à mesure qu'ils se rapprochaient de leur objectif, Pitô remontait le flot de ses souvenirs. Cependant, plus son comportement passé ressurgissait dans sa mémoire, plus une sorte d'appréhension gonflait en son for intérieur.

« Nous y sommes presque ! Notre cachette n'est plus très loin », annonça soudainement Gon alors qu'ils se trouvaient à l'orée d'une forêt. Ces paroles semblèrent ramener la femme chat dans le présent qui acquiesça en souriant. Alors qu'ils pénétraient dans cette zone boisée, un petit château commençait à se dessiner par-dessus la cime des arbres au loin. Il semblait comme perdu au milieu de ce labyrinthe de verdure.

Par ailleurs, si ce château paraissait petit de prime abord, c'était avant tout dû à l'immensité de la forêt qui l'entourait. Lorsqu'ils arrivèrent devant ses grandes portes, il parut tout de suite bien plus imposant. « C'est ici qu'on a gardé Kaito, il se trouve au sous-sol », indiqua Gon confiant en poussant les portes pour ouvrir la voie à Pitô. Cette dernière sourit face à cette attention et le suivit en silence alors qu'ils arpentaient les immenses couloirs de ce château.

Subitement, le téléphone se trouvant dans la poche de la garde royale se mit à vibrer. La femme chat fut surprise de recevoir un appel à un moment pareil et hésita d'abord à décrocher. Cependant son instinct de garde royale reprit immédiatement le dessus et elle le sortit. « Et si quelque chose était arrivé au roi ? », pensa-t-elle alors, affolée. Comme ressentant l'alarme chez la femme chat, Gon se tourna vers elle et la regarda d'un air préoccupé. Il suivit son regard et vit son téléphone vibrant dans ses mains, son instinct de Hunter lui indiquait que cela était mauvais présage mais il décida de passer outre.

De toute manière, il avait déjà choisi de faire confiance à Pitô et à sa promesse, sa priorité ne changeait pas et rester donc Kaito. Il lui tourna alors le dos, poursuivit sa route et creusa l'écart entre elle et lui. « Ne te torture pas davantage et décroche Pitô. Tu n'as qu'à continuer à me suivre », lui annonça-t-il sans se retourner. Cette nouvelle attention désorienta beaucoup la femme chat, il devait bien être conscient des risques qu'il prenait en lui accordant cet appel. Néanmoins elle tâcha de ne pas se questionner davantage et s'empressa alors de porter le téléphone à son oreille. « Je te revaudrait ça Gon », pensa-t-elle en observant le dos du jeune homme, l'esquisse d'un sourire aux lèvres.

« Maîtresse Pitô, c'est moi, Werefin. J'irai directement au cœur du sujet. Burovûda et moi avons récupéré la fille. Les bandits rodent toujours dans les parages. On s'est réfugiés au sous-sol. Je vous laisse l'écouter », termina le dénommé Werefin sans laisser la moindre place au dialogue. À l'entente de ces mots, tous les muscles du corps de la femme chat se pétrifièrent et la panique commença à s'emparer de son esprit. « Allô, maitresse Pitô ? C'est moi, Komugi. Je vais bien donc soyez tranquille », annonça la voix de la jeune fille à l'autre bout du fil.

« Entendu », répondit la garde royale d'un ton sec avant de raccrocher. Ce court appel l'avait bouleversée, nombre d'interrogations se multipliaient alors dans sa tête. Il s'agissait bien de la voix de Komugi au téléphone, elle en était persuadée. Pourtant, quelque chose clochait. « Comment ce lâche de Werefin aurait-il pu reprendre Komugi aux amis de Gon ? Même accompagné de l'autre écrevisse ! Pourtant on aurait bien dit sa voix à l'instant… Je n'aime pas ça », médita-t-elle, inquiète. Elle commença à accélérer la marche pour rejoindre Gon et finit par se demander si elle devait lui en toucher un mot, cela le concernait aussi après tout.

En réalité, elle avait parfaitement raison de s'inquiéter. Ce n'était pas Komugi qu'elle avait alors eu au téléphone mais un clone de Pufu. Ce dernier disposait d'une technique qu'elle ignorait, du fait de son pouvoir de scission moléculaire il pouvait reproduire n'importe quel organisme vivant et avait donc pu emprunter la voix de la jeune Komugi pour tromper son jugement. Le fait de passer par une autre fourmi chimère était une tactique afin d'éviter que sa camarade garde royale ne se méfie. Son but était simple, il voulait pousser Pitô à éliminer Gon en lui faisant croire qu'il n'y avait plus d'otage. Ainsi elle pourrait s'en prendre à lui sans craindre quoique ce soit pour la mission que lui avait confié le roi. Dans le même temps, il attendait bien entendu des intrus qu'ils éliminent Komugi en représailles suite à la mort de leur camarade.

Seulement, outre ce plan machiavélique, cet appel cachait un tout autre objectif. En effet il s'avérait que, par l'intermédiaire d'un clone resté au palais, l'homme papillon avait écouté la conversation entre Meleoron et Kirua. Il était donc au courant du rapprochement qu'il y avait eu entre sa camarade garde royal et le jeune humain dénommé Gon. Lorsqu'il s'était rendu dans la chambre des invités, il se souvenait avoir senti que quelque chose avait changé chez Pitô mais, à ce moment, il avait mis cela sur le compte de Komugi.

Cependant, après avoir entendu la conversation de leurs ennemis, il se rendit alors compte qu'il avait été totalement dupé. Il avait été mené en bateau non seulement par sa camarade mais aussi par ce misérable petit humain et cela l'enrageait au plus au point. À présent, il voulait donc tester la loyauté de la femme chat, ce qui donnait finalement à cet appel des allures de dernière sommation. « C'est ta seule chance de faire amende honorable Pitô… », avertit mentalement Shaupfufu sa camarade garde royale, un sourire machiavélique se dessinant sur son visage.

Pour en revenir à cette dernière, elle avait vite rattrapé le jeune Hunter. Tandis qu'elle marchait à son niveau, ses pensées étaient brouillées ce qui la rendait à la fois perdue et anxieuse. Si elle devait être franche, elle préférait savoir la jeune fille entre les mains des amis de Gon qu'entre celles de ses semblables. Elle prit alors une résolution et posa sa main sur l'épaule du jeune homme.

« Gon… je peux te parler un instant ? », requerra-t-elle d'un ton hésitant. Cette requête, mais surtout le timbre de voix de Pitô, inquiéta le jeune homme qui se retourna alors vers elle. « Oui bien sûr ! », répondit-il, intrigué. « L'appel que je viens de recevoir venait de deux soldats. Ils affirmaient avoir repris Komugi aux mains de tes amis. Ils m'ont même fait entendre sa voix au bout du fil… », termina-t-elle, les yeux rivés sur le sol.

Cette nouvelle sembla beaucoup étonner le jeune garçon mais, étrangement, il n'avait pas l'air abattu pour autant. « Lorsque j'ai passé mon examen de Hunter, je suis passé dans une forêt appelée le nid des escrocs. Certains de ses animaux était capable de prendre l'apparence et la voix des humains qu'ils rencontraient pour les tromper. Tu penses que la voix que tu as entendue pourrait être fausse ? », interrogea-t-il calmement.

Le sang-froid dont faisait preuve le jeune Hunter apaisa la femme chat, malgré son jeune âge il semblait avoir beaucoup d'expérience pour ce genre de choses. En regardant le jeune homme, alors en pleine réflexion, Pitô retrouva son calme ce qui lui permit de réfléchir plus posément. « Honnêtement je n'en sais rien mais c'était extrêmement ressemblant en tout cas », certifia-t-elle alors.

« Je vois… Pour être franc, tu vas peut-être prendre ça comme une excuse, vu que je t'ai demandé de te reposer sur moi et mes amis mais… Tu trouves pas ça louche toi ? », demanda-t-il en la regardant avant de poursuivre. « On n'est pas parti depuis très longtemps et ils auraient déjà réussi à reprendre Komugi ? Surtout qu'on parle de Knuckle et Kirua là. Si encore c'était face à un garde royal… », argumenta-t-il en se tenant le menton. Cette dernière réflexion fit immédiatement réagir Pitô. « Pufu ! », pensa-t-elle, les yeux écarquillés.

Après son comportement dans la chambre des invités, sa confiance envers l'homme papillon avait drastiquement baissé.« Si on y réfléchit bien, normalement aucun soldat ne devrait savoir pour la prise d'otage. Seuls les amis de Gon et Shaupfufu sont au courant. Et puis ce que dit Gon est juste, ça m'étonnerait que ces deux incapables aient pu réussir quelque chose comme ça. Pourquoi l'auraient-ils fait d'ailleurs ? », argumenta-t-elle en son for intérieur.

« Je pense que tu as raison Gon. Beaucoup de chose ne collent pas mais pourtant… », annonça-t-elle en serrant alors son poing. En la voyant ainsi, le jeune homme comprit que la femme chat ne pouvait se résoudre à se baser uniquement sur des éventualités. « Je comprends ton inquiétude Pitô. Je vais te conduire à Kaito et le temps que tu le soignes, je repartirais au palais royal pour assurer moi-même la sécurité de Komugi ! », s'exclama le jeune homme en la regardant avec détermination.

Cette proposition soudaine pris la jeune femme chat de court, elle le regarda alors avec les yeux écarquillés. « Tu ferais ça ? », demanda-t-elle comme pour vérifier s'il elle n'avait pas halluciné. « Bien sûr. Je t'ai dit que tu pouvais compter sur moi. Je la protégerai au péril de ma vie, tu as ma parole ! Et puis on se fait confiance non ? Donc autant se diviser les tâches ! », s'écria le jeune homme en lui souriant d'un air confiant.

« Définitivement, il ne cessera vraiment jamais de m'étonner… », rêvassa la femme chat en regardant Gon, les yeux doux. Depuis sa rencontre avec ce jeune homme, le monde de la fourmi chimère était comme éclairé d'une douce lumière à la fois chaleureuse et réconfortante. « Merci Gon… », finit-elle par lui dire d'une voix alors empreinte de douceur. Pour seule réponse, ce dernier lui sourit candidement avant de reprendre sa marche, la femme chat alors sur ses talons.

« C'est bon on y est ! », annonça Gon en tournant sa tête souriante vers la femme chat. Ils se trouvaient alors tous deux au sous-sol devant une double porte en bois. « Allons sauver ton ami ! », répondit-elle, confiante, en lui rendant son sourire. À cet instant, Pitô se sentait légère, un peu comme si elle se trouvait sur un nuage ou comme si des ailes lui avait soudainement poussé dans le dos. Gon acquiesça de la tête, ouvra les portes de la pièce en grand et y entra la garde royale lui emboita le pas avec une assurance rare. Malgré cela, lorsque cette dernière posa son regard sur l'homme à genou se trouvant à l'autre bout de la pièce, son cœur rata un battement et commença à se serrer dans sa poitrine.

Le choc de cette vision fit remonter d'un seul coup le souvenir de ce jour dans sa mémoire. Elle se remémora sa rencontre avec le dénommé Kaito elle se souvint leur combat intense et finalement, elle se rappela assener le coup de grâce à ce dernier. À présent si le corps de Kaito se mouvait encore, ce n'était que grâce à la capacité de marionnettiste de la femme chat, il n'était plus qu'un pantin sans le moindre souffle de vie. « Tu te souviens maintenant ? C'est vrai que tu l'as pas mal amoché mais avec ton Docteur Blyth tu n'auras aucun mal à la remettre sur pied, pas vrai ? », lui demanda le jeune homme en la regardant avec une confiance semblant absolue.

En voyant cette confiance infinie dans le fond des yeux du jeune homme, la femme chat eut l'impression que tout son monde s'effondrait brusquement sous ses pieds. Pitô baissa la tête, les oreilles ainsi que sa queue et se mordit la lèvre inférieure. « Ne me regarde pas comme ça Gon, je ne le mérite pas… », pensa-t-elle le cœur serré, sans même avoir conscience des larmes commençant alors à franchir la barrière de ses yeux. « Je me souviens bien, c'était bien toi qui l'accompagnais ce jour-là. Le jour où… je l'ai tué… Je suis désolée Gon », restitua-t-elle la voix basse et la gorge serrée. À ces mots, elle dissipa le Nen qui maintenait Kaito encore debout et ce dernier initia alors une lente chute vers le sol, sans la moindre résistance.

Les paroles de la garde royale firent écho dans l'esprit du jeune homme, il sembla alors voir le monde au ralenti. Il vit les larmes de Pitô coulant doucement sur ses joues puis porta alors son regard sur le corps inerte de son ami Kaito. « Menteuse… », pensa-t-il froidement. Lorsque ce songe frappa pleinement la conscience du jeune Gon, son aura afflua, l'atmosphère dans la pièce devint écrasante et la température y chuta radicalement. La femme chat se trouva murée dans le silence comme insensible ; elle semblait complètement brisée alors que le spectre d'une mort imminente paraissait frapper à ses portes.

Fin du sixième chapitre

Et c'est sur ce suspens que se termine le sixième chapitre de "Meilleurs ennemies" ! J'espère qu'il vous aura plu autant qu'à moi ! J'en profite pour remercier une fois encore les personnes qui suivent ma fanfiction, il s'agit de ma toute première donc cela me fait énormément plaisir de la savoir suivie par un public de plus en plus large.

Sinon, comme promis, Gon et Pitô étaient bel et bien de retour cette semaine. Même si on peut dire qu'une ombre se profile sur leur joli tableau !

Pour en savoir davantage, je vous dis à la semaine prochaine pour le prochain chapitre qui s'intitulera "Le plus beau des papillons n'est qu'une chenille habillée" !