[Chapitre 6]
Assis à la table de Grimmaurd Place, Charlie fixait le morceau de papier qu'il avait ramassé sur le sol des toilettes du parc moldu où ils avaient trouvé Harry Potter, inconscient. Il était assis et regardait le papier tout en sirotant une bière au beurre depuis qu'ils étaient rentrés, il y a plus d'une heure. Leur arrivée, qui avait interrompu une réunion de l'Ordre, avait provoqué un pur chaos lorsque tout le monde avait repéré le jumeau Potter, saignant abondamment et inconscient. Le seul avantage était que Severus et Poppy étaient déjà là et avaient immédiatement pu passer à l'action. En quelques secondes, ils avaient emmené le garçon dans une chambre à l'étage pour se mettre au travail, Liam à ses côtés, refusant de laisser son frère hors de sa vue.
Bill entra dans la cuisine, l'air fatigué et secoué. Il s'assit face à son frère et rit lorsque celui-ci lui tendit une bière au beurre, ses lèvres se recourbant en une moue.
« Je te donnerais bien quelque chose de plus fort, mais on dirait que maman a encore eu une de ses crises de nettoyage. » Dit Charlie avec humeur, contrarié que sa mère ait jeté tout l'alcool.
« Elle me doit une caisse de whisky pur feu. » Grogna Sirius en entrant dans la cuisine. « Je suis un adulte, si je veux de l'alcool, je peux en avoir. Sérieusement, je sais que votre mère est une femme bien, mais si elle touche encore une fois à mon whisky, je la maudirai. » Se laissant tomber sur une chaise, il posa sa tête sur la table avec un grand bruit.
« Désolé. » Marmonna Bill. « J'aurais dû te prévenir. Je dois cacher les bonnes choses à chaque fois qu'elle me rend visite. La première chose qu'elle fait, c'est d'aller dans la cuisine pour fouiner. »
« Pareil pour moi. » Soupira Charlie. « Je l'aime, mais sérieusement ! »
La table resta silencieuse pendant quelques minutes, tous perdu dans leurs pensées. « Comment va Harry ? » Demanda finalement Bill, inquiet. Il était encore secoué par ce qui s'était passé, pas seulement concernant Harry, mais aussi parce qu'il avait tué un homme.
Sirius haussa les épaules avec humeur. « Je ne sais pas, Severus et Poppy ont mis tout le monde dehors, à part Liam. Vous auriez dû voir la tête de James et Lily quand Severus leur a crié de tirer, ils étaient furieux. » Lui aussi avait été contrarié d'avoir été mis à la porte, mais au fond de lui, il comprenait pourquoi. Il avait juste peur et voulait être aux côtés de son chiot. Il ne pouvait pas le perdre maintenant, pas après l'avoir enfin retrouvé.
« Vous pensez qu'Harry sera comment après son réveil ? » Demanda doucement Charlie.
Sirius se frotta le visage ; il était si fatigué qu'il pourrait s'évanouir. Il n'avait pas dormi plus de deux heures par nuit depuis que tout ce foutoir avait commencé il y a une semaine. « Je pense qu'il sera comme un animal en cage, terrifié. Nous l'avons sorti du seul environnement dans lequel il se sentait un temps soit peu en sécurité, le seul qu'il ait jamais vraiment connu. La dernière fois qu'il a été enfermé, il avait huit ans et était utilisé comme esclave sexuel. Il va penser qu'il a été kidnappé et que nous allons le violer et lui faire du mal... Surtout après l'avoir trouvé ainsi. Il va penser qu'il a été enlevé par cette sale bête dans les toilettes. Il va falloir beaucoup de temps et de travail pour le convaincre que nous sommes les gentils et que nous n'allons rien lui faire. »
« Vous pensez que cet homme était un client ? » Demanda Bill, les poings serrés à côté de sa bière. Il pouvait encore voir ce pervers positionné derrière Harry, prêt à le violer de la manière la plus horrible possible.
« Je ne pense pas. » Répondit Charlie en serrant le papier dans son poing. « Harry ne permettait pas la pénétration. Je pense qu'il était juste au mauvais endroit au mauvais moment. »
Bill regarda son frère avec confusion. « Comment sais-tu qu'Harry ne permettait pas ça ? »
Serrant les lèvres, Charlie tendit le petit bout de papier à son frère. « J'ai trouvé ça à côté de lui, tout froissé. Je pense qu'il était déjà dans les toilettes quand le type l'a attaqué. Harry lui a sûrement montré le papier dans l'espoir qu'il se contente d'une fellation, mais de toute évidence, l'homme en voulait plus et a refusé d'accepter un non comme réponse. »
Bille secoua la tête, dégoûté. « S'il vous plaît, dites-moi que je ne suis pas le seul à vouloir jeter un AK à James et Lily. » Il n'était habituellement pas une personne violente, mais c'était à cause d'eux qu'Harry avait vécu une vie aussi horrible et traumatisante. Comment des parents pouvaient-ils aimer un enfant autant qu'ils aimaient Liam, tout en se débarrassant d'un autre comme une chose indésirable ?
Grognant, Sirius jeta sa bouteille de bière contre le mur, la brisant en mille morceaux. « Remus et moi les avons suppliés de nous laisser élever Harry, nous avons même proposé de vivre dans le monde des moldus, sans magie. Nous aimions ce garçon comme s'il était le nôtre et nous aurions fait n'importe quoi pour lui. » Se penchant sur la table, il attrapa la bouteille de Charlie et l'envoya dans le mur. « Il n'avait que six ans quand il a été violé pour la première fois. » Il sanglota, sans pouvoir s'en empêcher. « Ce n'était qu'un innocent bébé. Quel genre de montre force un bébé à avoir des relations sexuelles ? »
« Le pire. » Dit Charlie, des larmes coulant de ses yeux.
« Je... Je n'arrive pas à me sortir l'image de la tête. » Se lamenta Sirius en tirant sur ses cheveux. Il n'avait pas vu les vidéos, et ne le verrait jamais, mais il n'avait pas besoin de ça pour que son imagination travaille. « Harry a dû être tellement confus et effrayé. La douleur a dû être insupportable. Je ne peux pas... Je ne peux pas m'empêcher d'y penser. »
Remus, qui était entré dans la cuisine pendant la débâcle de Sirius, se précipita aux côtés de son compagnon, l'entourant de ses bras pour tenter de le réconforter. « Nous ne pouvons pas changer le passé, Siri, mais nous pouvons faire en sorte que son avenir soit meilleur. Nous pouvons aimer Harry maintenant, lui montrer ce qu'est un amour inconditionnel. Ce ne sera pas facile, ni pour nous ni pour lui, mais nous devons être forts et montrer à notre chiot que nous ne l'abandonnons pas. »
« Jamais. Jamais je ne l'abandonnerai. » Déclara Sirius avec passion. « Et je m'assurerai que personne ne lui fasse plus jamais de mal. »
« Dumbledore va vouloir l'entraîner. » Dit Bill d'un air sombre.
« Et puis quoi encore ! » Cracha Sirius. « Harry ne va pas se battre dans cette foutue guerre et je me fiche de ce que Dumbledore, James ou Lily ont à dire à ce sujet. Harry ne se battra pas, même s'il est le seul à pouvoir vaincre Voldemort. Il a assez souffert ! »
« Je suis d'accord ! » Dit Charlie en ouvrant une autre bière au beurre. « On ne devrait pas attendre d'Harry qu'il sauve un monde qui l'a banni alors qu'il n'avait que quinze mois. »
Bill se mit à gigoter sur son siège, ses yeux papillonnant nerveusement dans la pièce avant qu'ils ne se posent dans ceux de son frère. Il semblait vouloir dire quelque chose, mais il n'était pas sûr de savoir comment le faire.
Sirius souleva un sourcil devant l'étrange comportement de Bill. « Qu'est-ce qui te prend ? » Demanda-t-il.
Bill regarda Sirius avec anxiété, puis se retourna vers son frère. « Je sais que tu l'as senti, Charlie. Je l'ai senti aussi. »
Pâlissant, les yeux de Charlie se fixèrent sur son frère avant de se glisser vers Sirius. « Je... Je ne sais pas de quoi tu parles, Bill. » Il mentit.
Les yeux de Bill s'adoucirent, un petit sourire apparaissant sur son visage. « Charlie, sa magie m'a appelé aussi. »
Charlie sursauta. « Pour nous deux ? Je ne comprends pas, comment est-ce possible ? »
Bill haussa les épaules. « Ça ne devrait pas l'être, mais Harry est très puissant. »
« Mais à quoi vous jouez tous les deux ? » Demanda Sirius. « Vous êtes aussi chiants que vos frères jumeaux avec vos conneries cryptiques. »
« Les gars. » grogna Remus en regardant fixement les deux plus vieux Weasley. « Ils sont tous les deux les compagnons d'Harry. » Il était un loup-garou, et en tant que tel, il pouvait sentir le lien.
« Quoi ?! » Sirius se mit debout en beuglant. « Après tout ce que mon garçon a traversé, comment est-ce que vous pouvez penser à vous accoupler avec lui ? »
« Ce n'est pas comme ça. » Dit Bill calmement et patiemment. « Oui, la plupart ont des relations sexuelles, mais ce n'est pas forcément le cas. Si Harry avait seulement être ami, alors Charlie et moi l'accepterons. Nous serons tout ce dont Harry a besoin : un ami, un frère, ou même un amant. Quoi qu'il arrive, nous serons là pour lui et le protégerons avec tout ce que nous avons. »
Marmonnant quelque chose dans sa barbe, Sirius se rassit. « Je ne savais pas que les Weasley avaient du sang de créature en eux. »
Bill rit. « Il n'y a pas eu d'héritage de créature dans la famille depuis plus de douze générations, du moins, avant que Charlie et moi n'arrivions. »
« Ça a été un choc total quand les jumeaux ont hérité aussi. » Ricana Charlie.
« J'ai cru que maman et papa allaient s'évanouir. » Ajouta affectueusement Bill. « Deux héritages en une génération, c'est rare, mais quatre, c'est du jamais vu. »
« Alors, vous êtes quoi tous les quatre ? » Demanda Sirius avec empressement. « Je dois admettre que vous êtes doués pour le cacher. Je n'ai jamais soupçonné une seule seconde que vous étiez des créatures. »
« Vous devez jurer de ne le dire à personne, surtout pas à Dumbledore. » Dit Bill sérieusement. « Nous ne l'aurions même pas révélé si ce n'était pas pour Harry. »
Sans hésiter, Remus et Sirius sortirent leurs baguettes et jurèrent de ne parler à personne du sang de créature des Weasley. « Merci. » Les remercia-t-il, soulagé qu'ils l'aient fait sans faire d'histoires. Il appréciait Sirius et Remus et leur faisait confiance, mais il ne voulait pas que la nouvelle se répande. « Nous sommes des elfes élémentaires. »
« Vraiment ? » S'exclama Sirius. « Je croyais qu'ils avaient disparu il y a des siècles. »
Le nez de Remus frémit légèrement alors qu'il humait l'air. « Je savais que vous étiez quelque chose, mais je n'aurais jamais deviné. C'est assez incroyable. »
« Tu savais qu'ils étaient des créatures et tu n'as rien dit à ton compagnon adoré ? » S'écria Sirius en guise d'outrage moqueur.
« Ce ne sont pas nos affaires. » Rit Remus. « Alors laissez-moi deviner ; avec vos cheveux roux flamboyants, je dirais que vous êtes des élémentaires de feu ? »
Bill remua les sourcils. « C'est juste moi. » Avoua-t-il. « Charlie est un élémentaire de terre, ce qui explique son lien facile avec les dragons et autres animaux. Fred et George sont des élémentaire d'air. »
Sirius siffla, impressionné. « Wow, c'est incroyable. Pas étonnant que vous ne vouliez pas que ça se sache, surtout Dumbledore, qui utiliserait et abuserait de vos dons. Je suis heureux qu'Harry puisse compter sur vous deux pour veiller sur lui et le protéger. »
« Avec Dumbledore et les Potter qui rôdent, il va avoir bien besoin. » Soupira Remus, fatigué.
XXX
Liam se tenait dans le coin le plus éloigné de la pièce et regardait nerveusement Madame Pomfresh et le Professeur Snape s'occuper de son frère. Ils agitaient leurs baguettes, chuchotaient et faisaient tinter des fioles pour sauver la vie de son jumeau. Il y avait tellement de sang ; comment quelqu'un pouvait autant en perdre et être encore en vie ?
Il ne pouvait pas perdre son frère. Cette seule pensée était suffisante pour le faire paniquer. Il y avait tellement de choses qu'il voulait lui dire, tellement de choses qu'il voulait faire avec lui. Il ne pouvait pas le perdre maintenant, à peine quelques heures après l'avoir retrouvé. Pour la première fois de sa vie, il se sentait entier, complet. Si Harry mourait, il se sentirait à nouveau froid et vide.
Liam ne pouvait détacher son regard de son jumeau. Il était encore choqué de voir à quel point il était plus petit que lui. Il pouvait apercevoir quelques similitudes, mais il semblait tellement plus jeune qu'il était difficile de dire qu'ils avaient le même âge. Il savait qu'il était lui-même grand pour son âge, l'un des plus grands de son année à Poudlard, mais Harry était douloureusement petit, plus petit même que la plupart des premières années. En plus de ça, il avait un air très féminin, surtout avec ses cheveux extrêmement longs. Même couvert de terre et de sang, il pouvait dire qu'il était magnifique.
« Il y a trop de cicatrices. » Marmonna Severus à Poppy alors qu'il travaillait sur le garçon. « Nous allons devoir faire appel à des spécialistes. Il va avoir besoin d'opérations chirurgicales pour réparer tous les dégâts. »
Liam voulait désespérément demander à son professeur de quoi il parlait, mais il ne voulait pas lui rappeler qu'il était toujours dans la pièce. Il avait été choqué de ne pas recevoir l'ordre de sortir comme tout le monde.
« Comment peut-on faire ça à un si jeune garçon ? » S'écria Madame Pomfresh aux côtés de Severus. « Je suis honnêtement surprise qu'il ne soit pas mort d'une hémorragie interne ou d'une infection. Je n'ai jamais rien vu de tel. »
Liam pâlit davantage quand il comprit de quoi ils parlaient. Ils ne parlaient pas de cicatrices dues au fouet ou à la torture, mais de celles internes dues au viol répété pendant des années. Les jambes engourdies, il glissa le long du mur et enroula ses bras autour de ses jambes, enfouissant son visage dans ses genoux. La pièce ne s'était-elle pas réchauffée ? Il ne savait pas pourquoi, mais tout à coup, il commençait à avoir chaud. Il était extrêmement étourdi et avait la tête qui tournait.
XXX
Liam sursauta quand il sentit une main lourde se poser sur son épaule. Clignant rapidement des yeux, il essaya de se concentrer sur son professeur. « P'fesseur ? » Marmonna-t-il, confus.
« Allez, Potter. » Dit doucement Severus en pressant l'épaule du garçon. « Votre frère est tiré d'affaires et il se repose paisiblement. Je ne m'attends pas à ce qu'il se réveille avant au moins huit heures, cela vous laissera le temps d'aller manger et de passer une bonne nuit de sommeil. »
Liam continua à cligner des yeux, son cerveau lent essayant de comprendre ce que l'homme disait. « Je... Je ne comprends pas. On vient juste d'amener Harry, comment pouvez-vous déjà avoir fini ? »
Severus secoua la tête. « M. Potter, vous vous êtes évanoui il y a plus de trois heures J'ai pensé qu'il était plus sage de vous laisser vous reposer que d'essayer de vous réanimer. Ce dont vous avez été témoin aujourd'hui était traumatisant et votre corps avait besoin de s'éteindre pour tout assimiler et récupérer. Vous êtes pâle et en état de choc, vous avez besoin d'un peu de nourriture et de sucre dans votre organisme. Si vous êtes assez courageux pour le demander, je suis sûr qu'un peu de chocolat de la réserve de Lupin vous fera le plus grand bien. »
Liam était encore confus ; il ne se souvenait pas s'être évanoui. Il se souvenait avoir eu chaud et d'avoir eu des vertiges après avoir entendu l'état d'Harry, mais c'était tout. Comment avait-il pu s'évanouir pendant trois heures sans même le savoir ? « Comment va Harry ? » Demanda-t-il faiblement.
Severus soupira de fatigue ; pourquoi le garçon ne pouvait-il pas simplement suivre ses instructions ? Il essayait d'être gentil pour une fois, mais réconforter les autres n'était pas sa tasse de thé. « M. Potter, je vais vous expliquer ce que je peux pendant que vous mangerai. Je suis épuisé et de la nourriture me ferait du bien aussi. Et je suis sûr que vos parrains poilus voudraient bien participer à la conversation. »
Severus poussa Liam, qui ne tenait pas encore sur ses jambes, dans la cuisine et le força à s'asseoir. En regardant autour de lui, il fut surpris de voir que les Potter n'étaient pas là à attendre comme tout le monde, impatients de connaître l'état de santé de leur fils. Mais il ne devrait pas l'être, ils avaient abandonné le garçon, après tout.
Comme s'il lisait dans ses pensées, Sirius prit la parole. « Ils sont partis il y a environ une heure, en se plaignant d'avoir besoin de dormir. Malheureusement, ils ont dit qu'ils seraient de retour dans la matinée. »
« Sympa de voir qu'ils se préoccupent du bien-être du fils qu'ils n'ont pas vu depuis quatorze ans. » Grommela Charlie.
« C'est quoi leur problème ? » Demanda tristement Liam. « Pourquoi détestent-ils autant Harry ? » Il avait toujours pensé qu'ils étaient les meilleurs, les plus attentionnés et compréhensifs parents du monde. Comment pouvaient-ils si peu se soucier de son jumeau... Leur propre fils ?
Remus posa une assiette devant son filleul. « Liam, je pense qu'ils se soucient d'Harry, mais ils ont fait une énorme erreur et ne savent pas comment la gérer. Lily et James n'ont jamais aimé qu'on leur prouve qu'ils ont tort. »
Sirius se moqua. « C'est bien vrai. Ils ont abandonné leur enfant juste parce que Dumbledore l'a déclaré cracmol, et n'ont même pas demandé un deuxième avis ou consulté un guérisseur. Immédiatement après avoir appris son statut, ils l'ont expédié. Ils n'ont même pas pris cinq minutes pour envisager d'autres options. Ils n'auraient pas pu se débarrasser de mon filleul plus vite que ça. »
Severus remercia Remus lorsqu'il posa une assiette et un café devant lui. « Non seulement ça, mais ils ont fait en sorte que Pétunia ne puisse pas rendre Harry. Ils ne lui ont pas laissé de moyen de les contacter et ont mis des charmes de compulsion sur la lettre qu'ils lui ont laissée pour qu'elle le garde malgré sa réticence. Ils ne pouvaient même pas le mettre à l'orphelinat. »
« Un charme de compulsion pour le garder, mais pas pour l'aimer. Fit tristement remarquer Bill. « Le charme a dû se dissiper avec les années, ça explique pourquoi ils ont pu le vendre. »
Liam se força à prendre quelques bouchées de sa nourriture, mais il n'en avait vraiment pas envie. Elle n'avait aucun goût et s'installait lourdement dans son estomac. « Maman avait honte d'avoir donné naissance à un cracmol alors elle s'en est débarrassée avant que quiconque n'apprenne son existence. »
Les autres hommes dans la pièce ne firent aucun commentaire ; ils savaient tous que Liam avait raison. Lily et James s'étaient cachés quand elle était enceinte, et seules quelques personnes de leur entourage connaissaient l'existence d'Harry.
Liam claqua sa fourchette avec colère. « Je ne comprends pas ! Ils savent maintenant qu'Harry n'est pas un cracmol, mais ils ne semblent toujours pas s'en soucier. C'est quoi leur problème ? »
Severus plaça une potion calmante devant l'adolescent bouleversé et l'incita à la boire. « Ils ont honte de leurs actes et voir Harry sera un rappel constant de l'horrible erreur qu'ils ont commise. James et Lily ont toujours prétendu être l'ultime famille de la lumière, et pourtant, ce qu'ils ont fait, c'est quelque chose qu'une vieille famille sombre de sang pur aurait fait. »
Toutes les têtes se tournèrent lorsque la porte s'ouvrit et que l'Auror Frank Londubat entra à grands pas. « J'ai entendu dire que vous aviez trouvé le garçon. Comment va-t-il ? » Depuis qu'il avait découvert l'existence du mystérieux jumeau Potter, il avait travaillé jour et nuit pour trier les preuves de ses abus et du trafic sexuel d'enfants, ainsi que pour sa recherche.
Il avait également traqué les hommes qui avaient payé l'oncle répugnant d'Harry pour le violer. Jusqu'à présent, avec Vernon et Petunia Dursley, ils avaient arrêté dix homme grâce aux vidéos. Ce qui était vraiment horrifiant, c'était qu'il y en avait encore des dizaines à traquer. Il ne pouvait pas croire qu'il existait autant de personnes malades. Mais il n'allait pas abandonner, pas avant que le dernier violeur d'enfant ne pourrisse à Azkaban. Et même si c'était des Moldus, ils s'y retrouveront quand même. C'était un enfant sorcier à qui ils avaient fait du mal, ils seraient jugés et punis selon leurs lois. Azkaban était dur pour les sorciers, mais pour les Moldus, ce serait carrément l'enfer. La plupart n'y survivraient pas trois mois, leur esprit et leur corps n'étant pas assez forts pour supporter les conditions de vie ainsi que les Détraqueurs.
Grimaçant, Severus repoussa son assiette à moitié entamée. Il avait faim et il avait besoin du regain d'énergie que la nourriture lui apporterait, mais il ne pouvait s'empêcher de penser au petit Potter et à ce qu'il avait subi de sa jeune vie. « D'après les analyses, Harry aurait dû mourir la première semaine de son arrivée chez Petunia. »
Pâlissant, Sirius s'affaissa sur sa chaise. Il ne savait pas s'il pouvait en supporter davantage, mais il devait savoir. S'il voulait être en mesure d'aider correctement son filleul, il devait savoir ce qui lui était arrivé, même si entendre les détails lui arrachait le cœur et l'âme. « De quoi ? »
« De faim. » Répondit Severus lourdement. « Et ils l'ont enfermé sans lumière, sans confort et sans interaction humaine. Si Harry avait eu la magie d'un sorcier moyen, il n'aurait pas survécu à sa première semaine. » Severus avait peut-être été témoin direct des souvenirs de Vernon, mais voir les dégâts en personne sur le corps du garçon restait choquant.
« Est-il si puissant ? » Demanda Frank, incrédule.
Severus inclina la tête. « J'ai testé moi-même son noyau magique, sa magie surpasse cette de Dumbledore et de Seigneur des Ténèbres. Je n'ai jamais rien vu de tel auparavant. »
« S'il est si puissant, pourquoi sa magie ne l'a-t-elle pas protégé ? » Demanda Charlie avec tristesse.
Severus resta assis en silence quelques minutes, réfléchissant à la façon d'expliquer la magie d'Harry. « Depuis la nuit où le Seigneur des Ténèbres a disparu, la magie d'Harry n'a cessé d'essayer de le maintenir en vie désespérément. Elle n'a jamais eu la chance de récupérer correctement avant de devoir se mettre au travail en arrivant chez les Dursley. A cause de tout ce qu'Harry a subi, elle s'est développée pour fonctionner de manière plus interne. Au fil des ans, elle a guéri d'innombrables fractures, poumons perforés, hémorragies internes, ruptures de rate, lésions rénales, commotions cérébrales, brûlures, malnutrition, maladies, infections, ainsi qu'une longue liste d'autres blessures. En plus de cela, elle l'a également aidé à se protéger lorsqu'il vivait dans la rue et qu'il était exposé aux intempéries. Je pense qu'elle l'a également aidé face à sa cécité. A ce stade, après tout ce qu'il a traversé, je ne crois pas que sa magie pourra un jour fonctionner correctement. »
Les yeux de Bill étaient écarquillés, son estomac se nouant en entendant la longue liste des dommages que son pauvre compagnon avait subis en quinze petites années de vie. « Mais est-ce qu'Harry ira bien ? »
Soupirant, Severus se pinça l'arête du nez. « Physiquement, il ne grandira pas plus et, même s'il mangeait sans arrête pour le reste de sa vie, il resterait douloureusement mince. Son métabolisme est tellement détraqué qu'il ne fonctionnera jamais correctement. Ses os sont extrêmement fragiles, à tel point que je ne suis pas sûr que des potions puissent les renforcer. Il ne voit pas, et pour l'instant, il n'y a rien que je puisse faire pour l'aider à retrouver la vue. Les dommages causés à ses yeux sont vieux et étendus, mais je ferai des recherches et j'espère pouvoir préparer une potion qui pourra l'aider. »
« Putain ! » S'étouffa Sirius, ses mains tremblant violemment.
Se raclant la gorge, Severus continua. « Son corps est jonché de cicatrices et de brûlures, mais je nourris l'espoir que les potions et pommades y remédieront. » Fermant les yeux, il prit une inspiration tremblante. « Harry a des lésions et des cicatrices rectales étendues, les dégâts dépassent tout ce que vous pourriez imaginer. Je ne sais même pas comment il a pu continuer avec cette quantité de dommages. Malheureusement, ils sont au-delà de mes compétences, je vais devoir faire appel à un spécialiste pour l'examiner. Il va avoir besoin d'opérations, de plusieurs opérations. »
« Et sa voix ? » Demanda Liam, brisé, des larmes silencieuses coulant sur ses joues. « La femme du magasin a dit qu'il ne parle jamais. »
« Rien de particulier n'est sorti de mes analyses, donc c'est probablement mental. Il était puni quand il pleurait ou parlait, il n'a pas dit un mot depuis ses quinze mois. Honnêtement, je pense qu'il ne sait probablement même pas qu'il peut parler, ou comment. »
Sirius avait l'air anéanti, absolument dévasté. « Comment penses-tu qu'il sera, mentalement ? »
« Il va être dans un sale état. » Répondit gravement Severus. « Harry n'a jamais connu la bonté humaine, il ne va pas comprendre que nous voulons l'aider, que nous ne lui ferons pas de mal. Il va être effrayé, très probablement instable, et je ne serais pas surpris qu'il tente de d'échapper. Il sera plus animal qu'humain et gagner sa confiance sera extrêmement difficile. »
Liam gémit en signe de désarroi. « Je ne veux pas le garder enfermé, je ne veux pas être comme son oncle et sa tante, mais je ne peux pas le laisser retourner dans la rue. Je ne peux pas le laisser retourner à cette vie. Je dois lui faire comprendre que je n'ai que son intérêt à cœur, que je me soucis de lui et que je veux qu'il soit heureux. S'il ne veut vraiment pas rester avec moi, je peux lui donner de l'argent, mais c'est mon frère et je veux prendre soin de lui et le protéger. » Ça le détruirait si Harry partait, s'il s'enfuyait. Ils étaient jumeaux et devaient rester ensemble.
« C'est trop dangereux pour lui de partir. » Prévint Frank. « Voldemort va mettre tous les Mangemorts à sa recherche. »
Liam se leva et commença à faire les cent pas. « J'ai besoin d'être entraîné, et pas comme cette entraînement de merde que Dumbledore m'a donné. J'ai besoin d'être entraîné pour de vrai, je dois être capable de protéger mon frère. Je dois savoir comment me battre, magiquement et physiquement. »
Il se tourna vers ses parrains, un regard d'une détermination de fer sur le visage. « Je ne retournerai pas à Poudlard en septembre. Harry a besoin de moi et je ne l'abandonnerai pas. » Il savait que ses parents allaient flipper, mais il ne se souciait plus d'eux. Harry, son frère jumeau, avait besoin de lui et pour l'instant, il passait en premier dans sa vie. Ses parents ne comptaient plus pour lui, en ce qui le concernait, ils étaient morts.
« Liam, l'école est très importante. » Protesta Remus.
Frank leva la main. « Non, je pense qu'il a raison. Lui et Harry ont tous deux d'énormes cibles sur le dos, et malgré sa puissance, Harry ne sera jamais capable d'utiliser sa magie correctement. Nous sommes assez nombreux ici pour faire école à Liam, et nous pouvons l'entraîner à se battre. »
« Je suis étonnamment d'accord. » Severus eut un sourire en coin. « Nous seulement ça, mais il y a aucune chance pour qu'Harry soit prêt pour Poudlard cet automne. Je crois que de nous tous, c'est Liam qui sera capable de l'atteindre et de gagner sa confiance, avec l'aide de leur lien magique. Il aura besoin de lui à ses côtés. »
Sirius eut l'air incertain pendant un moment avant de hocher la tête. « Très bien, nous irons à Gringotts après que tu te sois reposé et nous verrons ce qu'il faut faire pour que tu sois émancipé. Si ce n'est pas possible, alors nous verrons si je peux obtenir ta garde. James et Lily ont prouvé qu'ils ne sont pas aptes à être parents. »
Souriant, Liam serra son parrain dans ses bras. « Merci, Siri. »
« Tu sais qu'ils se battront contre toi pour ce point. » Prévint Remus. « Non seulement ça, mais maintenant qu'ils savent qu'Harry est l'Elu, ils voudront faire partie de sa vie. Dumbledore posera également problème. Il va insister pour qu'il aille à Poudlard afin de pouvoir le contrôler. »
« Lupin a raison. » Soupira Severus. « Ils poseront problème. Aucun d'eux ne se souciera de savoir si Harry sera physiquement ou mentalement prêt à intégrer l'école dans quelques mois. Ils ne passeront pas ses besoins, ses désirs ou sa santé en premier. Je peux déjà vous dire qu'il n'y a aucun moyen qu'il soit capable de gérer Poudlard et tous ses élèves à la rentrée. Il n'en sera probablement jamais capable. »
Frank rit, ses yeux pétillant de malice. « Ils n'auront pas le temps de contester l'émancipation de Liam ou de ton obtention de la garde des deux garçons. Amelia a émis des mandats d'arrêt contre eux pour négligence, abandon et maltraitance d'enfants. Ils seront trop occupés à essayer de garder leurs noms hors de la Gazette pour se battre contre toi. »
