Et voilà un nouveau recueil créé spécialement pour le défi Un jour un drabble 2021 qui a lieu sur le forum L'Eclaireuse. Chaque jour un thème est donné et il faut écrire un drabble sur ce thème (un drabble est un OS de 500 mots maximum).

Le thème du jour est Si un arbre tombe dans une forêt où il n'y a personne pour l'entendre, produit-il réellement un son ?.

Un de mes personnages préférés apparait enfin ! Je vous ai déjà teasé sa venue en please, hihi.

On va parler de truc très triste dans ce drabble (enfin, plus que les autres...)

Bonne lecture !


Xion

Tu avais rencontré Xion en quatrième. Elle était arrivée en plein milieu d'année. Elle détonait dans cette classe si blanche avec sa peau noire, ses cheveux courts comme coupés au couteau et ses yeux sombres. La prof l'avait placée à côté de toi et tous les élèves avaient passé le reste du cours à la dévisager.

Vous étiez devenues meilleures amies. Le courant s'était établi en un croisement de regard. Peut-être était-ce parce que vous aviez été toutes les deux adoptées. Peut-être était-ce à cause des deux adultes qui la suivaient partout, la regardant avec tendresse.

Elle t'avait raconté son histoire. L'accident de voiture, le désespoir et puis le décollage de La Réunion pour la métropole afin de vivre chez son oncle Barret et la fille de celui-ci, Marlène. La solitude étouffante, le deuil et cette impression d'être dans un cauchemar permanent.

Tu lui avais raconté ta grand-mère, l'orphelinat et ton adoption. C'était aussi la première personne à qui tu parlais de ton don. Tu avais eu peur qu'elle ne te croit pas ou que ça se passe mal. Mais non, elle t'avait juste posé des questions. Tu lui avais dit, pour ses parents. Elle n'avait rien ajouté.

C'était ses parents qui t'en avaient dit le plus. Ils t'avaient raconté qu'elle leur parlait le soir et qu'ils ne savaient si ça l'aidait ou non. Ils t'avaient expliqué qu'elle n'avait pas eu le choix de venir ici, qu'elles auraient préféré rester chez elle mais que personne ne lui avait laissé le choix. Il t'avait parlé du racisme qu'elle subissait dès qu'elle mettait un pied dehors.

Il t'avait dit qu'elle était un arbre en train de s'écrouler et que personne ne l'entendait.

Alors tu avais fait attention à ses regards, à ses cernes, à ses gestes qui s'interrompaient une demi-seconde parfois. Tu avais fait attention et tu avais essayé de la soutenir comme tu pouvais. Parce qu'elle était ta meilleure amie. Tu ne pouvais pas résoudre ses problèmes, mais tu pouvais être la personne qui entendait l'arbre s'écrouler dans la forêt.

Ça l'avait aidé. Elle avait commencé à voir un psy. C'était dur, mais elle voulait aller mieux.

Tu n'avais jamais eu de relation aussi forte avec quelqu'un. Et lorsqu'elle t'avait embrassé pour la première fois, tu avais compris pourquoi. C'était un de ces premiers amours qui vous faisait pouffer dès que vos regards se croisaient en cours. Tu l'avais caché à tes amis, parce que c'était plus simple. Vous vous embrassiez chez l'une ou chez l'autre. Son oncle savait, tes parents n'avaient pas compris.

Xion avait été ta première copine, ton premier baiser, la première personne à savoir ton secret.