Disclamer : Rien ne m'appartient, ni Harry Potter, ni l'histoire
Titre : Caught Between
Auteur : TheGoldenTeam
Traducteur : Ange Phoenix
Résumé : Lors de sa quatrième année, Harry avait l'impression d'avoir tout perdu tandis qu'il se battait pour sa vie dans le tournoi des Trois Sorciers. Cependant, il allait se rendre peut-être compte qu'il avait en fait trouvé tout ce qu'il avait toujours voulu.
Bêta : Antidote
Avancé de la fanfiction originale : 34 chapitres, en cours
Note : J'ai l'autorisation de l'auteur.
Caught Between
Chapitre 5
Harry se tenait à la porte du bureau du professeur de potions, contemplant ce qui l'attendait à l'extérieur des appartements où il avait trouvé du réconfort ces derniers jours. Il ne voulait pas retourner en classe, ni voir les élèves, ni retourner à la Tour, mais il savait qu'il devait le faire. Il ne pouvait pas se cacher éternellement dans les appartements de Snape. Il devait faire face à tout ça un jour ou l'autre. Se cacher ne changeait rien au fait que Ron était parti et que le monde continuait de tourner, que la vie continuait.
« Vous avez peur, Potter ? » dit Snape avec désinvolture, en arrivant derrière Harry. Harry se souvint brièvement de sa deuxième année et du duel avec Malfoy, qui avait dit exactement la même chose. Sauf que la version de Malfoy avait été cruelle et moqueuse. Snape avait simplement l'air curieux et peut-être même un peu inquiet.
Harry se mit à ronchonner. Comme si Snape pouvait être inquiet pour lui. Leur relation n'avait pas tant changé que ça.
N'est-ce pas ?
« Un peu, » admit finalement Harry. « Bien que je ne sache pas si c'est plus la peur que l'impression d'être... »
« Perdu ? » suggéra Snape et Harry leva les yeux vers lui en hochant la tête. « Je suis sûr que vous trouverez du soutien quelque part. Vous avez perdu un ami cher, mais vous n'êtes pas seul. Vous en avez encore beaucoup d'autres. »
« Peut-être. Je n'ai pas été très populaire depuis que je suis devenu Champion. »
« Vous seriez surpris de voir à quel point une tragédie peut rapprocher les gens », annonça Snape et Harry se surprit à se demander, pas pour la première fois, qui était le professeur qui lui avait donné une telle expérience de la situation. « Vous êtes sur le point d'être en retard. Vous devriez y aller. »
« D'accord. » Harry s'arrêta, la main sur la poignée de la porte, une question se formant dans son esprit. Aurait-il un jour le droit de revenir ? Aurait-il envie de revenir ? Leurs réunions hebdomadaires étaient-elles toujours d'actualité ?
« Soyez là jeudi comme d'habitude, à moins que vous ne ressentiez le besoin de venir avant. Vous êtes le bienvenu pour vous cacher ici. »
Harry sourit légèrement à l'offre et à l'implication qu'il aurait besoin ou envie de se cacher. « Merci monsieur. »
Snape se contenta d'incliner la tête. « Allez-y Potter. Attendre ne fera que rendre les choses plus difficiles. »
Harry hocha la tête et sortit finalement dans le couloir. C'était comme une bouffée d'air frais, car il n'avait rien vu d'autre que les appartements de Snape depuis presque quatre jours. Mais il ne se plaignait pas pour autant. Il était reconnaissant d'avoir eu le temps d'être seul et que Snape lui ait permis de rester, mais c'était également agréable de sortir. Il prit une profonde inspiration, accrocha sur son épaule le sac que les elfes de maison lui avaient apporté et sortit lentement des cachots. C'était encore le petit déjeuner, donc presque tout le monde était encore dans le Grand Hall, ce qui lui permit de se diriger vers la salle de classe pour le cours de sortilège sans trop d'interaction. Les quelques élèves dans les couloirs qui se rendaient en classe le dévisagèrent, mais personne n'essaya de lui parler.
Il fut soulagé lorsqu'il poussa la porte de la salle et la trouva encore vide. Il trouva rapidement son siège et se laissa tomber lourdement sur la chaise. Après avoir stabilisé sa respiration et essayé d'évacuer les tensions de son corps, il sortit son livre de sortilège et commença à lire le chapitre suivant pour essayer d'avoir une longueur d'avance sur la prochaine leçon.
Malheureusement, les élèves ne tardèrent pas à arriver, chacun s'arrêtant dans l'embrasure de la porte pour le regarder avec des yeux écarquillés pendant quelques instants. Lorsque Hermione était apparue, il avait fait de son mieux pour lui sourire, mais elle s'était détournée de lui et s'était assise sur le siège situé juste à côté de la porte, à côté de Parvati Patil. Harry fronça les sourcils, mais n'eut pas le temps de s'appesantir sur le sujet, car le professeur Flitwick lui présenta ses condoléances et lui proposa de prolonger le délai de ses devoirs avant de commencer la leçon. Distrait, il ne vit pas le Serpentard qui continuait à l'observer de ses yeux gris.
Le même traitement se poursuivit tout au long de la Métamorphose, des Soins aux Créatures Magiques, de la Défense et même lors du déjeuner. Tout le monde le fixait, lui lançant de grands regards chargés d'émotions. Chaque professeur lui faisait part de son chagrin à propos de Ron, puis lui proposait d'obtenir des prolongations pour son travail scolaire. Le pire, c'était qu'Hermione continuait à l'ignorer, ne s'asseyant jamais avec lui en classe et le laissant s'asseoir seul, sauf en Métamorphose où Neville s'était assis avec lui, mais seulement parce qu'il n'avait pas eu d'autre choix.
Lorsque l'heure du dîner arriva, Harry s'installa à la table des Gryffondor et sentit son cœur se briser un peu lorsque chaque Gryffondor s'éloigna le plus possible. Il soupira tristement et picora son poisson, posant sa tête dans sa paume en appuyant son coude sur la table. Il n'avait pas remarqué qu'une poignée de personnes s'étaient soudainement assises autour de lui.
« Hé, Harry. »
Il leva les yeux pour découvrir que les jumeaux Weasley, Lee Jordan, Neville, et Luna Lovegood de Serdaigle l'avaient rejoint. Ils avaient tous l'air extrêmement fatigués, bien sûr, mais pas autant que les jumeaux. Il était surpris qu'ils soient encore à Poudlard, Ginny étant rentrée chez elle pour un moment. Ils avaient l'air affreux, comme s'ils n'avaient pas dormi ou cessé de pleurer depuis des jours. Il n'en était probablement pas loin.
« Comment vas-tu ? » demanda Neville.
« Aussi bien que possible, je suppose », dit Harry avec un petit haussement d'épaules.
« Où étais-tu ? » dit Lee.
« Avec Snape en fait », dit Harry, remarquant leurs regards surpris. « Il a été vraiment génial. Il m'a beaucoup aidé. »
« Il n'est pas si mauvais », dit George à voix basse.
Harry acquiesça lentement. « Ron le voyait déjà avant moi. » Un bref silence s'était installé. « Je suis vraiment désolé pour Ron. Je ne peux même pas imaginer ce que ça doit être pour vous. » Il se mordit la lèvre dans une tentative futile d'arrêter ses larmes à venir.
« Bien sûr que tu peux », dit Fred.
« C'était aussi ton frère », dit George à voix basse et la détermination de Harry s'était brisée, les larmes coulant sur son visage et les sanglots jaillissant.
Il essaya de garder le silence, se rappelant qu'il était toujours dans la Grande Salle, entouré d'élèves et de membres du personnel. Mais ses tentatives échouaient et il enfouit son visage dans ses mains, sentant vaguement les mains posées sur son dos. Des images de Ron lui traversèrent l'esprit, le faisant craquer davantage. Bien qu'il soit presque complètement déconnecté de lui-même, il avait tout de même réussi à écouter la nouvelle voix.
« Suivez-moi. »
« Qu'est-ce que tu veux, Malefoy ? » avait-il entendu Fred dire.
Malfoy était là ? Quelle humiliation !
« J'ai pensé vous proposer un endroit où aller pour que vous puissiez faire votre deuil seul plutôt que d'avoir toute la population de Poudlard qui vous regarde. »
« Allons-y ». Après quelques instants, Harry, les jumeaux, Neville, Lee et Luna s'étaient levés pour suivre Malfoy hors de la salle. Ils marchèrent un moment, se dirigeant vers le septième étage où Malfoy finit par les arrêter pour faire les cent pas devant un mur vide. Lentement, une porte se matérialisa dans la pierre, étourdissant les compagnons de Malfoy.
« Venez », dit doucement Malfoy et il entra dans la pièce, les autres étant plus lents à suivre.
Ils s'étaient retrouvés dans un petit salon confortable. Le sol était recouvert d'une profonde moquette auburn. Un grand canapé bouffant était devant la petite cheminée, le canapé était d'un bleu marine apaisant. Dans un autre coin, quelques chaises longues bleues formaient un cercle devant une grande fenêtre qui donnait sur le terrain de Quidditch. C'était vraiment une toute petite pièce, mais elle était aussi confortable.
« Bienvenue dans la Salle sur Demande », dit Malfoy.
« C'est donc ça ? » Fred était choqué. Malfoy hocha la tête.
« Nous avons toujours cherché cet endroit » dit George.
« Je sais certaines choses » dit Malfoy en haussant les épaules.
« Quel est cet endroit ? » demanda Harry à voix basse.
« La salle sur demande », dit Malfoy. « On y trouve tout ce dont on a besoin. Il suffit de faire trois pas devant le mur en réfléchissant bien à ce dont tu as besoin. Maintenant tu peux l'utiliser quand la tour d'astronomie n'est pas disponible. »
Avec un petit sourire, Malfoy quitta la pièce, ignorant leurs appels pour qu'il reste. Déconcertés par les actions du jeune Malfoy, les six élèves finirent par se disperser, variant entre s'asseoir en silence et discuter tranquillement.
Harry entra de nouveau dans la Grande Salle quelques jours plus tard, déterminé à parler à Hermione qui continuait à l'ignorer. La première épreuve était dans quelques jours et il voulait le soutien de ses amis, surtout maintenant qu'il n'avait plus Ron. Il ne lui restait plus grand-chose sans Ron. Il repéra rapidement Hermione assise à l'extrémité la plus proche de la table des Gryffondor avec Ginny et se dirigea vers elle.
« Hermione. »
« Va-t'en », cracha Ginny. Il n'avait pas manqué de remarquer que ses yeux étaient rouges et ternes. Sa poitrine lui faisait mal en voyant ça. « Nous ne voulons pas te parler. »
« Hermione », répéta-t-il.
« Elle ne veut pas te parler », dit Ginny en le regardant fixement.
Harry l'ignora. « Tu ne peux même pas me parler toi-même ? Tu es obligé de demander à Ginny de le faire ? » Il ne réagit pas au bruit de protestation et au regard furieux que lui lança Ginny. « Pourquoi tu ne veux pas me parler ? »
« Parce que c'est de ta faute ! » cria finalement Hermione de façon brisée, se retournant pour lui faire face et se mettant debout. Les yeux d'Harry s'écarquillèrent devant cette explosion soudaine. « C'est à cause de toi que Ron est mort ! Il était avec toi ! Vous-savez-qui est à ta recherche et ses Mangemorts le sont aussi ! Ils ont attaqué le village pour t'attraper ! Tu l'as tué ! Tu l'as tué ! »
Harry fit un pas en arrière, fixant le visage d'Hermione en colère et en larmes. Il sentit ses yeux brûler. Les larmes étaient sur le point d'arriver et son cœur battait douloureusement tandis qu'il prenait ses responsabilités.
Son visage se durcit soudainement et le regard qu'elle jeta derrière ses larmes était de la pure haine. « Ça aurait dû être toi. J'espère que ce tournoi causera ta mort », dit-elle à voix basse, mais suffisamment fort pour que toute la salle silencieuse l'entende.
Alors que Harry était figé par le choc et l'agonie interne, Ginny s'était levée et, avec son propre regard haineux, avait conduit Hermione hors de la Grande Salle. Le silence avait régné pendant quelques instants alors que tout le monde fixait le bouleversant Garçon qui avait survécu. Mais bientôt, des bruits se firent entendre et Harry fut angoissé de constater que les cris étaient ceux d'élèves qui approuvaient tout ce qu'Hermione avait dit.
Leurs commentaires tournaient dans sa tête et leurs regards haineux étaient gravés dans ses yeux. Il avait senti les larmes couler sur son visage. D'autres cris se joignirent à eux et il se mit à les écouter juste assez pour entendre le nouveau bruit qui le défendait. Cependant, ceux qui étaient d'accord avec Hermione restaient plus forts et il ne pouvait s'empêcher d'entendre tout ce qu'ils disaient.
« Ta faute ! »
« Tu as tué ton meilleur ami ! »
« Ça aurait dû être toi ! »
« Tu aurais dû mourir ! »
« Personne ne veut de toi ! »
« Ça aurait dû être toi ! »
Ça aurait dû être moi. Cette unique phrase résonnait dans sa tête.
À travers les larmes, ses yeux avaient trouvé leur chemin vers la table du personnel. McGonagall avait une main sur sa bouche et ses yeux étaient grands, comme ceux de Flitwick. Maugrey le fixait, ce qui provoquait à nouveau un malaise. Le visage de Hagrid était plein de douleur et il avait quelques larmes sur les joues. Dumbledore, comme Maugrey, le regardait avec une expression dure. Il n'y avait aucune étincelle dans son regard et ses lèvres étaient pressées par une sorte d'émotion. Karkaroff ricanait, mais il y avait aussi un petit sourire en coin.
Il avait finalement trouvé Snape. Il était indéchiffrable, comme toujours, mais il fixait également Harry. Le visage de Snape était serré, mais ses yeux noirs étaient différents. Il n'y avait pas de rage, pas de dégoût, pas de haine. Il y avait quelque chose d'autre, mais Harry avait constaté qu'il n'était pas près de l'identifier. Il avait cependant enregistré le hochement de tête presque imperceptible de Snape et cela l'avait poussé à se retourner pour quitter la salle. Il avait franchi la porte et ce ne fut qu'une fois parti qu'il avait entendu Dumbledore ordonner le silence.
Reniflant et le cœur brisé, il se dirigea lentement vers les cachots. Il navigua dans les couloirs, passant devant la salle commune des Serpentard. Un sanglot s'échappa alors que le souvenir de leur incursion avec du Polynectar sur le territoire des Serpentard en deuxième année fit son apparition dans son esprit. D'autres larmes coulèrent et il continua, croisant ses bras sur sa poitrine comme s'il allait s'effondrer.
Ils n'avaient pas de réunion ce soir-là. On n'était que mardi. Cependant, il avait dit que Harry pourrait revenir avant jeudi et il y avait eu son petit signe de tête dans la Grande Salle. Serait-il déjà là ? Il était encore dans la salle quand Harry était parti.
Ses pensées avaient trouvé une réponse lorsque la porte du bureau s'était ouverte, révélant Snape. « Entrez », dit doucement le maître de potions.
Harry entra dans la salle et s'assit une fois de plus. Bien qu'il ne s'agisse pas officiellement d'une réunion, ils se demandaient tous deux si les réunions étaient même efficaces, si elles avaient une quelconque utilité ou validité. Lui, cependant, commençait à les apprécier un peu. Elles devenaient un exutoire et une échappatoire.
« Comment allez-vous ? » demanda le professeur.
Harry cligna des yeux devant le feu.
« Elle me déteste. »
Il y avait eu un bref silence.
« Elle fait son deuil », dit Snape. « Si elle avait vraiment été une amie, elle n'aurait pas dit de telles choses et ne se servirait pas de toi comme d'un exutoire pour son chagrin. »
« Elle n'a pas tort. »
Snape le regarda avec insistance.
« C'est ma faute », dit Harry. « Les Mangemorts étaient là pour moi ; ils seront toujours après moi. Il est mort parce qu'il était mon ami et qu'il était avec moi. C'est moi qui l'ai tué. »
Ses pleurs avaient augmenté. La douleur dans sa poitrine s'était légèrement apaisée pour être remplacée par la grisaille et le vide.
« Ce n'était pas de votre faute, Potter » dit Snape. « C'était une malheureuse tragédie. Il aurait pu mourir de toute façon parce qu'il était dans le village durant l'attaque. »
« Ils n'auraient pas attaqué si je n'avais pas été là. Ils sont après moi. J'aurais dû mourir à l'Halloween et Ron serait encore en vie. »
« Potter. »
Harry le regarda avec une expression sardonique au cœur brisé. « Ne vous inquiétez pas, monsieur. Je ne suis pas suicidaire. Contrairement à la croyance populaire et à tout ce dans quoi je me suis fourré, je ne veux pas vraiment mourir. »
« Ce n'était pas de votre faute et personne n'a le droit de vous en vouloir », rectifia Snape. « Vous méritez d'être en vie. »
« Je ne le serai peut-être pas longtemps, pas avec ce tournoi », dit Harry en essuyant quelques larmes. Il fixa ses mains. « Je n'ai aucune idée de comment je suis censé survivre. Peut-être que c'est mieux que je ne le fasse pas, vu ce qu'Hermione et tous les autres pensent de moi. »
« Vous venez de me dire que vous ne voulez pas mourir. »
« Je ne veux pas, mais ça ne veut pas dire que je ne devrais pas », dit Harry. « Il ne s'est passé que de mauvaises choses depuis que j'ai commencé à Poudlard. Tant d'élèves ont été blessés. Peut-être que c'est mieux que je disparaisse. Personne ne veut de moi de toute façon. »
« J'ai du mal à le croire » dit Snape. « Il y en a qui vous soutiendront encore. Il faut simplement les trouver. »
Harry râla. « Vous étiez dans la Grande Salle Monsieur. Vous avez vu ce qui s'est passé. »
« Une mentalité de meute stupide », répliqua sèchement Snape, ce qui lui valut un petit grognement d'amusement. Le professeur soupira en regardant son élève en détresse — non, déprimé. Il savait que le garçon avait encore quelques amis, mais rien ne pouvait remplacer la perte de Granger et surtout de Weasley. Le garçon n'avait vraiment personne et cela ne l'aiderait pas à stopper sa spirale dépressive.
Il prit une profonde inspiration, conscient qu'il enfreignait de nombreuses règles. « Potter, je vais vous aider à traverser cette épreuve et le tournoi. Vous survivrez. »
« Monsieur ? » dit Harry avec surprise, ne s'attendant pas à la détermination dans la voix de son professeur.
« Vous ne devez dire à personne que vous le savez ou que je vous ai dit ça, compris ? » Harry acquiesça, fixant Snape avec attention. « Dans la première épreuve, vous devrez affronter un dragon. »
Le silence.
Harry cligna lentement des yeux pour comprendre. « Un... dragon ? »
Snape hocha la tête, croisant les mains. « Vous devez récupérer un œuf auprès d'une mère pondeuse. »
Harry fixa son professeur pendant un autre long moment. Il allait devoir combattre un dragon ? À quatorze ans ? Comment était-il censé faire ça ? Il n'avait personne pour l'aider. Ron l'aurait aidé à trouver un plan. Pas un bon plan, en tout cas, mais c'était là qu'Hermione serait intervenue avec un vrai plan et l'aurait aidé à se préparer. Mais il n'avait ni l'un ni l'autre. Ils étaient la seule raison pour laquelle il avait survécu à quoi que ce soit ces trois dernières années. Il ne réfléchissait à rien, il se lançait. Il n'était pas puissant. Il ne connaissait rien à la magie. Il ne savait pas comment planifier. Il ne savait pas comment se battre. Il n'était même pas intelligent !
Des larmes remplirent ses yeux une fois de plus à la pensée de ses amis perdus. Il avait tellement besoin d'eux. Il n'avait personne.
« Potter ? » interpela Snape, surpris par l'apparition rapide de larmes dans les yeux du garçon.
Quelques larmes coulèrent. « Comment suis-je censé vaincre un dragon ? Je ne sais même pas faire un sortilège d'invocation ! » Il commença à enfouir son visage dans ses mains alors que d'autres larmes tombaient et que ses épaules tremblaient.
Snape regarda le garçon qui sanglotait, incertain. Si leur relation s'était clairement améliorée depuis le début de l'année, ils n'étaient toujours pas en très bons termes. Ils avaient encore beaucoup de problèmes, ils avaient tous deux des secrets, ils avaient tous deux du tempérament, ils étaient tous deux têtus. Ils s'affrontaient de toutes les pires façons qui soient et il faudrait plus que quelques réunions hebdomadaires pour tout arranger.
Ainsi, Snape ne savait pas vraiment quoi faire. Il ne s'attendait pas à ce que cette révélation fasse fondre Potter en larmes, même s'il aurait peut-être dû, vu l'instabilité de l'enfant depuis la mort de Weasley. Comment devait-il aborder la question ? Le chagrin était facile. Comme lui, Potter n'aimait pas parler lorsqu'il était en deuil, il savait qu'il pouvait se contenter d'une compagnie silencieuse. Mais là, il savait que le garçon avait besoin de quelque chose.
« Je ne veux pas mourir », murmura soudainement Harry et le regard de Snape se durcit.
« Potter, vous n'allez pas mourir », affirma-t-il fermement. « Vous allez réussir cette tâche, ce tournoi, et vous allez survivre. »
Le garçon leva ses yeux pleins de larmes. « Comment ? Comment suis-je censé faire ça à quatorze ans, sans personne ? Je n'en sais pas assez, je ne suis pas assez bon. »
« Je ne veux plus jamais entendre ça, compris ? » répliqua Snape, sèchement. « Vous êtes suffisamment doué. Vous avez du talent, vous devez simplement l'utiliser à votre avantage dans cette situation. »
« Qu'est-ce que je suis censé faire ? » demanda Harry en essuyant une larme.
« Pensez à ce pour quoi vous êtes doué et trouvez un moyen de l'utiliser », dit Snape. « Je vous aiderai une fois que vous aurez un plan ».
« Vraiment ? » interrogea Harry, choqué en essuyant une autre larme.
Snape hocha la tête. « Je ferai en sorte que vous surviviez à cette épreuve. »
Harry déglutit bruyamment, empli de toutes sortes d'émotions tourbillonnantes. « Merci, monsieur », dit-il finalement à voix basse.
Snape inclina la tête en guise de réponse. « Maintenant, je veux que vous ailliez réfléchir à ce que vous pouvez faire. Venez me voir quand vous penserez avoir une idée solide. N'oubliez pas, ne dites à personne que je vous ai parlé des dragons. »
« Oui, monsieur », promit Harry et il quitta les appartements de l'homme.
Il s'arrêta dans le couloir, réfléchissant. Il ne voulait pas aller à la tour Gryffondor. Il n'était pas prêt à les affronter tous après ce qui s'était passé dans la Grande Salle. Il devrait vraiment faire ce que Snape lui avait dit et essayer de formuler un plan pour la première tâche. En savoir plus sur les dragons pourrait également l'aider. Sur cette pensée, il décida de se rendre à la bibliothèque.
Il traversa les couloirs des cachots et monta le Grand Escalier jusqu'à la bibliothèque. Il était dans le tournant d'un couloir lorsqu'il se retrouva dans une alcôve. Il chercha immédiatement sa baguette, mais se trouva rapidement ses poignets fermement saisis par une grande main balafrée. Il finit par regarder le visage, ne se détendant que très peu lorsqu'il reconnut le professeur Maugrey. Son estomac fit un bond et se tordit à cause de sa proximité avec l'homme étrange. Il fronça légèrement les sourcils en remarquant l'étrange tic de la langue de l'homme qui sortait toutes les quelques secondes. Avait-il normalement un tel comportement ?
« Que comptez-vous faire avec votre dragon, Potter ? » demanda Maugrey et le froncement de sourcils de Harry s'accentua.
« Mon... quoi ? » Comment Maugrey savait-il qu'il savait pour les dragons ? Il venait juste de le découvrir.
« Ton dragon, mon garçon, la Première Tâche », dit Maugrey en relâchant enfin les mains de Harry. « Tu as un plan, n'est-ce pas ? Les autres en ont un. »
« Les autres le savent aussi ? » interrogea Harry.
« Bien sûr que oui. Tu es en retard à la fête », annonça Maugrey en lui tapant sur l'épaule. « Alors, quel est ton plan ? »
« Je n'en ai pas, » dit Harry. « Je ne sais pas quoi faire. »
Maugrey grogna, sa langue continuant de jaillir. « Allez, mon garçon, réfléchit ! À quoi es-tu bon ? Quelles sont tes compétences ? Métamorphose, Sortilège, Maléfice ? »
« Non, rien de tout ça », dit Harry, secoué par le besoin de tout comprendre soudainement, instantanément. « Je ne sais pas ! Je peux voler. »
« Sacrément bien d'après ce que j'ai entendu », dit Maugrey, ses deux yeux regardant Harry avec sérieux.
« Je ne comprends pas. En quoi ça peut m'aider avec un dragon ? »
« À toi de me le dire. »
Harry fronça les sourcils, ses sourcils se rejoignant.
« Bonne chance, Potter », dit Maugrey et il s'éloigna soudainement de l'alcôve en faisant un pas hors de celle-ci.
Qu'est-ce que Maugrey essayait de lui dire ?
L'Auror était si étrange et il n'aimait pas la sensation qu'il ressentait à chaque fois qu'il était proche de l'homme. Il se glissa hors de l'alcôve et se mordit la lèvre, se demandant ce qu'il devait faire. Il voulait continuer vers la bibliothèque, mais une toute petite voix lui disait d'aller voir Snape.
Il fronça les sourcils. Pourquoi irait-il voir Snape ?
Parle-lui de Maugrey, des sentiments que tu éprouves à son égard, disait la petite voix. C'était devenu clair, si clair qu'il se retourna pour chercher Ron. Ses yeux se mirent à pleurer quand il réalisa ce qu'il était en train de faire. Il secoua la tête, clignant rapidement des yeux pour évacuer les larmes.
Reprenant le contrôle de lui-même, il se dirigea vers la bibliothèque, décidant qu'il préférait avoir un peu de calme pour contempler les choses avant d'avoir une grande et inconfortable discussion avec Snape. Il se dirigea vers l'une des allées, ne réalisant pas immédiatement qu'il était loin de la section sur les dragons. Au lieu de cela, il se retrouva au fond avec des livres sur les blessures et les cicatrices magiques. Il cligna des yeux, légèrement surpris. Haussant les épaules, il en choisit quelques-uns, dont un livre sur d'autres types de marques magiques, et s'installa sur une table vide.
Il feuilleta les deux premiers, constatant rapidement qu'ils ne contenaient rien d'utile. Le troisième, cependant, était une autre histoire et il ne tarda pas à en lire une section.
Toute magie laisse derrière elle un résidu magique et c'est dans ce résidu que l'on peut trouver la signature magique d'une personne. Les résidus magiques permettent de suivre un sort et de déterminer ce qui a été lancé et sa puissance. Cependant, lorsqu'on applique des résidus magiques à une blessure, cela devient plus compliqué, car les résidus magiques n'ont pas tendance à s'attacher à un être vivant.
Cela ne signifie pas que c'est impossible. Cela s'est produit en de rares occasions. Lorsque des résidus magiques s'attachent à un être vivant, c'est le plus souvent après un exercice de magie extrêmement traumatisant et violent qui cause des dommages corporels, que ce soit au lanceur ou à la victime. Dans ce cas, le résidu devient plus palpable, acquérant certaines des fortes qualités magiques du lanceur de sorts. Le résidu magique s'accroche à une blessure pour tenter de poursuivre la malédiction initiale et prévue, pour aggraver la blessure.
Certains sorciers qui ont eu des résidus magiques attachés à eux ont ressenti la douleur d'une cicatrice vieille de plusieurs années. Une fois attaché, le résidu magique devient quelque chose de physique dans l'hôte humain, généralement sous la forme d'une sorte de cicatrice externe. Les résidus magiques peuvent être éliminés, mais uniquement à l'aide d'une potion extrêmement complexe et d'un mélange de sorts compliqués.
Il faut évaluer toutes les possibilités derrière une cicatrice douloureuse, car un transfert et une fixation d'un fragment d'âme peuvent être une autre possibilité.
Consultez Les Fragments d'Âme de Demeter Mulligan pour plus d'informations.
« Des fragments d'âme ? » murmura Harry pour lui-même, en fronçant les sourcils.
Il était possible de séparer une âme en plusieurs morceaux ? Comment une telle chose était-elle possible ? Pourquoi quelqu'un le ferait-il ?
Prenant une décision rapide, il quitta la table et commença à chercher le livre de Mulligan. Il parcourut chaque allée, en regardant attentivement. Plus il avançait, plus il sentait son cœur se serrer, pensant que le livre était introuvable. Cependant, après quelques allées supplémentaires, il réussit à le repérer sur une étagère supérieure, les lettres argentées du titre brillant. Il leva la main et se concentra sur le livre, le faisant flotter nonchalamment jusqu'à lui.
Il n'y avait rien sur la couverture. Elle était noire. Le titre était écrit en grosses lettres argentées au centre. Le nom de Demeter Mulligan était inscrit en lettres argentées tout en bas, également au centre. C'était un livre assez épais et Harry n'était pas sûr de savoir comment se sentir face à tant d'informations sur un tel sujet.
Tenant fermement le livre, il se précipita vers sa table et s'assit. Il passa une main sur la couverture, poussant les autres livres de côté.
« Hé, Potter. »
Harry leva les yeux au ciel en regardant Malfoy qui s'approchait. Le Serpentard s'était appuyé sur le dossier d'une chaise en face de la table de Harry et avait jeté un coup d'œil aux livres. Il releva la tête avec un sourcil levé et un sourire en coin.
« Des cours supplémentaires ? »
« Personnel », rétorqua Harry. « Qu'est-ce que tu veux, Malfoy ? »
« Être sûr que tu ne mourras pas comme un idiot la semaine prochaine », dit le blond.
Harry fronça les sourcils. « De quoi tu parles ? »
Malfoy roula les yeux. « Les dragons, espèce de crétin. Je suis là pour te donner ta solution. »
« Comment tu sais pour les dragons ? »
« Diggory et le demi-géant ne sont pas vraiment tranquilles. Diggory ne sait pas chuchoter et le demi-géant aime se vanter, surtout devant la géante de Beauxbatons. »
Sans le vouloir, Harry frissonna aux côtés de l'héritier Malfoy à cette idée.
« Alors c'est quoi ton plan de génie ? » lança Harry sur un ton sarcastique.
« En fait, c'est juste la dernière étape du plan que t'a déjà fait avaler le lunatique Maugrey », dit Malfoy. « Honnêtement, tu ne peux rien faire tout seul ? »
Harry lui lança un regard noir. « Dis-le-moi ou va-t'en. »
Malfoy poussa un soupir dramatique. « Très bien. Tu as l'intention d'utiliser ton balai, c'est ça ? »
« Euh... »
« Super », interrompit Malfoy. « Tu n'as le droit d'emmener que ta baguette pour faire venir ton balai. »
Harry cligna des yeux. « Je peux faire ça ? »
« Si tu apprends à faire le sortilège d'Invocation en cinq jours, alors oui, tu peux le faire. »
Harry poussa un gémissement intérieur. Le sortilège d'invocation était justement le sort qu'il n'arrivait pas à maîtriser facilement.
Il plissa les yeux sur le Serpentard. « Pourquoi est-ce que tu m'aides ? »
« Parce qu'il y a des gens qui seront très contrariés si tu te fais attaquer par un dragon. » Sur ce, Malfoy poussa la chaise et commença à s'éloigner, mais il s'arrêta après quelques pas. « Au fait, je suis vraiment désolé pour Ron. »
Harry fixa du regard, confus et surpris, Malfoy qui s'éloignait, se demandant si ce dernier avait déjà appelé Ron par son nom.
Et voici le cinquième chapitre. C'était tellement triste...
