* Entre discrètement dans la pièce * ... * Regarde la date au calendrier * Erm... * Fait glisser le chapitre sur la table au centre * Je dépose ça là... Voilà, voilà. * Sort précipitamment *

Bonne lecture. * rire nerveux *


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Izuku se laissa tomber lourdement sur le lit, tête la première. Un gémissement plaintif lui échappa lorsque les différentes zones douloureuses de son corps entrèrent en contact avec le matelas. Todoroki n'y était pas allé de main morte aujourd'hui encore, et ce malgré les consignes d'Aizawa. Néanmoins, leur professeur n'avait plus fait aucune remarque à ce sujet, se contentant d'observer avec attention pendant qu'Izuku se prenait une nouvelle raclée monumentale… Aucune amélioration n'était à déclarer entre sa première et seconde séance d'entraînement avec Todoroki.

Il n'avait aucune expérience en combat rapproché et c'était très clair pour tout le monde. Todoroki avait à peine transpiré de toute la séance alors que lui avait fini trempé et bien amoché. Il n'avait même pas réussi à égratigner son adversaire. Aizawa ne lui avait donné aucun conseil, sûrement parce qu'il voulait juger sa capacité d'adaptation.

On ne pouvait pas dire que c'était un franc succès. Todoroki bougeait rapidement et ne faisait pas de mouvements inutiles. Chacun de ses gestes semblait pensé pour lui coûter le moins d'énergie possible tout en restant efficace. Quel genre d'Alter pouvait-il bien avoir ? Était-ce un Alter de renforcement physique ? Il ne semblait pas être particulièrement fort sans l'utiliser, en tout cas. Oui, les coups étaient douloureux, mais pas surpuissants non plus. Le fait qu'il soit aussi bon en corps-à-corps pouvait donc être dû à son Alter qui lui donnerait un boost à ce niveau. Mais d'un autre côté, la manière dont il gardait souvent son bras droit tendu sur le côté, main ouverte, laissait penser qu'il devait pouvoir faire apparaître quelque chose… Peut-être était-ce une arme qu'il pouvait faire sortir de sa main ? Ou bien, quelque chose qu'il pouvait projeter ?

Todoroki… Todoroki… ah !

Combattant la léthargie qui tentait de s'emparer de ses membres endoloris, il se redressa sur ses avant-bras et saisit son téléphone sur la table de chevet. « Todoroki », ce nom lui disait quelque chose mais il n'arrivait pas à mettre le doigt sur quoi. Une rapide recherche sur son navigateur Internet lui raviva la mémoire.

Todoroki Shoto : un retour au Japon à prévoir dans le futur ?

20 Jan 20XX – A la surprise générale, Endeavor annonçait i peine un an que son plus jeune fils allait étudier en filière héroïque à l'étranger, au lieu d'intégrer U.A comme lui-même […]

Quel établissement accueillera le fils d'Endeavor à la rentrée ?

2 Mars 20XX – Toujours autant de mystères sur le lycée qui pourrait accueillir Todoroki Shoto pour ses études. Le Numéro 2 des Héros est resté très vague sur le sujet. Les Etats-Unis paraissent […]

Un dernier « au revoir » pour Endeavor et son fils avant le grand départ.

13 Juil 20XX – Le Héros de Flammes avait pris congé aujourd'hui pour accompagner son fils, Todoroki Shoto, à l'aéroport avant son départ pour les U.S.A. On notera néanmoins l'absence de son épouse […]

Le nom civil d'Endeavor était « Todoroki Enji ». Bien qu'Izuku soit au courant de cette information, elle ne faisait pas vraiment partie de celles qu'il gardait à l'esprit. Savoir quelle était l'identité d'un héros ne faisait pas partie de ses priorités, après tout. Beaucoup d'entre eux ne divulguaient d'ailleurs pas la leur dans les médias, parce qu'ils ne voulaient pas mettre leurs proches en danger, entre autres. Endeavor avait dit de nombreuses fois en interview que ça lui importait peu, qu'en tant que Numéro Deux, il était parfaitement capable de mettre un Vilain à terre qu'il soit en service ou non.

De son côté, All Might avait toujours pris soin de ne rien révéler à ce sujet. Malgré les théories faites sur les forums, personne ne savait comment s'appelait le Numéro Un. Izuku ne s'y était jamais vraiment intéressé. Après tout, les Héros passaient leur temps à protéger tout le monde, ils avaient droit à leur intimité. Pour cette même raison, Izuku ne lisait pas vraiment les potins dans les magazines s'ils n'avaient rien à voir avec l'Alter d'un Héros ou sur ce qu'il accomplissait sur le terrain. Il savait cependant qu'Endeavor avait des enfants et parmi eux, un seul étudiait pour marcher dans les traces de son père.

Les nombreuses photos disponibles en ligne n'étaient en général pas de très bonne qualité ou bien ne laissaient pas voir grand-chose. C'était clairement des clichés pris par des paparazzis en embuscade. Todoroki était toujours pris de dos ou bien une casquette, voire une capuche, cachait une bonne partie de son visage. Sur la plupart, il portait aussi des lunettes de soleil ou bien un masque en tissu. Cependant, il était impossible de ne pas remarquer la couleur très distinctive des cheveux de Todoroki : mi-rouge, mi-blanc. C'était ce qui lui avait mis la puce à l'oreille lorsqu'ils avaient été présentés.

Par curiosité, il ouvrit quelques liens pour voir s'il était fait mention de son Alter mais il ne trouva rien de concluant. Beaucoup de personnes émettaient l'hypothèse qu'il devait avoir un Alter de type Feu, comme son père, mais sans aucune certitude. Ça semblait assez logique pourtant, surtout parce que l'Ascendance d'Endeavor était pure. Restait à savoir de quelle Ascendance était la mère de Todoroki… Si elle avait une Ascendance assez pure, elle aussi, c'était peut-être de son Alter à elle ou d'un mélange des deux qu'il aurait hérité.

Ça expliquerait pourquoi il tient son bras comme ça… des boules de feu, peut-être ?

Restait aussi une autre question… Comme les articles qu'il avait trouvés l'indiquaient, Todoroki Shoto était censé être étudiant en filière héroïque dans une école aux Etats-Unis. La nouvelle avait fait couler pas mal d'encre l'an dernier quand le public avait appris que le fils d'un si grand Héros japonais n'allait pas faire ses études au pays. Endeavor ayant été élève à U.A, les gens s'étaient attendus à ce que son fils en fasse de même.

Pourtant, Izuku était sûr à cent pourcent de s'être lamentablement ridiculisé à peine quelques heures plus tôt en l'affrontant… Demain, il aurait certainement les bleus pour le prouver, et les courbatures qui allaient avec. Les Quatre en soient témoins, il en avait déjà un bon paquet en souvenir de la veille.

Endeavor avait dû mentir pour que son fils ne soit pas trop importuné. Pourtant, les photos qu'Izuku avait vues étaient prises par des magazines américains et la plus récente datait d'il y a deux mois. Est-ce que c'était un leurre ? Possible… Après tout, l'année scolaire commençait en septembre là-bas, donc si Todoroki étudiait réellement là-bas, il aurait dû être en cours pendant encore quelques mois. Tout ça ne collait pas.

Un bâillement rappela à Izuku qu'il était tard. Et l'heure indiquée par l'écran de son téléphone —22h47— ne faisait que le confirmer. Après son cours pratique, il s'était traîné jusqu'aux dortoirs pour aller prendre une douche bien chaude alors que Todoroki avait préféré disparaître sans un mot, comme il l'avait déjà fait le jour précédent.

Il s'était ensuite fait à manger avec ce qu'il avait récupéré dans le frigo chez lui hier, toujours sans aucune trace de son colocataire. Ça faisait juste deux jours qu'ils se connaissaient mais en vivant dans le même bâtiment et en partageant la même cuisine, Izuku se serait attendu à au moins l'apercevoir au détour d'un couloir. Pourtant, à part ses chaussures présentes dans le genkan, il n'y avait aucune trace de Todoroki. Il devait pourtant descendre se chercher à manger car le nombre de Tupperwares dans le frigo avait diminué. Dans ces conditions, il était difficile d'apprendre à connaître son nouveau camarade de classe.

Izuku soupira lourdement. Une longue journée l'attendait encore demain et se poser des questions auxquelles il ne trouverait sûrement pas de réponses seul ne servait à rien. Il essayerait de parler à Todoroki pendant l'entraînement de l'après-midi.

Posant son téléphone à sa place, le jeune homme s'installa plus confortablement sur le lit et ferma les yeux.

Pas de rêve cette nuit, par pitié…

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Lorsqu'Izuku prit place dans le genkan le lendemain matin à six heures trente, les chaussures d'intérieur de Todoroki étaient rangées à leur place dans les casiers. Apparemment, lui aussi était un lève-tôt. Peut-être le croiserait-il avant le début de son cours matinal mais à en croire la dextérité avec laquelle Todoroki l'avait évité jusque-là… rien n'était moins sûr.

La veille, à la même heure, Izuku avait décidé de faire son jogging dans le bois qui entourait le dortoir des classes A. Il avait prévu assez de temps pour prendre une douche rapide et son petit déjeuner avant de devoir aller en cours mais c'était sans compter sur la possibilité qu'il se perde en chemin… ce qui, bien sûr, avait fini par arriver. Il y avait pourtant un sentier bien entretenu qu'il n'avait qu'à emprunter.

Ses rêves de cette nuit-là avaient néanmoins fini par le distraire suffisamment pour qu'il s'égare, s'éloignant du chemin de terre qu'il suivait à l'origine. Il s'était retrouvé à l'endroit habituel et, même si le froid familier était absent cette fois encore, il avait simplement avancé, les yeux fermés, jusqu'à toucher la paroi. Elle était tiède sous sa main. Il avait hésité pendant un court instant avant de lui tourner le dos et de se laisser glisser contre celle-ci. Il avait senti les mêmes vibrations que la dernière fois mais il n'avait rien fait il ne s'était ni retourné, ni éloigné de la paroi. Pourquoi avoir agi de la sorte ? Pourquoi se torturer de cette manière ? Il n'en savait rien.

Une part de lui avait simplement voulu s'assurer que le mur de glace, invisible ou non, était toujours en place. En tout cas, l'autre personne se trouvait toujours de l'autre côté. Elle avait martelé la paroi avec force pendant quelques minutes avant de stopper net, puis un dernier coup avait été porté presque à ras du sol, dans son dos. Izuku avait serré les dents en imaginant le garçon qu'il avait entrevu adossé à la paroi, tout comme lui.

Il ne pouvait pas se permettre d'être à nouveau obsédé par ce mystère. Il en avait déjà bien assez à gérer, de bien réels… des interrogations dont les réponses allaient sûrement changer sa manière de voir les choses.

Quand il s'était finalement reconnecté au monde qui l'entourait, Izuku était au milieu du bois, sans la moindre idée de comment rejoindre le sentier. Autant dire qu'Aizawa avait été loin d'être ravi lorsqu'il l'avait vu débarquer avec 8 minutes de retard et en sueur.

Aujourd'hui, ne voulant pas réitérer l'expérience, il avait opté pour le terrain de course à pied présent dans la cour intérieure. C'était peut-être moins agréable que courir accompagné du chant des oiseaux et de l'odeur d'herbe encore humide de rosée, ça l'était bien plus que d'être la cible du regard courroucé de son professeur.

Ayant trottiné jusqu'au terrain, Izuku se mit à courir directement en atteignant celui-ci. L'air froid du matin s'engouffrait dans ses narines, ressortant sous forme de fumée blanche par sa bouche à chacune de ses expirations. Tout comme la veille, il voulait fuir le souvenir de son rêve. Ça faisait bien longtemps qu'il avait été si dur à ignorer. Izuku espérait cependant que, une fois l'impression de nouveauté passée, les choses retourneraient à la normale. Si ce n'était pas le cas, il-

La silhouette qu'il aperçut au loin, après son premier virage, le sortit de ses pensées. Des cheveux parfaitement divisés au centre en deux couleurs bien distinctes, une taille légèrement plus grande que la sienne, impossible de ne pas reconnaître Todoroki.

Parfait !

Allongeant sa foulée suffisamment pour le rejoindre, sans toutefois trop se fatiguer, Izuku décida de le rattraper et d'essayer d'avoir un semblant de conversation.

— Todoroki ! L'interpella-t-il avant d'arriver à sa hauteur, voulant éviter de le prendre par surprise.

Le concerné ne montra pas le moindre signe de l'avoir entendu, ce qui ne le découragea pas plus que ça. Les écouteurs sans fil qu'il aperçut une fois près de Todoroki lui indiquèrent que celui-ci ne l'avait pas tout simplement ignoré. Enfin… tout du moins, qu'il ne savait pas encore qu'Izuku était dans les parages et devait être ignoré.

Dans la seconde qui suivit, deux choses se produisirent : Izuku ouvrit la bouche pour essayer d'attirer son attention de nouveau… et le regard de Todoroki accrocha le sien. Dès lors, l'animosité qui emplit ses yeux gris fit à Izuku l'effet d'une douche froide. Encore une fois, il se demanda ce qu'il avait bien pu faire pour que l'autre garçon le déteste autant. Un sourire mal à l'aise aux lèvres, il décida quand même de persévérer.

— Bonjour, Todoroki. Je voulais juste-

Sans dire un mot et sans lui accorder un coup d'œil de plus, Todoroki accéléra la cadence alors que le volume de ses écouteurs augmentait assez pour qu'Izuku soit capable d'entendre la musique lui aussi.

S'il y avait bien une chose pour laquelle Izuku était connu, c'était sa volonté d'essayer encore et encore. Il ne pouvait pas commencer l'année en étant dans le collimateur du premier élève de sa classe qu'il rencontrait. Une seule personne, c'était déjà amplement suffisant. Avec Kacchan, leur passé commun se dressait sur la route d'Izuku, mais Todoroki ? Todoroki et lui n'avaient encore rien vécu ensemble qui explique son attitude. Si seulement Izuku arrivait ne serait-ce qu'à lui faire dire ce qui le poussait à réagir ainsi à sa simple présence… il pourrait ensuite faire en sorte qu'ils soient au moins en bons termes.

Son désir de créer un lien quel qu'il soit avec Todoroki le poussa à prendre une des pires décisions, au vu de la situation. Se remettant encore une fois à son niveau, Izuku avança une main vers le coude de l'autre garçon, espérant que ce contact pourrait aider à l'amadouer. Cependant, avant qu'il puisse le toucher, une vague de chaleur intense apparut de nulle part. Enfin, pas vraiment de nulle part. Une fois sa surprise passée, Izuku distingua clairement les ondulations qui se dégageaient du bras gauche de Todoroki, ce même bras qu'il avait tenté de toucher.

— C'était bien une Ascendance Feu, alors… murmura-t-il, malgré lui.

Curieusement, Todoroki paraissait tout aussi surpris que lui. Il fixait son bras, irradiant toujours une chaleur plus que bienvenue dans la fraicheur matinale. Ensuite, il plissa les yeux et serra les dents si fort qu'Izuku grimaça au son qu'elles émirent. Ses yeux gris se concentrèrent alors sur Izuku, s'embrasant d'une rage intense que ce dernier, encore une fois, ne comprit pas.

— Fous-moi la paix.

Ces mots, pourtant prononcés dans un murmure glacial, claquèrent dans son esprit comme un coup de fouet. L'instant suivant, Todoroki reprenait sa course mais, cette fois, vers les dortoirs.

Izuku n'essaya pas de le suivre à nouveau.

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Son cours théorique s'écoula à la fois trop vite et trop lentement. Au moins, il était arrivé à l'heure, évitant la colère d'Aizawa. Il avait voulu terminer son jogging mais avait fini par abandonner, se sentant trop mal après sa… rencontre avec Todoroki. Il se sentait coupable de lui avoir donné l'impression que la seule manière d'échapper à son harcèlement était de quitter le terrain. Après tout, il était là le premier et Izuku l'avait presque forcé à partir s'il espérait un peu de tranquillité.

Encore une fois, il ne le connaissait pas. Peut-être que Todoroki n'était pas du tout du matin et était juste réveillé parce que quelque chose le préoccupait. C'était possiblement le pire moment pour le déranger il n'en avait pas la moindre idée.

Dans le temps, Kacchan était difficile à aborder s'il n'avait pas ses huit heures de sommeil. Il ne criait pas mais grommelait la moitié de ses réponses, quand il ne décidait pas de tout simplement ignorer ce qui l'entourait. Bien qu'il s'acharnait à prétendre le contraire, Kacchan était très bougon au réveil. C'était aussi le moment de la journée où il était le plus tactile, du moins avec Izuku.

Enfant, il avait pour habitude de coller leurs chaises l'une à l'autre, s'appuyant ensuite contre Izuku pendant qu'il buvait son jus d'orange, toujours à moitié endormi. En grandissant, il avait plutôt opté pour poser sa tête sur l'épaule d'Izuku alors qu'ils attendaient le métro dans la station bondée de Musutafu. Ensuite, … et bien, toutes ces petites habitudes qui le rendaient si léger qu'il aurait cru pouvoir s'envoler s'étaient évaporées dans les airs, tout comme ses rêves d'avenir.

Kacchan était-il toujours comme ça, aujourd'hui ? Tentait-il toujours de se donner un air dangereux en fronçant les sourcils, les joues encore un peu roses et bouffies par le sommeil, les yeux à peine ouverts ? Lançaient-ils toujours un regard noir, tenant bien plus du chaton que du tigre, à son réveil quand l'alarme sonnait ? Avait-il un nouveau meilleur ami contre qui s'appuyer en prenant son petit déjeuner ?

Cette dernière question lui tordit sauvagement les boyaux et lui donna l'impression que quelqu'un venait d'empoigner son cœur sans ménagement, n'attendant plus qu'un mot pour l'extraire de sa poitrine.

— Midoriya, sois attentif.

La voix d'Aizawa le ramena à la réalité. Bien que celle-ci sonna comme un rappel à l'ordre, une étincelle d'inquiétude animait le regard de son professeur.

— Pardon, professeur. Est-ce que j'ai utilisé mon Alter ?

Il n'avait rien remarqué si c'était le cas. Cependant, l'expression d'Aizawa semblait indiquer que quelque chose le préoccupait.

A ces mots, son professeur fronça les sourcils, l'étincelle se transformant en flamme. Il se détourna du tableau, baissant sa craie qu'il avait toujours à la main. D'un coup d'œil rapide, Izuku prit note des nouveaux schémas présents au tableau qu'il n'avait pas vu Aizawa dessiner et qu'il avait encore moins recopiés. Combien de temps avait-il été perdu dans ses pensées ? Même si la matière qu'ils abordaient aujourd'hui lui était déjà acquise —par de longues heures de recherche sur le net, des années plus tôt—, ce n'était pas une raison pour ne pas être attentif.

Eraserhead, un héros professionnel, usait de son temps libre pour l'aider à se mettre à niveau. Il aurait pu tout simplement le placer en première année dès le départ, et être tranquille. Il avait néanmoins décidé, pour une raison que seuls les Quatre devaient connaître, de lui accorder une chance.

— Non, je ne disais pas ça à cause de ton Alter. (Il jeta un coup d'œil à l'horloge murale.) Tu veux faire une pause ? Demanda Aizawa, sondant son regard pour y trouver la réponse qu'il attendait.

— Non merci, Professeur.

Izuku prit une longue inspiration avant de la laisser s'échapper lentement. L'odeur de la craie, mêlée à celle de l'encre de son stylo, chassèrent les dernières traces d'un passé révolu. Il n'était pas ici pour Kacchan. Il était à U.A pour devenir ce qu'il avait toujours voulu être : un Héros.

— Je m'excuse de m'être laissé distraire. Ça n'arrivera plus.

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A son arrivée dans la salle commune du dortoir, Izuku dut y regarder à deux fois pour s'assurer qu'il ne rêvait pas. Todoroki était assis à la table de la salle à manger, dégustant une assiette de soba, son visage n'exprimant aucune expression particulière. Ne voulant pas se faire remarquer trop vite, Izuku en profita pour observer son colocataire. Celui-ci paraissait plongé dans ses pensées, fixant la table sans vraiment la voir. Les traits détendus de cette manière, Izuku se fit de nouveau la réflexion qu'il devait à coup sûr faire partie des garçons les plus populaires du lycée. Il avait cette aura calme et détachée qui devait certainement faire battre le cœur de beaucoup de gens. Dommage que le simple fait de poser les yeux sur Izuku le fasse prendre un virage à cent quatre-vingt degrés…

Il lui fallait prendre son courage à deux mains. Il devait s'excuser auprès de Todoroki pour avoir autant insisté le matin même. Ça permettrait peut-être aussi d'empêcher celui-ci de se venger pendant leur séance d'entraînement de l'après-midi. Il était déjà bien assez agressif en temps normal, pas besoin d'en rajouter une couche.

Todoroki ne remarqua sa présence qu'au moment où Izuku tira la chaise en face de lui pour s'asseoir. Il ne s'était rien fait à manger mais il n'était pas vraiment sûr de pouvoir avaler quelque chose, de toute façon. Un shake de protéines devrait faire l'affaire.

— Hum… Todoroki…

Si Izuku n'avait pas été aussi attentif aux réactions de l'autre garçon, il aurait sûrement raté la manière dont ses doigts s'étaient crispés autour de ses baguettes. Ses épaules s'étaient tendues en une demi-seconde et son visage s'était figé, impassible. Todoroki décida néanmoins de ne pas accorder un regard à Izuku, fixant résolument son assiette, à présent.

Ce n'était pas la pire réaction qu'il ait pu avoir jusqu'ici…

— Je voulais juste te présenter mes excuses pour ce matin. Poursuivit-il, se mordant la lèvre avec appréhension. Tu m'as fait comprendre que tu voulais être tranquille et j'ai quand même insisté… Je ne voulais pas te pousser à partir mais j'espérais simplement qu'on pourrait discuter un peu, vu qu'on n'a… hum… pas vraiment eu le temps de le faire jusqu'à maintenant. Evidemment, ce n'est pas une raison pour t'ennuyer ! Tu as tout à fait le droit de préférer être seul pour-

— Franchement, tu me soules.

« Tu me soules, Deku. »

La voix de Kacchan se juxtaposa en un écho parfait sur celle de Todoroki, lui donnant encore plus d'impact. Il ignorait pourquoi il continuait de penser à lui, le comparant à Todoroki, mais il semblait que Kacchan ne cessait de se rappeler à son bon souvenir depuis quelques jours. Le plus souvent, il apportait avec lui son lot d'émotions négatives…

Une sensation de fourmillement s'éveilla dans son omoplate. Ça aussi, c'était devenu récurrent depuis le jour de sa rencontre avec Sludge. Il n'eut pour autant pas l'occasion de s'y intéresser davantage, figé sur place sous le regard glacé de Todoroki qui le dévisageait avec un dégoût palpable.

— Je n'ai pas de temps à perdre avec toi, Monsieur l'Élu. Je n'ai aucune envie de faire ami-ami avec qui que ce soit, mets-toi bien ça dans le crâne. Toi et moi, on n'a rien en commun. Alors, pour la dernière fois, fous-moi la paix.

Sur ces dernières paroles, il lui lança un regard appuyé avant de l'ignorer, comme il savait si bien le faire. Les seuls bruits qui troublèrent le silence de la pièce ensuite furent celui du tic-toc de l'horloge du salon et celui de Todoroki aspirant ses nouilles.

L'expérience n'était pas nouvelle pour Izuku. Etre rejeté et ignoré sans avoir, à sa connaissance, rien fait de mal ? Il était rôdé. Kacchan avait pris soin de lui faire connaître ce sentiment, des années durant. Pourtant, c'était toujours une sensation aussi douloureuse qu'à l'époque. La seule personne qui l'avait accepté depuis que Kacchan l'avait rayé de son cercle d'amis, c'était Namigawa. Et il n'avait même pas le droit de lui parler de ce qui lui arrivait… La police avait été claire au niveau de l'utilisation de son téléphone. Ses appels étaient placés sur écoute, au cas où sa mère appellerait, et il devait rester très vague sur son changement d'établissement avec ses « amis ».

Impossible donc de s'expliquer auprès de Namigawa. Il s'était abstenu de lui envoyer un message, ne sachant pas comment le formuler. Elle lui avait avoué ses sentiments et, le jour-même, il changeait de lycée ? Wow, tu parles d'une coïncidence. Il y avait toujours cette sortie à l'aquarium aussi… Il devrait annuler, sans pouvoir lui dire qu'il n'avait pas le droit de sortir de l'enceinte de U.A sans accompagnant.

Autant dire que ça faisait bien longtemps qu'il ne s'était plus senti si seul. Une boule dans la gorge, sentant ses yeux piquer davantage de seconde en seconde, il décida de quitter la cuisine en silence. Après tout, Todoroki était là le premier…

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Il n'y avait pas la moindre trace d'Aizawa dans le gymnase Gamma quand Izuku y arriva pour son cours pratique.

— Il a été appelé pour une urgence, lança une voix sans inflexion derrière lui.

Le sursaut à peine contrôlé provoqué par l'arrivée surprise de Todoroki ne sembla pas satisfaire ce dernier. Au contraire, il lui jeta une œillade pleine de sarcasme accompagnée d'un rire moqueur si bref qu'Izuku douta l'avoir réellement entendu.

— Est-ce qu'il a dit quand-

— Non. Il m'a juste dit de te laisser en un seul morceau.

Le léger sourire en coin qu'il afficha en répétant les consignes de leur professeur n'annonçait rien de bon. En tout cas, pas pour Izuku. Un frisson lui parcourut l'échine. Il n'était cependant pas certain de la raison de son apparition… Ses interactions avec Kacchan avaient apparemment laissé plus de traces que ce qu'il croyait. Voulant cacher les rougeurs traîtresses qui venaient de lui brûler les joues, il se tourna rapidement pour aller poser ses affaires sur un banc un peu plus loin.

La session commença comme les autres : avec Izuku essayant d'adopter une position de défense assez efficace pour ne pas qu'il finisse au sol dans les dix premières secondes du combat. Il évolua de la même manière aussi… Todoroki ne retenait pas ses coups, même si Izuku nota qu'il ne paraissait pas plus acharné que d'habitude. Il faisait preuve d'un contrôle impeccable dans le moindre de ses mouvements, ne laissant aucune chance à Izuku de lui porter le moindre coup. Le combat tenait plus d'une raclée à la sortie des cours que de la séance d'entraînement.

Même si Izuku avait étudié avec attention les techniques de combat des héros, repassant les vidéos plusieurs fois pour mémoriser un maximum d'informations, il n'en restait pas moins qu'il ne les avait pour ainsi dire jamais mises en pratique. Les techniques de self-defense qu'il avait apprises ne l'avaient pas aidé jusqu'ici. Désarmer son opposant ? Todoroki n'utilisait pas d'armes, pour commencer. Empêcher quelqu'un de vous étrangler par derrière ? A part pour les coups de pieds et de poings, Todoroki essayait de le toucher le moins possible.

La seule fois où Izuku avait tenté d'utiliser l'élan de Todoroki à son avantage en se penchant pour le retourner comme crêpe, c'était lui qui avait encore une fois fini au sol. L'expérience n'était pas particulièrement agréable… Ça n'empêchait pas Izuku d'essayer encore mais la différence de niveau était telle qu'il n'arrivait pas à grand-chose.

— Pau- Pause ? Haleta-t-il finalement au bout d'une heure.

Todoroki, toujours debout, le regarda avec indifférence. Il partit vers son propre sac de sport sans lui adresser un mot.

Ça doit vouloir dire oui, je suppose…

Izuku se redressa tant bien que mal, frottant le coude sur lequel il avait atterri plus d'une fois depuis le début de la séance.

Tout en avalant avidement de grandes gorgées d'eau, faisant crisser le plastique de sa bouteille bruyamment, il se mit à imaginer anxieusement l'évaluation d'Aizawa pour entrer en seconde. Devrait-il affronter Todoroki pour la partie pratique ? Si oui, quand Aizawa comptait-il lui apprendre à se battre, plutôt que de laisser Todoroki lui botter les fesses sans ménagement ? Parce que si ce n'était pas le cas, il doutait que trois semaines suffisent à lui permettre de battre Todoroki en corps-à-corps… et ils n'avaient même pas encore commencé à utiliser leur Alter…

— Todoroki, qui t'a appris à te battre comme ça ? Demanda-t-il songeur, rebouchant sa bouteille à moitié vide. Ça devait être un sacré bon professeur pour que tu sois aussi doué ! Ou alors, tu as appris par toi-même ? Si oui, c'est super impressionn-

Il reconnut rapidement la sensation de chaleur intense provenant de là où se trouvait Todoroki.

— On reprend. Déclara sèchement ce dernier, la colère dans sa voix à peine dissimulée.

C'était étonnant de voir à quelle vitesse Todoroki pouvait passer d'un tempérament glacial à une colère bouillonnante. L'espace autour de lui était en train de se réchauffer petit à petit, rendant sa proximité finalement très inconfortable. Etant en combat rapproché, Izuku ne pouvait pas vraiment y échapper. Chaque fois que la main gauche de Todoroki entrait en contact avec lui, elle laissait derrière elle une sensation de légère brûlure, comme si Izuku s'était appuyé sur un radiateur tournant à fond. Elle finissait par s'estomper mais était bien vite remplacée par une autre à son prochain coup.

Etonnamment, il n'en était rien pour sa main droite. Est-ce que ça avait un rapport avec le fonctionnement de son Alter ? Il faudrait qu'il en prenne note plus tard, quand il n'aurait pas l'impression de combattre seul un Boss Elite, au beau milieu d'une fournaise.

— Je-

Il se décala pour éviter un coup à l'épaule.

— Je ne sais pas ce que j'ai dit qui-

Un nouveau, cette fois au ventre.

— … qui a pu t'offenser mais je-

Le suivant, ciblant sa hanche, était un leurre et dans la seconde qui suivit, il se retrouva avec un genou au sol et un bras retourné dans le dos qui le fit grimacer de douleur. La main de Todoroki qui enserrait son poignet droit semblait agréablement fraîche comparée à sa jumelle, appuyant sur son omoplate gauche pour le maintenir en place. Le fourmillement familier de sa cicatrice s'agita comme une armée de frelons sous la paume brûlante de Todoroki. La légère odeur de tissu brûlé qui lui parvint fit remonter la bile dans sa gorge. Pendant une seconde, il se revit plaqué de face contre un tableau noir, une main différente mais tout aussi ardente placée au même endroit.

— J'en n'ai rien à faire de tes excuses. Murmura Todoroki.

Izuku n'aurait su dire si Todoroki avait voulu qu'il entende ou pas. Il était bien plus concentré sur la sensation qui venait de naître dans sa poitrine. Son Alter se débattait, tel un oiseau en cage, essayant de sortir d'une prison invisible pour éloigner la cause de ses émotions tumultueuses.

Il fallait qu'il se calme tout de suite il ne voulait pas risquer de blesser gravement Todoroki avec son Alter volatile. Estimant où se devait se trouver le visage de Todoroki, Izuku donna un coup de tête vers l'arrière. Un gémissement de douleur étouffé récompensa ses efforts. Son adversaire lâcha prise rapidement pour masser son menton qui avait dû prendre le choc. Izuku se releva vite, titubant légèrement pour s'éloigner de Todoroki avant de se tourner vers lui pour surveiller son prochain mouvement.

Izuku paniqua en sentant les poils de sa nuque et de ses bras se dresser, comme s'il venait de se rouler sur le tapis du salon avec un pull en laine.

Face à lui, se tenant le bas du visage de la main droite, Todoroki l'observait sans rien dire. Ses yeux gris analysaient la situation avec attention mais n'avait pas l'air prêt à bouger. Izuku ne pouvait pas compter sur lui pour l'aider à maîtriser son Alter et Aizawa n'était pas là non plus. Il fallait qu'il se débrouille seul. Mais comment ?

Arrête. Arrête ! Il n'y a aucun danger !

Son Alter n'était vraisemblablement pas sensible aux injonctions verbales. S'il n'arrivait pas à se contrôler et finissait par causer des dégâts autour de lui, est-ce qu'Aizawa déciderait de l'envoyer en première ? Pire, jugerait-il qu'Izuku n'était pas apte à devenir un héros ? Certes, il n'arrivait pas à utiliser son Alter de lui-même, mais n'était-ce pas pire qu'il ne sache pas l'arrêter quand il se déclenchait tout seul ? Eraserhead s'était montré compréhensif jusqu'ici mais pour combien de temps encore le resterait-il ?

Les premiers arcs électriques commencèrent à courir le long de ses bras, émettant un grésillement que, dans une autre situation, il aurait sûrement été ravi d'entendre à nouveau. Pas maintenant, cependant. Sentant tout contrôle glisser entre ses doigts comme une poignée de sable, il s'écria :

— Todoroki, recule !

Le concerné se contenta d'un rire sarcastique qui fit relever la tête à Izuku.

— C'est ça leur nouvel Élu ? Un bon à rien qui ne sait même pas maîtriser son Alter ? Laisse-moi rire.

« Toi, un héros ? Laisse-moi rire. »

Peut-être que si Izuku continuait de comparer Todoroki à Kacchan, c'était parce que le concerné continuait de lui donner des raisons de le faire.

« Vraiment, tu sers à rien… Deku. »

Aussi, c'était déjà la seconde fois que Todoroki l'appelait comme ça l'Élu. Qu'entendait-il par-là ? La question le démangeait mais il n'osait pas desserrer les dents, les éclairs zébrant maintenant le reste de son corps. Ils restaient à la surface de sa peau pour le moment, ne s'écartant presque pas. Ici et là, un craquement sonore se faisait entendre, accompagnant un arc verdâtre plus puissant que les autres. Tout comme lui, son Alter semblait intéressé par ce que Todoroki avait à dire. Et apparemment, maintenant qu'il était lancé, il ne comptait pas s'arrêter sur sa lancée.

— Je n'ai même pas besoin de mon Alter pour t'écraser et pourtant on t'a collé dans mes pattes sans me demander mon avis.

Son mépris était revenu, noyant les flammes de la colère de Todoroki sous une vague glacée. La seule partie encore un tant soit peu expressive de son visage était ses yeux d'un gris dur comme l'acier.

— Tu débarques ici et tu veux intégrer directement la classe de seconde ? Ça me donne envie de gerber de voir des gens comme toi croire qu'ils valent mieux que les autres. Tu n'as aucune base, que ce soit pour le combat au corps-à-corps ou pour la maîtrise de ton Alter.

Il leva les yeux au ciel, vers la gauche, pensant visiblement à quelque chose en particulier.

— Même un gamin de cinq ans pourrait te battre. Pourtant, tu crois que tu peux te mesurer à des apprentis héros ? Pitoyable. Tout ça parce que tu es né avec la bonne Ascendance. Tu as un Alter de mutation Foudre ? La bonne affaire. Ça ne prouve rien à ta valeur.

— Jamais je-

— La ferme ! Asséna-t-il sèchement, coupant Izuku dans son élan. Qu'est-ce que tu crois obtenir en me parlant ? Tu crois que je vais me plier en quatre pour toi parce que tu daignes m'adresser la parole malgré mon Ascendance ?

— Ton Ascendance ? Demanda Izuku, à mi-voix, pour ne pas l'énerver davantage.

Sans qu'il s'en rende compte, son Alter s'était calmé, retournant se loger dans sa poitrine sous la forme d'une présence chaleureuse mais toujours alerte. L'incompréhension, ainsi que la curiosité, qui l'habitaient à présent chassant la panique qui l'avait fait perdre ses moyens.

La question ne fit qu'assombrir l'attitude de Todoroki. Les poings serrés le long du corps, la mâchoire crispée, il haussa un sourcil dubitatif.

— Je ne sais pas où tu veux en venir en jouant la carte du mec gentil qui accepte tout le monde mais ça ne m'intéresse pas de le savoir. Je n'ai pas besoin d'un ami. Je veux juste prouver à tout le monde, et surtout à mon enfoiré de paternel, que je n'ai pas besoin de l'Ascendance qu'il m'a transmise. Ma Glace est tout ce dont j'ai besoin pour devenir un vrai Héros.

— Ta Glace ?!

L'expression de réelle surprise sur le visage d'Izuku dut suffire à convaincre Todoroki qu'il ne savait rien à ce sujet. En même temps, ses yeux écarquillés et sa bouche béante étaient d'assez fiables indicateurs de sa réaction.

— Tu veux dire que tu es d'Ascendance Givre ? Mais je croyais que tu avais un Alter de Feu, comme Endeav-

— Oui, mon Ascendance est à la fois de type Givre et Feu.

Il plissa le nez en prononçant le mot « Feu », comme si la simple idée d'avoir une Ascendance de cette nature le répugnait. En temps normal, c'était plutôt dans l'autre sens que ça se passait. Les gens étaient rarement fiers d'être des descendants de Shimo. Il fallait admettre que ça vous fermait de nombreuses portes dans la vie et vous rendait difficiles les choses les plus simples. Choisir une école, trouver un emploi, avoir un logement, fonder une famille…

Izuku n'était pas un grand fan de la majorité des lois concernant les Ascendants Givre. Mais celle concernant la possibilité d'avoir des enfants ? Il la trouvait parfaitement injuste.

— Si Endeavor est d'Ascendance Pure de première génération… pour que tu maîtrises le Feu et la Glace, ça voudrait dire que-

Il y avait beaucoup de théories sur la génétique et comment une Ascendance pouvait prendre le pas sur une autre. Aucun héros ayant été ou étant en activité à l'heure actuelle n'avait eu un Alter double. Ou en tout cas, aucun ne l'avait jamais montré publiquement. Et de la Glace et du Feu ? Il s'agissait de deux éléments diamétralement opposés. Pour que son côté Givre puisse se manifester malgré la pureté de l'Ascendance d'Endeavor, il faudrait que celle de la mère de Todoroki soit tout aussi pure… C'était impensable ! Jamais le gouvernement n'aurait permis ça !

— Ma mère est une descendante directe du Dragon de Givre. Continua Todoroki à sa place.

Izuku se figea. Comment était-ce possible ?

— Alors, Aizawa ne t'a rien dit ? Hm… sûrement pour éviter que tu flippes, comme les autres. Il ne faudrait pas que l'enfant prodige refuse de s'entraîner avec la seule personne disponible...

Il ne savait que répondre à la flopée de nouvelles informations qu'il était en train de recevoir.

Todoroki ne l'aimait pas à cause de la nature de son Ascendance ? Si lui-même était d'Ascendance en partie Givre, alors c'était à la fois logique et hypocrite de sa part. Les descendants de Shimo étaient craints et mal vus, sans raison tangible, hormis l'origine de leur sang. De la même manière, Izuku n'était pas responsable de la sienne. Il se trouvait néanmoins du bon côté de la barrière, contrairement à Todoroki.

Étant le fils d'Endeavor, Izuku se serait attendu à ce qu'il soit bien traité. Mais à en juger par la rancoeur évidente qu'il déversait dans chacun de ses mots, ce n'était pas le cas.

— Je… Je ne suis pas un prodige. Bredouilla Izuku, ne sachant pas quoi dire d'autre.

Un ricanement sarcastique lui parvint. Il grimaça, un trou noir s'ouvrant dans sa poitrine et avalant peu à peu ce qui se trouvait alentour. Ce vide grandissant engloutissait son énergie plus vite que l'entraînement ne l'avait fait jusque-là.

— Là, on est bien d'accord. Tu n'aurais pas tenu deux secondes dans l'examen d'entrée… et qu'est-ce que ça t'aurait coûté au final ? Rien. On t'aurait confié à un autre lycée pour t'apprendre ce que tu as à savoir, parce que ton Alter t'a sauvé la vie une fois. Parce que, par chance, ton Ascendance a muté en type Foudre. Pour rien d'autre.

Todoroki ne criait pas, il se contentait de distiller une dose létale de venin dans chacun de ses mots, faisant baisser la tête à Izuku et l'encourageant à se tasser sur lui-même pour se faire tout petit. Il pouvait sentir ses joues chauffer, colorées par un rougissement honteux.

Ça faisait longtemps que quelqu'un ne l'avait pas rabaissé aussi ouvertement. Mais il n'avait pas tort… comme Izuku l'avait craint, son premier camarade de classe pensait qu'il n'avait pas mérité sa place à U.A.

— L'Ascendance d'une personne ne veut rien dire. Poursuivit Todoroki, toujours aussi froid. Ton Alter Foudre ne fait pas de toi quelqu'un de bien. Mon connard de père est la pire des enflures, même sans une goutte du sang de Shimo dans les veines.

Izuku releva légèrement la tête, jetant un regard interrogatif à Todoroki entre les mèches de cheveux qui lui cachaient partiellement le haut du visage. Celui-ci ne cessait de serrer et desserrer les poings, la nuque raide et un regard dénué de toute chaleur fixé droit sur Izuku.

— Mais je suppose qu'il a parfaitement le droit de se comporter comme si ma mère était une simple usine à gosses et mes frères et soeurs, de simples brouillons qu'il peut balancer quand il n'en est pas satisfait.

Il croisa les bras sur son torse, enfonçant ses doigts dans son bras gauche avec tant de force que ça ne pouvait qu'être douloureux.

Le pauvre… Continua-t-il, le sarcasme infusant chacun de ses mots. Il a perdu son Ame Soeur. C'est un miracle qu'il ait survécu. On ne peut pas lui en vouloir d'être aussi distant.

Si une chose était sûre, c'était que Todoroki ne pensait pas un mot de ce qu'il venait de dire. Par contre, Izuku avait entendu de nombreuses variations de ce discours dans les médias. Endeavor recevait beaucoup de sympathie de la part du public pour la mort de son AS… et ça pouvait très souvent servir d'argument pour excuser son comportement détaché.

— Et si il traite sa soi-disant famille comme de la merde aussi, apparemment. D'aussi loin que je me souvienne, il m'a toujours forcé à m'entraîner jusqu'à ce que je ne puisse plus tenir debout. Tout ça dans le but d'obtenir « l'arme ultime ». Pour pouvoir combattre les descendants de Shimo en utilisant leur propre pouvoir contre eux, avec en bonus la puissance de ses flammes. C'est tout ce qui l'a jamais intéressé. Avoir un enfant qui pourrait devenir plus puissant qu'All Might à sa place.

— Pou-

— Parce qu'il ne supporte pas de ne pas être le meilleur ! Répliqua-t-il, l'interrompant. Cet espèce de connard a acheté ma mère comme si elle n'était qu'un vulgaire animal de compagnie ! Mais tu ne peux pas comprendre...

— Co-Comment c'est possible ? Les Ascendants Givre sont privés de leur Alter dès qu'ils sont découverts. Pourquoi est-ce que le gouvernement-

De base, Izuku n'avait pas voulu poser cette question à voix haute. Mais toutes les interrogations qui tournaient dans son esprit avaient fini par avoir raison de son filtre verbal, déjà peu efficace.

C'était cependant celle de trop, apparemment. Todoroki fondit sur lui à une vitesse impressionnante, lui laissant à peine le temps d'éviter un coup de pied au flanc gauche. Dans son dos, sa cicatrice continuait de le gêner, parcourue de faibles décharges électriques. Il devait néanmoins en faire abstraction pour éviter chacun des coups de Todoroki, emplis d'une nouvelle vigueur hargneuse.

— Si j'avais eu le malheur de ne pas entrer à U.A, j'aurais fini exactement comme ces gens !

Sa colère ne semblait pas l'handicaper, au contraire, elle le rendait plus vif et encore plus implacable. Après une suite d'attaques, qu'il évita plus par chance qu'autre chose, Izuku se retrouva déséquilibré. Todoroki sauta sur l'occasion sans perdre un instant et le plaqua dos au sol, un de ses genoux lui écrasant presque la cage thoracique et l'autre près de sa hanche, plaquant son bras contre le béton glacé. L'autre bras était bloqué au-dessus de sa tête, tenu fermement en-dessous du coude par la main brûlante de son adversaire.

— C'est ironique que tu sois bloqué sur le campus pour ta sécurité…

Son ton glacial, un rien moqueur, contrastait terriblement avec la température de sa main qui ne paraissait pas cesser d'augmenter de seconde en seconde.

Izuku grimaça légèrement en sentant sa peau réagir, ses nerfs envoyant des messages d'alerte à son cerveau. La prise de Todoroki était néanmoins trop forte, aidée par le poids de Todoroki penché au-dessus de lui. Se dégager se révéla impossible quand il voulut essayer.

— … alors que je suis enfermé ici pour la sécurité des autres. Comme un criminel assigné à domicile en attente de son jugement.

— To-Todoroki- Tu me fais mal !

Ce dernier inclina la tête, considérant Izuku comme un animal observant sa proie dans ses derniers instants. S'amusant de la voir se débattre vainement entre ses griffes avant de lui porter le coup fatal.

La froideur dans son regard n'avait jamais été aussi effrayante qu'à cet instant. Il resserra sa prise sur le bras d'Izuku, la chaleur devenant presque insupportable et ce, pour quelqu'un qui avait eu sa part de brûlures des années plus tôt.

— Qu'est-ce qui prouve que tu n'es pas l'ennemi ? Que tu ne vas pas trahir tout le monde et devenir un Vilain ?

— Todoroki-

Voulant le raisonner à tout prix, Izuku tenta d'accrocher son regard. Mais l'autre garçon continua de le fixer. Cette fois-ci, sans le voir. Ses yeux bien que braqués sur lui étaient vides, perdus ailleurs, là où les gémissements de douleur d'Izuku ne pouvaient pas l'atteindre.

— Ton Alter ne signifie rien… dit-il à mi-voix, se parlant à lui-même.

Ce qui arriva ensuite se passa très vite. La main de Todoroki s'enflamma subitement, calcinant la chair d'Izuku au passage. Le hurlement effroyable qui lui déchira la gorge fit sortir Todoroki de son état second, son visage se peignant d'horreur en comprenant ce qu'il venait de faire.

Mais Izuku n'entendit pas un son hormis un sifflement assourdissant lui vrillant les tympans, ne sentit rien d'autre que la douleur insoutenable lui coupant le souffle. Submergé par la souffrance, il perdit connaissance en moins d'une minute.

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J'avais promis Shouto eeeeeeeet Shouto vous avez eu. U_U Je vais maintenant partir me cacher quelque part jusqu'à la sortie du prochain chapitre. N'hésitez pas à laisser un commentaire pour me dire ce que vous avez pensé du chapitre ! Ne soyez pas timide, même un simple keysmash me fera plaisir ;)

Un graaaaaaand merci à ma bêta-lectrice qui a corrigé en un temps record. Je l'aiiiiiime !

A bientôt... * rire nereux, Le Retour *