Chapitre 6 : la vérité toute nue (ou presque)

Zelena déboula chez sa sœur, sans y avoir été invitée.

- Regina ! Il faut qu'on parle !

Elle n'obtint aucune réponse. Pourtant, sa sœur était rentrée, puisque sa voiture était garée dans l'allée. Elle entendit un bruit d'eau à l'étage et monta directement les marches. Elle alla dans la salle de bain, trouvant la brune en train de barboter dans son bain.

- Zelena ! Mais ça ne va pas ?! Dégage !

- Fais pas ta timide, tu n'es pas crédible. Bref, j'ai des nouvelles du front. Ça va mal ! La petite harpie veut ta peau. Et de la manière la plus détestable qui soit ! En public !

- Mais de quoi tu parles ?! Et puis va-t'en ! Je n'ai pas envie d'écouter tes âneries. J'ai déjà mal partout, avec la chute d'hier matin. Inutile d'en rajouter une couche avec ta voix de crécelle !

- Tu te prends pour l'autre dinde ? Enfin l'autruche plutôt ? À me parler de piafs sans intérêt… Donc, comme je te le disais, elles veulent t'évincer, et te faire regretter tes actes… Aucune imagination, mais de la fourberie à revendre, les Charmant !

- Emma n'est pas comme ça. Elle est bizarre en ce moment.

- Elle t'a piqué ta place ! Atterris un peu ! Tu joues gros, petite sœur. Toute ta vie, littéralement, en fait.

- Zelena, dégage de ma baignoire, j'aimerais pouvoir profiter d'avoir un peu de temps pour me relaxer, sans devoir supporter ta présence.

- Très bien, mais faudra pas venir pleurer si tu te prends une grosse fessée !

La rouquine mata sans gêne le corps de sa sœur.

- Dire qu'il y en a qui tuerait pour s'amuser avec ça. Passons.

La brune lui envoya de l'eau, pour la faire partir. Sa sœur était toujours sans gêne. Mais toujours de bon conseil également. Si le vent commençait à tourner en sa défaveur, il lui fallait agir. Elle ne voulait surtout pas que Mary-Margaret lui vole son poste, et par extension sa vie. Elle l'avait déjà fait une fois, Regina avait retenu la leçon. Elle se massa les tempes, et profita du silence ambiant pour plonger dans l'eau. Cette journée s'annonçait longue, très longue. Et elle devait trouver un plan pour amadouer la blonde. Car au final, c'est avec elle que Regina préférait travailler. Hors de question que ce soit le microbe sur pattes, grand pourvoyeur de guimauve devant l'éternel !

À midi, Regina était devant son ordinateur, à la mairie. Le petit manège de la fée bleue devenait grotesque. Personne ne prêtait attention à l'élection municipale. Les habitants attendaient patiemment le prochain round, pour rire au détriment des trois femmes. Et Emma se retrouvait systématiquement prise entre deux feux. Sa position devait être harassante. Une idée lui vint alors. Elle referma son dossier, éteignit son poste de travail et sortit en direction du poste de police. Elle trouva la shériff en train de faire du rangement et de trier des papiers. C'était assez rare pour être noté.

- Bonjour shériff. Votre père vous a puni ?

- Bonjour Regina. Toujours aussi désagréable… Je n'ai pas encore déjeuné, alors si vous pouviez vous activer…

- Miss Swan, j'aimerais vous inviter à dîner, chez moi, afin de passer du temps avec Henri. Il vous réclame en ce moment. Je n'ai pas le cœur à lui dire que vous n'en éprouvez pas vous-même le besoin. Qu'en dites-vous ?

- Euh… Et bien, c'est très aimable à vous. Merci. Mais, il y a un traquenard ?

- Bien sûr que non. Il s'agit d'un simple repas en famille, une soirée à profiter de la présence de votre fils biologique. Enfin, si ça ne vous intéresse pas, je saurais m'en dépêtrer, et expliquer à Henri la raison du refus de sa mère, de passer du temps avec lui.

- J'ai compris. C'est encore pour cette histoire d'élection ? Parce qu'utiliser le gamin pour faire pencher la balance en votre faveur, ce serait mesquin, même pour vous.

La brune était à moitié percée à jour. Son fils ne lui réclamait plus, depuis quelques semaines, la présence de la blonde, mais elle devait faire un effort pour se rapprocher de la shériff. Aussi, un demi-mensonge était toujours mieux que la vérité.

- Promis, miss Swan. Donc demain soir ? À dix-neuf heures ? Soyez ponctuelle.

L'invitation lancée, la brune tourna les talons et repartit vers son bureau. Son plan était parfait.

Emma se gara devant le 108 Mifflin Street avec dix minutes d'avance. Elle était partagée entre une certaine appréhension et un léger soulagement. En effet, la maison était illuminée, mais il ne semblait pas y avoir d'autres invités. Elle s'était posée la question toute la journée, ne voulant pas partager son fils avec des gens qu'elle n'avait nullement envie de voir. Elle ferma sa voiture et toqua à la porte d'entrée. Henri vint lui ouvrir en souriant.

- Bonsoir Emma. Entre, je t'en prie.

- Bonsoir gamin. Tiens, c'est pour toi.

La blonde tendit le bras, dévoilant un paquet emballé avec soin.

- J'espère que ça te fera plaisir.

- Merci Emma. Je vais le déballer dans le salon. Tu viens avec moi ?

- Et ta mère, elle n'est pas là ?

- Si, elle est dans la cuisine, elle finit de préparer ses lasagnes.

- Son plat fétiche ! On va se régaler, bonhomme !

- Tu sais, j'en mange souvent. Si elle pouvait changer de recette, ça m'arrangerait.

Emma pouffa devant le visage désolé de l'enfant. Ils se rendirent tous les deux sur le canapé, où le petit ouvrit précautionneusement son cadeau.

- Euh… Merci, c'est gentil, mais…

- Tu n'aimes plus les jeux vidéos, Henri ?

- Si ! Mais, maman me l'a déjà acheté…

- Oh, je vois. Ce n'est pas grave, tu pourras aller l'échanger contre un autre jeu qui te plaît.

- Oui, mais c'est pas pareil. Tu viendras avec moi, pour faire l'échange ?

- Bien sûr, gamin. Enfin, si j'ai l'autorisation de ta mère.

La blonde était déçue d'avoir loupé le coche avec ce banal cadeau. Elle plaqua un sourire sur son visage, et continua de babiller avec l'enfant.

- Je ne vous dérange pas, tous les deux ?

La maîtresse de maison venait de faire son apparition, vêtue d'une très jolie robe fourreau bleue. Elle portait encore ses escarpins, et était apprêtée. La blonde ne lui jeta qu'un bref coup d'œil, sans s'appesantir sur sa personne.

- Bonsoir Regina.

- Maman, je peux retourner au magasin de jeux vidéos avec Emma ce week-end ? Elle m'a offert le même jeu que toi.

La brune laissa dériver son regard sur la blonde, qui était un peu nerveuse.

- Bien sûr, vous pourrez y aller samedi, dans la journée. Un verre, miss Swan ?

- Euh, oui, avec plaisir.

- Du cidre ?

- Plutôt un jus d'orange ? Si vous en avez.

- Oui, je vais vous chercher ça.

La mairesse repartit vers la cuisine, quelque peu surprise. Il était rare que la blonde n'accepte pas de l'alcool. Décidément, Emma Swan se montrait de plus en plus bizarre. Alors que l'apéritif était servi dans le salon, les trois comparses babillèrent tranquillement de la journée du garçon. Une clochette retentit, annonçant la fin de la cuisson du plat. Jusque là, tout se passait bien, les deux femmes s'étant abstenue de parler de travail, ou d'elles-mêmes, d'ailleurs.

- Ces lasagnes sont à tomber, Regina. Cela faisait bien longtemps que je n'en avais pas mangé.

- Merci miss Swan. Il est vrai que votre notion de la cuisine est très … conceptuelle.

- C'est une façon de voir les choses. Je sais faire cuire des pâtes, quand même.

- Je n'en doute pas.

La mairesse échangea un sourire de connivence avec son fils, marquant son scepticisme avancé. Le petit soutint sa mère, de peur de devoir avaler un plat préparé par sa mère biologique.

- Au fait, Regina, peut-être pourriez-vous m'appeler par mon prénom ? C'est un peu formel, ce miss Swan, dont vous me rebattez les oreilles, pour un simple dîner.

- Je ne sais pas. J'aime bien ce miss Swan.

- Utilisez-le simplement lorsque vous avez une remontrance à me faire. Comme ça, je saurais quand prendre la fuite.

- Très drôle, vous prenez la fuite la moitié du temps ! Vous êtes pire qu'une anguille !

- Si vous le dites. Si tout le monde ne cherchait pas à me tordre le cou, ce serait plus facile de rester en place.

La mairesse sourit à la boutade. Elle découvrait ce soir une femme beaucoup plus calme et réfléchie que celle qu'elle connaissait superficiellement. Elle se remit debout, la blonde suivant le mouvement.

- Restez assise, Emma. Je vous sers du dessert ? Tarte aux pommes.

- Empoisonnées ? Un truc, genre histoire de famille, avec vous.

La mairesse rit doucement. Décidément, cette soirée était agréable.

- Pas aujourd'hui, je suis à court de mort-aux-rats.

- Je dois admettre que je suis un peu déçue.

Henri ricana de la conversation. Les deux femmes suivirent son exemple. Le dessert fut un succès, et disparut en un clin d'œil. Henri commençait à bailler depuis de longues minutes, luttant pour rester avec ses deux mères le plus longtemps possible.

- Henri, il est l'heure d'aller te coucher, tu tombes de fatigue.

- J'ai envie de rester encore un peu, s'il te plaît.

- Henri.

- Bon, d'accord. Bonne nuit Emma, bonne nuit maman.

Le petit déposa un bisou rapide sur la joue de chaque femme et monta dans sa chambre. Emma, peu habituée à ce genre de démonstration affectueuse, se mit à sourire niaisement.

- Vous l'avez vraiment bien éduqué.

- En effet. Il est mon trésor.

- Je comprends.

- Vous pouvez avoir une place dans sa vie. Mais je resterai sa mère, pour toujours.

- Je ne compte pas m'immiscer entre vous. Je ne suis pas folle.

La mairesse sourit au sous-entendu.

- Voulez-vous un digestif au salon, Emma ?

- Non merci. Par contre, une tisane, je veux bien.

La mairesse écarquilla les yeux.

- C'est une blague ? Vous vous moquez de moi ?

Emma déglutit difficilement. Elle avait cru déceler un brin d'agacement dans la voix de la maîtresse de maison.

- Non, pas du tout. Je suis fatiguée et boire de l'alcool ne me paraît pas être une bonne idée. Voilà tout.

- Je vois. Il est vrai que vous avez une petite mine en ce moment. Tout va bien ?

- Pas vraiment, et vous en êtes la cause.

- Pardon ?!

- Votre poste, que je ne veux pas vraiment, me prend toute mon énergie. Entre votre sœur, ma mère et l'autre tordue de fée bleue, ma vie est devenue un enfer. Cette soirée au calme est appréciable pour moi. Alors je vous en remercie.

- De rien, miss Swan.

- Vous recommencez à m'appeler ainsi, j'ai dit quelque chose qui vous a contrarié…

- Non, l'habitude. Mais j'ai également des difficultés à admettre que vous m'ayez volé mon poste, pour, au final, ne pas en vouloir.

- Je vous demande pardon, encore une fois. Parfois, je me dis que travailler avec vous serait plus vivable que de le faire avec ma mère.

- Votre reconnaissance filiale n'a pas de limites, miss Swan.

- Je n'ai pas envie de me battre avec vous, Regina. Pas ce soir.

- Il est vrai que cette soirée est en quelque sorte une trêve. Je vais vous préparer votre tisane. Un parfum en particulier ?

- Je ne suis pas ma mère, je ne m'y connais pas vraiment. Celle qui vous passe sous la main me conviendra parfaitement.

- Fort bien.

Alors que Regina revenait dans le salon, elle trouva la blonde en train d'admirer sa collection de livres.

- Un titre vous intéresse, Emma ? Je ne possède pas de bandes dessinées, si c'est ce que vous cherchez.

- Je sais lire, et pas seulement regarder de jolies images.

- Aurais-je toucher un point sensible ?

- Disons que ma mère n'est pas tendre avec moi sur le sujet.

La mairesse la regarda bizarrement.

- Elle a tendance à faire fi de la délicatesse, je vous le concède.

- Me traiter d'idiote lui semble acceptable. Pourtant, je fais mon boulot correctement, non ?

- Si l'on veut.

- Ah. Vous aussi, vous pensez que je suis un peu lente ?

- Non. Mais dois-je vous rappeler que vous vous endormez lors de mes réunions ? Que vous essayez d'échapper systématiquement au travail administratif ?

La blonde ricana.

- Je plaide coupable.

- Je n'ai rien à redire sur votre travail de shériff. Vous êtes efficace, et la population vous apprécie beaucoup.

- Merci, Regina. Je crois que j'avais besoin de l'entendre.

- Emma, que comptez-vous faire, une fois que vous aurez votre binôme ?

- Je ne sais pas. Si c'est ma mère, partir loin ? Si c'est vous, peut-être pourrions-nous nous entendre ? À condition que vous ne tuiez personne. Et que vous cessiez de jouer avec vos boules de feu.

- Je ne suis pas si machiavélique. Vous grossissez le trait.

- Vraiment ? Dois-je vous rappeler la réaction des habitants, lorsque vous avez levé la main ?

- Assez comique. Et assez blessant également.

- Alors trinquons à cette ville de doux dingues. Il s'agit là de votre œuvre.

- Trinquer à la tisane ? Vous avez le sens de l'humour, Emma.

Un léger silence s'installa entre elles. Regina le rompit, curieuse.

- Avez-vous quelqu'un dans votre vie, Emma ?

- Non. Je ne dois pas être suffisamment féminine ou bien habillée. Je ne plais qu'aux ados boutonneux ou aux hommes d'âge mûr, munis d'un portefeuille confortable, dixit ma mère.

- Vous êtes une belle femme. Un peu maladroite et pas toujours en phase avec la réalité. Mais avec une mère comme la votre, rien d'étonnant à cela.

Les deux femmes sourirent en même temps. Emma se montra ambitieuse et posa également la question.

- Et vous ?

- J'ai Henri et un travail prenant.

- Vous êtes magnifique.

- Je suis l'Evil Queen.

- Un point pour vous.

- Merci. Personne ne serait assez fou pour me proposer un dîner aux chandelles. J'en ai pris mon parti.

- C'est dommage. Et Henri n'a que vous.

- Seriez-vous en train de sous-entendre qu'il n'est pas équilibré parce que je suis seule ?

- Non, jamais je ne débiterais une bêtise pareille.

- Vraiment ?

- Promis, juré, craché !

- Inutile de joindre le geste à la parole !

- Promis, juré, craché !

- Miss Swan…

- Regina…

Elles éclatèrent de rire, face à l'incongruité de la situation.

- Je n'aurais jamais crû prendre un tel plaisir à discuter avec vous, Emma.

- On pourrait s'entendre et travailler main dans la main.

- Peut-être, en effet.

Elles papotèrent ainsi pendant encore une bonne heure. Emma papillonnait des yeux, déjà bien fatiguée. La mairesse se leva et porta les tasses dans l'évier de la cuisine. Lorsqu'elle revint au salon, elle vit la blonde endormie, une expression paisible sur le visage. Elle n'eut pas le cœur de la réveiller. Elle lui mit un plaid sur le corps, afin qu'elle ne prenne pas froid. La shériff semblait si fragile, dans cette position. Elle ne put s'empêcher de toucher une mèche blonde, et de la replacer derrière l'oreille. Elle sourit face au tableau et resta plus de secondes que nécessaire auprès de la blonde, dévisageant la belle femme assoupie. Elle soupira et monta se coucher, de drôles d'idées dans la tête.

Le lendemain, alors que Regina s'affairait en cuisine pour préparer le petit-déjeuner de son fils, elle fut distraite par du brouhaha provenant de l'extérieur de sa maison. Elle s'essuya les mains et ouvrit sa porte, pour bouter hors de chez elle l'importun. Quelle ne fut pas sa surprise d'y trouver tout un attroupement. Menant ce cortège hétéroclite, Mary-Margaret posait devant des caméras et des micros. Une armée de journalistes s'était déversée sur la belle pelouse de la mairesse. La petite brune se retourna vivement, voyant tous les regards converger derrière elle.

- Voilà le suppôt de Satan ! Où est ma fille ? Vous l'avez kidnappée ? Rendez-moi ma fille !

- Dégagez de ma propriété ! Ou j'appelle la police ! Vous êtes complètement folle !

- Je vais la délivrer de vos griffes ! Poussez-vous !

Regina fit barrage de son corps à l'institutrice hystérique.

- Mon fils dort encore. Ne vous avisez pas d'entrer, ou je vous pulvérise !

- Vous avez quelque chose à cacher ? Vous admettez donc qu'Emma est chez vous ? Que lui avez-vous fait ? Henri a bon dos ! Cette excuse est de la poudre aux yeux !

- Allez plutôt prendre vos pilules ou votre Prozac, vous semblez en avoir grand besoin, petite sotte !

- Je ne vous permets pas, croqueuse de diamants !

- Retournez voir vos nains et cessez de m'importuner, petite écervelée !

- Je ne suis pas petite !

- Lilliputienne, cela vous convient-il mieux ?

- Votre mépris ne m'atteint pas, vipère.

- Vous ne m'atteignez même pas à la taille, tout est relatif !

Les deux femmes se jaugèrent du regard, sous l'œil des journalistes, qui n'en perdaient pas une miette.

La mairesse, lassée de ce petit jeu puéril, se retourna et voulut fermer la porte au nez de l'institutrice. Cette dernière la bloqua et hurla le mot qui allait faire basculer la journée dans l'hystérie totale.

- Dépravée !

La réaction de la mairesse ne se fit pas attendre. Elle esquissa un geste, formant une boule de feu, mais se souvint de la conversation de la veille avec la shériff. Elle fusilla son ancienne belle-fille du regard et écrasa la boule de feu dans sa main.

- La prochaine fois, c'est ta tête qui prendra la place de cette boule. Compris ?

- La grande sorcière a peur de ternir son image ? Un petit meurtre en direct, ça passe mal, pour se faire réélire ?

- Dégage, Mary-Margaret, je ne vais pas le redire.

- Alors, redonne-moi ma fille ! Dépravée !

L'institutrice se tourna vers les journalistes.

- Elle refuse de me rendre ma fille. Elle l'a sûrement enfermée et a abusée d'elle ! C'est une dépravée !

- Cesse de raconter n'importe quoi !

- Emma a disparu depuis hier soir. Et elle a été vue pénétrant dans ta maison pour la dernière fois. Tu l'as attirée dans un piège ! Et tu l'as torturée, hein, vieille carne ?

La mairesse ne voyait pas le bout du tunnel avec cette adversaire vindicative. Elle voyait déjà la une de l'édition de la journée : « les deux candidates à la mairie de Storybrook se comportent telles des adolescentes écervelées ». Elle sourit soudainement, et scruta la brunette, prête à la détruire.

- Tu as raison, Mary-Margaret, ta fille est ici, et plus précisément dans mon lit. Mais elle y est allée de sa propre volonté. Veux-tu savoir ce qu'il s'est passé ?

- Oh mon dieu, Emma ! Tu l'as agressée, hein ? Mais tu es une salope ! Une … mère maquerelle !

- C'est amusant ce que tu dis. Parce qu'Emma a trouvé mes baisers tellement enivrant qu'elle en a redemandé. Je l'ai embrassée, jusqu'à ce qu'elle me supplie de lui faire l'amour.

- Tu mens ! Jamais ma fille ne se donnerait à une meurtrière !

- Je suis la mère de son fils également. Et elle sait que je n'ai rien à prouver au lit. Elle a beaucoup profité de mes… talents, d'ailleurs.

- Elle n'aurait pas écarter les jambes devant toi ! Elle a un minimum de respect envers ses parents !

- Je ne vois pas le rapport entre prendre du plaisir et les Charmant. Ce serait même plutôt l'inverse.

- Tu as sali mon bébé ?! Tu as osé ?!

- Rassure-toi, j'ai pris mon temps pour la déshabiller, j'ai pu découvrir chaque parcelle de son corps. Elle est si athlétique! Mais juste ce qu'il faut. Et sa peau est si douce. Tu as fait du bon boulot, ta fille est magnifique. Et elle ne possède pas ton caractère, dieu merci !

- Je vais te tuer ! Je jure de te défigurer et de te clouer au bûcher !

- Comme c'est intéressant ! Ta fille était en feu hier aussi, surtout lorsque je me suis introduit en elle. Elle a joui en hurlant mon nom. Heureusement que ma chambre est insonorisée, sinon, elle aurait réveillée notre fils.

- Votre fils ?! Mais c'est elle qui l'a mis au monde, sale perverse ! Oh non ! Je viens de comprendre. Jamais Emma n'aurait laissé une femme lui passer sur le corps… Tu l'as prise de force ? Ça ne peut être que ça. Mon pauvre bébé… Tout ça pour garder ta mainmise sur la ville ?! Mais je vais te dépecer !

Le parterre de journalistes frémit sous les menaces de la petite brune. Et l'effroi que la sauveuse ait pu être victime de la perversion de la mairesse, rendit la foule muette. Regina porta alors l'estocade à son adversaire.

- C'est notre fils. Elle l'a conçu et je l'ai élevé. Maintenant dégage avec ta meute de chiens enragés.

- C'est hors de question !

- Emma dort encore, après toutes les positions que nous avons essayé, elle est épuisée. Je ne savais pas qu'elle aimait être prise par tous les orifices. C'est une vraie cochonne ! Je n'avais pas eu de telles courbatures depuis longtemps. Elle m'a fait grimper aux rideaux. Ta fille est si douée avec sa langue ! Un vrai délice !

L'institutrice était devenue rouge de colère et de honte pour sa fille.

- Espèce de …

- Tu veux d'autres détails croustillants ? Elle a adoré que je lui mordille les seins, ça l'a rendu folle de désir. Elle m'a même prise avec un gode. Mon dieu, ta fille est une vraie déesse au lit ! Maintenant, si tu veux bien m'excuser, je prépare le petit-déjeuner pour notre fils et la ravissante blonde, qui dort entre mes draps, nue, et satisfaite. Ma chambre porte encore l'odeur de nos ébats. Bonne journée, grenouille de bénitier !

Regina se tourna vers les caméras et leur fit un clin d'œil. Elle attendit d'avoir l'attention de chacun et fit une déclaration, sachant pertinemment bien que cela mettrait le feu aux poudres. D'un air triomphant, elle déclara :

- Après cet interlude non civilisé, je suis en mesure de vous annoncer qu'il y aura probablement un couple à la tête de la mairie de Storybrook ! N'en déplaise à « Barbie brune fait la tête » ! Maman s'est fait botter l'arrière-train et a été remplacée par un modèle compétent, avec un minimum de style ! Un peu de panache, que diable ! À la prochaine, perdante !

Sous le crépitement des flashs, Mary-Margaret perdit les pédales, face à ce flot d'immondices. Elle poussa la sorcière, qui manqua de s'étaler par terre.

- Tu veux mourir, fillette ?!

- Viens voir si j'y suis, morue !

La gifle que Regina asséna à sa rivale fut cinglante. Elle retentit tel un coup de fusil.

- Un peu de respect, gamine mal dégrossie !

Mary-Margaret ferma ses poings et en abattit un dans le visage de la mairesse. Celle-ci finit sa course les fesses dans un pot de fleurs. Une aura meurtrière jaillit de la mairesse, qui envoya valdinguer la petite bêcheuse, par un subtil tour de poignet. L'ancienne reine se remit debout, avec le peu de dignité qui lui restait.

- Disparais de ma vue, avorton !

- Rends-moi Emma !

- Je vais plutôt l'utiliser jusqu'à ce qu'elle crie grâce !

- Enflure !

- Péronnelle !

La petite brune envoya un petit pot de fleur en direction de la mairesse, qui l'évita de justesse, en se baissant rapidement. Les paris recommençaient entre les journalistes. Cette manie devenait plus que déplaisante. Regina, à bout de patience, sentit la magie s'accumuler sous ses doigts et libéra une vague de puissance, faisant sortir tout le monde de sa propriété.

- Et n'y revenez plus !

Alors qu'elle s'était retournée pour rentrer, elle subit le plaquage vicieux de Mary-Margaret, qui lui avait été enseigné par son mari. La belle brune s'étala comme une crêpe, l'institutrice sur le dos. Cette dernière se releva à peine, faisant peser tout son poids sur sa rivale. Elle commença à la larder de coups de poings dans les côtes, ravivant la douleur de l'ancienne reine. Cette dernière serra les dents et ses yeux se parèrent de violet. La boîte aux lettres vola dans les airs, pour se fracasser sur Mary-Margaret. Elle se dégagea du corps allongé sous elle et tituba jusqu'à la pelouse, ne comprenant pas d'où provenait cette attaque surprise. La mairesse en profita pour se relever, respirant plus difficilement.

- Maintenant ça suffit, tu n'as pas honte ? Se battre comme des chiffonnières, devant des journalistes ! Tu es totalement inapte au poste de maire ! Retourne dans ta cabane au fond des bois ! Paysanne paillarde !

- Jamais je ne te laisserai gagner ! Tu m'entends, jamais !

- Le quartier n'est pas sourd, ils ont dû t'entendre jusqu'en Alaska ! Avec ta voix de mouette enragée ! Retourne jouer dans une flaque de boue, au moins, c'est ton domaine !

- Ce n'est pas moi qui suis revenue toute crottée de ma réunion de chantier ! Péquenaude !

La bagarre repartit de plus belle et des cheveux furent arrachés. Ce spectacle navrant fut immortalisé par de nombreuses vidéos et photos, qui feraient les choux gras des quotidiens et autres chaînes locales.

Pendant ce temps-là, au fond du lit moelleux de la mairesse, bien emmitouflée dans la couette, Emma roupillait tranquillement, sans savoir ce qui se tramait hors de la maison. Elle n'imaginait pas une seule seconde que les deux femmes, avec qui elle devait se montrer aimable et pleinement opérationnelle, étaient en train de se battre comme des plâtriers.