Hey !
Et encore un chapitre. Je n'ai pas pu écrire autant que je voulais avec le boulot, mais deux OS de plus dans le mois, c'est déjà bien ! Et encore une fois, je l'ai écrit pendant les Nuits du FoF, sur le thème Chien !
Merci à Flo (Ça me fait vraiment plaisir de savoir que cette histoire te plaît !) pour sa review sous l'OS précédent.
Bonne lecture !
Gueule de bête
.
Le plan est simple. Cerner les tours de garde des Hyuga, trouver une faille où s'engouffrer et filer dans la chambre de la demoiselle pour l'interroger. Quelques questions en compagnie de Naruto - s'il ne lui a pas menti, alors sa présence devrait la rassurer - pour comprendre où pèche le discours d'Hiashi. Trouver des preuves contre lui, pour abandonner l'affaire sans jeter la disgrâce sur les Uchiwa. Éventuellement, s'assurer qu'il n'y a pas une salle affaire là-dessous. Et passer à la suite.
Naruto insiste aussi pour faire sortir la demoiselle de là.
– T'as bien vu comme il est ! Qu'est-ce qu'il fera, s'il capte qu'elle nous a parlé ?
– C'est pas mon problème.
La dispute n'a pas duré longtemps. Le blondin n'est pas en position de réclamer quoi que ce soit. A l'approche de la nuit suivante, Sasuke a dû se préparer pour disperser ses oiseaux, pendant que Kakashi surveillait le vampire. Il a fait le tour du bâtiment, repéré les différentes entrées - donc deux secrètes - scruté le mur à la recherche d'une prise pour soutenir leur invité dans son escalade.
Et puis, il a vu.
Passant par les couloirs étrangement vides, un volatile terne s'est glissé dans la chambre par le carreau déchiré d'une porte que personne n'a daigné reconstituer. Sous le bois brisé, ses yeux noirs ont vu le vide, l'espace assombri, le lit trop bien fait et l'absence.
Pas d'Hinata.
Trop brusquement, Sasuke est revenu à lui.
– Comment ça, pas là ?
Naruto ne comprend pas. Ça leur fait un point commun.
– Comment on fait, alors ?
– D'abord, on vérifie qu'elle est encore ici, Sasuke répond.
– Et qu'elle est encore en vie.
Kakashi est plus pragmatique. Il n'est effectivement pas impossible que le clan ait menti à ce sujet, puisque ce n'est pas le seul détail qu'il leur cache. S'il est arrivé malheur à la fille du chef, ils ont dû chercher à étouffer le scandale. Les Hyuga ne sont déjà pas réputés pour leur force de frappe. Si leurs ennemis viennent à savoir qu'ils se sont encore affaiblis, les plus opportunistes sauront en profiter.
Pas de temps à perdre pour eux. Sasuke se posera les bonnes questions en temps voulu. En attendant, il retourne à son observation. Il inspire, ferme les yeux, et la nuit se plie à sa volonté. Des yeux partout, milles images qui sont une, des murs et des jardins. Le lourd tissu blanc, les corps alertes qui surveillent. Même si Hiashi ne se doute pas que son temple est sous surveillance, l'Uchiwa préfère rester prudent.
Une heure, longue. Une deuxième qui suit. Il ne sent pas la sueur qui coule le long de son cou, absorbé par la tâche. Mais quand il rompt enfin le sort, la fatigue alourdit ses bras. Une douleur fine embroche son dos, un froid tendu qui lui tire un soupir. Son torse est vide, et sa tête pleine de brume.
Il comprend qu'il a trop forcé.
Tu dois toujours faire attention à la répartition de ton énergie. Si tu te vides trop vite, tu te mets en danger.
De l'énergie, il lui en reste. Mais Sasuke sait qu'il ne pourra pas infiltrer les lieux ce soir.
– Alors ?
L'inquiétude impatience de Naruto le frappe comme le souffle soudain qui agite leur tignasse. Deux yeux bleus s'agrippent à lui. En d'autres circonstances, il aurait pu en rire.
– Il n'y a personne dans les bâtiments. Aucune trace d'elle.
– Tu veux dire qu'elle est plus ici ?
Le traqueur admire sa capacité à ignorer les possibilités qu'il ne veut pas entendre. Mais heureusement pour le blondin, il reste un peu d'espoir.
– Si elle est au temple, alors ils l'ont enfermée dans les sous-sols.
– Les sous-sol ? Dans les cachots, tu veux dire ?
– C'est ça.
– Ça fait des années qu'ils les utilisent plus !
S'il le dit, l'Uchiwa veut bien le croire. Il n'en reste pas moins que c'est le dernier endroit où la jeune fille peut se trouver. Le seul qu'il n'a pas pu pénétrer d'un battement d'aile. Sinon, il ne leur reste que deux options. Soit sa famille l'a fait sortir en secret, soit elle repose désormais dans le jardin funéraire de la branche principale. Et alors, il sera d'autant plus difficile pour eux d'amener la lumière sur ce nœud de mensonges.
– Vous ne pourrez pas entrer aussi facilement dans les souterrains, Kakashi fait remarquer.
– J'ai déjà un plan.
Le jour passe, enfin la nuit revient. Sasuke se penche contre son prisonnier, passe ses mains dans son dos. Les menottes de bois lâchent un clic familier comme il déjoue leur mécanisme, alors qu'un soupire glisse près de son oreille. Apparemment, c'était plus inconfortable qu'il ne le pensait, pour le vampire. L'idée ne devrait pas lui plaire autant.
– J'suis prêt !
– Pour l'instant, tu te contentes de me suivre.
– Ça marche !
Il garde les cercles attachés à sa taille. Prudence. Il le laisse libre pour ce soir, mais il le garde à l'œil. De toute façon, Kakashi surveillera l'entrée qu'ils emprunteront pour glisser sous la terre. Au moindre problème, il saura neutraliser le potentiel fuyard.
Ils ne peuvent bien évidemment pas passer par l'entrée principale, mais heureusement pour eux, le garçon qui les accompagne s'est de nombreuses fois faufilé dans le coin sans se faire prendre - ou presque. Il leur parle des jardins qu'on surveille trop peu - puisque les filles d'Hiashi n'ont pas le droit de s'y rendre seules. De l'arbre à escalader, non loin du mur. Alors Sasuke murmure son avale-bruit, il s'entoure de silence, et il se lance.
Ils traversent le nuage parfumé où s'envolent les insects dérangés, comptent dans leur tête les secondes qui séparent une ronde d'une autre. Pour ce qui est de l'homme, qui surveille l'entrée des souterrains, Kakashi s'en occupe. Ses yeux recèlent des pouvoirs qui sont d'une autre trempe que ceux de son ancien élève. De même pour le crochetage de la porte. Un jour, Sasuke lui demandera de lui apprendre toutes ces techniques qu'il a emmagasinées au cours de sa vie. Mais pour l'instant il se faufile et descend les escaliers qui s'ouvrent devant lui.
– Wow. On voit rien ici.
Ce n'est pas le moment pour parler. Le chasseur lui intime le silence d'un geste. L'obscurité n'est pas un problème pour eux. Les yeux plissés, ils s'avancent, traverse un couloir de pierre. Dans la pénombre, Sasuke devine le manche d'une torche éteinte. Il hésite. Il lui suffirait d'un rien pour l'allumer. Un sort d'étincelle basique pour soulever le feu qu'il porte en lui. Mais sa main, proche du bois sec, s'arrête dans son mouvement. Silence. Presque silence. Un drôle de bruit, comme un grattement, les interpelle.
– Eh, t'a entend-
– Chut.
Si ça continue, il va le museler. Ça demande de l'énergie, mais au moins il ne pourra plus parler.
Le murmure raisonne à nouveau. Un lapement, un bruit humide qui se répète. Il faut quelques pas de plus aux intrus pour discerner un souffle, rauque, comme une respiration hachée qui s'arrête parfois, recommence, rappe contre les murs et raisonne pour atteindre leurs oreilles.
Il y a quelqu'un ici.
– Hinata ?
Soudain, tout s'arrête. Sasuke serre les dents. Il est à deux doigts de laisser filer le sort de silence qui lui brûle la bouche, mais le glapissement qui ricoche le stoppe dans son élan. C'est comme un cri. Un cri faible, brisé, un bout de voix qui dérape. Ça s'élève. Dans sa tête, ça se répète.
Ce son, il le connaît. Il l'a déjà entendu.
– Eh, Hinata ! Je suis là !
– Arrête.
Mais trop tard, ça couine encore, plus fort.
L'Uchiwa voudrait se tromper, si fort. Ça vaudrait sans doute mieux pour eux. Mais il n'a pas de temps à perdre pour des illusions néfastes.
– Crépite-flamme.
Sa main se jette sur la torche et il recule aussitôt, forçant Naruto à en faire de même.
Une paire de griffes disproportionnées passe sous leurs yeux. Le coup les rate de peu.
Puis la lumière éclate, jetée sur les murs par quelques flammes trépignantes. Et ils la voient.
Une jeune fille au visage déformé, la peau étirée par une mâchoire trop grande ouverte. Une bouche pleine de dents, des canines épaisses, pointues et pourtant brut comme un roc brisé. Sa gueule est une falaise pleine de pics, une gueule de chien dont l'odeur putride leur frappe le visage comme le souffle d'une tempête. Un ruisseau visqueux s'en échappe. Son menton brille sous la lumière.
Un cri s'arrache de cette antre qui remplit les souterrains, alors que ses membres cherchent à s'allonger désespérément derrière les barreaux.
Ses yeux alourdis d'un voile bestiale dévorent les deux proies qu'elle ne peut atteindre. Un feulement guttural sort de sa gorge, comme un morceau de nourriture qu'on vomit. Une supplique furieuse qui s'échappe de sa gorge.
Du rouge dans son regard, comme du sang qui se répand. Une pupille si noire.
– Hi-hina…
Elle aboie, ou bien elle crie, il n'y a pas de nom pour ces choses qu'elle pousse, ce besoin sauvage qui sort d'elle pour se jeter sur eux. Encore et encore, elle tape contre les barreaux, tend des bras rachitiques, des mains de squelette dépecé dans leur direction. Sa chair n'est plus qu'un maigre souvenir entre sa peau et ses os, pourtant, la force de son corps fait trembler la prison qui l'enferme.
– Oublie-là.
C'est le seul conseil que Sasuke peut lui offrir, alors qu'il réfléchit au moyen le plus rapide pour quitter l'endroit. La pierre froide, les barres de fer et la lueur vacillante d'une flamme, voilà l'unique compagnie que la vampiresse peut désormais espérer. Puisque c'est bien de ça qu'il est question.
Hinata n'est pas souffrante, pas plus qu'elle n'a succombé à ses blessures.
On l'a transformée.
Et voilà. Faut vraiment que je me fasse un plan, mais je vois à peu près où je vais.
A une prochaine fois !
