Auteur : Lady Zalia

Type : Aventure / Action / Romance

Disclaimers : Univers appartenant à J.K. Rowling. Rating M, relation Voldarry en toile de fond.

Gros bisous aux copines du Discord qui me motivent comme jamais !

Résumé du chapitre précédent : Harry libère Ron des prisons de Voldemort, ce qui met le mage noir dans une rage folle. Il torture Harry et l'enferme dans sa chambre pendant un mois entier. Mais le jeune sorcier y avait caché une baguette et désespéré à l'idée que Voldemort l'y laisse pour toujours, il s'enfuit dans le but de le provoquer.


Chapitre 5

Harry avait consacré de longues heures à réfléchir aux premières actions à mener et il avait fait exactement tel qu'il avait prévu. Il avait attendu deux jours, avait soigneusement évité de faire de magie jusqu'au tout dernier moment et avait enfilé des vêtements plutôt passe partout. Un pantalon noir, un sous-pull et il avait métamorphosé une cape en sweat à capuche. Sous son vêtement, il avait tout de même attaché le holster de baguette de sa tenue de Mangemort. Ainsi il n'aurait pas besoin de la mettre dans sa poche. Dans sa sacoche, il avait simplement mis le minimum d'affaires de toilette, son carnet de croquis et sa trousse, de toute façon il ne possédait pas grand-chose d'autre. Puis il était parti.

Le jeune sorcier avait choisi la dernière marche du perron du 12, square Grimmaurd comme premier point de chute. Au moins il se trouvait en plein cœur de Londres et hors de vue des moldus. Il avait l'impression d'être revenu un an auparavant... Pourtant, contrairement à la dernière fois, il était bien mieux armé. Il était seul certes, mais il était aussi débarrassé de ses scrupules et bien plus à l'aise magiquement. Cela faisait six mois qu'il vivait complètement coupé du monde moldu mais il avait vécu toute son enfance parmi eux et il savait que c'était le meilleur moyen de passer sous les radars. C'était la première fois qu'il se sentait réellement libre, mais il gardait à l'esprit que Voldemort se lancerait à sa poursuite dès qu'il s'apercevrait de sa désertion. Il devait donc quitter le pays et vite. Capuche rabattue sur son visage et mains dans ses poches, il marcha jusqu'à une avenue pour héler un taxi.

- Bonjour. Aéroport de Londres Heathrow, s'il vous plaît.

Il n'y avait jamais mis les pieds mais il avait déjà entendu l'oncle Vernon en parler. Il s'installa confortablement sur la banquette durant le temps du trajet. Il ne pouvait s'empêcher de se sentir à la fois impatient et enthousiaste à l'idée d'une course poursuite contre Voldemort. Le mage noir l'avait négligé pendant un mois entier, il allait lui prouver qu'il était toujours sa némésis attitrée et qu'il avait eu tort de le négliger.

Il jeta un sortilège de Confusion sur le chauffeur de taxi et pénétra dans l'aéroport international, regardant tout autour de lui avec curiosité. Les lieux étaient plutôt calmes en ce début décembre, quelques jours de plus et il aurait été confronté à l'affluence des fêtes de fin d'année...

Déchiffrant les panneaux d'affichage, il finit par trouver le guichet des vols à destination de New York. Il y en avait plusieurs dans la journée, mais il voulait absolument un vol direct et le plus tôt possible. Par chance, il y avait un départ à 10 heures 25 pour une arrivée à 13 heures 10 et il restait de la place. Sa baguette cachée sous ses doigts, il jeta un Imperium à la vendeuse pour s'assurer de son obéissance. Il n'avait bien évidemment ni passeport, ni justificatif d'aucune sorte, et pas non plus d'argent moldu, mais après cette année auprès de Voldemort, la crainte d'utiliser la magie noire n'était plus une préoccupation.

Son billet en poche, il alla attendre dans l'espace prévu à cet effet. Quitte à prendre l'avion pour la première fois de sa vie, il avait demandé à être en première classe. Il était tellement impatient de décoller qu'il se précipita presque dès l'ouverture des portes. Il se doutait qu'il devait avoir l'air d'un gamin devant son premier arbre de noël, mais il s'en fichait. Tout ce qui comptait, c'était la liberté qu'il ressentait. Une fois aux États-Unis, il pourrait littéralement aller où il voulait !

Dans l'avion, il regretta de n'avoir aucune occupation. Il avait presque 8 heures de vol et il se sentait complètement surexcité. Il décida de travailler un peu sur ses barrières mentales. Il ne manquerait plus que Voldemort ressente ses émotions… Cela dit, il n'eut aucun mal à modérer sa joie après deux heures de trajet. Prendre l'avion était nettement moins drôle que voler sur un balai, il n'y avait aucune sensation et la vue depuis le hublot ne montrait qu'une étendue de nuages à perte de vue… S'affalant sur son siège, il décida de faire la sieste.

Ce fut l'une des hôtesses de l'air qui le réveilla, plusieurs heures plus tard. Au moins, il avait pu rattraper sa faible nuit de sommeil.

- Monsieur, nous sommes arrivés à New-York. Bienvenue aux États-Unis. La compagnie Lufthansa vous souhaite une excellente journée.

- Ah, génial ! Merci beaucoup, bonne journée à vous aussi !

Bondissant de son siège, il se précipita hors de l'avion avec enthousiasme. Il avait beaucoup de choses à faire. Il ne connaissait absolument rien de la communauté sorcière américaine mais il lui fallait trouver l'équivalent de la rue de Traverse. Il voulait se procurer un minimum d'argent sorcier et moldu, si possible de manière légale, et acheter un balai, quelques potions au-cas-où et éventuellement des friandises. Mais en attendant, la ville de New York était immense et il se voyait mal chercher au hasard. Il vola une carte de la ville, un sandwich et une bouteille d'eau dans l'une des échoppes de l'aéroport et décida de prendre le métro pour rejoindre le centre-ville. Il l'avait déjà utilisé à Londres pour se rendre à la gare de King's Cross et aidé de son plan, il parvint à ne pas se perdre. C'était finalement assez intuitif…

Une fois dans le centre-ville, il trouva une ruelle isolée pour changer son apparence. Si ce que Drago lui avait dit était vrai, il valait peut-être mieux éviter de se promener avec les traits si reconnaissables de Harry Potter, le Survivant parjure. De quelques coups de baguette, il teint ses cheveux en un roux flamboyant et ses yeux en bleu, allongea son nez, ajouta quelques taches de rousseur, des joues plus rebondies et transforma ses lunettes rondes et noires en une monture carrée à écailles. Il profita aussi d'être à l'abri des regards indiscrets pour jeter un sortilège de localisation sur sa carte. La rue sorcière n'était qu'à quelques pâtés de maison de là, il pouvait donc y aller à pied.

Son sort le mena devant un immense building. Apparemment c'était un centre commercial moldu et Harry s'approcha des portes automatiques avec perplexité. Sans doute l'entrée était-elle dissimulée quelque part, la question était de savoir où. Il essaya de regarder autour de lui, cherchant des personnes avec une tenue particulière et il finit par apercevoir un vieil homme qui portait des bottes en cuir munies de boucles argentées et fumait une pipe, produisant régulièrement un petit nuage rose. Il le suivit jusqu'à l'intérieur du centre commercial, mais au bout de quelques mètres, l'homme se retourna.

- On peut savoir ce que vous me voulez, jeune homme ?

- Ah ! Pardon… Je… C'est la première fois que je viens à New York, et je ne sais pas comment entrer…

- Et donc vous vous êtes dit, je vais suivre ce monsieur, de manière fort discourtoise cela étant. Mais où voulez-vous donc entrer, je vous prie ?

Harry soupira. Les choses ne commençaient pas pour le mieux. Il s'inclina légèrement et montra sa carte où brillait toujours le point indiqué par son sortilège.

- Je vous prie de m'excuser. Je voulais aller à la banque et j'ai demandé à ma carte de m'indiquer… Mais j'ignore absolument comment faire…

- Ah, je vois. Un étranger, hein ? Soit, venez, je vais vous montrer. En échange, vous allez me parler un peu de vous. D'où venez-vous ?

- D'Australie. Je suis arrivé ce matin par avion.

Il croisa les doigts dans sa poche pour que l'homme se contente de cette information. Mais bien au contraire, celui-ci se retourna à nouveau, lui jetant un regard perçant.

- Vous n'avez pas un accent australien. Et donc, que comptez-vous faire à New-York monsieur… ?

- Dursley. Je viens faire du tourisme. J'ai décidé de faire le tour du monde. Mais j'aurais peut-être mieux dû préparer mon voyage… Je voudrais déjà passer quelques jours ici pour visiter la ville et ensuite aller au gré du vent.

- Je vois. Nous y voici. Venez.

Ils étaient arrivés devant des toilettes condamnés pour entretien. Ils traversèrent la porte sans rencontrer de résistance, mais Harry fronça les sourcils en se retrouvant dans des toilettes moldus parfaitement classiques.

- Euh… et ensuite ?

Avec un clin d'œil, l'homme sortit sa baguette.

- Fieldbrook Place ! C'est le verlan du nom utilisé par les Non-Maj, vous voyez ?

En l'espace de quelques secondes, les lavabos et miroirs laissèrent place à une arche d'une blancheur resplendissante, donnant sur un centre commercial typiquement sorcier. Le Survivant en soupira de soulagement.

- Ah merci beaucoup. Je vais pouvoir me débrouiller tout seul maintenant.

Il adressa un sourire de remerciement au sorcier décidément trop curieux à son goût et s'élança à travers les galeries marchandes avec un certain empressement. Il espérait que tous les sorciers américains ne seraient pas aussi suspicieux. Il vérifia instinctivement ses boucliers mentaux et s'observa dans le reflet d'une vitrine pour s'assurer de la qualité de son déguisement. Il ne s'était pas échappé de l'emprise de Voldemort pour se faire capturer par le MACUSA à peine arrivé aux États-Unis...

Il trouva rapidement la banque. Gringotts était aussi ostentatoire ici que sur le Chemin de Traverse et occupait tout un étage du centre commercial, c'était difficile de la manquer. Arrivé devant un guichet tenu par un gobelin, il salua la créature avec respect.

- Bonjour, monsieur. Je voudrais savoir s'il était possible de transférer une partie de mon coffre du Royaume-Uni à ici.

Le gobelin plissa les yeux.

- La situation au Royaume-Uni est particulière. Votre argent ne pourra pas être disponible immédiatement… et il y aura quelques frais de conversion. Mais c'est possible, oui. Je dois faire une demande. Votre nom et le numéro de votre coffre, je vous prie ?

Harry le vit sortir un parchemin d'un tiroir et commencer à prendre des notes.

- Harry Potter, coffre 687. Quelle est la monnaie en vigueur ici, s'il vous plaît ?

- Les Dragots en argent et les Sprinks en bronze. Il y a plusieurs pièces de différentes valeurs. Combien comptez-vous retirer ?

- 100 Gallions pour mes dépenses courantes et il me faudrait aussi, si possible, une lettre de change pour m'acheter un balai magique. Je ne compte pas dépenser plus de 300 Gallions.

- 400 Gallions, je note. Ça fera 663 Dragots et 75 Sprinks. Vous aurez 86 Dragots, soit 57 Gallions de frais. Votre argent sera prêt demain à partir de midi, vous n'aurez qu'à demander Gonrod. Il me faudrait votre signature, ici, signature magique, j'entends.

Le jeune sorcier soupira. 57 Gallions de frais, c'était une sacrée somme, mais ce n'était pas comme si son or lui servait à grand-chose habituellement. Il ne s'en était même jamais occupé et à part savoir qu'il avait plusieurs milliers de Gallions en banque, il ne connaissait même pas le montant exact de sa richesse. Il envoya une infime quantité de sa magie vers le parchemin et son nom apparut à l'emplacement de la signature. Le gobelin hocha la tête avec un air satisfait.

- Merci monsieur Potter, au plaisir de refaire affaire avec vous.

Harry hocha la tête et tourna les talons. Il ne pourrait rien faire avant le lendemain. Il visita un peu le centre commercial sorcier, repérant les boutiques dans lesquelles il souhaitait faire des achats, avant de retourner dans le monde moldu. Il allait devoir se trouver un hôtel pour la nuit mais il n'était pas pressé.

Il passa le reste de sa journée à flâner dans les rues de New York. Avec un peu de magie sans baguette, il déroba quelques liasses d'argent moldu et profita de sa liberté nouvellement acquise pour goûter la Junk Food américaine. Il se mêla aux touristes, visita quelques parcs et musées et resta fasciné par un groupe de musiciens de rue. Il découvrait avec ravissement l'animation d'un pays en paix. Les passants étaient insouciants, les gens s'amusaient… Tout était si lumineux, si bruyant. Bien loin du silence quasi religieux, si précieux à Voldemort !

Il envia aussi tous ces jeunes, entourés de leurs amis, ceux qui menaient une vie normale tandis que lui était désespérément seul. Il attendit que l'épuisement de sa journée se fasse sentir avant de rejoindre sa chambre d'hôtel. Il savait pertinemment que dès qu'il serait loin de l'agitation du centre-ville, il serait en proie au cafard.

De fait, une fois dans son lit, entouré de tous les sortilèges de protection qu'il connaissait, il ne put s'empêcher de penser à son mentor. Lorsqu'il avait été enfermé, son angoisse avait exacerbé sa colère, mais maintenant qu'il se trouvait à des milliers de kilomètres, il avait l'impression que ces émotions étaient déjà lointaines.

Il en voulait surtout à Voldemort pour l'avoir abandonné. S'était-il seulement aperçu de sa disparition ou l'avait-il déjà oublié ? Il avait presque envie de ressentir cette vieille douleur à sa cicatrice pour se sentir rassuré, il devait être un peu masochiste... Les yeux fermés, il essaya de se connecter à l'Horcruxe présent dans son esprit pour rejoindre celui de Voldemort, mais comme les semaines précédentes, il se retrouva confronté à un mur. Étant donné son état mental durant ce mois passé, il n'était guère étonnant que le mage noir ait fermé la connexion, pourtant il ne put s'empêcher de s'en sentir déçu. Il avait l'impression d'être ce chien abandonné qui gratte doucement à la porte de son ancienne maison dans l'espoir que son maître change d'avis.

***/+/***

Le lendemain matin, il se réveilla dans sa chambre d'hôtel avec une motivation renouvelée. Il serait stupide de se morfondre alors qu'il profitait justement de cette liberté qu'il avait tant désirée ! Il devait au contraire utiliser le temps à sa disposition pour faire toutes ces choses qu'il n'avait jamais eu l'occasion de connaître.

Il déjeuna dans un parc du centre-ville après avoir troqué son habituel thé noir et ses tartines contre un Chaï Latté délicieusement sucré et un beignet au chocolat. Il voulait déguster le plus de choses possibles, et de préférence tout ce dont il avait été privé enfant. Il continua de se promener à pied avant de rejoindre le centre commercial sorcier pour être à la banque à midi pile. Il était vraiment impatient de pouvoir s'acheter son nouveau balai et il se sentirait sans doute moins vulnérable avec quelques potions de soin dans son sac.

Au guichet, le gobelin de la veille le reconnu immédiatement et lui fit signe de le suivre.

- Ah, monsieur Potter. Avant toute chose, je dois vous faire signer quelques papiers et vous expliquer comment fonctionne une lettre de change. Venez avec moi, je vous prie. Je vais vous installer dans un bureau pour lire tout cela au calme pendant que je vais chercher la somme.

Trop pressé de récupérer son argent, Harry suivit le gobelin sans la moindre méfiance. Après tout, ces créatures ne se mêlaient habituellement guère des affaires des sorciers et ils respectaient l'argent, or son compte en était bien rempli. Gonrod le fit rentrer dans une petite salle qui ne comportait qu'une table basse entourée de deux chaises. Le jeune sorcier s'assit sur la chaise qui lui était offerte, mais alors qu'il s'était saisi des papiers pour en lire les clauses, la porte s'ouvrit d'un coup, le faisant instinctivement prendre sa baguette.

Trois personnes étaient entrées et plusieurs sorts fusèrent dans sa direction. Harry esquiva le premier sort, para plusieurs d'entre eux puis bloqua les derniers à l'aide d'un Protego. Il avait bondi de sa chaise et s'était reculé vers le fond de la pièce, comme un animal acculé, les yeux écarquillés par la soudaineté de l'attaque.

- Harry Potter ! Par l'autorité qui m'est conférée par le Congrès magique des États-Unis d'Amérique, je vous arrête pour entrée illégale sur le sol américain et utilisation d'une baguette magique sans permis de port de baguette !

Un genou au sol, protégé par plusieurs boucliers magiques, Harry posa sa baguette et leva les deux mains bien en évidence. Devant lui se tenait une sorcière assez grande, cheveux argentés coupés très courts et yeux bleu clair, vêtue d'un ensemble gris et d'un grand imperméable bleu nuit. À sa droite, un sorcier brun, à la peau sombre et aux yeux noirs portait un costume beige. Et à sa gauche se trouvait une sorcière aux cheveux bruns mi-longs et aux yeux noisette, habillée d'un trench brun par-dessus un tailleur masculin noir. Ses cheveux étaient légèrement ébouriffés par leur échange de sorts et Harry fronça les sourcils en la reconnaissant.

- Hermione ! Mais… S'il vous plait, je ne veux pas d'ennui. Je ne suis que de passage. Et je savais pas qu'il fallait un permis de port de baguette !

Son ancienne camarade ne baissa pas sa baguette pour autant et exhorta au contraire ses deux coéquipiers à rester concentrés.

- Il est capable de faire de la magie sans baguette, tenez-le bien en joue. Harry, tu dois te rendre et nous suivre au MACUSA. Soit raisonnable, s'il te plait.

- Misère… Hermione… C'est pas possible ! Je me suis enfui hier, il va me poursuivre dès qu'il s'en sera aperçu, il est peut-être même déjà en route... Écoutez, je suis arrivé la veille. Tout ce que je veux, c'est pouvoir m'acheter un balai et je quitterai le pays.

La sorcière, qui avait l'air d'être la plus gradée du trio, plissa les yeux en direction de Hermione, tout en gardant le Survivant dans sa visée.

- Lord Voldemort va venir sur le sol américain ? Je dois prévenir mes supérieurs…

- Il ne fera que passer si je n'y suis plus, et de toute façon, il ne se fera pas remarquer s'il peut l'éviter. C'est moi qu'il veut. Laissez-moi simplement partir... Je veux juste lui échapper le plus longtemps possible.

Le sorcier brun prit la parole pour la première fois.

- Chef, si c'est un Mangemort, nous devons l'arrêter. Sa tête est mise à prix. Qui sait ce qu'il pourrait faire si on le laisse partir !

- Je ne suis pas Mangemort ! Je le jure. Je vais juste dissiper mon sortilège d'illusion et je vous montre mes bras, d'accord ?

Il ramassa doucement sa baguette et d'un geste, dissipa les quelques transformations physiques qu'il avait opéré la veille. Puis il retroussa ses manches, retira le holster sur son poignet droit et leva les deux mains en l'air. La sorcière aux cheveux courts se tourna à nouveau vers Hermione.

- Alors, c'en est un ou pas ?

La brunette se mordit la lèvre.

- Je ne crois pas… Harry, tu dis que tu t'es enfui hier. Mais pourquoi seulement maintenant ? Après tout ce qui s'est passé ces derniers mois… Tu ne peux pas débarquer comme ça ici !

- Je ne pouvais pas, Hermione. Tu n'imagines pas comment il me surveille. Je n'ai jamais ma baguette avec moi, sauf quand je suis avec Nagini. Quand il veut me faire faire quelque chose, il me confisque mes lunettes ou menace mon familier. Il y a quelques semaines, Ron s'est fait arrêter par un groupe de Mangemorts. J'ai réussi à tromper le garde pour le libérer mais Voldemort l'a su et m'a puni. J'ai passé presque un mois entier enfermé avant de réussir à voler cette baguette. Dès que j'ai pu, j'ai transplané à Londres et j'ai pris le premier avion que j'ai trouvé.

L'ancienne Gryffondor baissa sa baguette avec un soupir.

- Il dit la vérité. Je suis toujours en contact avec des membres de l'Ordre au Royaume-Uni et celui dont il parle, Ron Weasley, m'a confirmé qu'il avait été libéré par Harry alors qu'il avait été fait prisonnier. Mais pourquoi ne pas être partit avec lui ? Et à qui appartient cette baguette ?

- Partir avec lui aurait mis toute sa famille en danger. Je ne me suis pas acharné tout ce temps pour prendre de tels risques maintenant ! Depuis le début, je fais tout cela pour qu'il ne vous cible pas, bon sang ! Et de toute façon, je n'avais pas prévu de m'enfuir. Mais il a été très en colère quand j'ai libéré Ron, il m'a torturé... Je n'en pouvais plus donc je suis partit, ce n'était pas vraiment prémédité. Cette baguette appartient à Julius Travers, tu dois te souvenir de lui, Hermione.

Il avait inventé ce mensonge en une seconde, par mesure de sécurité. Mieux valait éviter de dire qu'il avait arraché cette baguette de la main tranchée de Zacharias Smith… Hermione tourna son regard vers sa cheffe qui semblait perdue dans ses pensées.

- Bon… Hermione, si vous me dites qu'on peut croire à son histoire… On le laisse partir.

Harry dissipa ses boucliers avec un certain soulagement, mais le troisième sorcier tapa du pied par terre.

- Quoi ! Mais, chef ! C'est un homme dangereux…

- Que voulez-vous faire Rodrigo ?! Faire venir Lord Voldemort dans nos locaux ? Que va-t-il se passer, à votre avis, si on arrête le Survivant ? Le mage noir va venir le récupérer, au mieux nous ne pourrons rien faire et au pire il tuera tous ceux qui se dresseront au travers de son chemin. Je ne peux pas réquisitionner des dizaines d'agents en un claquement de doigt alors qu'il pourrait débarquer d'un instant à l'autre et je voudrais surtout éviter un bain de sang. Vous vous sentez capable de l'affronter peut-être ?

Le visage dudit Rodrigo se durcit.

- S'il le faut, je le ferais ! Je n'ai pas rejoint les Aurors américains pour laisser en liberté des criminels notoires ! Il a même avoué qu'il avait une baguette volée !

Harry commençait à perdre patience. Son voyage autour du monde avait à peine commencé qu'on venait déjà lui chercher des Noises… Il soupira et sans même lever sa baguette ni faire le moindre geste, il arracha la baguette des mains de l'Auror qui poussa un cri de stupeur.

- Pardon mais si vous n'êtes même pas capable de garder votre baguette en main, je ne paye pas cher de votre peau face à lui… Maintenant si les choses sont réglées, je vais peut-être pouvoir récupérer mon argent et partir…

Il s'empressa de renvoyer la baguette volée aux pieds du sorcier et tendis le bras droit au-dessus du holster qui vint se rattacher de lui-même à son poignet. Désormais, seule la cheffe des Aurors avait encore sa baguette pointée sur lui et manifestement, elle n'en avait pas encore terminé.

- Une dernière chose avant de partir, monsieur Potter. Je vais vous mettre un sortilège de traçage. Si, comme vous le prétendez, vous quittez le pays, il se dissipera de lui-même. En revanche, si vous m'avez menti, je le saurais, et je vous pourchasserai. Et croyez-bien que si je vous arrête, ça sera la peine de mort qui vous attend. Je vous inculquerais pour immigration clandestine, mise en danger de la vie d'autrui, absence de permis de port de baguette magique, compromission avec un mage noir, préméditation d'acte terroriste, vol sur Non-Maj et peut-être même infraction au Code International du Secret Magique… En bref, je chargerais tellement le dossier que le juge ne mettra pas bien longtemps à prendre sa décision. Mes collègues sont des personnes chères à mes yeux, monsieur Potter et je refuse qu'ils soient mis en danger par votre simple présence, est-ce bien clair ?

Harry fit la moue et glissa sa baguette dans sa manche.

- Je comprends. Je serais parti avant le coucher du soleil de toute façon.

L'Auror en chef lui jeta un regard méprisant et Hermione pouffa de rire.

- C'est impossible Monsieur Potter. Il est déjà presque 13 heures. Même avec le balai le plus rapide qui existe actuellement, vous ne sauriez atteindre la frontière en si peu de temps. Il y a presque 3000 km d'ici jusqu'au Mexique. Je ne suis pas un monstre, je vous laisse trois jours pour quitter le pays et bien évidemment je suivrais votre progression à distance. Ne traînez pas en route.

Le survivant fit la grimace.

- Je vois. Merci pour votre générosité… Je vous suis vraiment reconnaissant de ne pas m'arrêter. Je ne doute pas que ça l'aurait beaucoup amusé de venir me cueillir en prison mais comme vous imaginez, j'aimerais garder ma liberté autant que possible. Du coup, est-ce que quelqu'un veut bien aller rechercher le gobelin ? J'espère qu'il a tout de même fait transférer mon argent comme je le lui ai demandé… Je ne voudrais pas avoir à commettre un cambriolage.

Les trois Aurors lui jetèrent un regard réfrigérant, apparemment peu sensibles à son humour, et le dénommé Rodrigo quitta la pièce avant de revenir quelques instants plus tard avec Gonrod.

- Ah… Vous vous êtes arrangés avec lui alors ?

La voix grinçante du gobelin fit grimacer Harry qui n'appréciait tout de même que très moyennement d'avoir été dénoncé. Il parapha le document et empoigna la bourse de Dragots et la lettre, sans un regard pour celui-ci. Une fois ses affaires rangées, il releva les yeux vers Hermione.

- 'mione. Je suis content de te savoir ici. Je vois que tu as suivi mon conseil. Je t'avoue que ça me soulage.

La jeune femme hocha doucement la tête.

- Ça fait presque quatre mois que je vis ici, et Ginny Weasley est venue avec moi. Arthur et Molly ont préféré qu'elle suive sa dernière année d'étude à Ilvermorny. On a tous été touchés par ce que tu as fait pour Bill, et maintenant Ron. Mais Molly, Arthur, Ron et Bill… Ils n'ont pas perdu espoir, tu sais.

- Si tu veux dire par là qu'ils continuent à lutter, pardon de te dire ça mais ils sont stupides. Ils n'arriveront à rien, à part risquer leur vie. Mais c'est leur choix… Bon ce sortilège maintenant ?

Il commençait à s'impatienter. Le temps filait et même si l'Auror lui avait donné trois jours, il était bien décidé à quitter le pays au plus vite. Sa réponse abrupte sembla avoir vexé Hermione car elle s'était détournée et avait croisé les bras, comme lorsqu'elle boudait à Poudlard. La chef de l'unité d'Aurors s'avança vers lui.

- Très bien, ce sortilège est celui qu'on pose sur les anciens prévenus en réinsertion. Il m'enverra un signal dès que vous quitterez le territoire et se dissipera de lui-même. En revanche, si vous essayez de le retirer vous-même, je le saurais immédiatement, c'est bien compris ?

- Parfaitement. Je n'aime pas trop l'idée mais si vous tenez parole, j'en serais débarrassé d'ici quelques jours tout au plus.

- En effet. Soulevez votre jambe de pantalon, je vais le mettre autour de votre cheville.

Harry s'exécuta, masquant sa nervosité sous ses barrières d'Occlumancie. Même si le fait d'être traité comme un vulgaire criminel le répugnait, il savait qu'il ne pouvait pas refuser. Pour l'heure, ça lui faisait une bonne leçon. S'il voulait pouvoir explorer le monde comme il l'entendait, il allait devoir faire profil bas, éviter les rues sorcières et rester parmi les moldus.

La sorcière fit un mouvement compliqué à l'aide de sa baguette et un bracelet violet apparu autour de sa cheville. Harry pouvait sentir sa présence mais il ne semblait rien receler d'autre que ce que l'Auror lui avait dit.

- Merci. Je vais donc prendre congé. Je peux vous dire que vous avez pris la bonne décision. Puis-je connaître votre nom ?

- Je suis le lieutenant-chef Richelle Sperando, Auror au service du Congrès magique des États-Unis d'Amérique. Monsieur Potter, au revoir. J'espère ne plus jamais vous recroiser. Rodrigo, nous partons. Hermione, j'imagine que vous voulez raccompagner votre ancien condisciple ?

- Oui, cheffe, je m'en occupe.

Harry salua les deux autres Aurors d'un signe de la main et il suivit la jeune femme qui s'élançait déjà vers la sortie. Ils traversèrent la banque côte à côte dans un silence gêné et Hermione ne reprit la parole qu'une fois revenus dans la galerie marchande.

- Voilà. Tu as McTawny, le vendeur de balais, qui se trouve au 5e étage. Les merveilles d'Ebbingdales se trouvent au 4e, tu pourras y trouver ce qu'il te faut pour voyager. En revanche si tu veux quelques ingrédients de potion, je te conseille d'aller à l'Emporium de Thomas Decker, c'est un apothicaire qui se trouve au 1e sous-sol, il est honnête. Tu peux lui dire que tu viens de ma part.

L'ancienne Gryffondor noyait ses émotions sous un torrent de paroles et Harry l'interrompit.

- Merci pour toutes ces informations. Alors comme ça tu es devenue Auror ? Je ne pensais pas que ce type de carrière t'aurait intéressé.

- C'est à cause de toi. Je voulais me tenir au courant et pouvoir intervenir si besoin. Je me doutais que ce jour arriverait et quand j'ai entendu ton nom être prononcé au bureau, j'ai supplié le chef de m'autoriser à aller sur le terrain. Tu sais, tu as beau croire que nous sommes stupides, moi non plus je n'ai pas perdu espoir… Je suis désolée, je dois te laisser. Il faut que je rentre pour faire mon rapport. Prends soin de toi, Harry. Ne le laisse pas te priver de ton humanité. Je persiste à croire que tu es quelqu'un de bien.

Elle se hissa sur la pointe des pieds pour déposer un baiser sur sa joue avant de transplaner et le Survivant resta quelques secondes à fixer l'espace où elle se trouvait l'instant d'avant. Il n'avait même pas eu le temps de lui faire ses adieux, mais tel qu'il la connaissait, elle avait sans doute préféré disparaître avant de se mettre à pleurer.

Il soupira et rabattit sa capuche sur son visage. Le simple fait de savoir qu'il avait ce bracelet à sa cheville lui tapait sur les nerfs. Maintenant il était pressé de quitter le pays. Il décida de parcourir les étages méthodiquement. D'abord l'apothicaire où il acheta un nécessaire à potion de voyage. Il prit aussi quelques ingrédients, notamment un Bézoard, des tentacules de Murlap, de l'essence de Dictame, une infusion d'Armoise et un flacon de pus de Bubobulb en guise de kit de premier soin.

Plus haut, il acheta une petite tente enchantée, des lunettes de vol, une boussole magique, une carte du monde et une tenue de rechange. Chez l'épicier il prit une grande bouteille de Biéraubeurre, une flasque de jus de citrouille, un sandwich pour le trajet et un sac de friandises sorcières. Puis il se rendit au dernier étage. Il dépensa l'intégralité de la somme prévue pour s'acheter le dernier modèle de balai de course, un Tonnerre incandescent, le successeur de l'Éclair de feu. Avec ça, il était assuré de pouvoir rejoindre les Bermudes en 6 heures et donc de quitter le pays le soir-même. Au moins cette île faisait partie de l'empire britannique, il ne risquerait pas de se faire arrêter pour « absence de permis de baguette » ou une autre absurdité de ce genre.

Le centre commercial sorcier disposait d'une plateforme d'envol et il la rejoignit par commodité. Il réduisit ses achats, ajusta les lunettes de vol par-dessus ses lunettes de vue et attacha ses cheveux avant de grimper sur son balai flambant neuf. Au moins, il ne risquait pas de s'ennuyer comme dans l'avion moldu. Il se désillusionna et donna un violent coup de pied dans le sol pour s'élever droit dans le ciel. Il dut se mordre la lèvre pour ne pas crier sa joie alors que le vent lui fouettait le visage et qu'une merveilleuse sensation de liberté s'emparait de lui. Direction Sud-Est !

En quelques secondes, il s'était déjà éloigné de la côte et survolait l'Océan Atlantique. La vue était époustouflante. Une fois suffisamment loin des terres, il était descendu en altitude pour s'approcher de l'eau et avait diminué sa vitesse pour pouvoir observer les dauphins et autres mammifères marins qui nageaient parfois près de la surface.

L'environnement n'était pas très varié mais Harry se sentait bien sur son balai, il ne voyait pas le temps passer. Sous son sortilège de désillusion, il avait l'impression d'être un oiseau marin, volant au gré du vent. Après deux heures de vol, il s'infiltra discrètement sur un paquebot en croisière pour grignoter son sandwich et se réhydrater avant de reprendre son vol.

Peu avant 20 heures, alors qu'il avait les Bermudes en vue, il sentit tout d'un coup une sensation étrange, qui le mit mal à l'aise et lui donna la chair de poule malgré la température douce et ses vêtements épais. Il n'eut cependant pas le temps de réfléchir à ce que cela impliquait, car quelques secondes après, il eut l'impression que son front s'ouvrait en deux. Cela faisait presque un an qu'il n'avait pas ressenti pareille douleur mais il sut instinctivement à quoi elle correspondait : Voldemort venait de découvrir son évasion et il était furieux.

Il serra les dents, accélérant son vol pour atterrir sur la plage au plus vite. Il savait qu'il ne tiendrait pas bien longtemps avant de se laisser posséder par la colère de Voldemort. Il ferma son esprit comme il put et gémit sous la migraine grandissante. Il fallait au moins qu'il se pose… avant de perdre connaissance.

Les yeux fermés, la conscience au bord du gouffre, il s'écrasa sur une plage heureusement déserte à cette heure et s'abandonna à la vision. Voldemort était dans sa chambre, sa lettre entre les mains. Ses doigts étaient crispés autour du parchemin qui s'enflamma d'un seul coup, sans que cela ne fasse réagir le mage noir pour autant.

- Potter ! Je vais te retrouver. Crois-moi, où que tu sois sur cette Terre, je vais te traquer et te faire passer l'envie de t'enfuir ! Tu ne perds rien pour attendre.

Son mentor le libéra rapidement et Harry ne put s'empêcher de sourire malgré la douleur résiduelle. Il était sans doute un peu fou, mais il était rassuré malgré tout : Voldemort allait venir le chercher. Il ne l'avait pas oublié…

Il ouvrit les yeux et se redressa pour découvrir son environnement immédiat. Il avait atterri sur une plage de sable fin et apparemment il n'avait rien de cassé. La nuit devait être tombée depuis peu et les lieux étaient déserts. Devant lui, une eau turquoise venait mollement s'échouer sur ses pieds et dans son dos, une forêt tropicale étendait son ombre sur le paysage. Il n'y avait aucun vent et l'air était doux malgré la nuit.

Il s'étira et commença à enlever ses chaussures et chaussettes pour enfoncer ses doigts de pieds dans le sable. Entre l'irruption des Aurors américains, sa longue traversée en balai et l'attaque mentale de Voldemort, l'après-midi avait été harassante. Il releva son pantalon et s'aperçut avec soulagement que le sortilège apposé par l'Auror Sperando avait disparu. Il se leva et alla tremper un pied. L'eau avait emmagasiné de la chaleur toute la journée et la température était agréable, juste ce qu'il fallait pour se rafraîchir.

Après quelques instants d'hésitation, il décida de retirer ses vêtements pour prendre un bain de mer. Il jeta un sortilège de Repousse-Moldu au cas où, déposa ses affaires en tas sur la plage et s'enfonça dans l'eau, entièrement nu, avec un soupir de bonheur. C'était la première fois de sa vie qu'il avait une telle étendue pour nager. Les Dursley ne l'avaient jamais emmené lors de leurs loisirs, que ce soit à la piscine ou à la mer. Heureusement qu'il avait appris à nager avec les cours de sport dispensés à l'école primaire. Il fit quelques brasses pour délasser ses bras et ses épaules avant de se laisser flotter, apaisé par le clapotis sur sa peau.

Il profita de sa baignade pendant une bonne quarantaine de minutes avant de regagner la terre ferme. Il monta sa tente d'un coup de baguette et prit sa douche dans la salle de bain avant de se rhabiller et ressortir. Il avait envie de profiter du cadre idyllique, il fit donc apparaître un feu de camp et s'assit à même le sol, le regard perdu vers les étoiles. Il n'avait absolument pas la motivation de rejoindre la civilisation pour ce soir, il sortit donc sa bouteille de Biéraubeurre et un paquet de Patacitrouilles qu'il dégusta en guise de dîner.

Maintenant que Voldemort était à sa poursuite, il allait devoir calculer ses trajets de manière à garder une certaine avance sur lui. Quelque part, il avait eu de la chance de se faire interpeler par les Aurors aujourd'hui car sans cela, il aurait été encore à New York ce soir-là et le mage noir n'aurait eu qu'à le cueillir. Lui n'aurait sans doute aucun mal à se procurer un Portoloin International pour les États-Unis. En revanche, une fois quitté la Grande-Bretagne, il ne pourrait transplaner d'un pays à l'autre et serait comme lui obligé de voler pour voyager, tant sache-t-il où il se trouve...

***/+/***

Harry passa une nuit agréable, bercé par le bruit des vagues, mais aux alentours de 6 heures du matin, un étrange rêve vint lui tenir compagnie. Il se tenait au sommet de l'Empire State Building et observait la ville… Avant de se mettre à voler au-dessus des gratte-ciels sans même utiliser un balai, scrutant frénétiquement autour de lui comme s'il pouvait voir à travers les toits…

Il se réveilla en sursaut. Ce n'était pas un rêve. Toutes les pensées du mage noir devaient être tournées vers lui pour qu'il pénètre aussi facilement son esprit ! Il eut un frisson et s'empressa de vérifier ses barrières mentales avant de remballer toutes ses affaires. S'il était déjà à New York, il n'avait plus le temps de traîner. Il avala une gorgée de jus de citrouille puis rangea la tente d'un coup de baguette avant de se désillusionner et s'élever dans les airs. Les Bermudes étaient un archipel très touristique et étant un territoire britannique, il ne fut pas bien compliqué de trouver un restaurant ouvert malgré l'heure matinale. Le jeune sorcier transforma quelques feuilles d'arbre en billets de dix livres convainquant et il put ainsi profiter d'un petit déjeuner grand luxe avec un plein mug de thé noir, des muffins beurrés, des tranches de bacon et un œuf au plat.

Pendant qu'il était à table, il en profita pour regarder sa carte. Ne parlant qu'anglais, il était assez limité dans ses destinations et il voulait éviter de retourner sur un territoire américain. La veille, il avait prévu de voler jusqu'aux îles vierges britanniques et de s'y poser pour la nuit mais le mage noir était sans doute capable de voler douze heures d'affilées. Sa tranquillité d'esprit étant largement tributaire de la distance entre lui et son mentor diabolique, il décida de reprendre l'avion. Si lui ne pouvait voler que cinq à six heures, le moyen de transport moldu était non seulement plus rapide mais aussi capable de parcourir de plus longues distances. Et justement les Bermudes possédaient un aéroport touristique. Il n'y avait plus qu'à espérer que son avion décolle avant que Voldemort n'ait l'idée de voler jusqu'ici…

Sitôt son déjeuner englouti, il alla réserver une place au nom de Vernon Dursley pour le prochain vol à destination du Guyana. L'avion ne partait qu'à treize heures et il profita de l'attente pour acheter quelques denrées alimentaires pour son voyage. Le jeune sorcier avait l'intention de ne passer qu'une nuit sur place, puis de prendre un avion pour le Sénégal dès le lendemain. Il savait qu'une fois sur le continent africain, il n'aurait plus besoin de se préoccuper de parler la langue puisqu'il n'aurait plus à prendre l'avion. Il pourrait alors se contenter de son balai volant pour se déplacer et il y avait de toute façon de nombreux pays anglophones sur son trajet pour se ravitailler…

Ce ne fut qu'une fois son avion haut dans le ciel qu'il s'autorisa à souffler. L'arrivée de Voldemort aux États-Unis avait rendu les choses plus excitantes mais aussi plus stressantes. Or, il avait l'intention de profiter de sa fuite pour parcourir le monde et il ne comptait se faire capturer que le plus tard possible…

Le Guyana était un pays très vert, majoritairement recouvert d'une dense forêt tropicale. Il avait fait suffisamment de réserves aux Bermudes pour ne pas avoir besoin de fréquenter les humains et il s'envola pour la jungle peu de temps après son atterrissage. Il ignorait tout de la communauté sorcière locale mais il avait été échaudé par sa rencontre avec les Aurors américains et préférait s'en tenir au monde sauvage…

Installé en haut d'un arbre immense, il sortit son carnet de croquis. La faune locale n'avait jamais vu d'humain sur la canopée, il fut donc bientôt approché par plusieurs animaux curieux. Il dessina durant plusieurs heures et son immobilité rassura d'abord une colonie de singes. Les macaques restèrent le temps de profiter des fruits présents à proximité avant de se disperser, laissant le temps à Harry de les esquisser. Plus tard, alors qu'il somnolait, ce fut le sifflement d'une couleuvre arboricole qui lui fit ouvrir les yeux.

- Est-ce une proie ? Trop gros à manger. Est-ce dangereux ? Odeur inconnue.

Le reptile était long et fin et ses écailles étaient d'un vert brillant magnifique.

- Je ne suis pas une proie. Je suis un visiteur. Je ne prendrais pas ton territoire et je ne chasse pas tes proies.

- Ça siffle ? Mais ça ne ressemble pas aux congénères. Est-ce allié ou ennemi ?

- Un allié. Si tu veux, je peux chasser pour toi. Est-ce ton territoire ? Vas-tu m'alerter si un prédateur arrive ?

La couleuvre sembla peser le pour et le contre. Mais l'idée d'obtenir un repas sans avoir à faire d'effort dû être suffisamment alléchante car elle s'approcha un peu plus de Harry, allant jusqu'à se poser sur sa branche.

- Toi chasser proie pour moi. Moi siffler si prédateur vient. Toi nourrir, moi garder.

- D'accord. Je vais chasser tout de suite.

Le jeune sorcier récupéra son balai, se désillusionna et descendit vers le sol. En équilibre sur une branche, il émietta quelques biscuits et attendit, immobile et silencieux. La couleuvre n'était pas très large et ne devait guère manger d'animaux plus gros que des souris ou des colibris. Il prit le temps de trouver une proie satisfaisante et la captura à l'aide de sa magie avant de remonter. La petite musaraigne se débattait vainement et il lui jeta un sort de pétrification avant de la tendre sans un scrupule à son allié providentiel.

- Tiens une proie pour toi.

- Toi chasser donc moi garder territoire pour toi.

- Merci ! Je vais dormir.

Plutôt que d'utiliser sa tente, Harry décida donc de se créer une sorte de hamac dans les arbres pour être sûr de ne pas tomber pendant son sommeil. Il sortit le duvet de son sac enchanté et s'installa ainsi, savourant le paisible fond sonore de la forêt amazonienne.

***/+/***

Il fut réveillé au beau milieu de la nuit par les sifflements pressants de son gardien de fortune.

- Prédateur ! Menace ! Danger !

Il ouvrit laborieusement les yeux mais toute la forêt était plongée dans le noir et il n'y voyait pas à deux mètres. Il jeta un Lumos et eut un sursaut d'effroi. La lumière avait révélé un jaguar qui s'approchait doucement de lui, en équilibre sur une branche. Le félin était parfaitement silencieux et avait le dos courbé, les pattes légèrement repliées, comme s'il s'apprêtait à lui sauter dessus ! Harry sortit précipitamment de son couchage et tapa dans ses mains dans l'espoir de faire fuir l'animal, mais celui-ci rugit et donna un coup de griffe dans le vide, comme pour le décourager de s'approcher davantage.

Le jeune sorcier n'avait pas envie de tuer la majestueuse créature et il le poussa doucement à l'aide de sa magie pour l'inciter à quitter l'arbre. Le jaguar poussa de nouveaux grognements mais finit par céder à cette force invisible et bondit sur une branche un peu plus bas avant de disparaître dans la nuit.

Harry soupira de soulagement. Il n'osait imaginer ce qui se serait passé si ça avait été une créature magique. Il repensa au terrible Nundu des savanes africaines que même Voldemort n'avait pas essayé de faire fuir... Il ne s'y connaissait pas vraiment en Magizoologie mais il était prêt à parier que la forêt amazonienne recelait elle aussi de terribles créatures, inconnues des moldus.

À présent parfaitement réveillé, il s'assit en équilibre sur sa branche et grignota une partie de ses réserves. Un Tempus l'informa qu'il était presque 5 heures du matin. Rien ne serait probablement ouvert à cette heure-là mais il se sentait trop agité pour retrouver le sommeil, d'autant qu'il allait probablement passer son trajet d'avion à dormir. Il y avait 6 heures de vol entre Georgetown et Dakar et il savait par avance qu'il allait s'y ennuyer.

Comme chaque fois qu'il était désœuvré, il ne put s'empêcher de penser à son mentor. Il se trouvait actuellement à 4000 km de New York et il se demanda si le mage noir compris qu'il avait quitté la ville. Avait-il entrepris d'explorer les États-Unis ou avait-il deviné qu'il s'était rendu dans les îles ? Peut-être était-il actuellement en train de voler vers lui…

Il se doutait que leurs retrouvailles allaient être explosives. Voldemort allait sans doute vouloir le punir pour sa fuite, mais il préférait cela à la froide indifférence qu'il lui avait réservé durant le mois passé. En étant un adversaire valeureux et en parvenant à le maintenir à distance, il voulait lui prouver qu'il était toujours digne de son respect. Son mentor admirait la puissance et l'ingéniosité, il devait donc suffisamment l'impressionner pour renverser sa colère, et pour cela il avait besoin de temps…

Il rejoignit la capitale du Guyana aux alentours de 6 heures du matin et profita du marché local pour manger des patties, des beignets frits au bœuf épicé, qu'il dégusta avec de l'eau de coco. Avec son sweat à capuche et son sac en bandoulière comme seul bagage, il devait ressembler à un de ces ermites modernes qui abandonnaient tout pour parcourir le monde et les petits bandits de Georgetown ne vinrent même pas l'aborder. Il rejoignit l'aéroport peu de temps après. Un avion partait à 11 heures et il passa le temps restant à regarder le ballet qui se déroulait sur le tarmac. Il était malgré tout fasciné par cette ingénierie moldue qui permettait à des engins de plusieurs tonnes de voler plus vite qu'un balai et sans la moindre magie... Il secoua la tête en repensant au mépris de Voldemort pour la technologie. On ne pouvait pas retirer aux moldus leur astuce.

Son vol vers le Sénégal se passa tranquillement. L'avion était loin d'être surchargé et il s'occupa en dessinant ou en se plongeant dans ses pensées. Les yeux fermés, il profita de son immobilité pour vider son esprit et essayer de s'infiltrer dans celui de son mentor. Il aurait aimé pouvoir lui parler ou à défaut, voir ce qu'il voyait…

Harry frissonna en se retrouvant au milieu d'une pièce intégralement noire. C'était donc à cela que ressemblait l'âme de Voldemort ? C'était la première fois qu'il parvenait volontairement à sonder les pensées du terrible sorcier, mais ce dont il ne se doutait pas, c'est que son entrée avait été loin de passer inaperçue. Il eut un sursaut en se retrouvant tout d'un coup face à une silhouette bien connue.

- Harry ! C'est gentil de venir me rendre visite. Je te manque déjà à ce point ?

- Un peu... J'ai beaucoup aimé quand vous m'avez amené au Burkina Faso. Ce n'est pas pareil de voyager sans vous.

- Pourquoi être parti alors ?

- Je vous l'ai dit dans la lettre. Je ne supportais plus de rester enfermé. C'était plus fort que moi. Quand on m'enferme, ça me rappelle des mauvais souvenirs.

- Une punition n'est pas faite pour être agréable.

- Vous m'avez torturé, ça ne suffisait pas ?

L'environnement mental dans lequel ils discutaient se changea peu à peu en cette chambre sordide qu'il avait occupée chez les Dursley, avec les barreaux aux fenêtres et la petite trappe à la porte. Sans même s'en rendre compte, Harry projetait sa propre psyché dans la conversation. Voldemort regarda autour de lui avec une grimace.

- Tu me compares à eux !

- Vous avez utilisé les mêmes méthodes ! Tu ne sortiras pas d'ici, Harry ! Je vais faire comme si tu n'existais pas et t'oublier là !

- Tu devrais te calmer. Que penseraient les gens autour de toi si tu te mettais à hurler ainsi ?

La vision de la chambre clignota un instant pour laisser apparaître l'intérieur d'un avion avant de disparaître à nouveau, les laissant dans le néant. Voldemort se mit à ricaner.

- Tu es si facile à manipuler. Ainsi tu utilises les moyens de transport moldu ?! Je me demandais comment tu avais fait… Tu continues à fuir et pourtant chaque nuit, je sens ton esprit m'appeler. Où te caches-tu, Sesha ? Dis-le-moi…

- Non. Quel apprenti ferais-je si j'abandonnais aussi facilement ? Je veux vous montrer ce dont je suis capable.

- Tu as bien d'autres manières de me rendre fier. Me faire perdre mon temps ne te vaudra aucune récompense sois-en sûr.

- Très bien ! Je dois arriver d'ici peu sur le continent africain mais je ne vais pas rester dans le pays où je vais atterrir. Vous savez déjà que je ne parle qu'anglais, ça vous donne un bon indice. À vous de me trouver !

Harry s'empressa de couper le lien mais il ne put éviter la douleur que lui envoya le mage noir à travers sa cicatrice. Il grimaça mais la migraine s'estompa rapidement et lorsqu'il rouvrit les yeux, l'avion baissait en altitude. Voldemort avait été vexé qu'il le compare aux moldus qui l'avaient élevé mais il espérait bien que son mentor n'utiliserait plus jamais l'enfermement pour le punir.

Le jeune sorcier ne put s'empêcher de sourire en pensant à ce qui venait de se passer. Ils avaient chacun essayé en même temps de rentrer en contact avec l'esprit de l'autre, ce qui avait permis ce dialogue surréaliste. Quelque part, c'était la preuve que le mage noir pensait à lui.

Il attendit que l'avion atterrisse avant de se lever de son siège. Dehors, le soleil était encore haut dans le ciel et la température extérieure approchait les trente degrés. La ville de Dakar était construite sur une avancée de terre dans l'Océan Atlantique et elle semblait immense. L'aéroport était un peu excentré et de là, il pouvait voir l'impressionnante succession d'immeubles blancs où dépassaient çà et là des tours de minarets. Il aurait été curieux de visiter un peu la ville mais ne parlant pas français ni arabe, il s'empressa de trouver un lieu hors de vue des témoins et des caméras pour se désillusionner. Il redonna sa taille originale à son balai avant de s'élever dans le ciel et filer en direction du Sud-Est.

Il se souvenait comme si c'était hier de cette maîtresse d'école qui avait tenu à leur faire apprendre par cœur toutes les nations anglophones du monde. Aujourd'hui ça lui était bien utile. Le pays le plus proche depuis le Sénégal était le Sierra-Leone qui était tout de même à près de 800km de son point de départ. Heureusement, il avait dormi dans l'avion et se sentait en pleine forme.

Il y avait dix-neuf pays anglophones sur le continent africain et après cela, il avait bien l'intention de visiter l'Inde et si possible l'Australie. Mais il savait qu'il se montrait optimiste sur ses chances d'échapper à Voldemort pendant aussi longtemps.

Harry vola tranquillement, se posant parfois dans une région sauvage pour se désaltérer ou ralentissant pour grignoter un morceau. C'était beaucoup moins stressant que de voler au-dessus d'un océan et la vue n'en était pas moins belle, au contraire. La Guinée et ses voisins étaient des pays très verts et il aperçut plusieurs réserves naturelles sur son trajet. Il profita de la présence d'un troupeau d'éléphants autour d'une mare pour s'arrêter et en faire le croquis avant de reprendre son vol. Qu'elle soit moldue ou magique, la faune sauvage avait toujours une grâce tout particulière à ses yeux.

Lorsqu'il arriva au Sierra-Leone, la nuit était tombée depuis longtemps. Il s'attendait à devoir camper dans la brousse et compter sur ses quelques réserves, lorsqu'il avisa une étrange échoppe de taule et de planches, en plein milieu de la savane. De la lumière s'en échappait, accompagnée d'un délicieux fumet, et son ventre gargouilla bruyamment. Il était toujours sous désillusion et alors qu'il venait de se poser à proximité, le bruit d'un transplanage retentit juste à côté de lui, le faisant sursauter. L'homme qui venait d'apparaître, ne sembla pas remarquer sa présence et s'engouffra immédiatement à travers un rideau, disparaissant de sa vue. Manifestement le lieu était bien plus grand qu'il n'y paraissait.

Le jeune sorcier pesa un moment le pour et le contre avant de dissiper son sortilège et s'y aventurer à son tour. Il ne connaissait pas l'argent sorcier local mais il pourrait toujours s'y renseigner, à défaut d'y manger. Il déboucha sur une assez grande salle aux murs et au sol de bois brut. Plusieurs tentures colorées et divers trophées de chasse décoraient les lieux et une dizaine de sorciers étaient présents. Le patron semblait être un vieux sorcier assez âgé mais il servait ses clients avec habileté, tantôt accoudés au bar en train de boire, tantôt assis autour d'une table en train de manger. Dans un coin, une harpe jouait toute seule de la musique et Harry resta un instant fasciné par l'ambiance de la pièce.

- Hola voyageur ! Bienvenue à l'taverne du D'miguise. Entrez, m'ttez-vous à l'aise !

L'homme parlait un anglais marqué par un lourd accent mais il était compréhensible malgré tout. Le Survivant s'approcha du comptoir en espérant que personne ne le reconnaîtrait. Il n'avait pas jugé utile de se recouvrir d'un sortilège d'illusion tant il était au beau milieu de nulle part. Sa journée avait été longue et il avait bien envie de se détendre un peu.

- Bonsoir. Je viens d'arriver dans la région. Pourriez-vous me dire quelle est la monnaie en vigueur ici ?

- Ben les Gallions, les Mornilles et les Noises pardi ! Vous v'nez d'quel pays ?

- Ah. Euh, je suis britannique mais j'arrive tout juste des États-Unis et je n'ai que des Dragots et des Sprinks sur moi.

- Il suffit de l'dire ! Eul'suis arrangeant moi !

L'homme claqua des doigts et la carte sur le comptoir se transforma sous les yeux de Harry, affichant désormais les prix en devise américaine.

- Oh génial, merci ! J'avais peur de devoir trouver mon repas moi-même.

- Ben non ! L'argent c'est l'argent, c'pareil pour l'gobelin ! Mangez don' ! Qu'est-ce qu'vous f'rait plaisir m'sieur ?

Harry s'assit au bar et posa son sac à ses pieds avec un réel soulagement. Il demanda au patron un plat chaud et réconfortant et après quelques secondes de réflexion, celui-ci lui apporta une grande écuelle contenant une bouillie épaisse contenant du riz, du poulet, du curry, du lait de coco, des cacahuètes et des fruits secs. Le mélange était délicieux et le patron lui versa un verre de liqueur de banane en guise de digestif. Le jeune sorcier le but d'une traite, sentant une douce chaleur l'envahir. C'était à la fois fort et sucré, comme un mélange de Whisky Pur Feu et de Bièraubeurre. Au moins ce soir, personne n'était là pour l'empêcher de boire de l'alcool…

Il eut un sourire en prenant conscience de ce fait. Il était majeur, et le mage noir n'était là pour le surveiller. Il se saisit de la carte et descendit jusqu'à la liste des alcools. Liqueur de banane… Liqueur de noix de coco, Punch cacahuète, Rhum arrangé ananas vanille... Il avait envie de tout goûter. Il commanda un shot de chaque qu'il descendit avec enthousiasme. L'euphorie de braver l'interdit se mêlait au plaisir de profiter enfin de sa liberté. Il dégusta tout ce que proposait l'échoppe. Des arômes puissants du kotoukou, l'eau-de-vie de palmier, aux fragrances plus douces du cocktail à la fleur d'hibiscus. Lorsqu'il quitta la taverne, il avait la démarche hésitante et la bourse presque vide.

- En vous souhaitant 'ne bonne nuitée m'sieur ! Et je s'rais vous, j'transplan'rais pas t'sitôt !

Harry leva la main pour le saluer, manquant de rentrer dans le mur.

- Touuuut va bien ! J'ai un balai ! C'était une excellente soirée ! Bonne nuit !

Le jeune sorcier était le dernier client et il eut à peine le temps de faire quelques pas à l'extérieur que la bicoque se volatilisa dans l'air, le faisant tomber par terre sous la surprise. Il ferma brièvement les yeux et éclata de rire. Il devait être plus de minuit et il était complètement ivre, heureusement qu'il était seul et au milieu de nulle part. Il s'allongea à même le sol sans se préoccuper de l'état de ses vêtements. L'herbe était moelleuse et il ne se sentait même pas le courage de sortir sa tente de son sac. Il ferma les yeux et laissa son esprit dériver. Évidemment ses pensées allèrent vers Voldemort, et le mage noir ne tarda pas à sentir sa présence.

- Harry. Que me vaut le plaisir ?

- Vous pensez toujours à moi ?

- Je suis en train de te chercher. Donc oui mes pensées sont tournées vers toi.

- Ça me fait plaisir. Vous imaginez pas combien ça m'a énervé que vous m'ignoriez comme ça pendant un mois. J'avais l'impression de devenir fou. Vous m'avez rendu dépendant de vous ! Sans vous ou Nagini, j'ai l'impression qu'une partie de moi a été arrachée… Que j'suis plus rien. Que je ne vaux plus rien...

- Et pourtant tu me fuis toujours.

- Mais oui ! J'veux gagner votre respect. Ça paraît dingue comme ça… Mais j'ai besoin de vous montrer jusqu'où je peux aller. J'veux que vous me regardiez comme avant.

- Je te trouve bien bavard ce soir…

- J'aimerais vraiment être dans vos bras, mais au lieu de ça j'suis vautré par terre au beau milieu de la savane ! Je crois que je perds la boule… Ptet que si j'deviens aussi taré que Bellatrox vous allez me regarder !

Le survivant se mit à glousser.

- Potter…

- Ouai ?

- Tu es ivre ?!

Nouveaux gloussements.

- C'est bien possible. Hé hé hé, vous étiez pas là ce soir ! J'ai descendu toute la carte d'un bar sorcier ! Je prends mon pied comme je peux, hein !

Voldemort ne répondit pas pendant plusieurs secondes, mais bientôt, le hurlement du Survivant retentit dans la nuit alors qu'il se tortillait sur le sol, les deux mains plaquées sur son front dans le vain espoir d'apaiser la douleur.

- J'ai vraiment envie de me défouler en lâchant mon Feudeymon sur un village moldu, tu sais. Quand j'entends de tels propos… Tu n'imagines pas, Harry… Dis-moi où tu es, maintenant !

- Non ! Vous m'avez fait mal !

Le mage noir sembla comprendre qu'il n'obtiendrait rien de son apprentit de cette manière et son ton se fit doucereux.

- Très bien. Tu vas te relever immédiatement et trouver un endroit sûr pour passer la nuit. Je n'ai pas envie que mon Horcruxe meure bêtement, vautré sur le sol en plein milieu de je ne-sais-quelle savane et vulnérable à la première menace qui soit !

- Vous vous inquiétez pour moi ?

- À vrai dire j'ai plutôt envie de te tuer de mes mains, Potter. Malheureusement ton enveloppe, aussi insupportable soit-elle, renferme une partie de mon âme. Maintenant obéis, si tu ne veux pas que je maltraite un peu plus ce qui te sert de cerveau !

Harry rouvrit les yeux et se redressa en bougonnant, quelque peu désaoulé par les propos de son mentor.

- C'est bon, c'est bon…

Même si le mage noir ne pouvait plus l'entendre, il allait probablement l'espionner à travers le lien pour s'assurer de son obéissance et il n'était vraiment plus en état de faire de l'Occlumancie à ce stade. Il marcha pendant quelques minutes pour s'éloigner suffisamment du sentier avant de sortir la tente de son sac, l'érigeant d'un coup de baguette magique. Il ressentait encore de fréquents vertiges et il dut se tenir à un arbre le temps de se souvenir quels sortilèges utiliser.

- Alors euh… Cave incinem… non c'est pas ça… Cave inimicum… voilà Protego totalum, ça c'est facile ! Et le dernier… euh… Salvino… Salvio hexia. Allez, c'est bon ! Dodo…

Il s'engouffra dans sa tente et se laissa tomber tout habillé sur le lit de camp qui grinça sous le choc. Fermant les yeux, il se reconnecta sans attendre à l'esprit du mage noir.

- C'est booon ! Mais j'ai mal à la tête à cause de vous, vous êtes méchant !

- C'est surtout à cause de l'alcool qui empoisonne ton organisme. Tu as provoqué cela tout seul.

La voix du Survivant se fit plaintive.

- J'ai envie que vous preniez soin de moi, comme avant !

- Dis-moi où tu te trouves et les choses redeviendront comme avant.

- Promis ?

- Je te le promets Sesha.

- Je suis au Sierra Leone. Mais je sais pas où exactement. Vous allez venir me chercher ?

- Pas dans l'immédiat. Le continent africain fait cent vingt-trois fois la taille du Royaume Uni. Mais je serai là demain matin. Dors maintenant.

Le jeune sorcier sombra presque immédiatement dans un profond sommeil, rassuré par les réponses de son mentor.

***/+/***

Lorsque Harry émergea de sa léthargie, il n'était pas beaucoup plus frais que lorsqu'il s'était endormi. Il avait la bouche pâteuse et la tête lourde. La température avait nettement augmenté avec le lever du soleil et il transpirait dans ses vêtements de la veille.

Il se traîna laborieusement jusqu'à la douche puis enfila sa tenue de rechange, plus adaptée au climat local. Il avait un besoin urgent de thé et il allait actionner sa bouilloire lorsqu'un flash-back de la veille arrêta son geste. Il se souvenait d'une conversation avec Voldemort, juste avant de s'endormir mais sa mémoire était fragmentée… L'alcool l'avait fait régresser à l'âge de 4 ans et il avait réclamé son mentor comme un enfant sa peluche. Ensuite…

Il ferma les yeux avant de les rouvrir brusquement. Il lui avait dit dans quel pays il se trouvait ! Abandonnant tout espoir de petit déjeuner et se traitant de tous les noms au passage, il sortit de sa tente qu'il rangea d'un coup de baguette. Il allait enfourcher son balai lorsqu'il vit un sort fuser dans sa direction et il l'esquiva au tout dernier moment. Le mage noir était invisible mais il devait être suffisamment proche pour essayer de le viser. Harry n'avait plus le temps d'hésiter. S'il décollait maintenant, Voldemort n'aurait aucun mal à le rattraper. Il se concentra pour transplaner, visualisant cette réserve où il avait pu observer des éléphants la veille. Mais alors qu'il disparaissait, il ne put s'empêcher d'angoisser alors qu'un nouveau sort arrivait sur lui.

Il parvint à transplaner, mais son apparition lui arracha un cri tel qu'il fit fuir tous les oiseaux à proximité. Il se redressa en gémissant. Il s'était légèrement désartibulé et il ressentait une horrible douleur au niveau de son mollet gauche. Lorsqu'il retroussa la jambe de son pantalon, il découvrit une vilaine plaie, comme si un morceau de chair lui avait été arraché.

Le Survivant lutta un instant pour reprendre son souffle, fouillant frénétiquement dans son sac sans fond pour y retrouver sa fiole de Dictame. Il devait respirer, raisonner calmement. Voldemort n'était pas si loin et il devait se soigner avant de décoller. Il parvint à mettre la main dessus à l'aide d'un Accio et versa la potion d'une main tremblante. Le Dictame régénéra progressivement sa peau en produisant une légère fumée et il se rallongea sur le sol avec un soupir soulagé. Il se sentait encore faible, déshydraté et migraineux. Mais il ne pouvait pas rester sur place.

Il se hissa péniblement sur son balai magique et se désillusionna avant de s'envoler. Il savait qu'il serait incapable de transplaner avant quelques jours, il n'avait donc plus le droit à l'erreur.

Lorsqu'il s'éleva dans le ciel, il se fit la promesse de ne plus jamais boire autant…


Fin du chapitre 5 !

La suite peut-être dans une semaine, au plus tard le 18 mai. ^^ (Enfin, si j'attends aussi longtemps, je risque bien de me faire fouetter. XD)

J'espère que ce chapitre "un peu plus calme" vous aura plu et que mon Harry bourré vous aura amusé. :D Harry fait son globe trotter et j'espère vous avoir offert un peu de dépaysement. ^^ J'ai passé pas mal de temps sur Google Earth à prévoir son voyage, vérifier si les distances et les trajets d'avion étaient cohérents et tout. Sayant qu'un Éclair de feu fait des pointes à 150 miles/h soit environ 240 km/h. Que Voldemort n'a pas été assez rapide pour rattraper la moto volante de Sirus mais qu'en revanche il a été capable de revenir de Nurmengard en Autriche en moins d'une heure et qu'un avion moldu vole en moyenne à MACH 0,7 soit 863 km/h... Ah oui et étant donné que le Sierra Leone est une ancienne colonie britannique séparée depuis seulement 1960, ça m'a semblé logique qu'ils utilisent la même monnaie qu'au Royaume-Uni. Bref comme d'habitude je me creuse la tête pour des détails que personne ne vérifiera, maintenant vous savez ! ;)

PS : Saya si tu as une soudaine envie de faire un Harry à poil en train de se baigner dans la mer des Bermudes, libre à toi \o/