Il faisait beau en ces premiers jours de juin et pour la première fois depuis des mois, Draco Malfoy se sentait bien. Bien sur la mort d4astoria lui pesait encore sur le cœur mais il allait mieux désormais et la présence de sa meilleure amie et marraine de son fils enfin revenue des U.S.A. n'y était pas étrangère.

Celle-ci était d'ailleurs impatiente de revoir son filleul adoré et trépignait presque à ses côtés, pressée. Blaise à sa gauche échangeait avec elle de petites remarques cyniques sur les goûts étranges des gens qui avaient le malheur de passer devant eux. Ils se seraient presque crus de retour à Poudlard.

En vérité Draco n'était pas dupe. Il se doutait bien que si Pansy avait tellement insisté pour venir, c'était surtout pour voir enfin ce fameux Albus Potter dont elle entendait tant parler dans les lettres de Scorpius.

Elle avait l'intention de le cerner avec précision, peut-être de juger et au moins de lui faire une ou deux remarques sarcastiques et moqueuses de son cru. Cela ne ravissait pas particulièrement le blond mais, connaissant la brune, il ne pourrait pas l'en empêcher ni éviter au brun un interrogatoire.

Alors qu'il tentait d'évaluer les capacités de survie du meilleur ami de son fils, Scorpius surgit au travers de la foule, se dirigeant vers eux.

Il portait un tee-shirt vert pâle à manches courtes et un bermuda du même blanc éclatant que celui de ses baskets de luxe. Scorpius Malfoy ou comment inspiré la richesse en étant habillé comme tout le monde. Ses cheveux étaient un peu en bataille à cause du vent et ses yeux gris brillaient sur son visage un peu androgyne à la mâchoire droite et aux pommettes hautes. Il avait perdu –à son grand soulagement – ses joues potelées et roses de bébé ce qui le rendait plus sûr de lui et affirmé que l'année passée. Même s'il restait toujours aussi ridiculement petit à côté du mètre quatre- vingt – quinze de son meilleur ami.

Meilleur ami qui était d'ailleurs absent.

Draco fronça les sourcils en s'en rendant compte et vit du coin de l'œil Pansy faire la moue.

A peine arrivé, Scorpius se jeta dans les bras de sa marraine en riant. Il se tourna ensuite vers son père et Blaise à qui il fit subir le même sort tout en remerciant toujours sa marraine d'être venue.

Son parrain, après avoir été moitié étouffé demanda, mi- taquin, mi- intrigué où était passé le fils Potter. Scorpius, amusé, lui répondit :

« Il a été retardé en chemin mais t'inquiètes, il ne devrait pas tarder maintenant...

- Il a été retardé ? s'étonna Pansy, perplexe.

- Ouais par une charmante jeune femme qui avait un « truc » à lui demander ! expliqua le blond avec une petite grimace moqueuse.

- Ah oui ? s'amusa Blaise. Albus Potter est un aimant à femmes ?

- A son grand désespoir oui, ricana-t-il. Il a la réputation de s'être tapé un bon tiers de notre promo rien que cette année donc... Il a des propositions ! On se tape des barres la plupart du temps mais franchement ça peut vite devenir lourd... »

Les trois adultes s'entre-regardèrent avec malice. Les ragots de Poudlard ne changeraient jamais à ce qu'ils voyaient !

Draco allait d'ailleurs en faire la remarque quand la haute silhouette d'Albus apparut entre les passants. Il tirait sans effort sa grosse valise, les muscles fins de ses bras roulants délicatement sous sa peau d'albâtre, pour une fois découverte par les manches courtes de son tee-shirt - noir pour changer. Le brun portait un jean sombre, troué et délavé, des bottines aux lacets défaits et son éternelle veste reposait nonchalamment sur son bras. Il s'approcha un peu plus et Draco découvrit avec surprise le tatouage fin d'un serpent qui s'enroulait sur toute la longueur de son bras droit. Ses cheveux toujours aussi rebelles étaient repoussés derrière une oreille percée de multiples petits anneaux argentés et dont le pavillon était traversé d'une barre métallique.

Il s'installa paisiblement sur sa valise, mué par l'habitude et les salua d'un signe rapide de la main en replaçant délicatement la chemise nouée à sa taille. Remarquant les regards étonnés des deux hommes sur ses piercings et son tatouage, il sortit un paquet de cigarette de sa poche avec lenteur, un sourie narquois aux lèvres, en extirpa une avec une habilité qui démontrait une addiction bien triste et alluma le bâtonnet de sa baguette. Il finit par déclarer avec un geste d'autodérision :

-« On fait sa crise d'ado vers mon âge et je la fait déjà depuis trop longtemps. J'ai voulu marqué le coup. »

Cela eut le mérite de faire rire Draco et Blaise qui se mirent à rire, se déridant un peu tandis que Scorpius esquissait un sourie moqueur.

Seule Pansy resta de marbre mais Draco vit s'allumer une petite lueur d'intérêt au fond de ses prunelles sombres : tout n'était peut-être pas perdu.

Le petit rebelle d'ailleurs la tête vers elle et, après l'avoir dévisagée pendant quelques secondes, il déclara avec douceur :

« Enchanté de faire votre connaissance mademoiselle Parkinson. »

Draco fronça violement les sourcils en même temps que les deux autres adultes. Comment pouvait-il déjà savoir ? Scorpius étant tout aussi perplexe qu'eux, le blond élimina rapidement la possibilité qu'il ait la mèche.

Faussement inconscient de la réaction qu'il avait créée, Albus détourna la tête pour souffler la fumée blanche de sa dernière taffe, faisant tourner la cigarette entre ses longs doigts fins aux ongles limés et peints de noir.

« Je pensais que la nouvelle paraîtrait ce matin dans la gazette mais ce que j'ai vu au petit déjeuner ce sera pour demain. Je n'ai pas eu le temps de le lire jusqu'au bout, tout le monde s'activait à partir. J'espère que votre remariage sera heureux. »

Cette fois-ci, Pansy lassai apparaître une moue déçue sur son visage de glace.

« Tu fais parti de ceux qui crois que je suis revenue en Angleterre pour mettre le grappin sur Draco ? demanda-t-elle, dédaigneuse. »

A leur grande surprise, Albus fit une grimace horrifiée alors que ses yeux glissaient rapidement de Draco à Pansy.

« Vous... Vous et Mr. Malfoy ? Non, ce n'était pas du tout à ça que je pensais... finit-il par déclarer lentement.

Et il n'ajouta rien de plus, se replongeant dans le dessin qu'il avait entamé quelques secondes après être arrivé, son regard émeraude fixé sur le papier épais. Blaise ayant compris qu'il ne rajouterait rien de plus rebondit sur le retard du brun.

« Alors, demanda-t-il goguenard, tu lui as répondu quoi à ta prétendante énamourée ? »

Le jeune homme soupira de désespoir et sembla à deux doigts de se frapper la tête avec son carnet de dessin sous les ries des autres.

« Pourquoi est-ce qu'elles viennent encore Scorpius ? se lamenta-t-il dramatiquement.

- C'est cette Serdaigle-là Eva Linch : elle raconte à tout le monde que vous êtes sorti ensemble et que t'es prêt à te taper tout Poudlard, s'amusa le blond.

- Mais c'est tout de même de notoriété publique que je suis gay non ? insista Albus.

- Tu seras toujours un Potter mec et les gens seront toujours attiré par la thune, rit le Serpentard en réponse. »

Albus navré émit un soupir de dépit et se remit à crayonner sur son carnet. Les adultes eux s'entre-regardèrent quelques secondes, un peu plus perplexes. Il fallait quand même être en confiance pour balancer comme ça sa sexualité : c'était pas le truc le mieux vu au monde chez pas mal de sorciers !

Draco se réjouit en ricanant intérieurement que son cher père n'ait pas été là pour entendre les lamentations du brun : il en aurait fait une syncope !

Pansy elle souriait, très amusée. Elle renonça à ce moment-là à essayer de coincer le garçon, confiant pour une fois dans la sincérité de la tendresse de son regard alors qu'il jetait des coups d'œil son filleul pendant leur débat sur le talent de leur prof de runes.

Même si c'était un Potter et que ça le faisait grincer des dents quand elle y pensait.

Bientôt ce fut l'heure pour Albus de partir et alors qu'il se levait, il déchira soigneusement la page sur laquelle il avait dessiné et la plia en quatre en appuyant fort sur les bords.

Il embrassa le front de son meilleur ami et serra la main de Blaise et Draco. Une fois arrivée devant Pansy, il lança un « au revoir » presque timide et lui donna son papier sans un mot avant de partir avec sa valise rapidement.

Il se retourna une dernière fois à demi avant de fuir et adressa un clin d'œil discret accompagné d'un mouvement de tête à Draco. Comme s'il lui faisait signe que c'était (un peu) pour lui.

Pendant ce temps, curieuse, la brune déplia avec lenteur alors que les autres se rapprochait d'elle.

Sur la feuille son reflet lui faisait face. Son visage pâle et fin lui souriait, entourée de son carré noir et dru dont la frange effilée frôlait ses sourcils épais et parfaitement épilés. Les yeux noirs du dessin pétillaient de malice et formaient un contraste frappant avec son éternel rouge à lèvres éclatant, seule touche de couleur du croquis. Le portrait s'arrêtait en dessous de son cou mais une main gracile remettait joliment en place une mèche rebelle derrière son oreille.

A l'annulaire de cette main brillait un anneau fantomatique qui fit sourire le modèle de l'œuvre.

Sous le dessin était écrit en belles lettres dorées « Mademoiselle Parkinson future Flint ».

Alors que des exclamations étouffés, surprises et des ricanements étonnés résonnaient autour d'elle Pansy sourit.

Albus Potter était un garçon intelligent.