Chapitre 7 :

Direction Kingcross !

Face au miroir, mes mains tremblent. J'essaie de nouer ma cravate de Sainte-Brutas mais j'ai du mal à me concentrer, tout mon corps est trop focalisé sur ma jupe. Le collant glisse le long de mes jambes, j'ai envie de plonger ma main dans ma jupe pour le remonter mais ça ne se fait pas... alors j'essaie d'oublier que ça gratte, en vain. Ça m'obsède et je ne peux penser à rien d'autre. Finalement, ça serait peut-être mieux sans collant ?

"Iris, c'est l'heure." me préviens Pétunia.

"Ouais... ouais, j'arrive."

On a raconté à Vernon que j'allais passer l'année à Sainte-Brutas, la branche pour fille du Centre d'éducation pour les jeunes Délinquants Récidivistes et qu'il ne me reverrait plus... il est si heureux qu'il m'a acheté un costume tout neuf parce que ça lui fait trop plaisir que le quartier entier puisse m'admirer dans ma jupe qui gratte et surtout, avec l'écusson officiel. Ça fait plusieurs semaines que je suis obligé de le porter, tous les jours et c'est de pire en pire.

"POTTER !!! L'EAU C'EST PRÉCIEUX ALORS TU SORS D'ICI, IMMÉDIATEMENT." vocifère mon oncle.

L'eau c'est précieux ? Ah... ouais. Peut-être qu'il est temps de faire un dernier pipi pour la route et je ne vais pas tirer l'eau si c'est tellement précieux. Oh, il va être ravi.

BOUM ! BOUM ! Il frappe la porte pour m'effrayer et ça me fait sourire : le con.

"Voilà, j'ai terminé."

J'ouvre la porte et je m'élance dans les escaliers, le plus vite possible. J'évite même la latte qui grince, j'ai une sacrée bonne mémoire... ou des réflexes bien ancrés.

"POTTER !!!" hurle-t-il.

Je saute les dernières marches et je m'élance sans me retourner vers la voiture : il a vu mon p'tit cadeau... j'crois pas que ça lui ai fait très plaisir.

"Démarre. Démarre."

"Iris ? Que se passe-t-il ? Tu tremble..." me dit Pétunia.

"POTTER ! REVIENS ICI !!!"

"Démarre, steuplaît..."

"Mais... qu'est-ce que tu as encore fait ?" soupire ma tante.

J'ai déjà attaché ma ceinture de sécurité et je lève un regard plein d'espoir et à moitié terrifié vers elle... je remonte mes jambes sur le siège parce que j'adorais me recroqueviller quand j'étais enfant et croyez-le ou non mais je SUIS enfant, disons que ça me calme exactement comme à époque. C'est trop bizarre... je ne suis pas tout à fait une enfant mais plus vraiment une adulte non plus.

"Baisse tes jambes, on voit tes petits-poneys."

Hein ?! Je regarde vite-fait et... merde, j'ai décidé d'enlever le collant mais on voit ma culotte petit-poney. Comment je suis censé faire ? Je ne vais tout de même pas serrer les jambes jusqu'à la fin de mon existence ? C'est un coup à choper des crampes... à vie !

"PÉTUNIA ! ARRÊTE CETTE VOITURE !!!"

"Pétunia, vas-y..."

La main de ma tante hésite sur le levier de vitesse, elle jette un coup d'œil à mon oncle qui court vers nous aussi vite que le permet sa taille massive et elle regarde le rétroviseur pour me voir, moi. Elle appuye sur l'accélérateur et la voiture s'en va.

Direction Kingcross !

"Ta boule de poil réclame de l'attention, jeune fille." me sermonne-t-elle.

"J'en voulais pas, moi, c'est un cadeau."

"Cadeau ou pas... c'est ta responsabilité, maintenant alors prends-en soin. Comment s'appelle-t-elle ?"

"C'est un mâle, il s'appelle The Giantic Destroyer of the Dark Universe !!!"

Elle lève les yeux au ciel, ce nom ne lui plaît absolument pas...

"Nan, je plaisante. Il s'appelle Coco."

"C'est mignon."

"C'était un accident."

"Accident ou pas, tu dois t'en occuper. Ce n'est pas de ta faute si on te l'a donné mais ce n'est pas de sa faute, à lui."

Coco tourne en rond dans sa cage, je le regarde enfin... un peu et il a l'air de s'y ennuyer, mortellement. Ça fait des semaines que j'essaie de l'ignorer, c'est vrai que c'est très injuste. Un peu comme Vernon et Pétunia qui n'ont jamais voulu de moi et qui m'ont laissé dépérir dans mon placard... je n'ai pas envie d'être comme eux alors j'ouvre sa porte et il bondit sur mes épaules. Il a l'air aussi heureux qu'au premier jour comme si ces dernières semaines n'avaient pas existé, il n'est pas rancunier. Ce n'est pas de sa faute si je n'ai pas eu Hedwige... j'irai la chercher, le plus tôt possible, espérons juste qu'elle ne soit pas vendu d'ici là. Qui ne voudrait pas d'une chouette aussi géniale ? Essayons de ne pas perdre espoir.

"Alors... mes parents ne sont pas morts dans un accident de voiture et ils étaient sorciers, c'est ça ?"

"Qui t'a dit qu'ils étaient morts dans un accident de voiture ?!" dit-elle d'un air soucieux.

"Oh... j'ai cru... rien, laisse tomber."

La voiture roule encore plusieurs minutes, Coco n'est pas Hedwige mais il reste mignon. Je crois que je pourrais m'y habituer, peut-être plus rapidement que le reste... le paysage devient de plus en plus urbain autour de nous et nous arrivons à Londres.

"Tu as ton billet de train ?" demande-t-elle. "Je vais te montrer comment on les composte."

"Ça ne sera pas utile, les sorciers ne connaissent pas ce principe."

"Comment font-ils, alors ?"

"Ils ne prennent pas le train, tout simplement."

"Bien évidement." soupire-t-elle.

Elle a l'air très agacée par les coutumes sorcières, y'a de la jalousie et de la crainte... le monde magique lui a volé une sœur, je ferai en sorte qu'il ne lui vole pas sa nièce.

Cette fois-ci, je ne tourne pas en rond : après un dernier regard vers ma tante, je lui souri avant de m'élancer vers le troisième mur entre la voie 9 et la voie 10, la voie 9.3/4 qui mène à l'école.

Le Poudlard Express m'apparaît plus beau que jamais... l'insouciance de la première fois m'avait manqué. Je vais rencontrer Ron, une nouvelle fois et puis Hermione aussi. Peut-être qu'avec un peu de chance, je verrai Ginny... oh, Ginny. Que vais-je devenir dans un monde où je suis une fille ? M'accepteras-tu ?

Je soupire, lourdement. L'insouciance de la première fois s'est envolé, elle n'aura pas duré bien longtemps car je ne peux pas me duper : rien ne sera jamais plus comme la première fois.

-Fin du 7ème chapitre-

... à suivre...