NdA: Bonne lecture à tous et à toutes!


De son côté, Owen ignorait tout des actions de son frère et s'était rendu dans son nouveau local en compagnie des filles. Il avait pris son temps afin de repérer les lieux comme il le fallait et lorsqu'ils entrèrent, c'est tout naturellement qu'il s'installa avec Justin.

Son ami avait le chic pour lui changer les idées et multipliait les bêtises. Le professeur Flitwick n'aimait pas ce genre d'attitude pendant son cours mais il avait remarqué l'attitude effacée du fils de Severus et avait laissé Justin faire le pitre tout en restant dans les limites du raisonnable.

Après quelques minutes, il l'avait interrogé et Owen avait répondu à ses questions avec une nonchalance inhabituelle. Que s'était-il passé ? Un peu décontenancé par cette attitude, Filius mit quelques secondes avant de répéter les propos du Poufsouffle mais n'avait pas oublié de le féliciter.

– Bien Monsieur Snape ! Vingt points pour Poufsouffle pour votre réponse très complète !

Il vit le jeune Snape sourire brièvement et l'observa se redresser, soudainement plus attentif. Le cours précédent s'était-il mal passé ? Avait-il eu des problèmes ? Son cours était presque terminé lorsqu'il vit la porte s'ouvrir sur son collègue. La présence soudaine et inattendue de Severus confirmait son hypothèse. Quelque chose était arrivé.

– Severus ?

– J'aimerais parler avec Owen…

– Je t'en prie. Miss Abbot, vous communiquerez les devoirs à M. Snape.

– Bien professeur !

Severus avait attendu que son fils se lève et l'avait conduit dans la petite cour à proximité. Owen paraissait agité mais attendait patiemment que son père parle.

– Owen… Draco est venu me parler… Qu'est-ce qu'elle t'a fait ?

Le Poufsouffle nia de la tête. Il ne voulait pas être celui qui viendrait se plaindre. Hors de question qu'on le prenne pour un bébé.

– Owen… Je sais déjà qu'elle s'est acharnée sur toi. Je vais en discuter avec elle, que tu me dises quelque chose ou non.

Vaincu, le jeune Snape rendit les armes et expliqua la situation. Severus comprenait pourquoi son fils était si bouleversé. Il avait fait tous ces efforts pour rien. Aucune satisfaction, aucune récompense, juste du mépris qu'il ne comprenait pas.

– Je vais en parler avec Minerva. Tu vas rejoindre tes amis, d'accord ?

Severus guida son fils jusqu'à un couloir qu'il connaissait et le laissa là pour gagner la grande salle par la porte des professeurs. Si Minerva le voyait entrer en même temps que son fils, elle en déduirait qu'il était venu se plaindre et redoublerait d'ardeur pour le mettre à mal.

Lorsqu'il regagna la grande salle, il ignora les salutations du directeur et s'installa à sa place en jetant un regard noir à la sous-directrice. Elle allait comprendre que les Serpentard aussi avaient la rancune tenance.

Owen avait obéi et était avec ses amis en train de manger. Sa petite mine semblait de retour et ni les pitreries de Justin ni les propos d'Hannah ne semblaient lui rendre le moral. Il gardait la tête basse pour ne croiser le regard de personne, comme s'il avait commis une faute.

Il avait mangé aussi vite que possible et il s'était rué dans son dortoir, rapidement suivi par ses amis. C'est ainsi que se termina la première journée d'Owen en tant que deuxième année.

Severus, lui, n'avait pas trainé. Dès que le repas s'était terminé, il s'était rendu dans les appartements de Minerva et cette dernière l'avait accueilli sans comprendre.

– Severus ? Que puis-je faire pour toi ?

Le regard noir que l'homme lui adressa la fit soupirer.

– Je vois. Ton fils n'a pas trainé pour venir se plaindre !

– Tu as tort, Minerva.

La sous-directrice laissa son collègue entrer et Severus laissa place à sa rage.

– Pourquoi, Minerva ?! Ce n'est qu'un enfant ! Il s'est entrainé, il a étudié comme un fou pour s'améliorer et toi, tu le méprises !

Il était fou de rage et c'était la première fois que Minerva le voyait dans cet état. Elle avait touché une corde sensible en s'en prenant à Owen. Durant de longues minutes, Severus vociféra tout ce qui lui passait par la tête. L'idée que son fils se soit sentit mal après le cours était la preuve pour lui qu'elle était allée trop loin.

– Tu as intérêt à rectifier ton comportement Minerva, ou c'est ton cher petit Potter qui va payer !

– Tu n'oserais pas ! s'écria-t-elle en essayant de le retenir.

L'homme lui adressa un regard noir. Il allait se gêner ! Il la prit par le bras, la fit reculer et gagna la sortie. Le message avait été clair. Suffisamment pour qu'elle arrête cette petite guéguerre avec son fils. Il laisserait faire le temps mais s'il recevait la moindre information signifiant que sa collègue reprenait du service, la guerre serait déclarée et Potter subirait son courroux jusqu'à ce qu'Albus intervienne, s'il le fallait !

Heureusement, les jours suivants s'écoulèrent sans incident. Si Minerva était toujours aussi froide, elle n'interrogeait plus Owen afin d'éviter de subir à nouveaux les foudres de Severus. Si l'enfant avait levé la main au début pour être interrogé, il ne le faisait plus mais il continuait de lui rendre de bons devoirs comme si rien de tout ceci n'était arrivé et elle ne s'en plaignit pas.

Les semaines succédèrent aux jours. Le temps passant, Owen oublia cette histoire et participait passivement aux cours de Métamorphose. Pour le reste, il faisait comme à son habitude et les inquiétudes des différents professeurs s'envolèrent au fil du temps.

Un nouvel incident se produisit plusieurs semaines plus tard, lors d'un cours de Défense Contre les Forces du Mal.

Dire que le cours était une pitié était en deçà de la vérité. Draco leur avait dit que Lockhart n'était qu'un imposteur et si les Poufsouffle ne l'avaient pas cru au départ, force leur avait été de constater que c'était bel et bien le cas.

Leur professeur avait longuement fait la promotion de ses romans durant plusieurs semaines avant de leur donner un questionnaire général. Très familier à ce type d'exercices, Owen glissa ses doigts sur le parchemin avant de se rendre compte que c'était une copie normale. Il s'empressa de lever la main pour le signaler mais le professeur l'interrompit.

– Je ne réponds pas aux questions!

Owen signa quelque chose mais le professeur l'ignora. Le garçon montra sa copie à Hannah et la jeune fille s'empressa d'intervenir.

– Mais Professeur, il ne peut pas…

– Silence!

Le jeune Snape fit signe à son amie de laisser tomber et prit son mal en patience en attendant que le professeur reprenne ses questionnaires. Bien entendu, le professeur exigea de savoir qui avait rendu une copie vierge et Owen avait levé la main, pensant s'expliquer mais une fois de plus. Le professeur Lockhart ne lui en avait pas laissé l'occasion et l'avait mis en retenue avec lui le soir même pour le soi-disant affront qu'il lui avait fait.

Très solidaires, les Poufsouffle protestèrent vivement et l'homme leur retira une vingtaine de points avant de boucler son cours.

– Je n'arrive pas à croire qu'il t'ait mit en retenue! Tu n'as même pas pu lui expliquer!

Owen haussa les épaules. Il verrait pour lui expliquer la situation d'une manière ou d'une autre lors de sa retenue.

– Vous croyez qu'il est tellement nul qu'il n'a pas pu transformer le texte pour Owen?

– Justin! Il ne savait peut-être pas!

– À d'autre, Susan! L'année dernière, tous les profs étaient au courant et tu as vu ce qu'il a fait? Il a fait en sorte qu'on ne puisse pas lui dire pour ne pas avoir à lancer le sort! Tu as entendu ce qu'a dit Malfoy, non ? Je parie qu'il sait pas se servir du sort!

– Tu crois?

– Moi ça ne m'étonnerait même pas! J'en suis sûr!

Une nouvelle fois, Owen leur dit de laisser tomber et qu'il s'expliquerait avec le professeur lors de leur tête à tête nocturne et si ça ne suffisait pas et bien, il demanderait à son père de s'en occuper et ils règleraient la situation ensemble…

Bien évidemment, il ignorait qu'une fois de plus, tout se jouait derrière son dos. Severus avait manqué de vigilance l'année dernière mais pour cette deuxième année, il était bien décidé à prendre soin de son fils pour lui éviter tous les dangers et les inconvénients d'une scolarité normale.

Alors, lorsque Pomona était venue le trouver dans son bureau en lui disant que ce crétin de Lockhart avait mis son fils en retenue, sa colère était montée d'un cran. Cette deuxième année commençait mal. Owen avait toujours été très calme en classe, cette annonce l'avait donc surpris.

– Tu sais pourquoi ?

– Parce qu'il n'a pas répondu au questionnaire de Gilderoy…

Severus fronça les sourcils. Comment ça, il avait rendu feuille blanche ? Ce n'était clairement pas dans les habitudes de son fils. Lui qui avait du mal avec la pratique faisait toujours de son mieux avec la théorie afin de pouvoir rattraper son retard. Qu'est-ce qui lui avait pris ?

– Mes Poufsouffle sont très agités, Severus. Gilderoy a refusé de faire face au handicap d'Owen et lui a donné un questionnaire classique. D'après M. Smith, ils auraient tenté de lui expliquer l'incapacité de ton fils à lire mais il n'a rien voulu entendre et l'a mis en retenue pour ne pas avoir répondu…

– À un questionnaire qu'il était dans l'incapacité de lire…

La voix de Severus était froide. D'abord, il y avait Minerva, ensuite cet imbécile qui n'était même pas capable de lancer des sorts correctement ! Une minute. Est-ce que par hasard… Lockhart avait volontairement ignoré Owen pour ne pas avoir à lancer le sortilège de braille ? Son sang ne fit qu'un tour alors que son aura magique s'échappait de son corps.

– Severus… Calme toi… Tu devrais aller voir Albus, cette retenue n'est pas valable…

L'homme soupira. Oui, il devait aller voir Albus et ensuite, selon la réponse, il aviserait. Il était hors de question que ce crétin de professeur de Défense mette à mal son fils.

Sans attendre, il laissa sa collègue sur place et pressa le pas en direction du bureau directorial. Il devait absolument parler au vieux fou.

– Albus !

– Severus !

– Albus, Lockhart est un…

– Un bonbon au citron ? l'interrompit le vieil homme.

Le maitre des potions balaya le bonbon acidulé de la main et plaqua les deux mains sur le bureau.

– Albus ! Lockhart a mis Owen en retenue pour une raison injuste. Je vous demande de l'annuler. Vous seul en avez le pouvoir.

– Allons, Severus, tu ne peux pas faire annuler toutes les punitions que ton fils aura! Ce ne serait pas juste, tu comprends?

Severus serra les dents. Si ça avait été Potter, il aurait couru pour annuler sa retenue, peu importe son motif et aurait probablement renvoyé Lockhart dans la foulée mais évidemment, pour son fils, ça n'avait aucun intérêt. C'était injuste. Il avait essayé de lui expliquer les raisons de cette retenue, pour qu'Albus comprenne que ce n'était pas un caprice mais le vieux fou l'avait renvoyé d'un geste de la main, refusant d'écouter ses arguments.

Le maitre des potions était reparti furieux. Heureusement, les couloirs qu'il empruntait étaient déserts car ils subirent les dégâts provoqués par son aura meurtrière. Bien. Albus ne voulait pas intervenir ? Il interviendrait lui-même et comptait bien faire comprendre à Lockhart qu'on ne touchait pas à son fils.

À un embranchement, il retrouva la directrice des Poufsouffle qui s'appuyait nonchalamment contre un mur.

– Il n'a rien voulu écouter je suppose…

Severus fulmina.

– Évidemment ! Il n'y en a que pour son petit Potter chéri !

– Qu'est-ce que tu comptes faire ? Aller voir Gilderoy, j'espère ! Tu sais qu'il a peur de toi ?

Cette information arracha un rictus à l'homme en noir. Oui, il le savait. Ce minable bégayait encore plus que Quirrell lorsqu'il lui adressait la parole, même pour échanger des banalités. Il n'avait encore rien fait mais cette fois, il lui donnerait des raisons de le craindre pour de vrai.

– Intéressant… Je comptais justement aller lui rendre une petite visite… Je vais attendre que la retenue soit passée sinon cet imbécile risque de doubler la punition…

– Je viendrai avec toi ! Son comportement ne me plait pas et je compte bien lui dire ma façon de penser ! On ne s'en prend pas à mes Poufsouffle sans raison !

Severus connaissait Pomona depuis longtemps. Ils travaillaient souvent ensemble et elle lui donnait toujours des plantes de qualité pour ses potions. Il appréciait son travail autant qu'elle appréciait le sien qui soignait ses végétaux.

Owen n'avait rien vu de tout cela, préoccupé par cette retenue. Il ne savait pas comment faire comprendre à l'homme qu'il était aveugle et que c'était la raison pour laquelle il n'avait pas su répondre aux questionnaires. Cependant, s'il était aussi stupide et incapable que Draco le prétendait, il pouvait toujours faire mine qu'il ne lui avait rien dit et le sanctionner à chaque nouveau questionnaire qu'il rendrait vierge… Sauf s'il apprenait à lancer lui-même le sort pour convertir en braille une écriture cursive ou imprimée.

Le moment venu, il laissa Hannah le guider jusqu'au local où il devait effectuer sa retenue et attendit le professeur. Comme à son habitude, il était en retard et avait marmonné que les stars se devaient d'être attendues et il fit entrer le garçon dans son bureau.

Owen lui tendit la lettre assez maladroite qu'il avait écrite pour tenter de lui expliquer mais le professeur balaya ses excuses d'un geste de la main.

– Faites ce que vous voulez mais débrouillez-vous! Je limiterai les questionnaires. En attendant, voici le paquet d'enveloppes. Vous les scellerez vous-même et les parfumerez pour moi. Vous en êtes capable dites-moi ?

Owen acquiesça, trouva le tas d'enveloppes et le rapprocha de lui. Vu la quantité de courrier, il en avait au moins pour trois heures… Devrait-il tout faire ? L'homme ne lui avait rien dit. Il retint un soupir et commença sa lente et pénible retenue.

À ses côtés, il pouvait entendre le grattement de la plume et le professeur devait sans doute rédiger d'autres courriers. Il était célèbre et ne cessait de vanter les mérites d'une telle célébrité sans se douter une seule seconde qu'Owen n'en croyait pas un mot.

Il avait beaucoup lu sur les créatures magiques et la magie en générale avant de s'attaquer aux romans de Lockhart qu'il avait dû acheter cette année. Il avait relevé beaucoup d'incohérences mais n'en avait pas parlé à son père. Néanmoins, celles-ci étaient nombreuses et affirmaient les propos de son frère. Leur professeur de Défense n'était qu'un charlatan.

Cette punition s'éternisait. Elle était longue et ennuyeuse. Si chaque cours commençait par un questionnaire, il passerait un soir par semaine en retenue parce que son professeur était incapable de lancer un sort. Ce n'était pas de la faute du Poufsouffle, bien entendu et il se refusait à subir ça toute l'année pour un sortilège qui s'apparentait à de la métamorphose.

Il aurait pu demander son aide au professeur McGonagall mais après ce qui s'était passé en début d'année, il ne voulait plus avoir à lui adresser la parole pour quoi que ce soit. Il devait se débrouiller seul.

Lentement, il enchaina les courriers jusqu'à ce qu'un chuchotement pénètre dans sa tête. Qu'est-ce que c'était que ça? La voix était de plus en plus présente, comme si elle était proche et lointaine à la fois. Qui était-ce ? Il avait presque l'impression qu'on s'adressait à son esprit, surtout quand l'homme à ses côtés toussota et attrapa une nouvelle pile de papiers à lettre.

Owen s'agita, tourna sur lui-même à la recherche de la voix mais le professeur ne semblait rien entendre, comme si cette voix était parfaitement normale. Était-ce un fantôme qui se parlait à lui-même non loin de là ? Il ne s'était jamais promené dans cette partie du château mais il n'avait jamais entendu quelque chose de semblable.

– Tuer… Du sang…

Owen releva la tête de son enveloppe et fronça les sourcils. Il avait bien entendu… La voix parlait de… tuer? De sang? Ce n'était définitivement pas normal. Il s'agita de nouveau et son professeur remarqua l'heure.

– Oh, oui, bien sûr! Vous pouvez y aller! Dépêchez-vous !

Le jeune Poufsouffle acquiesça, rangea rapidement les enveloppes qu'il avait scellées et parfumées et quitta les lieux. Il n'avait pas besoin d'aide pour retrouver son chemin et de toute façon, son professeur n'avait pas l'air pressé de vouloir le raccompagner à cette heure tardive.

Heureusement, il savait parfaitement où il se trouvait et n'aurait aucune difficulté à retrouver son chemin jusqu'à son dortoir mais d'abord… Il devait trouver l'origine de cette mystérieuse voix.

Après une profonde inspiration, il tendit l'oreille et l'entendit une nouvelle fois, plus lointaine qu'avant. D'où pouvait-elle bien venir? Pourquoi un chuchotement? Si c'était des élèves, peut-être que le professeur aurait pu les entendre mais il n'avait rien fait, comme s'il était parfaitement sourd. Et puis, pourquoi des étudiants voulaient-ils tuer? Était-ce une stupide farce? Il soupira et après un dernier coup d'œil en arrière, il se mit en marche et suivit la voix.

Au début, il se tenait aux murs pour être certain de ne pas se perdre mais petit à petit, la voix semblait s'éloigner et il se mit presque à courir sans se soucier du chemin qu'il empruntait. Son cœur, affolé par sa soudaine course, battait dans ses tempes et l'empêchait d'entendre clairement cet étrange murmure mais lorsqu'il prêta l'oreille, plus rien ne lui parvint. Il avait perdu sa trace.

Vaincu, il baissa la tête et reprit son souffle avant de tendre la main vers le mur. Où était-il ? Il tourna la tête dans tous les sens et ne reconnut aucune empreinte magique présente sur les tableaux. Son cœur reprit sa course effrénée. Il s'était perdu.

Rapidement, il tenta de revenir sur ses pas, guettant la moindre aura qu'il aurait pu reconnaitre et qui aurait pu le guider mais rien. Déboussolé, il se laissa tomber et s'appuya contre un mur proche. Il était complètement perdu. C'était la première fois que ça arrivait et il se sentait complètement démuni. Il ne sait pas combien de temps il resta là, assis contre le mur, dans le couloir balayé par les courants d'air mais cela lui semblait long. Découragé, il toucha son collier sous son haut et le sentit chauffer entre ses doigts. Il devait prévenir son père. Severus viendrait le chercher, à coup sûr…

– Monsieur Snape ! Enfin je vous retrouve ! J'étais venue vous chercher et lorsque Gilderoy m'a dit que vous étiez parti seul… Mais vous êtes là, tout va bien !

Owen se releva brusquement et se dirigea vers l'aura, les jambes tremblantes. Il n'avait jamais été aussi heureux de voir l'aura d'un sorcier, plus encore de sa directrice de maison ! Il avait reconnu sa voix. Par réflexe, il tendit ses mains et eut la surprise de voir Mrs Chourave les prendre pour le rassurer.

– Vous êtes gelé ! Attendez, je vais vous lancer un sort de réchauffement ! Gilderoy va m'entendre…

Le jeune Snape sentit une chaleur bienfaisante le réchauffer petit à petit et il se sentit un peu moins engourdi. Était-il resté si longtemps que cela par terre, à attendre que quelqu'un le trouve ? Et si personne n'était venu ? Aurait-il passé la nuit, là, assis à même le sol ?

Une fois remis, il se laissa faire en écoutant sa directrice grognant contre un certain professeur incompétent et il sourit en découvrant que Severus allait en entendre parler. Le professeur allait passer un sale quart d'heure avec son père mais au moins, il était sûr qu'il y réfléchirait à deux fois dorénavant avant de le mettre en retenue !

Rapidement, le jeune Poufsouffle expliqua la situation à sa directrice de maison et signala s'être perdu en suivant une curieuse voix. Pomona avait été dubitative parce qu'elle avait circulé dans les couloirs pour se rendre au bureau de Lockhart et elle n'avait rien entendu ou vu de suspect.

– Ne vous inquiétez pas, Mr Snape, ce n'est pas de votre faute si vous vous êtes perdu ! C'était à votre professeur de vous ramener dans votre dortoir, surtout lorsque la retenue s'éternise ! Lorsque vos camarades m'ont signalé que vous n'étiez pas rentré, je suis venue le plus rapidement possible ! Imaginez ma surprise lorsque votre professeur m'a dit que vous étiez parti seul il y a une vingtaine de minutes !

Owen comprenait son inquiétude mais il était parfaitement capable de se débrouiller. Néanmoins, malgré tous ses réflexes, il avait été incapable de retrouver son chemin. Il avait manqué de vigilance en quittant ainsi les couloirs qu'il connaissait par cœur pour s'éloigner sans chercher de repères au préalable. Il avait joué avec le feu en s'isolant ainsi. Il lui faudrait faire plus attention désormais.

La voix ne s'étant plus manifestée, il prêta plutôt attention aux propos de la vieille femme qui continuait de déblatérer ses inquiétudes sans s'arrêter.

– Gilderoy a été inconscient ! Il aurait pu vous arriver n'importe quoi, surtout que vous n'êtes jamais venu dans cette partie du château ! Vous auriez pu tomber dans un escalier, tomber, vous cogner, paniquer, n'importe quoi ! Mais je suis soulagée, vous allez bien !

Owen acquiesça, sa main toujours dans celle de sa directrice de maison et petit à petit, il reconnut les couloirs qu'il empruntait régulièrement. Il approchait de sa salle commune. La combinaison du mot de passe sonore le rassura et ils entrèrent rapidement.

– Owen ! Tu es là ! J'étais inquiète ! J'avais peur que tu te perdes malgré le plan !

Le jeune Poufsouffle reconnut la voix d'Hannah et lâcha la main de sa directrice pour prendre celle de son amie.

– Tu es gelé, viens un peu te mettre devant la cheminée !

Owen se laissa faire et très bientôt, il fut assis dans un moelleux fauteuil avec une couverture sur lui.

– Bien ! Je dois aller faire ma ronde à présent ! Je compte sur vous pour ne pas trainer pour aller au lit ! Dans vingt minutes, je vous veux dans vos chambres !

Ses blaireaux acquiescèrent et elle quitta la pièce, certaine d'être obéie.

– Ça va, Owen ? Il t'a gardé longtemps ! On a prévenu Chourave lorsqu'on a vu que tu revenais pas , lui demanda Justin en s'installant à côté de lui. Il t'a fait faire quoi ? Des lignes ?

Owen acquiesça et mima ce qu'il avait fait pendant plus de deux heures et dans quelles circonstances il avait quitté le bureau avant de se perdre.

– Attends, tu as entendu une voix ? Tu l'as dit à Chourave ? l'interrogea Zach, soucieux de ce que son ami racontait.

Là encore, le jeune Snape répondit par la positive avant de se lever. Il était l'heure d'aller au lit et puis, il était fatigué.

– Tu as peut-être rêvé, proposa Susan, après tout, il est tard, tu devais certainement t'assoupir !

Owen fronça les sourcils. C'est vrai que son professeur n'avait rien entendu et qu'il avait été le seul à percevoir la voix. Peut-être s'était-il assoupi, oui. Il l'espérait en tout cas, sinon, ça n'augurait rien de bon pour Poudlard…

Il bailla une ultime fois, gagna la salle de bain où il enfila son plus chaud pyjama et se glissa confortablement dans son lit, content d'être enfin au chaud et en terrain ami.

Sur le chemin de sa ronde, la directrice des Poufsouffle ruminait contre son collègue et professeur de défense. Non mais à quoi pouvait penser Lockhart en laissant le jeune Snape repartir seul ? Il aurait pu lui arriver n'importe quoi si elle n'avait pas surpris ses camarades qui s'apprêtaient à partir à sa recherche.

Lorsqu'elle avait retrouvé l'enfant, la panique avait fait place au soulagement. Il avait très froid mais en dehors de cela, il semblait aller bien. Il lui avait indiqué avoir suivi une voix, probablement pour demander son chemin mais aucun préfet ne patrouillait dans cette zone lorsqu'elle l'avait trouvé. Il devait donc s'agir de petits inconscients qui s'offraient une escapade nocturne.

Elle avait donc été particulièrement vigilante durant sa ronde mais malgré tout, elle n'avait rien trouvé. Soit les chenapans s'étaient déplacés, soit ils étaient sagement retournés à leur dortoir, elle l'espérait. En tout cas, aucun de ses élèves ne manquaient à l'appel, ce devait certainement être des Gryffondor, réputés pour ce genre de sorties improvisées après le couvre-feu.

À la fin de sa ronde, elle n'avait rien trouvé et regagna ses appartements en étouffant un bâillement. Elle aussi était fatiguée. Elle lança un sort de détection et fut ravie de découvrir ses blaireaux tous dans leur lit avant de gagner sa propre chambre et de se préparer pour la nuit.

Elle parlerait à Severus dès le lendemain à propos de la retenue. Gilderoy l'avait peut-être remballée avec un sourire éclatant mais il ferait moins le fier devant son autre collègue.

Severus serait furieux lorsqu'il apprendrait que cet idiot avait non seulement allongé la durée de la retenue mais qu'en plus, il avait osé laisser Owen rentrer seul, livré à lui-même alors que c'était contraire au protocole.

S'il apprenait qu'en plus, le professeur Lockhart s'était complètement désintéressé de l'enfant et l'avait laissé chercher seule , le terme "furieux" ne serait plus assez fort et devant un Severus dans cet état, mieux valait se faire tout petit et faire profil bas pendant quelques jours.

En règle générale, le professeur Chourave estimait beaucoup ses collègues et elle avait donné une chance au professeur de défense malgré les choses négatives qu'elle avait pu entendre à son sujet mais lorsqu'il s'en était pris à son protégé pour une raison aussi stupide et qu'en plus, il l'avait abandonné au beau milieu du couloir, elle s'était définitivement rangée au côté de Severus: Lockhart n'avait définitivement pas sa place à Poudlard.

Dès le lendemain matin, Pomona Chourave pressa le pas et quitta ses appartements plus tôt qu'à son habitude afin de rendre une petite visite à Severus. Très matinal, l'homme lui ouvrit plutôt rapidement la porte et l'invita à entrer.

– Un café ? proposa-t-il en l'invitant à s'asseoir.

– Je veux bien, merci Severus…

La vieille femme attendit que son collègue se soit assis avant d'engager la conversation.

– Que puis-je faire pour toi ?

– Tu ne vas pas aimer…

L'homme soupira. Qu'avait donc encore fait cet abruti incapable et prétentieux professeur ?

– Qu'est-ce qu'il a fait ?

– Il a gardé Owen plus que deux heures et l'a laissé repartir seul.

Comme elle s'y était attendue, Severus bondit de son siège, plus que furieux, balayant sa propre tasse de café.

– Comment ?!

– J'ai surpris ses amis qui partaient à sa recherche. Je leur ai dit de rentrer et je suis allée le chercher moi-même… Gilderoy m'a dit qu'il l'avait laissé partir seul. Je l'ai retrouvé dix minutes plus tard assis par terre et complètement perdu et frigorifié.

– Je vais le voir… et après…

– Après tu vas voir Gilderoy ?

Severus eut un rictus sadique. Il allait clairement lui faire payer. À l'avenir, s'il ne pouvait pas annuler les retenues de son fils, il ferait en sorte qu'elle se passe en toute sécurité, même s'il devait y assister pour cela ! Il ne laisserait pas cet inconscient jouer avec la vie de son fils de cette façon !

– Je viendrai avec toi. Je n'ai pas apprécié sa façon de faire et je compte bien le lui dire !

Le maitre des potions acquiesça et quitta ses appartements, laissant sa collègue seule avec sa tasse de café. Il devait parler avec son fils. En chemin, il prit conscience du café sur ses vêtements et se dépêcha de se nettoyer avec un sort tout en pressant le pas en direction de la salle des Poufsouffle. Plus il pensait à son fils, seul, terrorisé et complètement perdu, et plus sa colère montait d'un cran. Arrivé au carrefour, il s'obligea à prendre une bonne inspiration et à se calmer avant de reprendre sa route.

– Professeur ? Que puis-je faire pour vous ? lui demanda Cédric Diggory alors qu'il quittait sa salle commune.

– Je souhaiterais parler avec mon fils…

Cédric lui ouvrit rapidement la porte malgré le fait qu'il possédait un mot de passe de professeur et le laissa entrer non sans se demander quelles étaient les raisons de cette visite inattendue. Que s'était-il passé ?

À son réveil, Owen eut la complète surprise de reconnaitre son père assis sur le bord de son lit. Il sentit sa main caresser ses cheveux et se redressa.

– Bonjour Owen, tu vas bien? Bien dormi? Pomona m'a expliqué ce qui s'est passé hier soir… Je vais personnellement m'occuper de ton professeur mais je voulais m'assurer que tu allais bien…

Le jeune Snape se redressa, rassura son père et lui expliqua sa retenue dans les grandes lignes et la lettre qu'il avait tenté de montrer à son professeur. Bien entendu, cela ajoutait un cran au degré de fureur qui l'habitait depuis que Pomona avait frappé à sa porte le matin même mais il était toutefois soulagé de voir que son fils allait bien et qu'il n'avait pas pris froid.

Owen, de son côté, se demandait ce qui allait se passer. Après tout, son père lui avait dit qu'il allait personnellement s'occuper du Professeur Lockhart mais il espérait que les choses ne tournent pas au vinaigre comme c'était le cas avec McGonagall. Il avait déjà bien assez avec un seul de ses professeurs qui avait une vendetta personnelle contre lui.

– Tu n'as pas froid ? Tu n'es pas malade ? Si tu ne te sens pas bien, tu me préviens, d'accord ?

Owen acquiesça et profita de l'instant pour s'appuyer contre son père comme il le faisait avant, au manoir, lorsqu'il se réveillait. Attendri, Severus le laissa faire, profitant de cet instant pour s'assurer que son enfant allait réellement bien puis, lorsqu'il se releva, il glissa une dernière fois sa main dans ses longs cheveux et le décoiffa.

– Sois tranquille, je m'en occupe… Il ne recommencera pas de sitôt… Allez, toi tu dois prendre une douche et encore préparer ton sac! Tu as Botanique et Sortilèges aujourd'hui!

Le jeune Snape râla pour la forme et quitta enfin son lit, ses doigts cherchant tout naturellement l'heure sur le réveil magique. Il avait encore une heure devant lui pour prendre une douche, se changer et préparer son sac avant d'aller déjeuner. C'était largement suffisant.

Une fois sous la douche, il profita de cet instant pour se réchauffer et réfléchir à ce qu'il avait entendu la veille. Ses amis avaient peut-être raison, il avait sans doute rêvé puisque son professeur n'avait rien entendu et n'avait même pas réagi ! Dire qu'il s'était perdu à cause de ces bêtises ! Il s'en voulait un peu. Il avait inquiété ses amis, sa directrice de maison et à présent, c'était son père qu'il avait inquiété. Il l'avait bien senti.

Severus lui caressait rarement les cheveux comme il l'avait fait mais Owen avait pu percevoir cette peur qu'il lui soit arrivé quelque chose. Nul doute que son professeur de défense passerait un sale quart d'heure !