Bonjour et bonsoir à vous !

Tout d'abord, merci à Zialema pour sa review qui m'a fait danser x) Ça me fait super plaisir que ça te plaise ! Et oui, Mihawk et Kass sont bien différents, je n'allais pas faire deux emos moody qui écoutent Mozart l'Opéra Rock (est-ce que je tacle encore Mimi ? Oui, mais gentiment. Parce que j'adore moi-même ce musical). Tous deux ont des caractères bien tranchés, mais Kass est plus directe, et Mimi est plus subtil (mais ses tacles sont assassines). J'adore jouer de ça.
Doffy cherche peut-être bien le pouvoir de la madame... Mais j'ai envie de dire, pas que :D C'est plus compliqué que ça, et vous le saurez très bientôt.

Petit aparté, mais en étant d'abord lectrice de fics OP (big up à Zialema que j'ai découvert avec plaisir il y a quelques années, et c'est juste fou pour moi d'avoir tes reviews maintenant x)), le bouc émissaire de 70% des fics c'est Doffy, et je n'y échappe pas x) Mais en même temps c'est un personnage unique dans son genre. Profondément mauvais, charismatique, tordu. Tout peut-être justifié avec lui, c'est génial.

Sur ce, je vous laisse ! Bonne lecture !


Kassandra vomit par-dessus bord, pour la cinquième fois déjà. Exténuée par son mal de mer, elle prit une gorgée d'eau de sa gourde, relevant la tête pour observer le ciel. Elle n'était pas sûre si les nuages flottaient à cause du vent, ou à cause de sa vision floue. La petite embarcation, quant à elle, tanguait à en rendre malade sa passagère, qui faisait doucement son chemin jusqu'à Liantver.

– Il me reste plus rien dans les tripes, d'où ça sort…

Agonisante, elle pensait à ce qu'elle avait découvert il y a de cela quelques heures. Elle qui pensait naïvement que les intrus étaient encore une fois venus pour prendre la tête de Mihawk. Alors à partir de quel moment était-ce parti en vrille ? Jamais elle n'avait cherché de problèmes à qui que ce soit, se contentant de paisiblement vivre aux côtés de son frère et profitant de cette petite vie tranquille. Elle n'aspirait pas à une grandeur terrifiante, à un pouvoir démesuré, à un contrôle total. Elle aspirait à la liberté, simple, celle de vivre sans qu'on ne l'en blâme. Son ambition modeste, terre-à-terre, était de profiter des petits plaisirs que lui offrait la vie chaque jour, heureuse de les partager avec son frère. Depuis sept ans, ils vivaient dans ce lieu isolé et reculé du monde qu'était Kuraigana, et cela avait été la plus épanouissante partie de sa vie. Mais désormais, certaines personnes arrivaient tout de même à leur trouver des ennuis, alors qu'ils s'étaient coupés de tout pour être sereins.

Elle était dépassée par les évènements du reste du monde. Tout allait vite, trop vite, à son goût. Ce sentiment de déconnexion ne la quittait pas, et l'alarmait. Était-ce dû à leur isolement, à elle et à Mihawk ? S'était-elle enfermée dans sa bulle de confort depuis, sans s'en rendre compte ? Après tout, comment ne pas vouloir la paix et le calme auprès de Mihawk, après tout ce qu'ils avaient vécu ensemble ? Leur relation avait connu des hauts et des bas, surtout des bas, au départ, et avait tant évolué ; ils étaient passés du stade d'ennemis à une confiance aveugle et totale en l'un envers l'autre en une dizaine d'années. Elle soupira à toutes ces idées noires qui tournaient dans sa tête, tels des vautours. Prenant une autre gorgée d'eau pour se clarifier les pensées, elle vérifia le cap et remarqua la silhouette d'une île se dessiner à l'horizon.

Arrivant au rivage, elle prit ses affaires et avança sur la terre ferme dont elle rêvait pendant tout le voyage. L'île n'était pas située loin de Kuraigana, à cinq heures seulement, mais cela suffisait largement à la jeune femme, pour qui le trajet semblait durer une éternité à chaque fois.

Elle traversa la grande rue commerciale, où les odeurs de poisson, de pain frais et de chocolat se mélangeaient, donnant lieu à un résultat étrange. Les habitants se bousculaient devant les enseignes et les enfants couraient joyeusement entre les jambes des passants.

Kassandra fut frappée par l'absence de panique dans la ville, comme à chaque fois. Mais son Haki lui dévoilait une fois de plus la profonde aura apeurée des habitants, qui essayaient de cacher leur ressenti derrière un masque. Les attaques des pirates se multipliaient ces derniers temps, mais la population s'efforçait à vivre pleinement. Elle n'arrivait pas à savoir s'ils se voilaient aveuglément la face, ou s'ils avaient tant de courage à vivre en faisant abstraction de leurs problèmes.

Ce qui changeait de ses précédentes visites sur l'île étaient ses motivations. Elle savait désormais que la mort de Barbe Blanche n'était pas la seule raison des attaques des pirates sur le territoire. Elle y était étroitement liée ; sa présence ici mettait l'île en danger, si un homme de l'envergure d'un Grand Corsaire était à sa recherche, et elle peinait à comprendre ses intentions.

Kassandra comprenait qu'elle n'allait plus pouvoir revenir sur l'île, pour la sécurité de la population, tout du moins jusqu'à ce que le problème soit résolu. Et son attachement à cet endroit lui causait un pincement au cœur ; sept ans qu'elle travaillait aux côtés du Docteur Yurgun, un talentueux médecin, qui lui avait sauvé la vie et qui lui avait tout appris. Elle ne pouvait risquer la vie de cet homme, au moins lui. Mais elle se devait de revenir une dernière fois, afin de tirer au clair cette histoire. Trop d'incompréhensibles choses se passaient en même temps et qu'elle ne pouvait ignorer.

Une troisième chose occupait son esprit. L'ascension de Marshall D. Teach, qui s'emparait des anciennes terres de Barbe Blanche, et de la nouvelle prime faramineuse mise à sa tête. 1 milliard 200 millions, telle était la somme attribuée aux soucis de la jeune femme, qui rabattait un peu plus la capuche sur son visage. Elle était tellement perdue dans tout cela qu'elle ne savait quoi en penser, ou où donner de la tête. Elle se secoua alors, chassant ses pensées, reportant son attention sur la foule qui l'entourait et qu'elle traversait.

Elle avançait vite, non sans percuter malencontreusement quelques personnes, qui l'évitaient en la voyant remonter la grande rue à toute vitesse. Certains apercevaient son visage, mais avant qu'ils ne puissent la reconnaître, elle était déjà partie, des regards intrigués fixés dans son dos.

Les habitants de Liantver savaient qui elle était. Mais la réalité n'était pas si simple ; ils connaissaient depuis des années les talents médicaux et chirurgicaux d'une personne extérieure à l'île, qui les soignait et repartait avant même qu'on ne puisse se rendre compte de sa présence.

Bien qu'ils avaient conscience de l'existence de cette sauveuse inconnue, Kassandra avait demandé au personnel de l'hôpital de garder son nom anonyme. La population connaissait deux personnes, qui n'en formaient en réalité qu'une seule. La chirurgienne mystérieuse était une chasseuse de prime, qui inspirait la crainte parmi les citoyens, malgré le fait qu'elle les débarrassait souvent des autres malfaiteurs, comme des bandits ou des pirates.

Malgré cela, elle s'efforçait à venir en aide à la petite population de cette île, qui était bien souvent oubliée de tous. Et cette caractéristique en faisait une cible facile pour les pirates cherchant un petit coin tranquille où exercer la terreur et le chaos. C'était malheureusement le cas pour beaucoup d'îles de Grand Line. Le Gouvernement Mondial ne parvenait pas à tout garder sous contrôle, ou tout simplement choisissait de fermer les yeux sur certains méfaits. Kassandra choisit donc de consacrer son temps pour aider Liantver du mieux qu'elle pouvait, comme ils l'avaient sauvée autrefois.

Passant les portes de l'hôpital, l'odeur du talc, du désinfectant et de produit de ménage assaillit ses narines et elle en remplit ses poumons, se détendant. Elle aimait l'ordre et la propreté qui régnait dans cet endroit, au même titre que l'organisation rigoureuse du personnel, bien que peu nombreux. Elle se sentait bien à cet endroit. Bien qu'il était synonyme de maladie et de décès, il se rapportait également à l'espoir et à la vie.

– Kassandra ! On ne pensait pas te revoir de sitôt !

Elle se retourna en entendant son prénom et vit devant elle un homme de petite taille, bouffi, dont l'âge avait creusé les traits, mais ses yeux souriants et brillants, cachés derrière ses lunettes ressemblant à des loupes, le rajeunissaient considérablement. Il portait une blouse blanche usée, poussant un chariot d'outils médicaux.

– Docteur Yurgun… Je peux vous parler un instant ? demanda la jeune femme, enlevant sa cape.

Le vieil homme porta un rapide regard sur son chariot, qu'il finit par laisser le long d'un mur, avant de s'engouffrer dans une chambre vide. Kassandra le suivit, en fermant soigneusement la porte.

– Qu'est-ce qu'il y a, ma petite ? Tu as l'air de porter le poids du monde sur tes épaules… dit-il en tournant autour de la jeune femme, tentant de l'ausculter. Redresse ton dos !

– Vous exagérez… En fait, je ne pourrai plus revenir à Liantver avant un petit moment, j'ai bien peur. Je ne peux pas vous dire la raison, mais il vaut mieux que je garde mes distances avec l'hôpital, avoua-t-elle finalement en se triturant les doigts.

– Je vois bien que quelque chose te préoccupe… Ne t'en fais pas donc, on saura se débrouiller ! Ne te mets pas autant la pression, Kassandra, répondit Yurgun avec un sourire chaleureux.

– Merci de réagir comme ça… Mais une fois que tout sera réglé, je serai de retour.

– Ne te mets pas la pression, je te le dis. Tu ne passeras pas ta vie à faire des allers-retours, souligna le docteur en lui lançant un clin d'œil. Je sais très bien que tu finiras par prendre ton envol.

– Non, ce n'est pas…

– J'ai compris, j'ai compris. Prends ton temps, surtout, d'accord ? la rassura-t-il en posant sa main sur son bras.

Kassandra hocha frénétiquement la tête et soupira de soulagement en entendant ces mots. Mais elle se ressaisit vite, n'oubliant pas ce qui l'a amené ici en premier lieu.

– Mais avant de partir, il faut absolument que j'aille jeter un coup d'œil aux archives. Vous me permettez d'y accéder ? demanda-t-elle hésitante, sachant qu'il était le seul médecin autorisé à posséder la clef de la pièce.

– Oh bien sûr, je te fais confiance, répondit-il simplement en fouillant sa poche et sortit un grand trousseau de clefs, parmi lesquelles il entreprit de chercher la bonne. Tiens, la voilà. Et tu en profiteras pour aider la petite Raquel aujourd'hui, elle est seule à la morgue, Kevyn est tombé malade, j'ai peur qu'elle fasse encore des bêtises… soupira-t-il, inquiet pour la nouvelle stagiaire.

– Compris. Je vais voir ça, acquiesça Kassandra en s'emparant de la clef. Autre chose que je devrais faire ?

– Hmm, nous n'avons pas d'urgence au service de maternité, mais la patiente de la chambre 359 a souhaité te voir.

– Très bien, j'y vais tout de suite alors. Merci encore, Docteur Yurgun…

En réponse, le médecin lui tapota le bras avec un sourire, avant de promptement quitter la pièce et reprendre son chariot.

Après ce court échange, la bénévole se mit en route vers la salle de repos, où elle put se changer en quelque chose de plus approprié. Mais au moment de retirer son pantalon, elle comprit que sa blessure, infligée par le Capitaine pirate intrus sur Kuraigana quelques heures plus tôt, s'était rouverte, et les bandages étaient imbibés de sang. Râlant, elle défit les bandes et se rendit compte qu'elle ne pourrait pas continuer ainsi si elle ne faisait pas quelque chose. Elle décida alors de se soigner avec son pouvoir, n'ayant plus le choix.

Kassandra posa la main sur l'entaille et sentit un bourdonnement réfrigérant, alors qu'elle concentrait ses globules blancs au niveau de sa blessure, augmentant leur action. Bientôt, elle vit la plaie se renfermer jusqu'à ce que sa cuisse retrouve son aspect intact, dépourvue de toute trace. Elle s'affala sur le dos de la chaise, soupirant. Ses compétences étaient bien utiles, mais prenaient une quantité déraisonnable d'énergie, autant physique que mentale.

Ce n'était pas naturel, d'influer ainsi sur le corps humain, accélérant la guérison. En plus de cela, son pouvoir reposait grandement sur la science. Il fallait donc avoir les connaissances médicales nécessaires afin d'utiliser pleinement le don de ce Fruit du Démon. Mais ce dernier était vicieux ; bien qu'elle pouvait soigner n'importe quelle blessure, même mortelle, ce n'était pas de la magie, et son corps y répondait négativement, essayant de trouver un équilibre. Ironiquement, en échange d'une blessure soignée, elle donnait de sa santé. Puisqu'elle utilisait son sang comme remède à tous les maux, aux siens ou à ceux des autres, son organisme finissait par manquer cruellement de minéraux et de vitamines nécessaires à son bon fonctionnement. Elle pouvait ramener à pleine santé un individu se trouvant aux portes de la mort, mais au détriment de sa propre vie.

Secouant la tête pour remettre ses idées en place, elle chercha aveuglément son sac et sa main se posa sur un journal. Elle le prit et le parcourut des yeux, avant de le jeter avec soupir.

– Un vieux numéro, jetez votre bordel les gars… marmonna-t-elle en détaillant la photo de la première page.

Gecko Moria la fixait avec un sourire carnassier, fade. Kassandra se rappela alors de la crise qu'avait piqué Perona en apprenant la nouvelle de la supposée mort de son ancien Capitaine à la Guerre au Sommet. Mais Mihawk l'avait rassurée, doutant fortement de cette information. Et heureusement ; déjà que la jeune fille était une tare à supporter au quotidien, si elle avait dû traverser un deuil en plus, avec l'autre Pelouse quasi-dépressive, ils n'auraient pas mené large avec Mihawk.

– Je sais pas où ils ont vu une pancarte « Psychologue » à l'entrée du château… bafouilla Kassandra avec un rictus.

Détachant son regard du journal, elle fouilla son sac à la recherche de ses cachets, qui pourraient lui donner un peu plus de forces. Le magnésium, le fer, tous ces minéraux, ce n'était pas magique, mais cela lui sauvait la vie. Ce n'était pas suffisant, mais pour le moment, elle devait se contenter de cela. Elle pourrait faire une cure plus sérieuse une fois de retour auprès de Mihawk.

Ayant fini les préparatifs, elle se dirigea vers la chambre 359, comme le lui avait demandé le Docteur Yurgun. Montant les escaliers, elle arriva à l'étage des soins palliatifs et entra dans la chambre demandée.

Elle vit une petite dame, très avancée dans l'âge, assise sur son lit et regardant le vaste océan à travers la fenêtre. Entendant la porte se refermer, elle se tourna vers Kassandra et lui offrit le plus radieux des sourires.

– Bonjour Anatole… Comment allez-vous ? demanda la jeune femme, s'approchant de la patiente.

– En voyant ta bouille, ça va déjà beaucoup mieux, rit la vieille dame de bon cœur.

Kassandra sourit à cet aveu, se chargeant de vérifier son dossier médical. Cette dernière se retrouvait en soins palliatifs pour de nombreux problèmes de santé, majoritairement liés à la vieillesse. Elle la regarda avec compassion, souriant amèrement. S'il y avait bien une chose contre laquelle la jeune femme ne pouvait lutter, c'était la menace du temps. Il ne restait plus beaucoup de jours à la patiente, et cette dernière le savait. Mais Kassandra n'était aucunement triste. Elle trouvait que la vieillesse était une belle fleur dans ce monde de vitesse, alors que d'autres la considéraient comme un fléau à combattre à tout prix. Avec tous ces noms grandiloquents qui résonnaient à travers les mers, elle avait l'impression que peu de gens pouvaient réellement se vanter d'avoir été emportés par le temps, plutôt que par l'impact d'une balle ou l'entaille d'une lame. Elle trouvait cette mort douce, réconfortante. Une mort qui correspondait parfaitement à cette personne pleine de force, de bonté et de sagesse, qui se trouvait devant elle.

C'était le temps qui sculptait un être, qui lui apprenait à vivre. De bien jeunes pirates voguaient sur les eaux, cherchant à accomplir leurs rêves. Mais combien d'entre eux avaient-ils trouvé la mort en poursuivant une chimère, cherchant la gloire et la richesse, mais finissant brisés et oubliés au fond de l'océan ?

Changeant la perfusion de la patiente, Kassandra pensa alors inévitablement à Zoro. À ses ambitions, à son rêve, à sa détermination infaillible de devenir plus fort pour protéger son équipage. Plus elle apprenait à le connaître, plus sa vision des choses se retrouvait constamment bousculée et elle se demandait sincèrement si tout cela en valait la peine. Si tous les efforts de l'épéiste étaient justifiés. Elle n'avait jamais connu une camaraderie ressemblant à celle que le jeune sabreur semblait partager avec son équipage. Jamais elle n'eut l'occasion de faire confiance à qui que ce soit, à part son frère, et encore.

Parfois, lorsqu'elle étouffait à force d'errer dans les froids couloirs du château, elle partait ailleurs, en quête d'aventures. Elle y faisait des rencontres, amicales ou amoureuses, mais aussi éphémères que hasardeuses, qui rythmaient sa vie. Mais jamais elle ne s'était sentie à sa place, autre part qu'aux côtés de Mihawk. Elle était heureuse de vivre auprès de lui, mais après avoir rencontré l'escrimeur ambitieux, un doute perfide naissait au fond de son être. Ne passait-elle pas à côté de quelque chose ? Ce crétin, la tête d'algues pleine de rêves, n'était peut-être pas aussi naïf qu'elle le pensait. Elle s'avoua, avec difficulté, qu'il avait sans doute beaucoup plus de choses à lui apprendre, bien qu'on aurait tendance à croire l'inverse.

– Tu as l'air bien ailleurs, jeune fille, marmonna doucement la vieille dame, comme pour ne pas la brusquer, mais sa remarque fit tout de même sursauter Kassandra.

– Non, ce n'est rien… mentit-elle, s'emmêlant les mains avec la perfusion.

– Dis-moi tout, lui conseilla Anatole, posant sa main sur son bras nerveux. Il ne me reste plus pour longtemps, alors j'emmènerai tes secrets dans ma tombe ! gloussa-t-elle de bon cœur.

La femme aux cheveux de jais la jugea d'un regard désapprobateur en levant un sourcil, ce qui fit rire Anatole encore plus. Elle ne se berçait pas d'illusions et accueillait la mort à bras ouverts, prenant ce sujet à la légère. Peut-être un peu trop à la légère, pensa Kassandra.

– En vérité, je ne sais même pas ce qui me préoccupe, soupira-t-elle, sincère.

Elle ne savait pas ce qui la travaillait le plus ; ses incertitudes dérisoires, ou le fait qu'un Grand Corsaire cherchait à avoir sa tête. Ou la menace de Barbe Noire sur l'île. Il n'y avait pas de demi-mesure.

– J'ai fait une rencontre, récemment… commença-t-elle, ne sachant pas où elle allait. Elle s'assit à côté d'Anatole, affaissant ses épaules. Et il remet en cause tout ce que j'ai pensé et pris pour acquis jusqu'à maintenant.

– Et ce ne sera pas la dernière rencontre que tu feras dans ce genre, l'en assura la vieille dame, tapotant son dos. Tu es encore si jeune !

– Je comprends mais… À part mon frère, je ne connais personne, en fait, avoua Kassandra, la tête baissée. Et même lui, j'ai l'impression… de pas savoir qui il est vraiment. Je ne sais pas quoi faire.

– Mais cette personne, elle t'intéresse ? Tu as envie de la connaître ?

À cette question, Anatole la mit au pied du mur. Elle connaissait déjà la réponse, mais craignait ses conséquences. Après tout, Zoro finirait par partir au bout de deux ans ; essayer de se lier d'amitié avec lui ne servirait à rien, puisqu'au final, il ne resterait pas à Kuraigana.

Le regard perdu dans le vide, elle trouvait son propre raisonnement bien triste. Mais aussi triste que cela pouvait paraître, elle se rendait bien compte qu'elle se voilait la face. Une évidence s'imposa, malgré elle : ce n'était pas qu'elle avait peur de se lier aux autres, c'était qu'elle ne savait pas comment s'y prendre. Avant, elle était constamment entourée de gens aux intentions malhonnêtes, et elle avait passé ces sept dernières années presqu'exclusivement en compagnie de son frère. Ses autres contacts sociaux n'étaient que limités, dans le temps autant que dans leur profondeur. Mihawk, lui, avait dix-huit ans de plus qu'elle ; il savait déjà qui il était lorsqu'ils avaient choisi de partir ensemble. Il avait déjà exploré le monde, rencontré d'autres personnes, pris de l'expérience au fil des années et des combats. Elle, elle n'était encore qu'une gamine à l'époque. Une gamine qui avait été entraînée dans ce monde contre sa volonté, par nul autre que Mihawk, qui l'y a poussé du jour au lendemain, comme d'un précipice.

Alors, elle hocha la tête avec hésitation, en guise de réponse.

– Alors, accepte ce qu'il a à t'apprendre, mais ne remets pas forcément en cause ton monde. Chacun a eu une vie différente. Nos expériences influent sur nos valeurs et nos ambitions !

– Oui, c'est logique…

– Personne ne tire les mêmes leçons de son vécu, mais cela ne veut pas forcément dire que tu as tort. Apprends juste à le connaître, et tu verras la vie sous un angle différent ! Et qui sait, sa vision des choses te changera peut-être en mieux, je te le souhaite, affirma la vieille dame en lui faisant un clin d'œil.

Kassandra commença à réfléchir aux conseils d'Anatole, avant de se rappeler son devoir de médecin. Affolée, elle se releva d'un bond, avant de reprendre sa veste d'infirmière, qu'elle avait mis de côté le temps de cette discussion. Ce changement soudain d'attitude fit rire la vieille femme, mais elle ne protesta pas. Bien que la jeune femme ne lui avait pas confié tout ce qu'elle avait sur le cœur, elle savait qu'elle lui avait tout de même donné matière à réfléchir. Elle s'agrippa alors à Kassandra, qui la prit dans ses bras, pour qu'elle l'aide à faire sa toilette du jour, et les deux femmes s'éclipsèrent dans la salle de bain.

Une fois que Kassandra eut fini de faire le nécessaire, elle remercia promptement Anatole et quitta sa chambre, laissant la patiente se reposer. Une fois dans le couloir désert, elle s'appuya contre la porte, renversant sa tête. Les paroles de la vieille dame la confortaient dans son choix, mais une chose demeurait, et dont elle n'arrivait pas à se débarrasser. La culpabilité. Elle se sentait toujours coupable pour son comportement envers Zoro, le soir où elle s'était emportée et avait tenté de le tuer, sous le coup de l'alcool, de la colère et de la fatigue. Il traversait déjà un moment difficile suite à la séparation de son équipage, et son attitude avait dû lui rappeler des souvenirs déplaisants. Mais le pire pour elle, c'était qu'elle ne s'en souvenait pas. D'un côté, elle maudissait sa compassion, car elle n'allait pas passer des années à se sentir coupable, cela en deviendrait ridicule. D'un autre, avait-il fini par lui pardonner ? Avait-elle fini par se faire racheter, en l'entraînant ? Que pouvait…

– Rah, mais tais-toi ! vociféra Kassandra à elle-même, tentant de faire taire ses pensées, qui devenaient de plus en plus parasites.

Furieuse contre elle-même, elle commença à foncer en direction de la morgue, là où le docteur Yurgun lui avait dit d'aller. Elle ne supportait plus cette cogitation bourdonnante et incessante de son cerveau. Pourquoi se prenait-elle la tête ainsi, pour des futilités ? Si elle avait des doutes, il suffisait juste d'aller en parler à Zoro. Point. Pourquoi fallait-il qu'elle complique toujours tout ?

Descendant au sous-sol, l'ambiance changea du tout au tout. Bien que l'endroit n'avait rien de spécialement sinistre, savoir ce qu'il refermait refroidissait nettement l'atmosphère. Kassandra se dirigea vers le petit bureau, où une chevelure noire dépassait d'une montagne de dossiers.

– Raquel, Docteur Yurgun m'envoie, la salua-t-elle, s'asseyant dans le siège d'en face.

– Ah, Kassy ! Je croule sous le travail ! répondit-elle avec entrain, faisant mine d'être faussement affectée.

La nouvelle venue lui lança un regard noir en entendant ce surnom, ce qui fit sourire la brune, qui ajusta ses lunettes et souffla la fumée de sa cigarette. Mais Kassandra l'oublia bien vite, se concentrant sur la raison de sa venue.

– Alors, qu'est-ce qu'il faut faire ?

– Trier les dossiers, les archiver, en somme… Il y a tellement de décès ces derniers temps, et Kevyn qui est tombé malade, je ne m'en sors plus, soupira Raquel, faisant tourner son stylo entre les doigts.

Kassandra hocha la tête, satisfaite de ce programme. Elle voulait se rendre aux archives de la morgue depuis un bout de temps, puisqu'elle soupçonnait quelque chose. Elle se devait de vérifier par elle-même ce qui se tramait ici, car cela ne présageait rien de bon.

– Je ne pensais pas qu'on enverrait une simple bénévole ici, en tout cas ! Enfin, je suis contente d'avoir de l'aide, s'esclaffa Raquel.

– Je sais que je suis le bouche-trou par excellence de l'hôpital, mais eh oh, je suis un bouche-trou utile !

Kassandra essayait de partager la bonne humeur de Raquel, mais elle n'était pas dans son assiette. Elle était venue là sur demande du Docteur Yurgun, mais surtout guidée par sa volonté. Son instinct lui criait que quelque chose n'allait pas. Elle avait des doutes depuis plusieurs semaines sur les nombreux décès de l'hôpital, mais elle n'avait eu qu'une courte occasion de consulter les rapports d'autopsie. Or, désormais, elle pouvait librement fouiller les archives et mener son enquête.

Ce qui l'inquiétait également, c'était l'attaque des hommes de Doflamingo sur Kuraigana, mais également sur Liantver. Elle refusait de croire que tout cela n'était pas lié, et qu'il ne s'agissait que d'une simple coïncidence. Des décès étranges aux nombreux pirates, en passant par la tentative de kidnapping de sa propre personne, elle ne comprenait pour l'instant rien. Son rôle désormais était de justement découvrir ce qui liait tous ces éléments.

– T'es venue rêvasser, ou m'aider, Kassy ? demanda la jeune fille en riant.

Elle reprit ses esprits et s'attela à la tâche, se saisissant d'une pile de dossiers. Bien que certains détails retenaient son attention tandis qu'elle les parcourait des yeux, rien d'anormal ne semblait se cacher derrière ces rapports, si ce n'est leur nombre. Elles passèrent ainsi plusieurs heures à éplucher les documents du médecin légiste, Kevyn, qui était apparemment malade.

Kassandra vit Raquel s'assoupir devant un dossier et regarda l'heure. 22 heures. Elles avaient passé toute la soirée à trier les dossiers et elle s'étira à cette idée. Sa cadette semblait s'être endormie, et elle se saisit de cette occasion parfaite. Prenant les dossiers qu'elle avait étudiés, elle se dirigea vers la porte de la chambre mortuaire, essayant d'être la plus discrète possible.

Une fois dans la pièce annexe, elle ne put réprimer un frisson. L'atmosphère froide et calme de l'endroit l'apaisait. Elle aurait aimé travailler en permanence dans le service mortuaire, ironiquement. Mais c'est dans le service de maternité qu'on l'envoyait sans cesse, sauf cette fois. Son pouvoir était utile pour apaiser les douleurs des mères accouchantes et Kassandra était heureuse de se rendre utile. Aucune femme ne méritait de traverser ce qu'avait subi sa mère à la naissance de la jeune femme ; ce, pour quoi elle se blâmait sans cesse.

Bien qu'elle était de bien meilleure aide dans ce service, c'était dans ce sous-sol qu'elle se sentait le plus à l'aise. Les morts ne pouvaient parler ou avoir mal, il ne fallait pas les soigner, essayer de les sauver. Il n'y avait pas à s'inquiéter pour la vie d'un autre. Il n'y avait pas à se poser sans cesse la question répétitive de si la personne qui nous est chère allait survivre. Et la culpabilité serait bien moindre ; entre les chirurgiens qui avaient la vie d'un patient entre les mains et les médecins légistes qui ne faisaient que constater les malheureux faits, le choix était vite fait pour elle.

Chassant ses pensées, elle observa le long couloir qui traversait la salle. Des portes renfermant des capsules de congélation se trouvaient de part et d'autre. Elle avança à tâtons, puis prit de l'assurance et de la vitesse, n'ayant pas beaucoup de temps à perdre à hésiter. Comparant les noms inscrits sur ses dossiers, elle cherchait les corps correspondants. Une fois la première personne trouvée, elle ouvrit la lourde porte. Un souffle glacé, accompagné d'une effluve et d'une brume blanchâtre s'échappa, avant de dévoiler une silhouette drapée. Kassandra se saisit de la couchette à roulettes et la tira vers elle, jusqu'à ce que le cadavre congelé ne se tienne devant elle. Elle ôta le drap blanc et découvrit le corps d'un homme quarantenaire. D'après son dossier, il décéda d'une crise cardiaque. Ne sachant quoi faire, maintenant qu'elle se trouvait face à lui, elle avança plus loin dans les allées, cherchant les autres patients défunts de ses dossiers.

Elle ouvrit une dizaine de capsules, comparant leurs documents. Certains avaient trouvé la mort dans la vieillesse, d'autres dans la maladie, mais un détail la fit douter. Elle comprenait que la vie sur Liantver était loin d'être la plus facile et paisible, la majorité de la population vivant plus que modestement, mais nombre de ces personnes décédèrent de vieillesse à un âge relativement jeune… D'après les rapports. Cela lui mit la puce à l'oreille, et elle se décida à examiner ces corps de plus près. Elle n'avait certes pas les compétences d'un médecin légiste, mais elle espérait tout de même percer le mystère. Ou alors se convaincre qu'il ne s'agissait tout simplement que de son imagination.

Elle s'approcha d'un certain Darid Cyn, qui arriva à la fin de sa vie à l'âge de cinquante-deux ans et s'éteignit il y a de cela quatre jours. L'observant de plus près, elle ne vit aucune évidence pouvant contredire le médecin légiste. Mais cela lui paraissait étrange ; aucun antécédent n'avait été enregistré dans son dossier, et une mort naturelle à cet âge lui paraissait peu probable. Mais ne trouvant pas de preuve concrète ici, elle se tourna vers les autres. Elle ne savait même pas par quoi commencer. Quelque chose clochait, c'était certain, mais quoi ?

Kassandra décida de laisser tomber ceux et celles qui connurent une mort naturelle. Elle se tourna alors vers les quelques cas de crise cardiaque. Anae Willberg, vingt-quatre ans, Tan-Mio Beam, quarante-huit ans, Engruk Mimoran, trente-trois ans. Cela lui paraissait de plus en plus louche, et toujours aucun indice. Elle commençait à s'impatienter, refusant de croire que son intuition l'avait trompée ; elle se fiait toujours à ses tripes. Elle essayait de se creuser la tête pour trouver une solution, une piste. Mais elle doutait de sa capacité à utiliser son pouvoir sur des cadavres congelés.

Kassandra se posa une minute, observant la scène devant elle. Elle prêtait trop d'attention aux détails, et ne regardait pas assez le tableau dans son ensemble. Il ne fallait pas oublier la raison de sa venue ici. Elle commença à faire une liste mentale des événements récents pour essayer de tirer de différentes conclusions. Liantver était sous la protection de Barbe Blanche. Depuis la mort de ce dernier, les attaques des pirates s'étaient multipliées, ainsi que les décès de l'hôpital. Elle découvrit alors que Doflamingo fut celui qui avait ordonné ces raids, et qu'il cherchait à la capturer. Mais quelles étaient ses motivations ? Était-ce réellement dans le seul but de la capturer ?

Après ce court moment d'introspection, la jeune femme reporta son regard sur les cadavres sortis de leur boîte et conclut que rien de tout cela n'était un hasard. Le mystère restait entier et il ne tenait qu'à elle de l'élucider. Elle était certaine que la solution était là, quelque part, sous ses yeux. Et elle était peut-être enfouie plus profondément qu'elle ne le pensait…

Se surprenant à penser cela, Kassandra ne sut si c'était la fatigue, ou le manque de solutions qui la poussa à prendre cette idée au sens littéral. En voyant les corps en extérieur et en les reliant aux rapports d'autopsie, elle ne pouvait dire si c'était véridique. Mais si elle examinait les cadavres de l'intérieur, suivant les traces du médecin légiste, elle pourrait voir les potentielles séquelles, et peut-être des indices.

Faisant taire sa morale, se convaincant de l'aspect médical de sa décision, elle s'approcha de nouveau de Darid Cyn. Elle fit voler le drap, découvrant le corps glacial de l'homme défunt et l'observa sous toutes ses coutures. De fines entailles de scalpel étaient visibles au niveau de son abdomen, et elle décida de vérifier l'état de ses organes en dégageant les chairs. Elle se saisit alors d'une de ses dagues et se mit à délicatement suivre les traces du bistouri, réveillant la peau congelée.

Ses genoux flanchèrent et sa dague tomba sur le carrelage dans un sinistre tintement métallique. Après quelques instants de balancement, pendant lesquels elle n'entendit que le battement frénétique de son cœur, elle se releva avec peine pour voir si elle n'avait pas rêvé. Affolée, elle se rua sur le dossier de cet homme et l'évidence était là. Elle s'en souvenait bien. Elle pensait avoir mal lu, mais non. Ses organes étaient absents. Et le don d'organes post mortem était acté comme refusé par le défunt.

Des milliers de questions l'assaillirent et elle tenta de retrouver son calme. Contrôlant ses doigts tremblants, elle parcourut de nouveau les documents. Tous les défunts, sans exception, avaient refusé le don d'organes. Cela lui avait déjà mis la puce à l'oreille, tout à l'heure. Ayant peu de moyens financiers, l'hôpital sensibilisait toujours ses patients au don d'organes, puisqu'il ne pouvait se permettre d'en importer d'autres îles. Cela coûtait cher en transport, les pirates sillonnaient Grand Line en long, en large et en travers et la probabilité de réussite de la greffe était trop minime. Mais la clinique essayait de faire de son mieux, et ses efforts se retrouvaient récompensés, puisque bien souvent les malades acceptaient cette clause, dans l'espoir de pouvoir sauver d'autres vies. La plupart de ces personnes vivaient modestement, mais jamais ils n'hésitaient à venir en aide aux autres. Alors pourquoi tous ces refus ?

Ayant pris connaissance de ces informations, elle répéta le même procédé qu'avec Darid Cyn et découvrit à chaque fois avec horreur que les dépouilles étaient vides, telles des coquilles. C'est avec un air grave qu'elle recouvrit les morts de leur linceul, avant de les remettre dans leur capsule. Troublée par ce qu'elle venait de découvrir, son cerveau réfléchissait à mille à l'heure et une migraine pointa le bout de son nez. Mais qu'une seule explication lui venait à l'esprit, avec laquelle tous les morceaux du puzzle s'assemblaient.

– Un trafic d'organes…

Oubliant de se faire discrète en sortant de la chambre mortuaire, elle se rendit compte que Raquel n'était plus là. Elle avait dû partir se coucher, et cela ne faisait qu'arranger Kassandra, qui ne se sentait pas capable de mettre un masque et de prétendre que tout allait bien. Mais avant d'en parler à qui que ce soit, elle se devait de vérifier une dernière chose, avant de chercher les éventuels coupables, même si elle avait déjà une idée à ce propos. Elle devait vérifier aux archives les dossiers des dernières semaines, pour savoir si tous les autres patients avaient malencontreusement refusé le don d'organes post mortem. Soupirant face à son ironie mal placée, elle poussa la porte de la petite salle étroite.

Avant de poursuivre son enquête, elle devait remettre à leur place les documents récents. Une fois ceci fait, Kassandra entreprit de fouiller dans les boîtes contenant les dossiers postérieurs à la mort de Barbe Blanche. Et au fur et à mesure que les noms s'énuméraient, elle se rendait de plus en plus compte de l'ampleur du problème. Tous les dossiers, sans exception, portaient la mention de refus de don. Et si les organes venaient tout de même à manquer, il ne pouvait y avoir aucune traçabilité. Et étant donné le peu de personnel que l'hôpital pouvait se permettre d'engager, il n'y avait pas trente-six coupables potentiels.

– Kevyn m'avait bien prévenu que tu étais plus maligne que les autres cons qui travaillent ici.

Elle entendit le déclic d'un pistolet qu'on enclenche et se tourna lentement vers l'origine du bruit. Se tenait devant elle Raquel, qui avait troqué sa blouse blanche pour une courte robe bordeaux. Une cigarette entre les lèvres, elle pointait une arme en sa direction. Kassandra ne bougeait pas, les mains toujours crispées sur la boîte des dossiers, un regard assassin rivé sur la pseudo-stagiaire.

– Je me disais qu'il ne pouvait y avoir que deux coupables, prononça-t-elle calmement. Toi et Kevyn. La stagiaire et le médecin légiste sortis de nulle part.

– Et si une bénévole de mes deux venait pas mettre son nez dans tous les services de l'hosto parce que ce trou paumé manque de personnel, on en serait pas là, répondit la traîtresse du tac au tac. Mais heureusement que t'es là, on va pouvoir faire d'une pierre deux coups.

– Doflamingo, hein ? Alors comme ça, il trempe dans le trafic d'organes ? demanda-t-elle, connaissant déjà la réponse.

– Tu es loin de t'imaginer l'influence du Jeune Maître dans ce monde… Mais je ne suis pas là pour te faire la discussion. Le Jeune Maître a besoin de toi en vie, donc tu vas me faire le plaisir de te rendre.

Kassandra sourit amèrement en haussant un sourcil. Elle devait rapidement maîtriser la jeune femme, afin de pouvoir prévenir le Docteur Yurgun au plus vite.

– Comment refuser quand c'est si gentiment demandé ?

Elle esquiva le tir de la jeune femme, qui visait son pied. « La garce, elle comptait m'immobiliser », pensa-t-elle, quand un détail la troubla. Ce n'est pas que son assaillante portait une arme… Son bras lui-même était devenu une arme. C'était sans doute l'œuvre d'un Fruit du Démon. Mais elle ne devait pas oublier qu'elle aussi possédait un pouvoir, et elle comptait bien l'utiliser.

– Peine perdue, Raquel, répliqua Kassandra en s'entaillant la main. Que ton boss ramène sa fraise, s'il me veut !

D'un geste vif de sa main blessée, elle transforma le sang qui s'écoulait de sa blessure en gouttes semblables à des balles, que son ennemie évita de justesse.

– Je ne suis pas Raquel. Mon nom est Baby 5 ! annonça-t-elle, braquant son bras-pistolet sur la femme aux cheveux de jais.

– Raquel ou Baby 5, tu ne fais pas le poids, gamine.

Kassandra forma plusieurs cordes, qui étaient semblables à des fouets, avec son sang, et se saisit de la gorge de son ennemie, avant de l'immobiliser complètement. Se rapprochant de sa cible qui se débattait en vain, elle enfonça ses doigts dans sa cage thoracique, atteignant son cœur, qui battait la chamade.

– Maintenant, tu vas me faire le plaisir de me dire pourquoi Doflamingo me cherche. T'es pas en état de négocier.

– T'en as vraiment… aucune idée ? s'étonna presque Baby 5, s'étouffant. Ton pouvoir et… tes tatouages. Il te veut pour ces marques. Comme si tu n'en avais pas la moindre idée !

Le visage de Kassandra se ferma et elle se maudit intérieurement. Elle porta son attention sur ses bras, couverts de symboles indéchiffrables. Un sombre souvenir de Mihawk lui traversa alors l'esprit, mais elle secoua sa tête, le chassant, et reporta son regard sur Baby 5. Pour quelle autre raison que celle-ci un homme de son statut pouvait vouloir la capturer ? Ce n'était pas la première fois. Elle se sentait presque ridicule pour ne pas l'avoir compris plus tôt. Mais cachant son trouble, elle n'oubliait pas la femme en face d'elle.

– Tu vas vite décamper d'ici et plus jamais revenir, Baby 5, la menaça-t-elle, enserrant son cœur battant à pleine main. Et tu vas transmettre un message au « Jeune Maître » : qu'il vienne me chercher de lui-même, s'il l'ose.

La peur pouvait se lire sur le visage de l'intruse, mais elle refusait d'abdiquer.

– On aurait dû t'avoir bien avant ! lui cracha-t-elle au visage, désespérée.

– Il y a un mois et demi, quand « Kevyn » m'a supplié de venir vous sauver la peau, un soir de tempête ? Je m'en doute, avoua Kassandra, ne relâchant pas la prise. Et j'ai été assez naïve pour mordre à l'hameçon. T'inquiète pas que ça va pas se reproduire.

Elle quitta la pièce en tenant toujours fermement son ennemie. Cette dernière essayait de se débattre, mais elle se retrouvait en position de faiblesse. Après avoir quitté l'enceinte de l'hôpital, Kassandra contourna le bâtiment pour ne pas avoir à traverser la grande allée.

Elles arrivèrent à un rivage désert, éclairé par la lune. La femme aux cheveux de jais balança Baby 5 sur le sable sans aucune cérémonie, la jugeant d'un regard meurtrier.

– Pars, maintenant. Et fais en sorte que le message arrive à bon port, lui conseilla-t-elle d'un ton glacial.

Elle s'approcha de la traîtresse et prit son visage entre ses doigts, laissant des traces de sang au passage. Un sourire carnassier étira ses traits et elle susurra à son oreille.

– Et si je te revois par ici, je te tue.


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Un chapitre beaucoup plus long que la normale, je me suis fait plaisir avec les descriptions et les pensées parasites de Kass. J'ai essayé de présenter enfin en bonne et due forme ce personnage, ses idées, ce, en quoi elle croit, sa manière de réfléchir et les doutes auxquels elle est en proie... C'est un perso très complexe, j'ai pas l'habitude de traiter ce genre de personnage, mais je vais bien m'amuser à la développer !

Aussi, j'adore l'idée de lui refiler le mal de mer, je trouve ça hilarant tellement c'est nul. Déjà qu'elle a mangé un FDD, voyager seule en mer c'est pas fou, mais en plus si elle se sent malade, c'est mission suicide

Le "Raah, mais tais-toi !" c'est le cri de mon âme après ce chapitre. Kass a fait n'importe quoi, et je me dédouane totalement x) Il arrive souvent que les personnages prennent les devants de l'histoire, et ensuite te regardent, l'autrice, en te narguant "Alors ? Tu vas faire quoi ? Bah tu vas rien faire. NON, N'EFFACE P-". Tel est mon processus d'écriture. Je m'engueule avec les persos et ils boudent.

À la semaine prochaine les loulous et prenez soin de vous ! Laissez peut-être un petit commentaire, ça fait tellement plaisir et on garde la pêche :D