Chapitre 7 : Envie de l'embrasser, envie de le mordre

-Tu peux rester dormir ici si tu veux… annonça Potter d'une voix juste assez éraillée et nonchalante pour faire courir un agréable frisson le long de l'épine dorsale de Draco.

Méfiant, il se redressa et, tenant toujours son caleçon dans sa main, il se tourna vers Potter. Le professeur de Défense contre les Forces du Mal était allongé dans son lit et avait rabattu sa couette sur son corps nu. Ce qui, du point de vue de l'ancien Serpentard, était fort dommage. Il savait que le lit était encore chaud de sa récente présence. Il cacha habilement l'envie qu'il avait d'y retourner.

-Bien sûr, railla-t-il tout en enfilant son caleçon, il faudra juste explique aux élèves pourquoi je sors de ta chambre au petit matin. Honnêtement, Potter, j'aimerais croire que c'est moi qui viens de te retourner le cerveau à ce point, mais malheureusement tu étais déjà comme ça avant.

Potter eut une sorte de sourire indulgent.

-Je comptais te prêter ma cape d'invisibilité, répondit-il. Mais tu fais comme tu veux. C'est juste que ça doit être chiant de se lever tout de suite après alors qu'on a qu'une envie, c'est de dormir…

Comme pour illustrer son propos, Potter se mit à bailler.

-Parle pour toi, grogna Draco.

Cependant il devait avouer qu'il était plutôt fatigué lui aussi. Mais il n'était pas certain que dormir avec Potter se révélerait reposant. Puis il se trouva ridicule de faire toute une montagne de cette proposition. Ce n'était pas comme si leur relation franchissait une sorte de cap, il s'agissait simplement de passer une nuit complète dans cette chambre. L'ancien Gryffondor ne semblait pas perturbé lui. Il le fixait, les yeux déjà mi-clos. Un sourire paresseux s'étira doucement sur ses lèvres alors que Draco baissait les yeux sur elles. Il sentit son pouls s'accélérer. Par Salazar, il avait pourtant déjà eu plus que sa dose cette nuit !

-Je promets de me comporter en gentleman, Malfoy…

Draco se sentit acquiescer. Il avait pourtant une bonne dizaine d'excuses crédibles prêtes à être utilisées pour pouvoir retourner dans ses appartements sans avoir l'air de fuir la compagnie du brun. Mais se faufiler dans ses propres draps froids ne le tentait pas. Potter se décala un peu.

Draco haussa les épaules et s'avança vers le lit.

°O°O°O°

Draco se réveilla l'esprit encore brumeux mais le corps déjà excité. Il s'était endormi sur le ventre, délibérément loin du brun et n'avait pas bougé d'un pouce. Potter par contre se trouvait derrière lui, en train d'embrasser le bas de son dos. Ses mains étaient posées sur ses fesses et les caressaient doucement. Comment diable avait-il fait pour lui enlever son caleçon sans qu'il s'en aperçoive ?

« Il va me tuer à ce rythme », constata-t-il silencieusement dans un frisson de plaisir. Il ouvrit un œil, le réveil en forme de vif d'or posé sur la table de nuit indiquait qu'il était quatre heures du matin.

Il voulut se retourner pour rappeler à Potter qu'ils allaient devoir faire cours bientôt mais l'ancien Gryffondor le maintint d'une pression douce mais ferme contre le matelas.

-Laisse-toi faire…

Il chuchotait alors que le sortilège de silence fonctionnait toujours. Cependant son ton ressemblait plus à un ordre qu'à une supplique sauf au lieu de l'agacer, ça excita encore plus Draco.

Il n'y avait que Potter pour avoir un tel pouvoir sur lui. Il frémit à nouveau lorsque la bouche de Potter voyagea encore plus bas. Il écarta les jambes et suréleva son bassin sans même y réfléchir. Derrière lui Potter poussa un soupir tremblant. Draco ferma les yeux sachant ce que le brun était en train de voir. Ce qu'il ressentait était bien trop fort et son cœur battait la chamade. Les mains de Potter écartèrent ses fesses et son souffle balaya sa peau sensible. Draco déglutit, il avait l'impression que le temps venait de se suspendre. Il ressentait une faim immense mais qui n'avait rien à voir avec de la nourriture. Il voulait que Harry le touche vraiment. Il le voulait à l'intérieur de lui. Il n'avait jamais rechigné au fait que ce soit Potter qui le baise et ça lui plaisait mais à cet instant c'était différent, c'était devenu une nécessité.

Draco serra brusquement les draps entre ses mains dans un mouvement spasmodique, Potter venait de poser sa bouche contre son anus. Un long gémissement rauque s'échappa de la gorge du blond. Les mains de Potter s'agrippèrent à ses hanches pour le maintenir et Draco se rendit compte qu'il était en train de pousser ses fesses contre le visage de l'ancien Gryffondor.

Indécent…

Potter le rendait indécent…

Il s'entendit gémir et déblatérer des propos incohérents alors que la langue de Potter le fouillait de la plus intime des façons. Et parfois ses dents raclaient contre la peau sensible de son entrée et c'était comme si on lui envoyait des décharges de plaisir. Où est-ce qu'il avait appris à faire ça ? Draco refusait d'avoir la réponse à cette question. Il avait l'impression d'être devenu une sorte de gelée humaine. A part pour son érection douloureusement tendue contre son abdomen mais il s'en moquait, ce qu'il voulait c'était que Potter pousse sa langue encore plus loin. Mais malheureusement, c'était probablement physiquement impossible. C'est sa queue qu'il allait devoir mettre pour enfin contenter Draco.

Il poussa un juron lorsque la bouche de Potter quitta son anus. Mais elle fut rapidement remplacée par un doigt lubrifié.

-Oui ! grogna Draco, ses hanches bougeant toutes seules pour en obtenir plus.

Il était quasiment à quatre pattes à présent.

-Malfoy… tu n'as pas dit connaître la seconde épreuve l'autre fois ? demanda Potter le souffle haché en insérant un second doigt en lui.

-Quoi… oui, répéta Draco en secouant la tête.

Il voulait se retourner et l'embrasser à perdre haleine mais alors Potter devrait retirer ses doigts. Draco se mordit la lèvre, tiraillé.

-Est-ce que tu pourrais me dire en quoi elle consiste ?

-Putain !

Il avait bien fait de ne pas bouger, les doigts de Potter venaient de trouver sa prostate.

-Alors ?

La voix de Potter était un peu rauque et un peu perdue aussi et Draco aimait l'entendre mais il n'arrivait plus à réfléchir. Puis le brun cessa tout mouvement et sa main libre bloqua de nouveau les hanches de Draco.

-Pourquoi tu t'arrêtes ? demanda le blond désorienté et agacé en tournant la tête vers lui.

-Tu ne m'as pas répondu, accusa Potter d'un ton désolé.

Draco ne le voyait pas trop dans la semi-obscurité mais il devinait ses muscles tendus, ses cheveux en désordre, son regard affamé et son sexe érigé. L'envie qu'il avait de lui en devint presque douloureuse.

-De quoi ? murmura-t-il en passant inconsciemment la langue sur ses lèvres.

Il était prêt à mordre pour que Potter reprenne sa précédente activité. Le brun mit un peu de temps à répondre et répéta finalement sa question.

Draco plissa les yeux tandis que son cerveau se mettait difficilement en marche. Bordel, il espérait avoir été plus subtil quand il avait essayé de soutirer à Potter des indices sur la première épreuve. Même s'il devait avouer que la technique de l'ancien Gryffondor était plaisante. Il esquissa un sourire dangereux, Potter haussa les épaules, l'air de dire qu'il avait tenté le coup. L'instant d'après Draco le plaquait contre le matelas.

-Petit enfoiré ! siffla-t-il se délectant du regard inquiet du brun.

Il l'écrasait de tout son poids, mais Potter ne chercha pas à s'échapper. Il le fixait, un peu haletant. Pas un mot d'excuses ou d'explications boiteuses n'avait franchi ses foutues lèvres. L'inquiétude n'existait déjà plus dans ses yeux verts, il y avait juste de l'avidité. Et sa bouche s'incurva dans un rictus moqueur.

Draco tâtonna à la recherche de l'érection de Potter, le brun cessa de sourire et frémit quand il la trouva et la serra dans son poing.

-Si excité de perdre les commandes…, constata Draco en le branlant doucement. Qui aurait cru ça de toi Potter ?

Potter gémit et son regard accrocha le sien. Draco accéléra sa cadence sur le sexe humide en le bouffant des yeux.

-C'est toi qui m'excites, haleta Potter en faisant courir ses mains sur son torse.

L'une d'elle s'attarda sur la cicatrice. Draco trembla un peu. Il ne voulait plus jouer. Il guida la queue de Potter jusqu'à son anus et se mordit les lèvres en s'asseyant lentement dessus. Il était à chaque fois inquiet de reproduire le fiasco de la maison des Black mais ses chairs laissèrent passer le membre de Potter sans trop de difficulté.

-Malfoy…souffla Potter d'une drôle de voix.

-Je sais, répondit Draco en ouvrant les yeux.

Il n'avait même pas eu conscience de les avoir fermés. C'était à chaque fois trop intense et il lui fallait quelques secondes pour se rendre compte qu'il n'était pas en train de rêver. Que Potter était bien là, dans le même lit que lui. Son corps dans son corps. Il s'aperçut que Potter avait posé une main au niveau de son cœur alors il l'attrapa et suça son index tout en commençant à le chevaucher. Il ne voulait pas que Potter fasse ce genre de geste. Il n'avait pas besoin d'avoir la preuve que son cœur battait bien trop vite. N'importe qui aurait le cœur qui s'affolait en baisant, alors Potter n'avait pas à mettre sa main ici.

Cette position n'était pas sa préférée car il avait du mal à atteindre sa prostate comme ça et les muscles de ses cuisses protestaient déjà. Mais il y avait des avantages non négligeables, comme voir Potter s'abandonner et pouvoir l'amener à l'orgasme.

Mais les choses changèrent quand Draco lâcha sa main, Potter poussa un juron, attrapa sa nuque et l'embrassa presque violemment. Il était à présent quasiment assis lui aussi, « Bordel, oui ! » pensa Draco accélérant la cadence malgré lui. Potter allait avoir le dos en compote le lendemain mais c'était le dernier de ses soucis. L'embrassant toujours furieusement, Potter s'agrippa douloureusement à sa nuque et à ses cheveux. Draco entoura son dos de ses bras, il sentit ses ongles s'enfoncer dans la peau douce du brun. Il le lui fallait plus près, encore et encore. Plus de peau contre la sienne, plus de frictions.

Potter semblait possédé par le même besoin. Il accompagnait Draco dans de grands coups de reins dès que celui-ci retombait sur lui. A bout de souffle Draco quitta sa bouche pour poser son front contre l'épaule moite du brun. Des cris rauques s'échappaient à présent de sa gorge. Le plaisir était bien trop fort et menaçait de le submerger à tout moment. Il entendit Potter gémir son prénom et ça c'était nouveau. Nouveau et apparemment érotique puisqu'il ferma les yeux presque douloureusement alors que l'orgasme le faisait trembler et se resserrer autour de l'autre homme.

Il le sentit jouir juste après et il esquissa un sourire paresseux contre la peau de Potter malgré la poigne qui enserrait encore ses cheveux.

Plusieurs secondes plus tard il grogna quand Potter commença à se détacher de leur étreinte. Ses muscles étaient encore crispés et douloureux. Il allait probablement avoir mal partout d'ici quelques heures mais bordel ça en avait valu le coup.

Potter regardait le mur devant lui, le souffle court et l'air un peu déboussolé. Il tremblait légèrement. Un peu inquiet, Draco lui toucha le bras. Les yeux verts se posèrent sur lui, indéchiffrables et Draco crut qu'il allait l'embrasser mais il n'en fit rien. A la place il lança sur eux des sortilèges de nettoyage d'une voix presque absente.

Draco voulut demander si tout allait bien mais Potter lui fit un sourire qui lui parut un peu forcé. Draco le lui rendit, espérant le sien plus naturel. Il ne savait pas encore comment ils s'étaient retrouvés à baiser comme si leur vie en dépendait mais ça avait été à la fois génial et perturbant. Il s'affala sur le matelas, complètement satisfait. Il ne songea pas à se mettre tout au bout du lit cette fois et sentit Potter s'installer juste à côté de lui.

Il appréciait le contact de son bras contre le sien. Il attendit que son rythme cardiaque se soit calmé pour prendre la parole et essayer de se défaire de l'impression que quelque chose venait de changer. Il n'aimait pas voir Potter aussi troublé.

-Tu pensais vraiment que ton plan pathétique allait fonctionner ? demanda-t-il les yeux rivés au plafond.

-Ben quoi ? Ça a marché, répondit l'ancien Gryffondor.

Draco tourna la tête vers lui et fronça les sourcils.

-Je ne t'ai rien dit sur la seconde épreuve, rappela-t-il. Ton plan a échoué.

Potter eut un sourire suffisant.

-Oui, il est évident que je ne pensais qu'à la prochaine épreuve du Tournoi alors que tu étais endormi et pratiquement nu dans mon lit, répondit-il en lui tapotant l'épaule. Tu as raison Malfoy, mon plan a foiré.

Draco écarquilla les yeux.

-Dire que la plupart des gens te prennent pour un foutu saint…

Potter ricana. Draco le préférait comme ça. Soulagé il se tourna sur le ventre, il avait vraiment sommeil à présent. Il sentit Potter ramener la couette sur eux. Tout était parfait.

-Ceci dit, si tu veux partager des infos sur la prochaine épreuve, je suis ton homme.

-Va te faire foutre, grogna Draco contre l'oreiller.

-Là aussi je suis ton homme….

Ça n'avait été qu'un murmure, Draco tourna la tête vers Potter pour voir s'il était sérieux mais le brun avait les yeux fermés.

« Je suis ton homme. »

Quelle expression foireuse ! Potter ou l'art de faire chier alors qu'on ne lui a rien demandé. Draco refoula du mieux qu'il put la saloperie d'angoisse qui commençait à pointer le bout de son nez. Il écouta longtemps la respiration paisible du brun avant de finir par s'endormir à son tour.

°O°O°O°

« Gentleman, mon cul ! »

La craie que Draco tenait entre ses doigts se brisa. Il étouffa un juron, ramassa le morceau qui était tombé et le posa à côté des précédentes victimes de son inattention.

Ses élèves le regardaient avec curiosité. Il en vit même quelques-uns sourire. Il se racla la gorge.

-Bien, vous avez l'énoncé, déclara-il d'un ton froid, alors mettez-vous au travail.

Il ne s'installa dans son fauteuil qu'une fois que le crissement des plumes sur les parchemins commença à se faire entendre. Il ouvrit un livre de potions avancées avec la ferme intention de l'étudier. Cela faisait plusieurs semaines qu'il avait eu l'idée de modifier la potion de Sommeil Sans Rêve. Il voulait se la rendre accessible et pour cela il lui fallait changer le sortilège « Gravis Somnium » nécessaire à la réussite de la potion par un équivalent en Magie Noire. Et s'il y parvenait, il déclinerait son expérience sur d'autres potions voire même sur des enchantements. Il n'aurait plus jamais besoin de demander pour se fournir, il deviendrait entièrement indépendant. Peut-être même pourrait-il vendre ses formules. Et Potter ouvrirait les yeux et arrêterait de considérer la Magie Noire comme la pierre angulaire de tout ce qu'il advenait de mauvais sur Terre. Et ailleurs… il devait probablement étendre son postulat aussi au reste du système solaire.

Mais bien vite, les yeux de Draco quittèrent son livre pour se poser sur le plafond de sa salle de classe. Ce qui était une mauvaise idée car le portrait de Potter à dos de dragon semblait le fixer, alors Draco cessa de le regarder. Cependant son cerveau n'eut pas la même courtoisie et les souvenirs de la nuit dernière affluèrent en masse. Il sentit ses joues s'échauffer et il se remit rapidement sur ses pieds pour aller ouvrir la fenêtre avant que son sang ne décide d'aller migrer vers une autre partie de son anatomie.

Bon sang, il n'était bon à rien ce matin ! Le fait qu'il n'ait dormi que deux heures y était sans doute pour quelque chose mais il savait que la principale raison se trouvait dans la salle de classe juste en face de la sienne. Draco plissa les yeux et examina la classe de Potter. Ses élèves semblaient anormalement agités. D'habitude ils se calmaient lorsque leur professeur passait le seuil. Mais là, un dragon en papier était en train de se faire poursuivre à travers la salle par un bataillon d'avions de chasse moldus. Une fille se remaquillait. Un groupe jouait aux cartes explosives. Et O'Flaherty se disputait avec Leto.

« Même pas capable de tenir une classe », renifla Draco intérieurement.

Puis il se rendit compte que Potter n'était nulle part dans la salle. Il fronça les sourcils, regardant sans le voir le dragon de papier faire volte face et réduire en cendre au moins trois avions moldus. Potter n'aurait pas dû être en retard, Draco l'avait vu prendre son petit-déjeuner dans la salle des professeurs.

A l'instant où il se faisait cette réflexion, on frappa à la porte de sa classe.

-Entrez, dit-il en se retournant.

Une des surveillantes de BeauxBâtons fit son apparition. Elle était à peine plus vieille que les dernières années et ne semblait pas spécialement à l'aise de se retrouver dans une classe de Magie Noire. Elle scanna la salle d'un regard méfiant avant d'entrer plus franchement. Génial, une oie blanche...

-Mademoiselle Durant, que puis-je pour vous ? demanda-t-il en la gratifiant de son plus chaleureux sourire.

Elle sembla un instant complètement interdite. Peut-être ne s'attendait-elle pas à ce que l'inquiétant professeur de Magie Noire connaisse son nom et à ce qu'il se montre aimable. Mais la jeune femme se reprit vite et eut même le courage de le regarder dans les yeux.

-Madame la Directrice vous demande, annonça-t-elle. Je viens surveiller votre classe en attendant.

-Je suppose que le professeur Potter est aussi de la réunion...

La petite gourde sursauta presque et rougit délicieusement à la mention du nom de Potter. Ce genre de réaction avait toujours laissé Draco dubitatif. Il ne comprenait pas comment on pouvait s'amouracher de quelqu'un qu'on ne connaissait pas. Mais les femmes, surtout les jeunes, semblaient particulièrement sujettes à ce genre de chose. Surtout quand cela concernait Potter.

-Oui, je l'ai croisé juste avant de venir ici.

-Alors il vaudrait peut-être mieux que vous alliez surveiller sa classe, dit-il en pointant la fenêtre du menton. Mes élèves sauront se tenir.

Elle écarquilla les yeux en voyant que l'anarchie régnait en maître du côté des élèves de son précieux héros.

-Mais on m'a dit... commença-t-elle avant de se mordre les lèvres.

Elle n'avait nul besoin de terminer sa phrase. Draco savait très bien ce qu'on lui avait demandé : de ne surtout pas laisser les élèves de Draco Malfoy, les jeunes adorateurs de la Magie Noire, sans surveillance.

-Après tout faites comme vous voulez, balaya-t-il d'un geste négligent de la main.

Les étudiants de Potter n'étaient pas son problème et s'ils décidaient de faire exploser BeauxBâtons, grand bien leur fasse.

-Y a-t-il des consignes en ce qui concerne vos élèves ? demanda la jeune femme d'un ton quelque peu nerveux.

Draco eut un sourire aimable.

-Juste une chose, susurra-t-il. S'ils décidaient de vous écorcher vive... évitez de pleurer. Les larmes ça les excite.

Il ne s'attarda même pas pour contempler son air outré mais il entendit quelques garçons rire tout bas.

Au moins, décida-t-il en arpentant le couloir, Miss Durant avait maintenant une bonne raison de ne pas l'apprécier.

Il se demandait ce que Fournier lui voulait. Les convocations surprises étaient rarement de bon augure. Il était possible que Mazaltov se soit rendue compte que sa grossesse imaginaire venait de lui et qu'elle ait décidé de le renvoyer à Durmstrang - et de le renvoyer tout court après ça -. Même si connaissant son employeuse, Draco pensait qu'elle ferait tout pour éviter le scandale. Elle n'agirait pas pendant la durée du Tournoi où chaque événement vaguement intéressant était relaté par la presse. Ça n'était probablement pas ça.

Draco pâlit un peu en trouvant une autre raison pour une telle convocation. Il était après tout possible que Blaise ou Potter ait vendu la mèche à propos de son incapacité à faire de la Magie Normale. Si c'était le cas, en plus d'être retiré du Tournoi, Draco deviendrait la risée de tous les sorciers. A choisir, il préférait que ce soit Zabini qui lui plante un couteau dans le dos. L'idée que Potter le trahisse lui donnait presque la nausée.

Mais Potter ne le dénoncerait pas. A moins qu'il ne veuille que Draco raconte partout que l'Elu prenait son pied en fourrant diverses parties de son anatomie dans le cul des autres hommes.

Une part de lui ne pouvait s'empêcher de vouloir que Potter garde son secret, non pas parce que Draco menaçait de dévoiler son homosexualité en représailles, mais parce qu'il en serait venu à l'estimer.

« Tu parles, pensa le blond, il me baise mais ce n'est pas pour autant qu'il m'estime. Et pourquoi le ferait-il ? Sans parler de notre passé commun, je ne suis même pas foutu d'exécuter les sorts les plus basiques.»

Potter devait le considérer au mieux comme une parodie de sorcier. Draco ferma brièvement les yeux, irrité par le cours que prenaient ses pensées. Il était arrivé devant le bureau de la Directrice. Il vérifia qu'aucune tache d'encre ou de craie ne soit venue ruiner sa tenue mais tout était parfait. En soupirant il caressa la tête d'une des trois colombes de bois qui se trouvaient en relief sur la porte et celle-ci se mit à roucouler pour annoncer sa présence.

-Professeur Malfoy, vous voilà ! s'exclama Fournier soulagée en ouvrant la porte. Entrez donc !

La petite femme avait l'air agité mais Draco n'en était apparemment pas la cause. La tension qu'il ressentait s'apaisa immédiatement. Comme toujours, son regard chercha immédiatement Potter dans la salle. L'ancien Gryffondor se trouvait dos à lui, assis nonchalamment sur un fauteuil. Il tapotait sa baguette sur le bureau de la Directrice dans un toc toc agaçant. Il s'arrêta une seconde pour jeter un vague coup d'œil à Draco et reprit son occupation sans plus se préoccuper de lui.

Le blond leva un sourcil. D'après son expérience, Potter jouant avec sa baguette pouvait avoir deux significations : soit il était nerveux, soit il était énervé.

Draco le regarda plus attentivement et remarqua la crispation de sa mâchoire. Ok, c'était la seconde solution alors.

-Je vous en prie, asseyez-vous, lui enjoignit Fournier tout en lui tendant un journal, et lisez ça. L'Auror qui doit arriver d'Angleterre ne devrait plus tarder à présent.

Un Auror ? Le sourcil de Draco se haussa plus haut encore. Il s'installa dans le fauteuil à côté de celui de Potter. A présent le bruit que faisait le brun avec sa baguette ressemblait presque à un tempo connu. L'ancien Serpentard renifla avant de déplier le journal. Son cœur loupa un battement.

« HARRY POTTER EST LE PROCHAIN »

C'était ce qui était écrit sur la photographie qui prenait toute la première page de la Gazette du Sorcier. Apparemment ça avait été tracé en lettres de sang sur un mur, et juste en dessous gisait un cadavre affreusement mutilé. Celui de l'Auror Williamson d'après la légende, mais Draco doutait que, dans cet état, sa propre mère le reconnaisse.

Le bruit que faisait Potter commençait à lui taper sur les nerfs, c'était évidemment pour ça qu'il avait soudainement envie de lui attraper la main. Les doigts de Draco se crispèrent sur le journal alors qu'il lisait l'article qui suivait.

Williamson avait été retrouvé mort cette nuit dans la rue par deux sorcières qui rentraient chez elles après avoir passé une soirée chez des amis. L'inscription était encore fraîche. L'homme faisait partie des participants actifs de la « Purge des Mangemorts ». C'était la cinquième victime depuis décembre et le quatrième mort, le père de Rayat étant techniquement toujours en vie. D'après les Aurors, l'agression à proprement parler s'était déroulée dans un autre endroit - un lieu isolé - puis on avait transporté le corps en pleine ville. La phrase sur le mur - si pleine de prévenance envers Potter - avait bien été écrite avec le sang de Williamson.

La suite de l'article n'était qu'une énumération des possibles réactions de Potter. Bien qu'aucune ne parle de faire du bruit inutile en jouant avec sa baguette. Par contre, dans la majorité des cas, le journaliste supposait que le brun retournerait en Angleterre.

Draco grogna et attrapa le poignet de l'ancien Gryffondor. Le bruit cessa et Potter tourna des yeux étonnés vers lui.

-C'était agaçant, commenta Draco.

Il ne lui avait toujours pas lâché le poignet et il ne put s'empêcher de le caresser doucement de son pouce. Il avait un besoin impérieux de le toucher. Parce qu'il savait que Potter avait été affecté par les autres attaques mais cette fois c'était son nom qu'on avait écrit avec le sang d'un autre sorcier. A présent, il n'était plus seulement affecté, il était furieux.

-Désolé, répondit Potter en regardant bizarrement la main de Draco.

Le blond crut que ça le gênait alors il le lâcha. Il se renfrogna, ça lui apprendrait à vouloir faire montre de compassion. Potter secoua sa tête comme pour reprendre ses esprits puis se tourna vers Fournier.

-Vous savez quel Auror ils ont dépêché ? lui demanda-t-il.

-Désolée, ils ne m'ont rien dit, répondit la Directrice.

Potter fut déçu. Draco supposait qu'il voulait que ce soit Weasley qui rapplique. Il contempla un instant son profil et soupira silencieusement. Il remarqua que le brun se frottait doucement le poignet sans même s'en rendre compte, juste à l'endroit où Draco l'avait touché.

-Alors, tu vas retourner en Angleterre ? lui demanda-t-il l'air de rien.

Potter ouvrit la bouche mais ce fut la Directrice qui répondit à sa place.

-Le professeur Potter va voir avec l'Auror les possibilités qui s'offrent à lui et ensuite nous aviserons. Il se peut qu'on arrête le Tournoi si jamais les élèves devaient être en danger mais BeauxBâtons est très bien protégé.

-Naturellement.

Comme l'avait été Poudlard mais ça n'avait pas empêcher Voldemort de tuer Diggori.

Si jamais le Tournoi devait s'arrêter, tous les plans de Draco tomberaient à l'eau. Il essaya de se persuader que c'était cela qui l'inquiétait et pas le fait que Potter décide de repartir à Poudlard.

La colombe sur la porte se mit à siffloter à ce moment-là et Fournier se leva pour aller ouvrir. Potter tourna la tête vers la porte, il suffit à Draco de voir le soulagement s'inscrire sur ses traits pour deviner que Weasley était là.

Il se leva en soupirant. Potter et Weasley étaient déjà en train de se donner l'accolade comme s'ils ne s'étaient pas vus depuis une bonne dizaine d'années. Le pincement de jalousie le prit par surprise en voyant le brun sourire aussi chaleureusement. En présence de Weasley ou de Granger, Potter laissait tomber ses barrières mais il semblait pour Draco encore plus hors de portée.

Finalement les yeux du miséreux se posèrent sur lui. Draco avança vers le groupe d'un pas décontracté et lui tendit la main. Il n'en avait pourtant aucune envie parce qu'il savait que Weasley était le meilleur choix pour convaincre Potter de revenir en Angleterre. Mais il supposait que serrer cette main infestée de taches de rousseur n'allait pas le tuer.

-Salut Weasley.

Le rouquin considéra un instant sa main tendue puis haussa les épaules et la serra brièvement.

-Malfoy, dit-il, c'est bien que tu sois là.

Draco haussa les sourcils, c 'est qu'il ne semblait même pas ironique.

-On patauge avec l'enquête, expliqua Weasley en soupirant. On a des spécialistes en Magie Noire qui bossent sur le sujet mais ils ne sont pas capables de reconnaître la totalité des sortilèges qu'on a lancé sur les victimes.

-Et savoir si des sorts peu communs ont été jetés pourrait vous aiguiller sur une piste, comprit Draco.

Weasley hocha la tête.

-Ouaip, c'est une possibilité qu'on ne veut pas écarter. Peut-être pourrais-tu jeter un œil sur les dossiers ?

-Malfoy est un civil, coupa Potter d'un ton sec. Depuis quand les Aurors mêlent-ils des civils à leurs enquêtes ?

-Malfoy est un expert, répondit Weasley sans se démonter. Et Kingsley est d'accord pour lui laisser l'accès aux dossiers si ça peut éviter une autre mort. La tienne vraisemblablement. Malfoy, si tu acceptes, tu seras mis sous Fidelitas bien entendu.

-Ça peut être dangereux ! siffla Potter empêchant une nouvelle fois Draco de répondre.

-Je ne pense pas que jeter un coup d'œil à quelques photos constitue un réel danger, susurra Draco à l'adresse du brun.

Potter lui lança un regard furieux. Le blond exultait intérieurement. Le fait que des valeureux Aurors, dont nul autre que le Grand Shakelbolt, quémandent son aide était jubilatoire. Il appréciait beaucoup moins l'idée d'être lié à eux par un sort de fidélité et il aurait adoré leur rire au nez...

Mais c'était Potter qui était menacé.

Et si Potter venait à mourir, jamais Draco ne travaillerait à Poudlard.

-Je pense que le professeur Malfoy sait se défendre, s'interposa Fournier. Du thé, Auror Weasley ? Ou un café peut-être ?

«-Vous croyez ça ? !» Potter avait l'air exaspéré à présent. « Il n'est même pas capable de...

-La ferme, coupa Draco dangereusement, sa main cherchant immédiatement sa baguette. Je peux vous assurer, Professeur Potter, que je sais prendre soin de moi.

Il respira un peu mieux quand il sentit le bois contre ses doigts. Bordel, ce connard avait été à deux doigts de révéler son secret. Que ce soit parce qu'il refusait le fait qu'il puisse être utile aux si parfaits Aurors ou parce qu'il le croyait réellement incompétent, Draco s'en moquait. Potter soupira et lui jeta un bref regard d'excuse que Draco ignora.

-Je dis juste que je n'aime pas ça, grogna tout de même le brun en se plantant devant la fenêtre.

-J'ai cru comprendre, répondit Weasley qui bizarrement semblait beaucoup s'amuser. Mais tu n'as pas ton mot à dire. Un thé serait parfait, Mademoiselle Fournier.

Potter envoya un regard noir à son meilleur ami. Fournier gloussa comme une collégienne. A l'évidence, que le miséreux agrémente ses phrases de quelques mots français lui plaisait beaucoup. Même s'il avait un accent à couper au couteau.

-Je ne suis plus une demoiselle depuis longtemps, dit elle en le servant.

-Vous me faites marcher ! sourit Weasley. Merci. Mon Dieu, votre thé est aussi bon que s'il venait de chez nous !

Potter levait les yeux au ciel à présent, la tension commençait à retomber. Les pitreries de Weasley étaient en train de faire mouche. Draco fronça les sourcils. Le miséreux semblait avoir une utilité après tout.

-C'est qu'il vient vraiment de chez vous ! s'exclama Fournier. Je l'importe d'Angleterre.

-Peut-être qu'on pourrait parler du thé plus tard ? suggéra Potter d'un ton las qui fit oublier à Draco sa rancune et lui donna envie de le tenir contre lui.

Bon sang, il allait vraiment falloir qu'il arrête d'être aussi réceptif aux réactions de l'ancien Gryffondor.

-Bien entendu, répondit Weasley avant d'avaler rapidement et bruyamment une gorgée du dit thé. Kingsley est déjà en train de voir avec le lieutenant en chef des Sabbats pour renforcer la sécurité de BeauxBâtons pendant les épreuves. Et il te faudra éviter de sortir hors des protections magiques de l'Académie.

-Et c'est tout ? Potter avait l'air surpris. Tu ne me demandes pas de rentrer ?

-Et bien, si c'est ce que tu veux pourquoi pas.

Il y eut un silence, tout le monde attendait la réponse de Potter mais il resta silencieux et renfrogné. Weasley n'eut pas l'air étonné par ce silence et jeta un regard blasé sur Draco.

Qu'est-ce qu'il lui voulait ce crétin ?

-BeauxBâtons est aussi bien protégée que Poudlard, reprit le rouquin. Et à mon avis, ceux qui ont fait ça s'attendent à ce que tu reviennes au pays.

-C'est aussi ce que je pense, acquiesça Potter avec un léger sourire qui fascina Draco. A moins que je ne vous sois utile en Angleterre, il vaut mieux que je reste ici.

-Pour l'instant oui. De plus, tu dois faire gagner le rouquin.

Draco eut un reniflement de dédain et Fournier toussota.

Le reste de la conversation tourna en diatribe endiablée entre la Directrice et Weasley à propos du Tournoi. Draco n'y participa que par pointillés. Il était bien trop occupé à essayer déchiffrer le silence pensif de Potter.

°O°O°O°

Les élèves et la plupart des employés de BeauxBâtons avaient passé la journée à regarder Potter comme une bête curieuse. Enfin encore plus curieuse que d'habitude. La Gazette avec sa photographie pour le moins éloquente avait vite fait le tour de l'Académie. Mais Potter était resté stoïque et poli, gérant incroyablement bien ce regain d'intérêt.

Question d'habitude, avait décidé Draco quelque peu déçu de ne pas le voir plus embarrassé. A l'époque de Poudlard, le brun aurait passé sa journée à raser les murs.

Mais bon, tout se perdait. Lui aussi d'ailleurs...

Il se trouvait dans une des multiples serres de l'Académie. Il était parti à la recherche de Potter qu'il avait vu se carapater après le dîner mais à l'évidence il s'était perdu. Une des fleurs géantes lui cracha littéralement son pollen au visage alors qu'il passait à proximité. Draco bondit en arrière en jurant avant d'éternuer.

-Je n'imaginais pas que quiconque puisse rendre une fleur allergique. Tu es une source inépuisable de surprise.

Draco se retourna. Potter souriait de toutes ses dents.

-J'ai horreur de la routine, répondit-il d'une voix traînante.

Il essayait de ne pas trouver Potter extrêmement attrayant avec sa cravate desserrée et ses manches relevées mais c'était peine perdue.

-Qu'est ce que tu fais ici, tu me cherchais ?

Draco détourna les yeux des avant-bras de Potter. Il ne pouvait pas lui dire qu'il s'inquiétait de le savoir seul, même à l'intérieur de l'Académie, ça sonnerait ridicule aussi à ses propres oreilles.

-Je pourrais te retourner la question, éluda-t-il.

-J'avais besoin de prendre l'air.

Potter se laissa tomber sur un banc en pierre avant de fermer les yeux en soupirant. Après un moment de réflexion Draco décida de s'asseoir à côté de lui.

-Comment prends-tu toute cette histoire ? demanda-t-il.

Potter ouvrit un œil pour le regarder.

-Ça t'intéresse vraiment ? répondit-il.

-Non je pose la question pour faire la conversation, ironisa Draco. C'est tellement mon genre de parler pour ne rien dire.

-Ce n'est pas non plus ton genre de t'inquiéter de ce que je ressens, objecta Potter.

Draco s'intima au calme. Potter cherchait à se défiler en le provoquant mais cette fois il n'avait pas envie de jouer.

-Réponds à la question et après je te laisserai me sucer, dit-il.

Le blond se félicita de désamorcer la nature sérieuse de cette conversation avec des allusions bassement sexuelles. C'était bien plus sécurisant ainsi. Il fut ravi de voir Potter déglutir avant de se tourner lentement vers lui. Son regard se fit plus intense et descendit au niveau de l'entrejambe de Draco.

-Comme si tu m'avais déjà empêché de le faire, répondit-il doucement en se léchant la lèvre inférieure.

Ce simple geste arracha un frisson d'anticipation à Draco. A présent Potter ne pouvait pas manquer qu'il bandait dur.

-C'est toi qui vois, reprit Draco avec un sourire faussement ingénu.

Potter se tortilla un peu sur le banc en grognant quelque chose de peu agréable sur les Serpentards.

-Je m'attendais à être visé à un moment ou à un autre, soupira-t-il enfin. Par les fils de putes qui ont fait ça je veux dire.

-J'avais compris, dit doucement Draco.

-Mais je ne m'attendais pas à ce qu'ils fassent ça de cette façon... Tout ce sang...

Potter sembla un instant songeur et Draco eut envie de faire quelque chose de stupide comme caresser sa joue ou le prendre dans ses bras.

-Le pire, reprit il en regardant le plafond en verre, c'est de se dire qu'au moment où je me sentais si bien, un autre homme se faisait torturer à mort.

Draco sursauta. Williamson était mort cette nuit probablement pendant que Potter et lui...

« Je me sentais si bien.»

Cet aveu lui plaisait incroyablement. Il avait encore plus besoin de se pencher et d'embrasser Potter mais ce n'était pas vraiment le moment. Pas quand Potter en était encore à culpabiliser dès que quelque chose tournait mal.

-Toujours à jouer les martyrs, hein Potter ? railla-t-il. Des tas de gens sur terre souffrent à chaque seconde. Je t'assure que te savoir heureux ou triste ne va rien changer à leur calvaire.

Potter se releva brusquement et darda sur lui un regard furieux.

-C'est mon foutu nom qu'on a écrit avec son sang, siffla-t-il en redressant ses lunettes sur son nez, alors oui je me sens concerné ! Mais je ne m'attends pas à ce que tu comprennes, tu es bien trop détaché et insensible pour ça !

-Ouch ! Je n'ai plus tellement envie que tu me suces finalement, répliqua Draco avec nonchalance en se levant à son tour. Tu montres un peu trop les dents ce soir.

-J'ai touché un point sensible on dirait !

Oui, cet enfoiré était encore une fois allé trop loin. Potter avait un méchant sourire sur les lèvres et une furieuse envie d'en découdre apparemment. Draco l'attrapa soudainement par la nuque.

-Connard, gronda-t-il simplement en heurtant son front contre son sien avant de le relâcher.

Il commença à marcher vers la sortie, enfin vers ce qui lui paraissait être la direction de la sortie.

-Malfoy, entendit-il derrière lui au bout de quelques secondes, Malfoy attends,!... Draco, s'il te plaît...

Draco se figea. C'était la seconde fois que Potter l'appelait par son prénom en moins de 24 heures. Et la première ne comptait pas vraiment. Tout ce qu'on disait en prenant son pied n'importait pas mais il aimait entendre son prénom rouler sur la langue de Potter.

-Écoute, je suis désolé, reprit Potter derrière lui.

Draco se retourna. L'ancien Gryffondor avait l'air gêné.

-Je vois bien que tu fais des efforts pour arrondir les angles entre nous. Et moi je... Bref je me sens frustré et furieux de me savoir aussi inutile dans cette histoire mais je n'aurais pas dû m'en prendre à toi.

-Tu es un abruti, murmura Draco.

Potter fronça les sourcils et s'approcha vivement de lui. Draco ferma les yeux quand ses lèvres heurtèrent les siennes et il s'agrippa à sa chemise. Potter tremblait un peu.

Lui aussi.

°O°O°O°

Draco lâcha un instant sa plume et s'étira avant d'attraper le verre de liqueur que Potter lui avait servi un peu plus tôt. Weasley lui avait fourni les dossiers depuis deux semaines à présent. Draco pensait avoir trouvé au moins deux sortilèges de Magie Noire que les Aurors avaient loupés mais il lui faudrait voir les corps pour s'en assurer. Et plutôt rapidement avant que la décomposition ne soit trop avancée. Il venait juste de terminer d'écrire au département des Aurors.

Les sifflements dans son dos lui apprirent que Potter était encore en train de discuter avec Marc-Antoine. Ça commençait à devenir une sorte de rituel. Potter partait courir en compagnie de Merle après les derniers cours, puis il allait se doucher et venait squatter sa chambre. Il ramenait toujours pour Marc-Antoine une sauterelle ou un autre insecte qu'il avait trouvé pendant sa course.

Dire que dans les romans à l'eau de rose, le soupirant rapportait des fleurs.

Mais ce soir Potter avait aussi amené de la liqueur d'Amande, une boisson du coin dont on lui avait fait cadeau à Noël. Quand Draco avait demandé pour quelle occasion il la débouchait, Potter avait répondu en souriant diaboliquement que c'était pour fêter la future victoire de O'Flaherty. Draco avait répliqué qu'il préférerait encore trinquer au retour de Voldemort mais il avait tout de même laissé le brun le servir.

-Tu devrais déplacer Marc-Antoine chez moi, dit soudainement Potter, il s'ennuie ici depuis que tu passes tes nuits dans ma chambre.

-Brillante idée, ironisa Draco sans se retourner. Le mieux serait de déménager toutes mes affaires dans ta chambre. Je suis certain que personne ne trouverait cela étrange.

Il entendit Potter soupirer et se servir de nouveau à boire.

-Ou alors je pourrais dormir ici...

Oui et Draco serait obligé de lui demander de placer des sortilèges de silence parce qu'il était totalement incapable de le faire. Magnifique idée, vraiment !

-C'est un foutu lézard, pas un gosse, marmonna-t-il en pinçant l'arrête de son nez. Il n'a pas besoin que qui que ce soit le borde la nuit...

Il termina son verre. C'était bon cette connerie, un peu trop d'ailleurs.

-Et tu n'as pas besoin d'être aussi désagréable, répliqua Potter d'un ton acerbe.

Je t'emmerde, eut envie de répondre Draco mais il savait que Potter avait raison. Il n'aimait pas quand il partait courir dehors alors qu'on cherchait à le tuer. Et même s'il se trouvait en compagnie de l'autre abruti de professeur de métamorphose... Au contraire, savoir ça agaçait encore plus le blond.

Il entendit Potter se lever alors il se retourna. Mais le brun ne s'en alla pas, il venait d'attraper la photo de lui et ses parents qui trônait sur une étagère. Son père devait être en train de fusiller Potter du regard.

-Tu avais onze ans non, là dessus ? demanda-t-il, ses yeux verts fixés sur la photographie.

-Douze, répondit Draco.

Il espérait que son portrait par contre ne faisait rien de stupide comme couver Potter du regard.

«Est-ce qu'à douze ans, je le voulais déjà ?»

C'était probablement le cas malheureusement. Potter allait se retourner d'un instant à l'autre et se foutre de lui.

-Je me demandais, murmura l'ancien Gryffondor en lui faisant effectivement face, si ta mère savait que tu étais gay... Et si elle savait pour... nous.

Draco leva un sourcil à la mention du « nous ». Potter sembla se rendre compte de son erreur.

-Je veux dire, si elle sait qu'on se voit..., rectifia-t-il mal à l'aise tout en lui servant un nouveau verre.

-Relax Potter. Je n'ai dit à personne que tu étais gay, même pas à ma chère maman. J'espère que pour ta part, tu gardes mon secret aussi bien. Weasley et Granger n'ont pas besoin de savoir que j'ai des... difficultés à effectuer certains sorts.

Bordel, ça sonnait vraiment comme si ça n'avait pas d'importance. Mais si Potter trouvait pitoyable sa façon d'aborder le sujet, il n'en montra rien.

-Ils n'en savent rien. Par contre, ils ont deviné qu'on couchait ensemble.

Draco renifla en faisant tourner la liqueur dans son verre. Il était un peu surpris que le miséreux n'ait pas cherché à exorciser Potter en sachant ça. Il n'avait même pas tenté la moindre malédiction à l'encontre de Draco.

-Et tu ne m'as pas dit pour ta mère, reprit Potter, elle sait que tu préfères les hommes ?

Draco esquissa un sourire sans joie et but lentement une nouvelle gorgée du liquide ambré.

-Oui elle le sait mais ça ne lui plaît pas vraiment. Elle me parle encore de mariage et d'héritier mais ça n'a plus autant d'impact sur moi depuis que mon père est mort.

-Tu veux dire que tu te serais marié, si jamais ton père était encore en vie ? demanda Potter en fronçant les sourcils.

-Oui, probablement avec une des sœurs Greengrass, soupira Draco perdu dans ses réflexions. Bonne famille de Sang Pur, fortunée et n'ayant pas trempé dans la guerre. On leur apportait du sang aristocratique et des alliances politiques qui leur manquaient et ils nous auraient donné une nouvelle respectabilité. Sans compter que Daphné et Astoria sont très jolies.

-Ouais, si on aime le genre petite dinde enfarinée, je suppose qu'elles le sont, railla Potter.

Draco eut un sourire amusé et s'installa plus confortablement sur son fauteuil.

-Fais attention Potty, dit-il, je pourrais croire que tu es jaloux.

Le professeur de Défense Contre les Forces du Mal avait les joues un peu rouge à présent mais peut-être était-ce à cause de l'alcool.

-Ne t'accorde pas trop d'importance Malfoy. Je suis juste affligé de savoir que tu aurais renié ce que tu es en échange d'une jolie petite vie toute tracée.

-Certes je m'éclate sexuellement Potter, admit Draco, mais qu'est-ce que j'ai construit ? Je vis loin de chez moi et seul. Ma jolie petite vie, comme tu l'appelles, m'aurait donné une famille et une maison.

-Mais tout ça aurait été basé sur des mensonges.

Draco fixa Potter avec intensité. Il aurait pu lui dire que des gens étaient heureux avec des vies qui reposaient sur des mensonges, que même lui aurait pu l'être... Il aurait pu épouser l'autre rouquine et lui faire une flopée d'enfants. Et il aurait été heureux même en sachant que quelque chose sonnait faux. Mais Draco ne voulait pas qu'il pense qu'il regrettait de ne pas avoir épousé Daphné ou Astoria. Il ne le regrettait pas. Ce n'était pas sa place, il le savait. Sa place, c'était ici et maintenant, avec ce type aux incroyables yeux verts qui pour l'instant attendait sa réponse avec une sorte d'appréhension.

-Oui, tu as raison, lâcha Draco.

Il vit le soulagement s'inscrire sur les traits de Potter.

-Tu l'as toujours su que tu aimais les hommes ? questionna à nouveau le brun.

A croire que l'alcool transformait Potter en une espèce d'enquêteur.

Un enquêteur totalement désirable mais un enquêteur quand même. Peut-être que Draco devrait trouver une autre utilité à sa bouche. Il eut un léger frémissement en regardant Potter boire, le mouvement de sa pomme d'Adam alors qu'il déglutissait avait quelque chose d'hypnotique. Il voulait lécher ce morceau de peau et entendre son souffle s'accélérer.

Ok, l'alcool lui montait à la tête à lui aussi.

-Alors ? insista Potter en s'asseyant en tailleur sur le sol. Marc-Antoine vint immédiatement le renifler et Potter lui sourit avant de caresser sa tête. Fichu zonure !

-A la puberté, commença Draco, je l'ai vraiment su à ce moment. Il y avait ce... ce garçon qui m'obsédait.

Potter lui lança un coup d'œil intrigué. Bordel...

-Non « obsédait » n'est pas le bon mot, rectifia-t-il rapidement en crispant ses mains sur son verre. J'aimais savoir ce qu'il faisait. C'était plus pour avoir un semblant de contrôle sur les événements. Je trouvais ça normal, c'est plus tard que j'ai compris que ça ne l'était pas.

Génial, Potter avait l'air encore plus intrigué à présent. Draco avala une nouvelle gorgée d'alcool tout en se disant que c'était probablement une mauvaise idée. Il vit Potter ouvrir la bouche alors il se dépêcha de parler.

-Ma première expérience sexuelle, c'était en quatrième année. Pendant le Tournoi. Un élève de Durmstrang.

Potter cligna des yeux, surpris.

-Mais... ils étaient tous beaucoup plus âgés !

-Seulement de trois ans, relativisa Draco, mais il est vrai qu'à cet âge-là, ça fait tout de même une différence. Ceci dit, on n'est jamais allés plus loin que les branlettes mutuelles.

-C'est déjà pas mal. Au même âge je n'avais encore jamais embrassé personne.

-Je peux comprendre ça. Tu étais trop occupé à essayer de survivre aux épreuves.

Potter hocha vaguement la tête avant de froncer les sourcils.

-Et c'est tout ? demanda-t-il. Ça a été aussi simple que ça pour toi ?

Simple ? Draco eut envie de rire. Si Potter savait à quel point il se sentait perdu à cette époque. Et c'était pour beaucoup de sa faute. Désirer son pire ennemi, il y avait de quoi se rendre malade.

-Ça n'a rien eu de simple, le détrompa-t-il d'un ton traînant. J'avais mis sur le compte de l'exception l'obsess... l'intérêt que je portais au type du début mais avec Claudius ça faisait deux, alors je suis entré en phase de déni. En sixième année j'ai couché avec deux filles mais ça n'a jamais été aussi intense que le simple fait de tenir la queue d'un autre mec dans ma main - Ou que de me branler en pensant à toi -. Et en septième année... je n'ai plus eu vraiment l'occasion de m'intéresser à tout ça. J'ai couché pour la première fois avec un mec quelques mois après la guerre.

Potter retira ses lunettes pour les nettoyer, Draco suivait chacun de ses gestes, se demandant s'il pouvait le rejoindre sur le sol pour l'aider à enlever le reste de sa tenue.

-Et toi ? demanda-t-il à la place en secouant la tête. Quand es-tu sorti du placard ?

-J'avais onze ans en fait ! lança Potter d'un ton désinvolte et quelque chose de sombre passa dans son regard. Non je plaisante, en réalité c'est Ginny qui m'a forcé à ouvrir les yeux, après la guerre.

La sensation que Potter venait de laisser échapper une confidence importante s'évapora avec l'aide de l'alcool et la mention de la harpie rousse. Il n'avait jamais pu voir cette fille en peinture. D'une part car il ne l'avait, semblait-t-il, jamais impressionné, et qu'elle ait du cran l'agaçait. Cette dégénérée l'avait même attaqué dans le Poudlard Express ! Mais surtout elle était celle que Potter pelotait dans les coins sombres du château en sixième année. Alors que lui à la même époque était apeuré, furieux, complètement paumé.

-L'intrépide poursuiveuse des Harpies aurait largué le non moins intrépide Elu, ironisa-t-il... J'ai du mal à le croire.

Potter lui lança un regard d'avertissement. Draco répondit par un sourire paresseux.

-C'est pourtant ce qui s'est passé, soupira le brun. Dans les faits elle était parfaite pour moi. Elle est belle, elle aime le quidditch, elle a du caractère, c'est la sœur de Ron et c'est une sorcière douée. Mais dans la réalité ce n'était pas aussi évident. Il n'y avait pas de passion entre nous. Et je ne parle pas qu'au niveau physique. Je n'avais certes pas spécialement envie de la déshabiller dès qu'on se retrouvait seuls tous les deux mais la voir sourire, entendre sa voix, la voir évoluer tous les jours, ça ne me faisait pas ce que c'est censé faire.

-Oh, susurra Draco, et qu'est ce que c'est censé faire ?

Potter le fixa sans sourire et Draco se sentit déglutir.

-Le cœur qui bat plus vite, énuméra Potter d'une voix atone. Les mains moites, la gorge sèche. La tension qui monte. L'impression d'être aux aguets, de n'attendre que ça. L'envie de sourire aussi. L'envie de hurler. L'envie de l'embrasser. L'envie de mordre...

Il s'arrêta soudainement et détourna le regard.

-Ça semble violent, murmura sombrement le blond sans le lâcher des yeux.

Comment ce connard osait-il décrire ainsi ce qu'il ressentait ? A croire qu'il venait de piller son esprit. Ne se rendant même pas compte de l'état dans lequel il venait de le mettre, Potter esquissa un sourire un peu triste.

-Ça l'est, répondit-il puis il se versa un autre verre de liqueur.

-Et c'est tout, parodia Draco méchamment en imitant du mieux possible la voix de Potter - il la fit volontairement plus geignarde qu'elle ne l'avait été -. Ça a été aussi simple que ça pour toi ?

Potter secoua la tête et but de nouveau, vidant son verre d'une traite. Il parut étonné de le voir déjà vide et haussa les épaules avant de répondre.

-Non, j'ai eu beaucoup de mal à l'accepter parce que je voulais juste avoir une vie normale. Et être homosexuel n'arrangeait pas mes plans. Puis un soir, ça devait être deux ans après la guerre, on a fait une réunion d'anciens Gryffondors, j'ai pas mal bu et je ne sais pas trop comment, je me suis retrouvé dans la cuisine des hôtes le pantalon sur les chevilles avec Denis Crivey en train de me sucer. Après ça, on s'est revu plusieurs fois et on a remis ça. Il a été... il est pas mal patient avec moi.

Potter venait d'utiliser le présent de l'indicatif sans même s'en rendre compte. Draco se serait bien passé de connaître le nom d'un de ses amants . Il se demanda si c'était avec lui que Potter avait baisé aux vacances de Noël après lui avoir envoyé un petit mot comme quoi il avait envie de se vider les couilles.

-Crivey ? Ce n'est tout de même pas le petit morveux blond qui te suivait partout dans l'école ? railla Draco. Ils n'étaient pas deux à faire ça, d'ailleurs ?

Bon sang, pourquoi ça le touchait autant ? Potter avait pourtant été clair dès le début, ils couchaient ensemble simplement parce qu'il n'y avait personne dans le coin qui puisse faire l'affaire.

-Son grand frère Colin est mort durant la bataille de Poudlard, mais ça ne m'étonne pas que tu ne t'en souviennes pas ! répliqua Potter méchamment. Et Denis a beaucoup changé. Il est aussi grand que nous à présent, il se teint les cheveux et il a des tas de piercings...

-Quelle classe ! coupa Draco en se levant de son fauteuil.

La tête lui tournait un peu mais il s'approcha de Potter et tomba brutalement à genoux devant lui. Il grimaça sous le choc.

-A quoi tu joues ? grogna Potter toujours assis en face de lui.

Draco eut un petit sourire et commença à caresser ses cuisses par dessus son pantalon.

-Je ne sais pas. Te voir là dans ma chambre... ça me donne envie de sourire. Et envie de hurler...

Le souffle de Potter s'emballa et il plissa ses incroyables yeux verts.

-Et mon cœur bat plus vite, reprit Draco narquoisement, ses mains s'attardant sur l'entrejambe du brun. Je suis aux aguets.

Le brun sentait délicieusement bon, Draco le respira à pleins poumons.

-Ta gueule, gronda Potter. Ne t'amuse pas à ça.

Draco ignora l'avertissement, il se pencha et lui lécha l'oreille. Potter eut un long frisson mais l'ancien Serpentard ne sut pas si c'était à cause de l'alcool ou parce que ça lui plaisait.

-C'est quoi la suite déjà ? ricana-t-il contre sa peau. Ah oui, j'ai envie de t'embrasser. J'ai envie de te mordre.

Potter tira sur ses cheveux et l'embrassa furieusement, alors Draco cessa enfin de réfléchir et se laissa aller.

A suivre...

Voiloum merci d'avoir lu jusque là ^^

A plouss dans le bouss

Artoung