Et voilà le troisième et le dernier de cette portée. Je l'aime bien, c'est le type de texte que j'adore écrire même si foncièrement il ne se passe pas grand chose, dommage pour moi, les chapitres semblables seront rares. Le thème est Limbe.

Bonne lecture à toustes.


La douleur était intense, elle semblait comme irradier de tout son corps. A chaque respiration, la douleur semblait être encore plus importante. Ace pensa un instant à retenir sa respiration, espérant ainsi atténuer l'élancement. Mais son corps reprit son droit et lui imposa une bouffée salvatrice qui le fit grogner et ouvrir les yeux.

La salle était sans fenêtre, il lui fut impossible de deviner l'heure et Ace fit tout pour calmer sa respiration qu'il sentait s'accélérer. Il n'avait jamais aimé les espaces clos.

-Calme toi Portgas.

Son corps se tendit alors qu'il prit conscience d'une présence à ses côtés. Ses réflexes le poussèrent à tenter de se redresser pour faire face à la menace potentielle. Mais deux mains puissantes le stoppèrent et un buste se pencha vers lui.

-Je t'ai dit de te calmer, Ace.

Ace rencontra le regard gris de Law. Il prit quelques instants pour se remémorer ses derniers souvenirs. Lorsque son esprit fut totalement clair, Ace se laissa totalement tomber sur son lit et les mains de Law le lâchèrent avant de se diriger vers le bandage serré autour de sa poitrine. Ace vit les sourcils de Law se froncer alors qu'il marmonnait quelques propos dont Ace ne saisit pas le sens. Tout ce qu'il comprit c'est que sa plaie s'était remise à saigner à cause de ses mouvements brusques.

Il observa avec un ébahissement grandissant les gestes sûrs de Law alors que celui-ci refaisait un bandage propre. Ce n'était pas première fois qu'il le soignait après tout, mais c'était bien la première fois que Law le sauvait. Le sauvait d'une blessure alors qu'il avait attaqué le Flamant Rose.

-Qu'est-ce que fous Law ?

-Tu t'aies pris un coup sur la tête en plus d'une balle ? répondit narquoisement Law.

-Te fout pas de ma gueule, tu sais très bien ce que je veux dire.

Law se redressa et s'appuya sur le dossier de sa chaise dans un soupire et fixa son regard dans celui acéré d'Ace.

-Je t'ai sauvé la vie, finit par répondre Law.

-Et pourquoi donc bordel de merde ? Alors que j'ai foutu le feu et tuer des hommes du Joker. Tu sais, le flamant rose, ton patron.

Le regard de Law se fut plus sombre et hargneux alors qu'il se penchait vers Ace.

-Je ne reçois mes ordres de personne, Portgas, fais attention à ce que tu dis.

-Pourtant, Chirurgien de la Mort, la dernière fois qu'on s'est vue, les choses me paraissaient plutôt limpides.

La main froide de Law se renferma sans ménagement sur la trachée d'Ace qui d'instinct plaça ses mains autour de la poigne de Law. Sa blessure l'affaiblissait bien trop pour espérer se défaire de l'emprise de Law. Tous les deux le savaient bien mais pas une seule fois Ace n'abaissa le regard face à celui furieux de Law.

-Tu n'es en vie que parce que je le veux bien et parce que tu m'aies utile, grogna Law avant de relâcher Ace et quitter la pièce.

Ace reprit difficilement et douloureusement sa respiration. La douleur lui fit apparaître des taches noires en périphérie de sa vision. Et lorsqu'il reprit totalement le contrôle sur son corps, il était seul, incapable de se lever sans aide de ce lit.

Les jours qui suivirent furent source d'une frustration grandissante chez Ace. Ces journées étaient monotones et les occupations inexistantes, le laissant seul avec lui-même le plus souvent. Et il s'était toujours considéré comme étant de très mauvaise compagnie.

La frustration devint colère, sombre et violente, alors qu'il était presque incapable de faire le moindre mouvement seul. Tout juste capable de se redresser, mais incapable d'espérer pouvoir se débrouiller par lui-même pour la plus petite action, aussi simple que primaire que de se laver. Le laissant alors dépendant de l'aide de Law le plus souvent et parfois d'un homme aussi imposant qu'il semblait être timide. Curieux personnage qu'Ace avait aimé titiller jusqu'à ce que Law lui fasse comprendre qu'il était temps pour lui de la fermer.

La colère devint fureur face à Law. Ace se savait prisonnier. Les plaisanteries qu'ils échangeaient encore entre eux à une période qui n'était pas si lointaine étaient devenues des mots durs et taillés pour blesser. Ils avaient fini par s'espacer, ne laissant plus que seulement des échanges banals et sans intérêt.

Ace se sentait emprisonné, et lorsqu'il vit Bepo entrer ce jour-là, il sût que cela serait pour aujourd'hui ou pour jamais.

Rien n'était plus fort qu'un homme qui se sentait acculé, et les tremblements qui prirent les membres d'Ace alors qu'il sortit enfin de cette salle pour la première fois de ce qui lui semblait être des mois après avoir réussi à assommer Bepo, n'étaient pas des tremblements issus de la douleur ou de la peur. Seul la rage la plus pure et bestiale de vivre permit à Ace de dépasser la tiraillement toujours présent dû à la plaie pour arriver à se déplacer dans ces couloirs blancs et sans fenêtre.

Ace avait perdu depuis son réveil la notion du temps et aurait été incapable de dire combien de temps il marcha avant d'arriver devant une porte fermée, différente des autres et qui semblait lui faire miroiter une potentielle porte de sortie. Il sentait son bandage s'humidifier de sang provenant de la plaie qui semblait s'être rouverte. Qu'importe, même la douleur semblait avoir disparu.

-Où crois-tu aller Ace ?

Ace se retourna et ses réflexes prirent le pas sur tout le reste. Il reprit le contrôle sur ses membres alors que ses mains étaient déjà serrées autour de la gorge de l'homme qui l'avait interpelé. Law.

-Donne-moi une seule bonne raison de ne pas t'achever ? marmonna Ace alors qu'il croisa le regard étonné de Law qui se durcit.

La douleur se fit trop intense pour être oubliée lorsque Law appuya précisément sur sa blessure. Sa prise autour du cou de Law se desserra suffisamment pour que ce dernier inversa les rôles, son avant-bras appuyant juste ce qu'il fallait sur la trachée d'Ace pour que celui-ci soit immobilisé. La douleur l'avait de toute façon totalement assommé.

-Raconte pas n'importe quoi, grogna Law. Ta vie est entre mes mains.

-JAMAIS !

Les mots hurlés d'Ace résonnèrent dans le couloir vide et surprirent Law un instant. C'étaient comme les mots hurlés par un animal, primitifs et lourds de sens.

-Ma vie n'appartiendra jamais plus à qui que ce soit, rajouta Ace d'une voix toujours aussi féroce.

Ace sentit ses derniers repères s'effondrer alors qu'il vit la silhouette au-dessus de lui secouer de spasmes. Ses mots se perdirent dans sa gorge alors qu'il comprit que Law riait aux éclats.

-Peut-être que finalement nous allons réellement réussir à nous entendre, Ace.