Désolée d'avoir mis si longtemps. J'ai été très occupée ces dernières semaines alors je n'ai pas trop le temps d'écrire. Mais je ne vous oublie pas ! J'espère que ce nouveau chapitre va vous plaire et à bientôt j'espère !

Chapitre VII

5 ans plus tôt

« Je ne peux pas faire ça.

-Vous le pourriez.

-Non. Cela ne relève pas de mes compétences. »

Voyant son invité se détourner et devinant son prochain arrêt, il s'interposa entre lui et la sortie.

« Je te déconseille d'aller la voir. Le prix n'en vaudrait pas la peine. Demande à mon épouse. Tu le regretteras.

-Vous ne savez pas.

-Ce serait irréversible.

-Tout juste.

-Et si un jour il y avait quelqu'un d'autre. C'est lui qui souffrirait.

-Ça n'arrivera pas.

-Tu ne peux pas en être certain. Et cela ne relève pas de ta seule personne. »

Nico garda le silence, les lèvres pincées. Il évitait le regard de l'autre. Il ne l'aiderait pas et il avait suffisamment vu ce qui lui renvoyaient les yeux des autres depuis plus de deux ans. Et cela le révulsait au possible. Il se détourna et sortit d'un pas mesuré. Intérieurement, il bouillonnait d'une colère mêlée à son désespoir. Il ignorait où il irait à présent. Aucun des lieux qu'il connaissait ne lui semblait adapté à sa solitude. Chacun engendrerait des confrontations qu'il préférait éviter. Il partit donc en errance. Mais leurs chemins, à lui et Éros, se croisèrent de nouveau, et encore et encore. Pendant longtemps, il se convint qu'il était victime d'un des tours mesquins du dieu. Pourtant.


À présent

À son retour, Nico était rapidement tombé sur Joe et Lilas. Ils semblaient l'avoir attendu pendant tout ce temps. À leur insistante demande, il leur présenta sa trouvaille. La déception fut unanime quand ils lui avouèrent ne pas reconnaître le bijou. Et Nico s'en voulut énormément de ne pas satisfaire leurs espoirs. Néanmoins, il devait encore rendre compte de sa visite à Chiron et Monsieur D. Il les abandonna avec la promesse de les retrouver le plus vite possible et continua sa route.

Rien n'avait bougé durant ses quelques jours d'absence. On aurait cru que les souvenirs de la prophétie s'étaient évanouis avec le temps. De surcroît, l'activité monstrueuse avait été quasi-nulle. Aucune trace de ceux qui les avaient pourchassés. Évidemment, ils ne pouvaient entrer au sein du camp mais il s'était étonné de ne pas en avoir recroisé à l'extérieur. Cela l'inquiétait. Cela aurait aussi dû inquiéter les autres.

Il ne frappa pas avant d'entrer et trouva rapidement ceux qu'il cherchait. Tous les trois, ils s'installèrent dans un bureau. La porte fut fermée. Personne d'autre n'assisterait à cette entrevue. Monsieur D. semblait déçu d'être dérangé dans ses activités pour une « si petite chose même pas jolie ». Chiron était bien plus pensif. Il n'avait pas réagi quand Nico lui avait exprimé l'absence de reconnaissance de la part du frère et de la sœur, et quand il avait évoqué les murs recouverts de suie du sol au plafond, il s'était plongé dans ses réflexions sans mot dire.

Face à son silence qui ne signifiait rien de bon, Nico commença à se sentir nerveux. Il aurait aimé pouvoir rejoindre son lit et dormir jusqu'à ce que tout soit réglé, de préférence sans la nécessité de son intervention. Mais il savait que cela n'était qu'un rêve qu'il aurait pu faire. Or ses rêves se transformaient presque toujours en cauchemars.

Une éternité semblait s'être écoulée avant que le centaure prenne la parole.

« Ces enfants s'avèrent être de plus en plus étonnants.

-Pourquoi ? Demanda Nico en fronçant les sourcils. Qu'est-ce que c'est ?

-Un héritage. Qui devrait être perdu. »

Il lui montra le pendentif. Le fils d'Hadès l'avait déjà observé sur la route. Cherchant à comprendre ce que c'était pour occuper son trajet. Le médaillon, imparfaitement circulaire, représentait un oiseau grossièrement dessiné et lugubre. Des espèces de croix irrégulières en ornaient le pourtour.

« Ceci est le symbole d'une ancienne famille de nécromanciens. Mais elle était censée avoir disparu depuis plus d'un siècle. Une relique pareille ,'aurait rien à faire chez une mortelle.

-Ils pourraient être derrière tout ça ?

-Ce n'est pas impossible. Mais je vois mal comment cela serait arrivé. Et quelles en seraient les raisons ? Un individu appartenant à un clan décimé ne serait pas passé inaperçu dans notre monde. Ils n'étaient pas du genre à avoir beaucoup d'alliés, vois-tu.

-Quel criminel laisserait traîner un truc pareil sur la scène de ses méfaits ? Intervint Monsieur D., plus pour lui-même. »

Le silence emplit la pièce. Chiron continuait d'examiner attentivement leur unique indice. Le brouillard s'était épaissit. L'appel de sa chambre se faisait de plus en plus fort pour Nico. Il ne savait pas quoi faire. Le Soleil se couchait et il rêvait de faire de même. Pourtant, il paraissait évident qu'ils n'en avaient pas fini. Il s'affala sur le canapé et releva les jambes qu'il enserra de ses bras. Les yeux fermés, il demanda :

« Qui étaient-ils ?

-Pas un peuple aussi cliché que le terme nécromancien peut le laisser entendre. Ils disposaient de ce don par hérédité mais n'en usaient que rarement. Comme tu le sais, ce genre de pouvoir n'est pas sans conséquences. Ils étaient particulièrement indépendants et dépréciaient plus que tout ceux qui venaient à leur rencontre dans l'attente d'un service. Ils n'avaient pas d'alliés mais pas plus d'ennemis. Ils vivaient sans rien attendre des autres et aspiraient à la paix.

-S'ils étaient si bisounours que ça, pourquoi sont-ils morts ? »

Chiron soupira, tournant son regard vers l'une des fenêtres, contemplant l'extérieur.

« Certains étaient persuadés que tout cela n'étaient qu'une façade. Et qu'ils représenteraient tôt ou tard un véritable danger à l'ordre du monde. Être capable de manipuler la vie et la mort. Il y a de quoi faire peur. »

Il détourna son regard pour le planter dans celui du demi-dieu, qui ne put le soutenir.

« D'après des sources plus ou moins fiables, les coupables seraient des serviteurs de Gaïa. »

Nico rouvrit des yeux ronds et entrouvrit la bouche. Décidément, on allait de Charybde en Sylla.

« Ces derniers, ajouté le centaure, maintenant que j'y pense, ils ont des affinités particulières avec la magie du feu. »

Les regards se croisèrent tandis que le brouillard s'éclaircissait. L'inquiétude elle ne disparut guère.

« Il faut leur dire, n'est-ce pas ?

-Attendons peut-être encore un peu. Je vais vérifier certaines choses. Pour le moment, gardons cela pour nous. Et toi, déclara-t-il en se tournant complètement vers Nico, je veux que tu te reposes. »

Oh, il n'allait certes pas se faire prier.


?

Il savait qu'il l'aimait. Et il n'y était pour rien, il le jurerait. Il savait qu'il allait mieux. Il savait que leur relation l'aidait. Il savait que ce ne serait jamais comme avec lui. Jamais rien ne serait comme avec lui. Personne, et certainement pas lui-même, ne pourrait le remplacer. Lui invisible de tous ou presque. Il savait que Nico l'aimait. Il savait aussi qu'il n'allait pas si bien qu'il le montrait. Il savait qu'il faisait son possible pour l'aider. Il savait que cela ne suffirait pas.

Il l'avait bien compris. Toutefois, il tenait à lui, peut-être plus qu'à n'importe qui avant. Alors, quand il comprit ce qui se passait, il n'hésita pas à s'investir complètement dans sa tâche. Il se félicitera toujours que Nico n'ait pas aussitôt remarqué ses intentions. Ni même ce qui se passait, ce qu'il avait découvert et ce qu'il avait fait par la suite. C'était mieux ainsi. Il lui cacherait jusqu'au bout. Même si la première tentative n'avait pas marché, il trouverait un moyen. Il ne pouvait pas le décevoir.