Chapitre 6 : Ils sont combien les corbeaux ?
La soirée battait son plein. Après le choc de découvrir Itachi assis au milieu du salon de mon camarade de classe, j'avais rapidement expliqué que le brun ténébreux était une vieille connaissance perdue de vue avant de m'asseoir le plus loin possible de lui. Tenten s'était rapidement reprise également. La fierté pouvait vous faire supporter bien des choses…
L'appartement de Sasori et Deidara était immense, à croire que le job de barman payait vraiment très bien. Le loft comprenait une pièce à vivre avec deux canapés, un bar et une véritable cuisine équipée. Il y avait une mezzanine également qui servait visiblement de chambre pour l'un des deux garçons. Près de la cuisine se trouvait une porte amenant à la salle de bain et deux autres portes fermées.
Je sirotais mon verre de vin en écoutant Tenten et Deidara débattre de la dissection douteuse du médecin légiste dans le cas pratique pour leur cours de criminologie. J'avais passé une bonne partie de la soirée à parler à Konan, une amie de Sasori, un peu plus âgée que moi et très gentille.
- Tu t'amuses bien, Sakura?
Sa voix me figea à nouveau. Je devais garder mon calme. Il était tout à fait normal qu'il vienne me parler. Après tout nous avions été très proche à une époque mais cela faisait maintenant quatre ans qu'on ne s'était pas adressé la parole.
- Très bien et toi Itachi ? Répondis-je en me retournant avec le sourire le plus faux de l'histoire collé au visage.
Itachi Uchiwa était intimidant au premier, second et dernier abord. Il possédait tous les caractéristiques de la famille Uchiwa : cheveux et yeux noirs, peau claire, regard impénétrable, sang froid et imperturbable. Il avait un charme fou et dégageait un sentiment de confiance. J'aurai sans doute dû paniqué à l'idée de lui parler après si longtemps mais j'avais bien trop d'expérience avec les Uchiwa pour être déstabilisée. Et je n'étais plus la jeune Sakura amoureuse et frêle de quinze ans.
- Écoute Sakura, commença le taciturne avec sa voix uchiwaesque d'enjôleur de ses dames.
Pendant la première année après leur départ, je m'étais préparée à ce que je dirais dans ce genre de situation puis j'avais abandonné, j'avais oublié et je m'étais faite à l'idée que je ne reverrai jamais un membre de cette famille. Mais le Tout Puissant en avait décidé autrement et moi Sakura Haruno j'avais depuis bien longtemps appris à dealer avec les humeurs du Tout Puissant.
- Je t'arrête toute de suite Itachi, si c'est pour t'excuser, m'expliquer le pourquoi du comment tu as décidé de ne jamais répondre à mes messages et de ne jamais me recontacter pour ensuite me dire que tu es super heureux de me revoir et t'attendre à ce que je te raconte toute ma vie, c'est vraiment pas la peine. Alors on va faire bref, je suis ravie de voir que tu n'es pas mort et je suis passée à autre chose donc arrêtons-nous là.
Son regard ne cilla pas une seconde. Et ses yeux me regardait avec tellement d'intensité que je faillis défaillir. Mais je devais tenir. Pour moi, pour Tenten et pour la Sakura de quinze ans au cœur brisé.
- Sakura… On est rentré, il y a seulement quelques semaines.
Mon cœur rata un battement. « On ». Il avait dit « on ». Mon pouls accéléra à un rythme anormal. Je devais garder mon calme.
- « On » ? Demanda une voix derrière moi.
Tenten ma sauveuse. Elle avait dû écouter notre conversation depuis le début.
- Mon père a été muté à nouveau et on a tous décidé de rentrer, s'expliqua Itachi doucement.
Son regard avait changé. Tenten le regardait avec ses yeux chocolats sévères et perçants. Ma meilleure amie fronça les sourcils et tourna son regard vers moi. Une pensée commune nous traversa « Tiens le coup, tu craqueras plus tard ».
- Sakura, je te jure, je pensais qu'il te recontacterai… Je…
- Laisse tomber Itachi, le coupai-je. Je t'ai dit, je… On est passé à autre chose et on adore nos vies. Maintenant, je suis venue m'amuser avec mes nouveaux amis donc je vais aller remplir ce verre vide.
Verre qui n'était pas vide du tout mais ce problème pouvait être résolu très rapidement. Je finis mon verre cul sec et partis en direction du bar.
- On est dans la merde. Il va forcément leur dire qu'il nous a vu, me chuchota Tenten.
- Je sais. Garde la tête droite, évite de le regarder trop souvent et remplis ton verre t'en auras besoin ma vieille, lui ordonnai-je.
- Arrête on est plus au collège…
- Alors dis-moi que tu le trouves plus incroyablement séduisant, lui soufflai-je en étirant un sourire moqueur sur mon visage.
Elle rougit faiblement. Itachi était le premier amour de Tenten et si il y avait bien une personne qui était déstabilisée ce soir, c'était bien elle.
- Oh ferme-la hein ! Forcément qu'il est incroyablement séduisant, c'est un Uchiwa !
Et un point pour le mammouth !
- Ton verre est vide ! C'est pas normal ça ! Est-ce que tu veux une de mes recettes spéciales ? s'exclama Sasori.
Je sursautais et étouffais un petit cri. Ce goujat m'avait pris par surprise. J'étais tellement concentrée sur mes problèmes que j'en avais oublié pourquoi j'étais là. Sasori, soirée chez lui, se faire des nouveaux amis, prendre l'air.
Je me tournais vers mon nouvel ami et lui sourit de toutes mes dents.
- Avec plaisir !
La soirée fut très agréable, Sasori me fit essayer plusieurs cocktails très bons et on parla de tout et de rien. Il était vraiment très sympa et drôle. Ensuite Konan mit un peu de musique et m'incita à danser avec elle au milieu du salon. Puis vers trois heures du matin, l'ambiance redescendit et, ma brunette fatiguant, nous décidâmes de prendre le chemin du retour. Je dis rapidement aurevoir à Sasori et fit signe à Deidara qui avait passé la soirée à fumer de l'herbe pas très légale sur la terrasse.
- Ça va ? me demanda Tenten me tenant le bras pour descendre les escaliers.
- Super, tu sais, je me disais justement que la vie c'est pas un kiwi. Et quatre Uchiwa en ville, c'est certainement un nouveau défi du Tout Puissant. Mais il sait pas à qui il a à faire le Tout Puissant, moi, Sakura Haruno, je ne perdrais pas. Et toi non plus Tenten, tu es une femme forte et indépendante et tu peux tenir. Tu dois tenir Tenten, pour ta fierté et pour les femmes qui se battent chaque jour pour faire valoir nos droits face à des hommes comme ça. Ce ne sont pas des pénis qui nous auront !
- Euh ok, répondit doucement mon amie en serrant mon bras plus fort, mais je parlais de l'alcool là, si je te tenais pas, tu serais déjà arrivée au rez-de-chaussée sur le cul.
Maintenant qu'elle me le faisait remarquer, Sasori avait dû bien chargé ses cocktails et je ne savais même plus combien j'en avais bu. Mais j'avais encore parfaitement conscience de ce qu'il se passait ce qui était déjà un point positif. On entra dans la rue principale et une odeur de junk food vint me titiller les narines. Je regardai mon amie qui hocha la tête.
- Deux menus cheese, frite et coca ? Demandai-je.
- Je m'occupe du whisky et des cigarettes, annonça ma complice.
Voilà comment une dizaine de minutes plus tard, on se retrouva allongée dans un parc avec le ventre plein, une cigarette chacune à la bouche et sirotant nos boissons pétillantes alcoolisées.
La ville était calme et le parc désert. Il faisait encore très froid en ce mois de mars, je ne devais ma température corporelle élevée qu'à la quantité d'alcool présente dans mon sang. Je regardais le ciel en soupirant. Les nuages de la journée s'étaient dissipés et la faible lueur des lampadaires de la ville permettait de distinguer quelques étoiles. Ce calme me fit tellement de bien… Quand était la dernière fois où j'avais pu apprécier un doux moment de silence ? Cela remontait sans doute à avant ma rencontre avec la bande. A cette époque, je passais mon temps avec quelqu'un qui appréciait le calme… Mon dieu, qu'est-ce que j'allais faire maintenant ?
- Je la sens mal cette histoire encore, chuchota Tenten sans doute de peur de briser le moment présent.
- Je t'avoue que j'ai l'habitude de jouer avec le Tout Puissant mais là, il nous a sorti une vieille carte Joker qui sent le fromage pourri. Autant te dire qu'on est dans la merde, avouai-je. Tu tiens le coup ?
Je me collai un peu plus à elle en posant la question. Itachi n'avait pas été un simple crush pour mon acolyte de toujours. Elle l'avait vraiment aimé. Il avait été son premier amour. Je me souvenais encore de la façon dont elle le regardait à l'époque, elle était la jeune adolescente la plus mignonne du monde dans ces moments.
- Je ne sais pas, répondit-elle. Je crois que je réalise et je ne réalise pas en même temps. J'ai l'impression d'avoir vu un vieux fantôme.
- S'ils sont tous sexy comme ça, je veux bien mourir maintenant, marmonnai-je pour détendre l'atmosphère.
- Je veux dire, on a jamais eu de nouvelles en quatre ans et on le voit là en pleine soirée comme si de rien n'était. Et il est toujours, toujours, enfin tu vois, toujours lui là, tenta-t-elle décrire.
- Tu veux dire beau, grand, musclé, avec un charme fou et la classe Uchiwa ?
- Exactement ! Je crois que mon cerveau a vrillé, je devrais me demander si ça me pose un problème. Je devrais me demander ce que ça me fait vraiment. Je devrais peut-être même y retourner et lui dire qu'il aurait au moins pu essayer de me parler une fois de plus ce soir, expliqua-t-elle.
En effet, Itachi avait plusieurs fois tenté d'aller vers elle mais elle avait réussi à l'esquiver magistralement bien à chaque reprise. J'étais assez fière d'elle à vrai dire.
- Mais là tout ce qui m'embête, c'est que les connaissant, ils vont débarquer à nouveau dans nos vies comme si de rien n'était et… Et j'en ai jamais parlé à Neji, Saku.
Naruto ! Oh merde, merde, merde, merde, merde. Je fermais les yeux et tentais d'oublier le fait que j'avais oublié ce léger détail qu'était mon meilleur ami.
- Je pense même qu'aucun des garçons ne sait sauf Gaara bien sûr. Et Naruto sans doute, vu que, continua-t-elle en tournant la tête vers moi.
Je devais avoir une sacré expression dessinée sur le visage car mon amie s'arrêta net en voyant ma tête.
- Saku… T'en a parlé à Naruto, n'est-ce pas ?
C'était quoi ce ton ? Non mais dis donc. Comment osait-elle me juger alors qu'elle-même n'avait rien dit à Neji ? Pourquoi aurai-je dû en parler à Naruto? Connaissant son propre passé, le mien faisait vraiment pâle figure à côté.
- Tu peux parler ! Pourquoi t'en as pas parlé avec Neji d'abord ?
- Parce que personnellement, il ne s'est rien passé d'officiel ! Se défendit-elle.
- Je me suis pas mariée je te signale ! M'exclamai-je en me relevant précipitamment.
Tenten ria en me voyant m'emballer et se mit en position assise toujours près de moi. Je posai ma tête sur son épaule cherchant du soutien.
- En vrai… Je pensais que c'était du passé. La première année, j'ai pas voulu en parler parce que c'était trop dur. Ensuite, je voulais juste oublier puis après je me suis dit que c'était trop tard tu vois…
- Je comprends, soupira-t-elle. J'ai ressenti la même chose mais je pense que là il est temps.
Elle avait raison, je devais en parler à Naruto mais comment lui dire ? Je n'avais aucune envie de parler de cette histoire ou encore d'expliquer pourquoi je ne l'avais pas fait et encore moins de lui dire pourquoi je lui disais maintenant.
Tenten attrapa son verre, le finit cul sec et se leva d'un bond. Oh mince, quand elle disait qu'il était temps, elle voulait dire qu'il était temps maintenant. Elle commença à se diriger vers la sortie du parc et je me dépêchai de la rattraper.
- Attends Tenten, t'as pas l'impression de précipiter un peu les choses, il doit être en train de dormir là !
Mon amie se retourna vers moi et me regarda avec une détermination sans faille.
- Écoute Sakura, s'il dort, je le réveillerai. Là, je suis bourrée mais j'ai encore les idées assez claire pour savoir que j'ai assez de courage tout de suite mais que demain toute cette force sera partie avec mon taux d'alcoolémie alors c'est maintenant ou jamais.
Elle marquait un point. Je décidais donc de la suivre jusqu'à l'appartement de son meilleur ami pour être sûre qu'elle y arrive en un seul morceau et qu'elle ne se dégonfle pas. J'étais encore bien éméchée mais le froid extérieur m'avait permis de garder les idées claires. Je sentais, cependant, déjà mon ventre se plaindre des mélanges d'alcool que j'avais ingurgité ces dernières heures. Il fallait que je rentre rapidement boire deux litres d'eau si je voulais éviter de passer la nuit la tête dans mes toilettes.
Nous arrivâmes enfin devant l'appartement du brun taciturne de la bande lorsqu'on entendit plusieurs voix enthousiastes de l'autre côté de la porte. Oh non.
- C'est soirée jeux-vidéos, j'avais complètement oublié ! Chuchotai-je.
Les soirées jeux-vidéos avaient lieu environ une fois par mois, duraient en général toute la nuit et rassemblaient nos chers Neji, Shika, Tema, Gaara, Kiba et Naruto. J'adorais ces soirées car en général, cela signifiait que j'allais avoir la paix.
Tenten toqua sans attendre et je la fusillai du regard. Je me figeai. Il ne fallait absolument pas qu'on les dérange. Ils allaient tous poser des questions dont Naruto. Personne ne vint ouvrir, ils n'avaient sûrement pas entendu. Mon amie releva le bras et je la stoppai net.
- Tenten, arrête ! Tu veux vraiment avoir à tout expliquer à tout le monde là ? Y'a Naruto là-dedans, je te signale ! Chuchotai-je.
- Et alors ? S'exclama-t-elle à haute voix en toquant à la porte plus fort que la dernière fois.
Elle voulait ma mort. Cette nuit était beaucoup trop longue et je commençai à sentir les nausées arriver.
- Tu vas bien devoir lui dire un jour à ton Naruto, continua-t-elle en me lançant un regard accusateur. Mais je sens que tu vas te défiler encore, alors au moins là je te donne une occasion de le faire ! De toute façon, tout le monde saura bientôt !
- Tout le monde saura quoi ? Demanda Neji en nous regardant à tour de rôle.
Je bondis en le voyant nous dévisager. Depuis quand la porte était-elle ouverte ? Peut-être que l'alcool avait plus d'effet sur moi que ce que je ne voulais admettre. Il fallait que je parte et vite.
- Rien ! Criai-je sous la panique.
- Neji, faut qu'on parle, déclara Tenten d'une voix sûre.
Je ne sais pas d'où lui venait cette confiance ce soir mais elle n'était pas la bienvenue. Neji haussa les sourcils, le pauvre ne devait rien comprendre à la situation.
- Euh, on peut parler demain si tu veux. Là c'est un peu compliqué, on est en pleine partie et… Vous aviez pas une soirée ? Qu'est-ce que vous foutez là ?
- Justement elle est fini ! m'exclamai-je. On voulait juste vous dire qu'on était bien rentrées et bonne nuit !
L'espoir fait vivre, n'est-ce pas ?
- On doit parler tout de suite et seul à seul, continua Tenten sous le regard inquiet de son meilleur ami. Et oui je suis bourrée mais je sais parfaitement ce que je fais.
- Qu'est-ce qu'il se passe ? Demanda Kiba.
Tous nos fans de jeux-vidéos nous regardaient avec des yeux ronds. Ils devaient avoir mis leur jeu sur pause réalisant que la vraie partie se jouait dans le couloir. Je croisais le regard de Temari qui tentait de me questionner par télépathie. De toute façon, c'était foutu…
- En arrivant chez Sasori, on a eu la joie de rencontrer un charmant fantôme du passé avec de longues plumes de corbeau, déclarai-je en espérant que mon amie comprennent.
Temari écarquilla les yeux. Elle avait compris. Je vis même les yeux de Gaara s'éclairer en déchiffrant mon message.
- Que… Un corbeau ? Non mais vous avez fumé quoi encore ce soir ? s'exclama Naruto.
Bon lui je l'avais perdu mais c'était tout à fait normal. Il me prenait vraiment pour une toxico ces derniers temps.
- Le Tout Puissant vous déteste, c'est certain, me signala Temari. Allez tout le monde dehors. Tenten et Neji ont plein de trucs à se dire et… Putain j'en reviens pas !
Gaara, ayant bien compris la situation, sortit dans le couloir rapidement suivi par Kiba et Naruto dont j'évitais le regard intentionnellement depuis le début de la conversation.
- Non mais on peut savoir ce qu'il se passe ? Demanda Shikamaru sans vouloir bouger de sa place.
- Non, répondit Temari d'une voix ferme, donc tu bouges ou je te bouge Nara.
Ma blonde et sa délicatesse légendaire. Sa technique était brutale mais efficace. Shika sortit sans demander son reste. Tenten me sourit et rentra dans l'appartement puis referma la porte derrière elle. La nuit serait longue pour ma brunette.
Je sentais soudain une tension palpable dans mon dos. Je me tournai pour découvrir mes amis plantés dans le couloir, attendant une explication de ma part. La nausée me reprit et je reculai d'un pas. L'angoisse montait doucement.
- On peut savoir ce qu'il vient de se passer ou pas ? Me dit innocemment mon meilleur ami.
- Bon ! s'exclama Temari en voyant mon regard apeuré. Moi je vais aller me coucher, Shika, viens, Kiba, je vais te border et toi aussi mon Gaaranounet.
- Sans façon, marmonna son frère avant de retourner son attention sur moi. Ça va aller, Sakura ?
Il fallait que je me reprenne. Je devais tenir jusqu'à mon appartement et Temari m'avait déjà enlevé autant d'épines du pied que possible. En effet, Naruto n'aurait jamais écouté sagement Temari alors que quelque chose me concernant se tramait.
- Oui t'inquiète Gaara, faut juste que je rentre décuver, lui dis-je en tentant de sourire.
Temari entraina donc les garçons dubitatifs vers leurs appartements et je me retrouvai seule avec mon boulet. J'évitai son regard une nouvelle fois en prenant la direction de mon appartement. Je ne voulais pas qu'il lise ce qu'il y avait dans mes yeux. Moi-même je ne savais pas ce qu'il y avait dedans. La nausée devint de plus en plus intense au fur et à mesure que l'effet de l'alcool se dissipait. Et le flot de mes pensées ne fit que grossir.
Il était là, dans cette ville, depuis quelques semaines et je ne le savais même pas. Qu'est-ce qu'il se passerait si je le croisais ? Qu'est-ce que je devrai dire, faire ? Et Naruto ? Il allait m'en vouloir de ne pas en avoir parlé. Mais je pensais que c'était du passé. Je sentais les battements de mon cœur s'accélérer. Il fallait que je lui en parle mais j'avais peur. Pourquoi ?
- Sakura ? demanda Naruto.
Je sursautai et fis tomber mes clés par la même occasion.
- Oui ?
- Écoute, commença-t-il en ramassant mes clés pour ouvrir lui-même la porte, j'ai aucune idée de ce qu'il se passe. Et j'ai vraiment rien de compris de ce que vous avez dit devant chez Neji mais t'as l'air complètement à côté de la plaque et pas seulement à cause de l'alcool. Ça fait au moins trois minutes qu'on est devant chez toi et t'as toujours pas essayer d'ouvrir la porte.
Il poussa la porte pour que je rentre et s'adossa contre l'encadrement.
- Temari a l'air paniqué pour une raison inconnue et Tenten a l'air d'avoir vu un fantôme alors… Regarde-moi, s'il te plait.
Je fermai les yeux, la tête toujours baissée, face à lui. Je connaissais cette voix, il s'inquiétait. Je savais déjà quel regard j'allais affronter en relevant la tête. Ses yeux azurs étaient plein de questions avec une légère touche de tristesse et ses sourcils étaient froncés. Il était mon pilier, ma lumière dans l'obscurité et j'étais perdue. J'aurai pu tout lui dire, me mettre à pleurer et tout lui raconter mais prononcer ces paroles à voix haute signifiait que tout ce qui venait de se passer était réel. Oui, j'aurai dû faire ça. Malheureusement, je n'étais pas prête à l'accepter.
- C'est rien, t'inquiète. Un vieille histoire sans importance.
Son regard changea, la pointe de tristesse devint une pointe de colère. Il savait que je mentais.
- Sakura. Si tu veux pas en parler c'est pas grave, je vais rester jusqu'à ce que tu t'endormes.
Cet instinct de protection si puissant qu'il n'éprouvait qu'avec moi n'était pas étouffant. Bien au contraire, je ne voulais pas l'admettre mais je l'aimais bien ce côté de notre amitié. Légèrement possessif. Cependant ce soir, je ne pouvais pas l'accepter parce que j'allais craquer et que la nausée devenait aussi insupportable que la boule dans ma gorge retenant tant bien que mal mes larmes.
Alors je m'avançai vers lui, posai ma main sur son torse, approchai mon visage du sien en me mettant sur la pointe des pieds et murmurai quelques mots qui le ferait rapidement partir. Car la meilleure défense, c'était l'attaque.
- Tu peux rester jouer un peu si tu veux, je n'ai pas l'intention de m'endormir tout de suite si tu es là.
Le sous-entendu était flagrant et je fus moi-même surprise par la voix séductrice qui sortit de ma bouche. Ses yeux s'écarquillèrent et il fronça ses sourcils d'énervement cette fois-ci. Il se redressa et me regarda de toute sa hauteur.
- J'ai bien compris que tu ne voulais pas parler mais t'as pas besoin d'aller aussi loin Saku. Repose-toi et ferme bien la porte derrière toi.
Il fit demi-tour et je fermai la porte aussitôt. Je tournai la clé dans la porte et j'entendis des pas s'éloigner. Je courus dans ma salle de bain et eut à peine le temps de m'agenouiller que tout le contenu de mon estomac se vida dans mes toilettes. Des larmes de douleur coulèrent sur mes joues et je m'adossais au mur en essayant de calmer ma respiration. Il fallait que je me calme.
Mon téléphone sonna et j'espérai secrètement que c'était Naruto, qu'il allait revenir. Qu'il allait me sauver encore une fois. Mais j'avais été trop loin ce soir et il ne reviendrait pas. Je ne fus donc pas surprise de voir le nom de Temari s'afficher sur l'écran de mon portable.
« Ils sont combien les corbeaux ? »
Je répondis rapidement.
« La famille au grand complet, il parait. »
J'eus à peine le temps d'appuyer sur la touche d'envoi qu'une nouvelle nausée me prit. Et cette fois-ci, mes larmes n'étaient pas dû qu'à mes crampes d'estomac.
