Bonjour tout le monde !

Voilà le chapitre 7 !

Bonne lecture !


Review :

FrenchWhiteFox chapter 6 . Apr 14

ahhhhhhhhhhhhhhhhhhhh mais ce cliffhanger ...

merci pour le chapitre ! j'ai hâte à la suite déjà

Il en a faut bien quelques uns parfois :)

Merci et la voilà.


Malgré ses sincères efforts de concentration, l'écuyère a tout le mal du monde à ne pas se laisser distraire par la beauté de ce qui l'entoure. Une nature verdoyante, paisible, dépourvue du moindre défaut. Un mélange subtil entre le chaos et l'ordre. Parfait. C'est le seul mot qu'elle parvient à trouver pour décrire ce jardin.

En montant la dernière marche, toujours escortée par cette ombre menaçante et lugubre, elle ne parvient pas à s'empêcher de marquer un nouvel arrêt. Sous ses yeux se trouve un sublime bâtiment, dont elle ne voyait que le toit d'en bas, avec une architecture a l'opposée de tout ce qu'elle connaît.

Il est tout en bois, peint en d'éclatantes nuances de rouge et orange surlignés par de magnifiques boiseries sombres effectivement incrustées d'or fin. Les angles sont quasiment inexistants. Aussi bien la structure que les décorations sont davantage basés sur des courbes d'amplitudes diverses. L'ensemble donne un sentiment d'énergie et de perfection, qui est on ne peut plus éloigné des froides et anguleuses formes carrés et rectangulaires des maisons et châteaux de son pays natal.

La cour est intégralement recouverte de graviers d'un blanc éclatant qui est étendu d'une manière si uniforme qu'on dirait qu'il a été naturellement déposé de cette façon. Les ombres des arbres en fleur qui parsèment l'endroit forme un sentier grâce à la lumière du soleil, invitant la jeune femme à avancer. Cependant, elle n'ose pas le faire. Quelque chose lui dit qu'elle n'a pas le droit de perturber une telle magnificence.

Cependant, lorsque son ''guide'' semble se retourner, du moins c'est ce qu'elle croit, elle se dit qu'elle n'a pas le choix. Faire attendre la personne qui dirige ce, oserait-elle le dire, Paradis, est sans le moindre doute une mauvaise idée. Malgré son appréhension, elle finit par un pas en avant. En entendant le gravier crisser sous ses bottes, elle se met à marcher le plus légèrement possible. Quoique se soit parfaitement impossible, elle aimerait ne pas déranger la plus petite pierre.

Les deux marchent encore une courte minute durant laquelle l'anxiété et l'appréhension de la combattante ne font que s'accentuer. Il devient de plus en plus difficile pour elle de contrôler ses tremblement et son rythme cardiaque. Elle a l'impression que sa poitrine va exploser à cause du stress. Et la beauté de ce lieu, paradoxalement, ne fait qu'ajouter à son malaise.

Ils finissent par arriver dans un petit espace principalement ombragé. Seuls d'éparses zones de lumière solaire, perçant au travers de la canopée formant une coupole couleur émeraude, permettent de voir convenablement. Il y a un arbre aux dimensions titanesques, dont le tronc est entouré par une épaisse corde blanche tressée, qui trône au fond. Mais ce qui interpelle l'écuyère c'est la présence qui imbibe l'endroit. Avant même d'être à proximité, elle sentait déjà que quelque chose d'immensément imposant attendait.

Pourtant, en posant les yeux sur cette fameuse Être Suprême, la jeune femme ne se sentit pas particulièrement oppressée. En fait, c'était plutôt l'opposé. Bien sûr, elle était plus grande que trois hommes montés sur les épaules les uns des autres, mais hormis cela elle ne semblait pas particulièrement intimidante.

Elle semblait avoir un corps fin est gracieux, ses cheveux étaient étrangement hétérochromes. La moitié droite était d'un blanc plus pur que celui de la neige, tandis que la moitié gauche était d'un noir d'ébène. Une aura étrangement réconfortante, mélange de prestance royale et d'assurance, exsudait de toute sa personne.

Ce n'est que lorsque la maîtresse des lieux se retourna que le sang de l'écuyère se changea en glace dans ses veines...

La moitié de son visage où ses cheveux sont blancs est celle d'une femme à la beauté divine avec un œil à l'iris de la couleur de l'argent le plus pur. En revanche, l'autre partie l'a fait se raidir de terreur...

Sa peau est racornie, noircie, et pleine de crevasses semblables à des rides poussées à l'extrême. On dirait celle d'un cadavre desséché. Ses lèvres, formant un sourire radieux sur la portion droite, sont tellement fines de ce côté qu'elles dessinent un rictus froid, dédaigneux et cruel. Cependant le pire de tout est son œil, ou plutôt l'orbite vide dans laquelle la combattante à le malheur de fixer.

Elle a l'impression de plonger subitement dans un abîme sans fin de pures ténèbres. Comme un plongeon dans une eau glaciale qui aurait sa propre conscience, et qui l'a tirerait vicieusement vers le fond pour la noyer. Elle se sent écrasée par le froid et la pression, incapable de réagir. Encore moins de bouger.

C'est alors qu'une voix autoritaire brise brutalement cet étau oppressant.

« À genoux misérable forme de vie inférieure ! » S'exclame le Collecteur, une colère et un mépris toujours plus présent dans sa voix.

Comme subitement aplatit par une gravité qui aurait été multiplié par vingt, l'écuyère ne s'agenouille pas. Non. Mû par la terreur, elle s'effondre littéralement : Ses tibias et son front sont complètement à plat contre le sol, tandis que ses mains sont de chaque côté de sa tête. Elle est complètement prostrée, tremblante comme une feuille.

Son instinct lui hurle de décamper, de s'éloigner le plus possible de cet être, peu importe comment. Cependant, son corps reste figé en position quasiment fœtale. Elle sent que le moindre impair, aussi infime soit-il, signifiera sa fin pure et simple.

Et si elle est belle et bien morte, alors la puissante entité qui la regarde en ce moment est la Déesse qui régit l'après-vie. La contrarier, ou se montrer irrespectueuse, la condamnerait au Néant. Ce qu'elle veut éviter plus que tout.

Et pourtant, tandis que l'effroi resserre son étau sur elle, la jeune femme sent un souffle de vent calme et chaud lui caresser la peau avec une grande douceur.

« Ne sois point craintive jeune humaine. » Dit alors une voix sereine et pleine de compassion. « Nul malheur ne saurait t'atteindre en ce lieu. »


''Avoir utilisé [Dread Aura II] m'apparaît désormais comme une mesure disproportionnée.'' Pense Lunaria en la voyant arrêter progressivement de trembler. ''Cependant, cela me permet de dire avec certitude que son TDAH est moins extrême que celui de Arisa-san.''

L'esprit de la joueuse vagabonde l'espace d'un instant en repensant à l'une de ses homologues Archivistes dans son monde d'origine. Lors d'un des très rare partenariat financier de l'entreprise qui l'utilisait, Lunaria s'est retrouvé chargée de la tutelle de la responsable du projet commun de l'autre établissement.

Elle était brillante, mais souffrait d'une pathologie chronique qui la faisait ''passer en veille'' comme le disait crûment son patron. En vérité, c'était une affliction que l'on peut qualifier de bénigne comparée à d'autres : le TDAH (Troubles du Déficit de l'Attention avec ou sans Hyperactivité.)

En général, comme son nom l'indique, elle provoque des troubles de la concentration et une difficulté à gérer son impulsivité. Lunaria en avait souffert aussi à un moment, mais son cas était léger et elle a pu s'en défaire, principalement avec l'aide de ses camarades. Ce qui n'était pas le cas de Arisa-san. De plus, les brimades et autres abus que les Archivistes subissaient touts les jours ne faisaient qu'aggraver la pathologie. L'autre problème majeur est qu'il y a toujours divers troubles associés en plus.

Dans le cas de son homologue, cette dernière devenait catatonique et se trouvait dans l'incapacité totale de parler. Parfois, les crises étaient si violentes qu'elle pouvait passer des heures, raide comme une buse de poêle, a fixer un point devant elle sans même cligner des yeux. Ce qui aurait finit par lui valoir un ''recyclage'', pour reprendre le terme on ne peut plus tendancieux des Grands Patrons.

Il lui a fallu un long mois, des trésors d'imagination et de recherches bibliothécaires, sans compter les nombreux conseils de Bukubukuchagama-san, qui savait se montrer incroyablement douée et pertinente pour gérer ce genre de situation, mais Lunaria est parvenue à trouver un moyen de grandement soulager ses symptômes, à défaut de pouvoir les faire disparaître. Ce qui lui a permit de ne pas être jetée tel un rebut.

La dernière fois que les deux Archivistes ont eues l'occasion de s'entretenir, pour un check-up bi-annuel, Arisa-san était toujours classée suffisamment haut dans la hiérarchie de son employeur pour être à l'abri d'une expulsion. De plus, ce dernier avait donné des ordres pour qu'elle soit moins ''utilisée a des fins personnelles'', pour éviter une rechute.

En ce qui concerne cette Apprentie Paladin, la 41ième a apprit qu'elle a hérité de son père un regard naturellement froid et détaché, qui lui a valu de très nombreuses railleries en étant enfant. Celui-ci n'étant présent que rarement, ne pouvait pas aider sa fille autant qu'il l'aurait voulu. Quant à sa mère, elle l'a pratiquement battu lorsqu'elle a avouée tout haut qu'elle lui en voulait à cause de ça.

Depuis, lorsqu'une émotion trop forte la secoue, son esprit se fragmente. Une partie, qui peut encaisser la décharge émotionnelle, prend le dessus et la fait exécuter les seules stratégies qui lui permettent de faire passer le traumatisme en cours. Lorsqu'elle parle avec des gens qui la mettent trop mal à l'aise, elle devient silencieuse et les fixe intensément, jusqu'à qu'ils s'en aillent. Et en présence d'un danger physique, les gestes de défenses et d'attaques, inculqués par répétition, de ses instructeurs guident ses mouvements.

De ce fait, Lunaria souhaitait déterminer à partir de quel seuil son état dissocié se déclencherait. Après une longue réflexion, elle a arrêté son choix sur l'une des compétences obtenues avec sa classe unique [Hel Chosen] : [Dread Aura]. Une fois lancée, celle-ci inflige à toutes les cibles dans le rayon d'action un Debuff de [Peur]. Dépendant bien sûr des résistances de l'adversaire et du niveau d'activation.

Il lui est impossible de déterminer avec précision à quel point des êtres humains normaux sont affectés par cette aura, en revanche, en utilisant le chef des bandits en tant que référence, la joueuse sait que ce niveau est plus que suffisant pour provoquer une peur similaire à celle de mourir. Ce qui n'a pas été suffisant pour la faire passer dans un état second. Ce qui est un bon signe pour la suite. Il est fortement probable que ce type de détachement ne se produit qu'en présence d'un danger formellement reconnu comme létal.

Sa stratégie de terreur, réconfort puis autorité a donc de grande chance de succès.


La combinaison de la douce chaleur portée par le vent et de la douceur de la voix rassurante qu'elle vient d'entendre, permet à l'écuyère de se calmer progressivement. Elle n'est pas sereine, très loin de là, cependant elle ne ressent plus la terreur qui l'accablait il y a quelques instants encore. Sa respiration redevient plus lente et régulière. Ses muscles crispés se relâchent progressivement, malgré une douleur résiduelle qui persiste à cause de la trop grande tension sur ses articulations pendant une durée prolongée.

Désormais en état de réfléchir, même si ce n'est qu'un minimum, la combattante tente de donner un sens à la situation à laquelle elle est confrontée. Elle ne s'attendait pas à se retrouver face à face avec une entité aussi puissante. Bien sûr, en entendant le Collecteur l'appeler ''Être Suprême'', elle savait déjà qu'elle serait supérieure à de simples mortels. Mais l'écuyère ne pensait pas que sa simple présence l'écraserait à ce point. C'est une déesse, pas le moindre doute.

Dans ce cas... Que faire ?

Elle-même pratiquante, quoique moins fervente que la plupart de ses compatriotes, elle connaît bien les Quatre Grands Dieux. Cependant, cette déesse ne correspond à aucune description qu'elle ait pu entendre ou lire. Serait-elle une servante directe d'un des Quatre ? Pourquoi ''Être Suprême'' dans ce cas ?

« Relève toi jeune humaine. » Dit calmement l'entité en question, l'interrompant dans ses pensées.

Malgré le ton dégagé et la nonchalance de ces mots, la jeune femme ressent une immense autorité résonner à l'intérieur. Elle s'exécute donc sans attendre, et à sa grande surprise, sans trop d'hésitation. De la même façon qu'elle saluerait la souveraine de sa patrie, elle se redresse, pose un genou par terre et met une main sur cœur, tout en gardant la tête baissée. Il y a alors un court silence.

« La politesse ne veut-elle point que l'on regarde son interlocutrice dans les yeux lors d'une conversation ? » Demande de façon rhétorique, le ton un rien plus sévère, la maîtresse des lieux.

Plus précipitamment qu'elle ne l'aurait voulue, l'écuyère fait ce qu'on lui dit. Ses yeux se posent donc de nouveau sur cette déesse. Et au lieu d'être de nouveau écrasée par sa présence, ce à quoi elle s'était préparée mentalement, un simple et léger malaise se fait sentir.

Bien que son visage soit toujours perturbant à regarder, surtout la moitié qui semble se décomposer, il ne lui inspire pourtant plus cette terreur dévorante. En revanche, elle dégage un halo de pouvoir et d'autorité qui la fait se sentir tellement petite, que sa certitude de provoquer sa propre fin en cas d'écart ne fait que se renforcer.

« Je te souhaite bienvenue dans le Seuil. » Annonce la déité, solennelle. « Je me nomme Nyx, maîtresse et régente de ce lieu de passage entre le monde des vivants et l'Au-delà. »

En entendant cette phrase, le seul membre de son auditoire se tend de nouveau. Sur ses traits, on peut facilement lire la peur et l'indécision.

« Il est aisé de deviner cette question que tu désires me poser jeune humaine. » Affirme posément la seule autre personne présente. « Néanmoins, avant que je ne te donne une réponse, je désire entendre ton nom. »

« N... Ne... Neia Baraja, votre Grâce. » Bafouille-t-elle. « Fille unique de Pabel et Mara Baraja, é... écuyère de l'Ordre des Paladins du Saint Royaume de Roble. »

« Pour répondre à cette interrogation qui te ronge, Neia Baraja, » Poursuit la régente sans transition. « Sache que tu devrais avoir rendu ton dernier souffle. » Confirme-t-elle brutalement. « Pourtant, l'étincelle vitale est toujours présente en toi. Te rattachant à la vie aussi sûrement que les chaînes d'un prisonnier le lient à sa prison. »

Bien qu'elle tente de rester stoïque, l'apprentie ne parvient pas à cacher son angoisse d'abord, puis son soulagement, et pour finir sa perplexité. Elle est morte, mais pas tout à fait ? Est-ce seulement possible ?

« Je constate, avec une certaine satisfaction, que tu as saisis la raison de ta présence dans ce sanctuaire. » Fait la déesse, une esquisse de sourire sur la partie vivante de son visage. « Comme tu ne l'ignore pas, lorsqu'un mortel décède, le Souffle de la Vie, l'énergie naturelle qui maintien son âme et sa chair inextricablement uni, disparaît. » Elle décrit l'endroit d'un geste gracieux de la main. « Son essence spirituelle transite ensuite par cette frontière, avant d'entamer l'étape suivante du cycle de la réincarnation. »

Une très grande surprise se lit sur le visage de Neia. Le cycle de la réincarnation ? Les prêtres de l'église lui ont toujours apprit que les fidèles des Grands Dieux se voyaient garantir une place éternelle dans les Cieux auprès de leurs déités, une fois qu'ils mourraient. Ce serait faux !? Mais alors, tout le reste qu'on lui a enseigné... ? Les questions et autres doutes se bousculent dans sa tête, pourtant, malgré son trouble, elle parvient a rester concentrée sur les mots de son interlocutrice.

« Cependant, ce rythme naturel auquel obéit toutes les âmes mortelles a été perturbé récemment. » Continue de raconter Nyx. « À plusieurs occasions, il m'a été donné le déplaisir de constater qu'une fois encore, un être qui ne devrait pas avoir le droit de se trouver dans le monde des vivants, s'est glissé à mon insu jusque là-bas. »

Cette fois l'écuyère ne peut s'empêcher de laisser une exclamation de surprise.

« Il y a un Dieu qui est descendu dans le Saint Royaume de Roble !? » S'écrit-elle, en arrêtant la puissante entité au milieu de son explication.

La seconde d'après, réalisant ce qu'elle vient de faire, elle se plaque une main sur la bouche. Mais le mal est déjà fait. La déesse est silencieuse et son regard perçant tétanise la jeune femme qui sent un froid glacial se répandre autour d'elle. Cela ne dure qu'une seconde, puis l'atmosphère se radoucit.

« Quoique je puisse comprendre ta surprise, je te serai gréée de ne plus m'interrompre de la sorte. » Répond sobrement l'Être Suprême.

La combattante, qui manque de justesse de prendre la parole de nouveau, se contente de hocher de la tête en guise d'accord. Les tremblement de son corps sont revenus, mais ils sont moins intenses qu'au début. Ce qui fait qu'elle reste quand même présentable.

« Qu'un être de ma stature s'aventure dans votre plan d'existence est interdit, car cela provoque des perturbations trop importantes. » Reprend Nyx. « D'ordinaire, ce genre d'escapade ne dure qu'un temps très court et n'a que des répercussions mineures qui se dissipent rapidement. Ou ils font en sorte que leurs interactions ne laissent aucune traces indélébiles. » Une courte pause. « Si bien que je peux fermer les yeux sur cette infraction. »

Un nouveau frisson parcoure le dos de Neia lorsqu'elle sent l'atmosphère devenir subitement plus oppressante. La colère de cette déesse est devenue physiquement palpable. Et cela la terrifie au plus haut point. À tel point, qu'elle manque de passer dans un état second.

« Néanmoins, celui ou ceux qui se trouvent actuellement en bas ont violé un tabou. » Explique la puissante entité, le ton de sa voix devenu cinglant. « Avoir perturbé le cycle de la réincarnation est un crime sur lequel je ne puis fermer les yeux. Ils doivent être traqués, retrouvés, puis renvoyés au delà du Seuil, où je veillerai à ce qu'une punition appropriée leur soit donné. »

La jeune femme comprend alors ce qui l'attend et elle a l'impression qu'une pierre plus lourde qu'elle, tombe dans son estomac.

« Voilà la tâche que je souhaiterai te confier Neia Baraja. » Confirme Nyx, en se radoucissant. « Je suis en mesure de te renvoyer dans le monde des vivants. En échange de te redonner le droit de vivre librement cette existence, que tu as perdue de part les manipulations grossières de mes homologues, tu devras assister l'une de mes Chasseresses à débusquer ces vulgaires criminels qui se dissimulent parmi vous autres mortels. »

Un long silence s'installe. L'esprit de l'écuyère est en train, tant bien que mal, d'assimiler tout ce qu'on vient de lui révéler...

Il y a un, ou des Dieux, qui se cachent quelque part dans sa patrie et qui transgressent les lois divines. Tout ce qu'elle pensait savoir sur l'Après-Vie et sur eux est complètement faux. Et pour finir, l'une de ces déesses, qui semblent être plus puissantes que les autres, lui offre de la ressusciter en échange de son aide pour les retrouver.

Mais pourquoi elle ? Qu'a-t-elle de spécial ? Pourquoi n'envoie-t-elle pas directement l'une de ces, sans aucun doute terriblement puissante, Chasseresse ? Elle n'est qu'une simple humaine... Faible, sans {Talent}, et en cours de formation qui plus est...

Elle se crispe de peur. Que doit-elle lui répondre ? Refuser reviendrait à l'insulter, certes... Mais accepter alors qu'elle n'en est certainement pas capable, ne serait rien d'autre qu'un blasphème.

Elle se débat donc mentalement pendant plusieurs minutes. Ne parvenant pas à prendre une décision, elle reste à fixer la puissante femme sans savoir quoi dire. Finalement, malgré la terreur qui recommence à s'insinuer en elle, elle décide d'être honnête. Mieux vaut décevoir une déesse plutôt que d'affronter son ire.

« J... Je... Vous présente mes plus sincères excuses Votre Grâce... » Bégaye l'apprentie, en s'inclinant aussi bas que physiquement soit possible. « J... Je... ne peux pas... Réussir... J... Je ne suis qu'une vulgaire humaine... Je... Je ne peux pas réaliser une tâche d'une telle importance... »

Une fois encore le silence s'installe. Pourtant, il ne dure pas. Et au lieu d'être châtiée comme elle le pensait, Nyx reprend la conversation d'une voix calme et nullement contrariée.

« Tu te trompes sur mes intentions Neia Baraja. » Assure-t-elle, réconfortante. « Je ne te demande nullement de combattre, simplement d'agir comme un fanal pour ma servante qui sera chargée de traquer le ou les fugitifs. » Une courte pause. « Vois-tu, mes Chasseresses sont des entités spectrales par essence et, par conséquent, ne peuvent demeurer dans le monde des vivants sans voir leur substance s'évaporer rapidement. Pour rester durablement, il est nécessaire qu'elles soient liées à un mortel, telle une ancre les arrimant fermement dans votre plan d'existence. »

Elle tend la main délicatement vers la jeune femme, qui se redresse en entendant cela.

« Voilà le choix que je te propose : tu es libre de continuer ta route et de rejoindre le cycle de la Réincarnation, soit tu acceptes mon offre. Et une fois ta part accomplie, tu sera libre de continuer ta vie jusqu'à que la Faucheuse vienne à toi de nouveau. » Un sourire paisible se forme sur la partie vivante de son visage. « Sache que peu importe ta réponse, aucune punition ni châtiment ne te sera infligé. Je respecterai ta décision. »

L'écuyère sent une douce chaleur se répand dans tout son corps. Elle avait toujours imaginé les Dieux comme des êtres si supérieurs aux humains, que ces derniers ne seraient jamais rien d'autres que des serviteurs. Qui seraient récompensés pour leur dévotion ou les actes de piété, bien sûr, mais qui n'aurait jamais aucun poids dans le grand dessein universel. Et pourtant cette Déesse dégage une telle bienveillance, qu'elle sait jusqu'au plus profond d'elle-même qu'elle fera toujours preuve de compassion pour les humains. Soulagée d'un poids immense, la jeune femme prend la parole sans aucune difficulté. La peur qu'elle ressentait jusqu'à présent se dissipe tel un brouillard chassé par le soleil matinal. Ne laissant qu'un immense respect et une loyauté à toute épreuve.

« J'accepte avec honneur Votre Grâce. » Dit Neia en s'inclinant de nouveau. « J'accomplirai ce que vous attendez de moi. »

« Qu'il en soit ainsi. » Acquiesce Nyx. « Pour sceller notre accord, prend cela avec toi. »

La nouvelle servante se redresse et voit la main de sa maîtresse disparaître dans une sorte de déchirure noire qui s'est ouverte dans l'air. Quelques secondes plus tard, elle en sort un bijou sombre comme la nuit. Avec un geste aérien, elle l'envoie dans sa direction. Il arrive devant ses yeux en lévitant, et elle peut l'observer plus en détail.

C'est un médaillon constitué d'une chaînette fait d'un métal argenté qui est accroché à une fine pièce elle même métallique de forme parfaitement circulaire. Dessus est représenté une figure féminine soigneusement sculpté dans deux métaux différent qu'elle ne croit pas avoir déjà vu. La moitié de droite est blanche tel l'albâtre avec une perle argenté à la place de l'œil, tandis que l'autre partie est de la couleur de l'ébène et un trou se trouve à la place de l'orbite. C'est une représentation miniature de la déesse qu'elle sert désormais.

« Ceci est la preuve du contrat qui te lie à moi. » Explique l'Être Suprême. « Mais également une balise qui permettra à ma Chasseresse de te retrouver si la situation l'exige. »

« Je le protégerai de toutes mes forces Votre Grâce. » Affirme Neia, solennelle, en le saisissant avec révérence.

« Je n'en doute point. » Dit-elle, satisfaite. Elle commence a lever le bras. « Je vais donc te renvoyer dans le monde des vivants immédiatement et redonner une enveloppe charnelle. Cependant n'oublie pas que je ne puis faire davantage. Ce sera par tes seules forces que tu devras quitter les montagnes ou tu reposes actuellement. »

« Je trouverai un moyen Votre Grâce, soyez sans crainte. » Assure l'écuyère, sans la moindre trace de doute dans la voix.

« Il est inutile de m'appeler ainsi à chaque fois. » Répond la déesse. « Si tu souhaites m'adresser la parole, Lady Nyx suffira. »

« Oui Milady ! » S'exclame la jeune femme, heureuse et impatiente de remplir sa part du marché.

En voyant le cercle magique apparaître autour de la main de la puissante entité, une sensation de sérénité et d'accomplissement l'emplie. Cette la première fois qu'elle sait ce qu'elle doit faire, qu'un but clair lui est offert. Elle fera tout pour que la demande de sa maîtresse soit accomplie.

C'est alors qu'elle réalise quelque chose d'important. Comment a-t-elle pu oublier ça !? Armée de cette nouvelle détermination, et sachant bien que l'Être Suprême est miséricordieuse, elle prend la parole sans attendre

« Lady Nyx, veuillez me pardonner de vous interrompre encore une fois, mais j'aimerai vous soumettre une requête. »

Nullement surprise, l'interpellée fait disparaître le cercle magique qui tournait autour de ses doigts et baisse le bras. Elle prend la parole l'instant d'après, sa voix toujours calme et nonchalante.

« Quelle est-elle ? »

« Serait-il possible que mes camarades puissent retrouver la vie également ? » Demande-t-elle, le plus humblement du monde. « Je suis certain qu'ils seraient tout aussi disposé à vous servir également. » Affirme-t-elle.

Dans un premier temps, la déesse ne répond rien et se contente d'observer sa nouvelle servante avec attention. Si bien que Neia commence à se demander si elle ne vient pas de commettre l'impair qu'elle s'efforçait d'éviter depuis le début. Puis elle répond finalement.

« Effectivement, plusieurs de tes camarades portent également les traces des manipulations grossières de mes homologues. » Confirme la puissante entité. « Néanmoins, ils n'en sont point suffisamment affectés pour perturber leur passage vers l'Au-delà. » Nuance-t-elle sur le même ton qu'avant. « Mon devoir est de veiller à ce que leurs âmes poursuivent leur route sans encombre. Et non perturber davantage l'équilibre. » Termine-t-elle, plus incisive cette fois.

Alors que Neia va s'incliner précipitamment pour demander pardon d'avoir été aussi arrogante, sa maîtresse l'a coupe dans son élan.

« Cependant, » Continue la déesse en se radoucissant. « Pour te récompenser de ton courage d'avoir fait cette demande, et pour l'honnêteté dont tu as fait preuve avant cela, je suis enclin à accéder à cette requête. »

« Je vous remercie infiniment Lady Nyx ! » S'écrie la jeune femme, soulagée et plus que contente.

« J'attends, naturellement, que tu m'offres quelque chose d'équivalent en contrepartie. » Ajoute alors l'Être Suprême.

De nouveau le cœur de l'apprentie se serre dans sa poitrine. Elle ne s'attendait pas du tout à ce qu'elle doive payer quelque chose. Et pourtant cela lui paraît tellement évident maintenant que sa Déesse lui a fait remarquer.

Elle se met donc à réfléchir à toute vitesse. À chaque seconde qui passe sans qu'elle trouve de quoi la satisfaire, elle a l'impression que le couperet se rapproche de sa nuque. Tout ce qu'elle connaît ne pourrait satisfaire une entité à ce point supérieure à l'Humanité. L'argent n'aurait pas la moindre valeur, les titres et les possessions terrestres également, pas plus que...

Elle réalise alors qu'il n'y a qu'une seule chose qui puisse lui apporter satisfaction et s'empresse de faire sa proposition.

« Je serai votre porte parole dans notre monde Lady Nyx. » Propose-t-elle, sûre et certaine. « Je dirai à tous ce que vous m'avez révélé aujourd'hui. Je leur dirai qu'ils se trompent à propos des Dieux et de la vie après la mort. » Ses yeux brûlent d'une détermination sans faille. « Je consacrerai l'intégralité de cette vie que vous m'offrez à prêcher la vérité. Je vous offre tout ce que je suis, jusqu'à que je rende mon dernier soupir et encore après si vous m'en jugez digne ! »

Un court silence suit la déclaration solennelle de Neia. Puis encore une fois, un léger sourire satisfait se forme sur les traits du visage de sa Déesse.

« J'accepte cette offre. » Déclare-elle. « Neia Baraja, désormais tu seras ma missionnaire dans le monde des vivants. »


S'en allant pour rejoindre les autres, un Homme-Bête jette un dernier regard en arrière. La Prêtresse semble perdue dans ses pensées et reste immobile à observer droit devant elle. Puis elle tourne les talons et s'en va à son tour pour aller parler à leur nouveau chef. Que la plupart d'entre eux n'apprécient qu'a moitié. Mais de toute façon, ils doivent obéir. Ils n'ont pas le choix. Personne n'a oublié avec quelle insultante facilité, il a tué tous ceux qui se sont opposés à lui. De plus, il est impulsif au point d'écrabouiller le premier qui oserait faire un geste de travers.

Même s'il doit reconnaître que c'est le premier à avoir réussi à unir toutes les tribus. Depuis qu'il est aux commandes, les Homme-Bêtes n'ont jamais connu autant de victoires. Le Grand Mur du Saint Royaume de Roble est tombé et leurs prises se comptent par milliers. Même leurs Paladins, qui étaient de redoutables adversaires, ont été écrasés comme des moucherons. Et il se moque de comment ils gagnent leurs combats, du moment qu'ils gagnent.

En somme, ils sont plus forts et plus menaçants qu'avant, mais avoir perdu leur liberté au passage n'est pas du goût de tout le monde...


Caria Caenis, ou CC comme son seigneur l'appelle affectueusement, monte la colline pour aller le retrouver dans sa grande tente d'os et peaux au sommet. Voilà plus d'un mois qu'ils ont été mystérieusement amenés dans ce monde. Elle se souvient d'avoir été aux côtés de son maître dans ses quartiers lorsque tout autour d'eux s'est soudainement transformé.

Ils se sont retrouvés au milieu d'une plaine rocailleuse, sous un ciel étoilé, sans la moindre explication. Une fois la panique initiale passée, ils se sont mis en quête de trouver quelqu'un qui soit en mesure de leur donner plus d'informations. C'est à ce moment là qu'ils ont rencontrés une petite tribu d'Homme-Taureau.

Le premier contact fut des plus violents. Alors qu'elle tentait d'être diplomate, ils se sont heurtés à un mur d'obstination des plus épais. Finalement, leur seigneur s'est emporté et a massacré la moitié de leurs guerriers avant qu'ils ne se rendent. C'est à partir de ce point, ayant constaté qu'ils étaient infiniment plus fort que la moyenne, qu'il a commencé sa conquête de cette région dont ils n'ont appris le nom que plus tard : Les Monts d'Abelion.

Aujourd'hui, il a soumis tous les natifs et a entamé la seconde étape de son projet de domination du monde. Lorsque qu'il éventré le mur à coups de poings, il a fait fuir de terreur les soldats postés à cet endroit. Depuis, les Demi-Humains sous ses ordres ne font qu'avancer sans rencontrer vraiment de résistance. Ils ont bien croisés une armée assez rapidement, mais elle a été mise en pièces un rien de de temps.

Une fois encore, le dernier rapport que l'on vient de lui n'indique pas la moindre trace de résistance. Ce qui commence à l'inquiéter. Est-ce un piège ? Ou sont-ils vraiment à ce point démunis ?

En poussant le rideau en peau tannée qui couvre l'entrée, elle tombe encore une fois sur un spectacle d'excès. Sur le sol, il y a pêle-mêle des morceaux de viande à moitié mangé, des fruits, une cruche d'eau en pierre dont les morceaux sont éparpillés, des tissus en laine qui sont déchirés pour la plupart et pour finir une humaine.

Cette dernière est une villageoise à la beauté certaine qui a été capturée et amenée à leur seigneur comme il l'a ordonné. Elle gît à même le sol, dans une position grotesque, des entailles de griffes partout sur le corps, recouvertes de sang et d'autres sécrétions plus ou moins obscènes. Ses yeux sont vides de toute lumière et elle est plus pâle qu'un linge.

En tournant la tête vers la gauche, elle trouve son maître complètement nu et avachit dans un trône rudimentaire fait d'os, de pierres et de peaux. Ses yeux d'un jaune sinistre, regardent le cadavre avec dégoût et dédain. Il pousse un soufflement de mépris.

« Comment je suis censé prendre du plaisir avec une poupée qui se casse en deux dès que je force un peu ? » Demande-t-il, frustré et énervé, d'une voix glaciale.

« Vous savez bien que les humains sont trop fragiles pour quelqu'un d'aussi fort que vous Seigneur Lyakon. » Répond la prêtresse en s'agenouillant avec respect.

« Ouais, j'imagine... » Répond-t-il, blasé. « Qu'est-ce que tu veux CC ? » Demande le [Lycanthrope Alpha], en se calmant un peu.

« Simplement vous informer que le dernier raid s'est bien passé. » Rapporte-t-elle. « Nous devrions atteindre la ville fortifiée de Vyrul dans une semaine. »

« C'est trop long. » Fait-il immédiatement, de nouveau en colère. « Dit leur de se dépêcher. »

« Je pense que se serait déraisonnable Mon Seigneur. » Dit simplement Caria. « Si nous obligeons les tribus à progresser aussi rapidement, ils seront à bout de forces en arrivant sur place. Vous seriez obligés de prendre part personnellement à la bataille. »

Les crocs de son maître crissent les uns sur les autres et se pupilles se contractent sous l'effet de la rage. On dirait qu'il va devenir enragé, mais sa servante ne réagit pas et au bout de quelques secondes, sa musculature se détend et il se laisse tomber sur son siège de nouveau. Il pousse un soupir avant de reprendre la parole.

« Tu as raison. » Admet-il. « Mais fait leur bien comprendre qu'ils n'auront pas un jour de plus. Sinon, se sera moi qui me chargerait de le faire. » Gronde le Joueur.

Elle s'incline un peu plus et se lève pour aller porter son message. En se retournant, Lyakon voit les neuf queues de la [Kitsune] qui lui sert de conseillère onduler gracieusement, en rythme avec ses habits de prêtresse shintoïste, et a une autre idée. Il l'interpelle alors.

« Reste un peu avec moi CC. » Dit-il d'une voix autoritaire. « Après tout, je suis loin d'être satisfait. »

La concernée s'arrête et fait de nouveau face à son maître. Elle a bien compris ce qu'il veut et elle lui répond sur un ton langoureux.

« Ce sera avec plaisir Mon Seigneur. »

Elle commence à retirer ses vêtements de manière sensuelle en s'approchant de lui dans une démarche qui en dit long, un sourire charmeur et pervers sur les lèvres.


Dans le palais royal de Arwintar de l'empire de Baharuth, un domestique sort de la suite privée de leur empereur avec un air plus qu'inquiet sur le visage. C'est la cinquième cruche de vin que leur souverain demande à ce qu'on lui apporte en moins d'une journée. C'est la première fois en plus de quinze ans de règne que celui qui est connu pour être un souverain impitoyable, mais juste, se laisse aller de manière aussi grossière.

Cela fait plusieurs jours que cela dure. Lui qui tenait un conseil des ministres au moins une fois par jour avant, ne s'est pas occupé une seule fois de ses devoirs royaux depuis que cela a commencé. Pour l'instant, ce sont ses conseillers et ses Quatre Gardes Impériaux qui gèrent les affaires courantes, mais ça ne saurait durer. Le serviteur espère que ce n'est qu'un passage à vide et qu'ils retrouveront vite leur régent légitime.


Dans sa chambre, Jircniv Rune Farlord El Nix, surnommé ''l'Empereur Sanguinaire'' par de nombreuses autres nations, à cause de la purge sanglante de la noblesse de son pays au début de son règne, est allongé comme une loque sur sont lit dont les draps sont éparpillés. La moitié de son vin est renversé et il est complètement saoul.

La raison d'une telle décadence est à la fois terriblement simple et proprement effrayante : il a saisit à quel point il n'est rien. Même moins que rien. Une vulgaire poussière qui peut être balayée dans un saut d'humeur.

Jircniv a toujours été fier, mais il s'est également toujours gardé de tomber dans l'orgueil. L'éducation royale qu'il a reçu, combinée à l'instruction de son mentor, et père de substitution, Fluder Paradyne, l'a fait réaliser depuis longtemps à quel point un esprit aiguisé peut-être tout aussi mortel qu'une lame bien affûtée. Ainsi, il veillait toujours à garder une longueur d'avance intellectuelle sur ses potentiels adversaires.

Il a peaufiné durant de longues années son aptitude à garder son sang-froid, peu importe la situation. S'efforçant de toujours rester poli et souriant, même si la personne en face de lui ne lui inspirait que du dégoût ou de la crainte. Et plus que tout, il avait apprit à reconnaître les gens pour ce qu'ils étaient vraiment. C'est ainsi qu'il avait reconnu la Princesse Dorée du Royaume de Re-Estize comme la psychopathe qu'elle vraiment. C'est également la raison pour laquelle il confiait parfois des postes importants à gens de petite naissance : par ce qu'il savait qu'ils se montreraient à la hauteur de la tâche.

Il n'avait réellement qu'un seul objectif : créer un Empire dont l'existence ferait face à l'usure du temps qui passe.

Pourtant, tout cela, toutes ses ambitions, touts ses rêves et toutes les choses qu'il a pu accomplir dont il tirait sa fameuse fierté, se sont révélés insignifiantes et insipides le jour ou elle est venu à lui dans les jardins du palais.

Elle s'est présenté sous un nom dont il n'avait même jamais entendu une sonorité similaire. Elle lui a déclaré qu'elle serait désormais à son service puisqu'il était le souverain légitime, par ce qu'est pour cette raison et aucune autre qu'elle existait : donner conseil à une autorité supérieure.

Elle l'a donc abreuvé de nombreux, trop nombreux savoirs. Si bien qu'il est en sur le point de basculer dans la folie.

Les Dieux vénérés par l'humanité ne sont en fait pas des Dieux, mais de simples humains venant d'un autre monde. Qu'ils sont arrivés ici par un moyen encore inconnu, dans le corps de créations artificielles mises a point par leurs connaissances techniques, dont il avoue ne rien vraiment comprendre. Il n'a jamais vraiment été pieux lui-même, mais respectait la religion de par l'importance des prêtres dans son empire. Alors apprendre qu'un pilier fondateur de la culture Humaine n'est rien d'autre qu'un vulgaire canular, l'a profondément ébranlé. Pourtant le pire a été d'entendre que sa présence ici signifiait que la probabilité que d'autres de ces Joueurs soient arrivés également, était extrêmement élevée.

Il pensait pouvoir créer un monument de gouvernance qui aurait résonné en écho dans le futur, mais au lieu de cela, le voilà obligé de faire face à des menaces si grandes qu'elles seront sans doute capable de raser une ville aussi grande que Arwintar avec un seul sort. Il en aurait sans doute rit de dépit s'il n'était pas aussi désespéré.

Alors il boit. Il boit pour oublier, ne serait-ce que quelques heures. Il sait pertinemment que cela n'arrangera rien au final, mais l'angoisse et le stress sont trop lourd à supporter, même pour lui.

Il tente de se resservir une coupe, mais il est tellement imbibé d'alcool qu'il parvient seulement à renverser la cruche par terre. Avant de l'accompagner sur le sol de marbre froid. Il reste là, sans bouger, à contempler le plafond jusqu'à s'endormir.

C'est alors qu'une figure vaguement féminine, sort d'un coin d'ombre de la pièce et avance jusqu'à lui. Elle le saisit délicatement dans ses mains faîtes de branchages entrelacés, de mousses et de feuilles, pour le placer dans une portion du lit qui n'est pas détrempée par la boisson. Elle lui lance un sort anti-poison avant de le recouvrir et de se retirer.

La lumière de la lune passe furtivement sur le visage de la [Driade] qui semble arborer une expression de perplexité.


De l'autre côté du continent, l'astre lunaire éclaire d'une lumière froide la chambre royale de Calca Bessarez. La Reine du Saint Royaume de Roble ne parvient plus à dormir paisiblement depuis plusieurs semaines. Et les rares instants de sommeil sont souvent perturbés par des cauchemars, malgré les potions des médecins royaux.

Elle savait pertinemment que la vie de régente ne serait jamais des plus facile, cependant, elle n'aurait jamais cru que sa résolution serait autant mise à l'épreuve. Il y a peu encore, la situation de son pays était satisfaisante : les attaques des Homme-Bêtes s'étaient raréfiées, les nobles du Sud étaient moins virulents et plusieurs de ses réformes progressistes avaient été acceptées.

Puis tout à dérapé du jour au lendemain...

Son frère, Caspond, avait fait une annonce publique depuis le Sud. Il déclarait qu'elle avait usé de subterfuges indignes pour l'évincer de sa position d'héritier du trône. S'en était suivit une scission aussi rapide que brutale. Roble était désormais véritablement coupé en deux. Et les Sudistes les avaient menacés d'une invasion militaire totale si elle n'abdiquait pas dans les plus brefs délais.

Tout cela n'avait pas le moindre sens. Quelques mois avant d'accéder au pouvoir Calca s'était entretenu en secret avec son frère, à la demande de ce dernier. Il lui alors avoué, malgré que cela lui faisait visiblement mal à l'intérieur, qu'il voudrait que se soit elle qui hérite de la couronne. Qu'en dépit de touts ses efforts, il ne serait jamais un bon souverain. Aussi bien politiquement qu'économiquement. Et qu'il faisait tout cela par ce qu'il avait promit à leur père, sur son lit de mort, qu'il ferait tout pour leur nation.

La princesse qu'elle était à ce moment n'avait ressentit que du respect pour lui, et avait juré qu'elle ferait tout le nécessaire pour s'assurer que la dernière volonté de leur père soit respectée. Ainsi, la jeune femme se retrouva à la tête de leur pays. Mais elle n'oublia pas l'attachement de son frère pour leur nation, et le garda toujours près de lui pour lui demander un autre point de vue lorsque cela était nécessaire. De plus, il était le seul en lequel elle avait une totale confiance pour calmer les choses lorsqu'il voyageait dans le Sud.

Encore secoué de ce revirement aussi soudain qu'inexplicable, elle fut cependant encore plus choquée quand un messager enfonça pratiquement la porte de la salle du Trône en hurlant qu'une coalition de Demi-Humains, menés par un monstre à la force incommensurable qui avait percé le Grand Mur avec la même facilité que si cela n'avait été qu'une feuille de parchemin, venait de les d'envahir. Ils avançaient tout droit, massacrant hommes, femmes et enfants sans la moindre pitié.

Le coup de marteau final vînt pourtant lorsqu'un autre coursier se présenta le lendemain, annonçant que les troupes, soit plus de cinquante milles soldats et conscrits, menées par trois des Nine Colours présent dans les environs qui avaient décidés de faire front immédiatement, pour stopper leur progression avant qu'ils n'avancent trop profondément, avaient été écrasés par une armée au moins trois plus importante. Il n'y avait pas le moindre survivant.

Sous le choc, la Reine avait été obligé, sous la pression des nobles, de prononcer précipitamment un édit de mobilisation générale. Tous les hommes en âge de tenir une arme avait ordre de se présenter à la caserne la plus proche de son lieu de résidence pour être armé et entraîné. Cela leur avait permit de multiplier leurs rangs par sept, mais ce n'était pour la plupart que des personnes trop âgés ou des adolescents.

Les premiers étaient trop usés par l'éreintante vie dans les champs, malgré une certaine expérience à cause de la loi de conscription nationale. Quant aux seconds, les hommes d'expériences manquaient et n'auraient de toute façon pas eu le temps de les former convenablement. Ainsi, chaque fois que Calca pensait à eux, la seule image qui lui venait en tête était celle d'animaux que l'on envoyait à l'abattoir.

Au jour d'aujourd'hui, tout ce qu'elle a entreprit pour résoudre cette crise sans précédent s'est soldé par un échec. Elle a demandé de l'aide aux Sudistes, en leur déclarant qu'ils devaient s'unir pour ne pas être purement et simplement rayé de la carte. Mais ils ont simplement dit qu'elle et les traîtres qui l'entoure méritait leur sort. Elle a même écrit personnellement à son frère, en lui proposant de lui céder le trône sans condition s'il les faisait changer d'avis. En guise de réponse, elle a reçu une main coupé.

Elle a ensuite envoyé un courrier directement à la Théocratie de Slane en leur assurant qu'elle paierait n'importe quel tribut en échange de leur puissance militaire pour sauver son peuple. Mais cela fait trop longtemps que n'a pas eue de nouvelles. Les messagers ont probablement été interceptés par les Homme-Bêtes.

En désespoir de cause, elle a également contactée le Royaume de Re-Estize pour obtenir du soutien. Cependant elle sait à quel point le Roi est miné par les conflits internes et ne s'attend pas à une aide rapide. Mais elle n'a plus vraiment de solution à sa porté.

Remedios, son amie et Grand Maître de l'Ordre des Paladins, parvient encore à garder les nobles qui sont de plus en plus agités sous contrôle par la menace, mais ça ne saurait durer indéfiniment. Sa sœur, Kelart, la Grande Prêtresse des Quatre Grands Dieux, lui apporte également son soutien indéfectible, en ayant par exemple ordonné aux prêtres de soigner gratuitement les blessés le temps que durera le conflit. Mais le mécontentement monte parmi les religieux et la population qui n'entendent depuis trop longtemps que des mauvaises nouvelles.

Malgré touts ses efforts la Reine sent sa nation se déliter entre ses doigts et elle est complètement impuissante. Allongée dan son lit, son visage autrefois loué comme l'un des plus beau qui soit, montre des signes inquiétants d'une santé déclinante. Elle a des poches sous les yeux qui sont d'une taille effrayante, ses yeux sont injectés de sang et son teint est cireux. Bien qu'elle ait toujours eue une silhouette fine, Calca est désormais obligé de se cacher sous d'amples et d'épais vêtements pour dissimuler ses côtes à cause de tout le poids qu'elle a perdu. Certains de ses cheveux d''ordinaire d'un blond éclatant et doré, ont commencés à blanchir.

Sachant qu'elle ne parviendra pas à trouver le repos encore une fois, elle se lève et avance d'un pas chancelant en direction du balcon pour prendre un peu l'air. Elle s'appuie contre la balustrade et regarde la lune briller d'une lueur blafarde. Joignant ses mains dans un geste de prière, elle ferme les yeux et s'adresse au ciel.

« Ô Grands Dieux, ayez pitié de mon peuple. » Prie-t-elle, en retenant ses larmes. « J'ignore quel crime j'ai pu commettre pour mériter une telle punition, cependant je l'accepte humblement, et je jure de me repentir. » Déclare-t-elle, solennelle. « Je vous demande simplement de ne pas faire porter le poids de mes péchés sur ces innocents. » Sa voix se met à trembler. « Je... Je vous en prie... Ô Grands Dieux... Soyez miséricordieux... »

Au bout de plusieurs heures de prières incessantes, elle s'écroule, épuisée, et est emporté par la fatigue. Alors que sa conscience glisse lentement dans les ténèbres d'une nouvelle nuit agitée, elle souhaite de tout son être recevoir de l'aide. Peu importe sous quelle forme.


Plus loin au Sud, Caspond entre dans la nef de la grande église de Ludser, la grande ville fortifiée devenue récemment la capitale australe du Nouveau Saint Royaume de Roble. Accompagné par le bruit de ses pas qui résonnent dans la vaste pièce, le prince se dirige vers l'autel imposant qui trône au pied du mur du fond.

À cet endroit, éclairé par la seule lumière de quelques cierges éparses, se trouve une silhouette sombre et massive. Sa main gantée de fer tourne négligemment la page du livre posé sur le pupitre devant lui, il ne semble par être intéressée par celui qui s'approche.

Une fois aux pieds des marches, le frère aîné de Calca s'agenouille avec un immense respect. Il reste alors à attendre pendant un long moment sans que rien ne se passe. Puis, finalement, celui qu'il est venu voir ferme l'ouvrage qu'il est en train de lire et se retourne pour faire face à son visiteur. Un lourd cliquetis métallique accompagne son mouvement.

De derrière la visière de son heaume, surmontant une lourde armure complète qui semble faîte d'un métal entre le blanc pur et l'argenté, celui qui dirige dans l'ombre cet état nouvellement formé observe son serviteur d'un œil désintéressé.

« Que voulez-vous Caspond ? » Demande-t-il d'une voix rauque qui montre bien son ennui.

« Je suis venu vous soumettre une nouvelle fois ma requête de porter assistance au Nord, Lord Sanctus. » Répond le jeune homme.

« Ma réponse est toujours la même. » Dit le [Haut-Templier], glacial. « Ils ont refusés la première fois. » Rappelle-t-il. « Nous nous contenterons d'écraser ces Demi-humains dégoûtant lorsqu'ils poseront le pied sur notre territoire, et rien d'autre. »

Il va reprendre sa position d'origine quant le prince l'interrompt. Il sait bien que faire cela risque de lui coûter la vie, mais il ne peut se résoudre à en rester là.

« Permettez moi d'insister Milord. » Dit-il, en essayant de cacher sa peur. « Outre le sort de ma sœur, je me dois de vous rappeler que nombre de ressources naturelles, et une grande partie de notre savoir faire artisanal se trouve là-bas. Les perdre nous ralentirait fortement lorsque vous désirerez reprendre le contrôle de ces terres. »

La seconde qui suit le dernier mot qu'il prononce, il se retrouve solidement ligoté par des liens fait de lumière, qui le serrent si fortement qu'il ne parvient pas a retenir un cri de douleur. Il s'écroule sur le côté et tente de maîtriser sa souffrance, alors qu'il a l'impression que ses os vont bientôt se briser sous l'incroyable pression qui s'exerce sur eux.

Le sort disparaît un instant plus tard et Caspond prend une grande inspiration en réaction. Malgré la sensation de compression résiduelle qui subsiste, il remarque que son ''maître'' s'est rapproché. Il lève les yeux, tremblant de douleur, et voit qu'il porte dans sa main dominante sa lourde masse d'arme.

« N'oubliez pas votre place, Prince. » Déclare-t-il à voix basse, menaçant. « Je vous ai épargné uniquement par ce que vous faite une meilleure figure publique que moi. » Il pose son arme sur son épaule. « Contestez encore une fois mes ordres et je me passerai de vos services. » Un court silence. « Suis-je assez clair ? »

« Bien... Bien sûr... Lord Sanctus... » Parvient à articuler le jeune homme entre ses respirations saccadés.

« Dans ce cas, hors de ma vue. » Ordonne le Joueur, méprisant.

Parvenant, il ignore comment, à se redresser en dépit de son état, Caspond sort en boitant du bâtiment, maudissant silencieusement ce Démon que les membres de l'église ont nommé un Dieu. Et que ces vieux fous endoctrinés par leur propre religion soient maudits également !


Dans le grand cimetière de E-Rantel une silhouette encapuchonnée avance avec nonchalance au milieu des tombes. Sous le couvert du brouillard et de la lune masquée par les nuages, elle cherche quelque chose en particulier. Qu'elle finit par trouver en posant les yeux sur un symbole inhabituel sur la tranche d'une pierre tombale massive.

Elle se baisse et tâte la pierre à plusieurs endroit, jusqu'à effleurer le mécanisme d'ouverture qui se distingue du reste à cause de la différence de texture de la roche. Elle appuie légèrement dessus et la coiffe de ce qui devrait être une sépulture, se révèle en fait être un camouflage pour un escalier escarpé qui descend profondément.

En prenant son temps, elle commence à descendre en chantonnant un air joyeux totalement déplacé pour l'endroit. Elle tire sur la corde sur sa gauche après quelques marches et cet accès est de nouveau dissimulé. Elle sort d'un repli de sa cape de voyage une petite perle qui se met à briller suffisamment fort pour éclairer convenablement sa route, et poursuit.

Au bout de plusieurs minutes, elle parvient dans une vaste grotte dont le plafond est tapissé de racines phosphorescentes lui fournissant une luminosité suffisante pour qu'elle éteigne son propre item. Lorsqu'elle pose le pied sur le sol humide, elle arrête subitement de fredonner et de se déhancher, pour observer les alentours.

Il reste de nombreuses zones d'ombres à cause des aspérités diverses, ce qui fait d'excellentes cachettes pour tendre une embuscade. Et son instinct lui dit que quelqu'un l'observe et attend. Étant d'humeur joueuse, elle décide de l'interpeller pour voir comment cette présence réagit.

« Ce n'est pas très poli de ne pas se présenter devant une dame tu sais. » Minaude-t-elle. « Approche donc, je te jure que je ne mords pas. Enfin, pas tout le temps. » Termine-t-elle sur un ton sadique.

Répondant à sa provocation, le bruit métallique d'une personne qui porte une lourde armure se fait entendre en face d'elle. L'instant d'après, son observateur silencieux sort de derrière une stalagmite de bonne taille. La nouvelle venu pousse un sifflement impressionnée : sa protection est intégrale et pourtant ses mouvements ne sont ni raides, ni forcés. Question force physique de base, il est largement au-dessus d'elle.

« Salut mon tout beau. » Dit-elle, aguicheuse, en devinant que c'est un homme à la forme de son armure. « Tu es venu m'accueillir ? Comme c'est mignon de ta part. » Elle sourie sous sa capuche. « Mais ce serait encore plus chevaleresque de ta part, si tu me montrais ce beau visage qui doit être tien. »

Sans prévenir il charge dans sa direction, son épée brandit et l'intruse doit esquiver précipitamment, stupéfaite par sa vitesse. Elle bondit sur sa droite en laissant sa cape de voyage derrière elle pour boucher le champ de vision de son agresseur. Elle dégaine l'un de ses stylets et se prépare à contre-attaquer en même temps qu'elle fait son pas de côté, mais une fois encore elle est prise par surprise. Sans même chercher à frapper devant lui, pour dégager l'obstacle qu'elle a laissé intentionnellement, il se tourne brusquement vers elle et porte un coup descendant.

« {Inpenetrable Fortress} ! » S'écrie-t-elle précipitamment pour bloquer le coup.

Son arme entre en contact avec l'épée du garde et un bruit métallique assourdissant résonne dans la grotte. Elle fait glisser les deux lames l'une sur l'autre et recule pour ne plus se trouver au corps à corps. Bondissant en arrière, elle fait un salto pour se rétablir et atterrit en prenant une position à moitié allongée, qui fait penser à celle d'un félin qui va sauter sur sa proie.

« {Ability Boost} ! {Flow Acceleration} ! » Dit-elle, plus que sérieuse.

Elle fonce droit sur lui à la vitesse d'un carreau d'arbalète, son bras dominant replié et son stylet tendu en direction de l'endroit qu'elle vise : une point faible de l'armure en dessous de l'épaule. Mais, encore une fois, son adversaire la surprend en tendant son propre bras, comme s'il voulait l'attraper au vol à la manière d'un mouche.

Comprenant bien que même si elle parvenait à le blesser avec son attaque, elle se retrouverait dans une mauvaise position, elle se contorsionne brusquement. Elle esquive de justesse la poigne de fer qui voulait la saisir et prend appui sur son genou pour sauter. Elle accroche son heaume avec son arme et le fait sauter de sa tête, avant de bondir une nouvelle fois pour s'éloigner.

Le fait d'avoir cette partie importante de sa protection semble arrêter le guerrier qui reste debout sans bouger, ce qui permet à la combattante de voir son visage. Elle ne pensait pas le reconnaître et pourtant c'est le cas. Ce qui la fige de surprise. Son teint est cadavérique, ses yeux vitreux et ses cheveux sont devenus blancs, mais elle reconnaîtrait partout.

« Gazef Stronoff !? » S'exclame-t-elle, choquée pour la première fois depuis longtemps. « Comment peux-tu être là !? La Sunlight Scripture t'a assassiné il y a plusieurs semaines déjà ! »

Pour répondre à ses questions, des applaudissements se font entendre dans la caverne. Elle tourne la tête dans la direction d'où cela vient, en gardant un œil sur Gazef, et voit une silhouette massive apparaître lorsque son camouflage magique se dissipe. Elle sent alors un frisson la parcourir.

Devant elle se tient un squelette aux os parfaitement blanchit, tel ceux laissés au soleil dans le désert. Dans ses orbites vides, se trouvent deux points rouges qui la fixe avec un intérêt malsain. Sur ses deux mains se trouvent des bagues qui ornent chacun de ses doigts, et il porte une longue robe de sorcier sombre décorée d'un grand nombre d'autres objets sans aucun doute magiques.

''Une [Elder Lich] !?'' Se demande la jeune femme qui focalise presque tout son attention sur celui qui semble être derrière la ''résurrection'' du plus grand guerrier du Royaume de Re-Estize.

Elle commence à se mettre en position pour prendre la fuite. Entre un combattant du niveau de Gazef et un Magic Caster pour le soutenir, il n'y a aucune chance qu'elle en sorte victorieuse. Allez savoir ce que Zurrernorn à fait pour arriver à ce genre de résultat.

« Félicitation Clémentine Hazea Quintia. » Dit le Undead, d'une voix satisfaite. « Je ne pensais pas que je rencontrerai une humaine capable de rivaliser avec l'une de mes nouvelles créations. » Il s'arrête d'applaudir. « Il semblerait que je doive des excuses à Khajiit. »

L'ancienne membre de la Black Scripture fait un léger pas arrière, prêt à déguerpir. Mais son interlocuteur le remarque et lance un sort.

« [Necrotic Bind]. » Dit-il à haute-voix.

Des liens qui semblent fait de viscères se forment autour d'elle et l'enserrent si vite qu'elle n'a pas le temps de réagir. Elle perd l'équilibre et tombe sur le sol humide. Pourtant, elle se reprend rapidement et lève les yeux pour savoir ou son geôlier se trouve. Elle doit savoir d'où va venir la prochaine attaque pour utiliser correctement son seul moyen de se sortir de ce guêpier.

« Si vous espérez pouvoir vous défaire de ces entraves en utilisant un {Bind Cutter}, vous perdez votre temps. » Informe-t-il posément, n'ayant pas bougé de sa position initiale. « Oh, j'en oublie mes manières. » Il s'incline avec un respect feint. « Permettez moi de me présenter : je m'appelle Huaz, [Overlord] de mon état, et nouveau chef de Zurrernorn. »

Il se redresse et s'amuse de l'expression horrifiée de la visiteuse.

« Permettez moi également de vous remercier de vous porter volontaire pour me permettre de poursuivre mes expériences. » Ajoute-t-il d'une voix satisfaite. « Amène là jusqu'à mon laboratoire, Gazef. » Ordonne-t-il à son serviteur. « J'ai un bon nombre d'idée que je veux tester sur quelqu'un d'aussi résilient que cette charmante jeune femme. »

La concernée se met alors à se débattre pour se libérer. Mais malheureusement, comme il l'avait dit, son seul moyen de se défaire de la magie qui l'emprisonne se révèle inefficace. Même lorsque la poupée de chair dirigé par ce nécromancien l'attrape, et la charge sur son épaule tel un vulgaire sac de patates, elle continue de gesticuler et de donner des coups de têtes violents pour s'échapper. Sans le moindre succès.

Tous trois disparaissent alors dans l'obscurité de la grotte, avec pour seul bruit les hurlements désespérés de Clémentine.


Fin du chapitre 7 !

N'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez :)