Chapitre 7
Plusieurs heures plus tard, Wufjn dressa les oreilles. On déverrouillait la porte. Les deux mêmes Jaëlaes qui avaient emmené Flavien réapparurent dans l'enceinte de la porte, laissèrent tomber leur fardeau et repartirent aussitôt. Flavien s'effondra là, sans bouger.
Le Eelyrch bondit hors de son lit et se précipita vers le jeune homme. De ses grandes pattes poilues, il tourna doucement sa tête. Flavien était inconscient et tremblait, de froid ou d'un traumatisme, Wufjn n'aurait su le dire.
Il souleva la forme inerte de son jeune compagnon et le conduisit jusqu'à son lit, où il le déposa doucement. Il le couvrit de sa couverture et de celle dont il se servait lui-même. Il observa Flavien quelques instants. Le jeune opérateur radar tremblait, sa peau était moite et luisante de sueur. Son teint était livide et sa respiration difficile. Wufjn caressa délicatement le visage de son compagnon, essuyant la sueur de la peau trop froide et tâchant d'atténuer les tremblements.
Dans la Salle des Machines, Pétrolia laissait les larmes couler doucement sur ses joues comme de petites perles roulant sur les pétales d'une fleur. Elle avait mal, tellement mal! Comment pouvait-elle continuer à vivre sans son Flavien? Elle serra le chandail noir contre elle et fit des mouvements de va et viens, comme pour se bercer elle-même. Elle ne voulait pas oublier, elle ne voulait pas effacer son amour de sa mémoire. C'était tout ce qui lui restait maintenant. C'était tout ce qui la maintenait en vie. Si elle laissait aller sa douleur dans l'oublie, comment pourrait-elle continuer à vivre?...Comment!? Elle enfouit son visage dans le tissus du chandail…
Elle sentit soudainement le vaisseau changer cap. Elle releva la tête. Le Capitaine devait avoir une raison importante pour changer de trajectoire. La jeune technicienne décida d'en avoir le cœur net. Elle se leva, enleva les plis de sa jupe, et s'essuya les yeux. Avant de sortir, elle tapota doucement son visage pour s'assurer qu'il n'y avait plus de trace de larmes, puis elle se dirigea vers la Salle de Commandement.
Elle franchit les portes coulissantes et regarda le Capitaine qui lui tournait le dos.
-Bob, combien de temps?
-Encore 3 minute Capitaine, Répondit le pilote.
Pétrolia haussa un sourcil. Elle avait encore l'esprit lourd, mais la question du Capitaine l'intriguait.
-3 minutes pour quoi? Demanda-t-elle à voix haute.
Le Capitaine fit pivoter sa chaise et se retrouva face à la jeune fille.
-Nous avons perçu un message de détresse. Préparez le Centre de Santé. On pourrait avoir des blessés.
Pétrolia fit un salut militaire, puis se dirigea vers le Centre de Santé pour exécuter ses ordres. Elle n'avait pas trop le cœur à travailler, mais la nouvelle de blessés potentiels la forçait à reprendre son contrôle et à laisser sa douleur de côté, du moins, pour le moment…
Le Eelyrch avait passé plusieurs heures auprès de son compagnon, qui ne s'était toujours pas réveillé. Il était resté là, assis près de Flavien, à attendre qu'il ouvre les yeux. Le sol était moins confortable que son lit, certainement plus froid, mais il préférait rester là. Les Eelyrchs étaient des créatures fières et fortes, mais quand il s'agissait de protéger un être à qui ils avaient décidé de donner leur affection, ils étaient capables des pires sacrifices. Une fois lié à un autre, un Eelyrch allait faire tout en son pouvoir pour s'assurer qu'il ne lui soit jamais fait aucun mal. L'esprit d'un Eelyrch était ainsi fait.
Wufjn ne savait pas exactement pourquoi, mais Flavien lui avait inspiré confiance, il lui avait fait ressentir un attachement étrange, un lien énigmatique, inexplicable. Il devait rester auprès de lui, le protéger…c'était maintenant son devoir, se jura-t-il.
Un faible mouvement sous les paupières du jeune homme attira son attention. Flavien secoua la tête doucement sur l'oreiller, comme prit dans un affreux cauchemar, et il murmura quelques syllabes désarticulées et dépourvues de sens. Puis, ses paupières se soulevèrent faiblement.
-Wufjn…?
-Flavien…, Dit le Eelyrch en s'approchant un peu plus, Qu'est-ce qu'ils t'ont fait?
Flavien avala difficilement en se rappelant les mauvais souvenirs, puis dit de sa voix soudainement rauque :
-Ils voulaient… avoir des informations à propos des…des armes ennemies…
Il toussa, et grimaça. Sa blessure lui faisait encore mal. Wufjn posa sa patte sur son épaule en signe de compassion.
-Ils…m'ont passé sous les électro-choc…j'me souviens plus très bien…Ils m'ont donné des drogues…
Il était épuisé, il avait soif, et surtout, il avait froid. Il se remit à frissonner et Wufjn essaya de remonter encore plus la couverture, si c'était possible.
-Ils m'ont fait la même chose, Dit doucement le Eelyrch, Sauf que je suis beaucoup plus robuste.
-J'ai peut-être… l'air de rien, Sourit Flavien, Mais j'suis pas mal… plus tof que j'en ai l'air.
Wufjn sourit aussi. Flavien serait vite remis de cet épisode.
-Parle moi…de ton monde, Wufjn…
-Eh bien…, Commença le géant, Je suis né sur Eelyrch. C'est une planète magnifique, recouverte de forêts et de 2 océans. J'ai grandit sur le 3e continent, le plus petit, mais le plus beau. Les arbres y sont gigantesques, et nous habitions presque à la cime de ceux-ci. Eelyrch possède 5 lunes, et 2 soleils. Lorsque la nuit arrive, c'est le plus beau spectacle du monde. Le ciel est alors peint de toutes les couleurs, les soleils illuminent les eaux miroitantes et les lunes sont plus blanches que la neige…
-Ça semble…magnifique, Commenta doucement Flavien.
-Et toi Flavien, ton monde, il est comment?
Flavien sentit un vague malaise. Comment avouer que les Terriens avaient détruit leur propre monde, et qu'il était l'un d'eux. Puis, il se rendit compte de quelque chose de très important.
-Mon monde à moi…, Commença-t-il, C'est la femme que j'aime, mes amis…ma seule famille en fait…Pétrolia…c'est elle qui me donne une raison de vivre maintenant…Je-
Il ne finit pas sa phrase, mais s'arrêta soudainement. À l'unisson, ils tournèrent la tête vers la porte. Un bruit… Quelqu'un venait…
Lorsqu'il entendit le verrou de la porte, Wufjn émit un long grondement sourd. Il se dressa sur ses pattes devant le lit pour protéger son compagnon. S'ils voulaient l'emmener maintenant, ils devraient passer par lui d'abord!
La porte s'ouvrit et trois Jaëlaes apparurent dans le flot de lumière. Ils avaient chacun une lance électrique ainsi qu'une arme automatique. Wufjn émit un grondement encore plus puissant, hérissa le poil et montra les cros.
À suivre
