Remettre les choses en ordre

Vernon se promenait tranquillement dans le ministère de la magie britannique sans tenir compte des regards noirs qui le suivaient.

Après que Dumbledore ait été définitivement écarté de Poudlard et de tout pouvoir politique – le conseil magique était en train de traiter avec lui ses mensonges et ses demi-vérités – Harry avait décidé de reprendre fermement son siège au Magenmagot. Pour cela, il avait décidé de nommer son oncle en tant que représentant, ce qui avait fait hurler bon nombre de personnes. En effet, de toute l'histoire de l'assemblée, à leurs yeux, c'était la première fois qu'un non sorcier siégeait. Harry était alors monté au créneau mais il n'avait pas été le seul.

Flash-Back

Vernon observait l'hémicycle qui s'enflammait de voir une personne dépourvue de pouvoirs siéger avec les honorables sorciers de la société. Harry, âgé de dix-huit ans, était venu présenter son représentant le temps qu'il termine ses études, prit la mouche.

-En sachant qu'en entrant ici, vous êtes incapable d'attaquer les autres membres de cette assemblée, puis-je savoir où se trouve exactement le problème ? claqua sèchement Harry après avoir obtenu le silence. Personne n'a besoin de pouvoirs magiques pour comprendre notre société. Quant à l'honorabilité de cette assemblée … je rappelle à toute fin utile que vous avez quand même laissé un terroriste mettre le pays à feu et à sang deux fois en moins de trente ans parce que la plupart d'entre vous ont accepté comme parole de Merlin tout ce qu'il disait et qu'ils n'ont même pas pris la peine de vérifier ses dires. Une partie des sorciers qui occupaient ces sièges avant vous se sont rendus coupables de crimes contre la Magie tandis qu'une autre partie se concentrait sur tout sauf sur les problèmes immédiats à traiter. Et la présence de mon oncle, sans magie, vous dérange ? Vous avez accepté au sein de cette assemblée les pires ignominies sans sourciller mais vous vous indignez qu'un homme bien plus respectueux de la Magie vienne parmi vous, alors que rien ne l'interdit ?! Êtes-vous si imbus de vos personnes pour avoir oublié à quoi servait cette assemblée ?

Devant les airs de poissons rouges des plus anciens membres du Magenmagot – ceux-là même qui ne voulaient pas voir un cracmol parmi eux – Harry leva les yeux au ciel, complètement blasé.

-Mais pourquoi je m'embête à essayer de leur faire comprendre quelque chose ? soupira Harry

D'un mouvement souple, le brun descendit au niveau de l'estrade où ceux qui voulaient s'adresser à l'assemblée prenaient place. Il sortit une lame de sa cache et s'ouvrit la paume de la main sous les hurlements indignés des partisans de Dumbledore qui avait catégorisé la magie de sang comme de la magie « noire ». Les autres s'étaient tus car ils savaient que malgré sa réputation sulfureuse – merci Dumbledore ! – on y faisait appel que pour des choses importantes.

Harry serra le poing pour faire couler le sang par terre. Quand la première goutte toucha le sol, celui-ci s'illumina violemment et une vague de magie souffla tous les membres.

-Par le sang versé par la famille Potter, je réclame la véritable assemblée à sa juste place ! tonna Harry

Tous furent aveuglés pendant quelques instants et quand ils purent voir à nouveau, tous découvrirent que la pièce avait changé de disposition.

Tout d'abord, les membres étaient désormais sur quatre rangs : au rang supérieur, il y avait les sièges des douze familles ayant fondé le Magenmagot, les sièges des vingt-huit familles vassales étaient placés sur les deux rangs suivants et enfin, les directrices et les directeurs des différents départements du ministère. Les spectateurs se trouvaient au pied de la scène et beaucoup furent surpris d'y découvrir le ministre de la magie en personne, signe qu'il n'aurait jamais dû y avoir un siège officiel à son poste. Le président du Magenmagot était à ses côtés, signe que son siège n'était pas légitime, et foule d'autres détails.

Alors que le ministre s'indignait de son absence de siège permanent, Vernon observa les lieux et nota que bon nombre de membres n'avaient plus leurs places dans l'assemblée, se retrouvant ainsi dans la fosse avec le ministre, mais qu'il restait des sièges – ou loges pour être précis – complètement vides. Pour avoir étudié l'histoire de cette assemblée, quand ces « honorables » membres allaient savoir pourquoi, ils allaient s'étouffer.

Il ne fallut pas longtemps pour qu'on se rende compte que parmi les douze sièges des familles fondatrices, seuls trois étaient occupés : les Black, les Prince et … les Potter. Ou plutôt, les Peverell, dont les Potter étaient les descendants directs. Quand leurs détracteurs comprirent ce que cela impliquait, ils blanchirent radicalement. Jusqu'à l'arrivée de Dumbledore sur la scène politique, les familles Black et Prince restaient parmi les plus puissantes du pays, avaient un rayonnement européen important et un réseau dans le monde entier. Contrairement à elles, les Potter s'étaient cantonnés à l'Europe et n'avaient jamais ouvertement revendiqué leur parenté avec les Peverell. Quand l'un d'entre eux devait siéger en tant que Peverell, ils masquaient toujours leur visage et se passaient allègrement de tout acte de sociabilité. Ils ne faisaient usage de ce siège que dans les très grandes occasions qui étaient inexistantes depuis maintenant trois siècles. Dès que Dumbledore avait gagné – et entériné – son siège de président du Magenmagot, il s'était efforcé de réduire à néant les Black et les Prince qui pourraient l'empêcher de mener le monde selon sa vision du plus grand Bien.

Le silence reprit sa place quand Harry regagna sa place non pas parmi les vingt-huit sacrés mais parmi les douze fondateurs. Voir le siège des Peverell ne pas rejeter le jeune homme avait fait comprendre qu'ils vivaient un moment historique mais qu'il allait l'être à leurs dépens. Harry balaya tranquillement la salle avant de prendre la parole.

-Honorés descendants de fondateurs, c'est un plaisir de vous voir à mes côtés, s'inclina Harry.

Le rictus de Severus Eileen Prince, anciennement Severus Tobias Snape, exprimait clairement ce qu'il pensait : certains allaient amèrement regretter leurs paroles et leurs actes, maintenant que la Magie avait prouvé qu'ils étaient supérieurs politiquement parlant à eux. De l'autre côté, Sirius Black, libéré dans le plus secret de la prison d'Azkaban un an plus tôt, indiquait silencieusement qu'il n'allait pas leur faire de cadeaux à aucun d'entre eux.

-Je vais faire un rapide cours d'histoire avant que nous ne reprenions les discussions, décréta Harry. Aux côtés de la famille Black, de la famille Prince et de la famille Peverell se trouvent encore huit autres familles qui ont fondé le Magenmagot : Serpentard, Serdaigle, Cromwell, Dartmoor, Green, Gemnen, Odgen, Stuart et Greyback.

Sentant que les sorciers allaient s'indigner à l'entente de certains noms, Harry reprit rapidement la parole.

-Ces familles, tonna Harry, ce qui ramena le silence, ont toutes été exclues de cette assemblée ces derniers siècles parce qu'elles ne correspondaient pas à la version étroite d'esprit des sorciers qui se considéraient comme supérieurs à tous les êtres magiques alors qu'ils ne sont que les enfants les plus jeunes et les plus égocentriques de la Magie. Selon les lois fondatrices de cette assemblée, ces douze familles sont les seules à pouvoir ratifier les lois magiques. En leur absence, il revient à cette assemblée sous ce format d'édicter les lois pour permettre à tous les êtres magiques de ce royaume de vivre en harmonie devant la magie. Mais depuis presqu'un siècle, nos lois sont bafouées et certains, gonflés de leur importance factice, ont cru qu'ils étaient en droit de modeler la société selon leur vision du monde et sans même penser aux conséquences sur la Magie.

La pique envers Dumbledore et Voldemort était parfaitement évidente et personne n'eut l'audace de le contester.

-Dans les lois qui régissent le fonctionnement de cette assemblée, siffla Harry, lois qui doivent se trouver dans toutes les bibliothèques des familles qui siègent en ces lieux, à aucun moment l'espèce magique ou même le genre ne sont des critères discriminatoires pour empêcher quiconque de reprendre son siège ou de représenter son chef de famille. Alors votre indignation, vous pouvez la mettre là où je pense jusqu'à ce que vous puissiez me prouver que mon oncle ne peut pas défendre les intérêts de la famille Potter, de la famille Peverell et par extension, ceux de la Magie !

Harry jeta un coup d'œil à Severus et à Sirius qui hochèrent la tête.

-Désormais, si l'un d'entre vous souhaite qu'une séance du Magenmagot ait lieu, qu'ils utilisent la procédure, décréta Harry. Il est temps que ce peuple se rappelle qu'il n'est pas seul sur terre et qu'il ne sera jamais supérieur aux autres êtres magiques qui vivent sur cette terre, sauf quand ça concerne sa bêtise crasse, son étroitesse d'esprit ou encore sa faiblesse magique ! La séance est levée !

En moins de temps qu'il ne fallait le dire, tout le monde fut fermement poussé par magie à quitter la salle. Vernon sourit en suivant son neveu et savait que dès qu'ils reviendraient chez eux, des lettres officielles partiraient pour les chefs des familles fondatrices du Magenmagot pour une petite remise à niveau.

Fin Flash-Back

Cette scène avait eu lieu deux ans plus tôt et la réforme de l'assemblée avait piqué bon nombre de bureaucrates, quand elle ne les avait pas renvoyés avec pertes et fracas. Même si certains des plus obtus avaient réussi à rester, Vernon leur avait rabattu le caquet plus d'une fois en démontrant une connaissance encore plus pointue qu'eux des lois britanniques et n'hésitait pas à les mettre en porte-à-faux. Bien entendu, il y en avait eu qui avaient voulu le faire disparaître définitivement du paysage mais les douze familles avaient tant et si bien répliqué que c'était de l'histoire ancienne.

Cela ne les empêchait pas de tenter leur chance de temps à autre. Comme aujourd'hui.

-Monsieur Vers, salua la sorcière. Suivez-moi, je vous prie.

Le ministère de la magie britannique avait organisé cette année un concours pour permettre à une cinquantaine de jeunes sorcières et sorciers de connaître son fonctionnement de manière plus précis. Pour cela, il avait demandé la participation de tous les membres de l'assemblée pour qu'ils accueillent un stagiaire pendant trois mois dans leurs fonctions. A l'issue, lesdits stagiaires devaient faire un rapport et une commission s'appuierait dessus pour entamer des réformes dans les différents secteurs où ils auraient noté des faiblesses.

Malgré son absence de pouvoirs, Vernon avait su nouer des contacts fiables au sein du gouvernement et s'était fait des amis sincères. Cela lui avait permis de connaître en même temps que les autres le nom du stagiaire qui allait l'accompagner ses prochains déplacements.

Ou plutôt, le boulet qu'il allait devoir traîner sans avoir envie de le balancer à travers la première fenêtre venue.

-Monsieur Vers, déclara la sorcière, voici la personne qui vous a été assignée.

-Hermione Granger, fit la brune, neutre.

-Vernon Vers, se présenta Vernon.

Il porta un regard critique sur la jeune femme avant d'aviser l'une de ses collègues.

-Dame Augusta, c'est un plaisir de vous voir, s'inclina Vernon.

-Le plaisir est partagé, sourit Augusta Longbottom. Puis-je vous aider ?

-Je pense que cela se passe de commentaire, déclara Vernon en désignant du regard la brune qui s'indignait.

-En effet, répondit Augusta en pinçant les lèvres. Je peux m'en occuper, puisque vous n'êtes pas encore arrivé à ce stade …

-Ma chère moitié vous en remercie, sourit Vernon.

L'homme se tourna vers la jeune femme qui s'étouffait de rage.

-J'ai eu l'occasion de lire la convocation du ministère, claqua froidement Vernon. Or, votre tenue n'est correcte ni dans les critères sorciers ni dans l'autre monde. Lady Longbottom se propose aimablement de remédier à cette situation donc vous serez priée de vous présenter à son bureau demain matin à neuf heures pour qu'elle puisse vous trouver une garde-robe adéquate. Avant de vous offusquer, je vous signale que vous êtes censé être l'avenir de cette nation et cela comprend respecter la personne qui a accepté de vous donner du temps et de partager ses connaissances pour former le futur des prochaines générations de sorcières et de sorciers. Au-delà de cela, vous serez par extension un reflet de l'image du clan Potter et il est hors de question qu'à cause d'une divergence d'opinion ou même de détails comme votre tenue, vous entachiez sa réputation. Ma suis-je bien fait comprendre ?

-Je ne suis pas une enfant ! grinça Hermione

-Alors cessez de vous conduire comme tel, tança Vernon. Seize heures, milady ?

-Nous devrions avoir fini, sourit Augusta. Bonne journée, monsieur Vers.

-A vous aussi, milady, s'inclina Vernon. Mademoiselle Granger, je vous revoie demain.

Vernon tourna des talons et s'enfonça dans la foule. Il avait encore certaines choses à faire avant d'accueillir cette petite peste.