Je vous souhaite une bonne lecture.


Le feu d'artifice prit fin puis la soirée. Ils avaient dansé, bu et chanté jusqu'au bout de la nuit. Ils s'étaient amusés comme jamais et les invités avaient fini par rentrer chez-eux si bien qu'ils n'étaient plus que six présents au café. Ou plutôt sur le trottoir en train de fermer les portes. Lola monta dans la voiture d'Adam prête à finir la nuit en apothéose, Brett salua son meilleur ami.

- Je te laisse l'appart, lui glissa-t-il en le prenant dans ses bras avant de rejoindre sa copine.

Maintenant il ne restait plus que Jake et Ryder. Ils se regardaient sans trop savoir quoi faire, Ryder basculant d'un pied sur l'autre mal à l'aise.

-On fait quoi maintenant ? finit-il par demander.

Sans un mot, le jeune métis lui attrapa la main et l'entraina en direction du loft des colocataires.

- Donc on va chez moi.

- Oui. c'est plus proche que mon appart, déclara Jake en lui adressant un clin d'œil

Ils firent le reste du chemin en silence, main dans la main, leurs doigts entrelacés comme si c'était la chose la plus naturelle au monde L'esprit de Ryder bouillonnait. Il avait tellement de questions qu'il ne savait même pas par où commencer et il en avait le tournis.

Ils arrivèrent devant la porte du loft. La main de Ryder trembla au moment de la déverrouiller. Jake se rapprocha, se collant ainsi à son dos. Il glissa sa main sur la sienne pour lui piquer la clé.

- Laisse-moi faire, lui susurra-t-il au creux de l'oreille

Ryder frissonna au son de sa voix.

Ils pénétrèrent enfin dans l'appartement. Le locataire des lieux commença à s'affairer sous le regard amusé de Jake. Ryder jeta sa veste sur le canapé rangeant un magazine trainant par-ci, gonflant un coussin par-là. Il alla ensuite vers la cuisine pour sortir un verre puis se ravisa pour en sortir un second.

- Tu veux boire quelque chose ?

Il était extrêmement nerveux et dans ces cas-là, il avait besoin de s'occuper les mains.

Seul un rire amusé lui répondit. Il leva les yeux vers Jake qui l'avait rejoint. Ce dernier lui débarrassa les mains et déposa plusieurs baisers légers sur ses lèvres.

- Je ne compte pas changer d'avis Ryder. Je suis là et je ne compte pas m'envoler avec le lever du soleil. Je vais rester. Je veux rester. Enfin si tu veux bien de moi.

Ryder hocha la tête et Jake fondit sur ses lèvres. Alors qu'ils entamaient un tripotage dans les règles de l'art, Ryder s'écarta de son ami - ou plutôt amant compte tenu de la situation - pour reprendre son souffle

- J'aurais besoin d'explications, haleta-t-il alors que Jake l'embrassait dans le cou.

- Tu auras tes réponses, souffla à son tour le jeune homme entre deux baisers. Mais plus tard. Pour l'instant, on a plus intéressant à faire.

Ryder lui rendit un baiser puis le tira vers sa chambre. Cette nuit-là ils firent l'amour. D'abord avec pudeur. Leurs corps se découvrirent avant de se compléter parfaitement pour ne faire plus qu'un. La passion les emporta. Oui les questions pouvaient attendre, le bonheur lui n'attendait pas.

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Ryder sentit une douce chaleur lui effleurer le visage. Le soleil était déjà haut dans le ciel, et quelques rayons s'étaient frayés un chemin à travers les rideaux. Il se retourna et ouvrit les yeux sur un oreiller vide. Il se redressa d'un seul coup soudain parfaitement réveillé. Jake n'était plus là. Avait-il complètement halluciné la nuit précédente ? Une légère effluve sucrée vint lui chatouiller le nez et en tendant l'oreille, il pouvait entendre quelqu'un chantonner. Il expira bruyamment, réalisant ainsi qu'il avait retenu sa respiration jusque là. En jetant un coup d'œil à la pièce, il esquissa un sourire en découvrant ses vêtements et ceux de Jake éparpillés sur la moquette. Non il n'avait pas rêvé. Il attrapa un jogging qu'il enfila rapidement et gagna la cuisine. Jake était bien là en train de faire des gaufres. Il ne l'avait pas encore remarqué alors, appuyé contre le chambranle de la porte, il en profita pour l'observer. Ce dernier se déhanchait sur le dernier tube à la mode, simplement vêtu d'un t-shirt que Ryder ne connaissait que trop bien - puisque que c'était le sien - et d'un caleçon. Il s'approcha délicatement et se glissa dans le dos de son amant plaquant son bas ventre au creux des reins du jeune métis. Alors qu'il commençait à glisser ses mains sous son t-shirt, Jake le stoppa et se retourna pour lui voler un baiser.

- Bonjour bel endormi.

- Salut, lança Ryder en déposant à son tour un baiser sur ses lèvres.

Le baiser se voulait chaste mais très vite les deux jeunes hommes s'enflammèrent. Ce fut Jake qui les arrêta dans leur élan.

- Je ne sais pas toi mais toute cette activité nocturne m'a donné faim, dit-il en ponctuant chaque mot d'un baiser.

- Mmmmm, j'avoue que j'ai besoin de reprendre des forces, ajouta Ryder en s'installant à table.

Il commença à picorer dans sa gaufre cherchant comment aborder le sujet qui le turlupinait.

- Soit je cuisine comme un pied, soit quelque chose te dérange, déclara Jake avant d'avaler une gorger de café.

Ryder leva la tête de son assiette et plongea son regard dans celui de son ami.

- La soirée n'a pas vraiment tourné comme je l'avais imaginée.

- Je n'en doute pas. Rassure-moi. Tu n'es pas déçu de la tournure des événements ?

Ryder gloussa et leva les yeux au ciel.

- Evidement que non. Mais j'ai besoin de comprendre. Je te retrouve après cinq ans d'absence au bras de la charmante Lola et maintenant, tu finis dans mon lit. Avoue que je suis en droit de me poser quelques questions. Non ?

- Très bien, je pense que je te dois une explication. D'abord, je vais peut-être te décevoir mais tu n'es pas le premier homme avec qui je finis dans un lit. Tu n'es pas le seul avoir eu une prise de conscience après le lycée.

- Rassure-toi, retorqua Ryder, je l'avais deviné. Tu ne m'as pas eu l'air d'un débutant cette nuit.

- Et puis on va dire que j'ai quelques peu été bousculé par la soirée de Noël et ton baiser.

Ryder grimaça, honteux de son comportement lors de cette fameuse fête.

- Et pour finir, les vacances m'ont permis de faire le point.

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10 jours plus tôt.

Jake inspira profondément en sortant du taxi. Que c'était bon d'être chez soi . A peine avait-il posé un pied sur le trottoir que sa mère ouvrit la porte pour l'accueillir.

- Mon chéri. Que c'est bon de t'avoir à la maison. Tu devrais revenir plus souvent.

- Je sais maman, dit-il en la serrant dans ses bras. Toi aussi tu m'as manqué.

- Allez viens mon fils, j'ai des biscuits au four qui n'attendent que toi.

Sans le savoir, sa mère venait de lui proposer exactement ce qu'il avait besoin, du réconfort

La maison embaumait la cannelle, son péché mignon. Il monta pour ranger sa valise mais à peine la porte de la chambre de son adolescence franchit que les souvenirs le submergèrent. Il se laissa tomber sur son lit et laissa sa mémoire divaguer vers ses années lycées. Combien de moments avait il partagé avec Ryder dans cette chambre ? Il s'était toujours refusé d'y repenser mais depuis qu'il l'avait revu à New York, ses souvenirs se faisaient plus vifs. D'autant plus depuis l'autre soir.

- C'est prêt, lança sa mère depuis le rez de chaussé.

Laissant son passé entre les quatre murs de sa chambre, il descendit et s'installa devant une tasse de chocolat chaud et quelques biscuits tout juste sortis du four.

- Ça va mon chéri ? demanda sa mère avec inquiétude alors que le silence s'éternisait

- Oui. Je suis juste fatigué par le voyage.

Mais ce n'était pas seulement ça. Il le savait mais n'était pas encore prêt à en parler. Les jours passèrent et il donna le change autant qu'il le put. Il avait toujours su cacher ses émotions, mettre de coté ses sentiments. Il était comme ça. Il faisait semblant depuis tellement longtemps qu'il n'était pas sûr de savoir comment faire autrement. Toutefois, la réalité le rattrapait à chaque fois qu'il passait la porte de sa chambre. Ses souvenirs se faisaient plus présents, ses émotions étaient plus vives dans cette pièce. Et il avait de plus en plus de mal à y faire face. Il cogitait sans cesse en essayant d'analyser ses sentiments. Sa mère avait tenté de le faire parler mais à chaque fois, il se refermait sur lui-même. Il savait qu'elle aurait des questions auxquelles il n'avait pour le moment aucune réponse. Deux jours avant son départ, il n'eut d'autre choix que d'affronter la réalité. D'abord ce fut Lola qui le confronta. Ils avaient discuté par sms à plusieurs reprises mais il sentait que la jeune femme s'était retenu de lui dire certaines choses. Jusqu'à ce qu'elle l'appelle.

- Tu reviens bien pour la fête ? l'interrogea-t-elle sans préambule.

- Oui. Mais ça tu le sais déjà. Pourquoi tu m'appelles Lola ?

- Tu sais pour quelle raison je t'ai quitté ?

Jake souffla. La conversation risquait d'être des plus désagréables. Et avant qu'il ne puisse dire quelque chose, elle continua.

- Ton cœur était déjà pris et pas par moi. Et ne t'avise surtout pas de raccrocher. Parce que tu me connais, je te harcèlerai jusqu'à ce que j'ai fini. Ça fait un moment que je me retiens et ça ne peut plus durer plus longtemps. J'en ai assez de voir souffrir mes amis.

Jake ne répondit rien. Il savait que ça ne servait plus à rien de lutter. Voyant que son ami, ne disait rien, Lola continua.

- Tu n'étais pas amoureux de moi. Tu le pensais peut être mais j'ai très vite compris que quelqu'un d'autre occupait ton esprit. J'ai vu comment tu le regardes. Jamais tu ne m'as regardée comme ça. Et attention je ne t'en veux pas. Tu me plaisais mais j'ai jamais eu de sentiments amoureux pour toi. On était bien ensemble et ça me suffisait. Et puis on est tombé sur lui et là j'ai compris.

- Tu ne sais rien Lola, murmura le jeune homme

- Non effectivement. Je ne sais rien de votre passé. Par contre j'ai des yeux. Tu le dévores du regard quand tu penses qu'on ne t'observe pas. Tu le cherches dès qu'il disparaît de ton champ de vision. Vous vous comprenez sans vous parler. Même un aveugle verrait ce que moi j'ai perçu. Et je sais ce qu'il s'est passé lors de la fête de Noël.

Le silence s'installa. Puis se prolongea de longues secondes.

- Jake ? T'es toujours là .

- Que veux tu que je dise ?

- Aucune idée, s'emporta Lola. Ce que tu ressens par exemple ! Je pense qu'il faut que tu en parles. Si ce n'est pas à moi, trouve quelqu'un d'autre. Mais cette situation te bouffe au point que tu l'évites.

Elle n'avait pas tout à fait tord. Il n'avait pas adressé un mot à Ryder depuis l'incident de l'autre soir.

- Très bien. Il m'a embrassé et alors ? Il était complètement torché, il a dit des trucs et m'a embrassé. Point. Y a rien de plus à dire. Ça ne voulait rien dire. Quant à ce que tu penses avoir perçu de ma part, ton imagination est débordante Lola.

- Tu vas vraiment nier ? Je suis ton amie Jake. Je ne te jugerai pas.

Le jeune homme inspira profondément. Il devait se résigner. Après tout, quitte à verbaliser ses pensées autant les partager avec une amie.

- A l'époque du lycée, il était mon meilleur ami. On trainait tout le temps ensemble on se confiait tout...Ou du moins je le pensais. Puis je l'ai blessé. Pas intentionnellement mais ça a mis fin à notre amitié. Le retrouver maintenant m'a mis une claque dans la figure. Pas juste une petite pichenette. Non un truc bien violent qui a remué pas mal de chose en moi.

Jake stoppa son récit pour reprendre son souffle.

- Vous devriez vous parler, lui dit Lola. Vous êtes amis. Trop de non-dits vont finir par briser cette belle relation que vous avez réussi à reconstruire. Et puis, qui sait ? Tu pourrais avoir une bonne surprise.

- J'ai assez morflé. Quand après le bal de fin d'études il a disparu de la circulation, je suis devenu une vrai loque. J'ai fait pas mal de conneries et une fois l'été passé, j'ai décidé de reprendre ma vie en main. Je ne suis pas prêt à le reperdre à nouveau. Le perdre...

- Tu ne m'écoutes pas, déclara Lola avec plus de virulence. Si tu préfères te morfondre, libre à toi. Il existe une solution à cette putain de situation. Une discussion à cœur ouvert avec ton meilleur ami. Tu as toutes les clés en main, à toi de t'en servir.

Sur ces dernières paroles, elle raccrocha, laissant Jake complètement abasourdi. Il n'avait jamais vu Lola en colère. Elle toujours si douce et posée, venait de l'engueuler en beauté. Il balança son téléphone sur son lit et se mit à ranger sa chambre. En général, cela lui permettait de remettre ses idées en place.

Sa mère le rejoint dans sa chambre alors qu'il était en train de mettre un peu d'ordre dans son placard. A son regard, il comprit qu'il ne pourrait pas esquiver une nouvelle confrontation.


Plus qu'un petit chapitre pour conclure cette histoire.