Chapitre 7 :

La sorcière leur lança un maléfice que Harry évita sans trop de problème même si il s'écorcha le genou et faillit perdre ses lunettes en exécutant cette incroyable et dangereuse cascade que les néophytes ont le mauvais gout d'appeler : roulade avant.

Il aurait dû prévenir les aurors, ou du moins Ron. Pas suivre Leto comme ça, au milieu de… ? Bon sang il ne savait même pas où il était. Le quartier dans lequel ils avaient transplané était de toute évidence sorcier. Des hiboux et des chouettes survolaient paresseusement les maisons. Un gros croup se roulait dans la neige toute fraiche sous les rires d'une petite fille emmitouflée dans un gros manteau violet pailleté.

La gamine cessa de rire quand Léto et lui passèrent en courant devant son jardin à la poursuite de la femme. Le croup commença à leur courir après en grognant de manière inquiétante. La vue de ses rangées de dents effilées fit nettement accélérer allure des deux futurs aurors. Harry se demanda ce que la mioche à paillette attendait pour rappeler son monstrueux clébard –qui était rapide le bougre-, il avait un peu peur qu'Ophiuchus perde patience et jette un sort à l'animal. Mais un « Doudou au pied ! » venant d'une petite voix péremptoire et aiguë fit cesser immédiatement la course du molosse, même si Harry ne put s'empêcher de remarquer que le bougre avait l'air déçu en faisant demi-tour.

A l'opposé des émotions du croup, le brun échangea un regard soulagé avec son ancien élève. Léto tenait fort sa baguette dans sa main mais elle ne tremblait pas, c'était déjà ça. Il n'eut même pas une seconde d'hésitation quand il s'engouffra à la suite de la sorcière dans une maison sur leur droite.

-Bordel, grogna Harry en les suivant.

Depuis quand un serpentard entrait dans une maison potentiellement dangereuse tête baissée ? Il allait falloir qu'il ait une sérieuse discussion avec le jeune homme plus tard.

Harry avait raison de s'inquiéter, Ophiuchus dans le hall déclencha un piège et poussa un cri de douleur mais à la grande stupeur de Harry il continua à courir. Harry voulut l'arrêter et attrapa un pan de son manteau mais Ophiuchus se dégagea d'un geste sec, les dents serrées.

En réalité, toute la matinée le jeune homme avait paru d'humeur exécrable, et cette petite course-poursuite n'avait pas aidé à améliorer son humeur.

La sorcière était à présent acculée dans la cuisine et elle pointait sa baguette sur eux.

-Lâchez votre baguette ! ordonna Léto la respiration courte et une grimace de douleur déformant ses traits.

-Sinon quoi morveux ?! grogna la femme qui, elle, ne semblait pas être fatiguée par cette course.

-Morveux ? s'insurgea Léto. J'ai dix-neuf ans !

Harry leva les yeux au ciel. La femme avait la trentaine, brune avec des taches de rousseur, et un nez légèrement en trompette. Harry devait admettre que, malgré sa moue dédaigneuse alors qu'elle fixait Ophiuchus, elle était plutôt jolie. Restait à savoir pourquoi elle avait réagi ainsi à leur contrôle d'identité (un exercice simple que leur avait demandé leur instructeur mais il fallait croire que Harry n'avait jamais de chance et que les situations louches étaient toujours pour sa pomme) et pourquoi sa maison était piégée.

-Madame, baissez votre baguette, dit-il, vous êtes en état d'arrestation pour fuite devant un contrôle des Aurors et pour avoir blessé un élève-officier.

Le regard de la sorcière se tourna vers lui et elle écarquilla les yeux.

-Vous…vous êtes Harry Potter ? souffla-telle.

-Je suis l'aspirant Auror Harry Potter, confirma Harry. Baissez votre baguette. S'il vous plait.

La femme se mit à rougir.

-Oui, bien-bien sûr, balbutia-t-elle en rangeant sa baguette dans sa poche. Je ne voulais pas courir ainsi, mais vous m'avez surprise…Je suis vraiment désolée.

Léto regarda Harry d'un air mi-offusqué, mi-surpris.

-Je…vais devoir vous amener au poste, poursuivit Harry un peu pris au dépourvu.

-D'accord, ronronna la femme en attrapant son bras et en lui envoyant un sourire intimidé. Transplanons, Monsieur l'Auror.

-Ok, ça devient bizarre, commenta Léto.

C'était aussi l'avis de Harry mais sa détenue se contenta de le regarder des étoiles plein les yeux, toujours pendu à son bras, alors Harry transplana.

°O°O°O°O°

Ophiuchus n'était pas à l'aise dans cet hôpital mais Potter l'avait obligé à venir y faire un check-up après qu'ils aient arrêté la femme. Son ancien professeur avait guéri le gros de la blessure mais il avait peur que du poison soit dans son système.

Une fois au département des Aurors, ils avaient laissé leurs collègues se débrouiller avec la sorcière fugitive (apparemment une petite trafiquante de potion) et Potter l'avait amené à Sainte-Mangouste.

Pour dire vrai, Ophiuchus avait encore un peu mal au niveau du côté droit de son torse mais il préférait mourir que l'avouer au Grand Harry Potter. Il s'en voulait déjà énormément d'avoir déclenché ce stupide piège. Il avait foncé tête baissée après la sorcière comme…comme un taré de gryffondor ! Or Ophiuchus n'était pas comme ces stupides gars pleins de testostérones qui ne pensent qu'à sauver la veuve et l'orphelin en étant le plus bourrins possibles. Ophiuchus était un être réfléchi en temps normal. Il aimait analyser la situation avant de passer à l'action. Et il était bon à ça ! Habituellement il n'aurait jamais agis aussi stupidement mais depuis quelques jours sa raison semblait avoir de légers ratés ! Il détestait ça et il savait très bien à qui en incombait la faute. Il se renfrogna dans son coin, refusant d'y penser plus sérieusement.

L'infirmière leur avait dit d'attendre qu'un médecin soit libre et ça faisait déjà dix minutes qu'ils étaient dans l'accueil de l'hôpital. Potter était plus ou moins avachi sur un des fauteuils de la salle d'attente mais Ophiuchus refusait d'en faire de même. Il se tenait droit et stoïque et tant pis s'il rêvait de s'assoir aussi pour soulager un peu sa douleur.

-Bonjour…fit une voix féminine et hésitante qui lui fit tourner la tête en direction de son célèbre coéquipier de la journée.

La jeune femme devait avoir son âge, c'est-à-dire tout juste la vingtaine et elle fixait Potter, les yeux brillants, à la fois émerveillée et intimidée. Un peu plus loin derrière elle, deux autres jeunes femmes trépignaient presque de nervosité en les regardant, probablement des amies moins courageuse que celle qui se tenait devant son ancien professeur.

Il eut honte pour elles et était un peu irrité aussi. Même si Ophiuchus était gay, c'était agaçant à la longue de voir toutes les femmes se pâmer pour l'Elu au point d'en perdre toute dignité. Elles n'étaient jamais très subtiles. Elles trébuchaient dans ses bras ou sur ses genoux s'il était assis, ou elle glissait leur adresse sur un papier et un « hiboute-moi » à son oreille. Et Potter était toujours courtois et peut-être les revoyait-il après mais s'il le faisait, il ne s'en vantait pas auprès de ses camarades de classe. En tous cas, Ophiuchus ne l'avait jamais vu « consommer sur place ». Il regarda Potter sourire à sa jeune groupie et l'entendit la saluer en retour. Ce qui ne manqua pas de faire rougir la jeune femme.

Puis elle sembla se reprendre, redressa ses épaules, et balança ses longs cheveux châtains en arrière. Ophiuchus leva les yeux au ciel, dégouté. Qu'est-ce qu'elles avaient toutes aujourd'hui ? Ça avait été déjà complétement gênant de voir la sorcière qui avait tenté de les semer et avait piégé sa maison, se jeter dans les bras de Potter pour se faire arrêter dès qu'elle l'avait reconnu.

-Vous n'êtes pas blessé j'espère, demanda la groupie en détaillant Potter sans vergogne des pieds à la tête.

-Non, mais c'est gentil de vous en inquiéter, mademoiselle… ?

Merlin, est ce que Potter se rendait compte qu'il l'encourageait ?

-A..Anna. C'est probablement présomptueux de ma part de vouloir inviter Harry Potter à boire un café avec mes amies et moi, poursuivit-elle avec un charmant sourire à la fois plein d'audace et de timidité.

Ophiuchus avait envie de dégobiller.

-ça aurait été avec plaisir Anna, répondit Potter en souriant, mais j'accompagne un ami.

Il le pointa du menton. Ophiuchus lui renvoya un regard méprisant, détestant le fait d'être mêlé à tout ça. Potter lui adressa un petit sourire d'excuse.

-Il est le bienvenu aussi ! s'exclama la jeune femme après l'avoir brièvement jaugé et probablement catalogué « sans importance ».

Ophiuchus renifla mais l'arrivée d'une infirmière l'empêcha de répondre négativement à l'invitation. Alors qu'il suivait l'infirmière dans les nombreux couloirs, sous l'injonction de cette dernière, il se rendit compte que Potter le suivait aussi.

-Vous n'êtes pas obligé de me materner, murmura-t-il entre ses dents, je vais bien.

-Je sais, tu es un grand garçon. Mais nous étions ensemble sur cette…mission, je suppose, expliqua son ancien professeur, je partirais une fois qu'un médicomage t'aura ausculté et affirmé que tu te portes comme un charme.

-En parlant de charme, ces trois filles risquent de chercher à me maudire pour vous avoir enlevé à elles, marmonna Ophiuchus.

Et c'était bien la dernière chose dont il avait besoin, une malédiction de la part de sorcières gloussante avec des hormones en ébullition.

-Tu as une légère tendance à l'exagération ou c'est moi ? se contenta de répondre Potter avec un sourire en coin. Elles m'ont semblé charmantes.

Ophiuchus refusa de répondre à ça, même si Harry Potter n'était plus son professeur il rechignait toujours à devenir vulgaire devant lui. Sept ans de conditionnement.

-Et puis tu aurais pu profiter de leur invitation, au moins apprendre à les connaître.

Ophiuchus renonça à lui expliquer que la fille ne l'avait invitée que pour ferrer le plus gros poisson à savoir le héros du monde sorcier en personne.

-Pas mon genre, grogna-t-il simplement.

Il se demanda si Potter savait vraiment ce que signifiait sa réponse, quoi qu'il en fut, l'homme ne lui fit aucun commentaire. Après tout, il était à peu près sûr qu'il avait deviné qu'Ophiuchus était gay quand il avait du le ramener ivre chez ce connard de Devnet. Mais Potter ne l'avait jamais interrogé là-dessus. Peut-être qu'il s'en fichait. Le héros du monde sorcier était encore ami avec le professeur Draco Malfoy même une fois que l'homosexualité de ce dernier fut révélée au grand jour donc ça voulait à priori dire qu'il n'était pas homophobe. En plus Malfoy était un ancien mangemort…et il restait dans l'entourage du grand héros en toute impunité. Ça ne regardait pas Ophiuchus. L'année dernière en France, le professeur Malfoy lui avait fait une grande impression mais comme la majorité des sorciers il trouvait ça étrange. Enfin il supposait qu'il fallait être un peu étrange pour supporter tout ce que Potter avait du supporter au cours de sa vie sans devenir complétement taré et/ou suicidaire.

L'infirmière toqua à une porte et poussa Ophiuchus à l'intérieur.

-Je t'attends ici, l'informa Potter du couloir avant que la porte ne se referme derrière Ophiuchus.

Il y avait deux médicomages dans la pièce d'auscultation et l'un des deux lui était douloureusement familier. Ophiuchus sentit sa gorge se serrer et une envie immature de faire demi-tour en courant. Mais à la place, il respira profondément et s'approcha de la table d'auscultation.

-Je suis le médicomage Harvey, se présenta un barbu d' une quarantaine d'année tout en consultant ce qui devait être le dossier médical d'Ophiuchus des yeux, et voici mon interne, Devnet O'Flaherty.

-J'ai reçu un sortilège au niveau de mes côtes au cours d'une mission, marmonna Ophiuchus en évitant avec succès de regarder O'Flaherty et sans prendre la peine de se présenter lui-même, après tout son nom était inscrit dans le dossier.

-Ah ces Aurors ! Chaque année ils viennent nous rendre visite, à un moment donné ou à un autre. Vous verrez Sainte Mangouste va devenir une seconde maison pour vous aussi ! Mais n'abusez pas des bonnes choses, hein jeune homme ? J'aime encore mieux vous savoir en dehors de ces murs, apte et prêt à pourfendre les méchants. N'est-ce pas Devnet ?

Comme seul un silence de mort lui répondit, le médicomage perdit un peu de sa bonhommie avant de se racler la gorge histoire de reprendre contenance.

-Bien, voyons voir ça, reprit-il, pouvez-vous vous déshabiller ? Gardez seulement votre caleçon.

Ophiuchus hocha la tête et commença à enlever ses vêtements, il grimaça juste quand il dut passer son t-shirt au-dessus de sa tête.

Un bleu immense tirant déjà sur le violet lui mangeait la moitié du côté droit de son torse.

Le médicomage laissa planer ses mains au dessus de sa peau, sans la toucher mais Ophiuchus ressentit quand même de légers picotements.

-Il n'y a rien de casser, murmura le médicomage Harvey. Et je vois que quelqu'un a déjà lancer un sortilège basique de guérison…à la perfection d'ailleurs. Probablement un Auror confirmé …mais je ne reconnais pas cette signature magique. Du bon travail, en tous cas !

Ophiuchus renonça à donner le nom de Potter. Le médicomage risquait de sortir pour le féliciter et au passage lui demander un autographe et Ophiuchus avait déjà assez profité de la vue du golden boy interagissant avec ses fans pour la journée.

-Je pense qu'étaler un onguent à base de poudre de coquille d'œuf de dragons, suffira. Devnet va vous l'appliquer. C'est un très bon anti-inflammatoire.

-Je peux le faire moi-même ! s'écria presque Ophiuchus qui même s'il ne regardait pas frontalement O'Flaherty l'avait clairement vu se tendre.

-Voyons mon cher, appliqué par un médicomage, l'effet de n'importe quel onguent est beaucoup plus efficace. On ne vous apprend pas ça à l'école des Aurors ? Je vous laisse, j'ai encore des papiers à remplir…Devnet, quand tu auras fini avec ce jeune homme, tu pourras rejoindre la médicomage Midre, je crois qu'il a du nouveau sur le cas de Miss Lounan… Monsieur Léto.

Ophiuchus ne répondit pas à son salut et regarda la porte se fermer comme dans un rêve. Il poussa un soupire et commença à se rhabiller.

-Qu'est-ce que tu fous ?

La voix de O'Flaherty manquait de son enthousiasme habituel, cette fois ça ressemblait plus à un grognement. Ophiuchus commit la faute de le regarder, ce fut bref mais ça suffit le rendre encore plus maussade.

-ça ne se voit pas ? Je me tire d'ici.

-Il faut que j'applique le baume.

Ophiuchus eut un reniflement dédaigneux. Il savait que les grandes mains du rouquin étaient chaudes et habiles, de vraies mains de guérisseur. Il savait aussi ce qu'elles pouvaient faire sur son corps.

-Tu n'as pas envie de me toucher. Tu me l'as clairement fait comprendre la dernière fois. Ne t'en fais pas, je dirais à tout le monde que j'ai été très bien soigné et que tu ne m'as pas tripoté plus que nécessaire car tu es tellement hétéro que tu te taperais même une porte du moment que l'article est féminin.

Il regarda O'Flaherty fourrager une main dans ses cheveux roux et visiblement prendre sur lui pour ne pas s'énerver. Un geste que Ophiuchus connaissait par cœur.

-Tu es ridicule. Enlève ce t-shirt, tout de suite.

-Oh, directif, j'aime ça ! C'est de moins en moins hétérosexuel tout ça monsieur le médicomage, sourit Ophiuchus faussement lascif, faites attention.

O'Flaherty planta ses yeux bleus et froids dans les siens, ne goutant apparemment pas la plaisanterie. Ophiuchus ne savait pas s'il allait le frapper ou l'embrasser. Quoi qu'il décide, Ophiuchus était prêt à tout lui rendre au centuple. Il n'avait jamais reculé devant ce type et tant pis si ce dernier avait piétiné son cœur, il ne reculera pas non plus aujourd'hui.

-Va te faire foutre ! lâcha finalement Devnet avant d'ouvrir la porte.

-Ouaip, mais pas par toi ! réagit-il dans une pathétique tentative de le choquer et de le faire se sentir assez agressé pour l'empêcher de fermer cette porte et continuer à lui parler. « Non, rectification : plus par toi. Connard. »

La porte claqua quand même après ça et Ophiuchus se prit la tête entre les mains, se persuadant qu'il n'en avait rien à faire. Devnet O'Flaherty était juste une plaie depuis qu'il faisait partie de sa vie. Ils avaient passé leur enfance à se battre, leur adolescence à se haïr et leur début de vie d'adulte à vivre ce truc bizarre qui n'était pas une amitié, pas une histoire d'amour…une relation faite de disputes totalement assumées et de rapports sexuels qui eux l'étaient beaucoup moins. Surtout de la part du connard. L'irlandais voulait dégager de sa vie, grand bien lui fasse ! Ophiuchus n'avait pas besoin de lui.

Il sursauta quand une main se posa sur son épaule et releva brusquement la tête.

Harry Potter se tenait à ses côtés et le regardait comme si il se souciait vraiment de lui. Ophiuchus eut envie de lui jeter un sortilège. Avant il aurait donné n'importe quoi pour que son idole soit plus proche de lui, mais en cours de route il s'était aperçu que ce n'était pas le bon gryffondor qu'il voulait à ses côtés. Il voulait celui qui riait à gorge déployée avec ses amis, celui qui faisait médecine parce que sa grande sœur était morte d'une maladie incurable quand il avait neuf ans, celui qui le dépassait d'une tête mais qui l'avait quelque fois laissé le serrer dans ses bras comme si Ophiuchus pouvait le protéger du monde…il voulait l'homme qui le détestait.

-Je suis gay ! lâcha Ophiuchus persuadé que son ancien professeur allait enlever sa main de son épaule.

Mais elle resta là, rassurante et amicale.

-C'est dégoutant, n'est-ce pas ? poursuivit-il doucement sans oser regarder Potter.

-Qui tu aimes, ça ne regarde que toi. Tu es un des meilleurs élèves à qui j'ai eu l'occasion d'enseigner et tu es en passe de devenir un des meilleurs Aurors de ta génération. Un sorcier aussi brillant que toi, qui en plus décide de dédier sa vie à la justice, je ne vois rien de dégoutant là-dedans. Ton orientation sexuelle n'est qu'une partie de ce qui te définit. Et tu peux être fier de qui tu es Ophiuchus Léto.

Ophiuchus le regarda en clignant des yeux. Potter souriait doucement mais il semblait triste aussi et c'était injuste qu'il lui dise des choses aussi gentilles avec un regard pareil. Il se redressa et posa ses lèvres sur celles de Harry Potter.

-Enfoirés !

Ophiuchus ouvrit brusquement les yeux. O'Flaherty venait de revenir, il avait l'air furieux et un peu chaud de l'avis de l'ancien serpentard. A côté de lui, Potter se tenait la mâchoire en grimaçant. Le rouquin s'apprêtait à frapper de nouveau leur ancien professeur mais il fut brusquement propulsé contre un mur par un flux de magie. Harry Potter se tenait toujours la mâchoire mais son autre main était sur sa baguette et un petit sourire dangereux dansait sur ses lèvres.

-Putain de connard ! cracha Devnet toujours plaqué contre le mur, les yeux luisants de haine en direction du héros du monde sorcier.

Ophiuchus se rendit alors compte qu'il avait osé embrasser Potter, qu'il ne savait même pas pourquoi il avait fait ça et que Devnet avait tout vu. Mais il trouvait ça totalement disproportionné que le rouquin soit dans cet état. Merde, il avait embrassé Potter, s'il y avait un moment dans sa vie où le sol devait s'ouvrir sous ses pieds, c'était maintenant.

Non ? Tant pis.

-Je crois qu'il y a un malentendu, s'éleva la voix posée de Potter. Calme-toi Devnet, ce n'était pas de quoi ça avait l'air.

O'Flaherty grogna devant cette excuse absurdement clichée.

-Vous l'avez embrassé ! cria le rouquin en essayant de se débattre contre ses liens invisibles.

-Non. Je l'ai embrassé, intervint Ophiuchus avant de se tourner vers Potter. Je suis désolé, je n'aurais jamais du faire ça.

Potter eut un petit geste de la main comme si ça n'avait pas la moindre importance et que tout était déjà oublié. C'était à la fois vexant et un soulagement. Devnet était devenu tout pâle et le fixait les dents serrées mais il ne se débattait plus.

Ophiuchus ne détourna pas le regard. Il se souvenait encore des mots de Potter avant qu'il ne déconne sévère : « Tu peux être fier de ce que tu es ».

Il ne savait pas si c'était vrai mais il allait essayer. Il sortit sa baguette et défit le sortilège de Potter. Devnet retomba lourdement sur ses pieds, le fixant toujours comme si Ophiuchus venait de lui planter un couteau dans le dos.

-Je suis fatigué, dit Ophiuchus serrant les poings pour que les deux autres hommes ne remarquent pas qu'elles tremblaient, fatigué de me cacher. Je sais que tu…préfères les filles. Et c'est cool car quelque part ça veut dire que je suis le seul homme qui peut te mettre dans cet état. Et être spécial pour toi, c'est…c'est putain d'exaltant. Mais moi j'aime les hommes et pire que ça : je t'aime, sauf que je ne vais pas attendre que des couilles te poussent et que tu assumes…Je vais me trouver un homme qui n'aura pas peur de m'avoir et tu pourras te foutre de nous avec tes potes quand on se croisera dans la rue mais c'est tout ce que tu auras dorénavant de moi : quelqu'un qui passe à côté de toi sans même te regarder.

Devnet semblait tétanisé. Ophiuchus fit ce qu'il venait de dire, il passa devant lui sans le regarder, essayant de ne pas penser à quel point ça faisait mal qu'il ne le retienne pas.

Une fois dehors il frissonna et se lança un sortilège de chaleur avant de se diriger vers la zone de transplanage.

-Léto, attends !

Ophiuchus sursauta. Potter l'avait rattrapé, bien sûr. L'ancien serpentard se mit à rougir, bon sang, il avait embrassé le fichu survivant…Il poussa un gémissement intérieur et rentra ses épaules, espérant cacher une partie son visage dans son écharpe.

-Je suis désolé, dit-il très vite avant que la honte décide de lui enlever toute faculté d'élocutions, pour le baiser. Je ne sais pas ce qu'il m'a pris. Je veux dire, vous étiez encore en train de faire ce truc chevaleresque mais cette fois j'en étais le destinataire… Et bon sang, vous devriez probablement arrêter de faire ça ! Ça fait faire des trucs stupides aux gens comme vous embrasser !

Potter eut léger rire qui réussissait à avoir l'air à la fois gêné et suffisant.

-Ce n'était pas un baiser, nos lèvres se sont à peine effleurées. Donc relax !

-Je dois vous dégouter maintenant.

-Léto…

-En plus O'Flaherty vous a frappé ! Bordel, j'ai vraiment merdé !

Potter soupira et posa de nouveaux une main sur son épaule.

-Non, tu ne me dégoutes pas. En réalité, je t'ai trouvé très courageux…quoique un peu dur avec Devnet. Il semblait dévasté quand je suis parti.

Ophiuchus haussa les épaules, ouaip, Devnet était probablement dévasté d'avoir du entendre sa pitoyable confession. C'était la première fois qu'Ophiuchus lui disait qu'il l'aimait. Et la dernière aussi.

-Il s'en remettra. Écoutez, je sais que j'ai dit que je ne voulais plus me cacher, mais je préférerais que vous ne disiez rien de tout ça aux autres. Je n'ai pas honte mais j'ai peur de ne pas avoir mon diplôme si ça venait aux oreilles des instructeurs. Il ne fait pas très bon d'être homosexuel dans notre communauté mais dans la confrérie des Aurors, je crois que c'est encore pire. Probablement une histoire de testostérone.

Il crut que Potter allait le contredire, et faire son truc de héros, comme lui affirmer que le monde n'était pas aussi sectaire et homophobe que ça mais il hocha sombrement la tête et son regard un peu triste se perdit un instant dans le vague.

-Je serais une tombe.

Ophiuchus essaya d'esquisser un sourire mais il supposait que c'était raté et que ça devait plus ressembler à d'une grimace.

-Merci. Je vais rentrer chez moi maintenant.

Et il allait aussi se noyer dans du whisky pur feu pour oublier tout ce qui avait traits de près ou de loin à un certain Devnet O'Flaherty avant de s'effondrer comme une loque dans son lit. Mais ça Potter n'avait pas besoin de le savoir.

°O°O°O°O°

-Ce gamin a du cran ! sourit Draco après avoir émis un sifflement admiratif.

-Certes, en te disant que Léto m'avait embrassé, je ne m'attendais pas à ce que tu jettes la vaisselle par terre mais de là à être tout content… Un juste milieu aurait été bien, commenta Harry avant d'avaler une gorgée de son café.

Il grimaça, avant de lancer un sortilège de réchauffement sur son café. C'était le neuvième de la journée mais il fallait bien tout ça pour faire face à ses révisions. La période des examens théoriques venait tout juste de commencer et Harry avait déjà l'impression que son cerveau était sur le point d'imploser. Suivre trois années de cours en une seule était bien plus dur dans la réalité que sur le papier. Pour la énième fois depuis quelques semaines, il se demandait s'il n'avait pas surestimé ses capacités d'apprentissage et s'il n'allait pas finir par échouer. Tout le monde ne pouvait pas être Hermione Granger

Draco lui envoya un regard dédaigneux. Dire que Harry avait un peu angoissé à l'idée de lui raconter l'histoire du baiser ! Un sentiment totalement disproportionné apparemment.

-Je t'en prie, ce n'était pas un vrai baiser, à peine un effleurement, rétorqua Draco. Et je pensais plutôt à ce qu'il a osé balancer à son copain l'irlandais quand je disais qu'il avait du cran.

Harry fronça les sourcils. Il avait du mal à croire à cette nonchalance de la part du même type qui n'était pas loin de montrer des dents dès que le nom de« Denis Crivey » parvenait à ses oreilles mais pourquoi pas.

-Je ne sais pas trop, répondit-il pas vraiment d'accord pour porter Léto aux nues. Devnet est hétéro, ou en tous cas c'est très bien imité, je l'ai toujours vu sortir avec pleins de filles à Poudlard. Ophiuchus est, à ma connaissance, sa seule exception. Je pense qu'il lui faut du temps pour digérer tout ça. Il avait l'air complétement paumé…il m'a fait un peu de peine.

-Pourquoi ça ne m'étonne pas que tu prennes la défense du gryffondor impulsif et bourrin ? Tsss, tellement attendu de ta part.

-Désolé d'être si prévisible, maugréa Harry.

Il aurait aimé argumenter un peu plus en faveur de O'Flaherty mais il devait avouer que le comportement de son ancien élève avait été, en effet, pour le moins impulsif. Sa pauvre mâchoire en avait été le témoin douloureux pendant au moins trois jours.

Draco lui jeta un coup d'œil amusé. Avant d'ouvrir un carnet qu'il avait déjà ouvert plusieurs fois ce week-end au grand désarroi de Harry.

-« Cher journal, commença Draco en le fixant tandis qu'une plume à papote s'activait sur les pages du carnet, aujourd'hui, Potter semble avoir besoin d'être rassuré sur sa capacité à me surprendre. Il ne devrait pourtant pas s'en faire, hier soir il a utilisé une technique buccale tout à fait inédite et très efficace sur mon imposant et néanmoins merveilleux appendice sexuel. »

-Sérieusement, t'es obligé d'écrire ce genre de chose ? grogna Harry essayant de ne pas rougir. Et rassure-toi, ta queue ne sera jamais aussi imposante que ton égo.

Malfoy se contenta de sourire avec indulgence. Harry se rappela la première fois que Draco lui avait parlé du journal, il y avait juste un peu plus d'un mois. La discussion s'était déroulée par cheminette interposée, Draco était à Poudlard et revenait tout juste de Pré-Au-Lard où il avait vu sa nouvelle psychomage. Le rendez-vous semblait s'être plutôt bien passé dans l'ensemble, puisque Draco avait accepté de la revoir. Excepté le fait que le blond était écœuré par le fait que la psychomage lui avait conseillé d'écrire tous les jours une sorte de journal intime.

« -Tu vas le faire ? » avait demandé Harry.

« -oh s'il te plait, ce genre de conneries c'est pour les adolescentes ! » avait fusé la réponse cinglante.

Harry avait marmonné quelque chose à propos du fait que certaines sautes d'humeur du blond n'avait rien à envier à celles des adolescentes mais Malfoy l'avait foudroyé du regard (et même par cheminette, ça restait un peu impressionnant) alors Harry avait préféré faire habilement dévier la discussion sur un sujet plus neutre.

Sauf que le week end d'après, Harry lui avait offert un cahier et une plume, Malfoy avait regardé le présent avec un petit reniflement dédaigneux mais l'avait pris quand même.

Depuis il semblait s'en servir exclusivement pour mettre Harry dans l'embarras.

-Ma psychomage pense que ça peut m'aider de mettre sur papier mes pensées les plus profondes…Tu ne voudrais pas aller contre l'avis médical ? susurra Draco le faisant revenir au présent.

-Loin de moi cette idée mais tes pensées les plus profondes semblent toujours finir par moi faisant quelque chose à ton « imposant et merveilleux appendice sexuel ».

-Non, des fois tu fais aussi des choses à mon anus délicieusement chaud et serré.

Cette fois Harry ne put s'empêcher de rougir mais décida de ranger ses cours étalés sur la table pour se donner une contenance.

-Je ne sais même pas pourquoi je discute avec toi, annonça-t-il bravement après s'être raclé la gorge.

-Parce que tu aimes le son de ma voix ? éluda Draco qui semblait de plus en plus amusé.

Son sourire était à la fois moqueur et aguicheur et avait la fâcheuse tendance à donner l'impression à Harry que chacun de ses organes étaient lentement mais surement en train de se liquéfier.

-Pas autant que toi. Je parie que t'entendre parler est ton activité préférée au monde, répliqua-t-il tout de même.

-Je ne sais pas. Peut-être si tu proposais d'autres activités on pourrait comparer ?

Cette fois la voix de Draco était de velours et même s'il n'avait pas bougé de sa place, Harry recula d'un pas en secouant la tête, comme pour s'éclaircir les idées. La fréquence de leurs activités sexuelles avait encore diminuée depuis que Harry passait la plupart de son temps à réviser et son corps était clairement en train de lui demander pourquoi il ne prenait pas ce qui était tout disposé à être pris.

-Pas moyen. Ron et Hermione doivent débarquer d'ici une demi-heure. Pas moyen.

C'était vrai, ses deux amis devaient venir manger avec eux et aider Harry avec ses révisions. Le sourire de Draco se fit plus pointu et son regard lascif ne quittait pas sa bouche des yeux. Le cœur de Harry s'emballa tandis qu'une chaleur lourde, moite et familière s'installait au creux de ses reins. Merde.

-Tu te répètes, fit Draco en s'installant plus confortablement sur son fauteuil et en écartant les jambes.

Harry baissa les yeux par réflexe et siffla. Cet enfoiré avait ouvert les boutons de son pantalon.

-Oups…, ronronna Draco en s'étirant, faisant jouer les muscles de ses bras et dévoilant une partie de son ventre pâle. J'ai oublié de mettre un caleçon. Qu'est-ce que je peux être tête en l'air !

-Pas moyen, répéta Harry la gorge sèche en secouant la tête, bien que son regard revienne toujours sur l'entre jambe indécemment exhibée de son amant.

Il pouvait voir une partie de son aine, jusqu'à la naissance ses poils pubiens d'un blond légèrement plus foncé que ses cheveux. Il savait combien la peau était douce à cet endroit là et sensible aussi et chaude.

Il avança jusqu'à se trouver presque au niveau de Draco même s'il savait pertinemment que son amant avait orchestré cette obscène tentative de séduction. Harry ne marchait pas, il courrait. Cette fois la vue était beaucoup plus complète. Et parfaite. Oubliant les examens, Ron et Hermione, Harry s'humecta les lèvres, ayant faim de quelque chose que seul cet homme pouvait lui donner.

-Tu es tellement chaud, souffla l'ancien serpentard quand Harry se mit à genoux entre ses jambes.

Malfoy caressa doucement sa joue. Harry cligna les yeux, l'ancien serpentard venait de lui voler sa réplique. Il appuya quelque instant sa joue brulante et mal rasée contre cette main avant de se souvenir qu'une autre partie de l'anatomie de Malfoy exigeait toute son intention, alors il pencha sa tête en avant et commença à faire ce pourquoi Malfoy l'avait complimenté un peu plus tôt.

Au final, Hermione et Ron durent attendre un peu devant la porte et Harry radieux, échevelé et plus ou moins débraillé du expliquer qu'il n'avait pas entendu frapper car il était en bas dans la salle d'entrainement.

Peut-être que son excuse foireuse aurait pu marcher, si Malfoy n'avait pas été en train de ricaner dans son coin, tout aussi échevelé que Harry et ne prenant même pas la peine de faire semblant de corriger ses copies.

Hermione se contenta de sourire avec indulgence et de tapoter l'épaule de Harry avant de lui laisser son manteau en passant devant lui.

Ron le fixa d'un air un peu blasé.

-Tu pourrais au moins arrêter de sourire bêtement, lui lança-t-il en soupirant, personne n'a besoin de savoir que tu viens juste d'accumuler assez de pensées heureuses pour former un troupeau de patronus.

-Un tas de troupeau tu veux dire, répliqua Harry en bougeant suggestivement les sourcils.

Ron mit un doigt dans sa bouche et fit semblant de vomir avant de lui aussi entrer dans sa maison.

Harry regarda dans le salon. Malfoy et Ron échangeaient déjà des piques, Hermione s'était installée dans un fauteuil et ne les écoutait même pas. Elle ouvrait les livres de cours de Harry, un air de concentration familier sur le visage.

Harry sentit son cœur se gonfler de joie en les observant. Ron avait raison, il était heureux.

A suivre…

Oui car vous vous en doutez je vais quand même pas laisser Harry tout heureux comme ça, pas mon genre (ni le genre de la fic si vous observez bien les catégories dans lesquelles elle est postée). Faut quand même pas déconner.

Donc à bientôt :D

Merci d'avoir lu jusqu'ici.

Artoung