Yo !
Cet OS est écrit dans le cadre de la Nuit du FoF, sur le thème Momie.
Et peu importe combien j'essaie, putain, j'arrive pas à faire de la romance avec ces deux-là. C'est pas faute d'avoir envie.
5 sens : le toucher (2)
Le réveil de Vanitas
La poussière dans la bouche. Les bandes sur la peau. L'air qui est là, qui est là sans circuler, au milieu de l'obscurité. Le vide dans le ventre, cruel, dur.
Pas un bruit. Pas un rayon de soleil.
Juste l'odeur de son propre corps. Et la sensation de lui. De ses doigts secs. La bande sur la peau sur les os. De ses talons qui appuient sur la pierre. Son crâne, étrangement léger.
Et puis.
Des petites choses qui tombent. Par-dessus les bandages. Du sable. De la poussière. C'est rêche et sec comme tout ce qui est ici. Ça agresse la peau quand ça tombe.
Pas autant que la lumière.
Et les poils d'un pinceau d'archéologue.
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Froid. Sec. Terrifiant.
Les doigts autour de son poignet. Comme des griffes, des griffes en forme de main.
Fragile.
Ça serre fort. Mais il sent que s'il bouge seulement un peu, il brisera les os.
L'air brûlant autour, la fraîcheur qui remonte du sarcophage tout juste ouvert. Saïx a envie de s'y engouffrer. Mais la place est déjà prise. Il y a une momie là. Une momie qui bouge et qui lui a attrapé le poignet.
Il sent le soleil sur sa nuque, la sueur sur son front, son cœur qui s'accélère aussi. Et il ne peut pas bouger. Les doigts serrent plus fort, prennent appui, et le corps remonte horriblement, ça craque, la colonne vertébrale qui se cambre d'un coup.
Osiris …
Il ne veut pas croire que ce qu'il a lu est vrai.
Qu'un corps momifié, purifié, peut devenir un Osiris. Est-ce que ce corps se lève comme Osiris s'est relevé d'entre les morts ?
La fraîcheur du cadavre qui se rapproche, qui tombe sur lui. C'est glacé dans sa nuque. Deux choses dures.
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C'est brûlant dans sa bouche. Contre ses lèvres qui ne sont presque plus des lèvres. Sur ses dents, sa langue qui redevient langue, dans sa gorge.
Il le sent.
Il sent le sang qui descend lentement, fait son chemin jusqu'à son ventre vide. Il n'y a plus rien là. Pas que ses organes lui servaient à grand-chose, mais tout de même. Ça creuse de l'intérieur.
La chaleur qui revient, après des siècles dans la fraîcheur rance d'une tombe. Le soleil.
Il se cache dans l'ombre de ce qu'il mange, il ne peut pas être blessé, pas maintenant qu'il se lève enfin.
Sa peau se relaxe, s'ouvre, nourrie. Une main sur ses côtes. Les terminaisons nerveuses plus sensibles qu'avant, moins atrophiées.
Le liquide qui coule sur son menton, la chair qu'il appuie de son nez — il a un nez, à nouveau, enfin.
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La salive glacée qui pénètre par la blessure, il la sent qu'il se diffuse, un petit poison.
Comme de l'eau dans ses veines. De l'eau chargée en codéine, ou quelque chose qui le fait flotter sur un nuage. Il a besoin de s'accrocher au dos du mort-vivant pour tenir.
« Tu n'es pas … Osiris.
— Non. »
La créature s'éloigne. Elle a changé d'apparence. Les bandes trop serrées sont peu à peu déchirées. Elles tombent autour de lui.
Il a la peau pâle. Les cheveux noirs. Les yeux jaunes. Les doigts toujours durs. A peine plus délicats. Un sac d'os bien vivant, il n'y a que des angles là, rien de rond, rien de doux. Pourtant, Saïx a encore envie de toucher.
« Ils m'ont éviscéré. Littéralement. Ils ont extrait mes organes pour me momifier. C'était dégueulasse. Y avait Naminé qui pleurait, mais bon c'est son travail, on ne peut pas lui en vouloir, et Ventus aussi. Et moi, je pouvais pas bouger. Je faisais le mort. »
Qu'est-ce que Saïx fait de ça ? Il se redresse. Axel ne va pas tarder à arriver. Il pose une main sur la main osseuse. Il la serre. Un os craque.
Une langue sur le menton du mort. L'os craque à nouveau. Se remet en place.
« Est-ce que tu connais Ventus Le Noir ? »
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La paume chaude sur sa main. La gorge chaude sous son autre main.
« Je préfère Vanitas. »
Il veut sentir. Il faut qu'il dise son nom. Et son réveil sera complet. Il veut sentir sa vie vibrer dans la gorge de l'humain. Son premier servant.
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« Vanitas. »
Ça s'étrangle, ça glace et ça brûle dans sa gorge. Et sur sa main qui recouvre celle du mort-vivant, une encre faite de ténèbres dessine une marque douloureuse. Il ne sait pas ce qu'il vient de faire.
Mais un moment, la douleur avale toute ses pensées.
Il attrape une épaule aiguë. Il la brise. Et elle se reforme.
Il fera ça longtemps.
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Sur ce.
