Encore un écrit sorti du vieux disque dur.
En musique d'accompagnement, j'aime bien The Edge of the Deep Green Sea. Le son est assez sympa.
Bonne lecture
Addiction
Il jure … ça y est, il est accro.
Intoxiqué, enserré dans un étau,
La vérité ne peut se volatiliser
Dans sa vision, Juvia s'est imposée.
Des jurons s'échappent de sa bouche déjà trop sèche. Il a trop bu. Sa vision tangue. Ses sens sont suspendus dans un état entre l'espace et le temps. Le virus alcoolique de l'enterrement de vie de garçon du colosse Elfman a fini par l'atteindre apparemment. Tandis que Gajeel et Natsu dansent le french cancan sur le bar ou que le futur marié lève encore une fois son verre en hommage à la virilité… Grey reste accoudé au bar pensif.
Son bleu est présent dans son verre,
Un poison versé lui infligeant un calvaire.
Et oui ! Il n'y a pas que la couleur
Qui trouble son humeur !
Ses yeux sont rivés sur le cocktail que vient de lui servir le barman. Il jure de plus belle. Il est accro. La vérité ne peut se volatiliser. Ce qu'il a devant lui est un poison pour son esprit. Le liquide a intoxiqué ses cellules neurologiques. Dans ce verre offert, il ne voit que Juvia.
A peine a-t-il goûté ce mélange perfide
Que dans son esprit s'impose la sylphide.
Son odeur exotique le remplit tout entier
Cet élixir bleu, c'est sa couleur. Non seulement, il lui rappelle l'ondulation de ses cheveux mais surtout cela lui fait penser à sa passion et sa puissance aussi changeante que la houle de l'océan. Cette nuance tortueuse et paradoxalement rassurante. Grey a de la chance qu'elle ne danse que pour lui. Il est égoïste. Il le sait. Seulement, l'alcool lui fait accepter un temps cette vérité. Le jeune homme aime avoir cette sirène à la joie de vivre communicative à ses côtés.
Comme s'il dégustait sa peau de lait.
C'est terrible mais elle a réussi
A s'implanter partout dans sa vie.
Elle se damnerait pour lui. Il mourait pour elle.
Merde … Il est vraiment accro.
Reflex ridicule pour éloigner ses pensées possessives. Il porte à ses lèvres le fameux breuvage. Grossière erreur. Son palais se heurte au goût exotique et sucré. Le même arôme que la peau de Juvia.
Les images s'imposent à lui en flash accompagnées par un trouble de ses sens qu'il ne contrôle plus du tout.
Il revoit leurs premières nuits. Il revoit son corps perlant d'une légère couche de sueurs dont la fragrance tropicale a plus d'une fois failli l'emmener au nirvana. Sa chair blanche, il a l'impression qu'il peut à nouveau la caresser de sa langue. Sentir les frissons de l'épiderme de la mage d'eau sous ses mains calleuses.
Il a l'impression de la contempler à nouveau. Les joues rougies par l'excitation, elle est au-dessus de lui. Ses seins sont à découverts, offerts généreusement pour qu'il puisse les caresser de ses mains. Par Mavis, ses yeux qui l'admirent avec son désir grandissant rendant sa sylphide plus belle que jamais.
Grey se mort la lèvre inférieur. Sa vision idyllique commence à lui échapper.
Il jure à nouveau. Sans un regard pour les autres, il quitte le bar. Demain, il prétextera que la tête lui a trop tourné pour continuer la soirée.
Grey part la rejoindre.
Mince, il le sait à présent.
La mage de l'eau est devenue l'addiction de sa vie.
Une drogue dangereuse pour un toxicomane comme lui. Il s'était juré de faire un trait sur les sentiments et l'attachement aux autres.
Il neige dehors. Il rage.
Cela devrait l'apaiser d'être dans son climat d'enfance. Au contraire… il sent son sang bouillir. Son cerveau lançait des signaux de détresse de plus en plus furieux.
Une urgence se fait sentir. Les images de la mage d'eau deviennent plus fortes dans son esprit.
Il court. Vite. Il ne se contrôle plus.
Il doit la voir maintenant. Il a besoin de la voir.
Grey perd la notion du temps. Il se retrouve à traverser tout Magnolia dans un temps qui lui a paru trop long. Ses cheveux sont légèrement trempés par la neige fondue. Le mage de glace a aussi semé des vêtements en route. Il vient de le remarquer alors qu'il est devant chez Juvia.
Il est en caleçon devant la fille dont il a envie…
Il grimace. Ce sent ridicule tout d'un coup. Sa foutue manie d'être à poil pour pas grand-chose qui n'arrange pas les choses. Il serait plus raisonnable de rentrer chez lui. D'attendre demain. Prendre un café à la guilde. Rire avec les autres. C'est tellement plus simple de feindre le détachement quand les autres sont là.
Sauf que Juvia s'impose encore à son esprit. Il tremble de plus belle.
L'envie est devenue impérieuse. Il toque à sa porte.
… Il se sent pathétique. Il ne sait vraiment pas se contrôler quand il s'agit de la mage d'eau.
La porte s'ouvre. Elle est là. A porter de mains, désirable dans sa robe de chambre mauve. Il entre aperçoit ses jambes nues. Il déglutit. Grey se traite mentalement d'animal. Il a des sueurs froides. Il n'ose pas lui demander d'entrer.
Juvia paraît à peine surprise. Elle lui ouvre juste d'avantage la porte et l'invite à pénétrer dans son appartement.
Il rentre la tête basse. La jeune femme doit se sentir utilisée… Pourtant, elle ne dit rien.
Elle se dirige dans sa cuisine. Rapide et efficace, elle lui ramène un verre d'eau.
- Grey-sama a bu, constate-t-elle en lui tendant le verre. Cela lui évitera une migraine pour demain.
Le ton n'est en rien accusateur. Un simple constat. La voie de Juvia est plutôt bienveillante.
Il lui sourit timidement sans encore oser croiser son visage. Le liquide est rafraichissant dans sa gorge. Cela l'aide un peu à reprendre ses esprits et à recouvrir la parole.
- Juvia… A propos d'hier soir…
Il se mord la lèvre inférieure. Il n'arrive pas à dire qu'il est désolé d'être parti sans avoir dire au revoir, de ne pas avoir mis un pied à la guilde. Peur de la voir. De reconnaître qu'il s'est bien trop attaché à elle. Peur que comme tous ces proches, Juvia disparaisse en fumé.
Il porte bien son nom de mage des glaces après tout… Il est vraiment incapable de s'exprimer sur ses sentiments.
Juvia, c'est tout le contraire. C'est l'eau. La transparence. Elle dit tout ce qu'elle pense. Ses sentiments déferlent sur les personnes à qu'ils sont adressés. Gare à vous si vous êtes sur le passage, les émotions de Juvia vous emportent avec elle.
Là… C'est sa tendresse qui le touche droit au cœur. Sa main blanche se pose dans ses cheveux. Une caresse douce, légère. Terriblement apaisante pour Grey. Il cesse de trembler. Ses doigts de nymphes remontent le long de sa joue. Une invitation à relever la tête. Il fait enfin face aux yeux de Juvia.
Ils sont magnifiques. Ceux sont deux saphirs où brille une douceur infinie. Il s'y loge une adoration infinie envers sa personne. C'en est vertigineux de la découvrir à nouveau dans l'intimité. Il pourrait se noyer dans la contemplation de ses yeux. L'amour qu'elle lui porte est pur et magnifique.
Juvia est folle de l'aimer ainsi.
Grey est fou d'être dépendant de Juvia.
- Je ne te mérite pas, murmure-t-il le souffle rauque alors qu'elle continue de lui caresser la joue.
Elle soupire visiblement un peu contrariée mais, elle ne s'éloigne pas.
- Ce que vous dites, c'est à Juvia seule d'en décider.
C'est vrai. Mais, elle n'est pas lucide quand il s'agit de lui… Et en même temps… Il n'a pas à lui dicter ses décisions.
- Je suis désolée d'être parti, finit-il par dire à demi-mot.
- Juvia le sait.
- Je risque de repartir demain, avoue-t-il, de te brise le cœur encore.
- Ce n'est pas vrai. Et Grey-sama le sait.
- Comment peux-tu m'aimer ainsi ?
- Juvia est patiente, souffle-t-elle avec un petit sourire en coin.
Elle s'est rapprochée. Son visage de porcelaine est plus prêt. Ce visage ovale, gracieux est parfait. Ses lèvres roses fines et souriantes se posent sur ses lèvres. Patiente, elle attend une réponse qui vient en une seconde.
Une seconde où le cœur de Grey s'est arrêté. Une seconde où il n'entend plus que le souffle régulier de Juvia. Une seconde infinie où il se noie dans son regard et sa passion bienveillante.
Il craque. Comment ne pourrait-il pas ? Il pose ses lèvres un peu gercées sur les siennes… Si douce. Il veut les gouter. Sa langue teste à nouveau la qualité de celle de Juvia. Il fond déjà devant cette dose exotique. Il caresse les lèvres, les dents. Une de ses mains se perd dans le fil soyeux de sa chevelure azure. L'autre vient dans son dos fin au contact du tissu de la robe de chambre. Il l'a ramène à lui.
En accord avec lui, Juvia s'accroche à sa nuque. Masse son coup. Demande des gestes plus appuyer. Plus de contact.
Elle veut plus. Toujours plus de lui… Et lui, il veut tout d'elle. Il veut sa dose.
- Tu as le goût du paradis, susurre-t-il à son oreille.
Elle sourit les joues roses heureuses de ce compliment qui n'est réservé qu'à elle. Juvia torture de ses lèvres sa nuque, son torse.
- Grey-sama est le paradis de Juvia, confit-elle sans aucune gêne.
Il sent l'envie monter. D'un coup, la tendresse si douce fait place à une passion sauvage. L'urgence revient et elle est partagée. L'adrénaline monte dans le cerveau.
Les gestes deviennent flous.
Il perd la notion du temps dans les caresses appuyées et érotiques. La robe de chambre tombe sur le parquet froid.
Il admire celle qui a été la cause de ces tremblements, de ces sueurs froides, de cette crise de manque. Juvia est belle. C'est une déesse des eaux. Tout est parfait chez la jeune femme. Sa blancheur est fantastique. Ses cicatrices de bataille, il les adore. C'est la preuve de victoire menée sur le terrain. Il va toutes les embrasser.
Il plonge entre ses seins. Il s'imprègne de cette odeur folle, exotique. La dopamine de son cerveau se propage jusqu'au bout de ses veines.
Il l'a soulève, la porte jusqu'au lit. Elle est tellement belle et désirable.
Il veut tout. Il prend tout.
