Merci d'avoir apprécié à sa juste valeur le chapitre précédent, et ses questionnements sur la notion de pouvoir et de liberté ;) Aujourd'hui on va continuer sur ce thème, et un autre important aussi...
Réponse aux anonymes :
WildPotato : Merci de ta review et de ton enthousiasme, je suis ravie que ma fic te plaise :) Pour les dialogues pas assez "Mycroft/Sherlock", je comprends ton point de vue, cette fic n'est pas forcément ma plus aboutie, y compris dans les dialogues, j'en suis désolée ! Après, les remarques sur l'alimentation de Mycroft n'ont pas lieu d'être (en l'occurrence, il est malade, et donc pas du tout boulimique comme dans la série), idem pour celles sur la drogue pour Sherlock (il n'est pas un camé pour l'instant. ça ne veut pas dire qu'il ne le deviendra pas, mais pas pour l'instant. Puis il a 17 ans, hein... Il n'est pas précisé dans la série à quel âge Sherlock a commencé la drogue, mais dans ma version du canon que je développe habituelllement, il n'est pas camé jusqu'à la moelle à 17 ans, au contraire, il commence à peine les trucs forts). J'espère que la suite te plaira ;)
Bonne lecture !
Chapitre 7
À la fin de la journée, le corps perclus de douleurs et d'épuisement, John songea que le Pharaon avait parfaitement conscience de la difficulté de sa journée à venir, lorsqu'il l'avait ausculté le matin même. L'ironie de son ton lorsqu'il lui avait souhaité une bonne journée n'avait pas échappé à John, mais il avait réellement compris pourquoi au bout de quelques heures, à courir d'un bout à l'autre de la citadelle pour répondre aux besoins de ceux qui étaient désormais sa patientèle. John payait cher sa nuit de veille, et il supposa que cela faisait partie d'un test du Pharaon. Il aurait été facile de commettre une erreur, établir un mauvais diagnostic dû à la fatigue. Le moindre faux-pas était probablement un aller simple vers un supplice quelconque.
Le seigneur Mycroft le testait, et John remporta le défi haut la main.
Et le soir venu, après son diner, il s'écroula sur son lit et s'endormir aussitôt, tout habillé de sa tunique clinquante.
Ce fut une main posée sur son épaule, le secouant doucement, qui le réveilla bien plus tard. John, encore chiffonné de sommeil, presque bougon, ouvrit péniblement les yeux. Conscient cependant qu'il pouvait s'agir d'une urgence médicale, il s'efforça de calmer sa mauvaise humeur et se redressa dans son lit.
Mais toute pensée rationnelle s'évapora lorsqu'il vit Sherlock au pied de son lit, sourire étincelant plaqué sur le visage. Il n'avait pas vu le Prince de toute la journée, et se sentit très perplexe face à toute cette bonne humeur affichée. Aux dernières nouvelles, l'homme était furieux contre lui. Ils n'avaient pas eu l'occasion d'en discuter. Sherlock n'avait absolument aucune raison de le réveiller en plein milieu de la nuit avec un grand sourire.
– Tu viens, John ?
Et encore moins de lui proposer cela. Mais y avait-il vraiment une autre réponse que « oui » à donner à cette offrande ? John se persuada vaguement qu'ainsi, ils pourraient en parler, mettre les choses au clair entre eux. Et puis, il ne pouvait nier qu'il en avait envie. Très envie. Alors il suivit aveuglément le Prince.
Le trajet fut plus simple. John hésita moins sur les prises à prendre, se montra plus assuré pour grimper. Même le mur d'enceinte du palais ne lui posa que peu de souci. Le regard de fierté posé sur lui de Sherlock y était pour beaucoup.
Leur balade, ensuite, fut moins longue. Il n'y avait pas une dizaine de jours de repos forcé à récupérer. John surveillait Sherlock plus qu'il ne participait à ces étranges réunions, mais il reconnaissait en son for intérieur un vif intérêt pour l'esprit du Prince en application.
Ils rentrèrent tôt, cette nuit-là, et se glissèrent silencieusement dans la chambre de John. Le médecin réalisa seulement à leur retour que s'il y avait eu une urgence en son absence, personne n'aurait pu le trouver pour l'emmener auprès du patient. Mais sa culpabilité latente était balayée par le regard saphir de Sherlock. Et puis John surveillait sa patientèle du palais tous les jours. La probabilité que l'un d'eux ait eu une brusque maladie était très faible.
– Bonne nuit, John.
La voix de Sherlock était un murmure. Une caresse. Un appel. Une supplique. Tout cela à la fois et tellement plus. John eut toutes les peines du monde à ne pas y répondre. Surtout quand la grande main du Prince se posa, dans un contact presque volatil, sur son visage, en dessinant les contours de la pulpe des doigts.
John sentit vaciller ses résolutions, brûler la flamme du désir entre ses reins, se réveiller son entrejambe.
Mais le Prince ne fit rien de plus, et quitta la pièce sans se retourner.
John, lui, se retourna plus d'une fois dans son lit, sans parvenir à trouver le sommeil. Il avait passé une journée épuisante, une partie de la nuit dehors, avait grimpé des murs. Et la seule chose qu'il en retenait pourtant, c'était la main de Sherlock sur sa peau.
John gémit de frustration. Posant la main sur son sexe, il ne fut pas surpris de le trouver encore dur, gorgé de sang et d'envie. Il ferma les yeux, laissa courir sa paume, imagina une autre main, plus large que la sienne lui caressant le sexe. Ses mouvements, d'abord lents, s'intensifièrent, et il serra un peu plus ses paupières pour mieux garder en lui l'image du Prince, ses yeux bien trop bleus, son sourire parfait, ses cheveux en boucles folles et sa peau douce.
John cessa rapidement de retenir les gémissements que ce qu'il faisait lui provoquait. Sa chambre était suffisamment isolée pour cela. Et si des esclaves ou des serviteurs qui passaient l'entendait, il avait suffisamment de pouvoir pour que cela ne soit pas risqué.
La délivrance le cueillit soudainement, plus vite qu'il ne l'aurait cru. Ce fut seulement à ce moment-là, le souffle court, le torse maculé de taches de sperme, que John laissa la révélation entrer en lui et le consumer tout entier : il était en train de tomber amoureux du Prince. La libération physique était une chose, mais même après cela, John désirait autre chose. Le cœur du Prince. Son âme tout entière.
Le lendemain, Sherlock revint. Et toutes les nuits suivantes, ou presque. Si Sherlock n'avait pas de nécessité de sortir, la plupart du temps, il le faisait savoir d'une manière plus ou moins détournée à John afin qu'il n'ait pas besoin de l'attendre.
Parfois, cependant, le Prince entraînait John dans la ville, mais il n'avait clairement aucune raison et aucune affaire en cours à traiter. Juste le plaisir, sembla-il, de se promener avec John, de lui faire découvrir doucement la ville.
Et de rire. Ils rirent beaucoup, cette nuit-là. John ne savait même plus pourquoi ils riaient. Mais ils riaient ensemble et c'était tout ce qui comptait.
Leurs vies devinrent ainsi rythmées. La vie au palais, le jour. La vie dans la ville, la nuit. Rire, jouer, sortir, courir.
John, au fil des jours, comprenait enfin ce que son ami avait voulu lui exprimer à propos de la liberté. Liberté d'être qui ils voulaient, liberté de vivre, de respirer. Et Dieu que le Prince, que Sherlock était beau sous la lune. Sa peau presque trop claire pour être celle d'un égyptien, mais qui était la marque de la famille royale, Mycroft et Eurus ayant la même, était simplement le reflet de la lune, John le savait à présent. Parce qu'il était fait pour cela, la vie la nuit, chat sauvage et impétueux. Plus libre que n'importe qui.
Au fond de lui, des lambeaux de sa pensée d'avant s'accrochaient encore à John. Le temps filait, et avec lui l'échéance du mariage et du couronnement de Sherlock. John continuait d'avoir le plus grand respect pour la charge de Pharaon, et n'arrivait pas à imaginer ce qui se passerait le jour J. Deux entités distinctes bataillaient fermement en lui : l'une aimait le Sherlock de la nuit, beau et libre, fou et génial, l'œil brillant de promesses et aux mains un peu trop douces, qui parfois, touchaient John à lui en embraser le cœur tout entier.
L'autre aimait le Sherlock du jour, le Prince arrogant, dans ses vêtements luxueux et son sourire insolent aux lèvres, le jeune homme prédestiné à la charge Pharaonique qui s'amusait à tourmenter son grand frère et dont le cerveau ne s'arrêtait jamais.
Deux faces d'un même homme. Deux côtés aussi distincts que le jour et la nuit, qui suivaient les cycles de Râ pour se révéler.
Et John, quand il achevait de se masturber dans le silence de sa chambre, ce qu'il faisait beaucoup trop souvent à son goût, osait s'avouer pendant les quelques minutes de pure félicité qui suivaient l'orgasme, les sentiments écrasants qu'il ressentait pour cet homme qui avait balayé sans effort toutes ses convictions.
La vie du médecin avait été purement et simplement pulvérisée par le Prince. Et il avait trouvé cela parfaitement normal et acceptable, et même agréable.
Il avait même de plus en plus de difficultés à l'appeler Prince. En son for intérieur, il le désignait comme son ami. Son plus proche ami, son confident.
À l'oral, il l'appelait simplement Sherlock. Bien sûr, durant leurs balades, c'était absolument nécessaire de ne pas gaffer, et il faisait attention. Mais quand ils étaient juste tous les deux, il se laissait aller. Sherlock, la première fois qu'il avait osé jeter aux orties le vouvoiement et le respect qu'il devait à son Prince, une nuit de rire et de joie, avait soudain frissonné et paru plus beau que jamais, son sourire lumineux juste-pour-John sur le visage.
Jamais le médecin n'avait eu autant envie de l'embrasser. Il ne l'avait pas fait. Il ne s'en était pas senti le droit. Cela avait été pourtant dur de résister quand le Prince avait caressé son visage au motif de remettre une mèche de cheveux derrière son épaule.
– Tu peux continuer à m'appeler ainsi, avait chuchoté Sherlock comme s'il avait lu dans les pensées de John qui craignait d'être allé trop loin. Ça ne me dérange pas. Ça me plaît, même. Ça me plaît même beaucoup.
Alors John avait continué. Et même au palais, parfois, il se laissait aller.
Ça n'avait d'ailleurs pas échappé au Pharaon Mycroft, mais à part un sourire goguenard et quelques piques auxquelles John, écarlate de gêne, ne répondait pas, cela n'était pas allé plus loin.
– Pas de clients cette nuit ? demanda John alors qu'ils escaladaient le mur d'enceinte.
– Qu'est-ce qui te fait dire ça ? répliqua Sherlock.
John haussa les épaules, mouvement risqué alors qu'ils jouaient les acrobates, mais qu'il maîtrisait désormais suffisamment pour se le permettre.
– Aucun empressement de ta part. Tu n'as pas mentionné d'urgence, tu es arrivé plus tard que d'habitude. Je devine juste que personne n'attend, ce soir.
John avait beau accompagner son ami toutes les nuits où ils sortaient (ils s'accordaient parfois des nuits de relâche pour réellement se reposer. Et même si John-le-médecin reconnaissait sans peine que cela faisait du bien à son corps, son cœur était à l'agonie lors de ces nuits trop longues et trop seul), il ne suivait pas forcément le planning de tous les « travaux » que faisait Sherlock. Il ne se contentait pas de le suivre, et était partie prenante des négociations, des filatures, de tout, mais sa mémoire déjà bien occupée par tout son savoir médical ne pouvait pas en plus retenir tous les rendez-vous du Prince.
– Tu ne devines pas, lui répliqua Sherlock. Tu déduis. C'est différent.
Et à entendre sa voix caressante, il en était fier. John, devenu maître à la fois dans le décryptage du Prince et dans la dissimulation des réactions de son corps, répondit simplement :
– Merci, Sherlock.
Cela ne rendit le Prince que plus lumineux encore, exultant de fierté, qu'on le comprenne sans un mot.
John avait raison. Cette nuit-là fut calme. Tout était fermé, là où leurs pas errant les menèrent. Ils auraient pu tout aussi bien rester au palais, se contentant de déambuler dans les rues, mais ils étaient plus heureux ainsi.
– Nout veille sur cette nuit, commenta John. Il n'y a pas un chat.
La nuit était en effet plus paisible qu'usuellement.
– Tu y crois ? demanda soudainement Sherlock.
– À quoi ? répondit John, perplexe.
Il n'y avait en effet pas trop de possibilité de faire autrement. La nuit était calme, c'était un fait, il ne s'agissait pas d'y croire ou non.
– Au fait que Nout, déesse du ciel, veille sur la nuit. À Nout elle-même. Aux dieux, en fait.
La mâchoire de John se décrocha sous le choc, et il resta un instant bloqué dans leur balade, avant de se rattraper et de rejoindre Sherlock, un pas plus loin.
– Que veux-tu dire ? murmura-t-il, incapable de parler à voix haute d'un sujet aussi important.
– Que je ne crois pas que les dieux existent, répondit posément le Prince.
Il constata d'un coup d'œil le violent frissonnement de John.
– Je te choque, on dirait, commenta-t-il sans émotion apparente.
Mais John le connaissait trop bien, il savait que son ami était blessé par sa réaction de rejet et d'angoisse.
– Non ! s'exclama-t-il.
Puis, réalisant qu'il ne voulait pas mentir, se reprit :
– Ou oui. Peut-être un peu. Je... je ne sais pas. C'est tellement...
Il n'acheva pas sa phrase, incapable de trouver l'adjectif approprié.
– Viens.
La voix de Sherlock était un murmure tendre, et il lui prit presque délicatement le bras pour l'entraîner dans un dédale de petites ruelles dont John perdit le fil rapidement. Ils débouchèrent loin de tout, un endroit où le calme de la nuit était presque oppressant de silence, et où un puits se dressait.
Sans un mot, Sherlock actionna les rouages pour en remonter de l'eau, qu'il tendit rapidement à son ami, l'enjoignant à s'assoir avec lui sur le sol, à l'ombre d'un palmier qui se détachait clairement sous la pâleur de la lune. De Nout. Cette déesse en laquelle Sherlock disait ne pas y croire.
– Tu es médecin, commença Sherlock.
De prime abord, cela ne semblait n'avoir aucun lien avec le reste, mais John acquiesça néanmoins. Il avait confiance en l'intelligence du Prince, et il aimait recueillir ses confidences, et mieux, savoir que l'homme l'en trouvait digne. Refuser l'existence des dieux, surtout pour un futur Pharaon qui tenait de là son pouvoir, était une offense incroyable. Que Sherlock juge John digne d'entendre ses explications emplissait de joie ce dernier.
– Alors... tu sais qu'il y a des choses qu'on explique par la science. Par exemple, quand je me suis blessé, tu m'as recousu. Puis pansé. Et appliqué des cataplasmes au miel pour éviter l'infection. J'ai survécu. Médecine ou intervention divine ?
John ne savait que répondre. Pour lui, Sherlock était une partie de Dieu personnifié. Mais il savait que le Prince avait survécu grâce à ses soins. Sans, il aurait pu contracter une infection mortelle.
– Je... balbutia-t-il, incapable de trouver une réponse cohérente.
Sherlock le laissa tranquillement se perdre dans ses réflexions. La patience n'était pourtant pas vraiment la qualité première de l'homme.
– Je ne sais pas, finit par reconnaître John. Sans doute aurais-tu pu mourir sans soin. Mais tu aurais pu aussi mourir malgré mes soins. En cela, n'est-ce pas la volonté divine qui s'est penchée sur ton cas et t'a fait survivre ?
– C'est une manière de voir les choses, répondit Sherlock de sa voix mélodieuse. Mais je ne suis pas d'accord avec ça. Nos dieux et déesses ne sont que légendes et fantasmes. Forces supérieures en lesquelles nous avons envie de croire, pour se raccrocher à quelque chose lorsque les événements ne se produisent pas comme nous l'avons voulu.
Il marqua un temps d'arrêt.
– Je veux être libre. Libre de mon destin, et être seul maître de moi-même. Il est si simple, si je meurs demain, de dire que « Anubis l'a voulu ! ». Mais au fond, c'est juste une manière d'accepter l'inacceptable. Nos dieux nous rendent faibles, au lieu d'être résilients. Plutôt que de se battre pour améliorer nos systèmes de défense contre les sauterelles, on préfère penser qu'il s'agit d'une punition divine quand elles ravagent nos champs et affament notre peuple. Nous préférons pleurer un enfant mort en bas âge en disant que Anubis l'a voulu plutôt que s'interroger sur la cause de sa mort. La médecine... c'est l'un des domaines qui me fascine le plus !
Ses yeux brillaient d'un fol éclat alors qu'il s'enthousiasmait.
– La Science en général ! Je suis sûr qu'il y a tant de choses qu'on ne sait pas ! Regarde, les points lumineux au-dessus de nous, que nous nommons étoiles ! Sait-on ce que c'est ? Non ! Et pourtant, ils existent, et cela pour une bonne raison, que j'aimerais tant découvrir ! Je n'aurai pas assez d'une vie pour savoir tout ce que je veux découvrir ! Et je refuse de la perdre à vénérer des dieux qui n'existent probablement pas ! L'Homme est seul maître de son destin ! Regarde, John, des années en arrière, nous ignorions que le miel évitait les infections. Les blessés mourraient. Aujourd'hui, nous le savons et les blessés ne meurent plus. Quelle intervention divine entre hier et aujourd'hui ? Aucune ! C'est l'Homme qui a progressé ! Et pourtant, hier, on disait que Anubis avait récupéré le mort et que son temps était venu ! Cela n'a aucun sens ! Ce qui est vrai aujourd'hui ne l'était pas forcément hier, et ne le sera encore moins demain ! Comprends-tu, John ?
John n'était pas sûr de comprendre, à la vérité. Mais le discours emphatique de Sherlock, tandis qu'il continuait d'expliciter pourquoi, selon lui, chacun était maître de ses choix, et qu'il y avait encore tant de choses qu'on ignorait encore et que les dieux n'avaient rien à faire là-dedans, le séduisait beaucoup trop.
John était homme de science. Il aurait voulu tout expliquer par la médecine. Sa formation lui avait permis d'apprendre des choses qui, en tant que simple commerçant, auraient paru comme une fatalité divine dans sa famille. Il y avait encore bien des choses que nul ne pouvait comprendre, en médecine. Alors les propos de Sherlock trouvaient un certain écho en lui, bousculaient ses convictions les plus profondes, résonnaient dans son corps et son âme.
Et Sherlock continuait de discourir sur toute l'ignorance du monde. L'homme avait un point de vue acéré sur ses congénères, et il pouvait prédire n'importe quel comportement humain. Ce qui l'intéressait, c'était la nature, la médecine, la science, tout ce qu'il ne maîtrisait pas encore.
Il parlait, encore et toujours, et la fascination dévorante de John ne cessait de grandir. Jusqu'au moment où il ne trouva plus qu'un moyen pour le faire taire : en le muselant de ses propres lèvres, l'embrassant avec l'énergie d'un désespéré.
Il eut envie de reculer quasiment immédiatement. Mais au moment où son cerveau prenait le relais sur son instinct et voulait reculer, Sherlock répondit à son baiser. Empressé. Affamé. Vorace. Dominant. Séducteur.
John gémit contre les lèvres qui le dévoraient. Il en avait envie. Bien plus qu'il ne l'avouerait jamais. Alors il s'accrocha au Prince comme s'il était son ancrage. Ses lèvres s'ouvrirent, accueillirent sans difficulté la langue de Sherlock dans sa bouche, qui l'explora comme s'il voulait l'apprendre par cœur, jouant le plus vieux ballet du monde, enroulant et mêlant leurs langues.
Le baiser, enflammé et passionné, les laissa pantelants. Ils respiraient difficilement, lorsque leurs lèvres se décollèrent pour mieux se regarder. John ne laissa pas le temps à Sherlock de dire quoi que ce soit. Ses lèvres gonflées revinrent cueillir celles du Prince, doucement, laissant sa langue taquiner l'arc de cupidon, la commissure plissée. Puis il glissa le long de la mâchoire, surpris de trouver une légère sensation râpeuse contre ses papilles alors que la peau paraissait si lisse et parfaite. Il atteignit l'oreille, et la tête de Sherlock bascula sur le côté alors qu'il aspirait le lobe. Le bruit qui s'échappa des lèvres de son amant fut bref, intense, à la limite du feulement trop aigu, et envoya une décharge directement en direction de l'entrejambe bien réveillée de John.
Ils étaient toujours assis l'un à côté de l'autre, mais s'étaient considérablement rapprochés, au point que leurs corps s'étaient emmêlés, à ne plus savoir où commençait l'un et finissait l'autre.
John voulait réentendre ce son, alors il appuya encore plus son corps contre celui du Prince, mordilla doucement de nouveau l'oreille tendre, et... ce fut finalement lui-même qui gémit de plaisir, les yeux voilés de désir.
Une main de Sherlock s'était insinuée sous sa tunique courte, et avait pressé sur sa fesse droite de manière tout sauf innocente.
– J'ai envie de toi, John, murmura Sherlock, et la conscience du médecin bascula.
Lui aussi en avait envie. Beaucoup trop. La main baladeuse poursuivait son chemin, appuyait, pressait, revendiquait ce qu'il considérait déjà comme sien, comme un territoire conquis. John, touché dans sa virilité, aurait aimé se défendre, se débattre, juste pour donner l'illusion qu'il ne cédait pas sans combattre, mais qui tromperait-il ? Il était déjà vaincu, brûlant d'envie, sa peau luisante de sueur malgré la nuit fraîche. Son érection, appuyée contre sa jumelle, parlait de toute manière pour lui.
Doucement, un doigt plus aventureux que les autres glissa dans le sillon inter-fessier de John, le faisait trembler d'envie. Sherlock ne l'avait même pas touché à son point le plus intime, et pourtant déjà, il le voulait. Derrière ses paupières closes par le désir, il imaginait le Prince le posséder entièrement, et le consumer, et il gémit de nouveau. Gémissement avalé par les lèvres de son amant, qui avait recommencé à l'embrasser. Doucement. Lentement. Puis passionnément. Intensément. À lui couper le souffle. En l'attirant contre lui, en lui malaxant les fesses.
C'était une promesse, et John n'avait pas l'intention d'y faire défaut.
– Ren... rentrons, bégaya John.
Il n'avait aucune envie de faire ça au su et à la vue de tous.
– Ça me semble nécessaire, oui, souffla Sherlock dans son cou, lui volant un autre baiser.
Pour la première fois, John eut envie de l'insulter de tous les noms, cet homme incroyable qui allait devenir son amant, mais qui était aussi son Prince et qui devait le rester. Parce que la manière dont il parvenait encore à sourire, à parler, à se lever en tenant toujours John contre lui, comme si cela ne lui coûtait aucun effort alors que la respiration même de John était laborieuse, était foutrement agaçante.
Qu'importait les grandes théories du Prince sur l'existence (ou plutôt la non-existence) des Dieux. En cet instant, John y croyait. Il n'existait qu'un Dieu, et il se tenait devant lui, les yeux écarquillés de désir, le chendjit déformé par son érection, et il ne regardait que John.
Prochain chapitre - Me 14/04
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