-Hermione, tu viens ?

Elle devait se lever, elle le savait mais ses pieds ne semblaient pas vouloir bouger. Elle regarda Ginny qui sembla comprendre.

-Eh, t'en fais pas, tout ira bien, on est ensemble et ils vont surtout être content de nous voir. Et pour le reste on verra, on est pas obligé de tout leur dire.

L'aînée des deux sourit, c'était bon de ne pas être seule, au moins pour ça.

Durant les deux derniers jours, après l'altercation entre les Serpentards, elle avait laissé Drago avec ses amis et avait retrouvé Ginny, lui proposant de faire des choses ensembles. Si ça avait surpris la jeune femme, elle avait été ravie et même si Hermione s'était un peu forcée parfois, ça lui avait fait du bien de sortir, de rire et de discuter avec sa meilleure amie. Elle avait retrouvé Drago au soir et ils s'étaient dit au revoir, les deux Gryffondor partant du château tôt au matin pour aller sur le Chemin de Traverse. Elle avait eu un pincement au coeur en songeant qu'il n'allait pas se voir, elle craignait de ne pas être là pour lui et elle vit la même angoisse dans son regard aussi ils se promirent de s'écrire si le besoin s'en faisait sentir. Quand elle remonta dans le dortoir des filles, elle se sentait triste, heureuse et angoissée. Elle avait trouvé Ginny et Parvati en train de rire avec Astoria, Daphné, Pansy et Milicent. Les trois premières lui avait adressé un profond sourire, comme si une nouvelle relation, plus profondes, s'était construite. Elles avaient toutes les trois conscience qu'elle était le garde fou de Drago pour le moment, et vice-versa.

-Allons-y, souffla-t-elle, en se levant enfin.

Elles quittèrent le Chemin de Traverse, entrèrent dans le Chaudron Baveur et trouvèrent immédiatement la famille Weasley et Harry qui les attendait, leur chevelure de feu se repérant facilement dans la foule.

-Hermione, Ginny ! S'écria Molly en se ruant vers elles. Vous nous avez manqués !

Elle les serra dans ses bras, suivit par Arthur et George. Derrière eux, Ron et Harry attendait, incertain de l'attitude à adopter.

-Vous m'avez manqué les garçons, dit Hermione en brisant la glace.

-Toi aussi, sourit Harry en s'avançant pour la prendre dans ses bras.

Ron hésita un instant, près à dire quelque chose.

-Ron,souffla la brune, je suis contente de te voir.

Et c'était vrai. Elle ne ressentait ni tristesse, ni douleur, émotions qui suivent généralement les retrouvailles de deux personnes qui ont rompu. Elle était simplement contente de revoir son ami. Il se détendit ostensiblement et la prit dans ses bras à son tour.

-Moi aussi, Herm.

-Rentrons, dit Molly, j'ai fait des gaufres et du bon chocolat chaud.

En arrivant au Terrier, Hermione sourit. Finalement, cette ambiance qu'elle ne retrouvait que là lui avait manqué. Les deux jeunes femmes s'installèrent dans la chambre de Ginny et elles descendirent retrouver la famille, ainsi que Bill et Fleur qui étaient arrivé entre temps. Les rires résonnaient dans toutes la maison, autant que la nourriture remplissait les assiettes. Les garçons posèrent milles questions pour savoir comment ça se passait à Poudlard et elles ne purent éviter d'aborder la nouvelle ambiance qui régnait dans le château.

-En fait, expliqua Ginny, les tensions ont complètement disparue, c'est très différent de ce qu'on a connu.

-Mais c'est agréable, ajouta Hermione.

-C'est bizarre cette nouvelle répartition, commenta Harry, ça se passe comment avec les Serpentards ?

-Bien en fait, elles sont agréables dans le dortoir et dans la salle commune ça se passe bien aussi.

-Tant mieux, finalement c'est l'essentiel, conclut Ron.

Les jeunes femmes échangèrent un regard complices, elles n'avaient pas expliquer à quel point ça se passait bien avec les Serpentards et finalement ce n'était peut être pas nécessaire. Elles détournèrent le sujet sur les activités des deux garçons. Ils avaient apparemment décidés de profiter en voyageant ensemble. Pour la première fois, Harry pouvait faire tout ce qu'il voulait, il n'avait plus la famille Dursley sur le dos, ni la menace de mort qui avait plané sur lui toute sa vie. Les Weasley étaient sa famille et il voulait profiter avec eux de sa nouvelle vie. Par la suite, Ron avait prévu de rejoindre George au magasin de farces et attrapes et Harry voulait restaurer le Square Grimmaud qui lui appartenait à présent.

-Bon, intervint George, et côté cœurs jeunes gens ?

Hermione échangea un regard gêné avec Ron, Ginny baissa les yeux et Harry s'étrangla avec son jus de citrouille. La guerre et les choix de vies avaient séparés les couples, si Ron et Hermione avait renoncé avant la rentrée, Ginny elle avait déjà fait une croix sur son petit-ami lorsqu'il était parti à la chasse aux Horcruxes et lorsqu'il était revenu, lorsqu'elle l'avait cru mort, elle avait senti à quel point elle tenait à lui mais la blessure qu'il avait laissé en partant était encore trop douloureuse, leur couple n'avait pas su s'en remettre.

-C'était pas la question à poser, George, rit Bill assi de l'autre côté.

-Non, non, c'est rien, intervint Ron, enfin...Pour moi, on peut en parler.

Il avait jeté un regard à Hermione qui confirma, tandis qu'Harry plaisanta :

-Il n'y a pas grand chose à dire en ce qui nous concerne, Ron.

-Pareil de notre côté, conclut Ginny.

Et malgré tout, ça sembla soulagé tout le monde autour de la table quand le sujet fut conclut et que Molly déposa le dessert devant eux.

La première semaine de vacances passa à la vitesse de l'éclair, le Trio d'Or s'était reformé et Hermione parvenait à se sentir bien, même si son sentiment de vide revenait régulièrement et ses nuits étaient toujours désastreuses. Malgré tout, elle riait de bon coeur avec ses amis, participait aux conversations, aidait Molly et Arthur dans la maison. Une part d'elle était heureuse d'être là, l'autre en revanche était restée à Poudlard, au côté d'un certain blond qui lui manquait plus qu'elle ne l'aurait cru. La veille de Noël, elle pensa particulièrement à lui, elle aurait aimé qu'il sache que ça allait pour elle, elle aurait aimé savoir si tout allait bien pour lui.

-Ginny ? Tu dors ?

-Non. Ca ne va pas ?

-Je... Je peux te parler d'un truc ?

-Bien sûr.

Elle se redressa pour allumer la lampe de chevet et regarda la brune.

-Drago me manque.

Elle avait lâché la phrase d'un coup et avait aussitôt baisser les yeux. Elle ne vit donc pas le sourire se peindre sur le visage de la rouquine.

-Que c'est étonnant, répondit-elle, ironique.

-Quoi ?

-Hermione, depuis la rentrée vous passez tout votre temps ensemble, ça n'a rien d'étonnant qu'il te manque.

-C'est juste que je ne m'attendais pas à ce que ce soit comme ça. Il est tout le temps dans un coin de ma tête, je me demande comment il va et si je lui manque aussi. Je n'ai jamais eu ça avec Harry ou Ron.

-C'est normal.

-Pourquoi ?

-Sérieusement ? Rit Ginny. Hermione, je suis désolée de te le dire comme ça mais soyez un peu honnête, tu es amoureuse de Drago et il est amoureux de toi.

La tête de la jeune femme changea, sous le choc.

-Ginny ! Ne dis pas n'importe quoi, c'est pas ça, c'est juste qu'on se comprend, on est amis et je m'y attendais pas, c'est tout. Mais ça n'a rien avoir, pas du tout. Laisse tomber, il faut qu'on dorme, bonne nuit.

Elle se coucha aussitôt, lui tournant le dos et Ginny sourit. Elle n'était sans doute pas prête à l'entendre mais sa meilleure amie avait mis son coeur entre les mains d'un Serpentard. Elle le savait, et après en avoir discuté avec Pansy, elle était certaine que c'était réciproque, même si aucun de ces deux écorchés n'étaient capables de l'admettre et de l'assumer pour le moment. Elle n'insista pas et se coucha à son tour.

Au matin de Noël, la joie se répandit dans la maison et parvint à atteindre la Gryffondor. L'odeur du chocolat chaud et du pain perdu régnait dans le salon, ils s'étaient tous réunis autour du sapin pour ouvrir les cadeaux et chacun avait été gâté. Hermione reçu de nouveaux livres, ramenés de l'étranger, de la part de Ron et Harry, des articles du magasin de la part de George, un pull tricoté de la part de Molly et Arthur, une nouvelle plume de la part de Ginny et une écharpe de Bill et Fleur. Pour une fois, elle se sentait apaisée, plus tranquille, et son sentiment de vide ne l'avait pas encore envahie. Toutefois, lorsqu'un Grand Duc arriva en portant un paquet, elle sentit son coeur battre fort dans sa poitrine. Elle savait à qui était ce hibou.

-Oh, quel bel oiseau ! S'exclama Molly en se levant. C'est pour toi, Hermione.

Elle se leva et s'avança pour récupérer le paquet, gênée par les regards braqués sur elle.

-De qui ça vient ? Demanda Fleur.

-Oui, Hermione, de qui ça vient ? Demanda à son tour Harry, bien qu'à son ton elle comprit qu'il n'était pas dupe. Ils avaient vu cet oiseau et son propriétaire ces sept dernières années, elle était certaine que lui comme Ron l'avait reconnu.

-D'un ami, se contenta-t-elle de répondre. Elle donna quelques graines au Grand Duc et le regarda repartir.

-Tu n'ouvres pas ton cadeau ? Demanda Ron à son tour, un peu sec.

-Oh, si, bien sûr.

Elle se rassit à leurs côtés et ouvra le petit paquet vert – il avait peut être abusé sur l'emballage -, il contenait un magnifique collier en or avec un pendentif en tête de lion. Sur le côté de l'animal, trois petits mots étaient gravés « Courage et Bravoure ».

-C'est magnifique, souffla Ginny.

-Effectivement, il est splendide, ajouta Molly.

Hermione était sans voix, Drago s'était surpassé, ce bijou était effectivement majestueux et il semblait très précieux. Elle se sentit un peu ridicule du cadeau qu'elle avait confié à Pansy pour le jeune homme avant de partir.

-C'est un ami très proche j'imagine, pour te faire un aussi beau cadeau, commenta Harry.

Le regard de ses deux meilleurs amis étaient pleins de questions et lorsqu'elle remonta dans sa chambre avec Ginny, elle n'eut pas le temps de s'asseoir qu'ils entraient dans la pièce.

-Bon, on veut bien une explication, commença Ron, pourquoi le hibou de Malefoy t'a apporté un cadeau aussi beau ?

-Et bien...

-Ca ne vous regarde pas, coupa Ginny.

-Bien sûr que si, c'est notre meilleure amie.

-Justement Ron, ta meilleure amie, pas ta fille ni même ta soeur.

-Ca ne change rien du tout, je veux savoir.

-Elle n'a pas à te raconter si elle n'en a pas envie ! Laisse la tranquille.

-Toi laisse moi tranquille, je fais ce que je veux !

-Stop, intervint Harry, arrêtez de vous disputer.

Puis, se tournant vers la brune :

-Herm, on ne te reproche rien tu sais...

-Encore heureux, claqua Ginny.

-On veut juste comprendre, continua-t-il en ignorant l'intervention de son ex petite-amie.

-Je...

Elle ne savait pas quoi dire, elle se sentait prise au piège et son corps rêvait de s'enfuir loin, très loin. Elle jeta un regard affolé à Ginny, incapable de s'expliquer elle-même.

-Elle est amie avec Drago, dit la jeune femme, comprenant l'angoisse de la Gryffondor.

-Pardon? Comment ça ?

N'y tenant plus, la brune sorti de la chambre pour trouver de l'air ailleurs.

-Les gars, soupira Ginny, vous êtes des boulets.

-Mais qu'est-ce qu'elle a ?

-Hermione ne va pas très bien, en fait ça ne va pas depuis la fin de la guerre mais elle l'a bien caché.

-C'est pour ça qu'on a pas eu de nouvelles ?

-Je pense, je vous avoue que je ne l'ai pas beaucoup vue au début de l'année, elle s'est fort renfermée sur elle-même.

-C'est quoi le rapport avec Malefoy ?

-C'est difficile à expliquer quand on ne l'a pas vu. Disons qu'ils se comprennent, comme s'ils avaient fait une guerre que personne n'a fait. Vous deux, vous pouviez mais vous avancez alors qu'elle stagne du coup vous ne pouvez plus trop et je pense que c'est pour ça qu'elle ne vous en parle pas. Mais Drago oui, il comprend. Ils se regardent et se comprennent, ils ont des discussions silencieuses et aussi de vrais longues discussions. Il l'aide à aller mieux et inversement, ce vide qu'elle a dans le regard, il a le même.

-On ne dirait pas que tu parles de Malefoy et Hermione là.

-Parce que ce ne sont plus les mêmes personnes, Ron. Il a changé, on a tous changé. Avec ce qu'on a vécu, les conflits de maisons ça semble vraiment ridicule maintenant.

Un long silence lui répondit pendant que les garçons assimilaient ce qu'elle venait de leur expliquer.

-Je sais que ce n'est pas facile pour vous, mais elle a vraiment besoin de soutien plus que de jugements, alors réfléchissez bien à ce que vous voulez faire et moi je vais la voir.

Elle rejoignit sa meilleure amie dans le jardin.

-Tu sais qu'il gèle ici ?

-Oui, mais il y a de l'air ici. Ils ont dit quoi ?

-Rien pour le moment, mais je leur ai expliqué comme je pouvais. Ils auront besoin d'un peu plus d'explication.

-Je suppose oui.

Elle triturait son collier entre ses doigts.

-Tu veux que je te le mette ?

-Je ne sais pas.

-Il est très beau.

-Oui.

-Hermione, ça va ?

-Je ne sais pas.

Elle se décida à regarder son amie.

-Je ne sais pas Gin, je n'arrive pas à savoir comment je me sens. Je voudrais qu'il soit là. Il saurait me le dire, il saurait m'aider. Il me manque et je ne sais pas ce que ça veut dire non plus.

-En tout cas, il t'a fait un très beau cadeau, dit Ginny, ne sachant pas quoi dire d'autre. Elle avait fait part de ce qu'elle pensait à son amie la veille, il ne servait à rien d'insister un peu plus maintenant.

-Oui, c'est vrai.

-Tu devrais le porter.

-Tu crois ?

-Oui, on voit qu'il s'est investi et il mérite que tu portes le cadeau qu'il t'a fait.

-Hermione ?

La concernée se retourna, Harry et Ron approchait vers elles.

-Ginny, tu veux bien nous laisser un instant ? Demanda le premier.

-Bien sûr.

-Herm, on a réfléchi avec Harry et...Enfin, tu fais ce que tu veux, on a rien à dire.

-Sois juste prudente, ajouta le survivant.

-Il a vraiment changé. -Comme nous tous, oui. Mais je te dirais d'être prudente avec n'importe quel homme, tu es ma petite soeur.

-Harry, non, on a pas ce genre de relations...

-Peu importe, intervint Ron, quel que soit la relation que tu choisis d'avoir avec lui ou avec un autre, sois prudente, pense à toi et... compte sur nous, d'accord ?

-Pense à nous donner des nouvelles.

Elle les regarda et vit à quel point ils avaient souffert de son manque de nouvelles.

-Je suis désolée les garçons,je n'arrivais pas à... C'était égoïste, je suis vraiment désolée.

-Ne t'en fais pas, on aurait pu comprendre aussi. On va essayer de faire mieux tous les trois, d'accord ?

-D'accord pour moi.

-Le Trio d'Or, conclut la brune en souriant.

Elle les serra dans ses bras, appréciant la chance qu'elle avait.

Elle eut tout à coup l'impression qu'un morceau d'elle lui était revenu.