Note de l'auteur : Merci à ma première revieweuse, à savoir Silomede ! Je suis très contente que l'histoire te plaise. Je peux au moins promettre qu'elle va actuellement jusqu'à 71600 mots, ce qui fait encore de sacrés aventures à raconter ! Je croise les doigts pour que tu continues d'apprécier.

Pairing : Katsuki.B x OC.

Rating : T

Disclaimer : L'univers de BNHA ne m'appartient pas, seuls mes personnages et mon histoire sont miens. Ô grand désespoir.

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Revenge lurks in the sky

Chapitre VI :

Sympathy and reluctance.

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Le dos d'Ochaco reposait contre le mur, attendant que sa camarade termine son entretien avec le professeur Aizawa. Jetant un coup d'œil à son téléphone, elle roula des yeux lorsqu'elle vit les trois messages simultanés que lui avait envoyés Izuku et celui d'Iida qui lui demandait poliment de répondre au vert car il devenait... horripilant. La petite brune retint un rire et décida de répondre à son petit copain, lui indiquant qu'elle n'était pas encore revenue de son footing car elle avait croisé Misoga et l'avait accompagné à son rendez-vous avec leur professeur principal.

Alors qu'elle appuyait sur "envoyer", la silhouette de l'amputée apparut à la porte et tandis qu'elle saluait poliment l'homme en lui souhaitant une bonne soirée, la rejoignit.

«À quoi te servent tous ces rendez-vous ?» lui demanda innocemment Uraraka, fermant sa veste tandis qu'elles traversaient le couloir. Il faisait presque totalement nuit et la lune se faisait discrète.

«À rendre des rapports au capitaine de la police de Tokyo. Je dois raconter ma journée, donner mes ressentis et le professeur Aizawa l'envoie à la préfecture. Ça leur permet de garder un œil sur moi, et moi je peux discuter avec quelqu'un de neutre. C'est un bon compromis,» expliqua Kagame avec une sincérité qui étonna la brunette alors qu'elles traversaient le bâtiment principal.

Après un petit silence, la voix de la plus petite résonna dans le couloir, timide mais curieuse.

«C'était comment ?»

Kagame coula un regard en direction de sa camarade. Cette dernière avait les joues légèrement rouges mais affichait un sérieux à toute épreuve. Lui tenant la porte pour qu'elle puisse passer et inspirant l'air frais tandis qu'elles suivaient de nouveau le sentier, l'amputée se racla la gorge.

«De quoi ? En cellule ?»

Ochaco sursauta légèrement, comme si elle l'avait électrocuté. La brune fronça ses sourcils, ne comprenant pas sa réaction avant que la lumière ne se fasse et qu'elle hoche la tête pour elle-même.

«Ah, tu veux dire, dans l'Armée ?»

«Oui,» acquiesça l'étudiante d'une petite voix, comme si elle avait finalement changé d'avis. Mais, Kagame comprit qu'elle craignait surtout d'être indiscrète. Ce qui n'était pas vraiment un problème pour la brune. Après tout, elle ne lui mettait pas le couteau sous la gorge pour qu'elle raconte sa vie.

«C'était dur,» commença la jeune femme, frissonnant en passant devant l'arbre qui abritait autrefois Apocrypha. Avec la nuit qui était tombée en quelques minutes à peine, il pouvait toujours se cacher entre les feuillages. Même si elle en doutait, elle arma son bras, prête à attaquer s'il le fallait. Pour autant, quand elles sortirent du sentier entre le parc et s'engagèrent sur le chemin menant aux dortoirs, Kagame se détendit. «La journée, j'allais en cours et je faisais comme si de rien n'était. Et il y avait les entraînements tous les soirs, les révisions, le perfectionnement de ma prothèse et de son utilisation...»

L'adolescente intercepta le regard appuyé d'Ochaco sur sa jambe droite et elle souffla du nez dans un rire discret. Elle avait du mal à croire que la fille redoutable qu'elle avait observé durant le Championnat puisse se montrer si candide et douce dans sa manière d'être.

«Tu n'avais aucuns amis dans ton collège ? Et ton lycée ?» demanda-t-elle en approchant des dortoirs de la seconde-A. Kagame secoua négativement la tête, neutre.

«Je n'en avais pas vraiment le droit. Et, même si j'avais voulu, je n'avais pas le temps. Ni le temps, ni l'envie. Cacher ma véritable identité était déjà compliqué, je ne préférais pas m'attacher et causer plus de mal.»

Face à son aveu de faiblesse, les sourcils courts et épais de la brunette se froncèrent dans une expression de peine. Kagame tiqua en voyant cela et grimaça. Ce n'était pas pour sa pitié qu'elle lui avait parlé de son ancienne vie, mais parce qu'elle voulait simplement se montrer sincère. Comprenant le malaise de la jeune femme, Uraraka perdit son air attristé tandis qu'elles pénétraient dans le bâtiment assez animé pour un vendredi soir. Il y avait les escaliers qui menaient aux chambres, mais avant cela une pièce centrale, le rez-de-chaussée, composée de multiples canapés, d'une télévision et d'un baby foot auquel s'amassaient Mina, Kirishima, Ojiro et Kaminari. Sur le canapé dans l'angle était posé Katsuki, un soda dans la paume, observant d'un air renfrogné la partie du quatuor.

En voyant Izuku à table, gribouillant sur son carnet, Ochaco esquissa un immense sourire et se tourna vers sa camarade au visage fermé.

«Tu pourrais venir ? Je suis sûre que Deku ne t'a pas encore harcelée de questions sur tes alters. Et puis, tu en as deux, comme Todoroki,» proposa la brunette, ce qui attira l'attention de Denki sur elle et qui entraîna la perte de la partie pour son équipe avec Mina.

«Rah ! Mais bon sang, Kaminari, tu as déjà balancé toute la sauce pour être aussi mou ?!» lui lança-t-elle, agacée, tandis que le rouge se mettait à rire aux éclats.

Kagame sentit sa nuque la brûler sous le regard sombre de Katsuki et décida de l'ignorer tandis que Midoriya leur faisait signe de le rejoindre. Enfin, il regardait davantage sa petite copine, n'osant pas vraiment affirmer quoique ce soit envers Misoga. Cette dernière se retourna vers sa camarade qui l'avait accompagnée et esquissa un faible rictus.

«Peut-être une prochaine fois ? Je fatigue et je dois encore aller me doucher. Je répondrais aux questions de Midoriya plus tard,» fit-elle d'un timbre de voix discret, ne préférait pas attirer l'attention sur elles deux plus que de raisons.

Les lèvres de la brune se tordirent en une moue mécontente mais elle hocha la tête, prête à rejoindre le vert avant de se souvenir de quelque chose dans un éclat d'excitation.

«Oh, mais au fait, je vais au centre-commercial demain. Tu pourrais m'accompagner ? J'ai cru comprendre que tu manquais d'affaires.»

Étonnée de sa proposition mais saisissant sa main tendue, Kagame hocha brièvement la tête.

«C'est d'accord. Bonne soirée,» lui souhaita-t-elle avant de rapidement tourner les talons pour rejoindre son étage. Elle attendrait que chacun aille se coucher pour se laver. Ce n'était pas un moment agréable pour elle alors autant qu'elle soit certaine de ne pas être dérangée.

Aussi, quand elle rejoignit sa chambre, vide et aussi impersonnelle qu'une chambre d'hôpital, la jeune femme se sentit soupirer en s'asseyant sur le matelas de son lit. Ce dernier était assez haut et une chaise en bois lui servait aussi bien de table de chevet que de siège pour réviser à son bureau. Un bureau qui était plutôt une table rectangulaire où s'entassaient de nombreuses feuilles de papier noircies et qui représentaient la plupart des cours qu'elle s'efforçait de rattraper.

Aizawa l'avait prévenue qu'en devenant son tuteur jusqu'à ses dix-huit, il avait eu l'autorisation de récupérer les documents et dossiers pour accéder au compte bancaire que ses parents avaient créé pour elle de leur vivant. Avec Re-Destro, elle ne s'était jamais posé la question de l'argent, mais maintenant qu'elle devait songer à payer Yuei, ses vêtements, le réfectoire et quelques meubles, elle avait été étonnée de trouver une bien coquette somme sur sa carte. En effet, en plus de l'héritage, leur ancienne carrière de super-héros leur avait permis de mettre de côté pour son avenir et Kagame n'avait eu accès à ces comptes qu'il y a très peu de temps. Aussi peu de temps qu'elle était sous la tutelle d'Eraser Head, à vrai dire.

Le problème étant qu'elle n'avait aucune idée de la manière dont elle voulait décorer sa chambre, encore perturbée de sa nouvelle vie et de sa rencontre avec Apocrypha. C'était d'ailleurs en songeant à l'homme et ses paroles qu'elle se mit au travail, reprenant de nombreux exercices donnés dans les livres de cours que lui avait attribué Shota. Ce dernier avait avancé les frais, le temps que sa carte arrive et qu'elle obtienne les droits d'accéder au coffre de ses parents. Une manière un peu rude de lui rappeler qu'elle avait un jour eu des parents et que les souvenirs vagues de leurs visages n'enlevaient en rien la génétique et leur passé ensemble.

Plus que ça, elle se sentait honteuse d'utiliser leur argent après les avoir reniés de son existence et prétendu qu'ils n'avaient plus aucun impact sur sa vie.

Passant sa main sur son visage tiré, elle toucha de la pulpe de ses doigts sa cicatrice qu'elle détestait tant, se sentant tout d'un coup maussade. Son œil gauche voyait légèrement plus flou, conséquence de son accident, le même qui lui avait coûté son tibia et elle croisa ses bras avant d'enfouir sa tête entre, fermant ses yeux. Elle était si fatiguée.

Un discret cognement retentit contre le bois de sa porte et rouvrant un œil, Kagame s'étira sur sa chaise et se dirigea d'un pas un peu morne en sa direction. Elle n'avait pas encore enregistré qui dormait au même étage qu'elle, sortant de sa chambre la plupart du temps au dernier moment pour se rendre en cours et n'ayant pas vraiment l'occasion de croiser ses camarades en mangeant le soir à une heure tardive. Aussi, elle fut légèrement étonnée de voir Eijiro au seuil, accompagné de Mina qui se dandinait sur ses pieds.

«Oui ?» les interrogea-t-elle en dardant ses prunelles dorées sur leurs silhouettes gênées, d'une voix qu'elle sentit plus froide qu'elle ne l'aurait voulu. C'est le rouge qui fut plus avenant en lui adressant un sourire incertain, comme une bête féroce qu'il faudrait calmer avec gentillesse et bonté. La brune s'obligea à se détendre, sentant toute la tension dans ses muscles et des douleurs persistantes dans sa cage thoracique.

«On allait se mettre à table et ce soir, c'est Tenya et Ochaco qui ont cuisinés,» initia le garçon et alors que l'amputée allait refuser, son ventre émit un bruit abominable, semblable à un grondement sourd qui la figea face aux deux adolescents.

Tous les trois se regardèrent, mal à l'aise avant que le rouge ne pouffe de rire, bientôt suivie par Mina qui explosa de rire. Rouge, Kagame referma brusquement sa porte dans un geste instinctif, sentant son visage devenir cramoisi et aussi brûlant qu'un feu. Un ange passa et remarquant que les rires derrière sa porte s'étaient stoppés, sûrement de surprise, elle souffla, calmant ses tremblements à l'idée d'avoir été injustement trahie par son corps.

Après quelques secondes, elle colla alors son oreille à sa porte, entendant leurs pas s'éloigner tandis qu'ils abandonnaient l'idée qu'elle les rejoigne. La jeune femme soupira alors de soulagement, se remettant à son bureau en essayant de se relaxer. Elle avait encore une bonne heure et demie de travail devant elle avant de s'accorder une pause pour manger, habituée à travailler jusque tard comme elle l'avait si bien rappelée à sa camarade aux joues rondes.

C'est ainsi qu'après avoir terminé un nouvel exercice de mathématiques, son ventre s'étant calmé mais ayant besoin de se laver et se dégourdir un peu le jambes, Kagame prit des sous-vêtements, une serviette et son pyjama et se dirigea d'un pas silencieux en direction des douches. Comme elle l'avait prévu, il n'y avait plus d'âmes qui vivent au rez-de-chaussée et elle passa en coup de vent devant la cuisine, ne remarquant pas le petit mot qui reposait sur la table.

Quand elle poussa la porte de la salle de bain des filles où s'alignaient plusieurs cabines de douches, la brune choisie la plus éloignée après avoir fermé à clé et déposa ses affaires, se maudissant d'avoir oublié de prendre un tabouret. La plus simple des tâches devenait la pire des tortures et la jeune femme grogna contre elle-même, n'appréciant déjà pas la case "douche". Elle attacha ses cheveux en chignon, prenant plusieurs barrettes pour fixer sa frange hors de son front et se déshabilla rapidement, arrivant au moment où elle devait retirer sa prothèse.

Dès le moment où elle la posa à côté de ses affaires, révélant un moignon aux quelques cicatrices blanches, Kagame prit appui de ses paumes contre les murs, activant son alter de vent pour garder un certain équilibre. Le problème étant qu'elle ne pouvait se maintenir et en même temps se savonner, elle dû simplement se résoudre à coller son dos contre la surface fraîche, frissonnant quand son épiderme toucha le carrelage froid.

Durant toute l'opération elle avait gardé ses yeux fermés, prenant de longues inspirations en essayant de contrôler ses tremblements. Les souvenirs de l'eau s'infiltrant dans ses poumons alors qu'elle sentait tous les os de son corps se briser la frappèrent aussi violemment qu'un coup de poing et elle coupa brutalement le jet, respirant difficilement au milieu des vapeurs chaudes.

C'était toujours dans ces moments-là qu'elle se disait qu'elle manquait d'une thérapie pour contrôler cette peur panique qui la prenait, la peur de perdre le contrôle et de se faire du mal.

Mais il n'y avait aucune raison, n'est-ce pas ? Kaminari était bien trop loin pour qu'elle absorbe son énergie sans s'en rendre compte et au-delà de ça, elle savait user de son alter. Elle en avait l'habitude.

«Je le contrôle,» se murmura-t-elle doucement comme un mantra en humidifiant le savon entre ses mains. «Je le contrôle.»

Ainsi, elle put de nouveau allumer l'eau à un faible jet, se contentant de se rincer lentement, n'appréciant pas de sentir les gouttes s'écouler sur son corps. Son affinité avec l'électricité et l'air la rendait assez hydrophobe, d'autant qu'elle devait son amputation et ses problèmes de santé à la perte de contrôle de son alter quand elle était plus jeune. Des souvenirs qu'elle n'avait toujours pas digérés.

Coupant l'arrivée d'eau, la jeune femme récupéra sa serviette qu'elle enroula puis attacha sous son aisselle, sautillant pour ne pas avoir à utiliser son alter. Il n'y avait pas assez de surface pour qu'elle ne détruise pas tout en essayant de voler, pouvant à peine pallier son déséquilibre. Kagame fut ainsi rassurée quand elle atteignit ses affaires et qu'elle put ainsi enfiler sa prothèse, retrouvant sa stabilité et son habileté.

Chacun de ces moments du quotidien lui rappelaient à quel point elle était dépendante à sa prothèse et ensevelie sous ses craintes. C'était à se demander comment ses camarades n'avaient pas encore découvert l'immense supercherie qu'était sa vie. De puissants alters n'avaient aucune utilité quand elle était seule face à son miroir, sa cicatrice grignotant sa pommette, son corps amputé et son visage laissant voir son esprit malade.

Quand elle déverrouilla la porte de sa cabine pour se rendre rapidement dans la cuisine, la jeune femme en profita pour détacher les barrettes qui maintenaient sa frange, la laissant de nouveau caresser son front tandis que l'humidité lui avait rendu un peu de son mouvement naturel. Elle conserva en revanche son chignon, avançant dans son jogging trop grand et sa brassière sombre jusqu'à la table, apercevant enfin le petit mot laissé à son attention. En le prenant entre ses mains, elle lut d'abord la signature avant de parcourir le message de ses yeux fatigués. De cette manière, son œil gauche lui était presque inutile et Kagame songea à acheter une paire de lunettes.

En espérant que ça te plaise,

Uraraka Ochaco

Un bol rempli de nouilles trempant dans un jus carmin reposait à quelques centimètres, agrémenté de deux baguettes et d'un verre comme si la table avait attendu des heures qu'elle vienne manger. Cette vision réconforta la brune qui prit le bol pour le faire réchauffer au micro-onde, appatée par l'odeur délicieuse qui s'en dégageait.

Malgré son refus, l'adolescente avait pris le temps de lui servir une part et Kagame eut l'impression que c'était sa manière à elle de l'intégrer dans leur groupe. Une manière des plus intelligente car elle n'aurait pas pu rêver mieux qu'un repas chaud après sa mauvaise expérience dans la douche. De plus, le silence qui régnait, sa solitude et les lumières de la ville que l'on pouvait voir au loin avaient le don de l'apaiser et alors que la boite métallique indiquait que son repas était chaud, la jeune femme s'en empara pour l'engloutir avec appétit.

Il y avait des jours plus doux que d'autres.

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Le matin, Kagame se réveilla avec raideur, ouvrant les yeux à six heures du matin. Elle n'était pas une fervente amoureuse des grasses matinées, surtout depuis qu'elle était passée par le coma, la cellule de prison avant d'atterrir à Yuei. En moins de deux mois, sa vie avait complètement changé, mais ses habitudes demeuraient les même et elle enfila des vêtements propres, un pantalon noir et peu serré avec un pull fin et bleu, avant de descendre dans la cuisine.

C'était son premier samedi ici et elle n'avait pas connaissance des réveils de chacun, aussi avait-elle parié sur la fatigue de la semaine pour ne pas les croiser. Malheureusement, elle tomba sur la première personne qu'elle n'aurait pas voulu voir aussi tôt, à savoir l'explosif qui était en tenue de sport et qui fermait sa porte en même temps qu'elle. Drôle de façon d'apprendre qu'ils avaient leurs chambres au même étage.

N'ayant aucune envie de le confronter, elle se contenta d'ignorer son air mauvais même s'il restait relativement calme et descendit en direction du rez-de-chaussée sans s'attarder sur le fait qu'il marchait à un mètre derrière elle. Devait-elle s'attendre à ce qu'ils déjeunent ensemble ? Non, ça lui semblait trop gros et il se contenta de la dépasser pour s'enfermer dans la salle de bain des garçons, faisant claquer la porte derrière lui. Kagame s'installa alors à table, sortant son livre d'art moderne qu'elle continua de feuilleter en sirotant un verre de jus de mangue.

Pour autant, elle ne réussit pas à se concentrer complètement, le comportement du blond la rendant nerveuse. C'était insupportable pour elle d'être dans une attente perpétuelle, de ne jamais savoir à quel moment il déciderait de lui envoyer une explosion à la figure ou lui rappeler qu'il ne lui faisait pas confiance et qu'elle n'avait rien à faire ici. Malgré son désir d'occulter tout cela dans sa discussion avec Aizawa, elle avait bien compris son sous-entendu quand il lui avait rappelé de garder le contrôle car c'était de cette manière qu'elle prouverait ses bonnes intentions.

Un déclic se fit entendre du côté des sanitaires et la brune se remit dans la lecture de son manuel, ne réagissant pas quand la silhouette de l'explosif se glissa dans la cuisine et qu'il fouilla bruyamment dans les placards à la recherche de quelque chose à se mettre sous la dent. Il lâchait de nombreux bruits d'agacement, des "tch" à répétitions en faisant de plus en plus de bruit, jusqu'à ce qu'il ouvre brutalement le frigo, faisant tinter les bouteilles en verre qu'il contenait dans une cacophonie insupportable et qui firent relever la tête de la jeune femme.

Kagame, le regard noir, fut légèrement surprise de voir qu'il la fixait déjà comme s'il avait fait tout ça pour la pousser à bout et l'obliger à réagir. Elle sentit ses poings se contracter malgré elle et l'agacement se transformer petit à petit en colère.

«T'as un problème ?» lui lança-t-il hargneusement, devant sa bouche légèrement entrouverte. Elle était indignée. Si elle avait un problème ? Il cherchait à lui faire perdre le contrôle mais elle ne lui donnerait pas ce plaisir.

Inspirant par le nez, elle transforma son air courroucé en un sourire aimable alors que le blond fronçait ses sourcils et secoua la tête, la pointe de ses cheveux caressant sa nuque.

«Aucun, je me demandais si tu avais besoin d'aide. Tu cherches quelque chose ? Je pourrais peut-être t'aider ?»

Kagame vit avec un plaisir dissimulé les lèvres du garçon se tordre en une moue rageuse tandis qu'il contractait sa mâchoire. Le débardeur noir qu'il portait laissait apparaître ses bras aux muscles bandés et elle remarqua à quel point sa posture était raide.

«Te fous pas de ma gueule, la boiteuse,» grinça-t-il alors qu'elle tiquait désagréablement au surnom. Ses yeux dorés se plissèrent en sa direction.

«Je ne boite pas,» répondit-elle d'un ton sombre, ne supportant certainement pas d'être qualifiée de la sorte. Katsuki grogna dans son coin.

«Et j'en ai rien à foutre,» lui répondit-il avec toute sa désobligeance, les faisant retourner au silence tandis qu'il se saisissait franchement d'une bouteille de jus d'orange pour se servir un verre. En revanche, il ne prit pas la peine de s'asseoir et resta debout, le dos reposant contre le plan de travail tandis que la brune ne pouvait détendre ses épaules.

Heureusement, un nouvel élève fit son apparition et se figea à l'entrée de la cuisine en voyant le corps tendu de la jeune femme assise sur sa chaise et la silhouette de Bakugo derrière elle qui avait l'air d'un chien prêt à mordre. Denki passa son regard sur les deux adolescents avant de plisser ses yeux et d'approcher prudemment. Kagame se sentit presque soulagée quand l'attention du blond se détourna d'elle pour se poser sur l'électrique.

«On ne manque pas de chaises, tu sais,» fit remarquer Kaminari à l'explosif qui lâcha un "tch" dédaigneux.

«J'suis pas débile,» grogna Katsuki avant de froncer le nez. «Et puis mêle toi d'ton cul.»

Le jaune haussa les épaules, aussi touché que si on lui avait annoncé le beau temps dehors, et se servit un bol de céréales avant de s'installer aux côtés de Kagame, laquelle parcourait les lignes de son livre en essayant de ne pas faire attention à ce qui l'entourait. Seulement la voix de Denki lui parvint et elle releva la tête en sa direction.

«Ça craint. Tu te poses jamais ? On a pas Kayama avant mardi, c'est pas une heure pour réviser, ça,» commenta-t-il alors que la jeune femme clignait des yeux, surprise que le garçon s'adresse à elle.

«Je n'ai jamais vu tous ces chapitres alors je dois rattraper le début d'année,» expliqua calmement la brune en constatant tristement qu'elle n'avait plus de jus sucré dans son verre.

La voix du blond se fit tranchante derrière eux.

«Entre deux meurtres, ça devait pas être facile de caser les cours.»

Kagame sentit son dos se crisper et ses poings se serrer. Le pire était la présence de l'électrique à côté d'elle qui avait en lui une telle puissance qu'elle devait se contrôler pour ne pas l'aspirer et la relâcher immédiatement sur l'explosif. Ce n'était pas l'envie qui lui manquait et en la voyant se tendre, Kaminari grimaça.

«On a compris, Katsuki. Lâche l'affaire,» lui lança-t-il d'une voix contrariée.

«Toi me donne pas d'ordre !» s'énerva le concerné, assez fort pour certainement déranger les chambres du premier étage. «Vous viendrez pas chialer quand ses potes se ramèneront et que vous vous ferez éclater la gueule.»

Si la brune ne s'attendait pas à ce que le jaune la défende corps et âme, elle fut blessée de sentir qu'il n'avait rien à répondre à ça et qu'il lui lançait des regards incertains. Forcément, elle n'avait rien à contrer, surtout depuis sa rencontre avec Apocrypha. Elle se contenta donc de fermer calmement son livre et de se relever de sa chaise.

«Oï, où est-ce que tu crois aller, la boiteuse ?» grinça le blond quand Kagame se dirigea hors de la cuisine.

Avec agacement, elle absorba le minimum de l'énergie qui constituait Kaminari puis quand elle sentit cette petite bulle d'électricité au creux de son ventre, la jeune femme la redirigea en direction de son bras qu'elle tendit d'un mouvement si rapide que Bakugo ne parvint pas à le prévoir.

En un millième de seconde, un éclair venait s'éclater entre les jambes du blond, légèrement plus bas de sorte à ce qu'il ne le touche pas mais produise un son de pétard assez menaçant. L'endroit qui avait été tapé par sa foudre était maintenant noirci et le bois laissait s'échapper une vague odeur de brûlé. Face à elle, Denki était figé dans une expression choquée tandis que Katsuki avait ses yeux carmins baissés en direction de ce qui aurait pu être quelque chose de bien plus fragile. Il ne bougeait pas d'un millimètre, comme se rendant lentement compte de ce qu'elle venait de faire.

«Ne m'appelle pas la boiteuse,» lâcha-t-elle d'une voix hostile, tournant les talons en direction de sa chambre avant qu'il ne puisse la rattraper et lui faire payer son coup.

Elle savait qu'elle venait d'empirer son cas mais, à mi-chemin, elle ne put s'empêcher de sourire. La tension s'était évaporée et Kagame devait reconnaître les bienfaits de retrouver un peu de sa hargne. Elle ne comptait pas se faire marcher sur les pieds et c'était une bonne façon de le démontrer, qu'importe les conséquences.

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Vers dix-heures, cependant, de faibles cognements lui parvinrent et alors que Kagame refermait son manuel de littérature, elle ouvrit à une Ochaco parée d'un short vert clair et d'un haut rose pâle. Ses cheveux étaient ramenés en deux petits chignons bas et les lèvres de la brune ne purent s'empêcher de sourire. La simplicité de sa camarade était rafraîchissante.

De son côté, l'amputée avait enfilé un pantalon noir, un t-shirt d'un bleu sombre et une veste marine. Plutôt passe-partout mais qui ne rendait pas hommage au beau-temps.

«C'est toi qui a brûlé le mobilier de la cuisine ?» demanda innocemment la brunette alors que Kagame refermait sa porte derrière elle. Cette dernière se figea et se retourna pour faire face aux joues rondes et rosées de sa camarade.

«Euh,» commença-t-elle avant d'être coupée par le pouffement d'Ochaco.

«Tu devrais voir ta tête,» s'amusa l'adolescente alors que l'amputée haussait un sourcil, les pommettes légèrement rouges. «Denki nous a raconté pour votre altercation, avec Katsuki.»

«Tu l'appelles par son prénom,» remarqua la brune sans répondre directement au sujet qu'abordait sa camarade. Elle se doutait des répercussions que causeraient sa légère perte de contrôle, ou enfin, le contrôle de ses émotions justement. Peut-être devrait-elle rappeler ce soir à Aizawa qu'elle était passé près de foudroyer le blond, mais qu'à la place elle avait décidé de lui faire comprendre qu'elle ne se laisserait pas faire.

À ses côtés, Ochaco lui lança un petit regard avant d'acquiescer. Elles arrivèrent au rez-de-chaussée et Kagame se dirigea naturellement vers la cuisine pour constater les dégâts. Heureusement, il n'y avait personne et elle grimaça en voyant une trace d'éclair qui s'étendait sur le bois noirci. Il fallait poncer et reboucher le léger trou que ça avait créé. Elle n'y était pas allée si violemment. Elle profiterai de leur sortie pour acheter ce qu'il fallait.

«Je crois que j'ai gagné son respect en combattant contre lui au Championnat,» lui répondit la brunette alors que l'amputée la rejoignait pour sortir du bâtiment de la seconde-A.

«C'est donc ça le secret ?» ironisa la brune sous l'œillade compatissante de sa camarade. «Il ne me fait pas peur, de toute façon.»

Sa manière de le dire sonnait boudeuse et Kagame s'en rendit compte en voyant la fille à ses côtés retenir son rire. Était-elle si ridicule ? Toute leur discorde avait l'air dérisoire dans le regard d'Uraraka mais au fond, la jeune femme savait que le blond avait des raisons de lui en vouloir. Plus que les autres, peut-être parce qu'il avait été directement au cœur du combat. Cependant, le fils d'Endeavor l'avait été au même niveau mais ne profitait pas de chaque moment où ils se croisaient pour la frapper ou lui rappeler à quel point elle n'était rien.

«Tu lui tiens tête et il ne doit pas penser que tu es légitime à ça. Je pense qu'il faudrait que tu disparaisses pour qu'il arrête de réagir comme ça,» fit doctement Ochaco alors que Kagame la fixait, clairement surprise. Est-ce qu'elle venait de lui dire qu'elle devait partir ? Voyant son expression, la brunette se mit à rougir en comprenant le double-sens de ses mots et secoua vivement les mains devant elle.

«N-Non ! Ce n'est pas ce que je voulais dire ! Pardonne-moi, Misoga !» s'excusa-t-elle dans un comportement enfantin qui gêna la plus vieille.

«C'est bon, c'est bon. J'étais simplement surprise de ta franchise,» balaya cette dernière en fronçant finalement ses sourcils. «D'ailleurs, comme tu es sur ta lancée, pourquoi est-ce que tu passes du temps avec moi ?»

La future héroïne chercha pendant quelques secondes une réponse adaptée tandis qu'elles approchaient le portail. Kagame sortit son pass, attendant patiemment que sa camarade formule sa pensée.

«En fait,» débuta-t-elle en plissant ses yeux, dépassant le portail et remettant en place sa sacoche. «Je ne pense pas que te laisser dans ton coin soit la bonne solution. Deku m'a parlé de ton arrivée à Yuei et de la décision des professeurs. J'avoue que je n'étais pas vraiment rassurée au début mais je me suis dis qu'ils avaient une bonne raison de croire en toi. Et puis, je ne sais pas ce que tu as vécu toutes ces années mais j'imagine que ces gens, aussi horribles soient-ils, représentaient aussi ta seule famille... ?»

Kagame ne put émettre un seul son face à la perspicacité de la brunette. C'était troublant de constater à quel point elle était clairvoyante. C'est aussi pour cette raison qu'elle se sentit obligée de hocher la tête, la gorge serrée. Elle ne savait pas à quel point elle avait raison en lui disant ça, les paroles d'Apocrypha résonnant encore en elle. Face à leur duo, le soleil se faisait encore discret derrière les nuages mais le vent était tiède. C'était une matinée agréable.

«Ça se voit,» fit la brunette alors que l'adolescente lui lançait un regard interrogateur. «Ça se voit dans tes yeux que tu regrettes.»

Encore une fois, les paroles de sa camarades eurent le don de figer la jeune femme qui après avoir trop longtemps retenu sa respiration, admit son échec en soupirant, un rictus jaune sur le visage.

«Je pensais ne pas avoir le choix. Mais je l'avais,» se contenta-t-elle de répondre comme seul plaidoyer avant que la tension ne se fasse trop lourde et qu'elle ne ressente le besoin de changer de sujet. «Et sinon, tu allais au centre commercial pour quoi ?»

Les joues d'Ochaco se tintèrent d'une jolie couleur vermeille.

«Est-ce que ça va ? Tu as l'air malade,» s'enquit Kagame avant de rencontrer les deux prunelles déterminées de sa camarade qui serrait ses petits poings. Ça aurait pu être impressionnant, dans un autre contexte, mais il fallait avouer qu'elle ressemblait davantage à Kirby, sur le moment.

«Je devais racheter des sous-vêtements, mais Mina est plutôt du genre osé et je voulais être accompagnée d'une fille qui ne me forcerait pas à acheter des ensembles léopards.»

Kagame la toisa, interloquée.

«Comment tu sais que je ne porte pas moi aussi des ensembles léopards ?» s'amusa finalement la brune en observant la moue de sa camarade se faire plus boudeuse. Leur relation était si naturelle que c'en était perturbant.

«Je l'ai déduit. Et puis, tu n'es pas du genre à forcer les gens à être ce qu'ils ne sont pas, n'est-ce pas ?»

«J'aurais bien du mal,» acquiesça humblement la jeune femme devant le raisonnement simpliste mais amusant d'Uraraka.

Elles échangèrent un sourire en coin avant que la plus petite ne se mette à pianoter sur son téléphone à clapet. De son côté, Kagame avait laissé le sien auprès de son ancienne vie. Encore une chose qu'elle devait penser à acheter.

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Note de l'auteur : À vendredi ! Titre du prochain chapitre : Purchases and choices.