Chapitre 7

Valence s'aperçut de la respiration rapide de Flavien. Il devait sûrement revivre un souvenir plus intense, se dit-elle. Elle observa le jeune homme avec inquiétude. Qu'est-ce qui avait bien pu arriver à Flavien pour qu'il subisse de tels refoulements? Les événements avaient du être très douloureux pour que son cerveau réagisse ainsi. Après un instant de réflexion, elle dit à haute voix :

-J'aimerais être seule avec lui. Ça sera sûrement plus facile pour moi.

Les autres hochèrent la tête et sans un mot quittèrent la pièce.

Valence sortit son pendule pour l'hypnose et regarda Flavien.

-Espérons que ça va marcher, murmura-t-elle.

Après une éternité à être resté couché le visage contre le plancher, Flavien risqua finalement de s'asseoir. Il avait mal tellement partout. Ses ecchymoses étaient sûrement devenues énormes et son visage était tout engourdi. Son torse lui faisait un mal atroce. Les mots résonnaient toujours dans sa tête : « personne n'a jamais voulu de toi… »

Eh bien, si personne ne voulait de lui, il partirait, se dit-il en essayant d'essuyer ses larmes qui coulaient abondamment sur ses petites joues.

Il tendit l'oreille. Il n'y avait aucun bruit dans la maison sauf la respiration de ses occupants. Sur la pointe des pieds, il se leva, prit son Grégoire qui était resté sur le lit, puis se dirigea sa penderie. Là, il fouilla la poche de son pantalon et trouva son morceau de verre. Il le glissa dans la poche de sa chemise de nuit, puis marcha à pas feutrés vers la fenêtre. Il l'ouvrit sans faire de bruit, y grimpa et se laissa glisser en bas. Il atterri sur la pelouse humide et regarda autours de lui. Où devait-il aller?

Il leva les yeux vers le ciel. Un jour, Mamie Louise lui avait dit que les étoiles étaient magiques. Peut-être que s'il les suivait, elles le mènerait au bon endroit.

Il se mit à marcher tranquillement. Son genou le faisait boiter, mais il continuait quand même de regarder vers le ciel sans y faire attention. Les étoiles l'hypnotisaient. Il était fatigué, mais il ne pouvait pas s'arrêter de les regarder. Leur scintillement donnait à cet univers l'allure d'un jardin féerique. Un jour, se dit-il, il irait les rejoindre et visiter chacune d'entre elle pour les admirer toutes.

Avec les yeux tournés vers le firmament, ses pas le guidèrent vers le vieux chêne. Le petit bonhomme s'assit au pied de celui-ci et serra Grégoire très fort contre lui.

-Les étoiles avaient raison, Murmura-t-il doucement à son hippopotame mauve, C'est le meilleur endroit.

Lentement, il s'étala près de l'arbre sur le côté, sa peluche toujours dans ses bras. Le sol sentait la terre et l'humidité. L'herbe folle se mêla à ses cheveux sombres. Une légère brise le caressa mais il ne frissonna même pas. Il devenait insensible au monde extérieur.

Il ne dormi pas cette nuit là. Il resta figé comme une statue de sel au pied du vieux chêne. Il sentit la caresse du soleil à l'aube et entendit le chant des oiseaux qui le survolaient au petit matin, mais rien de cela ne le fit réagir. Le temps passait mais il ne le ressentait pas. À l'abri près du grand arbre, rien ne l'atteignait.

Puis Bob apparut devant lui.

-Flavien? Qu'est ce tu fais là?

Mais le petit garçon ne répondit pas et continua de fixer devant lui.

-Flavien? …Flavien?...Tu m'fais peur là…

Toujours aucun mouvement. Flavien l'entendait, mais rien en lui ne réagit. Bob le secoua un peu, puis il décida d'aller chercher quelqu'un.

-MÔMMYYYYYYYY! FLAVIEN Y…

Flavien ne l'entendit plus, son ami était trop loin. Il continua de fixer le vide.