Cette fois ci, on rentre un peu plus dans les embrouilles... émotions au rendez vous !


Chapitre 7 : La loi de l'emmerdement maximum

Hanji se réveilla en sursaut. Elle bondit sur son téléphone après avoir entendu la sonnerie. Livai la sentit rouler au dessus de lui, et il la repoussa d'un violent geste de la main. La jeune femme s'écroula à côté du lit, et lâcha un couinement douloureux. Elle finit par se saisir de l'appareil et ouvrit son message. Ses yeux s'écarquillèrent.

- Livai, dit elle d'une voix grave.

- Je te jure que si t'as encore fait de la merde je t'étouffe avec l'oreiller, pesta Livai en s'essuyant les yeux.

Il attrapa son réveil et regarda l'heure. 7 heure tout pile. Malgré son évidente fatigue, il n'avait pas d'autre choix que de se lever. On était en semaine, et il avait fait don de sa matière grise à l'éducation nationale pour tenter de la transmettre ne serait ce qu'infimement à des élèves.

- C'est Moblit, murmura Hanji. Il vient de m'envoyer un message. Il veut qu'on se voit.

Livai ouvrit grand les yeux. Il se jeta sur le téléphone d'Hanji. Cette dernière se débattit pour qu'il ne lui arrache pas.

- Réponds lui bordel !cria Livai en se tortillant.

Hanji le repoussa avec toute la force dont elle était capable.

- Je sais pas quoi lui dire !s'exclama-t-elle à son tour.

- Alors laisse moi faire !s'énerva Livai.

Il tenta une nouvelle fois de se saisir du téléphone, mais l'effet escompté ne fut pas au rendez vous. En effet, l'appareil s'échappa des mains d'Hanji lorsque Livai lui donna un coup de coude pour s'en emparer, et atterrit comme une pierre dans le fond de la tasse de Livai encore pleine d'eau posée sur sa tasse de chevet. Livai et Hanji se dévisagèrent. Puis ils regardèrent le téléphone rendre l'âme sans pouvoir rien y faire.

- J'espère que t'es fier de toi, finit par dire Hanji. Maintenant il va croire que je suis morte.

- De toute manière il était pourri ton téléphone, se défendit mollement le brun en se recoiffant d'un bref geste de la main.

Hanji pressa une main violente sur le crâne de son ami, furibonde.

- C'était pas une raison pour écourter sa vie !cria-t-elle. Je fais quoi, maintenant ?

- Calme toi, c'est pas bon pour le teint de s'énerver, répondit Livai en éloignant la main d'Hanji de son visage.

Hanji le regarda comme s'il avait perdu la raison.

- Mais je te signale que tu viens de faire faire son baptême de l'air à mon portable avant de lui enseigner la brasse coulée dans ta tasse moche !fit-elle remarquer avec force.

- C'est bon, je vais t'en racheter un, maugréa Livai en se levant.

Hanji continua de ronchonner. Elle attrapa son pauvre téléphone et tenta vainement de le ranimer. Ça ne marcha bien entendu pas. Livai lança deux cafés. Il regarda Hanji. Elle semblait tout à fait désorientée malgré ses hurlements matinaux habituels. Deux jours auparavant, ils avaient pour la première fois décidé de faire l'amour ensemble. Et la veille, l'expérience s'était curieusement répétée. C'était agréable, sans réelle prise de tête. Pourtant, une petite voix chuchotait à Livai que ce n'était pas une chose qui devait durer. Il avait l'étrange intuition que lui et Hanji fonçaient droit dans un mur, mais c'était une chose à laquelle il ne voulait pas penser. Aujourd'hui, Petra devait intervenir dans les classes pour faire la prévention de la grippe annuelle. La journée s'annonçait particulièrement longue, d'autant plus qu'il n'avait toujours pas réglé le problème le plus blond de son entourage. Devait-il oui ou non utiliser cette saloperie de tasse ? Il avait dit à Hanji qu'il allait lui parler. Mais quand ? De quoi ? Il avait souhaité couché avec sa meilleure amie pour s'affirmer dans une orientation sexuelle, et ça avait été un fiasco total. Que devait-il faire pour se tirer de ce faux pas ?

- Bon, faut qu'on se dépêche, finit par soupirer Hanji en attrapant ses vêtements.

Elle avait à contre coeur abandonné son téléphone à présent hors d'usage sur le lit. Livai songea qu'il devrait lui en racheter un dès le lendemain. Mais pour le moment il entreprit de se vêtir lui aussi tout en buvant son café. Il était le seul homme de cette planète capable d'enfiler une chemise blanche d'une main et de boire un café d'une autre sans faire la moindre tâche sur le vêtement. C'était un détail qu'Hanji lui avait fait remarqué la veille avec amusement.

Ils finirent de se préparer en silence, et sortirent de l'appartement. En bas, la température leur apparut comme glaciale, et Livai releva le col de son manteau. Ils prirent le métro, et attendirent debout, faute de place. Livai avait horreur de se tenir aux barres. Il trouvait qu'il n'y avait rien de plus sale qu'une chose que tous les inconnus de ce monde effleuraient dans la même journée. Ils arrivèrent à leur arrêt en peu de temps, et se retrouvèrent rapidement mêlés aux élèves à l'entrée du lycée. Hanji partit leur acheter deux cafés, comme d'ordinaire. Livai prit le sien avec plaisir. Il avait mal dormi. Et la crinière rousse et lisse qu'il aperçut dans la foule lui donna la nausée. Il plongea le nez dans son café, et tourna le dos à Petra jusqu'à ce qu'elle disparaisse. Il ne savait comment il allait pouvoir affronter cette journée.

ooo

- Voilà, vous êtes à présent tous et toutes prêts à affronter l'hiver, termina Petra avec son naturel sourire doux aux lèvres.

Les élèves babillaient joyeusement entre eux autour du sujet du jour. Tout le monde adorait Petra, et Livai tenta de se faire le plus petit possible au fond de la salle. Petra ne lui accorda pas le moindre regard. Livai ne put s'empêcher de regarder le doigt de la jeune femme autour duquel avait été placée sa bague de fiançailles. Elle n'y avait guère passé de temps. Mais ce qui frappa le plus Livai fut qu'il n'éprouvait pas la moindre tristesse à ne plus la voir. Il ignorait où Petra vivait, ni ce qu'elle faisait depuis qu'elle était partie quelques jours auparavant. Tout ce qu'il avait compris, c'est qu'elle était passée retirer toutes ses affaires des armoires. Elle avait même emmené le grille pain, ce qui lui posait un énorme problème. Livai adorait le pain grillé.

La cloche sonna. Petra salua gentiment son auditoire et se dirigea en même temps que les élèves vers la sortie. Cette fois ci, Livai ne résista pas. Il se jeta à sa suite, et saisit son bras. La jeune femme se retourna tel un robot, effrayant un instant Livai.

- Petra, dit-il simplement.

- Non, répondit Petra en reprenant son bras. Non Livai, on ne parlera pas. On ne parlera plus jamais. Couche avec qui tu veux. Sois qui tu veux. Mais fais le loin de moi.

Et elle le laissa pantois au milieu de sa classe, claquant la porte derrière elle. Livai serra les poings, puis il se dirigea vers son bureau. Mollement, il commença à ranger ses affaires. L'envie d'appeler Hanji le prit, mais il se souvint du sort de son téléphone avec regret.

- Non, je n'ai pas frappé.

Livai releva la tête. Erwin se trouvait face à lui. Il avait les mains enfoncées dans les poches de son impeccable costume. Livai ne put cette fois ci se retenir de relever les yeux vers lui. Ceux de son vis à vis étaient d'un bleu à tomber. Livai sentit son coeur se serrer, et pour la première fois, il repensa à la nuit qu'ils avaient passée ensemble.

- Je veux que tu acceptes de dîner avec moi, reprit Erwin.

- C'était elle, répondit Livai. Petra. L'infirmière. C'était à elle que j'étais fiancée. C'est à elle que nous avons fait du mal. Alors… Non, Erwin. Je ne peux pas. Je n'ai plus la force de me battre contre toi, mais j'ai encore la force de dire non. Je ne peux tout simplement pas.

Erwin s'adossa au mur en hochant la tête d'un air compréhensif. Il semblait attristé. Livai se doutait que comme tous les employés et élèves de ce lycée, il avait tout de suite apprécié Petra, et être l'homme qui avait détruit sa vie n'était pas une idée plaisante.

- Le pourras tu un jour ?finit par demander Erwin.

Livai se mordit la lèvre en fourrant une dernière liasse de papier dans sa sacoche.

- Et si je dis non ?murmura-t-il sans même adresser un regard à Erwin.

- Alors je ne sais pas, soupira le grand blond. Je ne sais pas si j'aurais envie de laisser tomber. Je déciderai le moment venu.

Livai fronça les sourcils, et se dirigea vers la porte. Il l'ouvrit, mais finit par se retourner. Il avait l'air dur.

- Pourquoi moi ?demanda-t-il avec agacement. Je suis juste un type qui t'a récupéré bourré dans un bar. Alors pourquoi tu me poursuis à ce point ?

- Je ne sais pas, pour ne rien te cacher, répondit Erwin. J'ai l'étrange intuition que tu peux m'apporter quelque chose. Quoi, je ne sais pas encore. Mais je sais que je trouverais un jour, et ce jour, j'espère juste que tu accepteras d'être à mes côtés.

Livai sentit son corps se mettre à trembler. À cet instant, toutes les émotions de la semaine lui tombèrent sur les épaules. Sa séparation brutale, sa nuit dévastée aux côtés d'Erwin, ses ébats sans le moindre sens avec Hanji. Tout le frappait en pleine gueule, et il se sentit presque sur le point de s'écrouler.

- Je n'ai pas jeté la tasse, souffla-t-il alors.

Et il quitta la pièce pour de bon, presque en courant. Il sentit une larme rouler contre sa joue.

ooo

Erwin n'avait pas eu beaucoup de mal à trouver l'adresse de Livai. Non seulement il avait une très bonne mémoire, mais il avait en plus accès aux dossiers de tous les professeurs. Il n'était pas particulièrement fier d'avoir fouillé dans celui de Livai, mais il n'avait pas pu se retenir. La petite conversation qu'il avait eu avec lui l'après midi même n'avait cessé de le torturer. Pour la première fois, Livai lui avait laissé voir l'homme derrière l'armure. Erwin avait l'espace de quelques secondes ressenti le drôle de personnage que lui avait dépeint Hanji, et son envie de le fréquenter réellement n'avait été que plus grande. Bien qu'il ne l'ait jamais montré, à Livai comme à Hanji, cette nuit avec Livai l'avait lui aussi ébranlé. Il n'était pas habitué à ce genre de chose. Il ne faisait que rarement la fête, savait rester professionnel en toute circonstance, et tenait particulièrement à conserver une relation strictement amicale avec ses professeurs. Mais Livai était un homme différent. Hanji était très amusante, elle aussi, et elle lui avait dit tant de chose qu'Erwin en était venu à se poser plus de questions en une soirée que dans l'intégralité de son existence. Et si ce soir il avait cherché l'adresse de Livai, c'était dans le seul but de se rendre chez lui avec entre les mains un bouquet de roses. Il se sentait presque ridicule d'être si romantique, mais il n'avait pas pu résisté en voyant la vitrine du fleuriste. Il attendait à présent devant les interphones. Il inspira profondément. Il ne pouvait pas sonner chez Livai. Ce dernier n'allait jamais lui ouvrir. Aussi il adopta la technique la plus basique qui soit, à savoir sonner chez n'importe qui et prétendre l'oublie de ses clés. Cela marcha au deuxième essai, et lorsqu'il passa la porte, il fut presque bousculé par une autre présence que la sienne.

- Merci.

Un homme venait de se glisser en même temps que lui dans l'ouverture de la porte. Erwin lui adressa un bref sourire. C'était un garçon à l'allure tranquille qui semblait avoir dans ses âges. Erwin n'y prêta pas plus d'attention que ça, et commença à monter les escaliers. L'autre homme le suivit, et Erwin finit par tourner la tête vers lui. Il fronça les sourcils. Ils s'étaient tous les deux arrêtés devant la même porte.

- Vous venez voir Livai Ackerman ?osa demander l'homme à ses côtés.

- Oui, et vous ?répondit Erwin.

L'homme hocha la tête.

Il allait sonner, mais un bruit très net leur parvint. Celui d'une femme qui criait. Et tous les deux surent à cet instant qu'elle ne criait pas de peur ou de douleur, mais bien de plaisir. Aussi Erwin fit une chose qu'il ne se serait jamais cru capable de faire. Il se jeta sur la poignée et ouvrit la porte à la volée. Il laissa tomber son bouquet de rose en voyant Livai au dessus d'Hanji dans une position des plus suggestives.

- Erwin ?!s'écria Livai, manquant de s'étrangler.

Apparut derrière Erwin l'homme qui le secondait. Ce dernier avait le teint blanc comme neige.

- Moblit ?!hurla Hanji en se dégageant immédiatement de l'emprise de Livai.

Puis suivit un silence de mort. Les quatre protagonistes semblaient tous avoir perdu la parole.