Bonjour à toutes et à tous ! Me revoilà pour le septième chapitre de S'aimer malgré les préjugés. Ce chapitre est plus long que les autres, il fait 14 500 mots. C'est l'un des chapitres les plus longs de la première partie et par la suite, les chapitres se feront de plus en plus longs. Je viens de terminer d'écrire la deuxième partie de ce premier tome, elle fait 18 chapitres et ils vont de 17 000 à 23 000 mots. Donc préparez-vous à de loooongs chapitres XD
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luxcie : Le couple Remus/Sirius va mettre du temps à se mettre en place, il verra vraiment le jour dans la troisième partie *-* La psychomage vous a tous traumatisés XD T'inquiète, Severus va s'occuper de son cas d'ici une trentaine de chapitres XD T'es sympa toi, Walburga insulte Harry et tu dis que tu l'adores XD
katymyny : C'était important pour la suite de l'histoire que Harry se retrouve face à une psychomage comme ça :/
Zackos : Désolée pour la scène de la psychomage :/ Comme je le disais c'est vraiment important pour la suite :/
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Avant de vous laisser lire ce chapitre, je vous annonce que je passerai sûrement à deux chapitres par semaine une fois que mes examens seront passés ! J'ai vingt-trois chapitres d'avance, je pense donc pouvoir augmenter le rythme de publication ;) Après, n'hésitez pas à me dire si vous préférez rester sur un chapitre par semaine, je tiendrai compte de vos avis !
Allez j'arrête mon blabla et je vous laisse découvrir ce chapitre ! Bonne lecture !
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7 : Annonces en tout genres
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(mercredi 02/08) POV Severus
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Lors des vacances d'été, habituellement, il arrivait toujours un moment où Severus avait hâte de retourner à Poudlard. C'était souvent par pur ennui. Il appréciait avoir quelques semaines de repos, car il fallait dire que passer dix mois à Poudlard, c'était tout de même fatigant. Mais deux mois, c'était beaucoup trop long. Déjà, lorsqu'il était élève, les vacances d'été lui paraissaient durer une éternité. Mais là, pour la première fois depuis qu'il était devenu professeur, il n'était pas spécialement pressé de reprendre le travail. Il ne s'ennuyait pas. Cela s'expliquait par une raison très simple : il n'était pas seul. Avoir de la compagnie – et surtout celle d'un adolescent de quinze ans – faisait passer les journées beaucoup plus vite. C'était aussi la première fois qu'il profitait pleinement de ses vacances et qu'il les appréciait. Même s'il devait s'occuper de Draco, il se reposait. Il avait tout pour être heureux. Mais il ne pouvait pas se réjouir entièrement pour autant. Car même si Draco semblait lui aussi heureux, Severus savait que, par moment, il ressentait l'absence de ses parents. Draco avait exprimé son souhait de ne pas en parler; Severus le respectait. Mais il voyait bien que ça le pesait. Il faisait cependant tout pour changer les idées de son filleul.
Mais Draco savait très bien s'occuper tout seul. En ce moment-même, il était en train de faire des croquis tandis que Severus lisait son courrier. Celui-ci avait remarqué que, dès que Draco s'agitait, il prenait son rouleau de parchemin et se mettait à dessiner. Dans ces moments-là, jamais Draco n'avait semblé aussi concentré et passionné aux yeux de Severus. C'était sûrement sa façon à lui de se recentrer lorsqu'il sentait qu'il se perdait dans ses pensées. En n'ayant jamais réalisé cela avant, Severus avait alors l'impression de ne pas connaître son filleul, tout compte fait. Du moins, pas autant qu'il l'aurait dû.
Il s'apprêtait à lire une lettre venant de Sainte-Mangouste lorsqu'une tête apparut dans la cheminée, les faisant sursauter, lui et Draco. En reconnaissant la personne à qui appartenait cette tête, il crut rêver.
- Black ! Que fais-tu la tête dans ma cheminée ?!
- Je dois te parler. Te prévenir me semblait plus courtois que débarquer directement dans ton salon.
- Je n'ai pas envie de perdre mon temps à t'écouter. Dégage.
- C'est important. C'est à propos de la rentrée. J'ai besoin de te parler avant que Dumbledore ne vienne te voir.
- Pourquoi dois-tu me parler de la rentrée ?! En quoi ça te regarde ?!
- Je ne te le dirai pas dans une vulgaire cheminée.
Severus souffla, agacé.
- D'accord, viens. Mais ne t'éternise pas, je n'ai pas que ça à faire.
- Ça tombe bien, moi non plus.
La tête de Black disparut puis, quelques secondes plus tard, il se matérialisa dans le salon. Il parut surpris en voyant Draco. La méfiance ne tarda cependant pas à envahir son regard. Severus vint aussitôt se placer devant son filleul, dans un geste presque instinctif. Merlin seul savait ce que Potter avait pu raconter sur Draco à ce sale cabot...
- J'aimerais te parler seul à seul, dit froidement Black.
- Si la présence de Draco te gêne, tu n'as qu'à t'en aller.
- Il n'a pas à entendre ce que j'ai à te dire. Au cas où tu n'aurais pas compris, je veux te parler de la rentrée. J'ai des informations à te donner et des choses à te dire qu'il ne doit pas entendre.
Severus était en plein dilemme intérieur. Cela lui coûtait de devoir demander à Draco de s'en aller pour parler à Black. Mais si vraiment Black avait des informations concernant la rentrée à Poudlard, alors en effet, Draco ne devait pas les savoir. Il se tourna alors vers son filleul mais celui-ci le prit de court :
- C'est bon, je m'en vais. Je sais que tu me diras tout, de toute façon.
Draco s'en alla sous le regard irrité de Black.
- Il plaisantait, j'espère ? lâcha-t-il.
- Cela ne te regarde pas, répliqua sèchement Severus. Bon, maintenant que nous sommes seuls, dis-moi ce que tu as à me dire, que tu déguerpisses au plus vite.
- Je n'irai pas par quatre chemins. À partir de la rentrée, nous serons collègues. Comme Filius Flitwick va s'occuper d'une nouvelle option facultative basée sur le duel, Dumbledore m'a proposé le poste de professeur de sortilèges. Il m'a fait cette proposition au début de l'année, j'ai pris le temps de réfléchir et je vais accepter. Je tenais à te mettre au courant avant que Dumbledore ne le fasse. Je sais qu'il va te demander de faire des efforts, il va me le demander aussi, et je voulais t'imposer mes propres conditions avant lui.
- M'imposer tes propres conditions ? répéta Severus, mi-moqueur, mi-choqué. Cela fait quatorze ans que j'enseigne, toi tu vas faire ta toute première année et tu veux m'imposer tes propres conditions ? Tu te fous de qui, Black ?!
- Ce que je vais te dire relève de la sphère privée, donc le fait que tu sois professeur depuis quatorze ans à Poudlard m'importe peu, répliqua Black. Je veux simplement te mettre en garde. Je sais que tu n'es absolument pas ravi du tout que je devienne ton collègue, et crois-moi, ça ne m'enchante pas plus que toi. Mais tu n'as pas intérêt à le faire payer à Harry. Il n'y est pour rien. Si tu as des comptes à régler avec moi, tu viens me voir, mais tu ne le fais pas par l'intermédiaire de Harry ! Tu n'as pas intérêt à le coller pour un oui ou pour un non. Du moins, plus que tu ne le fais déjà. Tu n'as pas intérêt à t'acharner sur lui en cours. Tu n'as pas intérêt à le saquer sur ses notes. Tu n'as pas intérêt à lui faire des remarques me concernant. Si j'apprends que tu as fait une seule de ces choses, je n'hésiterai pas à en faire de même avec ton filleul. Est-ce clair ?
- Je n'ai pas besoin d'avoir des griefs envers toi pour faire toutes ces choses, Black. Ce n'est pas parce que tu seras à Poudlard que je vais arrêter de coller ce bon à rien.
Avant que Severus n'ait le temps de dégainer sa baguette, Black le prit par le col de sa chemise et approcha son visage à quelques centimètres du sien, le regard flamboyant de rage.
- N'insulte – plus – jamais – Harry – devant – moi, dit-il en détachant chaque mot. Sinon je te ferai regretter d'être venu au monde. Compris ?
- Tu crois vraiment me faire peur, là ? Tu sais ce que j'ai été, Black. Tu sais auprès de quelle personne j'ai été au service. Ce ne sont pas tes pauvres petites menaces qui vont me faire peur.
Le dégoût remplaça la rage dans les yeux de Black. Il lâcha brusquement Severus qui tituba légèrement.
- Tu ne sais pas de quoi je suis capable pour protéger mon filleul. Si tu ne veux pas m'avoir dans les pattes je te conseille vivement de le laisser tranquille. Je sais ce que tu lui fais endurer depuis qu'il est arrivé à Poudlard. Et je trouve ça tout bonnement pathétique de ta part. Tu le détestes juste parce qu'il ressemble à son père. Mais il ne l'a presque jamais connu, Servilus ! Comment peut-il tenir d'une personne dont il n'a aucun souvenir ?! Tu ne lui as laissé aucune chance ! Tu l'as catalogué dès le premier cours que tu as passé avec lui ! Tu n'as aucune excuse, Servilus. C'est toi l'adulte, c'est à toi de faire la part des choses. Tu as pu lui faire tout le mal que tu voulais pendant quatre ans mais maintenant c'est terminé, je suis là et je le défendrai, quoi qu'il m'en coûte.
- Quitte à perdre ta place ? Ce serait très malin. Si tu es renvoyé, comment veux-tu protéger ton cher filleul du grand méchant Maître des Potions ? Oui, il n'y a pas à dire, ce serait vraiment très, très malin d'agir sur un coup de tête et de te faire virer. Mais c'est digne de l'intelligence d'un Gryffondor. C'est-à-dire presque inexistante.
Black voulut se jeter de nouveau sur Severus mais cette fois, celui-ci eut le temps de sortir sa baguette. Il la pointa sur Black d'un air menaçant, le tenant ainsi à bonne distance.
- Ne t'approche pas de moi, Black, siffla Severus. Reste là où tu es. Je ne sais pas pourquoi tu es venu si tu es incapable de te retenir.
- C'est toi qui me cherche, Servilus. Mais je ne voudrais pas faillir à la promesse que j'ai faite à Remus. Je vais donc m'en aller avant que l'envie me prenne de te mettre mon poing dans la figure.
Black lança un dernier regard haineux à Severus avant de transplaner. Le Maître des Potions soupira et se laissa tomber sur une chaise. Il réalisa alors pleinement ce que Black venait de lui apprendre. Ils allaient être collègues. Severus n'arrivait pas à y croire. Il savait pourtant que c'était vrai. Black ne se serait jamais dérangé pour venir lui dire ça si c'était faux. Severus allait réellement devoir le supporter comme collègue. Mais pourquoi ce genre de choses lui arrivait-il à lui ? Pourquoi ?! Il devait déjà se coltiner Potter dans ses cours, et maintenant il devait se coltiner le parrain ! Manquerait plus le retour du loup-garou et le tableau serait complet ! S'il était tout seul, Severus se serait bien enfilé un verre de Whisky Pur Feu cul sec. Mais la raison pour laquelle il ne devait pas le faire ne tarda pas à revenir dans le salon.
- Il est parti ?
Severus tourna la tête vers son filleul.
- Oui, il vient tout juste de s'en aller.
- Qu'est-ce qu'il te voulait ? C'était vraiment si urgent que ça ?
- Pour lui, oui, ça l'était. Il voulait me mettre en garde avant que Dumbledore ne le fasse, histoire que ses menaces aient plus d'impact.
- Te mettre en garde sur quoi ?
- Si je te le dis, tu me promets de ne le dire à personne ?
- Pas même à Blaise et à Théo ?
- Est-ce que ça sert à quelque chose que je te demande de ne rien leur dire ?
- Tu mets en doute ma discrétion, là ?
- Je te connais, Draco, je sais bien que tu ne pourras pas résister longtemps avant de leur apprendre ce que tu sais.
- Ils ne diront rien. Théo est hyper discret et Blaise n'a pas envie de passer un mois en retenue dès la rentrée.
- Très bons arguments. Bon, tiens-toi bien : Black va devenir le nouveau professeur de sortilèges à la rentrée.
La mâchoire de Draco sembla sur le point de se décrocher.
- C'est une blague ? lâcha-t-il, incrédule. Et Flitwick, dans tout ça ?
- Il enseignera une nouvelle option. Une option facultative de duel, si j'ai bien compris.
- Et Dumbledore ne pouvait pas choisir quelqu'un d'autre ? Et puis ça sort d'où cette histoire d'option ? On a déjà eu un club de duel il y a trois ans, est-ce que ça va être la même chose ?
- Je me pose exactement les mêmes questions et je n'ai pas les réponses. Black ne m'a rien dit à ce sujet.
- Qu'est-ce qu'il t'a dit d'autre alors ? Vous avez discuté pendant un bon moment, il a dû te dire d'autres choses... À moins que vous vous soyez battus ?
- Tu sais tout ce que tu devais savoir. Le reste pas d'importance.
Draco n'insista pas, au grand soulagement de Severus. Il râla tout de même, mais pas contre Severus :
- J'aimerais quand-même bien en savoir plus sur cette option. Dumbledore ne pouvait pas l'instaurer avant ? Si j'avais pu la choisir en troisième année, je n'aurais pas pris la divination !
- Je te rappelle qu'il s'agit d'une option facultative. Tu es libre de la prendre ou non. Mais en aucun cas elle ne remplacera l'une des cinq options. Si tu prends cette option facultative, tu devras obligatoirement continuer tes deux options obligatoires.
- Je me disais aussi... Ça aurait été trop beau. J'aurais bien aimé qu'elle puisse me permettre d'arrêter la divination.
- Tu préfères continuer les soins aux créatures magiques plutôt que la divination ? s'étonna Severus.
- Je n'ai jamais dit ça, répliqua Draco, en toute mauvaise foi. C'est juste qu'il fait beaucoup trop chaud dans la salle de divination et que la prof est complètement folle. En plus je n'y comprends rien.
- Donc tu préfères te faire déchiqueter le bras par un hippogriffe plutôt que suivre les cours d'une folle ?
Draco se mit à rougir sous l'air moqueur de Severus. Celui-ci se doutait que son filleul n'était pas innocent dans cette histoire d'hippogriffe qui lui avait lacéré le bras en troisième année. Il connaissait un peu ces créatures et savait qu'elles n'attaquaient pas sans raison. Il avait tenté de faire parler Draco à ce sujet mais l'adolescent s'était acharné à rejeter la faute sur l'animal. À cette époque, il semblait en vouloir à la terre entière et Severus savait pourquoi. Draco n'avait pas dû passer d'agréables vacances d'été à cause de son père qui avait perdu à la fois son elfe et son poste au conseil d'administration. Il avait sûrement été d'humeur massacrante. Draco avait alors rejeté sa haine sur un animal qui, à la base, n'avait rien fait. Sachant que Draco resterait muté dans son silence, Severus avait vite renoncé à savoir la vérité. Tout ce qu'il pouvait faire, c'était garder un oeil sur son filleul pour s'assurer que ce genre d'incident ne se reproduise pas. Heureusement, Draco s'était calmé et n'avait pas fait entendre parler de lui à nouveau jusqu'à la fin de l'année.
- Les cours de soins aux créatures magiques sont devenus moins dangereux après le cours sur les hippogriffes. Ennuyeux, certes, mais inoffensifs. Et puis, surtout, j'ai eu un Effort Exceptionnel en créatures en troisième et quatrième année alors qu'en divination j'ai eu un Piètre et un Acceptable...
- Tu aurais dû prendre les runes ou l'arithmancie. Ça t'aurait peut-être davantage passionné.
- L'arithmancie ça reste de la divination, non ?
- C'est une branche de la divination, oui, mais qui n'a rien à voir avec ce que vous enseigne le professeur Trelawney.
- J'ai déjà vu les cours de Théo, je n'y comprenais pas grand-chose. Et les runes me paraissaient être du chinois. Pour en revenir à l'option de duel, ça reviendra à combien d'heures hebdomadaires ?
- Deux heures, je pense, comme les autres options.
- Je vais peut-être me laisser tenter, alors.
- Il faut que tu y réfléchisses bien avant de prendre cette décision. Tu dois être sûr de pouvoir gérer ton emploi du temps avec deux heures de cours en plus. Ainsi que tes autres obligations. Et puis je te rappelle que cette année, tu passes les BUSE.
- Tu essaies de me décourager, là ?
- Je veux juste que tu prennes conscience de tout ce que cela implique de t'ajouter deux heures dans ton emploi du temps. Ce seront deux heures que tu ne pourras pas passer à faire tes devoirs. En plus, il se peut que cette option ait son créneau après dix-sept heures. Tu ne seras peut-être pas libre, à ce moment-là.
- Pourquoi est-ce que tu sembles persuadé que je serai très occupé cette année ?! Il y a un professeur qui veut me donner des cours particuliers parce que je suis nul dans sa matière ou quoi ?!
Severus esquissa un sourire, ravi d'avoir attisé la curiosité de Draco.
- Je ne peux rien te dire. Mais tu sauras tout ça très vite, crois-moi.
- C'est cruel, ce que tu fais, Severus. Tu sais bien que je ne vais pas arrêter d'y penser.
- Je sais, c'est le but. Allez, un peu de patience.
Draco pesta et se remit à dessiner sur son parchemin qu'il avait laissé sur la table en partant, une demie-heure plus tôt. Il releva cependant bien vite la tête.
- Au fait, pourquoi Black m'a regardé comme si j'étais une bouse de dragon ?
- Je n'ai aucune certitude mais Potter a sûrement dû se plaindre auprès de lui à ton sujet. Tu ne peux pas lui en vouloir. À Potter, je veux dire. Tu fais exactement pareil avec moi.
Draco ouvrit la bouche puis la referma, l'air vexé.
- D'ailleurs, en parlant de Potter, ce serait bien que tu évites de lui chercher des noises, cette année. Je n'ai aucune envie d'avoir son parrain sur le dos. Ça va déjà être assez pénible comme ça de l'avoir comme collègue...
- Désolé Severus mais ça va être compliqué, voire impossible, de passer toute une année sans m'écharper avec Potter. C'est plus qu'une nécessité. C'est un besoin viscéral.
- Eh bien tu vas devoir apprendre à te retenir. Je n'ai pas envie de te voir débarquer dans mon bureau ou dans mes appartements tous les jours parce que Black t'aura collé sans raison apparente. Je vais devoir faire un effort avec Potter, à toi d'en faire autant.
Draco soupira.
- Il n'est même pas encore professeur qu'il me saoule déjà...
- Évite de lui dire ça en face, je doute qu'il fasse preuve d'une grande indulgence à ton égard. Mais si ton comportement est irréprochable, il n'y a aucune raison que ça se passe mal avec lui. Fais profil bas, c'est tout.
- D'accord, concéda à contrecoeur Draco.
Il se replongea dans son chef d'oeuvre. Severus espérait que son filleul tiendrait parole. Il voulait passer une année tranquille. Il comptait bien ignorer Black le plus possible. Voire même faire comme s'il n'existait pas. Même s'il savait que ça allait être compliqué. Il espérait juste que Flitwick resterait directeur de maison. Severus se doutait que si son collègue avait décidé d'abandonner les sortilèges qui lui prenaient vingt-huit heures dans son emploi du temps pour enseigner une option qui ne lui en prenait que quatorze, c'était parce qu'il commençait à fatiguer. Severus ne serait donc pas étonné d'apprendre qu'il ait préféré abandonner également ses fonctions de directeur de maison. Certes, ayant été réparti à Gryffondor, Black ne pouvait pas devenir directeur de la maison de Serdaigle à part entière mais rien ne l'empêchait de devenir l'adjoint de Flitwick. Il serait donc quand-même directeur de maison, mais de façon partielle. Severus n'était pas sûr de pouvoir supporter ça. Car ils seraient amenés à se côtoyer plus souvent à cause des réunions auxquelles il devraient tous deux assister. Severus préféra ne pas y penser pour le moment. Il lui restait un mois de vacances et il voulait en profiter jusqu'au bout. Enfin, il y avait d'abord la pré-rentrée qui devait avoir lieu trois semaines plus tard. Il verrait donc Black à cette occasion. Misère. Si, une heure plus tôt, il lui restait un semblant de motivation à l'idée de reprendre le travail, à présent, cette once de motivation avait totalement disparu. C'était clair et définitif : il n'avait aucune hâte d'être à la rentrée.
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(vendredi 04/08) POV Remus
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Remus était stressé. La veille, Sirius et lui avaient reçu une lettre de Dumbledore qui leur apprenait qu'il viendrait les voir ce jour-là au Square. Remus ne savait pas si le directeur avait trouvé quelqu'un d'autre pour le poste de professeur de métamorphose. Il espérait que non. Mais le fait que Dumbledore lui ait écrit à lui aussi lui laissait quelques espoirs. Après tout, cela devait être compliqué pour le vieil homme de trouver de nouveaux professeurs. Pendant de longues années, Poudlard avait souffert de la malédiction du poste de professeur de Défense Contre les Forces du Mal. Certes, chaque année, Dumbledore réussissait à trouver quelqu'un, mais les candidats ne devaient pas se bousculer au portillon. Il devait en être de même pour les autres postes. Enseigner à Poudlard ne devait pas faire rêver. Il faudrait sûrement attendre quelques années pour que l'école retrouve son attrait. Mais Remus, lui, s'en fichait royalement.
Ses sept années à Poudlard avaient été comme un rêve, pour lui. Avant ses onze ans, il n'aurait jamais cru qu'il serait possible pour lui d'aller dans cette école. Il se disait que c'était trop dangereux, à cause de sa lycanthropie. Il aurait mis en péril la vie des élèves et des professeurs. C'était ce que pensaient également ses parents. Ils l'aimaient profondément et c'est pour cela qu'ils ne l'avaient jamais laissé se faire de faux espoirs. Jamais ils ne lui avaient dit qu'il pourrait suivre une scolarité à Poudlard.
Comme de nombreux enfants sorciers, Remus avait eu une instruction «moldue» à la maison. Il avait appris à lire, à écrire et à compter et avait des notions de science, d'histoire et de géographie. Il s'attendait donc à recevoir son instruction magique également chez lui. Mais cela n'avait pas été le cas. Peu avant son onzième anniversaire, le professeur Dumbledore était venu le voir chez ses parents. Remus l'avait aussitôt reconnu car, comme tout enfant sorcier de son âge, il avait la carte Chocogrenouille du directeur de Poudlard. Il n'en avait pas cru ses oreilles lorsque le grand sorcier lui avait dit qu'il pouvait venir apprendre la magie à Poudlard. Ses parents avaient été très sceptiques, eux aussi. Son père avait été le plus difficile à convaincre. Mais Dumbledore avait réussi à rassurer tout le monde en leur garantissant la sécurité de tous les résidents de Poudlard, élèves comme professeurs.
Remus avait ainsi pu suivre ses sept années d'études à Poudlard. Il y avait rencontré trois garçons avec qui il avait vite noué de forts liens d'amitié, il était devenu préfet en cinquième année, il avait réussi ses BUSE et il avait passé avec brio ses ASPIC.
Après Poudlard, il avait aussitôt rejoint l'Ordre du Phénix. Il avait aidé de son mieux mais avait eu l'impression de ne pas être aussi utile qu'il l'aurait voulu. Il avait eu cette culpabilité d'être resté vivant alors qu'il avait vu tant de personnes tomber, que ce soit des inconnus ou des personnes qu'il avait côtoyées de près. Puis il y avait eu l'assassinat de James et de Lily, la supposée disparition de Peter et la supposée trahison de Sirius. En quelques heures, Remus avait perdu ses quatre amis. Et il s'était retrouvé seul. Une fois de plus.
Avait alors commencé pour lui une existence chaotique, ponctuée d'emplois précaires tous aussi mal payés les uns que les autres. Il avait passé douze ans ainsi, jusqu'à ce que Dumbledore revienne le voir, cette fois dans sa propre maison. Si on pouvait appeler ça comme ça. Il avait cru halluciner en se voyant proposer le poste de professeur de Défense Contre les Forces du Mal à Poudlard. Il avait tout d'abord refusé net, arguant que c'était beaucoup trop dangereux. Dumbledore lui avait opposé que tout s'était bien passé durant ses sept années d'études, à part un «petit couac» dont il n'était pas responsable. Remus avait répliqué qu'il avait seulement eu de la chance, et que cette chance ne se reproduirait sûrement pas une deuxième fois. Dumbledore lui avait alors annoncé qu'il aurait accès à la potion Tue-Loup tous les mois et, ce, aussi longtemps qu'il enseignerait à Poudlard. Cette nouvelle avait fragilisé les barrières de Remus. Cela changeait tout. Avec cette potion, il ne deviendrait qu'un loup inoffensif lors de ses transformations. Il lui suffirait simplement de rester enfermé dans son bureau qui serait protégé par de puissants sortilèges, lui avait précisé Dumbledore. Mais Remus avait objecté qu'il pouvait très bien oublier de prendre la potion et que ce serait alors un drame puisque son bureau ne serait pas aussi bien protégé que la Cabane Hurlante. Dumbledore avait simplement répondu qu'il lui faisait confiance pour ne pas commettre cet oubli. Voyant que cela n'avait pas suffi à convaincre Remus, il avait joué sa dernière carte. Et cette carte s'appelait Harry. Dumbledore lui avait appris (ou rappelé) que l'adolescent allait entamer sa troisième année à Poudlard. «N'avez-vous pas envie de voir ce qu'est devenu le fils de James et de Lily ?» avait demandé innocemment le vieil homme. Remus aurait aimé le virer de chez lui pour avoir osé lui poser une question pareille. Bien sûr qu'il voulait revoir Harry ! La dernière fois qu'il l'avait vu, il était encore un tout petit bébé. Il voulait voir à quel point il avait grandi. Il voulait voir à quoi il ressemblait. Il voulait entendre sa voix. Il voulait apprendre à le connaître. Même si ce dernier souhait allait être compliqué à exaucer. Il n'avait alors pas réfléchi plus longtemps et avait accepté la proposition de Dumbledore. Six semaines plus tard, il était retourné à Poudlard mais cette fois-ci, en tant que professeur.
Remus avait passé une année mouvementée mais il avait été heureux comme il ne l'avait plus été depuis longtemps. Il voulait renouveler l'expérience. Il le désirait au plus profond de son être.
- Hé, ça va bien se passer.
La voix de Sirius fit sursauter Remus. Il se tourna vers son ami qui le regardait d'un air amusé.
- C'est toi-même qui m'a dit que c'était bon signe que tu aies reçu toi aussi une lettre de Dumbledore.
- Il m'a peut-être écrit parce qu'il sait que j'habite ici.
- Ça n'aurait aucun sens. S'il ne voulait parler qu'à moi, il n'aurait écrit qu'à moi.
- Il veut peut-être me parler d'autre chose.
Sirius le regarda pendant quelques secondes avant de lâcher :
- Oui, tu as sûrement raison. Dumbledore voudra te parler pour te dire qu'il regrettait de t'avoir proposé le poste de professeur de métamorphose parce que tu avais été plus que nul quand tu avais enseigné la Défense Contre les Forces du Mal. Tu as été tellement nul qu'il va te demander de rembourser le salaire que tu as reçu pendant l'année durant laquelle tu as enseigné. Ne t'en fais pas, je t'aiderai. Je ne vais pas te lâcher comme ça.
Remus leva les yeux au ciel. Ça, c'était bien Sirius. Toujours dans l'exagération.
- J'étais simplement perdu dans mes pensées. Je me disais que rien ne me ferait plus plaisir que retourner enseigner à Poudlard.
- Si, moi je crois qu'il y a quelque chose qui te ferait encore plus plaisir.
Remus haussa les sourcils.
- Ah oui ? Et quoi donc ?
- Revenir enseigner à Poudlard avec moi.
Remus resta stupéfait quelques secondes, ne s'étant pas attendu à cela, avant de se mettre à rire.
- C'est exact ! J'avoue que c'est encore mieux de me dire que je vais t'avoir comme collègue. Mais ça ne va pas te faire bizarre, d'habiter de nouveau tout seul ?
Sirius haussa les épaules.
- Sûrement, oui. Mais je vais vite m'y réhabituer. Et puis je ne serai pas seul durant la journée. Alors que quand tu n'étais pas là, j'étais vingt-quatre heures sur vingt-quatre tout seul, avec pour seule compagnie Kreattur et le tableau de ma mère. À Poudlard, en une journée, je verrai bien plus de personnes que je n'en ai vues depuis que je suis sorti d'Azkaban. Ça va me faire un bien fou ! Je passerai assez peu de temps dans mes appartements, tout compte fait. Mais on pourra toujours se rendre visite. Et puis l'été prochain tu reviens habiter ici. Ça c'est non négociable.
Remus sourit.
- Avec grand plaisir.
Il était plutôt rassuré. Sirius n'avait pas peur de retrouver sa solitude. Lui non plus, d'ailleurs. Mais la présence permanente de Sirius allait certainement lui manquer. Il était tellement heureux d'avoir retrouvé son ami... Depuis six mois ils passaient littéralement tout leur temps ensemble. Ils ne se quittaient presque pas. Remus avait pensé qu'ils se lasseraient, au bout d'un moment, mais pas du tout. Ils s'entendaient toujours aussi bien. Ils ne s'étaient jamais vraiment disputés. Remus se disait parfois que si Sirius lui proposait de rester toute sa vie au Square, il hésiterait pour la forme mais finirait bien vite par accepter. Mais Sirius ne ferait jamais ça. Il n'allait pas se coltiner son meilleur ami jusqu'à la fin de son existence... Un jour, il rencontrerait une femme, il en tomberait fou amoureux, il lui proposerait de s'installer au Square et...
- Moony, tu es encore reparti dans tes pensées. Tu veux bien arrêter de te triturer les méninges ?
Remus releva la tête et grimaça un sourire.
- Désolé, c'est plus fort que moi. Je vais aller préparer du thé, ça va me changer les idées.
Sans attendre de réponse, Remus fila à la cuisine. Faire du thé était quelque chose qu'il affectionnait tout particulièrement. Cela le détendait. Il n'utilisait pas la magie, car il estimait que certaines choses pouvaient être faites sans avoir besoin de baguette. Il utilisait juste la sienne lorsqu'il fallait faire réchauffer le thé. En pleine discussion, c'était tout de même plus pratique de lancer un simple sort plutôt que dire à son interlocuteur «Attends, je vais faire réchauffer le thé dans la cuisine, j'en ai pour deux minutes». Deux minutes ça peut paraître peu mais ça pouvait suffire à casser l'ambiance. Surtout quand on oubliait de quoi on parlait avant de se rendre compte que le thé avait refroidi.
Lorsque Remus revint dans le salon, il vit que Dumbledore était arrivé. Il avait dû avoir le nez creux en décidant d'aller faire du thé !
- Bonjour, Remus, dit le vieil homme en se tournant vers lui.
- Bonjour, professeur. Comment allez-vous ?
- Bien, bien, merci. Et vous ?
- La pleine lune est dans moins d'une semaine mais je suis plutôt en forme. Voulez-vous du thé ? Je viens tout juste d'en faire.
Dumbledore acquiesça alors que Sirius invitait tout le monde à s'installer autour de la table. Remus servit le thé sous les protestations de Sirius qui faisait valoir son titre d'hôte sous le regard amusé de Dumbledore. «Ces deux-là n'ont pas changé», devait-il se dire.
- Vous avez sûrement deviné la raison de ma visite, dit-il au bout d'un moment.
- En effet, affirma Sirius. Vous voulez savoir si nous serons des vôtres à la rentrée ?
- C'est cela.
Remus sentit son coeur faire un bond dans sa poitrine. Dumbledore n'avait pas tiqué sur le «nous» de Sirius. Cela signifiait-il que... Non, il ne devait pas tirer des conclusions trop hâtives. Pourtant, Dumbledore dut lire dans ses pensées puisqu'il mit fin à ses interrogations :
- Le poste de professeur de métamorphose est toujours à pourvoir, Remus.
Le soulagement envahit Remus tout entier. Il avait eu peur de faire face à une grosse déconvenue. Mais cela ne voulait pas dire pour autant qu'il avait le poste. Dumbledore avait peut-être trouvé d'autres candidats et...
- Ma proposition tient toujours, d'ailleurs, ajouta Dumbledore après quelques secondes.
Remus ne savait pas si son coeur allait pouvoir tenir jusqu'à ce que le vieil homme reparte. Trop d'émotions d'un coup.
- Vous souhaitez toujours que je prenne le poste ? souffla-t-il.
- Effectivement. Je sais que vous m'aviez donné un «non» qui semblait définitif mais j'osais espérer que vous changeriez d'avis.
- Vous avez bien fait d'espérer. Je... je suis d'accord pour enseigner la métamorphose dès la rentrée.
Dumbledore semblait assez surpris. Il fallait dire que Remus avait catégoriquement refusé sa proposition lorsqu'il était venu le voir sept mois plus tôt. À ce moment-là, il n'avait nullement l'intention de revenir sur sa décision. Mais c'était sans compter sur l'esprit rusé de Sirius...
- Vous m'en voyez ravi, Remus, dit sincèrement Dumbledore. Évidemment, au cas où vous refuseriez de nouveau aujourd'hui, j'avais cherché d'autres candidats mais je n'en ai trouvé que deux et ils sont loin d'avoir un profil aussi intéressant que le vôtre. Mais êtes-vous sûr de votre choix ? À moins d'un mois de la rentrée, j'ai besoin d'une réponse définitive.
- Elle l'est, assura Remus. Vous avez ma parole, professeur.
- Bien, voilà une excellente nouvelle, se félicita Dumbledore.
Il se tourna vers Sirius.
- Avez-vous réfléchi vous aussi à la proposition que je vous ai faite ?
- Oui, et j'ai pris ma décision. J'accepte le poste de professeur de sortilèges. Et j'accepte également de seconder Filius en tant qu'adjoint auprès des élèves de Serdaigle. Mais vraiment en cas de nécessité. Je ne me sens pas vraiment prêt pour de telles responsabilités.
- Ne vous en faites pas, vous vous y ferez très vite. Cela me fait penser que j'ai oublié de vous poser une question importante, Remus. Acceptez-vous aussi de devenir le directeur de la maison de Gryffondor ?
- Oui, même s'il va me falloir un temps d'adaptation.
- Minerva sera là pour vous aider, vous conseiller et répondre à toutes vos questions. Vous pourrez aller la voir si vous avez des doutes quant à la façon dont vous devez agir dans telle ou telle situation. Vous tâtonnerez sûrement au début mais vous vous ferez la main et cela deviendra vite instinctif.
Dumbledore s'adressa de nouveau à Sirius.
- Votre réponse est-elle définitive, elle aussi ?
- Oui. Je viens de passer six mois à lire une trentaine de livres, j'ai envie que ça serve à quelque chose. Je souhaite vraiment tenter l'expérience.
- Bien, j'ai donc une équipe au complet. Je suis rassuré car j'avais tout de même quatre professeurs à recruter.
Sirius et Remus se regardèrent, surpris.
- Quatre professeurs ?
- Oui. Comme tous les ans depuis un certain nombre d'années, il me fallait un nouveau professeur de Défense Contre les Forces du Mal. Mais cette année il me fallait aussi quelqu'un pour enseigner l'histoire de la magie.
- Elle n'est plus enseignée par le professeur Binns ? s'étonna Sirius.
- Non, il a préféré prendre sa retraite. Il n'était plus passionné par son métier. Aussi fantôme soit-il, il avait besoin d'une certaine motivation pour faire cours.
Remus donna un coup de pied dans le tibia de Sirius qui étouffait tant bien que mal son rire. D'accord, le terme «motivation» n'avait jamais vraiment caractérisé le professeur Binns, mais ce n'était pas une raison pour se moquer ! Sirius semblait pourtant trouver cela très drôle et essayait à présent de camoufler sa crise de rire par une quinte de toux relativement bruyante. Remus détourna l'attention de Dumbledore en lui demandant :
- Qui sera le nouveau professeur d'histoire de la magie ?
- Il s'appelle Brian Gordon. Il a étudié à Poudlard entre 1983 et 1990 et a été réparti à Serpentard. Il est jeune mais il connaît très bien son domaine. Vu que vous n'avez pas étudié durant les mêmes années, vous ne devez donc pas le connaître, à moins que vous vous soyez rencontrés en-dehors de Poudlard. On dit souvent que le monde est petit, c'est donc possible.
- Non, son nom ne me dit rien, dit Remus.
Il coula un regard Sirius qui s'était calmé. Il suivait de nouveau la discussion.
- Et pour le professeur de Défense Contre les Forces du Mal ? s'enquit Remus.
- Mon choix s'est porté sur Ernest Manley. Vous devez peut-être le connaître un peu puisqu'il commençait sa quatrième année lorsque vous êtes entrés à Poudlard.
- Laissez-moi deviner... Un Serdaigle ? supposa Sirius.
- Exact. Coup de chance ou vous aviez une réelle intuition ?
- Disons que son prénom sonnait bien Serdaigle.
- Ah, les préjugés... soupira Dumbledore. Je compte bien les faire disparaître, cette année. J'ai d'ailleurs une idée, pour cela. Je vous en parlerai lors de la pré-rentrée. Cela concernera les élèves de troisième, quatrième et cinquième année. Je tiens à ce que le calme revienne entre les différentes maisons.
- C'est une utopie, ça, professeur, fit remarquer Sirius. Gryffondor et Serpentard ne pourront jamais s'entendre.
- Il n'y a pas que Gryffondor et Serpentard qui ont des problèmes relationnels, répliqua Remus. Il me semble que, depuis quelques années, il y a également des conflits entre Poufsouffle et Serdaigle. Et il n'y a rien d'étonnant à cela. Ces deux maisons doivent tenter d'exister entre les deux autres qui accaparent toute l'attention. Et pour cela elles se livrent une petite guerre qui, au fil des ans, devient de plus en plus importante. Je suis d'accord avec vous, professeur. Il faut y mettre un terme, ça ne peut plus continuer comme ça. J'ai hâte de prendre connaissance de votre idée.
- Elle n'est pas encore au point, je dois m'entretenir avec le Choixpeau. Disons qu'à la rentrée il y aura deux sortes de répartitions. La répartition habituelle des première année et une autre répartition pour les élèves de troisième, quatrième et cinquième année.
- Oh, mais Harry sera concerné alors, s'aperçut soudain Sirius. Ce n'est pas très sympa pour lui. Il rêve de passer enfin une année tranquille.
- Les premiers mois risqueront d'être compliqués pour tous les élèves concernés. Et plus pour certains que pour d'autres. Mais je suis sûr que tout finira par s'arranger pour tout le monde. Il me reste un dernier point à traiter avec vous, Remus, puis je vous laisserai vaquer à vos occupations.
Dumbledore se tourna vers Remus.
- Comme il y a deux ans, Severus vous préparera la potion Tue-Loup. Je ne lui en ai pas encore parlé mais je sais qu'il acceptera.
- Vous êtes sûr ? demanda Sirius, l'air sceptique. C'est quand-même à cause de lui que Remus a démissionné. Il serait resté si Servilus n'avait pas dévoilé son statut de loup-garou aux élèves.
- Ce sera justement un moyen pour lui de se racheter. J'ai d'autres arguments pour le convaincre. Et j'aimerais que vous essayiez d'appeler Severus par son prénom, Sirius.
- Il ne faut pas trop m'en demander. Je peux faire comme s'il n'existait pas pour éviter les conflits mais je ne pourrai jamais avoir une relation cordiale avec lui. Il y a trop de griefs entre nous.
- Vous allez être obligés de vous côtoyer. Vous n'allez pas pouvoir ignorer l'existence l'un de l'autre. Je ne vous demande pas de devenir ami avec Severus, mais juste de le traiter avec respect. C'est important, Sirius. Je ne veux pas que vous fassiez ressentir votre haine réciproque aux élèves. Ils ne doivent pas être témoins des inimitiés entre leurs professeurs. Promettez-moi de faire un effort.
Sirius soupira.
- Seulement s'il en fait de son côté.
- Je m'entretiendrai avec lui pour m'assurer que des efforts seront faits de sa part.
- Bien, dans ce cas je promets d'essayer de ne pas l'insulter à chaque fois que je le verrai.
- Sirius, gronda Remus.
- Quoi ? Ce sera déjà un effort en soi, non ?
- Tu devras faire mieux que ça. Il faudra que tu évites de le provoquer, par exemple.
- Ça devrait être dans mes cordes.
- Ravi de l'entendre, déclara Dumbledore. Bien, il est temps pour moi de vous laisser. Vous passerez le bonjour à Harry de ma part. Maintenant que les choses sont officielles, vous pouvez lui annoncer vos nominations.
- Vous nous donnez l'autorisation ?
- Oui. Je pense qu'il a le droit de savoir. Vous pourrez difficilement passer le reste de l'été sans rien lui dire. Et je sais qu'il n'ébruitera pas vos nominations.
- En effet, il saura se montrer discret. Merci, professeur. Je me voyais mal lui cacher ça jusqu'à la rentrée.
Dumbledore hocha la tête.
- Je vous attends le vendredi vingt-cinq août à quatorze heures pour la pré-rentrée.
- Nous y serons.
Dumbledore acquiesça de nouveau, salua ses deux professeurs et prit congé d'eux.
- C'est officiel, déclara Sirius, avec de la tension dans sa voix. Je suis professeur.
- Ça m'a fait pareil aussi, répondit Remus, compatissant avec son ami. Ça fait bizarre les premiers jours mais je te l'ai dit, tout deviendra plus réel lors de la pré-rentrée.
- J'ai à la fois hâte et pas hâte d'y être.
L'horreur se lut soudain sur le visage de Sirius.
- Merlin mais il va falloir laisser Harry seul tout un après-midi ! On ne va pas pouvoir l'emmener avec nous ! Qu'est-ce qu'on va faire ? Il est hors de question qu'il reste ici tout seul !
- Sirius, il a quinze ans, il peut très bien se gérer seul pendant quelques heures...
- Il est fragile, Remus. On ne sait pas ce qui pourrait arriver pendant notre absence.
- Je suis sûr que tout se passera bien. Fais-lui confiance. Ça se trouve ça va lui faire du bien de ne pas nous avoir sur le dos pendant tout un après-midi. Si tu veux être vraiment sûr qu'il ne lui arrive rien, tu bloques toutes les issues et tu caches tous les objets qui peuvent être dangereux. Comme avec les petits enfants.
Remus éclata de rire lorsque Sirius lui donna une claque à l'arrière du crâne en comprenant qu'il se moquait de lui.
- T'es bête... maugréa Sirius. Bon, d'accord, il restera tout seul. Mais on va quand-même lui en parler.
- Déjà, avant de lui parler de la pré-rentrée, il faut lui apprendre que nous serons ses professeurs à la rentrée.
- Je préfère attendre quelques jours avant de le lui annoncer. Histoire que je m'y fasse moi-même d'abord.
- D'accord, je comprends. On le lui dira quand tu te sentiras prêt. Je commencerai, si tu veux.
- Oui, je pense que ça m'aidera à me lancer, approuva Sirius.
- Très bien, j'aborderai le sujet après un repas, je pense.
- Tu sauras toujours trouver le meilleur moment, Moony.
Sirius regarda Remus avec une telle intensité que ce dernier se sentit rougir. Une étrange chaleur l'envahit alors que son cerveau semblait être devenu de la guimauve. Il chercha une excuse pour se soustraire à ce regard gênant.
- Je... je vais débarrasser le thé.
Remus savait que sa phrase manquait de sens mais il avait été incapable de trouver mieux. Il prit donc le service à thé et le porta jusqu'à la cuisine. Alors qu'il commençait à faire la vaisselle, il se dit que, tout compte fait, cela faisait peut-être un peu trop longtemps qu'il vivait avec Sirius. Cela allait sûrement leur faire du bien d'avoir leurs propres appartements, à Poudlard. Tandis qu'il lavait les tasses, trois mots tournèrent alors en boucle dans sa tête : vivement la rentrée.
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(dimanche 06/08) POV Draco
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- Sainte-Mangouste, Sainte-Mangouste, publicités, publicités, Sainte-Mangouste, Poudlard... Tiens, une lettre pour toi, Draco.
- C'est celle de Poudlard ?
- Non, celle de Sainte-Mangouste. Je leur ai écrit pour que tu te fasses suivre pour ton ego surdimensionné.
Draco leva la tête et fusilla du regard Severus qui lui répondit par un sourire parfaitement hypocrite.
- Très drôle. J'imagine que c'est la liste des fournitures ?
- Pour le savoir tu n'as qu'à l'ouvrir. La lettre, je veux dire.
Draco lança à son parrain un regard encore plus noir que le précédent. Il se retint de lui envoyer une réponse cinglante à la figure et se contenta de prendre la lettre qu'il lui tendait. C'était bel et bien la liste des fournitures. Chouette, il allait pouvoir s'organiser une journée avec Blaise et Théo. Il devait déjà les voir le jour-même mais il ne comptait pas en profiter pour aller faire ses courses pour la rentrée. Ce n'était pas prévu et il était hors de question de changer leurs plans. Draco lut en diagonale la liste – ça ne devait pas avoir changé depuis l'année précédente – et fut surpris de voir qu'il y avait une autre lettre. Il la prit, la déplia et fit tomber quelque chose sans le vouloir. Il baissa les yeux et vit que c'était un badge. Un badge ?!
- Severus ? C'est quoi, ça ?
Son parrain leva la tête de son courrier et haussa un sourcil.
- Eh bien, c'est un badge, comme tu le vois.
- Ça oui, je l'ai vu, merci, mais c'est quoi, exactement ?
- Je te conseille de lire la deuxième lettre pour le savoir.
Draco reprit la lettre qu'il avait laissée tomber pour examiner le badge. Il avait déjà une petite idée mais... non, ce n'était pas possible. Il lut la lettre et écarquilla les yeux en réalisant que c'était bel et bien ce qu'il pensait. Il avait été nommé préfet. Il se saisit de nouveau du badge et le regarda plus attentivement. Il y avait bien un P et le badge était frappé aux couleurs de Serpentard. Il leva les yeux vers Severus.
- C'est toi qui a appuyé ma nomination ?
- Je n'en ai pas eu besoin. Vous étiez trois en liste, tu as passé les testes avec succès, tu avais une bonne appréciation de la plupart des professeurs et tout le monde s'est accordé à dire que tu avais toutes les capacités nécessaires pour devenir préfet.
- Je n'avais pas le meilleur profil en terme de comportement, répliqua Draco. J'ai toujours pensé que Théo serait choisi.
- C'est pourtant le premier que j'ai éliminé de la liste. Lui-même ne voulait pas devenir préfet, de toute façon. Il me l'a clairement dit. Il était très clairvoyant et savait qu'il n'aurait jamais assez d'autorité pour se faire respecter. Contrairement à toi ou à M. Zabini.
- Pourquoi ce n'est pas Blaise qui a été choisi alors ?
- Parce qu'il a resté plusieurs tests. Il n'était pas du tout au point sur les sanctions à donner dans certaines situations. Mais ça ne te fait pas plaisir d'avoir été choisi ?
- Si, bien sûr que si, mais... je ne m'y attendais pas. Surtout point de vue mon comportement, quoi...
- Justement, nous avons pensé que devenir préfet t'inciterait sûrement à mieux te conduire. Tu ne dois faire aucun écart, cette année, Draco. Tu ne dois pas t'attirer d'ennuis avec n'importe quel élève que ce soit.
Draco grimaça.
- Ça inclue Potter, j'imagine ?
- Oui, tu as une double raison d'éviter de t'en prendre à lui. Je pense qu'il ne prendra pas le risque de te chercher des noises en sachant que tu es préfet. Alors fais-en de même. Ignore-le et tout se passera bien dans le meilleur des mondes.
- Pfff... Elle va être géniale, cette année... Mais attends, c'est pour ça que tu m'as dit que je ne pourrai peut-être pas prendre l'option de duel ? À cause de mes obligations de préfet ?
- En effet. Mais je ne suis sûr de rien. Je ne sais pas quand auront lieu les créneaux de cette option. Ça me paraît cependant impossible de les inclure dans une journée normale entre neuf heures et dix-sept heures. Les élèves ne peuvent déjà pas suivre les cinq options à la fois parce qu'il y en a qui se chevauchent, alors je ne sais pas comment le directeur compte trouver des créneaux pour cette option sans qu'elle n'empiète sur un autre cours...
- Ça se trouve il va mettre ça le week-end, rien que pour nous embêter.
- Non, je dirais plutôt en début de soirée. Même si ça m'étonnerait, étant donné qu'un certain nombre d'élèves ne pourront pas la prendre si elle est placée le soir. Soit à cause de leurs obligations de préfet, soit à cause du Quidditch.
- Et moi j'ai les deux. La double peine, génial.
- Tu peux toujours démissionner de l'équipe.
Draco regarda son parrain comme s'il était subitement devenu fou.
- Non mais ça va pas ?! Jamais je ne ferai ça ! Je tiens trop à ma place. En plus, sans moi, l'équipe de Serpentard perd toutes ses chances de gagner la coupe de Quidditch. Non, c'est hors de question que je quitte l'équipe. Il va juste falloir que je m'arrange avec Graham pour les entraînements. On s'entend bien, ça devrait donc aller. D'ailleurs je suis bien content que Warrington n'ait pas obtenu le poste de Capitaine. S'il avait pu dégager de l'équipe ça aurait été encore mieux mais bon, il ne faut pas trop en demander...
- Il ne sera peut-être pas retenu par le nouveau Capitaine. Je te rappelle que tous les postes sont remis en jeu.
- Croisons les doigts alors. Je me demande qui seront les nouveaux batteurs. Ceux d'il y a deux ans ne sont plus à Poudlard, il n'y aura donc que des nouveaux candidats. Bon, je vais écrire à Pansy. Normalement on ne s'écrit pas durant le mois d'août mais elle va m'en vouloir si elle apprend seulement à la rentrée que je suis devenu préfet.
- Je suis sûr qu'elle te répondra très vite. Même plus vite que tu ne le crois.
Draco fronça les sourcils. Son parrain essayait-il de lui passer un message ? Si oui, Draco ne savait pas lequel. Ses neurones aussi étaient en vacances. Il haussa les épaules et monta à sa chambre. Il ne lui restait que trois heures avant de rejoindre Blaise et Théo au Chaudron Baveur. Cela lui laissait tout juste le temps d'écrire à Pansy et de manger. Il prit un parchemin, sa plume, son encrier et commença à rédiger sa lettre. Il profita de sa missive pour tenter de faire comprendre à son amie qu'il valait mieux qu'elle ne se présente pas aux sélections de Quidditch. Non, il n'y avait aucune menace là-dedans. Draco ne se le permettrait pas, voyons. Mais cela pouvait sonner comme un avertissement et il espérait bien que Pansy le prendrait ainsi. Après tout, un petit coup de bluff pouvait toujours marcher...
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Trois heures plus tard, Draco était avec ses amis dans la chambre que Théo occupait au Chaudron Baveur. Ce dernier semblait plus en forme que la dernière fois que Draco l'avait vu. C'est-à-dire une semaine plus tôt. Il avait repris un peu de poids et avait meilleure mine. Pourtant Draco le trouvait toujours toujours pâle et maigre. Et encore, il ne l'avait pas vu lorsqu'il était arrivé chez Blaise... Il s'en voulait un peu de se dire qu'il n'aurait pas aimé être à la place de Blaise. Son ami avait géré les choses avec brio et Draco l'admirait pour cela.
Draco aimait beaucoup la chambre de l'auberge. Elle était ni trop petite, ni trop grande et il y avait tout ce qu'il fallait. Il comprenait pourquoi Théo était ravi d'y loger.
- Tu n'as pas encore fait tes courses, j'espère ? lui demanda Draco.
- Bien sûr que non. On a dit qu'on les ferait ensemble et je ne tenais pas à les faire seul alors que cette année j'ai la chance de pouvoir y aller avec vous. Il faudra passer par Mme Guipure, mes robes sont trop petites.
- Ça tombe bien, moi aussi, renchérit Blaise. Ma mère m'a demandé d'arrêter de grandir. Elle n'a pas encore compris que j'en ai encore pour quelques années à prendre cinq centimètres par an. Il faudra aussi aller à la boutique de l'apothicaire. Je dois refaire mon stock d'ingrédients de potions.
- J'en ai besoin aussi. On passera également par le magasin d'accessoires de Quidditch. Il me faut du matériel pour mon balai, dit Draco.
- Pendant que vous serez dans ce magasin, je me rendrai à l'une des deux maisons d'édition, annonça Théo.
- Pour quoi faire ? s'étonna Draco.
- Pour acheter des livres, répondit Théo sur le ton de l'évidence.
- C'est là-bas que tu te procures tous tes livres qui pèsent une tonne dans ta valise le jour de la rentrée ?!
- Ben... oui. Je pensais que tu l'avais deviné bien avant.
- J'étais à peine conscient qu'il y avait des maisons d'édition sur le Chemin de Traverse. Enfin je le savais mais je ne sais pas comment elles s'appellent. Mais tu sais qu'on passe les BUSE, cette année, Théo ? Tu n'auras donc pas le temps de lire.
- J'aurai toujours du temps pour m'instruire, répliqua Théo.
- Je ne sais pas comment tu fais. Tu passes tout ton temps à lire et tu rends pourtant toujours tes devoirs en jour et en heure. Tu ne dois pas dormir la nuit, ce n'est pas possible autrement.
- Je ne fais pas de Quidditch, déjà. J'ai donc plus de temps que toi et... mais qu'est-ce que tu cherches, Blaise ?!
Draco se retourna et vit que son ami arpentait effectivement la chambre, visiblement à la recherche de quelque chose.
- Je cherche la réponse à ma question.
- Quelle question ?
- Celle que je me pose.
- Ça t'ennuierait d'être un peu plus précis ?
Blaise ne répondit pas et continua ses mystérieuses recherches. Il finit par abandonner mais avait l'air triomphant.
- Je pense savoir qui a été choisi comme préfet de Serpentard. Je n'ai rien trouvé ici.
Théo sembla comprendre et reporta son regard sur Draco, tout comme Blaise. Draco se mit à rougir.
- On ne peut rien vous cacher, c'est dingue ! s'exclama-t-il.
- C'est donc toi, je le savais ! Félicitations, mon pote.
- J'étais sûr aussi que ce serait toi, dit Théo, l'air tout aussi ravi que Blaise. Tu as tout ce qu'il faut pour être préfet.
- Tu vas avoir le droit d'utiliser la salle de bain des préfets, tu te rends compte ? renchérit Blaise, les yeux brillants. C'est le moment de te trouver une copine !
- Blaise... soupira Théo d'un air las. Ne commence pas à lui mettre ce genre d'idées dans la tête. Il aura bien mieux à faire que se trouver quelqu'un. Après je ne t'en empêche pas, Draco, mais je pense que tu seras déjà bien assez occupé comme ça. Entre les cours, les devoirs, la préparation des BUSE, les entraînements de Quidditch et tes obligations de préfet, tu n'auras pas une seule minute à toi.
- Sauf s'il sort avec une préfète, objecta Blaise. Il fera d'une pierre deux coups, lors des rondes. Tu sais quelle sera ton homologue de Serpentard ?
Draco grimaça.
- Non, j'ai complètement oublié de le demander à Severus.
Une pensée lui vint soudain à l'esprit.
- Oh non, si c'est elle, ma lettre n'aura aucun impact !
- Tu peux nous expliquer, Draco ? Nous ne sommes pas encore capables de lire dans tes pensées, tu sais.
- J'ai écrit une lettre à Pansy en fin de matinée pour lui annoncer que j'étais préfet. J'en ai profité pour lui dire qu'il valait mieux qu'elle laisse tomber les sélections de Quidditch. Je n'avais pas l'intention de la menacer avec mon statut de préfet mais elle pourrait le croire. Mais si c'est elle mon homologue, ça n'aura plus aucun effet puisqu'elle sera elle-même préfète...
- Ah oui, tu t'es bien fait avoir, là, se moqua Blaise. En plus il y a de fortes chances pour que ce soit elle qui ait été choisie. Personne n'aurait l'idée de nommer Millicent préfète, Megan est trop timide et Tracey est trop impulsive. Il ne reste que Daphné et Pansy.
- Ça pourrait très bien être Daphné, dit Draco.
- Pour le bien de notre maison, je ne l'espère pas, lâcha Théo. Pour moi Daphné serait le meilleur choix mais on va passer une année horrible dans la salle commune si c'est vraiment elle qui est choisie. Si c'est Pansy, Daphné ne sera absolument pas jalouse. Mais si c'est Daphné...
Draco et Blaise grimacèrent de concert. En effet, pour le bien de tous les Serpentard, il valait mieux que ce soit Pansy la nouvelle préfète. Il était de notoriété publique au sein des Serpentard que Pansy et Daphné se haïssaient. Enfin, c'était plutôt Pansy qui détestait Daphné. Même s'il n'avait rien demandé, Draco s'en voulait un peu car il était malgré tout à l'origine de ces tensions entre les deux filles. À part Blaise et Théo, tout le monde pensait que c'était juste une histoire de jalousie entre deux filles amoureuses du même garçon, mais il n'en était rien. C'était plutôt une histoire de contrats, d'amitié possessive et de malentendus. Mais Draco préférait laisser ses camarades croire ce qu'ils voulaient, ne tenant pas spécialement à ce qu'ils sachent la vérité.
- Oui mais du coup, si c'est Pansy, Draco ne pourra pas sortir avec elle, reprit Blaise.
Théo leva les yeux au ciel tandis que Draco ne savait pas s'il devait être agacé ou amusé par l'obstination de son ami à vouloir le caser.
- Si c'est Daphné je ne sortirai pas non plus avec elle. En fait, dans notre année, il n'y a aucune fille qui me plaît. Je veux dire, à Serpentard.
- Ce n'est pas un problème vu que tu feras tes rondes tour à tour avec les préfètes des trois autres maisons. Ça se trouve elles te plairont davantage que les filles de notre maison.
- Blaise, les rondes ne sont pas faites pour flirter. Elles sont faites pour vérifier que tout se passe bien dans le château, rappela Théo.
- L'un n'empêche pas l'autre, s'entêta Blaise. Draco peut faire la cour à une des préfètes en la raccompagnant à sa salle commune après leur ronde, par exemple.
- Les rondes des préfets ont lieu de dix-sept heures à dix-neuf heures, contrairement à celles des professeurs qui commencent juste après le couvre-feu, c'est-à-dire à vingt-et-une heures, rétorqua Théo. Si Draco doit raccompagner son homologue préfète quelque part après leur ronde, ce ne sera pas à sa salle commune mais à la Grande salle pour aller dîner. Côté romantisme on repassera.
- Tu es énervant, Théo. Il faut toujours que tu aies raison. Mais ne t'inquiète pas, Draco, je suis sûr que tu vas te trouver une copine cette année. Le fait que tu sois préfet, ça va toutes les attirer.
- Tu veux trouver une fille pour Draco mais tu as peut-être envie de t'en trouver une, toi aussi, supposa innocemment Théo.
- Qu'est-ce qui te fait croire ça ?!
- Je ne sais pas, tu parles beaucoup de filles, à chaque fois qu'on se voit. Et même dans tes lettres.
- Il faut bien que quelqu'un en parle, bougonna Blaise.
- Tu n'es pas intéressé, alors ?
- Ben... c'est sûr que je ne dirais pas non à une jolie fille si elle voulait sortir avec moi. Mais pas n'importe quelle jolie fille, hein. Il faut qu'elle soit vive d'esprit, assez intelligente, drôle, sincère, désintéressée...
- Bon courage, ricana Draco. Tu devrais peut-être revoir tes exigences à la baisse.
Blaise haussa les épaules.
- Ce sont juste des traits de caractère que j'aime bien. Après, je ne suis pas difficile. Je peux tomber amoureux d'une fille qui ne correspond pas à ces critères sur un simple coup de foudre. Je suis quelqu'un de romantique.
- Ça on avait cru le deviner, se moqua Draco.
Il regretta son ironie lorsque Théo lui planta son coude dans les côtes. Blaise n'en tint pourtant pas rigueur à Draco et lui demanda :
- Bon, tu nous le montres ton insigne de préfet ? Tu l'as emmené avec toi, j'espère ?!
- Bien sûr. Je comptais quand-même vous le dire aujourd'hui. Mais je ne m'attendais pas à ce que tu abordes si tôt le sujet.
Draco sortit son badge et le montra à ses amis.
- La classe... dit rêveusement Blaise. Il t'ira mieux à toi qu'à moi. Franchement, je ne me vois pas me balader toute la journée avec ce truc accroché à ma robe. Tout le monde aurait les yeux rivés dessus, ça me gênerait. Bon, sinon, vos vacances se passent toujours bien ? Tu te plais toujours ici, Théo ?
- Oh oui, c'est parfait. Je suis relativement libre, ça me change par rapport aux autres vacances. Je dois faire attention à mes déplacements, je ne dois pas trop m'éloigner mais je peux me promener sur le Chemin de Traverse tous les jours si je le veux et ça c'est vraiment chouette. Et puis quand je veux être au calme, je n'ai qu'à venir ici. Et vous ? Vous ne vous ennuyez pas trop ?
- Un peu mais ça va. Je vais parfois en ville avec ma mère, on fait le tour des magasins et il y a aussi des journées où on visite toutes sortes de choses. Sinon quand je suis chez moi je fais mes devoirs ou je lis des livres sur le Quidditch et sur la médicomagie. En fait, en y réfléchissant, je m'ennuie moins que ce que je pensais. Et toi, Draco ? Ça se passe toujours bien avec ton parrain ? Il ne te prend pas trop la tête avec les devoirs ?
- Étonnamment, non. Il est très cool. Si, si, je t'assure, insista Draco en voyant l'air sceptique de Blaise. Il est très différent du professeur de potions qu'on connaît à Poudlard.
- Ça ne m'étonne pas, intervint Théo. Je ne l'ai jamais autant vu que cet été et il n'a rien à voir avec l'homme qu'il est en cours de potions. Et je dis ça de façon purement objective puisque je n'ai jamais eu d'ennuis avec lui à Poudlard. Le fait que tu passes toutes les vacances avec lui doit sûrement y être pour quelque chose.
- Tu admets donc qu'il est exécrable à Poudlard ? conclut Draco.
- Ce serait hypocrite de le nier, répondit Théo. Mais c'est normal qu'il soit plus détendu pendant les vacances que lorsqu'il est en cours.
Draco fronça les sourcils. Théo n'avait pas l'air totalement convaincu par ce qu'il disait. De plus, lorsqu'il vit que Draco le fixait, il détourna le regard. Pour Draco, cela ne faisait aucun doute : son ami lui cachait le fond de ses pensées.
- Et en vrai, sans mentir, t'en penses quoi ? lâcha-t-il.
- Je crois qu'on ferait mieux de changer de sujet.
- Théo...
Le locataire de la chambre soupira.
- Je me demande s'il a réellement un jour aimé son métier. Celui de professeur, je veux dire.
- Bien sûr qu'il l'aime, sinon ça ferait longtemps qu'il aurait démissionné, répliqua Draco.
- Je pense que Dumbledore l'en empêcherait. Réfléchis un peu. Tous les élèves le détestent. Tu ne trouves pas ça bizarre qu'il reste malgré tout professeur ? Je ne sais pas s'il a toujours été comme ça mais en plus de dix ans, Dumbledore a dû en voir passer des élèves dans son bureau qui sont venus se plaindre au sujet de leur professeur de potions. Et pourtant ton parrain est toujours en poste. Dumbledore doit le protéger, d'une manière ou d'une autre.
Draco réfléchit un moment aux paroles de Théo. Il n'avait jamais pensé à ça. Pourtant il devait admettre que son ami avait raison. Dumbledore avait dû recevoir de nombreuses plaintes de la part des élèves. Mais Severus n'avait jamais été renvoyé pour autant. Et puis, pourquoi s'acharnait-il tant à enseigner alors qu'il détestait les cornichons qui lui servaient d'élèves ? Tout cela était incompréhensible.
- Tu crois donc que Severus n'a jamais aimé enseigner ? demanda Draco à Théo.
- Je me pose la question. Il aime les potions, ça, c'est sûr. C'est son métier et ça lui plaît, ça se voit. Mais il n'a jamais semblé heureux de faire cours. Ça a presque l'air d'être une corvée, pour lui.
- Mais comment tu sais tout ça ? demanda Blaise, abasourdi.
Théo haussa les épaules.
- Je parle peu, je ne me confie presque pas, je suis discret, voire réservé, mais le temps que je ne passe pas à parler, je le passe à observer les gens et ce qui se passe autour de moi. Je ne regarde pas les gens par voyeurisme, mais pour m'intéresser à eux, à ce qu'ils font, à ce qu'ils peuvent ressentir. Ça m'a permis d'apprendre à connaître des personnes sans avoir besoin de parler avec elles. Je ne passe pas non plus tout mon temps à scruter les gens, sinon ce serait inquiétant.
- Et donc tu faisais pareil avec mon parrain ?
- Oui, mais il ne m'a pas fallu longtemps pour voir qu'il n'était pas heureux dans ce qu'il faisait. Ça m'a vite sauté aux yeux. Mais c'est peut-être parce que la notion de bonheur m'est assez particulière. En revanche, lorsqu'il s'est occupé de moi et qu'il vient me voir pour s'enquérir de mon état de santé, je le sens très concerné. Il est passionné par ce qu'il fait. Il a vraiment l'air d'être dans son élément. Je suis sûr qu'il est beaucoup plus agréable en tant que médicomage qu'en tant que professeur de potions. Parce que c'est le métier qu'il a toujours souhaité faire. Mais comme je te l'ai dit, je ne suis sûr de rien. Je peux me tromper.
- Non, tu as sûrement raison, murmura Draco. Tout est plausible.
- Tu comptes lui en parler ? s'enquit Blaise.
Draco secoua la tête.
- Non, je ne pense pas. S'il n'est pas heureux dans son métier, ce n'est pas à moi qu'il va le dire.
- Je n'aurais pas dû te parler de tout ça, regretta Théo.
- Non, au contraire. Tu m'as ouvert les yeux. Je ne m'étais jamais rendu compte de tout ça.
- Mais ça ne change pas grand-chose, au final, puisque tu ne peux rien faire pour l'aide, intervint Blaise. Si Dumbledore le tient par un contrat, par un arrangement ou que sais-je encore, tu ne peux rien y faire. Mais admettons que tu puisses faire quelque chose, est-ce que tu le ferais ?
Cette question prit Draco au dépourvu.
- Euh... je ne sais pas. Tu me prends un peu de court, là. Je ne sais pas si je serais prêt à voir Severus quitter Poudlard. Du moins, tant que j'y suis encore élève. C'est bête à dire mais... j'ai besoin de lui.
Draco grimaça.
- C'est très égoïste ce que je dis, hein ? Je ne devrais pas penser à mes propres intérêts. Je devrais plutôt faire passer en premier le bonheur de Severus.
- Il t'a pris sous son aile depuis que tu es à Poudlard, même s'il le fait discrètement. C'est normal que tu ne te sentes pas prêt à le voir s'éloigner de toi, dit gentiment Théo. Tu n'as pas à t'en vouloir pour ça. De toute façon, tant que tu seras à Poudlard, ça m'étonnerait que ton parrain démissionne. Même si tu lui assurais que ça ne te dérangerait pas. Mais parlons d'autre chose, si vous voulez bien. On était en train de planifier notre journée d'achats de fournitures. Vous prévoyiez de vous rendre au magasin d'accessoires de Quidditch pendant que j'irais acheter des livres. Que voulez-vous faire ensuite ?
Draco, Blaise et Théo passèrent ainsi une bonne heure à continuer de peaufiner le planning de leur journée. Puis ils allèrent se promener sur le Chemin de Traverse. Cela fit beaucoup de bien à Draco de sortir au grand air avec ses deux amis. Il avait déjà hâte de les revoir alors qu'il était encore avec eux. Ils comptaient énormément pour lui. C'est pourquoi, à chaque fois qu'il les voyait pendant les vacances, il profitait de chaque minute passée avec eux.
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(mardi 08/08) POV Harry
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Harry poussa un geignement alors qu'il relevait la tête en massant sa nuque endolorie. Il s'était endormi sur son livre de Quidditch sans s'en apercevoir. Il allait avoir un sacré torticolis ! Il bâilla et regarda sa montre. Presque onze heures. Il lui restait une heure avant le déjeuner. Il se frotta les yeux, fatigué comme s'il avait passé une nuit blanche alors qu'il avait quand-même dormi trois ou quatre heures.
Il ne dormait pas spécialement mieux depuis sa visite chez la psychomage, au contraire. Il n'arrivait plus à se rendormir après ce cauchemar qu'il continuait à faire toutes les nuits. C'était pourtant très différent d'avant. Il se réveillait toujours en sursaut mais sans se souvenir de son cauchemar. Il savait pourtant qu'il venait d'en faire un puisqu'il ressentait cette terreur sourde qui faisait battre son coeur à mille à l'heure. Mais il n'avait plus les images de son cauchemar en tête. C'était comme s'il était enfoui loin, très loin dans son inconscient. Mais un autre sentiment le tenait éveillé pendant des heures après son cauchemar. Un sentiment qui s'était développé petit à petit depuis la visite chez la psychomage. La culpabilité. Il ne savait pas d'où elle venait. Mais elle était là, bien tapie dans son esprit et elle l'oppressait à tel point qu'il avait parfois du mal à respirer.
Il ne savait pas s'il hurlait toujours pendant qu'il cauchemardait. Car dès le soir qui avait suivi sa séance avec la psychomage, il avait fait le choix d'insonoriser sa chambre. Il aurait dû le faire bien avant mais il ne se souvenait plus de la formule. Il l'avait retrouvée par hasard dans un livre qu'il avait lu juste après être rentré au Square et il avait décidé de l'appliquer dès le soir-même. Il estimait qu'il avait déjà assez embêté Sirius et Remus comme ça et qu'ils méritaient tous deux de passer enfin des nuits calmes. Il ne voulait plus les réveiller à cause de ses hurlements. Depuis dix jours, Sirius et Remus pensaient donc qu'il ne faisait plus de cauchemars et c'était très bien comme ça. Ce qui embêtait Harry, c'était qu'ils paraissaient cependant toujours inquiets à son sujet. Harry essayait pourtant d'être le plus normal possible, mais il lui arrivait parfois de se perdre dans ses pensées au point de ne plus entendre ce qui se passait autour de lui. Et ça pouvait durer longtemps. Très longtemps. Mais lorsqu'il sortait de sa rêverie, il ne se souvenait plus de ce à quoi il pensait. C'était sûrement ces moments d'absence qui inquiétaient tant les deux adultes.
Il avait pensé que les philtres de paix l'aideraient à dormir, mais il avait vite compris qu'il s'était fait des idées. Il avait arrêté de les prendre au bout de trois jours, voyant que cela ne servait à rien. Ce qu'il lui fallait, c'étaient des potions de sommeil sans rêves. La psychomage n'avait pas voulu lui en donner et il le regrettait. Il ne pouvait pas s'en procurer lui-même puisqu'il lui fallait une ordonnance pour cela. Il ne lui restait qu'une solution : fabriquer lui-même cette potion. Il était plus que nul dans ce domaine mais cela ne coûtait rien d'essayer... Enfin si, ça allait lui coûter des ingrédients. Mais il avait trouvé la recette dans un livre qu'il avait pris dans la bibliothèque du Square et il savait que les ingrédients de la potion n'étaient pas chers du tout. Il fallait juste qu'il se les approvisionne. Il avait toujours son chaudron, pas besoin d'en acheter un. Une fois qu'il aurait les ingrédients, il faudrait juste qu'il trouve une excuse pour s'enfermer dans l'une des pièces de la maison. Il irait sûrement au plus simple : faire croire à Sirius et Remus qu'il voulait s'améliorer en potions pour se préparer aux BUSE. Ce ne serait pas vraiment un mensonge. Il voulait passer une année tranquille. S'il devenait bon en potions, il n'aurait sûrement plus Snape sur le dos... Et puis, il réussirait peut-être enfin à fabriquer une potion correcte sans avoir la Terreur des Cachots prête à le rabaisser à la moindre erreur ! Il était certain que s'il avait eu un autre professeur, il n'aurait jamais été aussi nul en potions. Il était sans cesse sous pression, avec Snape. Pas étonnant qu'il ne réussisse jamais ses potions ! Il allait pouvoir se prouver à lui-même qu'il n'était pas si nul que ça. Car c'était d'abord à lui de se rassurer sur ses compétences avant de pouvoir espérer convaincre Snape. Mais avant de fabriquer cette option, il devait acheter les ingrédients.
Il soupira. Sirius et Remus allaient sûrement trouver cela bizarre qu'il veuille se rendre sur le Chemin de Traverse le plus vite possible alors qu'il était censé y aller la semaine suivante pour aller acheter ses fournitures... Il n'aurait qu'à leur dire qu'il voulait avoir trois semaines devant lui pour se perfectionner en potions. Ça pouvait largement passer.
Il était encore plongé dans ses pensées lorsqu'il réalisa qu'il était midi. Le déjeuner n'était pas forcément prêt à midi pile mais il avait pris l'habitude de descendre à cette heure-là pour discuter avec celui qui était dans le salon. Il avait abandonné l'idée de faire la cuisine de temps en temps, Sirius et Remus insistant pour qu'il se repose vraiment durant ces vacances. En plus Sirius s'était grandement amélioré grâce à Remus qui l'avait beaucoup coaché. Comme quoi, il fallait vraiment que Sirius exploite correctement ses talents.
En se rendant au salon, ce fut justement son parrain que Harry trouva à table. Il semblait soucieux. Ses doigts trituraient la nappe, ce qui était un signe de stress chez lui. Il adressa cependant un sourire à Harry lorsqu'il le vit s'asseoir à table. Puis il prit un air moqueur.
- Tu as une marque sur la joue. Tu viens de te lever ?
Harry se sentit rougir. Il n'avait pas vérifié s'il avait une marque après s'être réveillé de sa mini-sieste et ne s'était donc pas attendu à ce genre de question.
- J'étais en train de faire mon devoir d'histoire de la magie. Il était tellement ennuyant que je me suis assoupi, improvisa-t-il. Cette matière a toujours autant cet effet soporifique sur moi. Pourtant je dois reconnaître que j'apprends parfois des choses intéressantes. Mais j'ai toujours l'impression d'avoir la voix du professeur Binns dans les oreilles. Il m'endort, ce prof, c'est rédhibitoire.
Sirius sembla sur le point de dire quelque chose avant de se raviser.
- Il va bien finir par s'en aller, il ne va pas rester professeur éternellement... se contenta-t-il de dire.
- Ouais, avec la chance que j'ai, il va s'en aller une fois que je serai parti, ironisa Harry.
- Un peu d'optimisme, Harry, voyons !
- Pose ta candidature si tu veux que j'y crois, répliqua Harry. Histoire que Dumbledore ait le choix. Car ça se trouve il n'avait aucun autre candidat que Binns pour ce poste... En même temps, vu la matière...
- Désolé mais l'histoire de la magie était loin d'être ma matière préférée, grimaça Sirius. En revanche... non, rien. J'ai promis à Remus de ne pas en parler avant la fin du repas.
- Me dire quoi ? demanda aussitôt Harry.
- Je ne peux rien te dire pour l'instant. Remus et moi avons prévu de t'en parler après manger. Si tu finis ton assiette.
Harry ouvrit des yeux ronds comme des gallions.
- T'es sérieux là ?! Tu es réellement en train de me faire ce chantage ?!
- Je ne pense qu'à ton bien, Harry, répondit un peu trop innocemment Sirius.
- Tu es horrible. C'est moche de me faire un chantage pareil.
- Tu ne m'en voudras plus quand tu sauras ce qu'on a à te dire.
- Eh bah vas-y, rajoute-en, ne te gêne pas ! Déjà que je suis assez frustré comme ça...
Sirius éclata de rire. Remus entra au même moment avec le plat dans les mains. Des côtelettes d'agneau avec des petits pois. Bon, à priori, Harry devrait rapidement terminer son assiette. C'était l'un de ses plats préférés. Il prit tout de même son temps mais c'était si bon qu'il se resservit. Tant pis pour ce que Sirius et Remus voulaient lui dire. Son estomac – ou plutôt sa gourmandise – passait avant sa curiosité ! Lorsqu'il fut enfin rassasié, il regarda avec insistance les deux adultes. Remus le remarqua et eut pitié de lui.
- Je crois qu'on a assez fait attendre Harry, Sirius. Il est temps de le lui dire.
- Je t'en prie, commence.
Remus acquiesça et posa son regard sur Harry.
- D'abord, sache que nous sommes désolés de ne pas te l'avoir dit plus tôt, mais il fallait qu'on attende que ce soit officiel pour te l'annoncer. Je vais reprendre du service à Poudlard. Mais pas en tant que professeur de Défense Contre les Forces du Mal. Il y a deux ans, j'ai enseigné cette matière parce que c'était le seul poste qui était libre et parce que Dumbledore avait besoin de ma présence. Même si j'aime beaucoup la Défense Contre les Forces du Mal, ce n'est pas ma matière préférée. Celle que j'ai toujours aimé, c'est la métamorphose. Et c'est ce que je vais enseigner dès la rentrée.
Harry écarquilla tellement les yeux qu'il crut qu'ils allaient sortir de leurs orbites.
- Vous... vous allez enseigner la... la métamorphose ? Mais... et le professeur McGonagall ?
- Elle a décidé de se consacrer uniquement à ses fonctions de directrice-adjointe. Elle a dû se rendre compte qu'elle avait manqué à son devoir plusieurs fois. Être professeur, directrice de maison et directrice-adjointe, ça demande énormément de travail. Et ça lui prend tout son temps. Elle n'en avait peut-être pas assez pour remplir tous ses devoirs. Honnêtement, est-ce que tu considères qu'elle a été présente pour toi en tant que directrice de maison ?
Harry grimaça.
- Non, pas trop. Et pas que pour moi, d'ailleurs. Lorsque j'ai été accusé de pétrifier mes camarades en deuxième année, elle ne m'a jamais vraiment assuré son soutien. Elle n'a pas cherché à savoir comment j'allais. Elle n'a pas demandé aux Gryffondor de me soutenir. Elle n'a pas vu non plus que Ginny n'allait pas bien. Alors que ça se voyait comme le nez au milieu de la figure que quelque chose clochait chez elle. Et elle ne s'est pas plus préoccupée d'elle lorsqu'elle a su que Ginny avait été possédée par le souvenir de Voldemort. En fait c'est à se demander si McGonagall était vraiment là. Par contre, en troisième année, elle était bien là pour m'empêcher d'aller à Pré-au-Lard et pour me confisquer mon balai parce qu'elle pensait que c'était un prétendu assassin qui me l'avait envoyé ! En revanche il ne lui est jamais venu à l'idée de me dire que j'avais ce prétendu assassin aux trousses ! Elle m'a laissé dans l'ignorance, comme tous les autres ! Et pendant le Tournoi des Trois Sorciers... N'en parlons même pas. D'accord, les professeurs n'avaient pas vraiment le droit de m'aider puisque les autres champions n'avaient que le directeur ou la directrice de leur école avec eux, mais McGonagall aurait pu au moins s'assurer que j'allais bien. Au lieu de ça elle n'a pas cherché une seule fois à me parler. Non, vous avez raison, elle n'a jamais rempli son rôle de directrice de maison.
Harry termina sa tirade sur ces mots, la voix brisée. Il n'avait jamais réfléchi à tout ce qu'il venait de dire. Il venait juste de se rendre compte à quel point le professeur McGonagall n'avait jamais été là pour lui. Et ça lui faisait mal de s'en apercevoir. Pourquoi n'avait-il pas réalisé tout cela avant ? Pourquoi n'avait-il pas vu que la personne qui était censée être là pour lui ne l'avait jamais aidé ? La réponse était simple, il le savait : il avait vite appris à ne compter sur personne. Et surtout pas sur les adultes. Les seules personnes qui avaient toujours été là pour lui, c'étaient Ron et Hermione. Et maintenant, Sirius et Remus. Conscient d'avoir été peut-être un peu trop dur avec son – ancienne – directrice de maison, il s'excusa :
- Pardon, je n'aurais pas dû être aussi virulent dans mes propos...
Sirius secoua la tête.
- Non, au contraire. Ça doit être la première fois depuis longtemps que tu dis enfin ce que tu penses vraiment. Tu ne dois pas te museler. En plus, tu as raison. Tout ce que tu as dit est vrai. Et c'est probablement tout ça qui a poussé le professeur McGonagall à démissionner de son poste de professeur et de directrice de maison.
- C'était sûrement le mieux qu'elle avait à faire, en effet, affirma Harry.
Il fronça soudain les sourcils.
- Mais alors... qui va la remplacer en tant que directrice de Gryffondor ?
- Eh bien, vu que j'étais moi-même un Gryffondor et que je prends sa place en tant que professeur de métamorphose, il était tout naturel que je devienne également le nouveau directeur de la maison de Gryffondor, expliqua Remus, un peu gêné.
Harry fut d'abord surpris avant de trouver cela logique.
- Ça coule de sens, dit-il après un instant de réflexion. Et c'est super cool, ajouta-t-il en souriant. Je suis trop content que vous reveniez enseigner ! Et que vous soyez le nouveau directeur de ma maison. Bien sûr vous devrez vous montrer neutre mais... je me sentirai plus en sécurité et plus en confiance avec vous qu'avec le professeur McGonagall.
Remus sembla touché par les mots de Harry.
- Je ferai tout pour ne pas te décevoir, alors, dit-il en souriant à son tour. Mais il n'y a pas que moi qui ait quelque chose à t'annoncer. Sirius, je te laisse la parole.
Harry regarda son parrain, intrigué. Il n'avait aucune idée de ce qu'il pouvait bien avoir à lui dire. Sirius paraissait de nouveau anxieux.
- Je ne sais pas trop comment te le dire alors je vais essayer d'être le plus bref possible sans me perdre trop dans les détails. Il y a sept mois, Dumbledore est venu me voir pour me faire une proposition. Il comptait proposer une option facultative de duel dès la rentrée. Il lui fallait quelqu'un pour l'enseigner et le professeur Flitwick s'est proposé, laissant ainsi libre le poste de professeur de sortilèges. C'est donc celui-là que je me suis vu offrir.
Harry écarquilla de nouveau les yeux.
- Dumbledore t'a proposé un poste de professeur ?! Mais... tu n'as jamais enseigné !
- J'étais tout aussi ignare que Sirius en terme d'enseignement lorsque je suis devenu professeur de Défense Contre les Forces du Mal, rappela Remus. Je m'étais entraîné du mieux que j'avais pu mais pas autant que Sirius. Tu ne le sais pas mais ça fait six mois qu'il lit tout ce qu'il peut sur les sortilèges, qu'il s'entraîne à la pratique et que je le coache pour qu'il se prépare à toutes les situations dans lesquelles il pourrait se retrouver avec des élèves. Il est plus que prêt, tu peux me croire. En plus, il a pu en parler avec la psychomage qui le suit. Il a pu se confier sur ses doutes, ses peurs, sur les questions qu'il se pose... Et elle a su le rassurer mieux que moi, je pense. Tu peux faire confiance à Sirius, Harry. Il sera un excellent professeur de sortilèges. Lui et moi avons jeté la majorité des sorts présents sur la Carte du Maraudeur. Les sortilèges ont toujours été sa matière de prédilection. Comme la métamorphose l'a toujours été pour moi. Sirius n'a pas pris sa décision à la légère. Il y a mûrement réfléchi.
Harry hocha la tête. Il reporta son attention sur Sirius et rougit, l'air penaud.
- Excuse-moi, je n'aurais pas dû réagir comme ça. J'ai juste été surpris.
- Je te comprends, va. Et je ne t'en veux pas du tout. Mais tu es rassuré après tout ce que Remus vient de dire ?
- Bien sûr ! Et je suis bien content que Dumbledore t'ait proposé ce poste. Il doit avoir une grande confiance en toi. Et si l'idée d'enseigner les sortilèges te plaît, alors je suis encore plus heureux. Mais ça va me faire bizarre de t'avoir comme professeur. Je pense que je vais être un peu mal à l'aise, les premiers jours.
- Ne t'en fais pas, je le serai aussi, dit Sirius en riant. Je crois que je ne vais même pas oser te regarder dans les yeux. J'aurais trop peur d'y lire de la consternation.
- Je suis sûr que tu t'en sortiras très bien, répliqua Harry. Peu importe comment se passeront les premiers cours, je serai fier de toi. Parce que je sais que tu feras de ton mieux. Il faut déjà être courageux pour accepter un tel poste alors que ça ne fait pas très longtemps que tu es officiellement innocenté et libre. Mais est-ce que le professeur Flitwick va rester le directeur de la maison de Serdaigle, du coup ? Car tu m'as dit qu'il allait enseigner la nouvelle option facultative mais si elle est facultative, ce n'est pas sûr que tous les Serdaigle la prennent. Il ne pourra donc pas voir tous ses élèves en cours.
- Ce problème a été soulevé et il est d'ores et déjà réglé. Il reste le directeur des Serdaigle mais je l'aiderai en tant qu'adjoint. Vu que les Serdaigle sont habitués à avoir leur professeur de sortilèges comme directeur de maison, ça les rassurera que je sois en partie responsable d'eux. Même si leur directeur officiel restera le professeur Flitwick.
- Je vois. Dumbledore doit vraiment croire en toi pour te confier autant de responsabilités. En tout cas je ne m'attendais clairement pas à ce que vous m'annonciez ça. Je suis vraiment trop content à l'idée de pouvoir continuer à vous voir à Poudlard. Mais en même temps ça me stresse. Vous n'allez pas pouvoir vous empêcher de me surveiller, je le sais.
- Nous serons le plus discrets possible, c'est promis, assura Sirius.
- Tu n'essaies même pas de nier, protesta Harry.
- Tu l'as dit toi-même, Harry : ça va être difficile pour nous de ne pas garder un oeil sur toi. D'ailleurs, si on te surprend dans les couloirs après le couvre-feu, tu n'échapperas pas aux sanctions habituelles.
- Ça je me doute bien... Et j'espère bien que vous n'allez pas me faire de traitement de faveur. Je n'ai pas envie de passer l'année à entendre les autres me dire que je suis le chouchou des profs. Je crois que je ne le répéterai jamais assez : je veux une année tranquille.
- Vu que nous serons à Poudlard, nous ferons tout pour que ce soit le cas, promit Remus. Nous te traiterons comme n'importe quel autre élève, mais en-dehors du cadre scolaire, nous continuerons à nous occuper de toi. À veiller à ton bien-être et à ton bonheur. Tu ne seras pas seul, Harry. Tu ne seras plus jamais seul.
Ces mots firent monter les larmes aux yeux de Harry. Il se détestait d'être aussi sensible à l'entente de ces simples mots. Mais cela faisait tellement longtemps qu'il espérait les entendre... Il se contenta d'acquiescer, incapable de dire quoi que ce soit. Il réalisa alors l'aubaine qu'il avait. Même lorsqu'il serait à Poudlard, il pourrait toujours compter sur Sirius et Remus. Alors que durant les quatre premières années, il avait toujours eu l'impression d'être seul. Il allait enfin pouvoir se reposer sur des adultes à chaque fois qu'il aurait un problème assez sérieux. Oui, il aurait peut-être enfin droit à une année tranquille. Peut-être pas autant qu'il l'espérait, mais ce qui était sûr, c'était qu'elle serait différente des autres. Il était cependant loin d'imaginer à quel point elle allait l'être.
