En arrivant à la boulangerie, sa thermos de café à la main, Alix baille bruyamment. Elle est fatiguée à cause de sa dissertation d'histoire, encore et toujours. Elle a mit un point d'honneur à la terminer hier soir pour être tranquille ce week-end. La date butoir étant lundi, elle y a passé une grande partie de la nuit et n'a pas assez dormi. C'est une véritable marmotte, quand elle s'y met, et depuis qu'elle a commencé son travail de vendeuse, elle manque cruellement de sommeil.
« Bonjour Alix ! » Tom salut sa jeune employée d'un air joviale en venant brosser sa moustache.
« Bonjour Monsieur Dupain ! Vous avez une nouvelle moustache ? »
« Oh tu as remarqué ? » demande-t-il naïvement alors qu'il la tripotait depuis l'instant même où elle était entrée. « Oui, je voulais changer, tu aimes ? »
Alix répond par un rire gêné. Le père de Marinette s'est toujours montré adorable avec elle, mais il est parfois un peu étrange, tout comme sa fille.
« J'ai promis à Sabine de l'emmener en week-end à la mer, on va partir d'ici peu, est-ce que ça te dérangerait de faire la fermeture ? Je crois que Marinette est occupée, ce soir. Je suis désolé, j'aurais dû te demander avant, mais ça m'est sortit de la tête… »
Elle grince des dents et sert la mâchoire mais soupire en voyant l'immense bonhomme se frotter le crâne d'un air embêté. Il ressemble vraiment à sa fille, qui doit probablement aller au concert, ce soir. Voilà pourquoi elle n'est pas disponible. Et Alix ne l'est pas non plus…techniquement, elle a promis à Luka d'être présente, et elle a vraiment envie de le voir. Mais comment dire non à Tom alors qu'il est toujours si prévenant avec ses horaires.
« On ferme à vingt-heure c'est ça ? Ça marche…Je donnerais les clefs à Marinette. »
Le regard du boulanger s'illumine alors qu'il vient serrer la jeune femme sur sa poitrine. « Merci tu me sauves la vie ! Allez, je te laisse, je vais préparer ma valise ! » et le voilà qui monte quatre à quatre l'escalier menant à l'appartement des Dupain-Cheng.
Alix se glisse derrière le comptoir en posant son sac. Elle pensait pouvoir rentrer chez elle après cette longue journée de travail pour se changer avant d'aller au concert, mais à présent, elle n'est même pas sûre d'y arriver à temps. D'après Luka, cela commence à 20h30. En courant, elle peut être au bar en vingt-cinq minutes. C'est un miracle si elle arrive à l'heure…Et elle risque d'être sale et habillée comme un sac. En effet, en allant au travail ce matin, elle a enfilé un pantalon cargo beige et un débardeur noir à la va vite puisqu'elle était en retard. Elle vient cacher son visage entre ses mains en se maudissant et hésite même, l'espace d'un instant, à contacter Luka pour annuler, prétextant un devoir urgent à rendre. Mais elle a envie de le voir…et elle doit gagner son pari le plus vite possible.
Il est onze heures lorsque les parents de Marinette passe par la boutique pour sortir et se rendre à la gare. Ils lui affirment qu'ils lui font parfaitement confiance et qu'elle peut se servir si elle a faim. Parce que la journée risque d'être longue. Douze heures sans pause, c'est une première pour la jeune femme. Heureusement qu'elle a apporté ses fiches de révisions, un livre et son cahier de dessins pour les moments de creux. Le samedi est toujours animé, à la boulangerie la plus réputée de Paris. On vient chercher le pain pour le repas du midi ou des pâtisseries pour le goûter. En début d'après-midi, elle voit même Lila débarquer. Les bras croisés sur sa poitrine, la jeune femme aux cheveux roses retint un rictus moqueur en voyant la jeune brunette acheter sa baguette chez la fille qu'elle a tenté de détruire, au collège. Alix prend bien soin de lui donner la baguette la plus cuite possible et ne lui adresse pas plus de deux mots.
En repensant à cette période, elle ne peut s'empêcher de s'en vouloir. Parce qu'elle a cru en Lila, l'espace d'un instant. Très vite, elle a comprit son petit jeu, mais dire qu'elle a toujours pris le parti de Marinette serait mentir. Elle aurait dû faire confiance à son amie, malgré les preuves. Elle aurait dû être plus forte.
La visite de Lila est suivie d'une période de creux. Alix en profite pour relire ses notes de littérature française en essayant d'apprendre par cœur certaines citations extraites des livres du programme mais elle s'ennuie, très vite, et sort son cahier de dessins.
Elle n'a pas le talent de Nathanaël, et pourtant, le dessin a toujours fait parti de sa vie, d'aussi loin qu'elle s'en souvienne. Lorsque son frère la gardait, il lui laissait une boite de pastel et un carnet et elle pouvait passer des heures à colorer le blanc des pages. Elle s'est essayée à plusieurs styles mais ce qu'elle préfère reste les couleurs. Elle veut voir vibrer ses œuvres. Les murs de la ville sont ses toiles favorites. Munie de bombes, la nuit, elle s'amuse à redécorer les rues ternes d'un Paris endormi. Il lui arrive également de travailler sur toile, directement ou même sur papier quand elle n'a pas le choix. Alix sort sa boite d'aquarelles de son sac ainsi qu'un pinceau.
Le réalisme l'a toujours profondément ennuyée. Lorsqu'elle erre dans les salles du Louvres, elle trouve les toiles des plus grands ennuyantes, sans vie. Certes, on dirait des photos. Mais il n'y a aucun pep, aucune joie. Ce qu'elle veut, Alix, c'est qu'on sourit, en regardant ses œuvres. Elle aime jouer avec les couleurs, les nuances et les dégradés. Depuis quelques temps, elle s'essaie au portrait monochrome. Elle a déjà croqué Rose et Juleka, respectivement en rose et violet, ainsi que Kim, en orange. Aujourd'hui, elle se sent inspirée et lorsque ses yeux se pose sur sa palette de couleurs, ces derniers captent les nuances de bleus. Elle sait immédiatement qui elle va peindre.
Elle est interrompue dans son processus créatif plusieurs fois par la sonnerie de la porte. Heureusement, les clients ne peuvent pas voir la petite tablette dissimulée près de la caisse où elle entrepose ses affaires. Elle se montre souriante et aimable, même si plus les heures passent et plus elle est fatiguée et lasse. Son portrait est terminé et elle le laisse sécher en mangeant une tarte aux fraises. Se sentant quelque peu coupable, elle glisse un billet dans la caisse.
Dès dix-neuf heure quinze, Alix commence à s'activer, nettoyant les vitrines, passant le balai. Les clients se font moins nombreux. Elle aurait pu fermer à très exactement vingt-heure si un vieux con n'était pas arrivé avec une commande de dix kilomètres de long. Résultat, il est vingt heure dix lorsqu'elle baisse le rideau et un soupir s'échappe de ses lèvres alors qu'elle regarde l'heure sur sa montre à gousset. Merde, elle n'arrivera jamais à l'heure. Attrapant son sac, elle sort par la porte de derrière et prend soin de tout fermer avant d'inspirer longuement et de se mettre à courir.
Alix n'a sûrement jamais couru aussi vite de sa vie. Elle regrette d'avoir laissé ses rollers au placard. Elle serait arrivée bien plus vite si elle continuait de les trimballer partout, comme au collège. Il est pourtant rare aujourd'hui qu'elle les utilise, comme s'ils faisaient partie de son ancienne vie.
Elle finit par arriver devant le bar où se produisent les kitty section et entre sans problème. Elle se demande comment les autres ont pu pénétrer dans le bâtiment malgré leurs dix-sept ans, mais en voyant la foule se presser vers la scène, elle se dit que beaucoup ont l'air bien jeune. Alix a chaud, elle sue à grosses gouttes en cherchant sa respiration. Se frayant un chemin parmi la foule, elle retrouve finalement Marinette et Mylène. Les kitty section sont déjà sur scène et la voix de Rose retentit dans le bar. Merde. Alix a donné tout ce qu'elle pouvait mais elle n'a pas pu arriver à temps pour le début du concert. Se maudissant mentalement, elle salut ses deux amis avant de se tourner vers la scène. Ses yeux cherchent instinctivement Luka et lorsqu'elle croise ses orbes bleus, un sourire vient fleurir leurs lèvres, simultanément. Sur scène, Luka se redresse, avance d'un pas et se met à jouer avec plus d'entrain, comme s'il attendait seulement de la voir, dans le public.
Malgré son retard, elle peut assister à trois morceaux, dont celui redouté par tous les membres. Lorsqu'ils parviennent à le terminer sans fausse note ou imprévu, eux-mêmes semblent surpris. Ils quittent finalement la scène sous les applaudissements du public, laissant place à un autre groupe. D'après les affiches collées un peu partout dans le bar, il s'agit d'un tremplin pour les jeunes. Ce qui explique sans doute la présence d'autant d'adolescents dans un bar.
Les trois jeunes filles se dirigent vers le bar, afin de commander tout en discutant. Alix tend à Marinette la clé de la boulangerie et celle-ci l'observe, sans comprendre, pendant quelques secondes avant d'ouvrir de grands yeux ronds.
« Oh non, je suis désolée Alix…J'avais oublié le week-end de papa et maman alors je suis allée chez Adrien…Si j'avais su que tu ferais la fermeture, je serais venue te tenir compagnie ! » Alix lui sourit avant de répondre :
« T'inquiète pas ! J'ai juste pas eu le temps de passer chez moi…alors je pue et je ressemble à rien… » marmonne Alix en venant rassembler ses mèches roses pour les attacher en une queue de cheval rose. Ayant enfin captée l'attention du barman, elle se tourne vers ses amies. « Vous buvez quoi ? » demande-t-elle.
« Un coca, pour moi » annonce Mylène et le serveur hausse la tête.
« Et un jus d'orange » rajoute Marinette.
Alix hésite un instant avant d'ajouter : « Je vais prendre une despe, avec du citron. » se décide-t-elle finalement et le barman la regarde avec suspicion.
« Désolée ma jolie, mais pas d'alcool pour les mineurs. Je ne fais pas d'exception, même pour tes jolis yeux. » Les sourcils d'Alix se froncent alors qu'elle fouille rageusement dans son sac pour chercher sa carte d'identité et la coller sous le nez du malotru.
« Mes jolis yeux et moi, on va prendre une despe. Avec du citron. Merci bien. » réplique-t-elle sèchement alors que l'homme s'active pour préparer la commande des trois amies.
« J'ai trop hâte d'avoir dix-huit ans… » avoue Mylène en soupirant. « Surtout depuis qu'Ivan a fêté son anniversaire ! »
« Encore quelques mois, Myl', ça va passer vite, tu vas voir ! » lui promet Alix et la moue de Mylène s'agrandit.
« Oui, et toi, dans quelques mois, tu auras dix-neuf ans ! »
Les trois amies se mettent à rire et quand le barman leur tend leurs verres, Marinette insiste pour payer, pour se faire pardonner d'avoir laissé Alix travailler si tard. Cette dernière la remercie avant de boire une gorgée de bière. Elle avait chaud, et ne s'était pas rendue compte qu'elle avait surtout aussi soif.
« Ah, les voilà ! » Marinette s'écrit en faisant de grands gestes à leurs amis musiciens qui se frayent un chemin parmi la foule.
« Alya ne devait pas venir avec Nino ? » demande alors Alix, surprise de ne pas voir la brune.
« Ils sont au ciné, l'avant-première de l'adaptation de super pinguino est ce soir. Ils attendaient ça depuis…bien trois ans ? » répond Marinette en riant. Lorsqu'enfin, les kitty section s'approchent d'eux, Mylène rejoint Ivan et Marinette, électrisée, se précipite vers Adrien pour le serrer contre elle. Le voir sur scène, aussi libéré et heureux lui donne envie de l'embrasser et de ne plus jamais le lâcher.
Luka suit la brune du regard et baisse les yeux avant de faire un pas vers Alix qui, silencieuse, reste en retrait. Un sourire charmeur vient éclairer le regard du garçon alors qu'il attrape le verre de la jeune femme pour en boire une gorgée, sans la quitter des yeux. Alix déglutit avant de sourire à son tour.
« T'étais plutôt cool, sur scène. » dit-elle, mal à l'aise.
« Ah ouais ? Je pensais que tu ne viendrais plus… »
Alix soupire en baissant les yeux.
« Je suis désolée, je t'avais promis de venir mais j'ai dû faire la fermeture, et le temps d'arriver jusqu'ici, enfin, j'ai couru le plus vite possible, et maintenant je suis en nage, et en plus je voulais passer me changer, et… » Alix se perd dans ses explications et ressemble plus ou moins à Marinette, en ce moment même. Luka sourit et laisser échapper un rire léger. Il est heureux, de savoir qu'elle s'est à ce point démenée pour le rejoindre.
« Tu es très bien comme ça… » murmure-t-il en se rapprochant d'elle. Sa main vient trouver la joue de la jeune femme et Alix sursaute.
« Tu as de la farine sur la joue. » explique-t-il en riant de nouveau et Alix ne peut s'empêcher de rougir.
« Oh non… » Elle voudrait s'enterrer, et disparaître mais se contente de boire de longues gorgées de bière.
« Attention Terreur, tu vas finir déchirée avant la fin de la soirée, à ce rythme-là. Je fais comment si ma partenaire de danse ne tient plus sur ses pieds ? » Alix rit. Luka finit toujours pas détendre l'atmosphère. Regardant autours d'elle, elle se rend compte que, près de la scène, beaucoup de jeunes dansent.
« C'est vrai » dit-elle en cherchant quelqu'un, des yeux, à qui refiler son verre. Adrien et Marinette sont entrain de s'embrasser contre un des murs du bar, à la limite de l'indécence, et elle n'est pas sûre de vouloir les déranger. Mylène et Ivan sont déjà entrain de danser mais Juleka et Rose sont installées à une table et discutent. Elle se permet donc de leur laisser son verre et son sac avant de revenir vers Luka, attrapant sa main pour le guider vers la piste improvisée. Ensemble, ils dansent, dansent et semblent oublier le monde qui les entourent. Oublier Rose et Juleka qui les observent, de loin, la seconde souriant devant l'air heureux et détendu de son frère, l'autre sortant son téléphone pour capturer ces moments de pure liberté. Ils dansent, sautent et s'oublient.
Elle est heureuse d'être venue, il est heureux de la voir, de serrer sa main, de la faire tourner et d'entendre son rire, étouffé par le son des guitares. Elle est belle, même dans ses vêtements de travail, même avec ses cheveux mal attachés et son air fatigué. Et quand son corps se recouvre d'une couche fine de sueur, dû à leur danse effrénée, il la trouve plus désirable que jamais.
Le dernier groupe monte sur scène peu avant minuit. Ils ne font que des reprises, s'attaquant tout d'abord aux monuments que sont Aerosmith et Prince. Ils ont bons goûts et le chanteur a une voix chaude qui fait frémir la jeune femme. Face à elle, Luka est déchaîné. Ses cheveux bleus flottent autours de lui alors qu'il bouge la tête en rythme et fredonne les paroles, mimant parfois un solo de guitare enflammé. Il s'amuse tout autant qu'elle. Alix attrape les mains du garçon pour les mettre sur ses hanches et ils se rapprochent un peu plus, le temps d'une chanson, un peu plus lente, un peu plus langoureuse. Mais très vite, très vite le ton change et dès les premiers accords de guitare, Alix reconnaît la chanson qui va suivre. Elle se recule d'un pas, ses yeux s'ouvrant en grand et sa bouche formant un o parfait.
« Ils reprennent Alice Cooper ! » s'exclame-t-elle en sautillant d'excitation. En observant la jeune femme face à elle, Luka ne peut que la trouver parfaite. Son air déterminé, ses yeux si bleus et sa passion pour le vieux rock. Elle est parfaite, tout simplement parfaite.
Alix aime d'un amour inexplicable ce chanteur. Dès qu'elle entend sa voix, sa poitrine résonne et son corps entier est en surchauffe. S'il avait cinquante ans de moins, elle fantasmerait probablement sur lui. Pour le moment, elle se contente de l'idolâtrer en tant que musicien de talent.
La voix du chanteur se met à résonner dans la salle de concert improvisée et Alix frisonne. Lorsque la batterie se joint à la partie, elle se met à danser, chantant du fond de son cœur.
I want to love you but I better not touch
I want to hold you but my senses tell me to stop
Et ses yeux cherchent ceux du garçon.
I want to kiss you but I want it too much
Et ses mains viennent danser sur ses épaules, ses doigts fins glissant le long de ses clavicules. Yeux dans les yeux, elle danse pour lui, et Luka sent sa respiration devenir hésitante et sa gorge se serrer. La voix d'Alix se perd parmi la foule mais il n'entend qu'elle, mais il ne voit qu'elle.
I want to taste you but your lips are venomous poison
You're poison running through my veins
You're poison, I don't want to break these chains
Alix joue avec lui, avec ses nerfs, avec ses joues roses et ses lèvres gonflées qu'elle vient effleurée d'une main assurée. Elle chante pour lui. Cette chanson n'aurait pu être mieux choisi. Et si Luka est troublé, dans un premier temps, il finit par entrer dans le jeu de la jeune femme. Attrapant son poignet gracile, il se rapproche un peu plus d'elle et lorsque ses lèvres se trouvent à quelques centimètres de son oreille, il murmure les paroles de la chanson, souffle chaud contre sa peau électrisée.
Your mouth, so hot
Your web, I'm caught
Your skin, so wet
Elle cherche le contact de sa peau, elle veut sentir ses lèvres dans son cou, sa langue le long de sa mâchoire, sur ses lèvres, sur son corps. Mais il s'éloigne d'elle, vient lécher sa lèvre inférieure, exactement comme il l'avait fait, la semaine précédente, et elle ne peut s'empêcher de mordre la sienne. Il la cherche, il veut la faire languir.
I hear you calling and it's needles and pins
Chante-t-elle pour lui. Elle ne danse plus, ses jambes la soutiennent difficilement mais elle ne peut briser le contact de ses yeux bleus.
I want to hurt you just to hear you screaming my name
Répond-t-il en faisant un pas vers elle. Elle peut sentir son souffle chaud contre ses propres lèvres. Il ne la touche pas mais son corps entier se tend vers lui quand elle lui répond, à son tour :
Don't want to touch you but you're under my skin
I want to kiss you but your lips are venomous poison
Et n'y tenant plus, Luka comble l'espace séparant ses lèvres et celles, pleines de désir, d'Alix. Une nouvelle fois, leur baiser est pressé et désordonné. Ils ont besoin de plus, de terriblement plus. Leurs mains se perdent dans les cheveux de l'autre, Luka vient détacher les mèches rebelles d'Alix et les doigts fins de la jeune femme caressent la nuque du jeune homme. Très vite, elle rompt l'échange en attrapant la main du garçon pour l'entraîner hors de la piste. Elle rejoint rapidement la table de Rose et Jule qui les regardent, amusées par leurs visages rougis et leurs cheveux en désordre.
« Vous passez une bonne soirée ? » baragouine Juleka qui, bien que souvent discrète, n'hésite jamais à lancer de petites piques à son frère. Alix marmonne quelque chose avant de demander à Rose de lui filer son sac, qu'elle garde depuis le début de la soirée. Sa main toujours dans celle de la jeune femme, Luka attend de voir ce qu'elle a prévu. Mais Alix ne dit rien, elle se contente d'attraper son sac et de tirer Luka vers la sortie.
Et ils se retrouvent de nouveau dans les rues de Paris, en pleine nuit, seuls. Mais si la semaine précédente, ils étaient ivres et plutôt gênés, ils sont aujourd'hui attirés l'un à l'autre et alors qu'ils marchent, d'un pas pressé, Luka finit par pousser la jeune femme contre un mur, n'y tenant plus. Ses lèves viennent dévorer le cou de l'adolescente qui gémit contre lui. Alix, gênée, vient mordre le dos de sa main mais Luka l'attrape avant qu'elle n'ait le temps de véritablement se contrôler. ses lèvres remontent le long de sa mâchoire, parfaite, et il embrasse ses joues et ses lèvres, comme s'il était en manque. Alix se laisse porter contre lui, répondant à son étreinte et à ses baisers, de plus en plus insistant. Elle finit par souffler contre sa peau :
« J'habite à dix minutes, et il n'y a personne chez moi, le paternel est à une conférence… » C'est ce qu'elle imagine dire, tout du moins, mais elle est dans un état second et sa diction est maladroite, hachée. Malgré tout, Luka comprend ce qu'elle essaie de lui dire et relâche la pression sur son corps pour attraper son poignet et la tirer, à sa suite. Il n'est jamais allé chez elle mais sait où se trouve le musée.
Ils entrent par la porte de derrière et après avoir monté deux étages, se retrouvent devant l'appartement des Kubdel. Alix cherche à déverrouiller la porte mais ses gestes sont trembles. Les mains de Luka, sur ses hanches et le sillon de baisers humides qu'il dépose dans son cou ne l'aident pas vraiment à se concentrer.
Mais ils se retrouvent finalement dans la chambre de la jeune femme. Elle laisse tomber son sac en se dirigeant vers son lit. Luka n'a pas le temps d'admirer la chambre colorée de la jeune femme. Il ne peut la quitter des yeux. Alix se défait de son débardeur et de son cargo, dévoilant son corps abîmé par la vie. Elle porte un ensemble noir des plus simples. Elle n'a jamais été une grande fan des sous-vêtements inconfortables en dentelles. Elle en possède, bien sûr -c'est d'ailleurs Rose qui les a choisis pour elle- mais elle ne les porte que lorsqu'elle sait que quelqu'un va les voir. Elle comptait les enfiler après le travail, juste avant de se rendre au concert de Luka mais n'a pas eu le temps de se changer, finalement. Que ce soit en dentelle ou non, Luka l'a trouve incroyablement sexy et les mains du garçon viennent découvrir son corps avec délice. Ses lèvres viennent mordre sa clavicule alors que, d'une main experte, il ôte l'agrafe de son soutient gorge.
Alix vient presser sa poitrine nue contre lui en gémissant. Elle veut sentir son corps contre le sien. Elle veut ne faire qu'un avec lui. Depuis qu'il l'a embrassée, la semaine précédente, elle ne pense qu'à ça. Et à cet instant, il n'y a ni Kim, ni défi. Juste elle et lui.
La jeune femme rompt le contact de leur corps pour venir retirer la veste et le tee-shirt du garçon et une fois que sa poitrine entre en contact direct avec le torse du garçon, elle soupire. Ses mains s'activent sur la boucle de sa ceinture.
« J'ai envie… » murmure-t-elle et il embrasse ses lèvres.
« Moi aussi. » répond-il en se défaisant de son jean et de son caleçon tandis qu'Alix s'installe dans son lit en se dénudant complètement. Elle se sent soudainement fragile, face à lui. nue, elle lui offre ses insécurités et ses doutes. Sa peau brûlée par la vie et sa peur de ne jamais être assez. Mais Luka est tendre. Luka est différent, et lorsque son corps recouvre le sien, lorsqu'il se frotte à elle et couvre sa peau de baisers mouillés, elle oublie tout. Dans l'obscurité de sa chambre, seules leurs respirations se font entendre.
« Vas-y maintenant, j'en peux plus... » dit-elle et il la sert contre elle. Il est tout aussi désespéré qu'elle, tout aussi affamé et impatient. Il veut la faire sienne, marquer son corps à jamais. Leur échange est violent et charnel, comme tous leurs baisers. Ils sont brutaux et désordonnés, ils ont besoin de l'autre, de sa peau, de son corps, de sa chaleur.
Mais alors qu'ils ne font qu'un, alors qu'elle gémit contre lui, alors que son souffle chaud secoue son être, il ne pense pas vraiment à elle, et ce n'est pas lui qu'elle voit.
