Hey !
Et voilà l'OS du jour. Oh, et Micha et Yu sont toustes les deux responsables de l'Aqua qui est décrite ici.
Merci ! Robotfan pour sa review ! (normalement, je rattrape mes réponses aux reviews ce soir)
Thème : Les femmes dans le théâtre.
Des vers dans la pièce
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C'est étrange de tenir entre ses mains un livre qu'Aqua n'ouvrira plus jamais. Un bouquin qui lui a appartenu, qu'elle a ouvert un jour. Aimé, peut-être. Des lignes qu'elle a lues posée dans son pouf, en grattant les derniers rayons de soleil. Il la revoit assise dans le bus près de lui, au lycée, sortant un livre de la poche de son sweat alors qu'il remontait son casque sur ses oreilles. Vingt minutes de trajet l'un près de l'autre, sans parler. Leurs mondes mélangés dans une même bulle.
Aujourd'hui, Demyx n'a pas mal. Tout semble loin de lui. On bien c'est lui qui est loin de tout, inatteignable, enfermé dans cette humeur flottante.
Il en parlera à sa psy demain.
Il caresse la côte du livre entre ses doigts. Alexandra Badea, c'est marqué. Points de non-retour [Thiaroye]. Il déglutit.
C'est loin d'être la seule pièce dans le lot. Même, c'est ce qu'Aqua lit le plus. Lisait. Il n'y connaît rien en théâtre, mais il se souvient de tout ce qu'elle lui a dit à ce sujet. Des lignes qu'elle déclamait alors qu'il accordait sa guitare, le cul par terre dans son studio. S'il ferme les yeux, là, il peut presque l'entendre. Retrouver sa voix.
– Encore des histoires de mecs.
Il la revoit râler contre le programme de litté à la fac. Citer un à un les noms masculins qui ornaient les listes que les profs leur donnaient, alors qu'il se demandait s'il voulait poursuivre ses études d'infirmier.
– Bah c'est pas si grave, non ? Tu peux lire d'autres pièces à côté.
– Même. Ça fait des années que les programmes sont aussi pourris. C'est toujours des histoires de gars avec des gars et des filles vues par des gars écrites par des gars enseignés par des gars.
Demyx n'a pas compris, au début.
– Si t'avais que des chansons d'amour hétéro à jouer, ça te ferait quoi ?
Là, il a capté.
– Chier.
Elle qui s'appliquait tant petite, la vie à la fac effaçait son vocabulaire précieux. Elle jurait sans faire attention, sifflait, se laissait lourdement tomber sur son lit au retour des cours. Ses bonnes manières s'envolaient pour se rapprocher de la spontanéité de Demyx. Il aimait bien ça, la voir changer. Sortir des carcans.
Cette rébellion sonnait comme une vengeance froide. Une manière de montrer à ses parents la colère qu'elle gardait contre eux, depuis qu'ils lui avaient refusé la possibilité du conservatoire.
Je ne suis pas à vous, il entendait chaque fois qu'elle lâchait un juron.
Il repose la pièce sur la table. Dans le carton, il en reste beaucoup. Tellement de titres, et tant de noms de femmes parmi eux. Elle s'est démenée pour les dénicher.
Il n'y connait rien, Demyx. C'est tout juste s'il a lu Molière au collège. Mais ces mots qu'elle aimait lire, ces lignes dont elle remplissait la pièce...
Peut être qu'en s'en emparant, il pourrait retrouver un morceau d'elle entre ces pages.
Voilà voilà. C'est plus doux que les chapitres précédents, je trouve ?
