Hello!

Ce OS a été écrit dans le cadre de la 136ème nuit du FoF (pour d'avantage de précisions, vous pouvez m'envoyer un message ou regarder le lien sur mon profil), en une heure sur le thème "Plénitude".

Je ne pensais pas pouvoir faire du angst total, mais finalement, j'ai été inspirée par ce thème. En le voyant, on peut penser que c'est un thème joyeux ou optimiste, mais la plénitude, c'est le sentiment du travail accompli, qu'on peut avoir avant de mourir. On meurt en n'ayant plus aucun regret, en sachant que ce qu'on a fait dans sa vie a porté ou portera ses fruits. Et c'est ce que j'ai tenté d'écrire ici.

Donc... Mort d'un personnage principal!

Rating: T

Personnages: Roy Mustang, Riza Hawkeye

Genre: Drame, romance

Bonne lecture! (enfin j'espère)


— Généralissime Roy Mustang, par votre participation active au plan d'extermination d'Ishbal, et le meurtre en pleine conscience de milliers de civils d'Amestris durant la guerre d'Ishbal, vous êtes dès à présent démis de vos fonctions et condamné à la peine de mort. Vous serez fusillé le 15 du mois prochain, après avoir rendu les insignes de votre fonction et réglé vos dernières formalités.

Roy laissa échapper le souffle qu'il gardait dans ses poumons depuis que les jurés étaient rentrés dans le tribunal après leur délibération. Il ferma les yeux et s'assit sur le banc des accusés. « Condamné à la peine de mort. » La sentence résonnait encore et encore dans sa tête, et un précipice se forma devant lui. Le quinze. Il avait jusqu'au quinze pour tout finir, tout mettre en ordre. Il était comme dans du coton, isolé de l'extérieur. Un vertige le prit soudain, et il ouvrit les yeux pour tenter de reprendre son équilibre.

Devant lui, le regard perdu, se tenait Riza. Sa Riza, fidèle Riza, qui l'avait suivie depuis toutes ces années, son lieutenant, son capitaine, son assistante, sa garde du corps, son épouse. Riza. Ses yeux ambre se remplirent de larmes alors qu'elle s'approchait de lui. Elle avait quitté l'armée lorsqu'il était devenu Généralissime à la suite de Grumman et ils s'étaient mariés dans l'intimité, entourés de quelques amis proches. Elle avait aussi été visée par le procès contre les criminels de guerre, mais sa sentence avait été la même que pour tous les soldats qui avaient obéi aux ordres par peur de l'exécution pour trahison : le retrait de toutes les charges qui pesaient sur eux.

Roy se leva et prit les mains tendues de Riza. Il tenta de la rassurer, mais aucun mot ne vint à son esprit, et encore moins à ses lèvres. Il ne pouvait que lui transmettre tout ce qu'il pouvait à travers ses yeux. Après toutes ces années, c'était devenu si naturel qu'ils pouvaient passer des journées ensemble sans se parler, mais en communiquant énormément par les petits gestes, les attentions, les regards et les sourires.

Rien ne comptait que Riza, ses mains tremblantes entre les siennes, son regard où se lisait un désespoir immense, et l'arrondi marqué de son ventre sous sa robe rouge sombre.

Il allait laisser une veuve et un orphelin derrière lui. Que pouvait-il faire de plus désormais ? Le jury avait donné sa décision, et il ne ferait pas machine arrière.

La perspective de la mort avait souvent occupé ses pensées, mais cette fois, c'était réel.

Les semaines qui suivirent furent remplies de procédures administratives, d'étreintes, de lois édictées, de baisers fiévreux, de rangements et de pleurs partagés.

Roy avait pu rester dans la demeure du généralissime jusqu'à la fin, puisque l'intronisation de son successeur n'aurait lieu qu'après… sa mort.

Lors de leur dernière nuit ensemble, entremêlés sous les draps, le goût salé de la sueur et des larmes sur leur peau, Roy murmura à Riza tout ce qu'il lui avait déjà dit. Ses vœux de mariage, les promesses qu'il lui avait faites au cours des années passées, mais aussi certains de ses ordres.

— Ne meurs pas. Ne garde pas espoir et ne renonce pas à la vie. J'ai fait tout ce que j'ai pu durant la mienne, j'ai accompli mon objectif… mes objectifs, se rectifia-t-il en caressant le ventre de Riza.

Elle se réfugia dans ses bras, sa tête au creux de sa nuque, et il sentit l'humidité de ses pleurs encore une fois sur sa peau. Au cours de ces dernières semaines, ils avaient versé plus de larmes qu'au cours du reste de leurs vies.

— Ma vie a été remplie. J'ai causé du tort, j'ai tenté de le réparer, et maintenant j'en paye le prix. Mais tu n'as pas à le faire.

— Je t'ai promis de te suivre jusqu'en enfer, chuchota Riza contre son cou.

— Mais tu n'as pas dit que ce serait tout de suite.

Roy déposa un baiser sur le front de Riza.

— J'aurais voulu rester bien plus longtemps auprès de toi, voir notre enfant grandir, mais la justice en a décidé autrement. Je t'en prie, laisse-moi partir. Tu me rejoindras en temps et en heure. Mais je te laisse le relais pour faire de ce pays un endroit où notre futur pourra grandir en paix.

Un sanglot secoua Riza. Elle accepta d'une voix étranglée. Et Roy se sentit serein. Il avait toute confiance en elle pour que le monde soit un bel endroit où leur enfant vivrait, loin des inquiétudes qui avaient secoué ses parents au cours des années écoulées. Sa mission était terminée, et malgré son désir de rester plus longtemps, l'angoisse le quitta.

Ce fut dans ce sentiment de plénitude étrange qu'il échangea un dernier baiser avec Riza, revêtit son uniforme militaire pour la dernière fois et descendit dans la fosse d'exécution, escorté par plusieurs soldats qui avaient pris la précaution – inutile, puisqu'il ne comptait pas se débattre – d'attacher ses mains dans un carcan spécial pour les alchimistes. Ses mains furent ensuite enchaînées à un poteau, derrière lui. Le peloton se mit en position devant lui, fusil en joue.

Il donnait sa vie pour ses propres péchés, par la justice des hommes, mais il savait qu'il avait tout fait pour réparer en ce bas monde. Tout était accompli. Il esquissa un sourire en coin et pensa une dernière fois à cette fille blonde qui lui avait ouvert la porte des années auparavant.

Il ne laissait que ce qu'il aimait derrière lui, il emportait seulement ce qu'il était et ce qu'il avait fait de mal.

Les balles le fauchèrent.