Petite mise au point pour le petit rigolo qui ne cesse de demander la suite de 6 ans d'absence :
Tout d'abord, un message commence par bonjour, c'est le principe même de la politesse
Tu désires la suite de cette histoire mais tu es incapable d'écrire le nom correctement, pourtant il n'est pas si long, ni si compliqué que ça
Je fais un effort pour vous fournir des chapitre qui ne sont pas bourré de faute, je pense donc qu'écrire un message sans 30 fautes à chaque mots est à la portée de tous. Fais donc un effort, tu es désagréable à lire
"Dis-toi, oui toi » jusqu'à preuve du contraire, nous ne sommes pas amis alors je vais te demander de faire preuve de respect. Si tes parents ne t'ont pas éduqué, les miens si, nous sommes deux inconnus alors le respect va dans les deux sens. Je te respecte, je vous respecte tous, je prend du temps à écrire des phrases cohérente et posées au lieu de laisser mon agacement éclatée alors, fais-en de même. Il serait dommage que ta soudaine prise de confiance à mon égard me fasse cesser de publier sur cette plateforme, le fait de pouvoir commenter anonymement fait visiblement pousser des ailes à certains lecteurs.
« Tu écris deux histoires et pas la suite de 6 ans d'absence » effectivement, et où est le problème ? Si tu étais dans ma vie, tu saurais même que j'ai passé toute une semaine à prendre des notes dans mon carnet pour une future histoire tellement j'étais inspirée.
Écrire reste, et restera (ne t'en déplaise) une passion pour moi. Je ne vais pas me forcer à écrire telle ou telle histoire pour faire plaisir à des inconnus. Oui, je publies mes histoires, je partage mes écrits et une partie de moi, mais c'est pour moi que je le fais, pour personne d'autre.
Si demain je cesse de publier, ça ne changera rien à ma vie, au mieux je verrais la pression de devoir écrire disparaître mais ma passion restera.
En toute sincérité, si cette histoire t'obsède autant, il y a une solution très simple. Il me suffit de supprimer mes chapitres, 6 ans d'absence n'existera plus et, au moins, tu arrêteras peut-être de me donner des ordres à tout va comme si, toi et moi, nous nous connaissions. (Et même si ce fut le cas, tu n'as en aucun cas le droit de me dicter quoi faire)
« Une réponse, c'est possible » lorsqu'il s'agit d'une question, on termine sa phrase par un point d'interrogation (?)
Ensuite, oui et non.
Non, car la plateforme ne me permet pas. Comme je l'ai déjà expliqué, Ff ne permet pas de sélectionner le message pour y répondre, contrairement à Wattpad où l'interaction avec les lecteurs est possible.
Devoir répondre à chaque message au début de l'histoire n'est pas forcément la meilleure des idées, beaucoup n'ont pas envie de lire un à un chacun de mes commentaires au risque de ne même pas avoir de réponse et puis, si vous vous vraiment discuter avec moi il vous suffit de répondre en privée. Même si l'attente de réponse sera longue, c'est toujours un plaisir d'échanger.
Si aujourd'hui ton message n'avait pas piquée à vif mon ego au point de me faire cogiter au lieu de dormir, j'aurais ignoré ton message en levant les yeux au ciel comme à mon habitude.
En trois semaines, les trois seuls commentaires que tu as laissé étaient en rapport avec cette fameuse histoire. Tu es visiblement capable de commenter alors, pourquoi ne pas me parler de l'histoire que tu es censé lire ?
Je pars du principe, qu'actuellement, je publie « Mes jours préfères sont les jours de pluie » et que, par conséquence, tu lis mes écrits puisque tu y commentes. Dans ses cas là, écrit quelque chose en rapport avec le chapitre, sinon ça ne sert à rien, je ne donnerais pas d'importante à ton message.
Demander constamment la suite de cette histoire sous une nouvelle histoire est agaçant et surtout, ça ne sert strictement à rien. Ce n'est pas en m'agaçant que je pianoterais plus rapidement ou que mes recherches iront plus vite. Je fais en sorte de me renseigner un maximum pour vous offrir de nous chapitres du tonnerre, ce n'est pas parce que ce sont les vacances/confinement que j'ai tout mon temps à y consacrer. Ma douche ne va pas se prendre seule, ma vaisselle ne va pas se laver seule, mon repas ne va pas cuisiner seul, mon ménage ne va pas se faire seul, personne ne va aller faire mes courses à ma place, ou aller chez le médecin, aller au laboratoire faire mes examens.
C'est toi qui va te lever dans la nuit pour t'assurer que ma mère va bien ? Qu'elle respire bien ? Tu vas la réveiller pour prendre sa tension ? Tu vas la rattraper quand elle n'a pas la force de tenir debout ? Tu vas l'écouter ses maux jusqu'à pas d'heure alors que tu es épuisée ? Ce n'est pas toi qui te démène pour que tout le monde aille bien chez moi, c'est moi. Ça me prend énormément de temps et d'énergie, parfois le soir, je suis tellement fatiguée, j'en ai tellement sur les nerfs que j'ai juste envie de me poser devant un épisode de mon anime sans ne rien faire, regarder une histoire fantastique pour oublier à quel point ma vie est actuellement merdique. Ai-je encore le droit d'avoir quelques minutes à moi dans ma journée ?
Six ans d'absence n'est pas ma seule et unique histoire, il y aurait une fin, je l'ai toujours dit mais rien ne m'oblige à la partager avec vous, ou sur cette plateforme. J'écris pour moi et uniquement pour moi, alors, publier la fin de cette histoire ou non est le cadet de mes préoccupations actuellement. Et si, en attendant, au lieu de polluer inutilement la zone commentaire, tu allais lire d'autres histoires, que ce soit les miennes ou celles d'autres auteur.e.s ?
Je ne m'excuserais pas pour mon ton condescendant, ce n'est pas dans mes habitudes de prendre les gens de haut mais il est actuellement 3h30 du matin et je suis épuisée. Maintenant que j'ai pu, à mon tour, vider mon sac, je vais enfin pouvoir fermer l'œil.
Sache juste que laisser un autre commentaire en guise de réponse à ma réponse ne sert à rien, en toute sincérité, je ne prendrais même pas le temps de lire.
Bonne lecture à tous.tes.
Plusieurs professeurs arrivèrent en courant dans le couloir pour séparer les deux adolescents qui se rendaient chacun les coups de plus en plus fort, ils n'étaient pas vraiment étonnés du comportement de Robin qui était réputé pour les innombrables bagarres qu'il avait engagées mais la pure agressivité présente dans le regard émeraude de la blonde leur fit à tous froid dans le dos. L'adolescente était habituellement si calme, si silencieuse, si agréable à vivre qu'ils n'auraient jamais penser la voir dans un tel état de colère. Ils eurent du mal à les séparer l'un de l'autre et pourtant, même détachés et retenus par des adultes, ils continuèrent à se cracher des horreurs au visage. Certains élèves, qui avaient assistés à la scène horrifié, vinrent donner un coup de main à leurs professeurs pour les tenir aussi loin que possible l'un de l'autre.
Emma fut la première à reprendre ses esprits, elle se calma et afficha un visage des plus neutres comme si rien de tout cela ne venait de se passer. La colère disparut des traits de son visage, son regard reprit sa teinte initiale et elle se sentit stupide d'avoir laissée la noirceur, qu'elle canalisait en elle, prendre le dessus. Elle s'excusa pour son comportement auprès des adultes qui furent soulagés d'assister au retour de leur élève habituellement si calme et mature, elle jeta un dernier regard rempli de mépris en direction de Marianne qui voulait se faire passer en victime puis elle suivit de près les élèves de terminale qui l'escortèrent jusqu'à l'infirmerie sous la demande de leur professeur.
Elle n'eut pas à attendre bien longtemps avant d'entrer dans le bureau à son tour, l'infirmière de l'établissement écarquilla des yeux en voyant l'état dans lequel se trouvait l'adolescente et, tout en soignant du mieux qu'elle put ses blessures, elle ne se fit pas prier pour lui faire de sévère remontrance. Une fois ses blessures désinfectées, ses poings bandés et ses plaies recouvertes pour éviter l'infection, elle la laissa retourner en cours en lui informant qu'elle comptait bien appeler sa famille d'accueil.
La blonde quitta le bâtiment en grimaçant, elle était fichue jusqu'à l'os. Jusqu'à aujourd'hui, elle avait veillée à se comporter aussi bien que possible pour ne pas s'attirer des ennuis. Elle avait été renvoyée à l'orphelinat pour beaucoup moins et, en apprenant sa bagarre, Granny allait sans aucun doute lui demander de prendre ses affaires pour partir aussi vite que possible avant de devenir néfaste.
« Je vais devoir quitter StoryBrooke. » Soupira-t-elle tristement.
Avec le temps, elle avait appris à apprécier cette petite ville perdue au milieu de nulle part, l'odeur de poisson frais l'avait tout d'abord fortement dégoûtée mais, à présent, elle s'y était accommodée. Son envie de venger la brune avait pris le dessus sur sa raison, elle avait perdu son calme et maintenant elle était bonne pour un aller simple pour l'orphelinat de Boston. Elle était déçue mais elle le savait, sa vie d'orpheline se résumait à ça : être dans une famille, repartir à l'orphelinat pour une raison x ou y puis repartir dans une autre famille avant de revenir au point de départ.
Même si la vieille dame avait la gentillesse de lui pardonner son stupide écart de conduite, elle savait que les services sociaux ne tarderaient pas à venir fourrer leur nez dans l'histoire. Elle les connaissait bien maintenant, ils étaient fourbe et des as de la manipulation, ils n'auraient pas besoin de bien longtemps avant de mettre le doigt sur un petit détail oublié de tous pour envenimer les choses et ainsi avoir une raison légitime de la ramener de là où elle venait. Elle avait fauté et maintenant elle ne pouvait plus rien faire pour éviter l'inévitable, elle devait se faire une raison : dans quelques jours, StoryBrooke ne serait plus qu'un lointain souvenir à ajouter à la liste de toutes les villes dans lesquelles elle avait vécu ses quinze dernières années.
Quitte à s'attirer des ennuis, autant le faire complètement, se dit-elle en arrivant vers le bâtiment principal. Si elle devait quitter cette petite ville dans laquelle l'odeur de poisson planait dans l'air, elle comptait bien voir la brune une dernière fois avant. L'adolescente quitta alors son lycée sans aucune once d'hésitation, après tout, au vue de l'heure, son inconnue devait avoir quitter l'établissement scolaire depuis déjà un long moment. Elle traversa les petites rues en courant à grande enjambée sans vraiment savoir si sa course allait lui apporter quoi que ce soit. La brune avait signé sa démission alors elle n'avait plus aucune raison d'aller se réfugier sous leur abri, de plus, il ne pleuvait pas. Emma n'avait absolument aucune certitude de la trouver mais elle devait au moins essayer, elle ne pouvait se résoudre à l'abandonner maintenant.
Elle arriva au parc et bouscula un couple qui se trouvaient planté au milieu du passage à s'embrasser, elle s'excusa bien rapidement avant de reprendre sa course jusqu'à leur point de rencontre qu'elle trouva vide. La déception qu'elle ressentit fut si importante qu'une larme tomba de sa paupière pour terminer sa course sur son poing serré. Elle se laissa tomber sur les marches et soupira tout l'air qu'elle avait dans ses poumons, elle voulait la revoir, au moins une fois, était-ce vraiment trop demander ?
La blonde resta sur place pendant quelques minutes avant de se lever, défaitiste. A présent, elle connaissait son nom mais ce n'était pas suffisant pour la trouver et puis, même si elle arrivait à trouver son adresse, elle n'était pas suffisamment folle pour s'y présenter. Elle accepta simplement son sort, elle allait devoir quitter cette petite ville qui lui avait tant apportée – en un peu moins d'un an – sans avoir eu la chance de revoir le sourire de la jeune femme. Elle était triste, évidement, mais elle se convint qu'il valait mieux ne pas revoir l'inconnue, son cœur pourrait sans doute plus facilement l'oublier si elle partait sans aucune raison de se retourner.
Elle sortit son téléphone de son sac à dos et grimaça en voyant qu'elle avait déjà plusieurs appels de la part de son lycée, de Ruby mais aussi de Granny. Elle était vraiment mal, elle allait prendre la correction de sa vie de tous les côtés mais elle n'était pas encore prête à subir les foudres de tous les adultes en colère. Elle envoya tout de même un message à son amie ainsi qu'à la grand-mère de celle-ci pour les rassurer, elle se contenta d'affirmer qu'elle allait bien et qu'elle allait très bientôt rentrer à l'appartement pour s'expliquer sur son comportement mais, pour le moment, elle voulait seulement profiter du calme que lui procurait le parc avant de sauter, la tête la première, dans la tempête qu'avait créé sa perte de contrôle.
Depuis le temps qu'elle venait dans ce parc, elle n'avait jamais pensé à s'aventurer au-delà de l'abri dans lequel elle avait élue refuge pour les jours de pluie alors, elle se dit que, comme ses jours en ville étaient comptés, il était temps d'aller s'aventurer plus loin. Les mains dans les poches, elle s'enfonça lentement parmi les arbres et les plantations de fleur. Elle marcha pendant de longues minutes avant de traverser un petit pont en bois qui lui permit de tomber sur un parterre où les fleurs, dont les pétales avaient une douce couleur jaune malgré le reflet rougeâtre, avaient une drôle d'allure. Emma les observa quelques instants avant de se baisser pour prendre une profonde inspiration de leur divin parfum, elle s'écarta du passage pour laisser passer les autres visiteurs puis elle s'approcha de la pancarte pour avoir un peu plus d'information sur cette plante à la pétillante odeur.
Chrysanthemum indicum, plus communément appelé chrysanthème d'automne ou du Japon, est une plante vivace qui fleurira en abondance en automne.
Importé de la Chine dès la période de Nara (710-794) les Chrysanthèmes sont tout d'abord utilisés en tant que plantes médicinales dont les vertus soulageraient la fièvre. Prisées par la cour pour leur beauté, l'empereur Go-Toba (1180-1239) fit de cette plante, aux 16 pétales doubles, son sceau.
Sous l'ère d'Edo (1600-1868), la culture se développa considérablement dans la ville impériale de Kyoto qui lui dédia une célébration : le neuvième jours du neuvième mois commence l'un des plus grands festivals, au sanctuaire Kamigamo, à la suite duquel sont décernés plusieurs prix pour des créations à base de Chrysanthème.
Symbolique du Chrysanthème :
En Asie, il est vénéré comme le symbole ultime du bonheur et de la bonne santé.
Au Japon, le chrysanthème jaune, surnommé « La fleur d'Or » représente le soleil et la lumière vu comme l'immortalité. La croyance populaire veut qu'un pétale au fond d'un verre de vin apporte vie heureuse et bonne santé.
En Chine, le nom de cette fleur signifie « l'essence du soleil », il est l'effigie de la noblesse et de la durabilité en plus du bonheur.
En France ainsi qu'en Allemagne et en Belgique, cette plante est déposée sur les tombes au moment de la Toussaint. Elle est associée au deuil même si les nouvelles variétés incarnent au contraire la longévité et la vie.
La blonde sourit en lisant la description puis elle attrapa son téléphone pour prendre une photo de la plantation avant de continuer sa ballade, elle emprunta un nouveau petit pont grâce auquel elle se retrouva sur le bord d'un petit ruisseau. Elle remonta lentement le chemin de terre avant de s'arrêter net en voyant une jeune femme, à le chevelure brune, assise sur un banc. Presque timidement, elle s'approcha et se laissa enveloppé par son doux parfum de pomme qui lui permit d'être certaine : c'était son inconnue.
« Gronde le tonnerre
S'offusque le ciel
Et tombe la pluie
Ainsi, pourrais-je te retenir ?
Que le tonnerre ne résonne
Ou qu'il ne pleuve
Je resterais si tu me retiens.
S'il pleut, resteras-tu ici ?
A cette question, il répondit :
Même s'il ne pleut pas.
C'est tiré du Man'yôshû, un recueil de poème que vous avez fait étudier en classe. » Lança-t-elle en avançant tout doucement.
« Oui, c'est la bonne réponse au poème que je t'ai récité la première fois. Tu t'en es souvenue. » Souffla la brune qui se tourna pour la regarder.
Elle posa son regard chocolat sur l'adolescente et ses yeux s'écarquillèrent en voyant l'état dans lequel elle se trouvait. Les petites bandes au-dessus de son sourcil, le bleu immense qui décorait sa mâchoire, l'entaille sur sa lèvre, le pansement qui recouvrait toute sa joue, son nez rougit par le sang qui avait coulé jusqu'à s'écraser sur sa chemise blanche, les bandes qui entouraient ses poings et sur lesquels se voyaient déjà quelques traces rougeâtre.
« Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Comment as-tu fait ça ? Tu as mal ? Tu as vu un médecin ? » Questionna-t-elle, inquiète, en se levant pour s'approcher.
« J'ai bu du vin pour vous imiter, l'alcool m'est rapidement monté à la tête et je suis tombée sur la route. » Taquina la blonde.
« Mon dieu... ce n'est pas vrai ! » Souffla la jeune femme qui s'en voulu d'être d'une si mauvaise influence.
« Non, ce n'est pas vrai. Je me suis retrouvée prise dans une bagarre en voulant défendre une amie. » Assura Emma qui ne lui dévoila pas toute la vérité pour ne pas l'inquiéter.
Elle sourit doucement malgré le picotement qu'elle ressentait dans ses lèvres puis elle vint faire le tour du banc pour s'y asseoir, la brune se réinstalla à son tour en se demandant ce qui avait bien pu rompre le calme de l'adolescente qu'elle connaissait depuis de longues semaines maintenant. Elles restèrent assises l'une à côté de l'autre et, en silence, elles regardèrent l'eau couler tranquillement en suivant le courant pour finir dans la mer qui bordait StoryBrooke.
« Vous étiez donc professeure dans mon lycée. La seule et unique, la fameuse Regina Mills, professeure de Japonais. » Souffla finalement la blonde.
« C'est Ruby et Killian qui te l'ont dit ? Je m'excuse, vraiment, je suis désolé. Je croyais que toute l'école me connaissait. » Dit-elle en baissant honteusement le visage vers le sol.
« De ce que Ruby m'a raconté, vous avez arrêté de venir une semaine après mon arrivée. Je vous ai croisée une ou deux fois dans les couloirs, ce qui explique mon impression de déjà vu lors de notre rencontre. Hormis ça, je vous connaissais essentiellement de nom, Ruby ne cesse de parler de vous. Si j'en crois ce qu'elle m'a raconté, vous êtes la meilleure professeure qu'elle n'ait jamais eu de toute sa scolarité. » Expliqua Emma qui haussa des épaules.
Avant qu'elles n'aient le temps d'ajouter quoi que ce soit, un violent éclair fendit l'air sans crier gare et la pluie se mit alors à tomber à grosses gouttes sur toute la petite ville. Les deux femmes partagèrent un rapide coup d'œil avant de sauter sur leurs pieds et elle se mirent à courir, aussi vite qu'elles purent, jusqu'à leur petit abri. Elles se laissèrent tomber, complètement trempée de la tête au pied, et se regardèrent avant d'éclater de rire en voyant l'état dans lequel l'autre se trouvait.
« On dirait que l'on vient de traverser une rivière à la nage. » Se moqua Regina qui passa sa main dans ses mèches brunes qui lui collaient à présent au visage.
Elles patientèrent quelques instants dans le calme en espérant que l'averse cesse au plus vite mais plus les minutes passaient et plus le ciel pleurait à chaude larme. Emma soupira en attrapant son téléphone pour regarder les prédictions météorologique de la journée mais elle ne rata pas les tremblements de la brune qui tentait de se réchauffer en frottant vigoureusement sur ses membres, elle ouvrit alors son sac à dos duquel elle sortit sa veste en cuir qui lui avait donnée beaucoup trop chaud durant le trajet jusqu'au lycée ce matin.
« Vous vous sentez bien ? » Questionna-t-elle doucement en venant lui poser le vêtement sur les épaules.
La jeune femme hocha doucement la tête de haut en bas avant de lui sourire en attrapant les pans de la veste pour s'y emmitoufler. Aucune des deux femmes n'avaient de parapluie et les gouttes d'eau tombaient de plus en plus, Regina était celle qui habitait le plus proche du parc alors elle agrippa la main de la blonde pour la forcer à suivre le rythme. Elles parcoururent le parc jusqu'à une deuxième entrée dont l'adolescente ne connaissait pas l'existence, elles traversèrent la route sans prendre la peine de rejoindre le passage piéton puis elles remontèrent la rue jusqu'à un immeuble dans lequel elles se précipitèrent. Une fois à l'abri, elles soupirèrent de soulagement et grimpèrent rapidement les escaliers jusqu'au troisième étage.
La brune se sentit étrangement gênée au moment de glisser sa clé dans la serrure, elle avait l'impression de laisser la blonde entrer dans une importante partie de son intimité. Daniel avait dû mettre les pieds une ou deux fois dans cet appartement sinon, la plupart du temps, ils se retrouvaient toujours dans le loft du jeune homme qui était bien plus grand. Elle se sentait comme une adolescente qui laissait son petit amie entrer dans sa chambre pour la première fois tout en sachant pertinemment qu'ils seraient incapables de gérer leurs hormones en ébullition.
Que ce soit à quinze ans ou à vingt-sept ans, dès qu'il était question de montrer une partie de son environnement, dans lequel elle évoluait chaque jours, à une personne totalement extérieur de son cadre familiale, elle paniquait. Ses mains se mettaient à trembler, son anxiété faisait un bond, sa timidité grandissait à vue d'œil et elle rêvait de se transformer en une minuscule souris capable de se terrer dans un petit trou loin du regard culpabilisant des autres.
Elle prit une profonde inspiration avant de finalement tourner la poignée de la porte pour laisser Emma entrer dans son petit cocon qui lui servait de bulle protectrice face au monde de dehors. Elle se précipita à son tour à l'intérieur pour ranger son immense foutoir, elle s'était clairement laissé aller ses dernières semaines et l'état de son appartement était un parfait témoin de l'état psychologique dans lequel elle se trouvait.
Elle attrapa les diverses bouteilles de vin qui jonchaient sur le sol pour les mettre à la poubelle avec des emballages de tablette de chocolat noir, elle mit sa vaisselle salle dans l'évier et ouvrit en grand le store de la baie vitrée qui donnait sur le balcon pour laisser la lumière de dehors éclairer la pièce. Elle alluma les radiateurs pour chauffer l'appartement gelé puis elle se précipita dans sa chambre où elle ouvrit son armoire en grand, elle grimaça en se rendant compte qu'elle avait très peu d'habit à prêter à l'adolescente trempée alors elle attrapa un vieux survêtement ainsi qu'un t-shirt que Daniel avait oublié dans la machine à lavée. Elle regarda attentivement les deux bouts de tissus en se sentant honteuse de ne pas avoir mieux à lui proposer puis elle se dit que c'était toujours mieux que de garder ses propres habits mouillés.
« Désolé, je n'ai pas mieux. » Grimaça-t-elle en lui tendant la pile de vêtement.
« Ne vous en faites pas, c'est parfait. » Assura la blonde qui laissa sa paire de chaussure dans l'entrée pour ne pas salir plus que nécessaire.
« Tu peux te changer là, pendant que moi je me change dans ma chambre. Je reviens vite avec une serviette pour tes cheveux. » Informa la brune avant de retourner s'enfermer dans sa chambre.
Elle posa son dos contre la porte avant de porter sa main à sa poitrine, son cœur battait tellement vite qu'elle eut l'impression qu'il allait exploser, pire, qu'il allait quitter sa cage thoracique pour s'échouer lourdement sur le sol. Elle plaqua sa deuxième main sur sa bouge lorsqu'elle sentit les larmes envahir ses yeux, elle se sentait si frêle d'un coup.
La présence de l'adolescente dans son appartement était vraiment intimidante pourtant, elle ne détestait pas se sentiment. Elle découvrait ce que voulait dire « avoir des papillons dans le ventre » même si son cœur devenait douloureux à force de battre trop vite et trop fort, elle se sentait légère même si elle avait l'impression de pouvoir se briser en mil morceau à chaque instant. Actuellement, elle se sentait telle une funambule, elle avançait petit à petit sur le fil tendu de son cœur, elle flirtait avec la chute à chaque seconde mais l'amour du risque lui faisait avoir envie de continuer.
Regina tapota doucement sur ses joues pour se remettre de ses émotions puis elle envoya rapidement valser ses habits pour, à son tour, se glisser dans un t-shirt un peu trop large pour sa fine taille ainsi qu'un short. Elle grimaça en se rendant compte que son short ne cachait pratiquement rien mais heureusement le t-shirt tombait bas ce qui lui permettait de se couvrir un minimum. Elle sortit alors de sa chambre en soupirant, de toute manière, elle n'avait rien d'autre à mettre puisqu'elle avait laissé ses vêtements sales s'accumuler de jours en jours comme une adolescente incapable de se gérer.
En revenant dans la pièce principale qui lui servait de cuisine mais aussi de salon sans oublier de salle à manger, elle fronça des sourcil en entendant l'eau arrêter de couleur. Elle se glissa alors dans la pièce et retrouva la blonde, un cheveux attaché en un chignon désordonnée, chiffon sur l'épaule, finissant de laver sa vaisselle utilisée. Elle avait retiré les bandes de ses poignets pour ne pas les abîmer et l'adulte eut alors tout le loisir de voir l'état de ses phalanges meurtrie par les coups donnés.
« Je ne savais pas où poser mes habits alors je les ai mis sur cette chaise, ça ne dérange pas ? » Questionna Emma en lui souriant doucement.
Le regard chocolat de Regina suivit une mèche qui sortait du chignon pour atterrir sur ses joues étirés puis sa mâchoire avant de tomber sur ses épaules. Dans ce t-shirt à l'effigie de maître Yoda, avec ses cheveux trempés qui laissaient des gouttes d'eau perler ici et là, l'adolescente était beaucoup trop attirante pour son self-control. Alors qu'elle l'admirait, ses yeux se posèrent sur les bras nues et, sans le vouloir, elle fit un léger pas en arrière en y découvrant de nombreuses petites cicatrices, à peine visible. Que lui était-il donc arrivé ? Que c'était-il passé ? A quoi était dut ces traces ? Était-ce volontaire ou bien avaient-elles été provoquées par quelqu'un de mal attentionnée ? Tellement de question se bousculèrent alors dans sa tête mais elle revint bien vite à la réalité en voyant que la blonde l'observait intensément, les sourcils froncés d'inquiétude.
« Aucun soucis, je vais les repasser. Ça évitera les faux plis et ils sécheront plus rapidement. » Assura-t-elle en sortant son fer d'un tiroir.
« C'est très gentil, merci. Dans ce cas, je vais au moins vous préparer un bon repas. » Sourit la blonde.
« J'en salive d'avance. » Fit Regina avec hâte.
Emma la regarda s'installer sur la petite table basse de la pièce pour s'occuper de son uniforme humide et elle ouvrit le petit frigo pour avoir une idée de ce qu'elle pouvait bien préparer de bon, ses yeux se posèrent sur le contenus des étagères et elle grimaça discrètement. La jeune femme avait une véritable collection de vin rouge ainsi que des dizaines de tablette de chocolat cependant, parmi tout ça, elle parvint tout de même à mettre la main sur des escalopes dont la date de péremption approchait à grand pas mais sa plus grande trouvaille se fit dans le bac à légume où attendaient patiemment une carotte solitaire, un petit oignon ainsi que deux poivrons, l'un verts et l'autre rouges.
« Excusez-moi, vous auriez des pâtes ? » Demanda-t-elle en déposant le tout sur le plan de travail pour ensuite se mettre à cuisiner.
« Au-dessus de ta tête. » Informa la brune.
L'adolescente ouvrit ledit placard et en sortit un sachet de penne encore fermé avant de tomber sur le paradis des épices sur terre. Le rangement était bien garni et parfaitement rangé par taille de pot mais aussi – sans doute – par utilisation, elle se hissa alors sur la pointe des pieds pour y jeter un coup d'œil en espérant y trouver son bonheur puis elle attrapa plusieurs flacons qu'elle mit de côté dans l'optique de les utiliser très prochainement
Elle remplit une casserole d'eau chaude avant de venir l'installer sur le feu, elle mit un peu de sel ainsi que quelques gouttes de sauce soja sucrée avant de venir ajouter les pâtes une fois que l'eau commença à bouillir. Elle attrapa la planche à découper sur laquelle elle éminça les escalopes qu'elle déposa dans une petite assiette où elle ajouta un filet d'huile d'olive, du poivre moulu, du curry doux en poudre, une petite cuillère d'épice de poulet ainsi qu'une pincée de sel. Elle laissa les lamelles mariner dans leur coin puis elle revint s'occuper des légumes desquels elle fit des tranches plus ou moins grande avant de découper l'oignon en tout petit morceau.
Elle attrapa ensuite une poêle dans laquelle elle versa un fond d'huile d'olive pour faire suer les oignon. Elle remua les pâtes avec une fourchette pour les empêcher de coller puis elle ajouta les lanières de légumes et de poulet dans la sauteuse. Une odeur alléchante commença à se répandre dans tout l'appartement lorsqu'elle arrosa le tout d'un peu de sauce soja pour rehausser le goût. Elle versa les pâtes dans une passoire pour chasser l'eau restante puis elle les déposa dans deux assiettes creuse dans lesquelles elle vint ajouter le poulet et les légumes cuits.
Les assiettes en mains, elle s'approcha de la petite table où elle les servit en offrant un doux sourire à Regina, elles s'installèrent, l'une en face de l'autre, et commencèrent à manger en discutant comme de vieilles amies.
« Vous avez vraiment l'air de vous régaler. » Constata la lycéenne en regardant le pétillement de ses yeux chocolat.
« Tu dis ça parce que tu ne connais pas le bonheur de pouvoir apprécier le goût d'un bon repas. » Assura la brune en la pointant avec sa fourchette.
« Qu'est-ce que vous mangez d'habitude ? » Questionna curieusement l'adolescente qui ne voulait pas s'attarder sur ce qu'elle connaissait ou non.
« Ce que je prépare. » Rigola -t-elle librement.
Emma regarda la jeune femme rire et elle sentit son cœur exploser de joie dans sa poitrine, elle ne se rappelait pas avoir été une – une seule fois dans sa vie – aussi heureuse qu'à cet instant précis. Regina se leva et débarrassa les assiettes vides avant de préparer deux tasses de cafés, la blonde s'adossa au canapé et l'admira, évoluant tranquillement dans la cuisine en chantonnant doucement.
Elle jeta un coup d'œil à travers la baie vitrée de la pièce et constata avec un peu de déception que le temps n'était plus à l'averse. La pluie ne tombait plus à grosses gouttes, le vent se soufflait plus horriblement fort, et, maintenant que la météo était redevenue supportable, elle n'avait plus aucune raison de rester dans cet appartement. A présent, elle pouvait rentrer à l'appartement et commencer à faire ses valises pour retourner à son point de départ : l'orphelinat.
« J'y pense, est-ce que ta chemise est sèche ? Tu auras beau partir maintenant, tu n'arriveras pas à temps pour la cinquième heure de cours. Désolé de ne pas avoir de sèche-linge. » S'exclama la brune qui vint lui donner sa tasse fumante avant de récupérer la sienne sur le plan de travail.
L'adolescente prit une gorgée du liquide chaude avant de grincer des dents, elle refusait que la situation ait une fin telle que celle-ci. Elle n'avait plus rien à perdre, elle allait sans aucun doute très bientôt quitter la ville alors elle pouvait bien se permettre une telle folie.
« Regina ? » Souffla-t-elle doucement en posant – un peu plus fort que prévu – sa tasse sur la table.
« Tu m'as fait peur. Qu'est-ce qui te prend, tout va bien ? » Sursauta l'interpellée qui se tourna pour la regarder.
« Je crois que je suis amoureuse de vous. » Avoua-t-elle en fixant un point invisible sur le meuble.
La jeune femme baissa le regard sur la tasse qu'elle faillit échapper en sentant les battements de son cœur accélérer soudainement. C'était impossible, pourquoi diable cette information lui faisait tellement plaisir ? Elle eut envie de fondre en larme tant le bonheur qu'elle ressentait la foudroya dans tout son corps.
La brune ferma les yeux et prit de profondes inspirations pour calmer son excitation, elle était l'adulte de la situation alors elle devait se comporter comme tel. Elle ne devait pas laisser une amourette de jour de pluie embrumer son raisonnement. Elle avait fêté ses vingt-sept ans cette année et elle se retrouvait à être attirée par une petite jeune de tout juste quinze ans. C'était immoral, totalement inconcevable.
« Il ne faut pas m'appeler Regina mais mademoiselle Mills. » Dit-elle finalement en relevant le visage.
La mine déçue qu'afficha l'adolescente lui brisa le cœur en mil morceau, elle s'en voulait réellement de bâtir des distances entre elles en revêtant son éternel masque de neutralité mais aucune autre solution n'était envisageable. Elle attrapa une petite chaise sur laquelle elle s'installa pour lui faire face.
« Tu sais que je vais démissionner, n'est-ce pas ? En réalité, je déménage la semaine prochaine. Je rentre chez mon père, à Boston. Pour être totalement honnête, ça fait un petit moment que j'ai pris cette décision. Je te demande pardon, je ne pourrais pas tenir ma promesse de lire ton histoire dessinée. Tu sais, sous cet abris, je m'entraînais à apprécier les petites choses de la vie pour l'aimer à sa juste valeur. » Reprit-elle avec douceur.
« Et donc ? » Questionna l'adolescente, les poings serrés.
« Tu es la seule personne à qui j'ai osé en parler. Je te remercie, pour tout, Emma. »
Même un sourd aurait pu entendre le bruit que fit le cœur de la blonde lorsqu'il se brisa pour finir en un amas de cendre. Elle avait voulu jouer avec le feu et, en récompense, la flamme l'avait entièrement consumée. Elle n'avait plus rien à perdre, certes, mais la douleur était un nouveau fardeau qu'elle se devait de porter à présent. A quoi s'était-elle attendue ? L'aveu de sentiment réciproque ? La situation était d'un grotesque, c'était pitoyable.
« Pardonnez-moi. Merci pour les vêtements et le repas, je vais me changer. » Souffla-t-elle en se levant.
« Ce n'est pas sec. » Fit Regina en la regardant.
L'adolescente haussa nonchalamment des épaules, porter une chemise mouillée était le cadet de ses soucis. Elle avait mal, comme elle n'avait jamais souffert pourtant, la douleur physique et psychologique, elle connaissait plutôt bien depuis le temps. Elle se sentit vidée de tout bonheur, de toute énergie, de tout sentiment positif. Elle souffrait tellement qu'elle ne pouvait plus rester ici, dans cet appartement, avec cette femme.
La brune baissa le regard sur sa tasse qu'elle porta lentement à ses lèvres, la mélodie de la pluie contre la baie vitrée accompagna ses interrogations qui se mirent à tourmenter son esprit.
« Je vais rentrer, merci pour tout. » Marmonna Emma qui n'osa même pas la regarder dans le blanc des yeux.
« Il pleut encore, prend au moins un parapluie. » Souffla la jeune femme qui se leva pour lui en donner un.
« Non merci, ce n'est que quelques gouttes. » Conclut la lycéenne avant de fermer la porte en sortant de l'appartement.
Regina se laissa tomber sur la table et se mit à serrer les bords du bois dans ses mains tremblante, ses épaules se retrouvèrent rapidement secouées par les sanglots qu'elle était incapable de retenir. Elle avait pris la bonne décision, elle ne devait pas en douter. La blonde était jeune, elle avait encore toute sa vie à vivre et elle n'avait pas le droit de l'enfermer dans l'enfer qu'était devenu son quotidien. Elle devait la laisser voler de ses propres ailes tel l'aigle royal qu'elle représentait.
C'était bien mieux ainsi, elle devait détruire tout sentiment dès sa naissance pour ne pas souffrir davantage. De plus, en s'éloignant, en prenant de la distance avec cette petite ville portuaire, elle finirait par l'oublier.
J'en ai fait beaucoup. Si vous voulez, vous pouvez vous servir.
J'ai oublié le visage de ma mère.
Vous accepteriez de lire mon histoire quand je l'aurais terminée ?
J'ai bu du vin pour vous imiter, j'étais saoule et je suis tombée sur la route.
Je vais vous préparer un bon repas.
Je crois que je suis amoureuse de vous.
Les souvenirs qu'elle avait de l'adolescente lui revinrent un par un à l'esprit et elle se rendit compte qu'elle ne pourrait pas oublier cette joyeuse blonde. Lorsqu'elle ouvrira ses rideaux les matins pluvieux. Lorsque la mélodie de la pluie frappera ses oreilles. Lorsque la météo annoncera de la pluie. Lorsque le ciel se retrouvera couvert et que l'atmosphère deviendra humide. Face à tout ça, sera-t-elle en capacité de ne pas penser à la lycéenne ?
Que le tonnerre ne résonne ou qu'il ne pleuve, je resterais si tu me retiens.
Ce fameux jours, sous l'abri, la brune avait choisi ce poème par pure fantaisie. Elles ne s'étaient rien promit et pourtant, chaque matin, elle regardait le ciel – en priant le bon dieu – pour qu'il se mette à pleurer la peine du monde. Ce sentiment dévorant qu'était l'espoir, la douceur avec laquelle la blonde lui parlait, cette sensation stimulante de vouloir plaire à quelqu'un. Elle ignorait que de tel sentiment pouvaient exister au fond de son cœur, elle les avait oubliés jusqu'à rencontrer cette personne qui changea sa vie, ce matin de pluie.
Elle ne pouvait pas laisser Emma partir sans lui dire la vérité, toute la vérité. Elle bondit alors de la table sur laquelle elle était assise et, sans prendre la peine de glisser ses pieds gelés dans une paire de chaussure, elle quitta son appartement pour traverser le couloir au pas de course. En descendant les escaliers aussi vite que possible, elle glissa sur une flaque d'eau mais son objectif était bien trop important pour abandonner maintenant, elle se releva et reprit sa course en espérant que la lycéenne ne soit pas déjà loin.
Alors qu'elle continuait à descendre les marches sans se soucier du regard étonné que lui portait les personnes qu'elle croisait, elle retrouva l'adolescente qui se tourna en sentant une présence dans son dos.
« Écoute... »
« Mademoiselle Mills, oubliez ce que j'ai dit tout à l'heure. Je ne sais pas ce qui m'a pris, ce ne sont pas des choses à dire à une professeure... mais c'est de votre faute aussi ! Vous n'avez pas l'air d'une enseignante. En réalité, je vous déteste. Je ne sais pas pourquoi mais, dès le début, vous m'étiez odieuse. A boire du vin dans un parc dès le matin, à réciter des poèmes incompréhensibles. Vous ne disiez rien sur vous-même et pourtant, à chaque fois, vous tentiez d'en savoir plus sur moi. Vous saviez que j'étais une élève, pas vrai ? C'est immoral. Si j'avais su que vous étiez professeure, je ne vous aurais jamais parlé de dessin. Vous m'avez encouragé à continuer alors qu'en vérité, vous devez penser que c'est un rêve irréalisable ! Pourquoi vous ne m'avez rien dit ? Vous vouliez faire plaisir à une gamine en l'écoutant ? Vous le saviez ! Vous saviez que j'avais beau rêver de quelque chose ou de quelqu'un, je n'atteindrais jamais mon objectif ! Alors, dites-le clairement que je vous ennuyais ! Qu'une gamine se doit d'aller à l'école ! Que vous me détestez ! Il est un peu tard pour jouer les professeures quand ça vous arrange, il aurait mieux valu le faire depuis le début ! Malheureusement ce temps passé là-bas ne représentait rien pour vous ! Vous allez tout simplement oublier et faire comme si rien n'avait existé, pas vrai ? Regardez-vous ! Vous ne changerez jamais, à ne jamais dire les mots qui comptent, à constamment prendre un air indifférent et neutre. Vous garderez toujours vos soucis pour vous, vous ne fréquenterez jamais réellement personne et vous serez seule toute votre vie ! » Cria-t-elle sans pouvoir se retenir.
Les mots avaient de loin dépassés la réalité, elle ne pensait absolument rien de ce qu'elle venait de lui dire mais au fond, c'était peut-être mieux ainsi. En lui disant toutes ses horreurs, elle laissait la brune penser qu'elle n'était rien d'autre qu'une gamine blessée dans son ego. Passer à autre chose, oublier serait donc plus facile pour les deux. Elle prit une profonde inspiration pour continuer sa tirade, elle aurait pu s'arrêter là, elle en avait suffisamment dit après tout mais elle voulait lui infliger le coup de grâce. Le dégoût ainsi que la colère étaient les meilleures armes pour faciliter l'oubli. Elle releva la tête pour terminer la partie sur un GAME OVER de la part de son adversaire mais avant qu'elle n'ait le temps d'ouvrir la bouche, la jeune femme sauta les quelques marches qui restaient pour venir s'écraser contre son corps. Elle lui enlaça les épaules et laissa ses chaudes larmes couler le long de son cou. Plus par réflexe qu'autre chose, Emma l'enlaça à son tour pour lui éviter de tomber.
Regina laissa alors sa peine éclater au yeux du monde, elle resserra ses bras pour empêcher l'adolescente de se décaler et elle hurla toute la douleur qu'elle avait accumulée depuis bien trop longtemps. Elle cria à plein poumon au point de s'essouffler pendant que les perles d'eau salés roulaient librement sur tout son visage.
« Chaque matin. Chaque matin j'ai mis mon tailleur et j'ai essayé de venir au lycée mais je n'y arrivais pas. J'avais beaucoup trop peur, j'avais l'impression que mes jambes étaient prises dans du sable mouvant, plus j'avançais et plus je m'enfonçais sans possibilité d'être sauvée. Sous cet abri, je te voyais marcher droit vers ton rêve. Tu es si jeune et pourtant si rayonnante. C'est toi. C'est toi qui m'as sauvé. Te rencontrer m'a donné envie de m'accrocher. Alors je t'interdis de dire ça ! Ne dis pas que ça ne signifiait rien pour moi parce qu'en réalité, tu n'as jamais cessé de me secourir ! »
