Coucou! Bon comme je vois que vous avez l'air assez accrochées à cette fic et qu'il ne me reste que quelques chapitres à terminer, je vais essayer de vous mettre 3 chapitres par semaine à partir de maintenant. Donc en principe, ce sera le lundi, mercredi et vendredi. Hein que vous m'aimez? lol. Allez, trêve de plaisanteries, voici le chapitre 8. Lendemain de fête pour Emma... Et pour Regina... vous verrez! Bonne lecture!

Chapitre 8: Cachée

Emma ne savait pas à quel moment Regina était passée récupérer sa voiture. Tout ce qu'elle savait, c'est qu'en se réveillant le dimanche matin avec la gueule de bois, la Mercedes n'était plus là. Ruby, cependant, était allongée sur le canapé, comateuse, une bouteille de bière vide à la main Rose et Killian étaient partis bruyamment en moto un peu après minuit, et tous les autres avaient suivi. Regina était partie la dernière, ses talons hauts claquant bruyamment alors qu'elle descendait la rue. Emma lui avait proposé de l'accompagner, mais elle lui avait assuré que tout irait bien. Un SMS envoyé dix minutes plus tard lui avait en effet confirmé que la brune était rentrée sans encombre.

Le ménage fut douloureux, comme à chaque fois lorsque l'odeur de l'alcool vous donne envie de vomir. Ruby ne fut pas d'une grande aide, assise sur le sol de la salle de bain une grande partie de la matinée avec la tête dans les toilettes. La brune était finalement partie, marmonnant quelque chose à propos du célèbre remède de sa grand-mère contre la gueule de bois.

Le message qu'Emma envoya à Regina, lui demandant comment elle se sentait, resta sans réponse.

Après le départ de Ruby, Emma retrouva peu à peu ses esprits et elle décida de continuer le ménage. Le rez-de-chaussée ne fut pas très compliqué à nettoyer et sa chambre nécessitait peu d'entretien. Elle se contenta de donner un petit coup de chiffon sur les meubles et de mettre son linge sale de la veille dans le panier à linge. Ses yeux s'attardèrent un moment sur une photo d'elle-même, de Neal et d'Henry, les souvenirs de sa conversation avec Regina lui revenant en mémoire. Pour ne pas laisser les larmes lui monter aux yeux, Emma se concentra sur ce qu'elle avait à faire. Et dans leur maison, c'était la chambre d'Henry qui représentait le plus gros défi.

Une odeur de renfermé lui frappa les narines lorsqu'elle ouvrit la porte, associée à l'odeur caractéristique des garçons en pleine adolescence. Elle traversa la pièce et ouvrit les rideaux, trébuchant sur une paire de baskets au passage. Emma grogna quand la lumière de ce dimanche matin éclaira le désordre. Elle pourrait partir, pensa-t-elle, et dire à Henry de nettoyer la porcherie dans laquelle il vivait. Mais en apercevant les assiettes sales, les verres à moitié vides et la montagne de vêtements éparpillés par terre, elle réalisa qu'elle devait faire quelque chose.

Cela lui prit plus de deux heures pour voir à nouveau la moquette. Elle ne pouvait pas passer l'aspirateur parce que Ruby l'avait cassé, mais au moins la surface bleue était de nouveau visible. Emma s'assit sur le lit fraichement fait et un sourire se dessina sur son visage. Jetant un coup d'œil dans la pièce, elle se rendit compte qu'elle avait plutôt bien travaillé en rendant à la chambre l'état initial qu'elle avait lors de leur emménagement, un mois plus tôt.

Emma se leva du lit lorsque le bip de la machine à laver se fit entendre, signalant la fin du premier cycle, et prit une des paires de baskets de son fils, avant de les ranger sous son lit. Alors qu'elle retirait sa main, deux DVD lui sautèrent aux yeux. Sa bouche s'ouvrit de surprise alors qu'elle observait les images sur les jaquettes. Elle savait que ça arriverait un jour, Henry avait quatorze ans, après tout. Mais elle ne pensait pas que ça serait si tôt.

Les images étaient floues, les expressions faciales difficiles à déchiffrer mais Emma comprit l'essentiel. Les poses pornographiques et les corps légèrement vêtus lui apprirent exactement ce sur quoi elle était tombée avant même de lire les titres obscènes.

Elle s'assit sur les talons, un DVD dans chaque main et elle soupira. Elle songea qu'il était temps qu'elle ait une vraie conversation avec son fils à propos de sexualité. Ils en avaient brièvement discuté quand il était entré au collège mais sans vraiment approfondir le sujet. A présent cependant, il devenait évident pour Emma que son fils avait besoin de plus d'information, même s'il avait encore deux ans de moins que l'âge de consentement légal. C'était dans ces moments-là qu'elle regrettait le plus l'absence de Neal. Un garçon qui grandissait avait besoin d'une figure paternelle pour lui donner des conseils, pour parler de filles, de rasage et de toutes ces choses par lesquelles Emma n'était jamais passée. Mais la blonde se disait qu'Henry devrait se contenter d'elle.

Après un saut au supermarché, Emma passa prendre Henry chez Felix à quinze heures, comme elle l'avait promis, et sur le chemin du retour il lui raconta ce que lui et son ami avaient fait. Alors qu'ils arrivaient chez eux, Henry demanda comment s'était passée la fête.

« Bien, » répondit Emma tandis qu'ils remontaient l'allée, leurs courses sous le bras. « Ça m'a pris des heures à tout nettoyer, par contre. »

« La vache, Maman ! Vous avez bu tout ça ?, » dit Henry en apercevant les deux cartons remplis de bouteilles et de canettes vides de la veille.

« Crois-moi, je sais, » acquiesça Emma, l'odeur d'alcool éventé lui retournant l'estomac tandis qu'elle bataillait avec la clé de la porte d'entrée. « Mais c'est bon, la maison est propre, j'ai même rangé ta chambre. »

Cette phrase fit pâlir instantanément le visage d'Henry. « Tu as fait le ménage dans ma chambre ? » demanda-t-il, les yeux écarquillés.

« Je suppose que tu sais ce que j'ai trouvé, non ? » demanda Emma, observant son fils, paralysé dans l'entrée.

Henry acquiesça silencieusement, faisant l'impossible pour éviter le regard d'Emma.

« On va ranger les courses et ensuite on va s'asseoir, » dit gentiment Emma. « Je veux juste qu'on en parle. »

Quand mère et fils entrèrent dans le salon dix minutes plus tard, Henry s'assit immédiatement sur le bras du fauteuil. Emma quant à elle s'assit sur le canapé, croisa les jambes et sourit doucement à Henry.

« C'est complètement naturel que tu te poses des questions sur le sexe à ton âge, Henry, » commença Emma. Le feu monta aux joues du jeune garçon en entendant sa mère prononcer le mot en « s ». « Et puisque ce moment est arrivé, je suppose que c'est le bon moment pour qu'on parle des précautions à prendre, et de comment tu dois te comporter dans une relation amoureuse. »

« J'ai pas de relation amoureuse, » dit vivement Henry. « J'ai pas de petite amie. »

« D'accord » assura Emma. « Mais ça viendra, et à ce moment-là c'est important que tu y sois préparé. »

« On m'a parlé des capotes et tout ça, » dit Henry. « On a eu des cours d'éducation sexuelle l'année dernière. »

« J'ai eu des cours d'éducation sexuelle aussi et ça ne m'a pas empêchée de tomber enceinte, » fit remarquer Emma. « Ton père et moi n'avons jamais regretté de t'avoir eu, » ajouta-t-elle, voyant Henry visiblement tendu. Mais ce que je veux dire, c'est que c'est important de savoir qu'il y a les préservatifs, la pilule, et connaitre les risques de maladies sexuellement transmissibles. »

« Beurk, je sais, » acquiesça Henry. « Les chlamydiae, le VIH, la gonorrhée. Elles sont toutes dangereuses et je ne veux pas les attraper. Mais j'ai jamais fait l'amour avec personne donc ça risque pas d'arriver pour l'instant. »

« Alors on pourrait au moins parler de comment les filles veulent être traitées pour que tu sois prêt le jour où tu rencontreras quelqu'un, » dit Emma.

Henry fronça les sourcils. «Qu'est-ce que tu veux dire ? »

« Ces films, » dit Emma en désignant les DVD. « Ce n'est pas la vraie vie, Henry. Le porno fait passer le sexe pour quelque chose de glamour, d'incroyablement simple et pour quelque chose que tu fais tout le temps et avec n'importe qui. Mais crois-moi, le sexe est rarement glamour au début et ça prend du temps d'apprendre à connaitre son partenaire et de découvrir ce qu'on aime. Ce que tu vois sur ces DVD, ce n'est pas du vrai sexe, et les femmes n'ont pas envie d'être prises dans n'importe quelle position et d'avoir une file de gars avec elles qui attendent leur tour. »

« Je sais, » dit Henry, les oreilles rouge vif.

« Les femmes, les filles, elles ont envie de se sentir spéciales et elles veulent être bien traitées. Je ne dis pas que tu doives leur faire des cadeaux chers ou ce genre de trucs parce que pour la plupart des femmes, ce n'est pas ça qu'elles veulent. Elles veulent du respect, elles veulent se sentir aimées et importantes, et elles veulent se sentir en sécurité. Une relation de couple implique d'être égaux, Henry, et c'est important que tu écoutes tes petites amies et que tu te rendes compte que tes actes peuvent avoir des conséquences sur elles. »

« Ok, » acquiesça Henry, soulagé que sa mère ait au moins arrêté de parler d'orgies. « Mais j'ai pas de copine donc c'est pas grave. »

« Ça ne fait pas de mal de savoir. Tu deviens curieux et c'est normal à ton âge. Où est-ce que tu as acheté ces DVD au fait ? » demanda Emma.

Henry haussa les épaules « Au collège, »

« Peter Panner ? » dit Emma, les yeux grands ouverts. « C'est là-dedans que tu as dépensé l'argent du déjeuner ? »

« Relax, Maman, » dit Henry. « C'est pas si grave. »

« On parle de vente de films porno dans un collège, » répondit Emma. « Bien sûr que c'est grave. J'en parlerai à Mr Gold à la première heure demain. »

« Sérieux ? » dit Henry en criant presque. « Pourquoi il faut toujours que tu fiches tout en l'air ? Tu m'as déjà fait déménager loin de mes anciens copains et maintenant que j'en ai d'autres, tu veux qu'ils me détestent ? Ils sauront que c'est toi qui as parlé à Gold et ils voudront plus jamais me parler. Pete et Felix sont mes amis, Maman. S'il te plait, ne le dis à personne. »

« Je n'ai pas le choix, Henry. Tu le sais, » dit calmement Emma. « Je ne suis pas juste ta mère, je suis aussi professeur et c'est mon devoir de protéger tous les enfants à l'école, pas seulement toi. »

« Donc tu fais passer une centaine d'autres enfants avant ton erreur de fils, c'est ça ? » hurla Henry en se levant de sa chaise.

« Non ! » cria Emma, qui se leva aussi et attrapa le bras d'Henry pour l'empêcher de courir dans sa chambre. « Je fais ce qui est juste, c'est tout. Je ne prends parti pour personne. Et avec ton père on n'a jamais pensé que tu étais une erreur, même si ta naissance n'était pas planifiée, tu le sais bien, non ? »

« Comment je peux le savoir si tu parles jamais de lui ? » répliqua Henry, les yeux remplis de larmes.

Emma ravala ses propres larmes en voyant la douleur sur le visage de son fils et resta bouche bée. Elle ne pouvait pas répondre à son fils car elle ne savait pas quoi lui dire pour le faire se sentir mieux.

« Tu vois, tu supportes même pas d'entendre son nom, » dit Henry, de nouveau calme. « Je veux parler de Papa, j'en ai besoin, Maman, il…il me manque. »

« Il me manque aussi, » dit Emma, d'une voix étranglée. « Je suis tellement désolée, Henry. Je ne fais pas exprès de ne pas t'en parler. C'est juste…dur. »

« Felix dit que ça aide d'en parler, » dit Henry, qui se laissa tomber de nouveau sur le canapé.

« Tu as parlé de Papa avec Felix ? » demanda Emma en s'asseyant près de son fils. « Quand ça ? »

« Hier soir, » répondit Henry. « Son père est parti quand il était petit et sa mère n'a pas parlé de lui pendant des années. Quand Jane s'est décidée à en parler, Felix l'avait presque oublié. Je veux pas oublier Papa. Je…je veux qu'on s'en souvienne ensemble. »

Emma ne dit rien, se contentant d'entourer son fils de ses bras et le serra contre elle. Leurs larmes coulèrent en silence, et aucun des deux ne bougea pour les essuyer alors que des images de Neal vagabondaient dans leurs esprits. Les journées au zoo, leurs premières vacances en Thaïlande, Emma se faisant piquer par une méduse et Neal mangeant des plats locaux sur les marchés, Neal apprenant à Henry à piloter un avion téléguidé sur la pelouse près d'un château, eux trois se jetant dans la mer en Grèce pendant leur dernières vacances, avant que Neal ne tombe malade.

« On parlera plus de lui, c'est promis, » dit Emma quand Henry se rassit finalement correctement en passant sa manche sur son visage humide. « C'est juste dur. »

« C'est dur pour moi aussi, Maman » fit remarquer Henry. «Mais on sera là l'un pour l'autre. »

« Et tout le collège de Storybrooke, » dit Emma.

Henry fronça les sourcils. « Quoi ? »

« Fais-moi confiance, » dit Emma. « D'ici l'heure du déjeuner demain, tous les élèves et tous les profs sauront ce qui s'est passé. Je veux dire, c'est pas comme si je tenais à ce que ça reste secret, mais je n'en ai pas parlé à beaucoup de gens. Mais maintenant, on va devoir affronter les regards de sympathie et les questions curieuses. »

« Je suis désolé, » s'excusa Henry.

« Ça va, » dit Emma en passant sa main autour des épaules de son fils. « Ça allait se savoir à un moment où à un autre. Je suppose que je n'ai fait que retarder l'inévitable. »

« Et je vais redevenir le gars qui a perdu son père, pas vrai, » dit Henry, en se laissant tomber sur le canapé.

« Ca va passer, » lui assura Emma. « Les commérages ne durent pas longtemps à l'école. Ne t'inquiète pas Henry. Et au moins tu as des amis comme Felix et Peter à qui tu peux parler. »

« Sauf si tu les balances, » remarqua Henry.

« Je m'assurerai que cette histoire se règle discrètement et que Peter ne sache pas que c'était moi, ok ? » Henry la regarda d'un air sceptique mais hocha la tête. « Est-ce que tu veux qu'on regarde ce film que tu as raté quand tu faisais tes devoirs vendredi soir ? »

« Lequel ? » demanda Henry.

Emma se pencha en avant et prit les deux DVD sur la table. « Qu'est-ce que tu en penses ? Le gang des tétons ou Dossiers coquins ?

Henry grogna à nouveau en cachant son visage dans ses mains tandis qu'Emma éclata de rire,


Le lundi suivant commença comme n'importe quel autre jour. Ils se dépêchèrent de faire leurs sacs, cherchèrent leurs chaussures à la hâte (Emma rangeait parfois trop bien les choses pour pouvoir les retrouver), et roulèrent un peu trop vite afin d'arriver à temps à la réunion matinale. Emma arriva dans la salle des professeurs à peine quelques minutes avant Mr Gold et se dépêcha de rejoindre Ruby et Rose, assises à leurs places habituelles.

« Je me sens toujours super mal, » dit Ruby à Emma dès que la blonde s'assit sur la chaise à côté de la sienne.

« Deux jours de gueule de bois, c'est ce qu'il y a de pire, » acquiesça Rose, plus pâle que d'habitude elle aussi.

Emma éclata de rire avant de chercher Regina du regard. Lorsqu'elle ne la vit pas, elle fronça les sourcils.

« Où est Regina ? » demanda-t-elle.

« Elle est malade, » répondit Ruby. « Je crois que tu prends ses 5ème aujourd'hui. »

« Tu rigoles ? » gémit Emma. « J'ai encore plein de copies à corriger et maintenant je n'ai même plus d'heure de libre. J'ai jamais eu autant de travail en retard et je suis sûre que c'est à cause de cette fête que vous m'avez fait organiser. »

« Apparemment les cuites de Regina sont encore pires que celles de Ruby, » dit Rose.

« Vous avez eu de ses nouvelles ? » demanda Emma.

« Non, mais Regina n'est jamais malade alors elle n'a simplement pas dû se remettre de sa gueule de bois. C'est genre Wonder Woman. Même quand absolument tous les enfants ont attrapé la grippe il y a quelques années, Regina a été la seule à ne pas se mettre en arrêt maladie, dit Ruby. « On voit qu'elle n'a pas l'habitude de boire. »

Emma fronça les sourcils et sortit son téléphone de son sac, pianotant un rapide « Ça va ? » à Regina avant de reporter son attention sur Mr Gold qui venait de commencer à parler.

A l'heure du déjeuner, tout avait changé pour Emma au collège de Storybrooke. Au moment où elle entra dans le réfectoire elle sut. Tous les yeux étaient rivés sur elle, les conversations s'arrêtèrent soudainement et les insupportables regards de sympathie commencèrent. Elle ne comptait plus le nombre de collègues qui étaient venus la voir pour lui présenter leurs condoléances, beaucoup d'entre eux faisant allusion à un membre de leur famille qui avait affronté le cancer. Elle appréciait ce qu'ils essayaient de faire et hocha poliment la tête tandis qu'ils lui parlaient, mais si elle avait quitté New York, il y avait une raison. Tout le monde là-bas savait ce qui s'était passé et Portland était censé être leur nouveau départ. Elle ne voulait pas oublier Neal, loin de là, mais elle pensait qu'une nouvelle ville où elle n'aurait pas de souvenirs avec lui pourrait l'aider à guérir. Tout comme Henry. Bien qu'elle commençait à réaliser qu'elle n'avait jamais vraiment demandé à Henry ce qu'il voulait.

Se confier à Regina avait été inattendu, mais Emma s'était réveillée plus légère le dimanche matin, malgré sa gueule de bois. Le fait d'avoir quelqu'un à qui parler dans cette nouvelle ville était un soulagement. En fait, c'était vraiment dommage que Regina soit absente justement le jour où tout le monde apprenait son passé tragique.

Avant les cours de l'après-midi, Emma appela même Regina. Quand elle tomba sur son répondeur, elle lui laissa un bref message.

Bonjour, c'est moi, Emma. Swan. Je voulais juste savoir si vous alliez bien après la fête et tout ça. C'est bizarre au collège. Tout le monde sait pour Neal et ils me regardent tous avec pitié. Enfin, bref, dites-moi si tout va bien. Je suppose qu'on se verra bientôt, à plus tard.


Regina plia la dernière paire de jeans avant de s'attaquer à la pile de chemises, prenant la première. Elle sélectionna le programme coton du fer à repasser et commença à siroter son thé, mais grimaça quand le liquide chaud entra en contact avec sa blessure. C'était lundi après-midi et les heures passaient lentement. Ses journées étaient rythmées par ses heures de cours, et certains soirs par les corrections de ses copies, quand Robin l'y autorisait. C'était la première fois qu'elle se retrouvait chez elle un jour de semaine depuis les dernières vacances et elle détestait ça.

Robin toussa bruyamment. Regina sursauta et s'agrippa à la table à repasser, faisant chanceler celle-ci. Elle se réjouit que son mari ne puisse pas voir sa réaction. Il s'éclaircit la gorge et tourna la page de son journal, dos à Regina qui était debout dans un coin de la pièce. Dès que le voyant rouge du fer s'éteignit, Regina s'attela à la tâche qui lui était dévolue.

Le repassage était l'une des corvées qu'elle aimait le moins. C'était laborieux, quelquefois minutieux, et Robin avait une tonne de chemises qu'il semblait changer trop rapidement. Elle se dit que ce n'était pas pire que de nettoyer la salle de bain, dont le sol était salissant. Le souvenir du dimanche matin lui revint en mémoire.

Elle se réveilla, allongée sur le sol de la salle de bain, toujours recroquevillée sous la serviette de bain. Son cou était raide et ses épaules douloureuses. Elle fut réveillée par des coups persistants contre la porte et s'assit lentement, tandis que les coups redoublèrent.

« Ouvre-moi cette porte ! » hurla Robin, ses poings cognant contre le bois pendant qu'il parlait.

Sans hésitation, Regina se leva et laissa son mari entrer. La porte cogna contre le mur et l'homme nu et en colère entra rageusement dans la pièce. Jetant un coup d'œil à sa femme, il promena son regard dans la salle de bain avant d'aboyer ses ordres.

« Nettoie-moi ce bazar et fais-moi mon petit-déjeuner. »

Regina baissa la tête en signe de soumission, mais ne dit rien. Robin se dirigea vers la douche, ouvrit le robinet, et entra dans la cabine. Regina prit quelques produits d'entretien sous le lavabo et commença à frotter les taches de son propre sang sur le sol. Les gouttes étaient presque noires à présent qu'elles avaient séché mais, à mesure qu'elle nettoyait, elles redevinrent rouges, s'étalant sur le carrelage blanc tandis qu'elle frottait d'avant en arrière. Quand le sol fut propre, elle essora la serpillère, et l'eau rouge pâle disparut dans le siphon du lavabo. Elle ne prit même pas la peine de se regarder dans le miroir avant de quitter la salle de bain pour commencer à préparer le petit-déjeuner de Robin.

Alors, peut-être que le repassage n'était pas si mal, après tout. Au moins, ça faisait passer le temps. Robin lui avait dit d'appeler le travail et d'inventer une excuse, sachant pertinemment que Regina ne pourrait pas être vue en public la lèvre fendue sans éveiller les soupçons. Robin n'avait pas dit quand Regina pourrait retourner travailler, et elle n'avait rien demandé. Jusqu'à ce jeudi soir, quand, après avoir fini de faire les poussières sur toute leur bibliothèque, elle vint demander à Robin ce qu'il voulait pour le diner.

« Du hachis Parmentier, » grogna-t-il, caché derrière une autre de ses peintures à l'huile, qu'il était en train d'admirer.

« Oui, Robin, » acquiesça Regina. « Je peux te demander…, » elle vacilla quand les petits yeux de Robin croisèrent les siens. « Euh… Je me demandais quand je pourrais retourner travailler. Ça fait quatre jours que je suis là et…, »

« Tu pourras y aller la semaine prochaine, » répondit Robin. « Quand ton visage sera à nouveau présentable. Maintenant, va préparer le diner, il est plus de six heures. »

Sans discuter, Regina se dirigea vers la cuisine et sortit la viande hachée, les pommes de terre et les oignons. Vingt minutes plus tard, alors qu'elle mettait le hachis au four, on sonna à la porte. Regina ne bougea pas. Robin lui avait ordonné de ne jamais ouvrir la porte. Elle s'assit donc à la table de la cuisine et écouta. Assez rapidement, les pas lourds de Robin se dirigèrent vers le couloir et la brune entendit le verrou s'ouvrir au bout de quelques secondes.

« Bonjour, est-ce que Regina est là ? »

Regina se redressa. Elle savait exactement qui était à la porte. Sans un bruit, elle recula sa chaise et se dirigea vers la porte menant au couloir, s'arrêtant dans l'embrasure, hors de vue.

« Non, » entendit-elle Robin répondre à Emma. « On l'a appelée pour un ennui de famille. Elle retournera travailler lundi. »

« Oh. » Regina n'eut aucun mal à visualiser la surprise sur le visage d'Emma. « J'en suis vraiment désolée. Je peux faire quelque chose ? »

« Non, » répondit Robin.

Il y eut une longue pause. Regina mourait d'envie d'aller jusqu'à l'entrée pour voir ce qui se passait mais elle sut qu'il valait mieux ne pas contrarier Robin. Encore.

« Euh, bon, vous pouvez lui dire qu'Emma est passée prendre de ses nouvelles ? » dit la blonde. Regina pouvait l'imaginer essayant d'apercevoir quelque chose derrière Robin pendant qu'elle parlait, piquée par la curiosité.

« Je lui dirai. Au revoir. »

La porte claqua avec un bruit sec et Regina se précipita de nouveau dans la cuisine juste avant que Robin n'y entre.

« Tes amies sont trop curieuses, » grogna-t-il en s'asseyant sur la chaise que Regina venait de quitter. « Je veux un vin rouge qui aille avec ce plat. Qu'est-ce qu'on a ? »

« Il y a le Cabernet Sauvignon que Will nous a apporté la semaine dernière, » proposa Regina, qui se dirigea vers leur bar avant d'en ouvrir les portes en verre.

« Non, » dit Robin. « J'en veux un meilleur. »

« Pourquoi pas le Pinot noir que nous avons rapporté de la Vallée de la Loire, l'année dernière ? »

« Oui, » acquiesça Robin.

Regina sortit la bouteille du bar et la déboucha. « Qui a sonné à la porte ? » demanda-t-elle, en s'efforçant de prendre un ton innocent.

« Cette Emma de ton collège, » dit Robin. « Elle est venue voir comment tu allais. »

« Et que lui as-tu dit ? » demanda Regina, curieuse de savoir quelle part de vérité Robin allait lui révéler.

« Que tu avais dû partir à cause d'un ennui de famille, » répondit Robin, qui prit le verre de vin rouge que Regina lui tendait. « C'est ce que tu as dit à ton supérieur donc il faut bien qu'on raconte la même chose à tous tes collègues de cette maudite école. »

« Elles sont seulement inquiètes, » essaya Regina. « Ça fait des jours qu'elles ne savent rien de moi. »

« Tu vas bien, » dit Robin, sans un regard pour Regina.

« Si tu pouvais juste me rendre mon téléphone, je pourrais peut-être les rassurer pour qu'elles arrêtent de venir ici, » dit Regina d'une voix douce et prudente. Elle ne voulait pas que Robin perçoive sa demande comme une menace ou une marque de défiance de son autorité.

« Emma leur donnera de tes nouvelles demain au collège, » trancha Robin. « Je te rendrai ton portable dimanche, comme je te l'ai dit. Dans combien de temps est-ce qu'on mange ? »

Regina soupira silencieusement et se dirigea vers le four, se penchant pour jeter un œil à la cuisson de son hachis. « Dans environ cinq minutes. »

« Apporte-moi mon repas dans mon bureau, » dit Robin en se levant, son verre à la main. « J'attends un appel pour un nouveau job et j'ai du travail. »

« Oui, Robin, » répondit Regina, qui se tenait discrètement près du four alors que son mari quittait la pièce.

Aussitôt qu'il fut parti, Regina jeta un œil par la fenêtre. Comme elle s'en doutait, la coccinelle d'Emma était toujours garée dehors. La brune se cacha rapidement mais il était trop tard. La blonde avait déjà aperçu la silhouette de la jeune femme depuis sa voiture.

Emma appela de nouveau Regina et tomba une fois de plus sur son répondeur. Elle ne lui laissa pas d'autre message. Cela n'aurait servi à rien. Peu importait ce qui se passait, Emma savait qu'elle ne la rappellerait pas. Elle continua d'observer l'avant de la maison pendant encore un quart d'heure, mais ne voyant pas Regina réapparaitre, elle abandonna finalement et rentra retrouver son fils.

Voilà, j'espère que ça vous a plu, comme d'habitude, n'hésitez-pas à me dire ce que vous en pensez. Bon week-end, je vous mets le chapitre 9 lundi et je sais déjà que vous l'aimerez... (mais chhht, no spoilers ;)) Bisous!