Coucou bande de nouilles :D
De retour avec un chapitre beaucoup trop long, mais que j'ai beaucoup aimé écrire :D
Petite update sur la cover de la fic, Mihawk le danseur de flamenco que j'ai dessiné sur un coup de tête, ça s'y prête bien (cf chap 6) ;)
Bonne lecture !
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Mihawk chantonnait en se saisissant d'une énième bassine propre. Revenant près du potager, il s'agenouilla et reprit son travail. Il cueillait les premières fraises de la saison une à une, en humant leur parfum envoûtant. Ils n'avaient peut-être pas assez de cultures pour en faire de la confiture, mais c'était tout juste parfait pour leur plaisir personnel.
Ce printemps, avec Kassandra, ils avaient dû agrandir leur potager en raison de l'arrivée de deux invités inattendus, avec l'aide de ces derniers. Il comprit bien vite que les capacités de Zoro se limitaient à boire, à dormir et à se battre, et son cerveau ne pouvait en plus assimiler le jardinage. Mihawk décida alors de le soustraire à cette corvée, au plus grand dam de Perona, qui le jalousait. Mais s'il n'avait pas pris cette décision, à l'heure actuelle, il n'aurait pas eu de fraises à récolter.
Il chargea ses bras des trois bassines, les rapportant au château. Le soleil venait pointer le bout de son nez en chassant la sombre nuit étoilée. Il leva la tête pour voir sa lueur jouer avec la cime des arbres de la forêt, quand il vit un Martin Facteur voler dans le ciel en sa direction. Il s'interrogea sur sa présence ici, puisqu'il était encore beaucoup trop tôt pour l'arrivée du journal quotidien. La mouette se posa sur la branche d'un arbre devant Mihawk et celui-ci prit le contenu de son sac, avant qu'elle ne s'envole. Observant ce qui ressemblait à une lettre qui lui était destinée, il vit le sceau du Gouvernement Mondial apposé dessus.
Ayant les bassines dans les bras, il ne put prendre connaissance du document tout de suite, mais il se doutait de quoi il devait s'agit. Près de deux mois s'étaient écoulés depuis la Guerre au Sommet et il trouvait cela étrange que les Grands Corsaires n'avaient pas été contactés depuis. Ils devaient en avoir, des choses à leur annoncer… Mais il ne pouvait espérer de meilleure occasion. Il allait pouvoir revoir l'homme qu'il avait dans le collimateur depuis quelques semaines et lui exprimer en face le fond de sa pensée. Il sourit narquoisement à cette idée, entrant dans le château.
Zoro préparait le café dans la cuisine, après que Perona lui avait montré comment faire. Avant, sur le Sunny, c'était toujours Sanji ou Robin qui s'en chargeait, mais désormais, il lui fallut apprendre à le faire par lui-même. Entendant des bruits de pas, il se retourna et vit Mihawk arriver, les bras chargés.
– Déjà fini, l'entraînement ?
– Sandai Kitetsu n'a pas été coopératif, aujourd'hui non plus, soupira Zoro en guise de réponse, l'air agacé. Mais je m'y remets juste après. Juste, il m'a… énervé.
– Vraiment capricieux ce sabre. Il me rappelle Kokuto Yoru, quand j'étais plus jeune, avoua Mihawk en plaçant les bassines dans l'évier, avant de passer les baies sous l'eau.
Le jeune homme le regarda avec un air interloqué, suspendant sa tasse à ses lèvres. Mais son aîné ne semblait pas vouloir approfondir le sujet et un silence s'installa entre les deux hommes. Mihawk s'affairait à commencer la préparation d'une tarte aux fraises et Zoro buvait lentement sa boisson. Il était perdu dans ses pensées, le regard dans le vide, lorsqu'il fut interpellé par la lettre soigneusement enroulée et cachetée.
– Qu'est-ce que c'est ? demanda-t-il au plus âgé, intrigué.
– Ah, ça… Je n'ai pas encore pu l'ouvrir. Je la lirai après, l'en informa nonchalamment Mihawk, découpant les fruits.
Le silence retomba et cette fois-ci, personne ne le rompit. Chacun était dans sa bulle. Le plus jeune était obsédé par son entraînement, se demandant comment il pouvait dompter son sabre maudit. Depuis que Kassandra l'avait mis en garde contre le terrible pouvoir de ce dernier, elle ne l'avait plus épaulé dans ses entraînements. Peut-être était-elle toujours fâchée, peut-être était-ce dû à ses nombreuses absences ; Zoro n'en savait pas vraiment plus, mais il ne s'en préoccupait pas tant que ça. Mais en s'exerçant seul, il comprit qu'il n'avait exploité qu'une infime partie du potentiel de sa lame maudite, et le reste était à découvrir. Mais pour ce faire, il se devait de devenir beaucoup plus fort, pour être sûr de garder le contrôle sur son arme. La jeune femme le prenait pour un suicidaire, mais il comprenait lui-même que c'était encore trop tôt. De plus, Mihawk et elle semblaient avoir des informations à ce propos que lui, ignorait. Il devait essayer de les faire parler à ce sujet pour en apprendre davantage sur son sabre et sur ce pouvoir.
Pensant à cela, il reporta son regard sur le Corsaire, qui finissait de glacer la tarte. Il était naturellement distant avec les autres, ne parlant que rarement, préférant les gestes ou les regards aux discussions futiles. Ironiquement, c'était dans le silence qu'il se faisait le mieux comprendre. Zoro était persuadé qu'il lui parlerait de cette mystérieuse malédiction lorsqu'il le jugera assez fort, et il ferait tout pour atteindre et dépasser ses espérances. Mais le jeune épéiste était impatient ; il voulait savoir, comprendre au plus vite cette histoire, afin de s'y préparer. Mais Mihawk ne lui révélerait rien avant l'heure, et il s'en doutait. La question qui se posait désormais était de savoir si Kassandra était plus disposée à lui en parler, ou si elle choisirait d'également garder le silence.
En parlant du loup, il vit une silhouette aux cheveux en bataille entrer dans la pièce en baillant. Sans rien dire, elle s'avança vers le comptoir et se servit une tasse de café. Ouvrant une petite boîte, elle prit quelques cachets qu'elle avala avec la boisson, avant de prendre place aux côtés de Zoro.
– Un panda jalouserait tes cernes, Kassandra, dit Mihawk en guise de bonjour.
– C'est ça, bon matin à toi aussi…, grommela-t-elle en prenant une gorgée de café. Ah, t'es là aussi Grenouille… Il a un goût bizarre, ce café…
– C'est Roronoa qui l'a fait cette fois, lui révéla Mihawk.
– Je me disais bien que c'était abject, plaisanta-t-elle en tirant la langue.
– Lève-toi plus tôt pour le faire toi-même alors, feignasse !
– C'est qui que tu viens de traiter de feignasse, grosse tache ?!
Mihawk soupira face à ces deux têtes de mule et quitta la pièce au plus vite, les laissant se chamailler. Il déposa le gâteau et sa lettre reçue sur la table de la grande salle, avant de s'installer à son habituel fauteuil. Ces derniers mois n'avaient pas été de tout repos et il avait encore du mal à se faire aux nouveaux habitants du manoir. En contrepartie, cela lui faisait plaisir de voir sa sœur s'entendre avec Perona et Zoro, et il sourit légèrement à cette pensée. À part lui, elle ne connaissait personne d'autre, et il commençait à s'inquiéter pour sa solitude, bien qu'il ne savait pas s'il devait réellement s'en préoccuper. Elle n'avait pas l'air d'en souffrir. Mais d'un autre côté, il était mauvais pour le dialogue ; ils ne se confiaient jamais l'un à l'autre et il s'en blâmait, quelque part.
Au départ, il ne pensait pas qu'elle pourrait s'entendre avec les nouveaux venus, laissant la méfiance primer. Mais il fallait croire qu'il avait bien fait de demander à Kassandra d'entraîner le jeune sabreur ; cela s'était révélé bénéfique pour tous les deux. Sa sœur, elle, avait pu côtoyer et s'approcher de nouvelles personnes, et Zoro, quant à lui, avait bien des choses à apprendre de l'expérience de Kassandra.
Reportant son attention sur son courrier, il entreprit de l'ouvrir. Au même moment, il entendit des éclats de voix provenant du couloir et il sut qu'ils n'avaient toujours pas fini leur dispute puérile.
– La prochaine fois, je te jure que je vais te battre ! promit Zoro en dégainant Wadô.
– Qu'est-ce que tu attends, alors ?! lui répliqua Kassandra en sortant ses dagues.
Tous les deux s'affrontaient du regard en marchant dans le couloir, lorsqu'ils virent une silhouette flâner. Perona était là, à flotter dans les airs, avec une mine affligée. Les fantômes qui l'entouraient accentuaient la tristesse qu'elle dégageait. Les deux belligérants oublièrent leur querelle, perplexes face à l'attitude de la jeune fille.
– Qu'est-ce que tu as ? lui demanda Kassandra dans un élan de bonté.
– Je m'ennuiiiie ici, il n'y a pas une seule peluche ici, pas une seule jolie robe, personne pour discuter avec moi, répondit-elle en se roulant en boule dans les airs. Kumacy me manque, Maître Moria me manque… Au moins, j'avais tout ce que je voulais avec lui…
Les deux autres se regardèrent, ne sachant pas quoi penser du malheur de la fille. Kassandra la scruta, interdite. Elle avait beau avoir le même âge qu'elle, leurs goûts différaient en tout point et elle pouvait comprendre que Perona ne se sentait pas à sa place dans ce château de chacals. Elle n'était pas une combattante, comme pouvaient l'être les trois autres, elle ne partageait donc pas leur intérêt pour les entraînements ou les armes. Mihawk était loin d'être un exemple de bonté et de chaleur. Zoro n'était aucunement intéressé, se préoccupant seulement de dormir et de s'entraîner, depuis que son frère l'avait privé d'alcool. Kassandra, quant à elle, était souvent absente. La jeune fille avait l'habitude d'une autre vie, et voilà que cela lui était tombé sur la tête. Bien qu'elle restait par moments insupportable, elle avait changé d'attitude depuis qu'elle habitait avec eux et était beaucoup plus vivable. Mais elle ne changera jamais complètement, et il ne le fallait pas ; elle restait la petite princesse de Thriller Bark, avec ses sauts d'humeur. Kassandra pensa à tout cela en rangeant ses armes. Elle poussa un long soupir, avant d'être de nouveau interpellée par la jeune fille.
– Et en plus, c'est mon anniversaire aujourd'hui ! Je suis sûre que personne ne s'en est souvenu ! couina-t-elle avant de s'engouffrer dans la grande salle en pleurant.
Les deux épéistes échangèrent un regard mitigé, aussi amusé que soucieux. Évidemment qu'ils savaient qu'il s'agissait de l'anniversaire de la fille fantôme. Elle n'arrêtait de le leur rappeler, à tel point qu'ils connaissaient mieux sa date de naissance que la leur. Mais ils n'avaient même pas pu en placer une que Perona s'était déjà volatilisée dans une traînée d'ectoplasme. Choisissant silencieusement de poursuivre la jeune fille et lui expliquer le malentendu, ils entendirent un cri strident provenant de la grande salle. Ils arrivèrent en trombe et virent Perona, pleurant à chaudes larmes à genoux avec Mihawk, insensible, qui ajustait son manteau et prenait son chapeau.
– Qu'est-ce qu'il se passe ici ? demanda Zoro, s'approchant de la jeune fille.
– Lui…, commença Perona en pointant Mihawk du doigt. Il… Il m'a… Il m'a fait un gâteauuu… Pour mon anniversaire !
Kassandra se pinça l'arrête du nez, soupirant. C'était donc de joie que la fille gothique pleurait. Elle allait finir par leur causer une crise cardiaque avec son comportement. Ils étaient tous tendus depuis que les hommes de Doflamingo étaient venus sur l'île ; il était inutile de jouer davantage avec leurs nerfs. Excédée par l'attitude de Perona, la jeune femme aux cheveux de jais reporta son attention sur Mihawk, qui s'apprêtait à partir.
– Tu vas où ? s'étonna-t-elle, posant une main sur son épaule.
– Je pars. Le Gouvernement a demandé aux Grands Corsaires de se rendre à Mary Geoise, répondit Mihawk et montra la lettre ouverte à Kassandra.
– …Et tu y vas ? Vraiment ? Ça te ressemble pas, fit-elle la remarque avec un haussement de sourcils avant de lire le courrier.
« Dracule Mihawk,
En tant que détenteur du titre de Grand Corsaire, le Gouvernement Mondial fait appel à vous. Nous sollicitons votre présence à la Terre Sainte de Mary Geoise, au Château Pangea, le vingt (20) juin 1522 à 12h00, afin de délibérer de diverses problématiques en lien avec la Guerre de Marineford, à laquelle vous avez assisté.
Le Gouvernement vous remercie par avance pour votre présence.
Signé : Commandant des Forces Armées du Gouvernement Mondial et ancien Amiral Commandant en Chef de la Marine, Kong. »
– Eh ben, ils préviennent à la dernière minute ceux-là, réagit Kassandra. Ça m'étonne que tu y vas, encore une fois. Avant, leur courrier nous servait de combustible.
– J'ai des choses à régler.
Sa sœur scruta ses traits mystérieux en plissant les yeux, essayant de le percer à jour.
– Pourquoi faut-il toujours que tu en fasses des caisses ? Tu veux aller défoncer la tronche de Doflamingo, c'est ça ?
Mihawk ferma les yeux, agacé par le langage de sa sœur.
– Non, je ne vais pas « défoncer la tronche de Doflamingo ». Je vais juste lui parler, expliqua-t-il la nuance.
– Juste le menacer.
– Peut-être bien.
– Qui te dit qu'il sera là ? C'est pas la peine d'y aller.
– Il sera là, pour les mêmes raisons que moi. Je le sais. Et souhaites-tu que je risque encore que tu te fasses capturer par ce détraqué ? demanda son frère avec une lueur d'exaspération dans le regard.
– Tu me sous-estimes.
– C'est toi qui le sous-estime. Il n'est pas Grand Corsaire et Roi de Dressrosa pour rien. La prochaine fois, ce n'est pas une petite stagiaire qu'il enverra pour aller te chercher.
– C'est à moi de régler cette histoire, fourre pas ton nez dedans !
– Ma décision est prise.
– Je suis assez grande, Mihawk ! Fais-moi confiance, merde à la fin !
– Ça n'a rien avoir, ne mélange pas tout. Je te fais confiance. Mais j'irai à cette réunion.
Kassandra tapa du pied, à la manière d'une enfant, devant les arguments qui lui semblaient injustes. Même s'ils habitaient dans le même château, même s'ils étaient frère et sœur, ils évitaient de se mêler aux affaires de l'autre. C'est ainsi qu'ils avaient toujours fonctionné, indépendants l'un de l'autre, se laissant vivre. Mais pour cet infime problème, il souhaitait intervenir, et elle ne comprenait pas son choix. Elle défiait sans peur ses yeux intimidants, ce regard d'or que même les plus valeureux des guerriers, pirates ou Marines, fuyaient. Ces yeux qui reflétaient la terrible preuve de sa puissance. Ces yeux qu'elle connaissait si bien, à force de les voir, et dans lesquels, parfois, elle décelait un soupçon de gentillesse et de compassion. Mais cette fois-ci, elle ne put y voir que de la froide colère et de la farouche détermination.
Zoro et Perona assistaient pour la première fois à une dispute entre les deux et ne savaient pas comment agir, ou où se placer. Ils échangeaient parfois des regards embarrassés, comme pour silencieusement demander à l'autre ce qu'ils devaient faire, hésitants. L'air s'électrisait entre les deux individus et la jeune fille fantôme ne put réprimer un frisson.
– Tu m'énerves ! Casse-toi vite, que je te voie plus ! rétorqua Kassandra avec force, lui tournant le dos et balayant le revers de sa main.
– Insolente… On en rediscutera, je te le promets ! s'indigna Mihawk en la menaçant du doigt, avant de tourner les talons et quitter la pièce en trombe.
– C'est ça, va-t'en !
Un silence pesant tomba tel un voile épais sur la grande salle. Les deux spectateurs n'osaient pas prendre la parole, au risque de se prendre les foudres d'une Kassandra fulminante. Celle-ci tremblait de colère, ne comprenant pas pourquoi son frère ne lui faisait pas confiance. Mais il était trop tard maintenant et ruminer ne servirait à rien. Elle inspira un bon coup, tentant de relâcher la pression et de se calmer. Puis, elle se tourna vers Zoro et Perona, qui la regardaient avec appréhension.
– Arrêtez de me regarder comme ça. Je vais pas vous manger, tenta-t-elle de les rassurer, mais son ton se fit plus froid qu'elle ne le voulut.
– C'est pas l'impression que tu donnes…, prononça fébrilement la fille fantôme qui se cachait derrière l'épéiste.
Elle s'approcha de la table et découvrit effectivement une appétissante tarte aux fraises. Mihawk n'avait certainement pas oublié l'anniversaire de la jeune fille, même s'il ne l'avouerait jamais tout haut. Ses mots pouvaient être bien acerbes, mais ses intentions, aucunement. Malgré leur dispute, elle ne pouvait se permettre de gâcher ce dessert et nier les talents de cuisinier de son frère. Elle s'arma alors de sa dague, l'essuya avec une serviette et entreprit de découper l'entremets.
– Bon, ton anniversaire. Primo, félicitations d'avoir survécu jusque-là. Deuxio, ça me reste en travers de la gorge, que tu sois mon aînée, admit-elle en fourrant une assiette dans les mains de Perona.
– Ton… aînée ? prononça-t-elle en penchant la tête.
Elle goûta le gâteau et afficha un air de satisfaction, gloussant. Ravie, elle entreprit de le manger dans la plénitude, oubliant tout ce qui l'entourait.
Kassandra tendit une assiette à Zoro, qui accepta machinalement. Ce fut un déjeuner des plus étranges, mais la fille fantôme ne semblait pas le remarquer et elle continuait de discuter pour eux trois, comme à son habitude. Une fois que Kassandra eut terminé sa part, elle attendit que Perona finisse la sienne pour reprendre.
– Maintenant, vous allez m'accompagner à Bikhor.
– Biquoi ? demanda la princesse, émergeant.
– Bikhor. C'est une île voisine. On a besoin de provisions, mentit-elle à moitié, ne voulant certainement pas admettre qu'elle y allait notamment pour faire plaisir à Perona. Vous allez m'accompagner, tous les deux.
– Non, impossible. Je dois m'entraîner, répliqua Zoro en se levant.
– Non, tu viens avec nous. Tu as besoin de nouveaux vêtements. Mihawk n'en peut plus de te voir gâcher toutes ses chemises en soie une à une pendant tes entraînements, l'en informa la jeune femme. Et je veux pas me refaire la même tournée des îles comme la dernière fois avec les haltères si jamais ça te va pas, j'ai eu ma dose.
– Non, je viens pas ! J'ai pas besoin de vêtements pour m'entraîner !
Les deux jeunes femmes le regardèrent, dubitatives. Fronçant les sourcils, consternée, Kassandra essaya de lui faire entendre raison.
– Pas besoin de vêtements, huh ?
– Bah ouais.
– Écoute. Ta bromance avec Mihawk est une chose. Vous faites ce que vous voulez entre vous, avec ou sans vos vêtements, ça me regarde pas. Mais tes entraînements avec moi, c'en est une autre.
– Et ? demanda Zoro, ne comprenant sincèrement pas le problème.
Kassandra passa la main sur son visage, affligée par son imbécilité. Elle décida de changer de tactique face à la simplicité d'esprit du sabreur pour lui faire comprendre le souci. Elle s'approcha de lui, tel un félin, avant de lascivement poser sa main sur son torse.
– Et si ça continue comme ça, moi aussi, je n'aurai pas besoin de vêtements pour m'entraîner avec toi… le provoqua-t-elle intentionnellement, un faux sourire carnassier étirant ses traits.
– Mes pauvres chastes oreilles, Kass ! s'écria Perona en se bouchant les oreilles, s'envolant.
– Quoi ? J'ai rien dit ! C'est vous qui avez l'esprit mal placé ! dit-elle en levant les mains en l'air, faisant mine d'être innocente.
Zoro rougit, comprenant le sous-entendu, et détourna la tête. La jeune femme, satisfaite de son manège, s'éloigna, avant de leur faire signe de la suivre.
– Je vois qu'on est sur la même longueur d'onde, maintenant. On y va.
Kassandra sortit du château, suivie de près par une Perona intriguée et un Zoro bougonnant. Ils traversèrent l'île jusqu'au rivage, où elle les conduisit jusqu'à sa barque attitrée, avant de les inviter à bord.
– J'espère qu'on coulera pas, à trois ! s'esclaffa-t-elle et largua la voile.
– Tu pourrais au moins faire semblant de t'inquiéter ! Je suis une enclume, moi ! s'énerva Perona en la frappant.
– Bah, moi aussi j'ai mangé un Fruit. Et j'ai le mal de mer. Mais l'Arbuste, il sait nager, lui, qu'il se rende utile, haussa-t-elle les épaules, pointant le sabreur, qui dormait déjà. Bon, si on coule, il le remarquera même pas, en fait…
Le trajet se passa sans encombres, avec la douce mélodie d'une Perona larmoyante et inquiète. Kassandra, malade, lançait des regards noirs à Zoro, enviant sa capacité à pouvoir tranquillement dormir avec les jérémiades de la fille fantôme. Ils accostèrent aux alentours de midi et la fille aux cheveux roses faillit pleurer de joie en marchant sur la terre ferme, sous le regard irrité de l'autre femme.
– Tu fais si peu confiance à mes compétences de navigation ? ronchonna-t-elle.
– Vu comment t'étais malade, oui ! s'exclama Perona.
– Aucun souci. Je laisse la barre à la Verdure, au retour. Je suis sûre qu'il se perdra pas du tout et on arrivera à bon port sains et saufs, ironisa-t-elle au possible.
– Tu n'oserais pas faire ça ! protesta la jeune fille fantôme, tapant du pied.
– Vous avez fini de vous payer ma tête, oui ?! Ce n'est pas moi qui me perds, c'est l'océan qui bouge trop et qui s'embrouille ! rétorqua le principal intéressé, énervé.
– Eh Roronoa, ton sens de l'orientation est si terrible qu'un jour, tu vas te paumer et trouver le One Piece par mégarde, l'en assura Kassandra, lui lançant un regard entendu.
Zoro, vexé, se tourna vers elle, voulant répondre avec sa mauvaise foi habituelle. Mais la jeune femme l'ignora et continua à avancer, et les deux autres n'eurent d'autre choix que de la suivre en grommelant.
Ils arrivèrent sur une place marchande ensoleillée, grouillante de monde. Ils pouvaient voir de tout sur les étalages : du poisson au fromage, en passant par les céréales ; c'était l'endroit parfait pour se réapprovisionner. L'atmosphère était allègre, joviale, légère. Des rires et des discussions animées se faisaient entendre de toute part, des sourires ornaient les visages insouciants des gens. Des musiciens jouaient au milieu de l'esplanade et certains spectateurs se prêtaient à la danse et à l'euphorie. À la fin de chaque morceau, des pièces d'argent pleuvaient avec un tintement métallique dans leur étui de violon vide, et la foule en réclamait encore.
Le trio se déplaçait avec aisance dans cette ambiance chaleureuse, s'arrêtant à chaque stand. Kassandra regardait les articles avec intérêt et souvent, discutait des prix ; Perona, quant à elle, vérifiait que Zoro ne s'éloigne pas et ne se perde pas dans la foule.
– Je vais finir par t'attacher à moi avec des menottes, sinon on va vraiment te perdre ! clama-t-elle après une énième tentative de départ de la part de Zoro.
– Mais je vais pas me perdre, je veux juste me promener ! se justifia-t-il.
– C'est ce que tu dis toujours, avant de te perdre ! lui répondit Perona, lui prenant le poignet. Maintenant, tu restes là, tête d'algues !
– Mais lâche…
– Eh, je suis fatiguée de vous entendre vous disputer depuis qu'on a accosté, intervint Kassandra, interrompant sa discussion avec le vendeur de tissus, qui regardait ses clients avec amusement. J'ai l'impression de gérer un camp de vacances pour gosses. Alors que doit penser Mihawk...
– T'avais qu'à me laisser là-bas ! rétorqua Zoro et croisa les bras.
– Je t'ai déjà dit non. On va aller dans la boutique de vêtements, là, pointa-t-elle du doigt le magasin à l'affiche aux couleurs criardes.
Aussitôt dit, aussitôt fait. Elle régla la somme demandée pour les tissus et fourra les sacs dans les bras de Zoro, prétextant qu'il s'agissait d'un entraînement de force de dernière minute pour le sabreur, les cabas remplaçant les haltères. Elle entra dans l'établissement avec un sabreur qui traînait des pieds et une Perona rayonnante. Cette dernière se jeta immédiatement sur les étalages des robes, tandis que Kassandra se présenta avec l'épéiste au propriétaire.
– Bonjour à vous ! Je vois que cette charmante jeune fille a un gout prononcé pour les robes, commenta-t-il avec un sourire malicieux en désignant Perona.
– Je crois bien oui, répondit la jeune femme, regardant la princesse prendre des dizaines de robes dans ses bras, vidant les étalages. Vous pouvez habiller cette tête de buisson mal taillée ?
– Eh ! protesta Zoro, portant la main à ses sabres.
– Bien évidemment, avec plaisir, huhu ! Que désirez-vous, charmant jeune homme ?
– Des vêtements, dit-il simplement, blasé.
Ne faisant pas le difficile, le vendeur l'accompagna jusqu'aux rayons qu'il jugeait appropriés pour le sabreur. Kassandra s'appuya contre le mur, attendant que le temps passe. Alors qu'elle fixait le plafond, à deux doigts de s'endormir, une voix l'interpella.
– Kass ! Aide-moi avec la fermeture de cette robe !
Elle regarda en direction des cabines, d'où la voix de Perona provenait. Elle s'y avança et entra. Devant elle se tenait la jeune fille, habillée d'une longue robe bustier avec de volumineux plis noirs et blancs. Elle l'aida à resserrer les lacets du corset et la fille fantôme se regardait dans la glace sous toutes ses coutures.
– Qu'est-ce que tu en penses ? lui demanda-t-elle, la regardant dans le reflet du miroir. Il y a un chapeau trop beau avec ! Regarde !
– Bah… C'est une robe quoi. Et un chapeau.
– Je pense que je vais les prendre, c'est joli ! Et toi, tu n'en veux pas ?
– J'aime pas les robes. C'est pas pratique, pour combattre, expliqua la jeune femme en haussant des épaules.
– Mais il n'y a pas que les combats, dans la vie ! Tiens, essaye celle-là, je suis sûre que ça t'ira trop bien !
– Mais…
L'ignorant, Perona lui fourra une boule de vêtements dans les bras, avant de la pousser dans la cabine d'à côté. Elle soupira, et souhaitant en finir au plus vite, enfila l'habit. Elle regarda le résultat dans son reflet ; une lourde et longue robe en velours aux épaules dénudées, d'une intense couleur émeraude, encadrait sa silhouette. De longues manches frôlaient le sol et des coutures dorées aux formes fantaisistes ornaient le tout. Elle s'observa scrupuleusement, ne pouvant se rappeler de la dernière fois qu'elle avait porté une robe.
– Ça te va trop bien ! Je le savais ! Et ça cache tes tatouages aussi ! C'est pas que je les aime pas, mais…
Perona s'était invitée dans sa cabine, la détaillant avec des yeux brillants.
– Ouais, mais ça me servira à rien, elle va juste accumuler la poussière.
– On la prend. Discute pas. Et prends ça aussi, dit-elle en lui refilant d'autres vêtements.
Avant que Kassandra ne puisse répliquer, sa comparse ferma le rideau. Levant les yeux au ciel, elle choisit quelques autres confortables habits, se changea et sortit à son tour. Une énorme pile de vêtements se trouvait déjà sur le comptoir et la fille fantôme l'attendait en tapant du pied, en compagnie de Zoro, qui tenait sa petite sélection dans les bras.
– Vous avez pris tout ça ?! s'exclama la jeune femme, arrivant à la caisse.
Perona commença à justifier ses choix, tandis que le vendeur se frottait les mains, impatient d'encaisser la monnaie. Kassandra l'écoutait à moitié, regardant ce qu'avait pris le sabreur.
– Pas mal, le kimono. Ça ira bien avec ta tête d'arbuste, commenta-t-elle en reconnaissant le vêtement.
– Oui, ça a l'air pratique pour se battre… Eh ! Je ne suis pas un arbuste ! grommela-t-il en réponse, reportant son regard sur l'habit vert.
Après avoir ajouté à la pile ce qu'elle avait choisi, elle fouilla son sac à la recherche de son portefeuille. Elle ne se berçait pas d'illusions ; aucun des deux n'avait de l'argent. Mais cela ne la dérangeait pas tant que ça ; elle était dure en affaires, ce qui lui permettait d'économiser pas mal d'argent en fin de compte. De plus, Mihawk n'en pouvait vraiment plus de voir Zoro abîmer et salir ses vêtements, et elle voulait faire plaisir à la fille aux cheveux roses en lui offrant ce cadeau d'anniversaire. Lançant son porte-monnaie dans l'air, elle s'assit sur le comptoir, s'approchant du vendeur avec un sourire qui ne présageait rien de bon.
– Mon charmant monsieur, à combien s'élève le total ? prononça-t-elle d'une voix mielleuse.
Le vendeur déglutit difficilement en voyant le visage de la jeune femme si près de lui, lui permettant de la reconnaître. Mais il essaya de rien faire paraître, son avarice l'emportant sur sa peur.
– 70 000 Berrys. La maison ne fait pas de réductions, l'en informa-t-il en affichant un faux air de défi, comme s'il savait déjà ce qu'allait tenter la jeune femme.
Kassandra faillit s'étouffer en entendant le total, mais ne bougea pas. La bataille allait commencer.
– 20 000 Berrys.
– La maison ne fait pas de prix, madame.
Elle descendit du comptoir du côté du vendeur et colla son visage au sien, sans jamais perdre son sourire vicieux.
– Vous êtes sûr de vous ? lui demanda-t-elle en passant sa main sous son menton, appuyant sur sa trachée.
– Que… Que faites-vous ?..
– 15 000 Berrys.
– C'est encore moins que ce que vous avez proposé ! s'indigna le marchand.
– J'en conclus que vous êtes d'accord pour 20 000, alors ? susurra-t-elle à son oreille, le jugeant d'un regard vénal.
Zoro observait la scène, amusé. Vue comme ça, Kassandra lui rappelait Nami et son talent pour marchander ou soutirer de l'argent aux autres… Mais en plus mesquine. Il voyait le vendeur céder petit à petit, sous les assauts passifs-agressifs-séducteurs de la jeune femme.
– 30 000 Berrys sera mon dernier prix, madame ! Et écartez-vous !
Kassandra, satisfaite, passa au-dessus du comptoir en rejoignant le côté des clients. Après quelques instants de flottement, elle regarda Zoro d'un air indescriptible.
– Eh, ta tête de buisson est mise à prix ? demanda-t-elle de but blanc.
– Euh, oui… Pour 120 millions, je crois, répondit-il en se grattant la nuque, n'étant pas sûr du montant exact, malgré le fait que tous leurs avis de recherche étaient affichés dans leur dortoir du Sunny. Tout ce qui l'intéressait, après tout, c'était de savoir que sa prime était plus élevée que celle du maudit cuistot.
– Parfait, prononça la femme simplement, avant de se retourner vers le vendeur, affichant un sourire plus large encore, posant sa main sur la nuque de Zoro. Vous l'avez entendu, sa tête est mise à prix pour 120 millions. C'est Roronoa Zoro, le Chasseur de Pirates. Et je suis sûre que vous me connaissez aussi. 10 000 Berrys.
En sortant du magasin, le jeune sabreur se disputait avec Kassandra, pour l'avoir utilisé comme moyen de dissuasion face au vendeur. Elle, elle se justifiait, en disant que c'était sa contribution pour avoir séjourné dans le manoir avec eux ces derniers mois. Perona, quant à elle, était ravie du renouvellement de sa garde-robe et rien ne pouvait ébranler sa bonne humeur. Mais son estomac cria famine et elle se dirigea instinctivement vers le café le plus proche, ignorant les deux autres. C'est une fois installés sur la terrasse qu'ils arrêtèrent leur querelle, se rendant compte d'où ils étaient. Leurs estomacs furent alors plus forts que leurs esprits.
Perona jouait avec un chat qui passait par là et Kassandra se balançait sur la chaise en attendant que quelqu'un vienne prendre leur commande. Ils ne durent patienter longtemps, puisque bien vite, un jeune homme en tablier sortit de la taverne. Il vit les nouveaux clients, et un air d'effroi étira son visage. Le trio n'eut le temps de dire quoi que ce soit que le tavernier se mit à hurler, en jetant en l'air les papiers qu'il tenait entre les mains
– Aaaaaaaaah, c'est Roronoa Zoro ! Le Chasseur de Pirates ! Et avec lui… se tut-il, plissant les yeux. C'est Kassandra, la Sorcière Cannibale ! Sauve qui peuuuut !
Son cri engendra un moment de flottement, puis fit paniquer quelques clients, en interpellant les autres. Une confusion générale ébranla le quartier, où les passants se retournèrent peu à peu vers les étrangers en chuchotant, les jugeant avec appréhension.
– La Sorcière Cannibale ? demanda Zoro, amusé.
– Laisse tomber, ignore, ils m'ont trouvé un surnom bien débile… Manquerait plus qu'on m'envoie au bûcher. C'est classe, Chasseur de Pirates, étant pirate toi-même ! commenta Kassandra en se levant. Mais je crois qu'on peut dire adieu au déjeuner. Y'a ton avis de recherche là, regarde.
Elle pointa du doigt le mur sur lequel plusieurs affiches étaient collées et que le tavernier semblait vouloir mettre à jour. Ils s'en approchèrent, ignorant le brouhaha causé par leur présence.
– Effectivement, 120 millions pour ta tête… C'est que c'est alléchant, comme récompense, sourit Kassandra en se tournant vers lui, la main portée sur son épée.
– Eh oh… commença le principal concerné.
– Je rigole, va.
Elle reporta son attention sur les affiches. Les Onze Supernovae étaient présents, ainsi que les avis de quelques pirates et bandits locaux. Elle se baissa et ramassa les nouveaux avis que le tavernier souhaitait sans doute placarder.
– Bordel, 480 millions et j'en ai jamais entendu parler ?! s'exclama-t-elle, regardant un avis de recherche. C'est qui, ce Edward Weeble ?
Zoro regarda la photo de plus près, mais ne dit rien, ne connaissant pas ce pirate. Kassandra plia son avis de recherche pour le prendre avec elle avant de tourner la page, consultant les autres affiches.
– Ah tiens, la prime de ce rookie est montée…
– C'est qui, ça ? demanda Perona en regardant par dessus l'épaule de Kassandra.
– Trafalgar Law, un sacré p'tit nouveau. Sa cruauté a fait parler de lui ces derniers temps. Il vient de North Blue, tout comme moi… éclaircit-elle. On dit qu'il est médecin, aussi.
– C'est une sacrée prime, 440 millions, avoua Zoro, fixant l'avis de recherche. On l'a croisé à Sabaody, je m'en rappelle.
– C'est vrai que tu es un Supernovae aussi… Mais c'est une sacrée augmentation, on dépasse pas les 300 millions comme ça…, admit-elle en se demandant ce qu'il aurait pu faire de si remarquable, avant de reporter son attention sur le mur. Oh, regarde, Roronoa !
Elle pointa une affiche sur le mur et son regard se troubla. Luffy le fixait à travers la photo, souriant de toutes ses dents. Revoyant son capitaine, heureux, quelque chose se brisa en lui et il avait l'impression d'ouvrir les yeux, d'émerger. Il regarda autour de lui, comme s'il venait de se réveiller d'un long songe. Qu'est-ce qu'il faisait, là ? Son capitaine leur avait dit d'attendre deux ans, afin qu'ils puissent s'entraîner. Deux mois s'étaient déjà écoulés, et qu'est-ce qu'il faisait sur cette île, flânant, ne faisant rien ? Il devait impérativement reprendre son entraînement, car il n'avait pas de temps à perdre. Comment pouvait-il se permettre de perdre son objectif de vue ?
– Tu n'avais pas vu sa nouvelle prime, non ? C'est après la guerre que…
– Qu'est-ce que je fais, là ?! Je n'ai pas de temps à perdre, moi, je dois m'entraîner ! cria-t-il en secouant Kassandra par les épaules. Ramène-moi sur l'île !
La jeune femme, d'abord surprise par la soudaine réaction du sabreur, afficha une mine sérieuse et hocha la tête. Lui montrer l'avis de recherche de Luffy l'a replongé dans ses mauvais souvenirs, et elle ne pouvait l'en blâmer. Elle espérait pouvoir faire plaisir à Perona et permettre à Zoro de prendre du recul sur tous les évènements en prenant une petite journée, mais elle n'avait peut-être pas pris la bonne décision. Elle se mordit la lèvre et accepta silencieusement sa demande en le prenant par le poignet pour éviter qu'il ne se perde, et fit signe à Perona de les suivre.
Une fois sur la berge, ils partirent sans cérémonie. L'atmosphère était pesante et personne n'osait rompre le lourd silence. Perona était roulée en boule, ne voulant affronter les yeux acerbes de Zoro qui lui faisait peur, ou le regard ferme de Kassandra. Cette dernière observait l'horizon, nauséeuse, appréhendant le voyage jusqu'à Kuraigana, qui promettait d'être long, avec les mines que chacun affichait. Ne tenant plus, elle sortit le tissu qu'elle avait acheté, une aiguille et un fil. Elle devait s'occuper l'esprit, avant que la mauvaise humeur du sabreur ne l'atteigne.
Elle griffonna le patron de ce qu'elle voulait coudre sur un vieux journal trouvé à bord et se mit au travail, découpant le tissu avec sa dague, sous le regard interrogateur de Perona.
– Qu'est-ce que tu fais ? demanda-t-elle, s'installant à côté de la jeune femme.
– De la couture.
– Non mais sans blague ! Qu'est-ce que…
Elle se tut, remarquant le patron qu'avait dessiné Kassandra. Les larmes d'amertume lui montèrent aux yeux et elle ne savait pas comment réagir.
– Où est-ce que tu as vu ça, toi ?! C'est Kumacy, ça ! Comment est-ce que tu le connais ?! l'assomma-t-elle de questions, ne sachant comment gérer ses émotions.
– Je l'ai vu dans ton carnet, tu l'as dessiné. Tu parles souvent de lui, qu'il te manque, haussa-t-elle des épaules en réponse. Je m'emmerde, la vieille tronche de l'autre va finir par m'atteindre si je m'occupe pas, dit-elle en désignant Zoro, qui releva les yeux, irrité.
– Tu as regardé mon carnet sans ma permission ?! rougit-elle, embarrassée et furieuse en même temps. Aucun savoir-vivre ! Tu sais bien que lire le journal intime d'une fille comme moi, c'est juste impardonnable et…
– J'ai rien lu, et c'est toi qui m'a montré tes dessins, je te rappelle…
Kassandra la laissa parler seule. Elle voulait faire en sorte que Perona ne souffre plus autant de son mal du pays, ce qui pourrait la rendre plus aimable et moins pleurnicharde, si elle avait de quoi faire évacuer ses émotions. Rien que ce matin, elle leur rappela à quel point Thriller Bark lui manquait. Alors, essayer de faire quelque chose qui pourrait apaiser l'esprit enfantin de la fille fantôme, et qui pourrait l'aider à tuer le temps par la même occasion, était parfait.
Sous le regard inquisiteur de Perona, elle s'appliquait à faire les premières coutures d'ébauche, ne pouvant faire plus sans machine à coudre. Perdue dans ses pensées tandis que ses mains travaillaient, elle se mit à marmonner dans sa barbe.
– Mihawk est bien meilleur que moi dans le domaine… avoua-t-elle en coupant un fil avec ses dents.
– Il sait coudre, lui ? l'interrogea la princesse, incrédule.
– Ouais, c'est lui qui m'a appris. Mais je suis bien meilleure pour recoudre les blessures. Et je préfère faire ça, d'ailleurs. Après, blessure ou peluche, je me débrouille avec une aiguille, je pense…
Perona l'observait, marquée par son intention. Mais au bout d'un moment, le mal de mer reprit le dessus et Kassandra abandonna l'idée de continuer. Elle se retenait de vider ses tripes dans un seau pour tout le reste du voyage, et la soirée était déjà bien entamée lorsqu'ils rentrèrent à Kuraigana. Leurs estomacs criaient famine et Perona s'élança vers le château, dans le but de se mettre quelque chose sous la dent. Avant de lui emboîter le pas, Kassandra se retourna, voyant que Zoro ne les suivait pas.
– Tu fais quoi ? On ne va pas manger ?
– Non, moi, je vais m'entraîner, l'en informa-t-il en nouant son bandeau sur la tête. J'ai assez perdu de temps comme ça, aujourd'hui.
Il partit sous le regard perplexe de Kassandra. Soupirant, elle finit par le suivre. Cela faisait longtemps qu'elle ne l'avait pas épaulé pour ses entraînements. Elle savait où le jeune sabreur allait à chaque fois ; la profonde marque laissée dans le sol de l'île à l'atterrissage de Zoro était toujours présente, à la manière de la profonde blessure de son âme, toujours ouverte.
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Tout d'abord, je me suis basée sur la timeline des évènements de "The Library of Ohara" pour connaître l'année actuelle dans le monde de OP. Allez voir ce qu'il fait si vous voulez, c'est un travail de titan !
Également, un grand merci à Zialema et à son Mash-Up "Effet Boule de Neige" de m'avoir aidé à me situer dans le temps avec leur calendrier custom à eux !
Mihawk passion BTP agriculture, moi je dis, il a loupé sa véritable vocation d'agriculteur et de danseur de flamenco. Poor boi.
C'est le chapitre des disputes plus ou moins futiles, ça me fume x) En tout cas, je trouve que c'est représentatif des relations qu'entretiennent les personnages, ayant des personnalités aussi différentes les unes des autres ! Leur quotidien allait forcément être explosif. J'ai notamment essayé une écriture un peu différente pour ce genre de passages de disputes, moins de narration et plus de prises de paroles, pour y ajouter du rythme. J'ai l'impression que ça fonctionne bien.
Sur ce, à la semaine prochaine les loulous, si vous avez un peu de temps, laissez un petit commentaire, ça fait super zizir :D
