Mars 2032 – Partie I


Je glissai les Noises requises pour payer mon journal du soir dans la bourse accrochée à la serre du hibou, attendis que ce dernier s'envole, puis dépliai rapidement le quotidien, en sachant presque par avance ce que j'allais lire.

Mais cela ne m'empêcha pas d'être soulagée en découvrant les résultats de l'élection ministérielle.

« Hermione Granger-Weasley récupère son poste de ministre de la Magie !
Sept ans après l'organisation d'élections où elle avait choisi de ne pas se présenter, Hermione Granger-Weasley va retrouver le bureau qu'elle a côtoyé sept ans durant.
Si les résultats ne surprennent pas, des questionnements sur le futur demeurent.
Qui va la remplacer à la tête du Département de la justice magique ?
Quels autres remaniements sont à attendre ?
Va-t-elle conserver les mesures prises par Ernie Burton, dont certaines ont été controversées ?
Comment va-t-elle justifier ses prises de position des derniers mois ?
C'est dans le dossier de vingt-quatre pages qui paraîtra demain que vous pourrez trouver certaines réponses ! »

Les journalistes ne savaient plus quoi écrire pour vendre. Ils se sentaient obligés de nous attirer avec des articles qui ne donnaient pas toutes les réponses, afin de créer une attente et un besoin.

De mon côté, savoir qu'Hermione reprenait son rôle de ministre de la Magie me rassurait – elle avait une rigueur qui manquait cruellement à Burton, et je savais qu'elle ferait en sorte de s'entourer des bonnes personnes.

Ce qui m'effrayait plus, toutefois, c'était de ne pas connaître le nom de la personne qui la remplacerait à la tête du Département de la justice magique. Cette personne pourrait tout à fait vouloir changer les mesures qui concernaient la réinsertion des Invisibles, et je savais que quiconque s'emparerait du dossier chercherait à être ferme et punitif plutôt que permissif.

Or, si mes capacités magiques devaient être à nouveau réduites, je me retrouverais à ne pouvoir effectuer aucune tâche domestique à l'aide de la magie – et donc, devoir retourner à un mode de vie totalement Moldu, dans un logement pensé pour des sorciers.

Cela ne m'enchantait guère, mais je devais penser à cette éventualité. Si mes autorisations devaient être revues à la baisse, je devrais songer à un déménagement, dans un logement où il y avait de l'électricité, par exemple.

Quelques coups furent frappés à ma porte, et j'allai voir qui pouvait passer me rendre visite à cette heure-ci.

Sans surprise, il s'agissait de Stiles.

- Salut ! Je venais m'assurer que tu n'avais pas de nouveau des problèmes avec un Épouvantard…

- Aucun, merci, lui répondis-je dans un sourire.

- Oh. Super. J'espère que tu seras tranquille pour un moment…

Étant donné que cela lui donnait une raison de m'aider et de venir chez moi, j'eus l'impression qu'il préférerait plutôt que des dizaines d'Épouvantards débarquent chez moi tous les jours afin qu'il puisse s'en occuper.

- J'espère aussi.

- Super. Euh…

Il recula d'un pas, me paraissant soudainement hésitant. Je me mordis la lèvre, me demandant ce qu'il pouvait vouloir me demander.

Stiles avait toujours su être insistant, lorsque nous étions à Poudlard, et, à l'époque, j'étais trop timide, polie et désireuse d'éviter tout conflit pour lui faire comprendre clairement que je préférais prendre mes distances avec lui.

Sauf que nous n'étions plus à Poudlard, que j'avais été une Invisible, et que j'avais pris du répondant depuis nos derniers échanges. Si je ne me trompais pas – et j'aimais à croire que je ne me trompais pas – Stiles ne savait pas forcément comment me parler, à présent.

Et d'un autre côté, il avait envie de me parler. Je le savais, je le sentais depuis quelque temps, et je ne faisais rien pour empêcher cela – parce que, qu'est-ce qui aurait pu m'en empêcher ? Qu'est-ce qui me donnerait une bonne raison de lui dire de ne pas me parler ? Je devais m'ouvrir aux autres, je devais laisser entrer d'autres personnes dans ma vie et, si possible, des personnes qui ne me jugeaient pas de mon passé d'Invisible. Alors, peut-être que je pourrais dire à Stiles Stuart que, s'il se faisait la moindre illusion à mon sujet, il devait savoir que dans mon esprit se trouvait principalement un certain James Sirius Potter. Mais pour le moment, Stiles n'avait pas émis le moindre commentaire qui puisse me faire douter – tout au plus avait-il eu quelques regards qui me mettaient un sérieux doute.

- Alors, tu sais, je devais faire moins de voyages pour le travail, le temps de faire tous mes comptes rendus.

Je hochai la tête. Je me souvenais très bien de cela, et de m'être dit qu'il était fou d'être content de moins voyager.

- Mais je vais avoir énormément de voyages pendant ce mois-ci, et je me disais…

- Tu veux que je surveille quelque chose dans ton appartement pendant ton absence ?

- Hein ? Oh, non ! C'est gentil, mais tu as bien vu, je n'ai aucune plante, rien qui ne nécessite d'être surveillé en permanence. Non, en fait, je pars après-demain dans la nuit, et je me demandais… Est-ce que tu voudrais qu'on aille dîner ensemble, ce soir, avant que je ne parte ?

- Oh.

Au temps pour moi et les signes invisibles – son air gêné dénotait avec sa demande nonchalante. Cela lui tenait vraiment à cœur.

- Euh… Ce soir, c'est compliqué, avouai-je du bout des lèvres. Je dois me lever tôt demain matin, et… j'ai aussi un dossier à terminer pour le British Museum qui m'a donné plus de fil à retordre que prévu.

C'était un artefact que les Invisibles avaient dans leurs archives et qui, malheureusement pour moi, avait été un dossier de Camille. Outre le fait que cela m'avait profondément remuée de travailler sur une affaire de Camille, j'avais rapidement passé ce malaise lorsque je m'étais souvenue, en lisant le rapport, que Camille était le pire des Invisibles pour rédiger des rapports.

S'il y avait trois lignes dans le dossier, c'était un miracle.

Et il n'y avait pas trois lignes dans ce dossier.

Comme, de plus, je n'écoutais jamais Camille lorsqu'il parlait, je devais reconnaître que je n'étais pas au fait de ses divers exploits en tant qu'Invisible, ce qui m'obligeait à pousser mes recherches au-delà de ce que j'aurais fait pour une autre affaire d'un Invisible.

De plus, je ne voulais pas négliger mon entretien au British Museum de demain, ayant le sentiment que mon responsable avait envie de discuter avec moi d'autre chose que de mon travail uniquement – peut-être de son départ, que je devinais imminent.

Stiles paraissait déçu. Et, étonnamment, sans que je ne comprenne pourquoi, dans mon esprit, je n'avais pas du tout envie qu'il soit déçu, et encore moins par ma faute – peut-être parce que j'avais déjà déçu trop de personnes ?

- Vraiment désolée ! lui dis-je. Écoute, on peut remettre ça à ton retour, d'accord ? Tu pourras me raconter, euh… les zones parfaites pour poser des Portoloins en Uruguay, ou peu importe où tu te rends, d'accord ?

Pendant un instant, je le crus sur le point d'insister, mais il parut se ressaisir à temps – et tant mieux. Je ne me sentais pas d'humeur à rester calme et polie s'il devait me pousser à accepter son invitation pour ce soir.

- Viens frapper à ma porte dès que tu reviens, et je te promets qu'on ira dîner ensemble !

Mais pourquoi est-ce que je lui faisais cette promesse, moi ?

- Super ! Je me le tiens pour dit. Bon courage pour ton dossier !

- Merci, et bon voyage !

Je refermai la porte doucement, en m'insultant copieusement pour ce que je venais de promettre à Stiles Stuart. J'allais essayer d'oublier ce qui venait de se passer sur mon pallier, mais c'était sans compter sur l'horloge.

- Alors, arrête-moi si je me trompe, mais je croyais que tu étais plus intéressée par James Potter que par ton voisin ? se moqua l'horloge.

- Oh, la ferme, grommelai-je en retournant à mon bureau.

- C'est simplement pour que je ne me trompe pas de prénom, la prochaine fois que l'un ou l'autre vient, se moqua l'horloge.

- James ne vient pas ici, lui rappelai-je vertement. Et Stiles, c'est celui à qui tu n'adresses pas la parole. Tu devrais t'en sortir.

L'horloge continua à se moquer de moi pendant un bon moment, alors que j'essayais désespérément de me concentrer sur mon dossier.

Qu'est-ce qui m'avait pris, par Merlin, de promettre un dîner à Stiles Stuart ? Cela n'avait aucune logique, et je ne voulais surtout pas qu'il s'imagine quoi que ce soit. Pourtant, si je commençais à passer de plus en plus de temps seule avec lui, sur des périodes de plus en plus longues, c'était exactement ce qui allait se produire.

Je me mordis la lèvre.

Et en même temps, j'en revenais toujours au même point. Stiles ne me parlait jamais des Invisibles, ne me regardait jamais de travers, ne paraissait même pas savoir que j'avais fait partie de cette organisation, et c'était agréable, pour moi, de ne pas être vue comme une personne qui avait pris des décisions que tout le monde critiquait.

.

.

.

- Alors, est-ce que vous avez commencé à présenter vos excuses aux personnes dont nous avons fait la liste ?

Je me renfrognai. Je savais que Margaret Royalmind finirait par me poser cette question, étant donné que cela faisait partie de ce que je souhaitais à tout prix faire, mais j'avais espéré qu'elle attendrait que j'aie effectivement commencé à présenter mes excuses pour me poser cette question.

Sauf que je n'avais toujours pas trouvé le courage de le faire.

Je commençais à apprécier Margaret Royalmind. Elle savait jongler entre mes différentes émotions alors que moi-même, je ne les comprenais et ne les assumais pas. Elle savait quand me pousser et quand rester calme, quand s'adresser à moi comme à une enfant têtue et quand me parler comme à l'adulte que j'étais censée être. Si j'avais toujours des difficultés à apprécier les séances où elle me rappelait vertement que je me comportais puérilement, je comprenais que ce n'était pas vraiment à elle que j'en voulais, mais surtout à moi-même d'être incapable de stabilité.

- Non, finis-je par répondre. Je ne sais même pas comment aborder les personnes que je compte contacter…

Margaret Royalmind battait toujours ses cartes avec calme et monotonie, ce qui me rassura dans un sens – cela signifiait qu'elle ne comptait pas me parler vertement. Nous étions dans le cadre d'une séance plus tranquille.

- Nous avions convenu que vous commenceriez vos excuses par…

Elle chercha dans ses notes, mais je l'interrompis, sachant par cœur ce dont nous avions convenu.

- Léana Raven. Enfin, plutôt, l'équipe de Quidditch de Serdaigle de l'époque, mais je voulais demander à Léana Raven de les contacter pour moi, car je sais qu'elle a encore beaucoup de contacts avec eux.

Margaret Royalmind acquiesça.

- C'est bien cela. Est-ce que vous repoussez le moment de la voir parce que vous avez peur de sa réaction, ou parce que vous savez que cela signifie que vous allez sûrement croiser plusieurs personnes d'un coup ? Et donc que vous devrez présenter des excuses à plusieurs personnes, qui pourraient se liguer contre vous, en profitant du fait qu'elles soient plus nombreuses ?

Je croisai les bras sur ma poitrine, le regard noir.

- Vous savez, lorsque vous me comprenez mieux que je ne me comprends moi-même, vous êtes particulièrement agaçante. Et sûre de vous. Et snob. Et pédante.

Elle émit un petit rire sarcastique.

- Si vous vous compreniez seule, Astrid, nous n'aurions pas besoin de ces séances, n'est-ce pas ?

Je levai les yeux au ciel, comme je le faisais presque systématiquement dès lors qu'elle posait une question rhétorique.

- Et je ferais de sacrées économies, si je ne venais pas vous rendre visite, ajoutai-je.

- Vous n'êtes pas sans le sou, et nous avons longuement discuté de votre augmentation de salaire, la dernière fois que nous nous sommes vues. Permettez-moi donc de ne pas me sentir coupable d'alléger quelque peu votre bourse.

Par Merlin, elle était agaçante. Mais elle avait raison – j'avais de l'argent que je ne dépensais que très peu, et, effectivement, mon entretien au British Museum avait au moins eu la conséquence positive de voir mon salaire augmenter. Est-ce que c'était parce que je le méritais, ou bien le fait que je sois une ancienne Invisible effrayait quelque peu les personnes qui statuaient sur nos salaires, je ne savais pas, mais je n'allais pas refuser un peu d'argent en plus. Surtout que, eh ! Je le méritais. Je m'occupais comme personne du catalogue du British Museum, et les connaissances que j'avais acquises chez les Invisibles me permettaient de connaître particulièrement l'histoire de tous les artefacts qu'on me donnait à référencer.

De plus, lors de mon entretien, mon responsable m'avait confié que le British Museum avait réclamé la propriété de tous les artefacts récupérés par les Invisibles, qui allaient pouvoir sortir des archives. Or, j'étais la personne toute désignée pour créer les fiches de ces artefacts. Comme j'étais la personne la plus compétente en la matière, je n'avais pas hésité une seule seconde à demander un salaire plus conséquent.

C'était la moindre des choses, après tout. J'allais vivre des moments peu joyeux lorsque je devrais me replonger dans les affaires des Invisibles, autant que j'aie une compensation financière à la hauteur de ce sacrifice.

Juste après cela, mon responsable m'avait finalement annoncé du bout des lèvres qu'il prenait sa retraite, avant de mettre rapidement fin à l'entretien, comme craignant ma réaction. Mais je n'avais pas d'avis sur la question. Je ne travaillais que de chez moi depuis le mois de décembre, et même si le nouveau responsable ne m'appréciait pas, il aurait la possibilité de ne jamais me croiser, en faisant en sorte de ne jamais me convoquer au British Museum. Définitivement, je ne craignais pas autant que j'aurais pu ce départ à la retraite. Je craignais bien plus de me replonger dans les anciennes affaires des Invisibles.

Et de présenter mes excuses aux personnes que j'avais blessées.

- Alors, Astrid ? me demanda Margaret Royalmind.

- J'ai peur, évidemment, grommelai-je. Léana Raven a un sacré caractère, et je ne suis pas certaine qu'elle accepte de me voir. Je suis encore moins certaine qu'elle accepte mes excuses, et si elle ne me pardonne pas, je m'attends à ce qu'elle me passe une sacrée soufflante… C'est en tout cas ce que j'ai pu comprendre de l'évolution de son caractère, grâce à ce que Jason Seek m'a confié.

Les cartes se mélangeaient toujours avec une régularité parfaite, me fascinant quelque peu.

- Jason Seek connaît Léana Raven dans des conditions qui n'ont rien à voir avec les conditions qui vont vous confronter à cette jeune femme, me rappela Margaret Royalmind. Quoi qu'ait pu vivre Jason Seek avec elle, cela n'atteindra jamais ce qui s'est passé entre vous et elle. Alors, arrêtez de vous imaginer tout ce qui peut se produire, et prenez les devants. Par Merlin, vous avez arrêté des mages noirs ! Vous vous êtes battue contre des vampires ! Des loups-garous ! Ce n'est pas une sorcière tout ce qu'il y a de plus normal qui devrait vous effrayer… sauf si vous n'êtes pas certaine de supporter de l'avoir déçue, bien évidemment, termina Margaret Royalmind d'un ton badin.

- Vous m'agacez.

- Je sais, vous me le répétez régulièrement, lors de nos rencontres.

- Et vous n'avez pas envie que cela change ? la provoquai-je. Que je commence à vous apprécier ?

- Bien sûr que non. Vous seriez beaucoup moins à même de vous confier comme vous le faites en ce moment si je ne vous énervais pas autant que je le fais.

Le pire, c'est qu'elle avait raison, une fois de plus.

- Très bien, marmonnai-je. Je vous promets que j'aurai écrit à Léana Raven, d'ici notre prochaine rencontre.

- Je ne suis pas certaine de pouvoir prendre votre promesse à cœur. J'ai cru comprendre que ce n'était pas votre fort, de tenir vos promesses…, se moqua-t-elle avec tact.

- Vous êtes hilarante, vous le savez ? pestai-je.

- Non, je ne le savais pas. Mais merci. Je pense toutefois que ma prochaine question va encore plus vous amuser.

Malgré moi, je me sentis intriguée, et ne pus m'empêcher de paraître curieuse de l'entendre. Elle sourit un peu plus.

- Allez-vous, oui ou non, tenir votre promesse d'aller dîner avec votre voisin ?

Je la fusillai du regard, l'amusant encore plus par ce simple regard.

.

.

.

Mélina nous offrit un verre, à Paige, Roxanne et moi, avant de se laisser tomber sur le canapé de son appartement, entre Roxanne et moi-même.

- Dites-moi que j'ai raison, et que je fais bien de refuser de fournir les Canons de Chudley, murmura Roxanne en se massant les tempes. Fred et moi avons encore eu une dispute à ce sujet, mais on ne peut pas fournir toutes les équipes de la Ligue, cela n'aurait plus aucun sens…

Mélina lui adressa un petit sourire.

- Mais est-ce que cela ne serait pas bon pour vos affaires ? s'enquit-elle.

- Mélina, je sais que tu veux que ton logo soit vu de partout, mais si on commence à s'associer à toutes les équipes, on ne va plus s'en sortir. Déjà que nous sommes associés aux Harpies alors que leur cote a sacrément baissé depuis le départ de ma cousine, qu'est-ce qu'on va dire de nous si on s'associe aux Canons, qui frôlent une nouvelle fois le bas du classement ? Non, ce serait vraiment une mauvaise image qui serait renvoyée…

- Mais Fred a sûrement envie d'accepter pour une bonne raison, tu ne crois pas ? tenta une dernière fois Mélina.

Roxanne lui adressa un regard noir, et Paige émit un petit rire.

- Moi, je me demande si Fred n'a pas perdu un pari contre Ron, votre oncle, qui l'oblige à accepter d'être sponsor des Canons, glissai-je perfidement.

Parce que, franchement, un entrepreneur sensé comme Fred ne pouvait pas vouloir s'associer avec les Canons de Chudley. C'était une image ridicule que les jumeaux renverraient.

- Astrid ! protesta Mélina, choquée de mon hypothèse.

C'était typiquement la réaction d'une personne qui n'avait pas vécu les repas familiaux des Weasley et Potter comme j'avais pu les vivre, si vous me demandiez mon avis.

- Non, attends, elle a peut-être raison, murmura Roxanne en me fixant avec des yeux illuminés. Cela expliquerait beaucoup de choses. Cela expliquerait toutes les décisions irrationnelles que prend Fred en ce moment.

- Des décisions irrationnelles ? s'étonna Paige.

Ce qui me surprenait également. Paige était une personne qui prenait des décisions irrationnelles, ou tout du moins discutables même si efficaces, mais pas Fred. Fred était plus tempéré, et voulait le succès de l'entreprise qu'il avait avec sa sœur.

- Je vous promets sur la barbe de Merlin que Fred ne prend aucune décision avec du sens, en ce moment ! Si je m'écoutais et que je lui faisais moins confiance, je dirais qu'il est toujours amoureux de Bethany Jones, qu'ils se sont remis ensemble et qu'on est à nouveau partis pour un cercle de l'enfer, grommela Roxanne.

C'était ainsi que Roxanne nommait les relations cycliques de Fred, son jumeau, et Bethany Jones – les cercles de l'enfer. Parce que cela suivait toujours la même rengaine, c'était un même schéma qui se répétait à l'infini – et qui ressemblait effectivement à un enfer vivant.

- Non, je ne crois pas que ce soit ça, la rassura Mélina.

Roxanne haussa les épaules.

- Franchement, Mélina, je ne l'ai vu distrait comme il l'est en ce moment que lorsqu'il est amoureux, et la seule femme qui continue de lui tourner autour avec insistance, c'est Bethany.

- Ou alors, il a une relation secrète, hasarda Paige.

Roxanne manqua s'étouffer avec sa Bièraubeurre en riant.

- Fred ? Avoir une relation secrète ? Je ne suis pas certaine qu'il sache ce que ce mot signifie, railla Roxanne. Je vais essayer d'avoir une discussion sérieuse avec lui, mais il faut vraiment qu'il revienne sur la terre ferme. Les Canons de Chudley…, marmonna-t-elle, dégoûtée.

- Fred sait garder un secret, tu n'avais pas su pour son histoire avec Bethany avant le jeu stupide de votre famille, rappelai-je à Roxanne. Et en réalité, vous vous cachez beaucoup de choses l'un l'autre. Tu m'as déjà dit que tu ne lui avais parlé de Timothy qu'au bout d'un mois de relation, ce qui est une éternité, pour vous deux, raillai-je.

Roxanne hésita un instant, fouillant dans sa mémoire pour se rappeler avec exactitude ce à quoi je faisais allusion.

- Non, mais il ne sait rien me cacher, persista-t-elle à dire, en toute mauvaise foi.

J'échangeai un sourire amusé avec Mélina, qui ne répondit pas à mon amusement. Elle regardait Paige, qui semblait concentrée sur quelque chose. Je me reconcentrai sur Roxanne, qui semblait avoir un grand besoin d'évacuer toutes les pensées qui lui encombraient l'esprit.

- Pourquoi les Canons ont besoin de changer de sponsor ? demandai-je à Roxanne.

- Le contrat avec les Brossdur arrive à échéance, et ces derniers sont peu enclins à les reprendre, vu leurs derniers résultats, grimaça Roxanne. Je ne me fais pas de soucis pour eux, ils rebondiront. Mais je ne veux pas qu'on soit leur choix de repli.

- Votre boutique vaut mieux que ça, confirma Paige, dans un de ses rares moments de lucidité.

Roxanne la désigna de la main, comme pour prouver qu'on lui donnait raison.

- Enfin une personne qui comprend mon point de vue ! J'ai toujours su que Paige était la plus sensée d'entre nous.

- Tu dis cela à chaque fois que quelqu'un a le même point de vue que toi, répondit distraitement Paige.

Roxanne parut confuse, et but quelques gorgées de sa Bièraubeurre pour ne pas paraître trop perdue. Paige avait toutefois raison, Roxanne aimait particulièrement lorsque nous étions en accord avec elle.

- Aucune d'entre vous ne voudrait aller lui parler pour tenter de le raisonner ? Si on a encore une seule fois cette conversation lui et moi, je suis certaine de commettre un meurtre qui me mènera à Azkaban…

- Pas la meilleure comparaison à faire en présence d'Astrid, murmura Mélina en toussant presque discrètement.

- Ah, par Merlin, c'est vrai ! grommela Roxanne. Mais, vous ne voulez vraiment pas aller lui parler ?

Paige regardait par la fenêtre, certainement pas du tout au courant que Roxanne s'adressait également à elle. Mélina et moi échangeâmes un regard qui voulait clairement dire que nous n'avions aucune envie de nous immiscer dans les disputes des jumeaux – surtout que Roxanne ne nous laisserait jamais parler à Fred d'un tel sujet sans nous surveiller, et qu'elle viendrait forcément y mettre son grain de sel.

Roxanne parut sur le point d'ajouter quelque chose, quand Mélina la coupa.

- Et si vous alliez, avec Fred, voir un match des Canons de Chudley ? Peut-être qu'il reviendra sur son idée en voyant leur niveau, et qu'il acceptera mieux que vous ne soyez pas leur sponsor et fournisseur officiel.

- J'émets quelques doutes, avouai-je en fronçant les sourcils. Fred est loin de se défaire d'une idée fixe comme celle-ci simplement en allant voir un match…

- Hum… Je n'en suis pas si sûre, murmura Roxanne. Au contraire, ça me semble être une bonne idée ! Il faut simplement que j'arrive à l'emmener à un match en disant que je suis prête à reconsidérer l'idée d'être leur sponsor… sauf que c'est Fred qui changera d'avis d'ici la fin du match. C'est du génie, Mélina !

- Oh, c'est trois fois rien, tempéra l'ancienne Préfète. J'ai simplement appris de vos plans tordus, depuis le temps…

- Nos plans ne sont jamais tordus ! s'insurgea Roxanne. Ce n'est pas de notre faute si vous ne les comprenez pas…

C'était toujours la même rengaine, de la part des jumeaux – dire qu'on ne comprenait pas leurs plans. James me disait souvent que l'humour de sa famille était incompris – il avait toutefois arrêté de me répéter cela lorsqu'en sixième année, une blague avait consisté à lâcher des ballons de peinture sur tous les élèves, dont moi, et que mes cheveux avaient pris une couleur verte. À partir de ce jour-là, il avait compris, à juste titre, qu'il valait mieux qu'il ne mêle plus son sens de l'humour à notre relation, au risque de la gâcher.

La suite des événements nous aura fait comprendre à tous les deux que ce n'était finalement pas son humour qui allait ruiner notre histoire, mais plutôt mes décisions.

- Pourquoi tu parais toute triste, Astrid ? demanda Paige.

- Non, ce n'est…

- Ah, ça, c'est quand tu remues le passé, grommela Roxanne d'un ton docte.

Le fait qu'elle me cerne aussi bien alors que nous n'avions pas eu énormément d'interactions dernièrement me surprit assez pour m'empêcher de la contredire.

- C'est le changement de direction au Département de la justice magique qui te met dans un tel état ? s'enquit Mélina. C'est vrai que Ruth Tough n'est pas réputée pour son laxisme, mais elle a toujours été juste… Je ne pense vraiment pas que tes droits magiques soient rabaissés, avec elle.

J'avais effectivement confié mes doutes à Mélina plus tôt dans la semaine, car c'était la seule personne à qui j'avais osé en parler – j'avais bien croisé James et mangé avec lui, mais j'avais craint qu'il ne prenne mal le fait que je remette en doute la nomination de Ruth Tough par sa tante, et j'avais préféré laisser le sujet de côté.

- Tough n'osera pas se positionner contre mon oncle et ma tante, me rassura aussitôt Roxanne. C'est impossible. Personne ne ferait cela, à l'heure actuelle, pas alors que la gestion des Invisibles a été considérée comme correcte par toute la presse – y compris par les journaux qui exigeaient les démissions de chaque personne qui était au courant et avait laissé l'organisation exister.

- C'est vrai que ça a été un sacré bazar, ça aussi, se rappela Mélina dans un murmure.

- La gestion des Invisibles, c'est une chose. En laisser une en liberté en est une autre, rappelai-je à Roxanne. Et si tu demandes aux sorciers, ils sont beaucoup à préférer que je reste à Azkaban…

Roxanne dégagea cet argument avec un geste ample de la main, comme si cela n'avait aucune valeur. Paige acquiesça, apparemment d'accord avec elle.

- Par Merlin, Astrid, tu n'auras jamais toute l'opinion publique de ton côté, et si tu veux être populaire, eh bien, sache que c'est fichu, avec ton passé. Mais si nous, nous avons réussi à passer outre et t'accepter à nouveau, tout le monde en est capable.

Je lui lançai un regard entendu.

- Vous m'avez acceptée parce que James ne vous en a pas laissé le choix, lui rappelai-je.

Un silence gêné plana dans le salon, et pendant quelques secondes, je crus que c'était parce que j'avais touché une corde sensible. Mais alors que même Paige semblait mal à l'aise, je compris que le problème était tout autre.

Ce n'était pas le fait que James m'ait remis dans leur groupe qui posait problème, dans ma phrase.

C'était la simple mention de James.

C'était le fait que je mentionne James, même. Je réalisai soudainement qu'à chaque moment de la soirée où le nom de James aurait pu être prononcé, Roxanne, Mélina ou Paige avait soigneusement fait dévier la conversation vers un tout autre sujet.

- Qu'est-ce qui se passe avec James ? demandai-je en plissant les yeux.

- Rien, m'assura Roxanne en agitant la baguette.

La bouteille de whisky Pur Feu vint remplir mon verre.

- Ne te gêne surtout pas pour faire le service chez moi ! s'offusqua Mélina.

- On se connaît depuis seize ans, je peux bien faire ça, non ? s'étonna Roxanne.

Je me tournai vers Paige.

- Pourquoi est-ce qu'on refuse de mentionner James ?

- Parce que ça ne serait pas une bonne chose pour ta thérapie de penser trop à lui, me répondit Paige spontanément. Surtout avec ce qui se passe dans sa vie personnelle.

Je me maudis. J'avais eu le malheur de raconter à Mélina qu'il valait mieux que je n'évoque pas tous les sujets qui me chamboulaient en même temps, et que celui des excuses, qui impliquait notamment de me replonger violemment dans mon passé d'Invisible, n'était pas compatible avec feu ma relation avec James.

De toute évidence, cette information n'était pas tombée dans l'oreille d'une sourde, et Mélina avait fait passer le message.

- En plus, le fait que tu sois témoin au mariage de Chuck a déclenché une dispute lors du dernier repas des familles Potter et Weasley, continua Paige.

- Oui, alors ça, c'était censé ne pas être rapporté à Astrid, pesta Roxanne en levant les yeux au ciel.

- Et puis, il y a…

- Rien du tout, la coupa brutalement Mélina. Rien, du, tout, insista-t-elle en fusillant Paige du regard, et en la faisant taire, cette fois-ci.

Je portai mon verre à mes lèvres.

- Je vois… J'imagine que la dispute a commencé du côté de Teddy ? demandai-je à Roxanne.

- À vrai dire, c'est Victoire qui a lancé les hostilités. Mais cela revient presque au même, finalement… Mais oublie ça, dit-elle en affichant un air bien trop nonchalant pour la situation. On fait une soirée sans hommes, ce n'est pas pour en ramener un dans nos conversations. Surtout ceux de ma famille, je les supporte depuis ma naissance, j'aimerais autant qu'on les laisse de côté, ce soir.

Je me retins de justesse de lui faire remarquer qu'elle avait commencé à parler de son frère à peine franchi le pas de la porte, et la laissai divaguer sur les derniers potins du Chemin de Traverse – Roxanne était friande de ragots, même si elle ne le reconnaissait toujours pas, des années plus tard.

Notre conversation me ramenait des années en arrière, lorsque nous étions dans notre dortoir, et que Roxanne nous racontait les derniers ragots qu'elle avait entendus grâce à son frère et son cousin – c'était grâce à elle qu'on avait appris que Stiles Stuart n'était pas intéressé par les Serdaigle, mais uniquement par une Serdaigle, moi en l'occurrence. C'était aussi grâce à elle qu'on avait appris que tous les garçons de l'école, ou presque, avaient reconnu que Mélina était la plus jolie fille de Poudlard – ce qui n'avait pas changé depuis, à la différence qu'elle l'était de tout le Chemin de Traverse, à présent. Ces longues discussions m'avaient manqué, et malgré l'absence, par moments, de naturel lorsque leurs regards se posaient sur moi, j'étais heureuse d'avoir retrouvé un semblant de relation amicale avec elles. J'avais conscience, évidemment, que je devrais leur présenter des excuses, comme à tant d'autres personnes, en bonne et due forme. Mais pour le moment, je profitais de cette ambiance, à nous quatre, sans personne pour nous juger, ou, plutôt, pour me juger. Cela faisait trop longtemps que je n'avais pas eu le droit à un moment de tranquillité.

.

.

.

"Peux-tu venir me voir dès que possible ?"

La missive était courte, le ton pressant. Il y a un an de cela, j'aurais dit à Harry Potter que le fait qu'il ait libéré la communauté sorcière de Voldemort ne l'empêchait pas d'utiliser les normes de politesse, mais aujourd'hui, j'avais l'esprit bien trop déchiré par toutes les facettes de mon histoire pour lui répondre avec cette verve qui m'avait caractérisée ces dernières années.

Alors, j'avais simplement accédé à sa requête aussitôt celle-ci reçue.

Je réalisai à présent, alors que je poussais le portillon des Potter, que ce n'était pas normal que Harry me convoque ainsi, en dehors de son bureau. Si c'était urgent et que cela me concernait en tant qu'Invisible, je devais être convoquée au ministère de la Magie. Si c'était urgent et que cela touchait à un aspect de ma vie privée, pourquoi est-ce que Harry n'aurait pas fait le déplacement jusqu'à chez moi ? Je me figeai en me demandant soudainement dans quoi est-ce que le chef des Aurors m'embarquait.

Leur porte d'entrée s'ouvrit magiquement à mon approche, comme à chaque fois. Cette fois, leur hibou n'était pas venu me saluer. Cela pourrait paraître dérisoire, mais cela me fit plus peur que je ne voulais bien l'admettre. Où Fancy pouvait-il être ? Pourquoi est-ce que sa présence, rassurante à sa manière, n'était pas là pour moi aujourd'hui ?

J'entrai dans la maison des Potter, et croisai rapidement Ginny, dans leur salon, qui me salua aussitôt.

- Comment vas-tu ?

Je haussai les épaules.

- Plutôt bien… Et toi ?

Elle désigna la cuisine où j'entendais de nombreux ustensiles qui s'entrechoquaient, préparant le repas du midi. J'en salivai immédiatement, et elle m'adressa un regard d'excuse.

- Je t'aurais bien proposé de rester, mais mes deux fils viennent manger avec nous ce midi, et…

- James et moi n'allons pas partager un repas à votre table, cela va de soi, terminai-je rapidement. Je ne venais pas pour cela de toute manière. J'ai reçu une lettre de Harry…

Plus j'y pensais, et plus cette convocation me paraissait étrange.

- Il t'attend à l'étage, me dit-elle avec un léger sourire.

Ce simple sourire me tranquillisa un petit peu. Si Ginny souriait, c'est que tout allait bien. Je n'avais pas besoin de m'inquiéter.

Sauf que…

Je m'inquiétais tout de même. Ou, plutôt, réalisai-je en montant les escaliers, je changeais de comportement.

Je me redressai, et pris une respiration plus profonde, plus calme, plus apte à l'action.

Si Harry me convoquait à l'étage de sa maison, c'est que cela touchait un dossier qu'il avait dans son bureau.

Un dossier qui me concernait, forcément.

Un seul dossier pouvait être de cet acabit.

Le dossier des Invisibles.

Et alors, lentement, perfidement, la graine des Invisibles sortit de la terre en jachère dans laquelle elle était plantée, et commença à pousser, comme si elle avait subi un sortilège d'Engorgement.

Petit à petit, je reprenais des réflexes que j'avais oubliés. Que je devais oublier. Que je devais enfouir, que je devais reléguer à mon passé, qui ne devaient plus appartenir à ma routine.

Que je ne devais pas retrouver avec autant de facilité.

Qui ne devaient pas être aussi naturels pour moi.

J'arrivai devant la porte du bureau de Harry, et la porte fermée ne me sembla pas être un bon présage. Je toquai rapidement.

- Entre.

D'une main ferme, j'ouvris la porte du bureau, que je refermai immédiatement derrière moi.

Je n'étais rentrée que peu de fois dans ce bureau, malgré le fait que James et moi nous soyons remis en couple un certain temps. C'était ici que Harry travaillait sur certaines affaires critiques, ou qu'il conservait des ouvrages sur la défense contre les forces du Mal.

Étant une ancienne Invisible, et ne devant pas me mêler à tout ce qui avait trait à la sécurité et la justice de la communauté sorcière, je n'avais que peu de raisons d'entrer dans ce bureau. Je l'avais visité, mais c'était tout.

Harry fronça les sourcils en me voyant. Quelque chose dans mon attitude devait lui déplaire – certainement le fait que je maintienne une certaine distance entre lui et moi, comme je l'aurais fait si j'étais encore une Invisible.

Il fallait que je me reprenne, et que je sois plus raisonnable. Il fallait que je me souvienne que j'étais toujours Astrid Smith, et que cela ne devait pas changer.

- Tu voulais me voir ? lui demandai-je en guise de salutations.

Il hocha la tête, et me désigna le fauteuil de l'autre côté de son bureau. J'y pris place, et vis qu'une tasse de thé avait déjà été préparée pour moi. J'hésitai à la saisir, mais je n'eus pas le choix – elle lévita jusqu'à moi, et je la réceptionnai doucement.

- Merci d'être venue aussi rapidement, me dit Harry. J'imagine que cela a dû te surprendre.

- C'est le moins qu'on puisse dire, avouai-je en levant un sourcil intrigué.

Cela ressemblait à une convocation officielle, alors qu'il n'avait aucune raison de le faire. J'étais pour le moins intriguée.

Harry agita sa baguette magique, et un dossier vint le rejoindre sur son bureau. Il croisa les mains au-dessus des parchemins, et me regarda droit dans les yeux.

- J'ai deux informations à te communiquer, me prépara-t-il.

Je retins ma respiration. Je craignais de plus en plus ce qu'il souhaitait m'annoncer. Pourquoi prenait-il autant de temps à me prévenir ?

- La première, c'est qu'un corps a fini par revenir à la surface. Dans le comté du Yorkshire. Là où…

- Camille et Dylan sont morts, achevai-je d'une voix sourde. Lequel ?

- Dylan.

Ce qui signifiait que le corps de Camille n'avait toujours pas été retrouvé. Mais pourquoi ? Ma respiration se fit haletante, je perdis quelque peu mes repères, me demandant pourquoi est-ce que mon passé resurgissait toujours au pire moment. Je commençais à me sentir mieux, et voilà que Harry me reparlait de Dylan. Je n'étais pas une Psychomage comme Margaret Royalmind, mais je n'étais pas stupide au point de penser que cela n'allait pas avoir des conséquences sur mon mental.

- Nous pensions que le corps de Camille allait réapparaître également, mais pour le moment… Rien, m'annonça Harry d'une voix qui me parut être à des dizaines de kilomètres de moi, alors que seul un bureau nous séparait. Nous continuons de surveiller la zone.

J'étais perdue. Je haïssais Camille, pour énormément de raisons, et même s'il avait su se faire apprécier d'une certaine façon, je n'étais pas prête à lui pardonner son comportement lorsque nous travaillions ensemble.

Pour autant, ne pas pouvoir lui rendre un hommage comme il était d'usage de le faire en tant qu'Invisibles, parce que son corps n'avait toujours pas été retrouvé, me paraissait particulièrement injuste, et je haïssais Dylan de me prendre cela, en plus de tout ce qu'il m'avait déjà pris.

J'étais furieuse, évidemment, mais aussi complètement perdue.

Je me rappelai soudainement que Harry avait fait mention de deux informations à me communiquer. Je repris contenance, notai qu'il s'inquiétait de mon silence, et lui fis signe, d'un simple signe de tête, qu'il pouvait poursuivre, que j'étais prête à entendre ce qu'il voulait me dire à présent.

Il prit une profonde inspiration, regarda les parchemins qu'il avait sous les mains, puis plongea ses yeux dans les miens.

- Je sais que je t'ai posé cette question plusieurs fois ces derniers mois, la dernière fois, c'était dans mon bureau au ministère, mais je dois te la poser encore une fois.

- Vas-y…, l'encourageai-je.

- As-tu eu des nouvelles de Cassy Jump ?

J'étais à cran avec la nouvelle qu'il venait de m'annoncer, aussi, ma réaction exacerbée ne se fit pas attendre.

- Sérieusement ?! m'énervai-je. Non ! Combien de fois est-ce que je dois te le répéter ? Quand est-ce que tu finiras par me croire ? Merde, Harry, que tes collègues doutent de moi, c'est une chose, mais je croyais que tu m'avais à nouveau accordé ta confiance ? Si tu ne me crois pas, arrête de vouloir être sympa avec moi !

- Calme-toi, Astrid, je ne…

- C'est toujours pareil, personne ne veut jamais me faire de la peine, ou être blessant, mais vous finissez toujours par l'être !

- Astrid ! s'agaça-t-il à son tour. Arrête ça, et écoute-moi.

- Et si je n'en ai pas envie ? répliquai-je dans une imitation parfaite de moi en tant qu'Invisible.

Son visage se ferma, et ses yeux verts prirent une teinte bien plus sombre qu'à la normale. Je serrai la mâchoire, pas impressionnée pour une Noise – il m'en fallait bien plus, surtout lorsque j'étais survoltée comme je l'étais à présent.

- Très bien…, marmonna Harry. Très bien. Regarde ça.

Il voulait sûrement me préparer à ce que j'allais voir, mais étant donné mon état d'esprit, et le fait que j'aie réagi avec autant de verve, j'avais réussi à le faire changer d'avis.

Harry lança presque avec violence les parchemins et photos qu'il avait dans les mains pour qu'ils atterrissent devant moi, et ceux-ci s'arrangèrent magiquement pour être disposés face à moi de manière à ce que je puisse les lire clairement et lisiblement en un seul coup d'œil.

Mais je n'avais pas besoin de lire les parchemins.

J'avais simplement besoin de jeter un œil aux photos.

Même sans le tatouage, je l'aurais reconnue.

C'était une Rapace Nocturne, et une haut placée, étant donné que son tatouage était sur son bras droit.

Elle et moi nous étions déjà croisées, alors que j'étais sur une affaire d'Invisible. À l'époque, je devais repérer un vampire qui semait le trouble dans le monde Moldu, sous l'impulsion d'une Rapace Nocturne – cette femme, en l'occurrence. Un jour, alors que j'avais le choix entre filer le vampire pour l'identifier auprès de sa communauté, ou la suivre elle pour tenter d'arrêter une Rapace Nocturne, j'avais pris une des plus difficiles décisions qu'une Invisible puisse prendre. J'avais décidé de laisser tomber la trace de la Rapace Nocturne, et préféré suivre le vampire, qui faisait alors des ravages. Il avait déjà été vu par trop de Moldus.

Je n'avais plus jamais croisé cette Rapace Nocturne, mais elle m'avait laissé en souvenir la cicatrice que j'avais sur la joue droite, le seul échange magique que nous ayons eu, avant que je ne décide de poursuivre le vampire.

Je détestais cette femme du plus profond de mon être – parce qu'elle m'avait échappé, parce qu'elle était une Rapace Nocturne, parce qu'elle avait fait du mal à la communauté vampire.

Sur le moment, en la reconnaissant, je n'avais pas réalisé ce qui me choquait dans ces photos. L'angle du corps n'était pas normal, quelque chose n'allait pas, sans que cela ne me dérange réellement, comme si j'avais déjà eu l'habitude de voir des photos où les corps ne formaient pas les angles qu'ils devraient former.

Et puis, soudain, la question de Harry, qui me demandait une nouvelle fois si j'avais eu des nouvelles de Cassy, prit tout son sens.

Cassy était surnommée la Mante Religieuse pour deux raisons.

La première, parce qu'elle marquait toujours les Rapaces Nocturnes qu'elle neutralisait en leur apposant un tatouage de mante religieuse, mobile, à côté de leur tatouage de Rapace.

La deuxième, parce qu'elle décapitait les Rapaces Nocturnes qu'elle tuait.

C'était cela, qui me gênait sur les photos, sans que je ne réalise immédiatement pourquoi – après tout, j'avais étudié les dossiers de Cassy des dizaines de fois, j'avais eu l'habitude de voir des corps décapités.

C'était le fait que la tête ne soit pas rattachée au corps qui donnait un aspect aussi étrange aux photos. Mais cela ne voulait pas dire que c'était Cassy, n'est-ce pas ? Rien ne le prouvait. D'autres personnes pouvaient décapiter des Rapaces Nocturnes, après tout. Les Rapaces Nocturnes n'avaient pas que des amis, ils pouvaient mourir de manière horrible sans que les Invisibles ne soient liés à leur mort.

Je déglutis, et, pour vérifier ma théorie – même si je savais, au fond de moi, qu'elle était vraie – je pris une photo qui faisait un gros plan du tatouage de la Rapace Nocturne, et je me mis à mordiller nerveusement ma lèvre inférieure.

- Oh, Merlin, soufflai-je.

Il y avait un deuxième tatouage, mobile.

Qui représentait une mante religieuse.

Le surnom de Cassy.

La marque qu'elle apposait aux Rapaces Nocturnes qu'elle capturait, pour leur signifier qu'ils n'étaient pas les seuls à laisser des tatouages aux autres.

Cassy avait été réhabilitée au Mali. Elle pouvait se promener dans son pays natal comme elle le souhaitait, se moquant de ses anciens collègues Aurors, qui avaient été ceux qui l'avaient poussée à commettre les pires horreurs, et la faisant devenir une Invisible. Elle avait eu sa vengeance en leur échappant, en les empêchant de l'emprisonner. Elle aurait pu retourner au Mali, y vivre une vie tranquille. J'étais, dans un coin de ma tête, persuadée qu'elle n'était pas à Bamako parce qu'elle avait préféré s'installer dans un coin tranquille du Mali, sans voisin – après avoir vécu des années durant en tant qu'Invisible, après des années à Azkaban, vivre au milieu de la foule pouvait être anxiogène, j'en savais quelque chose.

Sauf que cette photo, récente, prouvait que mon idée était totalement fausse. Cassy n'était pas au Mali.

Cassy avait croisé une Rapace Nocturne, et l'avait tuée. La décapitation et le tatouage ne laissaient la place à aucun doute.

- Merlin, Cassy… Qu'est-ce que tu es en train de faire ? murmurai-je pour moi-même.

Pendant un bref instant, j'avais oublié que je n'étais pas seule. Le raclement de gorge de Harry me rappela à l'ordre. Je papillonnai des yeux, et détachai difficilement mon regard des photos, me concentrant sur le chef des Aurors.

- C'est ce que nous nous demandons, m'apprit Harry.

- Nous ? relevai-je en posant la photo rapidement.

- Les chefs des Aurors des autres ministères de la Magie du monde.

Je croisai les bras sur ma poitrine, nerveuse de ce que Harry souhaitait me dire, sans réussir à le formuler correctement. Je sentais bien que quelque chose n'allait pas, et qu'il évitait au maximum de m'annoncer ce pourquoi il m'avait convoquée ici, et non pas au ministère de la Magie directement.

- Astrid, si je t'ai fait venir ici, en dehors du ministère, c'est pour te demander une faveur.

Il avait l'air las de la personne qui se faisait le messager des mauvaises nouvelles. Mais que pouvait-il m'annoncer de mauvais ? Il venait déjà de me dire que le corps de Camille n'avait toujours pas été retrouvé, et que Cassy, de toute évidence…

Tiens, que faisait Cassy, exactement ?

- Qu'est-ce que tu tiens tant à me demander ? questionnai-je Harry.

- Je sais que, même si tu n'es plus une Invisible, tu leur restes très loyale…

Je me tendis à la mention de ma loyauté. Si Harry commençait à argumenter sur mon appartenance aux Invisibles, la suite de la conversation n'allait définitivement pas me plaire, pas la peine d'avoir le troisième œil pour le comprendre.

- Mais j'ai besoin de savoir où sont les cachettes de Cassy.

Je me détendis instantanément, et ne parvins pas à retenir un bref rire, surprenant Harry par ma réaction.

- Harry, Cassy était une des Invisibles les plus discrètes sur sa vie. Jusqu'à l'année dernière, je savais seulement que son surnom était la Mante Religieuse, et les raisons qui lui avaient valu ce surnom, parce qu'elle en était extrêmement fière. Rien de plus. Je ne connais aucune de ses planques, à part celle dont je t'ai parlé en juillet dernier, et où elle nous a conduits, Camille et moi. Mais c'est tout. Je ne sais rien d'autre de sa vie, et tu ne devrais pas chercher à en savoir plus, toi non plus.

Harry fronça les sourcils.

- C'est là où nos opinions divergent, me dit Harry Potter. J'ai au contraire besoin d'en savoir plus sur Cassy, afin de pouvoir la doubler.

- La doubler ? m'étonnai-je. La doubler sur quoi ? Harry, c'est une Invisible en fuite, de toute évidence, et tu es un Auror, soumis à la loi et aux ordres de ta ministre ! Te mesurer à elle est stupide.

Je ne voyais pas en quoi Harry pouvait vouloir doubler Cassy. Rien qu'imaginer cette configuration me paraissait stupide. Harry devait perdre l'esprit, je ne voyais rien de plus.

- Tu ne comprends pas, Astrid. Cassy avait obtenu l'absolution au Mali. Si elle se remet à chasser des Rapaces Nocturnes, cela signifie que le programme de réinsertion des Invisibles tombe à l'eau, et cela te concerne directement.

Je sentis mon estomac se tordre. Je n'avais effectivement pas pensé à cela, et le fait que Cassy puisse influer sur ma réinsertion me posait problème. S'il y avait peu de chances que je reparte à Azkaban car, après tout, j'avais purgé ma peine, rien n'empêchait en revanche de revenir sur les droits qui m'étaient octroyées, et mes libertés pouvaient être restreintes, tout comme mes déplacements.

Ou les actes magiques que j'étais autorisée à pratiquer.

- Attends, elle a aussi pu tomber sur cette Rapace Nocturne de manière fortuite, et…

Harry secoua la tête. Un parchemin s'agita sous mes yeux, et je le parcourus.

C'était une lettre manuscrite, et je reconnus sans problème l'écriture de Cassy – nous avions travaillé ensemble à de nombreuses reprises, et j'avais déjà pu lire les rapports qu'elle avait rédigés.

Dans cette note, elle indiquait qu'elle était bien la personne qui avait assassiné cette Rapace Nocturne. C'était complètement dingue. Pourquoi écrivait-elle cette information, pourquoi la diffusait-elle ?

- C'est insensé, marmonnai-je.

- Astrid, je me dois d'insister. Tu n'as eu aucun contact avec Cassy ? Tu ne savais pas ce qu'elle comptait faire ? Tu ne lui as pas parlé du lieu où tu as été kidnappée, elle n'a pas pu s'y rendre pour lire les noms des invités, sur les cartons d'invitation ?

- Bien sûr que non ! m'insurgeai-je. Harry, par Merlin, qu'est-ce qu'il faut que je te dise pour que tu prennes la peine de me croire ?! m'exclamai-je. Je n'ai pas pu faire tout ça, j'étais en état de choc ! lui rappelai-je. Je n'étais pas en état de préparer quoi que ce soit, de contacter Cassy, ou qui que ce soit d'autre.

Harry me sonda du regard longuement, cherchant certainement une trace de mensonge dans mes yeux. Quand il ne trouva rien, il soupira, et hocha lentement la tête.

- Je te crois. Mais je devais m'en assurer, encore une fois. Désolé de mettre ta parole en doute. C'est que nous ne comprenons pas comment Cassy Jump a pu trouver le lieu où tu étais kidnappée, s'y rendre, et récupérer les noms des invités aussi rapidement, alors qu'elle était, selon nos sources, en route pour le Mali. À moins qu'elle n'ait envoyé quelqu'un au Mali, avec une potion de Polynectar qui contenait un cheveu d'elle, pour que cette personne donne l'illusion qu'elle avait quitté le territoire britannique, alors que Cassy était toujours présente ici, à la recherche des noms des Rapaces Nocturnes prêts à rejoindre Dylan…

- Mais pourquoi es-tu persuadé qu'elle veut partir à leur recherche ?

Harry me désigna un autre parchemin qui s'agitait. Je pris le temps de lire ce que Cassy avait écrit.

Elle disait avoir les noms des dix-sept Rapaces Nocturnes qui voulaient rejoindre Dylan. Si on excluait les deux tués par Camille le jour où j'avais failli être liée à jamais à Dylan, ainsi que celle qu'elle venait d'assassiner, il en restait encore quatorze, et elle se faisait le devoir de les éliminer. Elle n'aurait de repos que lorsqu'elle aurait terminé cette dernière mission. Les Invisibles ne pouvaient se terminer tant que des Rapaces Nocturnes étaient en liberté.

Je me mordis la lèvre, nerveuse. C'était à cause de moi que des noms de Rapaces Nocturnes circulaient, mais c'était Cassy toute seule qui était partie à leur poursuite. Je me sentais coupable.

Et j'étais aussi grandement excitée.

Et puis, soudainement, je me souvins de ce que Harry m'avait dit quelques minutes plus tôt. Et avant que je ne puisse l'en empêcher, avant que la raison ne prenne le pas sur la rage, je me mis en colère.

- La doubler ? sifflai-je. Tu veux doubler Cassy ? Quand tu dis que tu veux la doubler, ce n'était pas pour l'arrêter, mais pour arrêter les Rapaces Nocturnes à sa place ? Dis-moi que c'est une plaisanterie, Harry…

Il ne répondit rien, confirmant par son silence ce que je redoutais au fond de moi.

- Par Merlin, t'es stupide ou quoi ?! m'exclamai-je.

Je ne m'étais pas encore levée, mais cela n'allait pas tarder. Harry ne pouvait pas faire cela. Ce n'était pas possible.

Il n'allait pas se lancer à la poursuite des Rapaces Nocturnes. Il ne pouvait pas me faire cela, pas à moi. Pas après tout ce qui s'était passé.

- Je te l'ai dit. Nous devons empêcher Cassy Jump de poursuivre les Rapaces Nocturnes, afin de garder sous contrôle la réinsertion des Invisibles. Pour cela, il faut que ce soit des instances légales qui stoppent les Rapaces Nocturnes…

Harry avait fait mention des autres chefs des Bureaux des Aurors du monde entier, je m'en souvins soudainement.

- Jamais le ministère ne te laissera faire cela ! Et si le ministère l'accepte, la ministre, elle, refusera cette opération ! tempêtai-je.

Hermione Granger-Weasley était une femme sensée et, surtout, elle était la meilleure amie de Harry Potter. Elle savait qu'il était assez têtu pour ne pas faire attention à lui dans une telle mission, et être blessé gravement – voire mortellement. Elle n'avait pas la folie nécessaire pour le laisser se lancer dans une telle opération.

Sauf que je me trompais lourdement en pensant cela.

Il m'adressa un regard entendu.

- Hermione a accepté ? Ta meilleure amie a accepté que tu partes dans une quête insensée, qui va te mettre en danger de mort ?!

- C'est plus compliqué que cela, Astrid, et…

Cette fois, ma colère dépassa les dernières barrières de raison que mon esprit avait érigées.

- Ce n'est pas compliqué ! hurlai-je en tapant du poing sur la table. Ce sont des Rapaces Nocturnes ! Tu n'as pas idée de ce que cela représente, Harry ! Je les ai combattus, à plusieurs reprises ! J'y ai perdu beaucoup de choses ! Ma capacité à être enceinte, une partie de mon humanité, mes propres parents !

- Astrid, est-ce que tu peux te ca…

- Me calmer ? Te fous pas de moi, Harry, ne me demande pas de me calmer alors que tu m'annonces que tu veux partir à la chasse aux Rapaces Nocturnes !

Je me levai violemment, et me mis à marcher nerveusement dans le bureau de Harry. Je le fusillai du regard, avant de me planter devant lui, les mains crispées sur le dossier du fauteuil que je venais de quitter.

- J'ai perdu ma famille à cause des Rapaces Nocturnes !

- Astrid, attends un…

C'en était trop. Le fait qu'il tente de me raisonner alors que lui-même se comportait de manière irraisonnable fit disparaître toute mon envie de poursuivre cette conversation dans le calme et la retenue. Moi qui cherchais des moyens de me disputer avec tout le monde, moi qui cherchais le conflit et avais du mal à le trouver à présent que je n'étais plus avec James, j'avais à présent la possibilité de me défouler sur son père.

Et je n'allais pas me priver de m'exprimer en grande pompe.

- Je n'attends rien du tout ! m'exclamai-je en me mettant à faire les cent pas dans son bureau.

Il dut sentir que j'étais sur le point de craquer. Il inspira profondément, comme pour se calmer et m'insuffler son calme.

- Astrid, écoute-moi.

Je le fusillai du regard, nerveuse. Je marchai avec colère dans son bureau, sachant par avance que je n'allais pas réussir à me contenir. Ma part d'Invisible avait pris le dessus. Elle avait fait taire mon côté Astrid Smith. Je n'étais plus qu'une Invisible, qui ne comprenait aucune des décisions du ministère de la Magie. J'avais perdu tout sens commun, tout lien avec la communauté sorcière.

Et cette rupture était d'autant plus violente qu'elle était causée par une personne que j'avais appris à apprécier.

- Va te faire voir, Harry !

Il leva les mains pour m'apaiser – sans succès. Je pointai un doigt colérique sur lui.

- Si c'est pour me convoquer pour me demander des informations sur une Invisible pour te lancer à sa recherche ? Va te faire voir ! Si c'est pour me demander comment combattre des Rapaces Nocturnes parce que tu comptes te lancer à leur poursuite ? Va te faire voir ! Je ne vais pas te donner les clefs pour te faire assassiner !

- Je ne compte pas…

- Pas mourir ? Ouais, je connais la rengaine ! Je connais une dizaine d'Invisibles qui m'ont dit la même chose, avant de mourir sous mes yeux ! Tu veux la gloire ? T'as déjà une cicatrice en forme d'éclair sur le front pour ça ! Tu veux des tatouages avec des nombres, pour prouver que toi aussi tu les as affrontés ?

Je relevai mes manches en lui disant cela, dénudant le cent trente-sept et le cent quatre-vingt-huit dont j'avais hérités en étant passée à deux reprises entre les mains des Rapaces Nocturnes.

- C'est ça, que tu veux ? Des chiffres, comme un vulgaire boursouf d'élevage ? Après, il y a d'autres nombres, mais ceux-là, je ne les ai pas, ce sont ceux réservés aux Invisibles qui sont morts ! Tu me tiendras au courant, pour l'enterrement, que je sache si tu auras le droit à un tatouage, même si tu n'étais pas un Invisible !

- Astrid, est-ce que tu peux parler moins fort ?

- Pourquoi ? m'exclamai-je en levant les bras au ciel. Tu as peur que Ginny t'entende ? Parce que tu n'as sûrement pas dit à ta femme que tu voulais chasser les Rapaces Nocturnes ? Il fallait assumer de prendre cette décision complètement conne ! Je ne comprends pas qu'Hermione soit d'accord ! Par Merlin, tu es père de famille ! Ce n'est pas pour rien que les Invisibles n'ont pas de famille, ils n'ont rien à perdre parce que le risque est trop grand !

Je lui tournai le dos, et sortis du bureau avant qu'il n'ait le temps de verrouiller la porte. Je dévalai les escaliers, lui sur mes talons. Ginny, les yeux écarquillés, nous vit débouler, moi complètement hystérique, Harry complètement dépassé par mon attitude. Harry lui adressa un bref regard pour la rassurer.

La belle affaire. Comme si ses regards et ses promesses non dites à sa femme allaient lui être d'une quelconque utilité devant des Rapaces Nocturnes.

- Et c'est parce que j'ai tout à perdre que je ferai attention, Astrid, tenta de me rassurer Harry.

Je ris, nerveusement, avant de poser un regard froid et vide sur lui. Je le vis trembler légèrement, et sa mâchoire tressauta, comme s'il savait qu'il avait franchi un point de non-retour.

- J'avais pas prévu de perdre ton fils, la dernière fois. Des fois, entre ce qu'on prévoit et ce qui se passe réellement, il y a une grande différence.

Harry jeta un œil derrière moi. Il me semblait de plus en plus nerveux, mais je m'en moquais éperdument. Je ne voulais pas qu'il se sente bien, ou en terrain conquis. Je voulais qu'il réalise que ce qu'il s'apprêtait à faire n'avait aucun sens.

- Astrid, s'il te plaît, me supplia-t-il. Allons terminer cette conversation dans mon bureau.

- Non, Harry. La première fois que je suis entrée là-haut, tu m'as dit que c'était uniquement pour les personnes proches. Pour les membres de ta famille. Et je n'en fais plus partie.

- Nous t'avons déjà dit que…

Je le coupai immédiatement.

- Que le fait que James ait rompu avec moi ne signifiait pas que je n'appartenais plus à votre famille, je m'en souviens. Mais si tu décides de poursuivre les Rapaces Nocturnes, je n'ai pas d'autres choix que de couper les liens entre nous, Harry. Je ne prends pas le risque de rester proche d'une personne qui met sa vie en danger avec les Rapaces Nocturnes, pas après tout ce que cette organisation m'a pris.

- Astrid…, tenta Harry en faisant un pas vers moi.

Je secouai la tête.

- Non.

Je tournai les talons, pour adresser un au-revoir que j'imaginais définitif à Ginny, et réalisai alors qu'elle fixait son mari d'un regard triste – et agacé, également. Je ne doutai pas un seul instant que Harry allait passer un moment désagréable, suite à mon départ.

Sauf que je n'avais pas la force de faire mes adieux à la famille Potter.

Alors, comme toute Invisible qui se respectait, je partis sans un au-revoir.

.

.

.

Je tournais dans mon appartement comme une chimère en cage. J'étais survoltée depuis que j'étais partie de chez les Potter, et j'avais envie de casser un nombre incroyable de choses, comme lorsque j'avais appris que j'étais devenue stérile.

Harry voulait se lancer à la chasse aux Rapaces Nocturnes ?

Très bien, qu'il essaie.

Cassy était déjà sur leur piste. Et si elle recevait de l'aide, elle serait encore plus rapide. Assez rapide pour que Harry ne s'approche jamais d'eux.

- Tu prépares une connerie…

- Oh, toi, encore une fois, ferme-la, je ne te demande pas ton avis ! m'exclamai-je à l'attention de l'horloge.

Qui ne se gêna pas pour me lancer encore quelques remarques bien senties, mais j'étais trop enfoncée dans mes propres pensées pour réellement l'entendre.

- Putain, j'ai rien en plus…, marmonnai-je en reposant une fiole qui ne contenait rien d'utile.

- Tu prépares vraiment une connerie !

Je fouillai dans mes placards, ravie de constater qu'aucun Épouvantard ne s'y trouvait cette fois. Je n'étais pas certaine que j'aurais eu la volonté de ne pas lancer un sortilège pour le chasser, et étant donné que ce simple sort pouvait me valoir un séjour à Azkaban, il valait mieux éviter.

Cela allait contrarier mes plans.

Il fallait que je réfléchisse correctement. Qu'est-ce que j'avais, ici, dans mon appartement, qui m'avait été légalement donné et dont je pourrais me servir ? Pas grand-chose, mais pas grand-chose pouvait devenir beaucoup, lorsqu'on savait s'en servir.

Même si le ministère de la Magie m'avait autorisé des achats de plantes et d'ingrédients qui, mélangés entre eux, ne devaient pas former de potions puissantes, peut-être que je pourrais, en la jouant finement et en passant par le marché noir, réussir à les rendre efficientes comme je le désirais.

Je me mordis la lèvre inférieure, hésitant sur la marche à suivre.

Puis, je me décidai.

J'ouvris un placard, en sortis un sac à dos.

- Tu fais une connerie ! me dit une nouvelle fois l'horloge.

Je me tournai vers elle, en colère.

- Et alors ? Qu'est-ce que ça peut te faire ?! Tu auras la paix, et tu ne pourras plus me voir faire des conneries, alors laisse-moi faire celle-ci, et ne t'en mêle pas, putain ! T'étais pas censée me faire la morale, lorsque je t'ai donné la parole !

- Ah ouais ? Pourtant, c'est ce que je n'ai pas arrêté de faire depuis le début, tu t'es sûrement plantée sur ton sortilège de création…

Je la menaçai de la pointe de ma baguette.

- Fais attention à ce que je ne t'envoie pas un nouveau sortilège, grondai-je.

- Tu ne peux pas, t'en as pas le droit.

Elle avait raison, et je n'allais pas risquer de voir débouler les agents du ministère de la Magie juste parce que je me décidais à faire taire mon horloge – cela n'en valait définitivement pas la peine.

- Au point où j'en suis, ça ne me dérangerait pas, grommelai-je toutefois.

- T'es intenable…

Alors que j'allais répliquer, on frappa à ma porte. Je lâchai une flopée de jurons, détestant qu'on me contrarie une nouvelle fois dans mes plans, alors que j'avais mieux à faire en ce moment. J'hésitai un instant, mais les coups se firent plus insistants. J'allai à la porte, dissimulant avec soin ma baguette magique.

Derrière la porte se tenait James.

Un James nerveux, anxieux, le regard fuyant, les traits tirés, l'air inquiet.

- Salut, euh…

Il se passa une main dans les cheveux.

- Je peux rentrer ? demanda-t-il en désignant l'appartement.

Je pensai à mon appartement dont j'avais ouvert toutes les portes de placards, et où se trouvait un sac à dos en évidence. James risquait de se douter de ce que je voulais faire, et je n'avais pas envie de cela. Pas alors qu'il s'adressait à nouveau à moi, pas alors qu'il semblait apprécier le temps passé en ma compagnie. Je ne voulais pas qu'il sache que moins d'un an après l'avoir déjà fait, j'étais à nouveau prête à partir sur les traces des Rapaces Nocturnes, sans prévenir personne.

Choquée, je réalisai alors ce que j'avais été sur le point de faire.

J'avais été prête à repartir sur les traces des Rapaces Nocturnes. Comme cela, après une simple discussion avec Harry – une discussion houleuse, certes. Mais une simple discussion.

J'aurais dû être passée au-dessus de cela, j'aurais dû être en capacité de prendre une décision de ce genre après réflexion, pas en un claquement de doigts.

- Écoute, j'ai discuté avec mes parents, et… J'ai besoin de parler avec toi, Astrid.

Parfait. Donc, James savait ce qui s'était produit chez les Potter en fin de matinée. J'espérais simplement que ses parents n'avaient pas rapporté tout ce que j'avais dit, qu'ils avaient eu la délicatesse de ne pas répéter mot pour mot ce que j'avais lancé à Harry.

J'étais sûrement encore trop perturbée par ce que je venais de comprendre sur moi-même. En tout cas, lorsque James me poussa délicatement pour entrer dans mon appartement, je n'arrivai pas à l'en empêcher. Il se mit à faire les cent pas, comme moi dans le bureau de son père, quelques heures auparavant.

- Je veux dire… Mon père, sur les traces des Rapaces Nocturnes ! On est d'accord, c'est complètement insensé ?

- Je… James, écoute, c'est…

- Mince, toi, t'as été formée pour les chasser, et si tu lui dis que c'est dangereux, c'est que ça l'est ! Ces types sont complètement fous ! Ce n'est pas la mission des chefs des Aurors ! Parce qu'apparemment, tous les chefs des Aurors sont prêts à suivre mon père, ou presque ! Ils vont être une dizaine à lancer des opérations contre les Rapaces Nocturnes…

James, trop nerveux et perdu, ne voyait pas le désordre dans mon appartement. Je poussai un petit soupir de soulagement et, du talon, je refermai les portes des placards dont je m'approchais.

Je n'avais pas le droit aux sortilèges informulés en présence d'autres sorciers, et je ne pouvais pas refermer tous mes placards silencieusement, aussi, je priai Merlin pour que James ne réalise pas ce qui était sur le point de se produire avant qu'il ne pénètre dans mon appartement.

- Je sais que la femme Invisible…

- Cassy, lui rappelai-je.

- Ouais, peu importe, je sais que c'était une proche de toi…

- Comme tous les Invisibles.

Mis à part Camille, mais c'était un cas à part.

- À part l'Italien, me rappela James.

Je hochai la tête.

- C'est nul, vraiment nul qu'elle ne prenne pas la peine de se poser au Mali, mais si elle a besoin de repartir sur cette mission, est-ce que… les Aurors ne devraient pas la laisser faire cela ? me demanda James.

Il attendait clairement une réponse de ma part, et je ne me voyais pas lui faire l'affront de rester silencieuse alors qu'il semblait sur le point de paniquer totalement.

- Elle est plus à même d'arrêter les derniers Rapaces Nocturnes que les Aurors, c'est certain, dis-je du bout des lèvres en regardant du coin de l'œil mes affaires.

Si je réussissais à dissimuler le sac à dos, j'étais certaine que James ne se méfierait de rien. Mais il fallait encore que je cache le sac, avant qu'il ne le voie. Sinon, je pouvais être certaine qu'il comprendrait tout, et que je ne pourrais pas le rassurer.

Car je réalisais à présent qu'il était devant moi que je ne voulais plus partir. C'était une mauvaise décision. Une décision que j'avais prise sur le coup de l'impulsion, avant de me rappeler que j'avais trop perdu en juin dernier en suivant Camille – et que je ne voulais pas perdre ce que je pensais être en train de reconstruire.

- J'ai vu les Rapaces Nocturnes à l'œuvre, j'ai vu les Invisibles à l'œuvre et… j'ai vu les Aurors à l'œuvre. Cela n'a rien à voir. Je me doute que mon père veut faire cela pour montrer que les Aurors sont capables de gérer les affaires aussi bien que les Invisibles, mais il ne devrait pas faire ça. C'est insensé ! Tu ne crois pas ?

- Si, si, tout à fait…

James sourit. Je pris une grande inspiration.

- Écoute, James, je pense que ton père fait cela pour me protéger, en quelque sorte. Si Cassy ne suit pas son programme de réinsertion, cela veut dire que je peux, potentiellement, ne pas le suivre non plus. Peut-être que d'autres Invisibles pourraient avoir le droit à ce programme également, et, afin d'éviter qu'ils n'y aient pas accès, ton père préfère s'occuper des Rapaces Nocturnes légalement, plutôt que de laisser Cassy et l'ombre des Invisibles le faire.

James fronça les sourcils, et je le rassurai aussitôt.

- Je n'ai pas changé d'avis ! Je ne sais pas ce que tes parents t'ont raconté, mais je refuse d'aider ton père à les rechercher, à comprendre le fonctionnement de Cassy, à lui indiquer ses planques. De toute manière, je ne les connais pas. Toutefois, je pense que je peux comprendre son point de vue. Mais je ne reviendrai pas en arrière. Je refuse de cautionner cela.

James hocha la tête, toujours un peu soucieux, mais l'air un peu plus apaisé que lorsqu'il était arrivé devant mon appartement. Il fit deux pas vers moi. Mon cœur rata un battement.

- Tu sembles bien plus posée, depuis que tu vois la collègue de Lola.

La gorge sèche, je hochai la tête. Il avait raison, bien sûr. J'étais bien plus posée. Mais je prenais aussi des décisions irrationnelles. S'il n'était pas arrivé, qui sait ce qui aurait pu se passer ? J'avais à présent pris du recul, j'avais conscience que j'avais été prête à agir sous l'impulsion, et que cela n'aurait rien donné de bon. Mais sans sa présence, est-ce que je n'aurais pas été déjà prête à quitter le pays illégalement ? Est-ce que je ne serais pas déjà en dehors du pays ?

- Mes parents ont dit beaucoup de choses, lorsqu'on s'est vus, et je voulais te dire que tu ne m'as pas…

Son regard se perdit sur le côté, comme souvent lorsqu'il voulait m'avouer quelque chose qu'il trouvait gênant.

Sauf que, de gêné, son regard devint dur.

Je tournai la tête.

Mon sac à dos.

- Et merde, lâchai-je sans parvenir à me retenir.

James fit quatre pas en arrière. Plus aucune trace de gêne, plus aucune hésitation, plus aucun pli soucieux pour moi. Il était passé au-dessus de tout cela rapidement, pour ne plus laisser visible que la déception, l'amertume, la trahison qu'il ressentait.

- C'est une plaisanterie ? lâcha-t-il sèchement.

- Non, James, écoute…, commençai-je en m'approchant.

Il m'interrompit d'un geste, et je ne parvins pas à m'imposer pour lui expliquer.

Lui expliquer quoi, par ailleurs ? Est-ce qu'il y avait réellement une explication qu'il trouverait acceptable ? J'en doutais foncièrement.

- Je ne vais pas t'écouter ! Astrid, je croyais que t'allais mieux ! Tu m'as dit que tu te faisais soigner, je le voyais lors de nos repas dans ma boutique, et…

- James, attends, je vais mieux ! lui assurai-je. C'est juste…

- Juste que t'étais prête à repartir avec des Invisibles, comme lorsque l'Italien est venu te chercher !

- Non, James, c'est plus compliqué, c'est vrai que j'étais sur le point de…

- Partir ! T'étais sur le point de partir, une nouvelle fois !

Je vis dans son regard qu'il se sentait trahi par moi, une fois de plus. Son père le trahissait à sa manière, et moi, je faisais les mêmes erreurs qui avaient coûté la vie à notre relation.

- James ! Écoute-moi, s'il te plaît !

- J'ai essayé, Astrid ! J'ai vraiment cru que t'allais mieux, je me disais que puisque tu voyais une Psychomage, peut-être que toi et moi…

Il secoua la tête, apparemment agacé par son comportement. Et moi, je n'arrivais pas à dire quoi que ce soit pour ma défense, parce que je comprenais enfin que James me reparlait normalement parce que j'avais commencé une thérapie, comme il me l'avait demandé, en juillet dernier. Sauf que les effets n'étaient pas aussi rapides qu'il devait le souhaiter, et qu'en une seule visite chez moi, il comprenait que j'étais loin d'être aussi stable émotionnellement qu'il ne l'avait espéré.

Et moi, je n'arrivais plus à me défendre.

Je n'arrivais plus à rien, à vrai dire. Beaucoup trop de pensées se bousculaient dans ma tête, beaucoup trop de sentiments me coupaient le souffle, beaucoup trop de phrases se formaient sans réussir à être cohérentes pour être dites à James.

- Par Merlin, j'ai été stupide, souffla-t-il. J'aurais dû écouter…

Il se tut, ne terminant pas sa phrase. Je ne saurai sûrement jamais qui il aurait dû écouter. Il me lança un dernier regard, rempli de déception, avant de tourner les talons, et de quitter mon appartement.

Il me fallut quelques secondes pour réaliser qu'il me fuyait, qu'il fuyait tout ce que nous avions été.

- James… James ! m'exclamai-je en sortant de mon appartement à mon tour.

Mais trop tard. La porte d'entrée de l'immeuble se claquait déjà derrière lui, et j'étais à présent seule.

Et je venais sûrement de perdre définitivement James.


Lumos

Eh… Bonjour ! Désolée pour le contretemps de la semaine dernière, c'était trop compliqué de faire une correction complète en temps et en heure. Et j'avais aussi besoin de m'assurer qu'un passage ne faisait pas tiquer à la relecture, car il avait été entièrement réécrit, et parfois, dans ces cas, je rate une transition, je laisse un bout de l'ancienne version, et donc, ça perd tout son sens. Bref. Encore désolée, mais voici le chapitre !
Le « retard » de publication m'a permis d'avancer sur l'écriture. Enfin, un petit peu. J'espère avancer encore plus sur les prochains chapitres la semaine prochaine, car je serai en vacances. (Mon planning est déjà rempli, alors je doute sincèrement m'avancer autant que prévu mais, eh, l'espoir fait vivre)
Comme d'habitude après un chapitre où apparaît Margaret Royalmind : je ne suis toujours pas psychologue, ni même quoi que ce soit qui s'en approche !
Sinon… merci énormément à vous tous pour vos reviews, et un immense merci à DelfineNotPadfoot pour ses corrections. Je vous dis à très vite pour le prochain chapitre… Et que va-t-il s'y passer ? Eh bien, une nouvelle séance avec Margaret Royalmind, Chuck va faire son apparition, on va parler Quidditch, et, pour votre plus grand plaisir, on va mentionner Jason. (Oui, parce que tout le monde adore Jason Seek, arrêtons de nous voiler la face)

Nox