Chapitre 8
Lorsque enfin le Romano Fafard arriva à la source du signal de détresse, un vaisseau à la dérive fut ce que trouva l'équipage dans le vide intersidéral.
-Vite, Ordonna le Capitaine, Bob! Serge! Allez immédiatement à bord de ce vaisseau voir s'il reste des survivants.
Les deux hommes firent un salut à leur commandant et se dirigèrent vers le sas. Charles s'approcha de la console scientifique et vérifia les senseurs externes. Mis à part les réacteurs du vaisseau étranger qui étaient encore chauds, il détecta avec le senseur infrarouge deux formes probablement encore vivantes d'après leurs signaux. Charles se permit de respirer un peu : Ils n'était peut-être pas trop tard.
À bord du vaisseau, Bob, revêtu de son scaphandre, suivait le robot qui avançait devant lui, une arme à la main. Ils avançaient le long d'un mur, le longeant jusqu'à une intersection avec un autre couloir. Serge s'arrêta prudemment, pointa son arme vers le couloir suivant, et d'un coup, bondit au milieu de celui-ci.
Immobiles, deux corps flottaient en apesanteur, tournoyant lentement autour d'eux même. Bob et Serge s'aprochèrent avec précautions.
Un bip se fit entendre et la voix du Capitaine grésilla dans l'émetteur du robot :
-Vous les avez trouvé?
Serge approcha son émetteur de sa bouche.
-Oui Capitaine. Ils semblent inconscients.
-Ramenez-les à bord immédiatement.
-Oui Capitaine.
Les Jaëlaes s'approchèrent de l'imposant canidé, qui redoubla d'agressivité. Si jamais ils osaient s'approcher de Flavien à nouveau, si jamais ils le touchaient encore, ne serait-ce qu'à un de ses cheveux…
-Wufjn…
Le lycanthrope cessa de gronder et se retourna rapidement vers la source de cette voix. Flavien, couché sur sa paillasse, leva la main et lui fit signe de se calmer.
-Arrête, Wufjn.
-Mais Flavien…
-Écoutes Wufjn, si tu t'opposes, ils me changeront de cellule.
Wufjn pesa le poids de ses paroles. Il était vrai que s'il continuait à s'opposer aux Jaëlaes, ils changeraient probablement Flavien de cellule, et alors, il serait tous seul contre ces monstres. Wufjn savait ce dont ils étaient capables…
À contre cœur, il céda le passage, mais garda tout de même un regard glacial sur le Jaëlae qui s'approcha de Flavien, une seringue à la main. Il les laissait peut-être faire cette fois, mais un jour, le vent tournerait, et alors il leur montrerait à qui ils avaient affaire.
Flavien observa le Jaëlae qui s'approchait de lui et surtout, il fixait la seringue qu'il avait à la main. Que pouvait-elle bien contenir? Flavien savait qu'elle lui était destinée et il avait la triste impression que peut importe ce qu'elle renfermait, ce ne serait sûrement pas agréable.
Le Jaëlae en question avait le visage qui ne reflétait aucune émotion. On aurait dit qu'il faisait cela machinalement, comme lorsqu'on fait un tâche qui a déjà été accomplie des milliers de fois. Son armure grise donnait un teint blafard à sa peau et son casque rendait son allure déjà extra-terrestre encore plus inhumaine.
Tirant sur son bras, Flavien sentit le Jaëlae poser l'aiguille de la seringue sur la peau et la transpercer. Il sentit le liquide se répandre sous l'épiderme, dévorer ses veines, brûler sa chaire. Il tourna la tête, tentant de réprimer une grimace. L'horrible brûlement montait dans son bras, paralysant tout à son passage, se répandant peu à peu, sans merci, à travers son corps. Il sentit vaguement quelque chose être posé dans sa main, mais il n'en était plus sûr. La douleur aveuglait ses autres sens. Il vit l'image d'un 2e Jaëlaes qui se pencha au-dessus de lui. Une voix floue lui parvint.
-L'armement ennemi, dites-nous où se trouvent leur point de ravitaillement.
Flavien ne fit que secouer la tête.
-Nous avons l'antidote. Dites-nous seulement où se trouvent leur point de ravitaillement.
La seule réponse fut un murmure incohérent de la part du jeune homme. Il ne le savait pas! Comment pouvait-il leur faire comprendre qu'il n'avait aucun lien avec leurs ennemis, qu'il ne savait même pas qui ils étaient? Le seul moyen de recevoir l'antidote était de donner une réponse qu'il ne connaissait pas et qu'il ne pouvait pas savoir. Le poison brûlait atrocement dans son sang, mordant voracement ses veines comme un acide implacable, dévorant cruellement sa chaire comme un brasier ardent.
Les Jaëlaes attendirent quelques minutes, Flavien n'aurait pu dire combien de temps exactement, puis ils partirent. Il y eu un bruissement, un faible grondement, puis un murmure presque inaudible. Flavien se retrouva soudainement la tête dans un amas de poils et devina la présence de Wufjn à ses côtés. Il laissa sa tête reposer mollement, se détachant peu à peu du monde réel.
Lorsque les deux rescapés furent à bord, Charles les fit emmener au Centre de Santé. À première vue, tout deux semblaient être de race différente, bien plus bizarres que ce que l'équipage avait rencontré jusqu'à maintenant. Le premier ressemblait beaucoup plus à un lézard qu'à un humain. Ses écailles de jade scintillaient comme du verre au soleil, et son énorme museau rendait sa tête démesurément grande comparée à celle d'un humain. Ses mains ne comportaient que trois doigts surmontés de longues griffes. Son compagnon ne lui ressemblait pas du tout : Il était blanc comme neige, recouvert de poil lisses et soyeux. Son court museau lui donnait un air moins agressif et ses petites oreilles arrondies couronnaient sa tête touffue. Il était cependant immense, bien plus grand qu'un humain de taille moyenne.
Les deux survivants étaient allongés au Centre de santé, un sur la table d'examen, et l'autre sur le lit qui appartenait à Valence.
-Alors Pétrolia, S'enquit Charles en entrant, Comment vont-ils?
-D'après le scanner, ils n'ont rien, Répondit la jeune fille, Mais leur physiologie est tellement différente de la nôtre, je ne sais pas si on peut considérer les résultats comme une véritable indication de leur état.
Charles se frotta le nez en réfléchissant. Il ne semblait pas y avoir d'autres moyens de se renseigner sur l'état de leurs nouveaux hôtes avant que ceux-ci ne se réveillent.
-Très bien, Finit par dire Charles, Prévenez-moi lorsqu'il y aura du changement. Serge et Bob sont derrière la porte. Si jamais il y a un problème, ils seront prêts.
Charles quitta la pièce, laissant Pétrolia seule avec ses nouveaux patients. La jeune fille prit place sur un banc. Elle saisit un vêtement sur la table à côté d'elle. Fermant les yeux, elle serra le chandail de son défunt bien-aimé contre elle. Il n'y avait plus rien à faire en attendant le réveil des deux rescapés.
À suivre
